Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DA 155] {Pv Clavim} [FINIE] Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs c'est déjà une réalité.

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Kurai
Kurai
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C'était le sixième. Ca l'agaçait plus que fortement de monnayer ses dons ainsi mais elle n'avait pas le choix. Voyager en bateau avait épuisé ses économies et elle devait payer l'aubergiste qui avait prit soin d'Arashi pendant son absence. L'homme plus que méprisable ne voulait pas lui rendre son compagnon de route tant qu'elle n'aurait pas réuni la somme convenue. Elle soupirait en empochant l'argent du vieil homme qu'elle venait de soulager d'une très légère malédiction qui l'empêchait de parler, un sortilège de Maho... Mais de tous ceux qu'elle avait pu soigner, aucun n'avait entendu parler de son maître, c'était décourageant. Tout ce chemin et tous ces frais engagés pour rien...

La chamane n'avait pas bougé du port depuis son arrivée en bateau quelques heures plus tôt, elle avait juste fait un bon à l'auberge pour s'assurer qu'Arashi allait bien avant de se mettre immédiatement au travail. Les marins subissaient souvent des petits sorts désagréables bidouillés par des adeptes de la Maho qui ne saisissaient pas la portée de cette magie et ce qu'elle impliquait. Pas mal de personnes lavaient prit pour une prostituée à faire le pied de grue sur les quais mais sa froideur apparente et son regard plein de mépris les détrompaient assez vite sans qu'elle n'ai réellement besoin de parler. Il y avait bien des gros lourds qui insistaient un peu mais elle réussissait assez facilement à les faire déguerpir, la rumeur de ses dons se rependant comme une traînée de poudre et les gens se pressant autour du muret où elle officiait. Ça se calmait doucement lorsque la soirée fut bien entamée et après un coup d'oeil à ce qu'elle avait amassé, elle conclut qu'il ne lui faudrait plus qu'une seule intervention pour se payer une chambre en plus de la somme pour récupérer Arashi. Elle en voyait enfin le bout mais avec l'obscurité qui se rependait sur la ville, les regards se portaient davantage sur elle et son instinct lui criait de se méfier de tout à partir de maintenant mais elle prenait le risque de rester, un dernier client et elle passerait la nuit au chaud, loin de ces énergumènes...

Ce fameux dernier client tardait à se présenter et elle sentait la menace ambiante peser de plus en plus sur ses épaules fragiles. Pas qu'elle ai réellement peur mais elle préférait éviter d'avoir à se défendre, surtout que son énergie était bien trop faible, rendant ses pouvoirs quasiment inutiles et la Maho trop risquée, ne parlons même pas d'une hypothétique attaque physique.

Épuisée, sa vigilance baissait mais sa nervosité commençait à être visible pour qui savait observer, des petits groupes se créaient dans l'ombre, attirant son regard. En y regardant de plus prêt, elle se su parfaitement encerclée, chaque rue ou ruelle était obstruée désormais, il n'était plus envisageable de s'en aller sans provoquer l'affrontement. C'était bien le moment et le jour...

S'aidant de ses dents, elle dénouait le bandage à son poignet, résignée à devoir utiliser un puissant sort de Maho pour se défendre... Après ça, elle n'aurait plus qu'à prier pour avoir assez de force pour récupérer Arashi et fuir, à moins que quelqu'un ne se présente à elle..Malheureusement, le temps se faisait rare alors que les zonards s'approchaient, les derniers voyageurs quittant les quais.


"Fait chier..."

La bande tombait mollement sur le sol devant ses pieds alors qu'elle balayait la scène de son regard turquoise. Ça puait, la situation, ce port, les habitants de cette ville, l'aubergiste, tout ce qui l'avait mené là... Elle sentait sa haine enfler d'un coup dans sa poitrine, titillant dangereusement son envie de faire un carnage parmi tous ces tocards qui osaient envisager des choses inavouables à son sujet. La fatigue ne lui permettrait pas d'utiliser beaucoup de sang alors il fallait qu'elle attende qu'ils approchent pour espérer tous les atteindre et pouvoir s'enfuir ensuite... Enfin, ça c'est ce qu'elle aurait du faire, si sa frustration et sa haine avaient pu être contenues. La première insulte qui fusait la mettait hors d'elle mais c'est un sourire qui naissait sur ses lèvres. Trop longtemps qu'elle se retenait. La Maho était à double tranchant, comme une puissante drogue... La transportant dans une satisfaction sans nom autant qu'elle pouvait la pousser aux portes de la folie.

"Cesse de parler et approche."

Vu le regard qu'elle se prenait, son aplomb ne plaisait pas à l'homme qui l'avait insulté et soutenu par ses "amis", il approchait à pas rapide, ses acolytes sur ses talons, encore quelques secondes et ils seraient sur la Jinmen... A son habitude, elle utilisait ses dents pour rouvrir la plaie de son poignet qu'elle entretenait et qui ne se refermait jamais. Encore quelques pas, une goutte de sang sur ses lèvres, elle l’effaçait d'un coup de langue, encore un peu, presque jusqu'à sentir leurs chaleurs et leurs haines... Et elle les aspergeait de son sang en plein visage, lançant un maléfice fulgurant sur les hommes qui la menaçaient. Le lien de peur se liait entre la chamane et les hommes... Leurs vues se déformait en même temps que celle de Kurai se troublait, ils reculaient, effrayés plus que de raison par celle qu'ils avaient prit pour une victime pendant qu'elle titubait dans leur direction, ils poussaient des cris avant de fuir alors que le visage de la jeune femme se fendait d'un sourire malsain suivit d'un rire tout aussi inquiétant. Le maléfice drainait trop de sang hors de son corps pour tenir sur de si nombreuses personnes et la distance qui grandissait à chaque foulée de ses futur ex agresseurs. Un lien de peur avec pour objet sa propre personne avait été une bonne solution mais elle se sentait faiblir bien trop vite alors qu'elle avançait vers l'auberge. Il fallait qu'elle récupère Arashi et qu'ils quittent cette ville au plus vite. Si on l'avait vu, elle était morte mais ses jambes flageolantes la forçaient à s'appuyer à un mur dans une ruelle discrète. Avec cette désagréable sensation de froid et de faiblesse, la Jinmen retrouvait sa lucidité et se passait une main sur le visage, honteuse d'être si faible et d'avoir cédé à ses pulsions. Si elle parvenait à rallier l'auberge ce serait un miracle. Palissant de seconde en seconde, elle se forçait à avancer encore, laissant la marque sanglante de son passage sur le sol et les murs auxquels elle s'appuyait.

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Dernière édition par Kurai le Mar 13 Nov - 10:18, édité 1 fois
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Clavim
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Clavim était arrivé à Tamawa un peu plus tôt dans la journée, laissant Nüwang dans une écurie aux portes de la cité il s'était rendu sur les quais afin de gagner sa croute, raconter une ou deux histoires à des marins venant de mettre pied-à-terre, écouter les fables que ces gens avaient entendus, en un mot, sa petite routine. La nuit commençait à recouvrir Tamawa de son manteau d'ébène. Le conteur flatta sa bourse en cuir contenant ses petits gains, c'était une bonne journée de travail qu'il comptait achever par une bonne chope de bière et une chambre confortable dans l'une des auberges de la ville. Il serpentait dans le dédale de ruelles qu'il connaissait comme sa poche lorsqu'il entendit des cris d'homme ainsi que des bruits de course. Habitué aux activités nocturnes de la cité Clavim s'en rapprochant discrètement, il se posta derrière une pile de caisses pour observer la scène. Devant lui il découvrit ce qui semblait être une jeune femme encerclée par des hommes aux idées peut orthodoxes. Ce qui troubla le cydien ce fut que les hommes semblaient s'enfuir comme s'ils avaient pris peur, la question était de quoi ?
La jeune femme se traîna péniblement, souillant le sol de trace rougeâtre, le sang battit les tempes du conteur, il ne savait ni qui elle était ni ce qu'elle avait fait mais une chose était sûre, elle était blessée conclu Clavim. Il resta dissimulé un instant, il put alors surprendre trois des agresseurs prendre la direction empruntée plus tôt par la jeune femme. Ni une ni deux Clavim les suivis, les marauds allaient sans doute vouloir finir le travail, ce qui était parfaitement intolérable pour le cydien. Il se retrouva dans une petite ruelle, au loin la jeune femme était appuyée contre le mur, à en juger par la présence de trace de sang elle devait en avoir perdu beaucoup, les trois hommes étaient là également, avançant vers la jeune femme mais ils ne semblaient pas encore avoir remarqués sa présence. Clavim en profita pour conserver un certain effet de surprise, il empoigna l'un des cageots entreposés là puis il chargea les trois hommes avant d'exploser le cageot de pomme sur la tête de l'homme du milieu qui s'écroula sur le sol, sonné. Ces deux comparses se retournèrent, le visage figé sur une expression de surprise. Clavim leur adressa un sourire gêné.


"Haha...vous aviez oublié ce cageot sur les quais...haha..."

A peine sa phrase achevée le conteur décocha un formidable uppercut à l'homme de gauche, il esquiva le coup de l'homme de droite avant de faire face à la jeune femme, un sourire au coin des lèvres.

"Je suis à vous tout de suite noble Dame.."

Clavim s'était adressé à elle dans un Jinmen approximatif, il reporta son attention sur ses deux adversaires, ou plutôt ces trois car l'homme qui s'était pris le cageot était déjà sur ses deux pieds, il frappa Clavim au visage, le conteur n'avait pas eu le temps de voir venir le coup, sitôt une pluie de poing s'abattit sur le Cydien. Clavim tenta tant bien que mal de rendre ce qu'il se prenait, il parvint à ouvrir l'arcade d'un larron et à briser une mâchoire à un autre, il n'aurait pas su dire lequel.
Finalement les trois larrons regardèrent tour à tour Clavim et la jeune femme avant de courir disparaître dans une ruelle.
Clavim grimaça un sourire sur son visage tuméfié.


"Et n'y revenez pas bande de maroufles !"

Il s'adossa contre le mur juste à côté de la jeune femme, il ne dit pas un mot, se contenant de lâcher un soupire, un petit silence s'installa, finalement il le rompit en regardant dans la direction de la jeune femme.

"J'imagine qu'il n'est pas possible lorsque vous raconterez cette histoire, de dire que j'ai affronté héroïquement une horde de larrons..."

Clavim eut une petite quinte de rire avant de grimacer, sa lèvre était fendue et son arcade gonflée, cela lui faisait un mal de chien ! Il s'était pris une bonne rouste même s'il n'aimait pas se l'avouer, un instant il se dit qu'avec dix ans de moins ces types-là seraient en bouillit sur sol et la jeune femme dans ses bras, cette image le fit rire à nouveau. Il ramassa l'une des nombreuses pommes libérées du cageot brisé, il croqua dedans nonchalamment, une petite éternité se passa avant que Clavim ne s'étrangle avec sa pomme, il la jeta au loin et vint au chevet de la jeune femme.

"Mais c'est vrai vous êtes blessée !"

Clavim remarqua la blessure au poignet de la jinmen. Il se pinça les lèvres en voyant la blessure, frapper une femme, ça le mettait hors de lui. Il inspecta la plaie, il n'était pas médecin aussi conclu-t-il qu'il devait l'emmener en voir un.

"Ce sont ces ordures qui vous on fait ça ? Ha ! Si je l'avais su je n'aurais pas retenu mes coups assurément..."

Il lui sourit, elle devait aussi s'être rendu compte qu'il s'était fait passer à tabac en bonne et due forme mais il essayait de la rassurer.

"Vous devriez panser cette blessure et vous avez perdu beaucoup de sang, il y a un établissement pas très loin d'ici, je peux vous y conduire je m'y rendais moi-même, là-bas nous vous trouverons de l'aide c'est certain, vous pouvez marcher ?"

Clavim lui grimaça de nouveau un sourire et lui proposa son bras pour l'aider à marcher, avec son autre bras il exécuta une révérence raccourcie.

"Je ne me suis pas présenté, Clavim humble conteur itinérant le jour, sauveur de ces dames la nuit..."

Il rit de nouveau avant de l'inviter à l'accompagner.
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Kurai
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Un bruit derrière elle, un véritable fracas en réalité. La Jinmen se retournait à demi vers les hommes qu'elle reconnaissait vaguement comme ceux qui avaient tentés de l'approcher peu de temps auparavant mais surtout, un inconnu venait d'exploser un caget de pomme sur l'un d'eux, la laissant interdite. Qu'est ce qu'il espérait en faisant ça? Oui, elle restait toujours sur la défensive, n'ayant confiance en presque personne, elle s'attendait toujours à ce qu'on lui demande une rétribution pour service rendu.

"Je suis à vous tout de suite noble Dame.."

Elle arqua un sourcil et faillit lui dire qu'elle ne lui avait rien demandé mais sa gorge sèche et la bagarre qui s'intensifiait l'en dissuadait. Ce n'était pas son soir décidément. Son sauveur se prenait une déculottée humiliante jusqu'à maintenant et elle était à la limite d'avoir pitié de lui bien qu'il garde un étrange sens de l'humour. Le regard turquoise de la Jinmen ne quittait plus Clavim, ignorant totalement ses agresseurs qui prenaient finalement la fuite à travers les rues sombres de la ville. Un sourire ironique et moqueur naquit sur ses lèvres, il était sérieux là? S'il avait eu la malchance de la connaître davantage, il aurait su qu'elle n'était pas du genre à raconter quoique ce soit à qui que ce soit, alors qu'il se soit prit une raclée ou pas, elle n'en avait cure. Ce qu'elle voyait c'est qu'elle était sauve.

Exceptionnellement , elle laissait tomber son masque de sobriété pour lui répondre d'un air plus dégagé et fatigué, montrant pour une rare fois son véritable visage de petite nana fragile.

"Merci... Ca va aller mainten..." Elle se tut en sentant ses mains sur son avant bras et serra soudainement les dents, elle avait une chance sur deux pour qu'il devine quelle magie elle avait pratiqué sur ses assaillants... Mais sa question la rassura dans un sens et elle ne faisait qu’acquiescer avec un demi sourire conciliant, évitant le plus possible de mentir, même à un inconnu.

"Allez vous faire soigner, je serais navrée que vous portiez les marques de mon sauvetage. Pour ma part, je dois aller à l'auberge du Gros Louis... Mon cheval m'y attend."

Ce n'était pas une demande, juste une précision, avec ou sans lui elle irait, d'ailleurs, elle ne faisait que poser sa main sur l'épaule du conteur pour s'y appuyer avant de reprendre son périple titubant vers l'auberge. Dans un coin de son cerveau embrumé par la fatigue et le manque de sang, elle notait son nom. Elle lui était redevable et n'avait pas pour habitude d'oublier ses dettes. Dans un élan de politesse, elle lâchait une présentation minimum dans un soupire exténué et sans se retourner.

"Kurai, guide et ritualiste... Si vous avez besoin... J'ai une dette envers vous."


A peine avait-elle fait quelques pas de plus qu'elle voyait son monde s’obscurcir autour d'elle... Cette sensation de chute! Non, elle se reprenait de justesse et tombait à genoux sur les pavés de la ruelle, le souffle court. Son corps flanchait mais elle ne pouvait pas encore se le permettre, bientôt, quand elle aurait Arashi et serait en sécurité, elle se laisserait aller à l'inconscience et la faiblesse. Mais pour le moment, elle se rattachait à cet objectif pour se forcer à tenir et à se relever s'aidant du mur contre lequel elle retomba presque aussitôt.

"Merde..."

La Jinmen ne comptait pas davantage sur Clavim alors qu'elle aurait sans doute du dans son état mais elle ne pensait qu'à sa ridicule faiblesse physique qui la privait de son autonomie. Retombée assise contre le mur, elle levait les yeux au ciel avec un sourire ironique aux lèvres, la lune moqueuse la couvant de ses maigres rayons entre deux lourds nuages. C'était assez étrange comme sensation, le froid et une drôle de plénitude à la fois, elle avait envie de dormir mais une pluie aussi abondante que subite l'en empêchait, la faisant frissonner et rester éveillée. Voilà, le tableau était complet, plus pathétique tu meurs, quoique que c'est peut être ce qui l'attendait, privée de toutes forces.



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Clavim
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Clavim s'amusa de la force de caractère de Kurai, ce petit brin de femme en avait dans le ventre ça c'était certain. Décidément c'était la deuxième femme Jinmen au caractère trempée qu'il rencontrait, dans un coin de sa tête il se promit un prochain voyage vers cette contrée aux femmes inflexibles. Il sourit quand la guide lui conseilla d'aller se soigner.

"Nul besoin de soin douce Dame, ces marques de votre sauvetage seront les seules témoins de mon acte de bravoure."

Il lui fit un clin d'oeil complice avant de la rattraper au moment où elle faiblit, l'aidant à s'asseoir sur le sol, lorsqu'elle leva les yeux en direction de l'astre nocturne le conteur se plongea dans ses yeux turquoise, un sourire flottait sur ses lèvres fendues. La pluie se mit soudain à tomber, Clavim se dit que la situation donnerait lieu à une belle petite histoire à narrer, il changerait deux trois passages pour le bien de son égo. Le cydien dégrafa sa lourde cape de voyage cirée qu'il passa autour des épaules de la jeune femme. S'attendant à une certaine protestation de sa part il prit les devants.

"Une dame de votre condition se doit d'être drapée convenablement, j'aurai honte d'être moi si je laissais la pluie et le froid avoir raison de vous..."

Elle ne pouvait sans doute plus marcher jusqu'à l'auberge du Gros Louis, pas dans son état. Clavim la fixa avant de s'excuser auprès d'elle pour ce qu'il allait faire. Sitôt il passa une main derrière la jeune femme pour la soulever, elle était si menue et lui assez solidement charpenté pour la porter sans peine. Il la hissa dans son dos, fermé à toutes ces éventuelles protestations. Il eut un petit rire

"Une cape et un destrier, vous voilà reine de Tamawa haha..."

Clavim testa sa prise sur la jeune femme, lorsqu'il fut assuré qu'elle ne glisserait pas il avança dans la rue, l'auberge était encore relativement loin. Un long silence s'installa entre les deux compagnons d'infortune, Le conteur le brisa en fredonnant une petite chanson de sa belle voix de ténor que son passage au port avait fait remonter à la surface.

"Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!"
"Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables!"


Les rues et ruelles s'enchaînèrent sans que Clavim s'en rendit vraiment compte, quelque peu secoué par la dérouillé qu'il s'était prit plus tôt. Finalement il s'inquiéta du peu de mouvement que faisait sa passagère, elle avait perdue beaucoup de sang et le cydien s'inquiéta un instant que Kurai ai perdu connaissance.

"Ne vous endormez point noble Dame, nous y somme presque, mon pas leste nous conduit assurément vers votre monture légitime, ainsi, qu'un bon feu, un bon repas, de bons soins et une chambre pour se sécher de cette mésaventure."

Clavim rit de nouveau en repensant à ce que la jeune femme avait dit plus tôt

"Vous dites m'être redevable dans ce cas vous me régalerez d'un chant de votre choix lorsque votre état vous le permettra, tel sera mon prix, vous aimez chanter ? Je ne cache pas mon goût prononcé pour la chose, chanter alourdit les poids des choses qui nous incombe, je pourrais peut-être chanter pour nous faire avancer plus vite haha.."

La pluie acheva de détrempé les cheveux et la barbe du conteur, ses vêtements lui collaient désagréablement au corps et le frigorifiait, même en se faisant violence il ne parvint pas toujours à s'empêcher de grelottait. Au loin la forme d'un établissement aux fenêtres éclairée commença à se découper. Ils arrivaient enfin à l'auberge en question. Clavim en franchit le seuil, ils furent tout de suite saisit par la douce chaleur qui régnait ici. Le propriétaire avait eu la bonne idée d'allumer un feu confortable. L'auberge était quasiment déserte à cette heure si, l'établissement n'étant fréquenté que par les marins de passage, peu de bateaux étaient venus faire étape ici ces derniers jours visiblement. Sans dire un mot Clavim se précipita vers le feu, délicatement il fit descendre la jeune femme toujours protégée par sa cape de voyage, il la fit s'asseoir dans l'un des sièges disposés autour du foyer. Le cydien lui frictionna les épaules en souriant.

"Restez ici adorable Dame je vais m'assurer que nous serons reçu comme il se doit."

Sur ses mots Clavim se dirigea vers le comptoir ou se tenait le responsable des lieux, un vieil ami à lui qui l'avait reconnu, les spectacles de Clavim faisait toujours venir beaucoup de personnes et tout ce petit monde consommait pour le plus grand plaisir du tenancier.

"Oh là patron ! Que faut-il faire ici pour que l'on prenne soin de nous ! Apporte-moi une bonne chope de cette brune d'automne que tu caches dans tes réserves vile coquin ! Et allume d'on un feu dans ta chambre la plus confortable ! Je paye rubis sur ongle, tu me connais l'argent n'est pas mon soucis !"

Clavim se tourna vers le jeune garçon à l'angle du comptoir.

"Et toi mon garçon va donc me chercher le meilleur médecin de la ville et fissa mon amie ici présente à besoin de soin d'urgence, je ne tolérai aucun manquement à tes devoirs envers une femme !"

Clavim fit sauter trois pièces dans les mains du jeune homme pour le motiver à courir plutôt qu'à marcher. Il reporta ensuite son attention sur le tenancier.

"Prépare-moi un verre de vin miellé, elle a perdue beaucoup de sang..."

Un instant plus tard l'aubergiste revint avec le verre de vin en question. Clavim le remercia et revint au chevet de Kurai, la jeune femme lui sembla encore plus fragile et vulnérable que lors de leur rencontre dans la ruelle. Il lui tendit le verre de vin miellé.

"Buvez-ça adorable Dame, c'est bon contre l'anémie, quelqu'un va venir s'occuper de vous..."

Clavim lui sourit pour l'encourager à boire.
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Kurai
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   [DA 155] {Pv Clavim} [FINIE] Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs c'est déjà une réalité.  EmptyMer 7 Nov - 22:50




Une dame de sa condition? Elle s'étonnait encore de ce qualificatif fort pompeux qu'elle ne méritait pas. Si le conteur avait su les conditions dans lesquelles elle avait vécu et grandit, il aurait sans doute réfléchit à deux fois avant de vouloir l'aider. Mais elle ne se sentait ni la force ni l'envie de le détromper. Cet homme était agréable, drôle, charmant et elle ne ressentait aucune agressivité à son égard bien qu'elle ne goûte guère aux charmes de ces hommes, pas qu'elle soit plus attirée par les femmes non plus d'ailleurs... Effectivement, elle avait faillit protester, lui aussi était blessé mais surtout sa fierté avait bien du mal à supporter tel affront... Mais la chaleur de son corps encore imprégnée dans la cape qu'il lui passait sur les épaules lui tirait un soupire de bien être. Comme quoi le bonheur ça ne tenait qu'à peu de choses.

Un peu ralentie par la fatigue, elle lui rendait un sourire un peu ironique et inclinait élégamment la tête sur le côté en guise de remerciement. Elle s'économisait mais impossible d'être impolie avec un tel gentleman. La suite l'aurait fait hurler de rage si elle n'avait pas était si faible, se faire porter, mais quelle idée! Seul Arashi avait le privilège de supporter le poids de son corps mais encore une fois, Clavim n'en avait rien à faire de ses états d'âme et de sa fierté mal placée, elle avait besoin d'aide et il agissait en conséquences... Seulement, on ne passait pas sa vie à la planifier pour ne jamais avoir besoin de personne pour tomber dans les bras du premier inconnu. Ca c'est ce que son orgueil lui hurlait mais sa raison le faisait rapidement taire. S'il elle n'acceptait pas son aide, elle mourrait avant d'avoir pu se venger... Ca fit cesser toutes rébellion de la part de son ego. Une fois installée sur son dos, elle resserrait faiblement ses bras autours de ses épaules, posant sa joue sur la nuque du conteur. Elle était si fatiguée que s'en devenait une lutte de tous les instants pour ne pas s'endormir.

La chamane laissait échapper un petit rire de gorge contre la peau du conteur lorsqu'il la nomma reine de Tamawa, elle n'avait jamais été plus vulnérable et pitoyable qu'à cet instant... Et pourtant c'est peut être ça qui lui permettait d'apprécier les efforts de Clavim pour l'aider.


"Alors vous devez être mon chevalier servant si je suis reine de cette citée..."


C'était tout aussi gentil qu'ironique entre ses lèvres. Pas habituée à faire de l'humour ou à goûter se genre de compliments, elle essayait de faire bonne figure et c'était déjà pas mal venant d'elle. Quand il commença à avancer en chanson, sa belle voix grave berçant la jeune femme au même rythme que ses pas, elle se crut revenue bien des années plus tôt, profitant des bruits de la nuit se mêlant au chant de sa mère, les yeux rivés sur les étoiles... L'homme qui la secourait avait réussi à l'émouvoir jusqu'au plus profond de son coeur qu'elle gardait bien caché au fond d'elle. Lorsqu'elle se rendit compte que ce qui perlait à ses yeux n'était pas que des gouttes de pluie, elle se demanda si c'était lui ou si elle était simplement trop fatiguée...

Quand il reprit la parole pour s'assurer qu'elle ne dorme pas, elle se reprenait, réalisant qu'elle avait effectivement faillit s'endormir et sombrer dans l'obscurité de l'inconscience. Pour ne pas l'inquiéter davantage, elle improvisait une réponse quelque peu hésitante, n'ayant pas pour habitude de les formuler sous forme de compliment comme elle s’apprêtait à le faire.

" Ce n'est pas cher payé pour une vie. Mais même si votre proposition est plus qu'à mon avantage, j'ai bien peur que ma voix n'atteigne pas la beauté de la votre. Et je ne connais que des chants que vous auriez la plus grande difficulté à comprendre de part leur langage... "

Elle s'essoufflait à ces quelques mots et fronça les sourcils, rassemblant ses forces dans un élan de fierté pour conserver un vocabulaire et une diction irréprochable à la manière de Clavim qui en plus d'être le plus galant homme qu'elle ai rencontré, avait une aisance naturelle pour s'exprimer ainsi qu'un charme certain lorsqu'il chantait. La Jinmen sortait de ces absurdes considérations en le sentant frigorifié sous elle et elle se mordit la lèvre, s'en voulant réellement de le mettre dans pareille situation d'inconfort. Pour le coup, elle lui était vraiment redevable, d'une manière ou d'une autre, elle le remercierait autrement que par un chant. Cet homme était le premier à lui attirer pareille sympathie en si peu de temps, par ce simple fait, il attisait sa curiosité et donc sa courtoisie.

Au loin, ils apercevaient enfin l'auberge et les derniers mètres à parcourir lui parurent interminables, rythmé par les moments où elle relâchait sa vigilance, sa tête retombant contre le cou de Clavim avant qu'elle ne se réveille en sursaut, tenue par cette idée de rester éveillée jusqu'à récupérer Arashi. La chaleur qui régnait à l'intérieur de la bâtisse la heurtait comme un mur mais un mur qui prenait des allures de matelas douillet et confortable à mesure qu'elle s'habituait au brusque changement de température... Ce qu'il était bon de se sentir déposée dans un fauteuil confortable et encore réchauffée par l'homme trempé qui l'avait sauvé. Lui-même devait mourir de froid mais il devait faire son possible pour en atténuer les signes vu avec quelle énergie il s'empressait de régler tous les détails de leur bien être et de leur séjour en ces lieux.

Même épuisée, la guide ne pouvait que sourire ironiquement à la marque d'affection que lui offrait Clavim en l’appelant "adorable dame". Elle ne savait guère si c'était un tour de charme, une habitude ou simplement l'expression de ce qu'il pensait mais c'était agréable. Il était bien rare que l'on soit si charmant avec elle, après tout, ce n'était pas comme si elle faisait des efforts pour se faire apprécier mais... Clavim restait le premier à lui porter pareille attention. Le soin avec lequel il s'occupait d'elle était touchant.

Enfin un peu plus à l'aise et détendue auprès du feu réconfortant, Kurai perdait son regard dans les flammes en se recroquevillant dans la cape du conteur, écoutant distraitement sa voix lorsqu'il s'adressait à l'aubergiste et à l'enfant. Elle aurait du protester pour le médecin, il allait la prendre pour une suicidaire ou reconnaître les marques propre à un adepte de la Maho mais lorsqu'elle percuta enfin, l'enfant s'était déjà élancé sous la pluie. Un soupire passait ses lèvres, seul l'avenir pourrait lui dire ce qu'il adviendrait d'elle lorsque l'on réaliserait que la faible Jinmen qu'elle était maîtrisait un art aussi dangereux que la magie du sang.

Lorsque Clavim revint auprès d'elle avec l'étrange mélange qui devait la soulager encore un peu plus, elle lui rendit son sourire, très doux et reconnaissant. C'était rare de la voir exprimer sincèrement ce qu'elle ressentait mais avec lui ça paraissait naturel de le faire, autant elle ne faisait confiance à aucun homme et à très peu de femmes, autant avec le conteur, tout lui venait le plus simplement du monde. Plutot que de prendre le verre, elle sortait la bourse destinée à payer la pension d'Arashi à l'aubergiste et lui mettait dans les mains.


"Ça ne couvrira pas tous les frais d'une chambre et d'un repas mais réglez lui les frais pour avoir prit soin de ma monture s'il vous plait.J'y tiens particulièrement." Elle prenait ensuite le verre avec précaution dans ses mains encore tremblantes et presque timidement, elle lui glissa à voix basse: "Et venez vous réchauffer auprès du feu. Je m'en voudrais de vous faire subir cette torture plus longtemps. Vous en avez déjà fait beaucoup."

A la lueur du feu de bois, il était beaucoup plus dur de se montrer agréable, comme une honte, elle avait peur de mal faire par manque d'habitude alors que pour une fois, elle souhaitait vraiment exprimer sa reconnaissance en se montrant bien plus accessible qu'en temps normal. Pour dissimuler sa gêne, elle prenait de longues gorgées du breuvage au goût étrange mais pas désagréable, ça lui réchauffait la gorge et le corps, doucement. Bizarrement, elle aurait juste souhaité que cet instant s'éternise. C'était bien loin de ses craintes et méfiances perpétuelles mais pour l'instant, l'important n'était pas le pourquoi, elle voulait juste être un peu égoïste et profiter puisque la situation s'y prêtait et que la présence de son "chevalier servant" lui était accordée.


"Merci de tout ce que vous avez fait pour moi Clavim, dommage que notre compagnie ne soit destinée à n'être que de courte durée. J'aurais aimé apprendre à vous connaître et encore vous entendre chanter."

Elle le couvait d'un regard sincère et souriant malgré sa pâleur, sa rencontre avec le conteur lui redonnait un peu confiance dans la nature humaine, particulièrement dans celle des hommes. Elle qui avait été si sure de ne plus jamais pouvoir apprécier la présence d'un représentant du sexe masculin, Clavim avait réussit à la convaincre du contraire en quelques minutes à peine, comme quoi tout était possible, même qu'elle cherche à faire plaisir... Par le fait, elle attendait qu'il revienne à ses côtés pour lui adresser un nouveau sourire.


"Cela va vous sembler un peu prématuré mais j'aimerais vous donner votre du dès maintenant si vous me le permettez."

Elle redoutait un peu ce qui allait se passer une fois que le médecin l'aurait ausculté et l'idée même de ne pas offrir de rétribution à Clavim pour l'aide qu'il lui avait apporté l'insupportait, alors elle anticipait. Dans son souvenir, peu de chansons Jinmens que lui avait apprit sa mère ne trouvait grâce à ses yeux sauf celle qui comptait l'histoire de ces amants légendaires qui se superposaient si bien à l'histoire de ses parents lorsqu'elle imaginait leur fuite... D'une voix un peu cassée par la fatigue et les épreuves, elle se mettait à chanter dans sa langue natale. Pas si mauvaise chanteuse que ça mais elle n'aurait pas réunit des foules par la beauté de son organe.


Dans cette nuit opaque, la Lune, merveilleuse complice, nous veille.
N'ai pas peur des ombres de la forêt, notre amour y trouvera refuge,
Laisse la brume de cette nuit t'envelopper comme ta robe de mariée
Et danse parmi les éphémères lumières des fées lucioles.
Nous serons heureux, célébrés par les dieux Natures et leurs fils,
Hymne de notre amour, s'envolant sous les ailes de la chouette
Léger manifeste au monde de la liberté s'élevant dans le ciel.

Que nos cris résonnent jusqu'au lointain mont d'aurore
Et que nos corps célèbrent l'union dans l'herbe tendre.
A jamais lié dans cette forêt, tu te repose contre la Terre
Trouve ton souffle dans ma respiration noyée par ton prénom.
Efface les peines de tes souvenirs par la beauté de cette fleur
Renonce à la vengeance des coeurs amers pour les pardonner

Et restons un. Aux yeux de notre Mère Terre et de notre Père Ciel,
Soyons les enfants qui célèbrent leur beauté dans la parfaite liberté,
Savourons ces instants sucrés toujours trop courts lorsque l'on vit
Et soyons heureux entre Vie et Mort, Ombre et Lumière. A jamais.




La Jinmen souriait un peu sur la fin, mélancolique. C'était la première fois qu'elle la chantait elle-même et elle réalisa que sa mère lui manquait. Ça faisait des mois qu'elle n'avait pas pensé à elle, faisant passer sa vengeance avant même le souvenir du seul être aimé. Elle lâchait un petit soupire moqueur en relevant les yeux vers Clavim, prête à s'excuser.



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Clavim
Clavim
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Clavim revint au chevet de Kurai avec sa chope de bière d'automne commandée plus tôt, il rêvait depuis un petit moment de plonger ses lèvres dans ce nectar divin. Louis avait un don certain pour le choix de ses boissons. Il préleva une gorgée de bière avant de sourire à la jeune femme.

"Je me réchaufferai à la chaleur de votre sourire Dame Kurai, quelques coups aux visages représentent bien peu de choses face à l'état dans lequel vous vous trouvez."

Il l'encouragea à prendre une nouvelle gorgée de vin miellé, la jeune femme régler dès à présent sa dette envers le conteur, elle commença par lui donner une bourse afin de régler ce qu'elle devait au tenancier. Clavim entreprit donc de s'occuper de cette affaire. En revenant du comptoir il s'installa confortablement dans le fauteuil en face de celui de la Jinmen, profitant de la douce chaleur dispensée par le foyer qui brûlait à côté d'eux. Le cydien retira la besace de voyage qu'il portait en bandoulière. Il retira ensuite son gilet de laine grise détrempé et alourdie par la pluie, il le disposa sur le dossier de son fauteuil pour le faire sécher, sa chemise de lin était trempée elle aussi mais il se garda bien de la retirer. Il revint ensuite à sa besace, fouillant à l'intérieur, il finit par en sortir sa pipe ainsi qu'un petit coffret de bois. Il garnit le réservoir de tabac avant de l'allumer avec son briquet à amadou. Il prit une longue bouffé sur sa pipe en bois, fermant les yeux comme pour mieux apprécier l'instant. Il porta ensuite son attention sur Kurai qui allait commencer à chanter, le conteur l'encouragea avec un sourire franc. La Jinmen entama. Clavim fixa le feu durant toute la durée de la chanson, il savait comment fixer quelqu'un qui se livrait à cet exercice pouvait être décontenançant. La chanson racontait une histoire teintée à la fois de beauté et de tristesse nota le conteur, c'était une magnifique chanson conclu t'il. C'était la deuxième Jinmen douée pour le chant qu'il rencontrait, une fois encore il n'avait pas saisi toutes les subtilités de la langue Jinmen mais la voix de la jeune femme ainsi que la mélodie de la chanson le comblait. Lorsque Kurai eut finit de chanter le cydien ne dit rien, un petit silence s'installa. Il fixait toujours le feu, comme s'il voulait voir quelque chose au travers. On entendait simplement le bruit du feu qui crépitait, le tabac qui crissait dans la pipe du conteur et le rythme de ses aspirations et expirations. Finalement Clavim se tourna vers Kurai pour être accueillit par son joli regard turquoise. Le conteur souffla une nouvelle bouffée de fumé.

"C'est une très jolie chanson et vous avez un talent certain pour le.."

Le cydien n'eut pas le loisir de finir sa phrase car aussitôt la porte de l'auberge s'ouvrit sur le jeune garçon dépêché plus tôt, il était accompagné d'une vieille femme, si tassée qu'elle ne semblait pas plus grande qu'une enfant. Clavim se retourna immédiatement et en reconnaissant la vieille guérisseuse il alla à sa rencontre. Il écarta les bras comme pour étreindre une connaissance.

"Grand-mère Agathe ! Ça par exemple j'aurais pensé que vous dormiez à cette heure si !"

La vieille femme, digne mégère, grimaça en voyant le compteur, elle traversa en trainant une musette presque aussi grande qu'elle, n'accordant pas même un regard à Clavim, d'un geste vif elle lui arracha sa pipe des mains et la jeta avec adresse dans le feu. Le cydien voulu protesté mais la vieille guérisseuse grommela quelque chose et il se contenta de bouder comme un enfant à qui on avait volé un jouet.

"Lorsqu'on m'a dit qu'une jeune femme avait besoin de soin et qu'elle était forcée d'attendre en ta compagnie j'ai fait aussi vite que possible."

La vieille femme se posa devant Kurai l'examinant de la tête au pied, sa peau était si ridée et sèche qu'on aurait dit du parchemin, pourtant quand elle saisit son poignet blessée, la jeune femme put senti que la guérisseuse avait les mains étonnamment chaude et douce. La mégère renifla la plaie et préleva une goutte de sang qu'elle posa sur sa langue.

"Ca n'a pas été provoqué par une lame, ou si cela est le cas... ce n'est pas d'aujourd'hui... ce sang à un goût étrange...vous avez l'habitude d'en perdre beaucoup... il est appauvrit..."

La guérisseuse posa son sac derrière elle et farfouilla dedans à la recherche de ce d'on elle avait besoin. Pendant ce temps Clavim se glissa à côté de Kurai pour lui chuchoter quelque chose.

"Ne vous inquiétez pas, malgré les apparences Agathe est la moins pire des meilleures guérisseuses de la ville..."

"SILENCE !"

Agathe écrasa vicieusement les orteils du pied du conteur à l'aide de son talon.

"Comment oses-tu parler de moi ainsi, combien de fois t'ai-je rafistolé bougre d'idiot, va donc me chercher mes charpies de mon sac et ne touche à rien maladroit comme tu es, tu me casserais quelque chose qui aurait plus de valeur que ta misérable existence !"

Clavim passa une main sur son torse lorsqu'elle évoqua les soins qu'il avait reçu puis il grimaça de douleur lorsqu'elle lui marcha dessus. Il se pencha ensuite sur le sac de la guérisseuse et pendant qu'elle était occupée à préparer une étrange mélasse dans son mortier, il prit au hasard trois flacons et s'amusa à jongler avec dans le dos d'Agathe, il adressa un clin d'oeil ainsi qu'un sourire malicieux à Kurai.

"Moi maladroit ? Vous vous trompez de personne douce Agathe."

La vieille femme grommela quelque chose pour elle-même, Clavim lui apporta ses charpies, elle entreprit alors de tremper les morceaux de tissus dans l'appareil qu'elle avait préparé, Agathe appliqua ensuite le cataplasme sur la plaie de Kurai.

"Rien d'extraordinaire, mais sa calmera l'hémorragie, prenez un bon repas et dormez beaucoup, faites attention cependant à ce que la plaie ne se ré-ouvre pas, gardez le cataplasme quelques jours sans le retirer. Le reste ne me regarde pas, envoyez Clavim me payer demain, au cas où vous ne passeriez pas la nuit, il serait inutile de me payer."

Clavim sourit à Kurai

"La courtoisie incarnée n'est-ce pas ? Merci pour tout grand-mère Agathe et auriez-vous quelque chose pour moi, mes terribles blessures ?"

"Penche toi que je puisse regarder-ça..."

Clavim se pencha pour lui montrer ses stigmates, la vieille femme en profita pour lui coller une grande baffe agrémentée d'une vilaine pichenette sur son arcade encore gonflée.

"Je n'ai pas d'autre remède contre l'idiotie !"

Clavim cria de douleur et se massa la joue en la regardant partir sans dire au revoir à personne, le conteur alla se rassoir en face de la jeune femme et prit une gorgée dans sa bière.

"Cette vieille femme est dingue de moi..."

Il eut un petit rire puis il sourit chaleureusement à Kurai avant de se lever afin de réarranger la cape sur les épaules de la chaman.

"Lorsque vous aurez reprit suffisamment de force vous pourrez aller voir votre ami qui vous attend dans l'écurie, sinon, je vous ai fait préparer une chambre à l'étage, vous pourrez vous y reposer sans crainte, je crains de ne pas pouvoir en faire davantage pour vous, attendez, je vais vous aider à marcher..."
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Kurai
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Kurai en aurait été capable, elle aurait sans doute commencé à rougir face au conteur, mais leur petit moment de sérénité. L'odeur du tabac, la chaleur du feu et cette douce somnolence qui l'envahissait lui tirait un profond soupire de bien être interrompu par l'enfant et une vielle femme ressemblant fort à un vieux parchemin élimé qui rentraient dans l'auberge. Malgré elle, elle se tendait, si la vieille qui devait être la guérisseuse de la ville se décidait à annoncer haut et clair ce qu'elle constaterait, elle serait sans doute enfermée mais l'affront qu'elle fit à Clavim lui tira un sourire. Cette vieille femme avait l'air aussi dure et méprisante que secrètement bienveillante. S'en était presque attendrissant de la voir malmener le Cydien.

La chamane suivait du regard la pipe qui allait rejoindre les bûches brûlant dans la cheminée. Elle était agile et rapide la vieille femme, lui faisant penser que la guérisseuse était loin d'être aussi faible et arthrosée qu'elle le laissait paraître. Méfiante, Kurai ne disait mot, fixant Agathe puisqu'elle se nommait ainsi, d'un regard farouche bien que fatigué. Elle la laissait l'examiner dans une atmosphère pesante, prenant sur elle de ne pas retirer son poignet d'entre ses mains encore habiles et fortes pour son age.

En entendant les paroles de la vieille femme, elle releva les yeux vers Clavim, s'attendant à ce qu'il tilte et ne réagisse assez violemment... Mais non, il se posait à ses côtés pour lui glisser une petite remarque à propos d'Agathe... Il ignorait volontairement les conclusions auxquelles il avait du arriver ou il s'en fichait simplement? La jeune femme était encore éberluée quand l'éclat de voix d'Agathe la faisait sursauter. C'était l'amour vache entre ces deux là... Elle ne manquait pas de remarquer le geste du brun, comme si le simple souvenir de ses blessures le faisait souffrir mais il ne s'attardait pas et se mettait déjà à faire le pitre dans le dos de la vieille. Kurai roula des yeux devant sa gentille insolence.

Le visage de la Jinmen se tendait un instant lorsqu'Agathe posait ses soins sur son poignets, le principe du plus c'est efficace et plus c'est désagréable devait s'appliquer à son remède vu la brûlure que lui provoquait l'appareil de la vieille. Par fierté, elle ne broncha pas mais ce n'est pas l'envie qui lui manquait. Elle lançait un regard farouche à la guérisseuse quand elle lui annonça ses recommandations et l'éventualité de la gratuité de son soin. Heureusement que Clavim intervint, l'empêchant de rétorquer du tac au tac. Même quand elle agressa Clavim, ça ne la fit plus sourire du tout et elle décochait un regard noir à la vieille quand elle fit piailler le conteur... Ce n'était peut être pas de la bienveillance mais plutôt une aigreur malsaine. La Jinmen ne lui accordait aucun remerciement ni même d'autres regard lorsqu'elle partait. La mauvaise attitude de la vieille femme ayant eu raison de sa politesse et de sa reconnaissance.

Le sourire de Clavim la fit porter son regard sur lui, encore dur, l'air renfrogné.


"Une vieille folle désabusée..."

Elle regardait le cataplasme et reniflait de dédain pour le soin qu'on lui avait apporté avec un peu de mauvaise de foi mais quand elle avait quelqu'un dans le nez, elle pouvais pas être hypocrite et on voyait immédiatement ce qu'elle pensait. La gentillesse du conteur à son égard parvenait à l'adoucir un peu, lui tirant un petit soupire lorsqu'elle évacuait la tension. Cette rencontre désagréable l'inquiétait mais elle rendit un petit sourire au brun, lui étant plus que reconnaissante du soin avec lequel il s'occupait d'elle et de son implication. Peu de gens pouvait comprendre à quel point Arashi était important pour elle. Alors elle se redressait en s'appuyant au bras du conteur sans qui, elle en était consciente, elle se serait écroulée sur le sol pour s'endormir.

"Allons voir Arashi... Je veux le rassurer."

Elle ne captait que quelques secondes plus tard qu'il lui avait fait préparer une chambre mais elle avait un énorme doute d'un coup. Presque gênée, la jeune femme cherchait le regard de Clavim pour le questionner.

"Vous avez prit une chambre pour vous également n'est ce pas?"

Ne craignant qu'une chose, qu'il ai dilapidé son argent pour l'aider, elle se sentit bête et inutile, un véritable boulet alors que depuis tant d'années elle faisait tout pour parvenir à ne jamais rien demandé à personne... Elle se mordait la lèvre, agacée et frustrée par la situation. C'était d'un pas lent et mal assuré qu'elle allait vers l'écurie avec le conteur, à peine la porte passée, Arashi se signala d'un hennissement et pour un instant, la jeune femme retrouva le sourire. Elle s'approchait de sa monture et lui offrait une étreinte, lui faisant poser sa tête contre son sein avec tendresse. A voix basse, elle le rassurait comme un enfant.

" Ca va aller... Je suis rentrée Arashi... Désolée d'avoir été si longue..."

L'animal lui répondait en broutant son kimono, la faisant rire. Elle repoussait son museau du plat de la main et s'écartait du box.

"On part demain mon beau, repose toi."

La jeune femme reportait son attention sur Clavim et lui sourit, rassurée d'avoir vu Arashi en bonne forme. Il lui semblait même qu'il se fut un peu empâté mais quelques voyages et il n'y paraîtrait plus.S'accrochant à nouveau au bras de son sauveur, elle dirigeait ses pas vers l'escalier menant aux chambres l'air plus léger même si la fatigue se marquait de plus en plus sur son visage.

"Merci pour tout Clavim. Je ne sais pas quoi dire d'autres."


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Clavim avait observé la jeune femme lorsque les soins lui furent administrés et le moins qu'il pouvait dire c'était que la Jinmen était réellement une femme ambigüe. Kurai affichait à présent une part d'elle-même bien différente de ce qu'elle avait montrée au conteur plus tôt. Si Clavim faisait la synthèse du comportement de la jeune femme il devinait sans grande peine qu'elle devait avoir vécu des choses terriblement dures, se montrer forte pour les surmonter, mais cela ne le regardait pas, pour cette raison, il ne l'évoquerait jamais. La blessure qu'elle portait l'intriguait par contre malgré lui, lorsqu'il avait assisté à l'agression de la jeune femme il ne lui semblait pas avoir remarqué une arme ou quoi que ce soit entre les mains des hommes capables d'infliger pareille plaie, peut-être la jeune femme portait ce stigmate bien avant et puis il y avait aussi le fait que les hommes avaient hurlés de peu avant de fuir pour se regrouper et contre-attaquer, ainsi qu'une grande quantité de sang. Clavim était loin d'être idiot, mais il n'était pas du genre à sauter des conclusions. Au final il lui importait peu de connaitre la nature de Kurai. Peut-être avait-elle prit des vies, mais qui ne l'avait pas fait en ce monde ? Lui-même avait tué bien des fois, parfois simplement par devoir envers sa cité, d'autres fois pour se défendre, pouvait-il en blâmer autrui ? Certainement pas. Cette nuit Kurai s'était retrouvée être une victime et il n'en fallait pas plus au conteur pour se porter à son secours et l'aider du mieux qu'il puisse. Cette nuit Kurai avait souri et comme l'avait observé le cydien, elle avait un court instant, laissé tomber son masque. C'était tout ce qui comptait pour lui de plus, cela prouvait qu'elle ne pouvait pas être une mauvaise personne. Le conteur chassa ses réflexions de son esprit. Il aida donc la Jinmen a rendre visite à son destrier, lorsqu'elle lui posa une question au sujet des chambres il lui fut impossible de réprimer un petit rire.

"Vous avez frôlé la mort cette nuit et vous parvenez encore à vous inquiéter pour quelqu'un."

Il prit son menton avec sa main libre, faisant semblant de réfléchir intensément, un sourire moqueur au coin des lèvres.

"Humm...pourtant il m'a bien semblé voir un véritable fauve affronter une vieille acariâtre tout à l'heure, surement la bière qui m'est montée à la tête."

Un nouveau rire naquit suivi par un de ses sourires légendaires. Clavim conduisit la jeune femme jusqu'aux écuries de l'auberge. Il lui ouvrit la porte, Kurai retrouver ainsi son compagnon. Le conteur resta sur le seuil de la bâtisse. Le spectacle que lui offraient l'équidé et la jinmens lui fit chaud au coeur, un large sourire naquit sur ses lèvres fendues sans qu'il s'en rend compte. Le lien qui unissait Kurai et Arashi était vraiment magnifique, une formidable démonstration de tendresse et d'amour mutuelle. Tout cela conforta le cydien dans ses principes, c'était pour faire naitre de ce genre de sentiment partout en Azthia qu'il se battait, balayer la tristesse, la haine, la colère. Un instant il eut une pensée pour sa propre jument, Nüwang laissée dans une écurie aux portes de la ville, il espérait un jour avoir le même genre de relation. Il se mit en retrait afin de les laisser seuls, attendant sur le côté de la porte, finalement la jeune femme revint, bras dessus bras dessous ils se dirigèrent vers l'escalier conduisant aux chambres, Louis leur indiqua la chambre achetée plus tôt, ils entrèrent donc. C'était une petite chambre avec une seule fenêtre mais le tenancier avait bien effectué l'office commandé par le cydien. Un petit feu brûlait dans l'âtre, dispensant une chaleur confortable dans toute la pièce, un lit avec des draps propres attendait plus que la jeune femme. Kurai remercia le conteur qui sourit avant de lui répondre.

"Alors dites simplement bonne nuit adorable Dame, mais ne me remerciez pas, il n'est pas normal d'avoir à remercier quelqu'un de se soucier d'une autre personne, cela devrait être naturel...

Vous savez, j'ai beaucoup voyagé, vu d'innombrables peuples, personnes, cultures, j'ai vu tellement de malheurs, de peur, de douleur et de tristesse. Dans un monde où nous nous affrontons à cause de nos différences nous avons tous un point en commun, au fond de nous, nous souhaitons tous qu'une personne s'arrête, se penche vers nous pour nous aider, cette nuit je vous ai vus sourire et même entendu rire. En vérité je vous le dis douce Dame, c'est à moi de vous remercier, vous m'avez prouvé une fois de plus que nous avons tous dans un coin de nous-même, l'envie de gouter un peu de joie."


Il s'arrêta subitement, de peur d'en avoir trop dit, il prit la main de Kurai et y déposa un pieu baisé avant d'exécuter une élégante révérence. Il tenta maladroitement de changer de sujet

"Et en tant que conteur je me dois de dispenser un peu de joie autour de moi, les gens sont plus généreux avec la joie au coeur haha. Je vous souhaite une agréable nuit."

Clavim sortit de la chambre en refermant derrière lui, tout sourire effacé de son visage à présent fermé, il descendit les escaliers pour se retrouver dans la pièce principale de l'auberge, son gilet de laine séchait toujours sur le fauteuil où ils s'étaient assis un peu plus tôt. Le conteur laissa échapper un soupire avant se s'approcher de Louis le ventripotent, toujours derrière son comptoir. Clavim lui expliqua qu'il avait besoin de se refaire une beauté et de sécher ses vêtements, il lui prit également une grosse couverture, l'informant qu'il dormirait devant la cheminée cette nuit. Le gros Louis ne pouvait pas refuser grand-chose au conteur. Le cydien alla donc dans une petite pièce équipée d'un miroir en métal poli ainsi qu'une bassine d'eau, Clavim entreprit d'abord de se défaire de ses habits humides qu'il disposa de manière à sécher proprement. En voyant son reflet dans la pièce de métal poli il sourit malgré lui. Il marmonna pour lui-même.

"Les années ne t'ont pas épargnée Clavim..."

Il passa une main sur ses cicatrices qui formaient, tantôt des petites boursouflures, tantôt des sillons, sur sa peau. Il avait perdu en carrure et prit du poids. Il ne reconnaissait plus le fier soldat de Cydonia qu'il avait été, du moins « soldat » pas officiellement, mais ça c'était une autre histoire. Clavim s'arma d'une lame pour raser sa barbe de voyage, il se devait d'être impeccable lors de ses représentations, il en profita pour rafraichir quelque peu sa coupe avant de balancer ses cheveux en arrière. Après avoir enfilé de nouveau le minimum de vêtement convenable il jeta un nouveau regard dans le miroir, c'était tout de suite mieux. Il inspecta à présent les marques sur son visage, son arcade gauche était violacée et bien gonflée, ses lèvres fendues semblaient promettre de guérir rapidement. Il en conclu que c'était l'histoire d'une semaine, peut-être deux. Il revint avec toutes affaires qu'il déposa à côté de l'âtre pour les faire sécher, un rapide coup d'oeil au comptoir lui indiqua que le gros Louis était lui aussi parti se coucher. Clavim s'enroula dans sa couverture et s'installa dans un des fauteuils, il fixait le feu, une petite chanson lui passa par la tête il l'entama à mi-voix pour ne pas réveiller quelqu'un.

"Le vol haut des oiseaux nous précède
Et la quille creuse son long sillon
Cœur ardent, empli d’amour,
Trouve sans peine le chemin du retour.
Que notre route soit belle et sereine
Jusqu'à la lumière de nos foyers,
Ou familles et amis attendent
Le retour des guerriers.
Les ainés se portent ils bien ?
Et les jeunes ont-ils poussé ?
De leurs sourires, nos amis et connaissances,
Bientôt viendront nous accueillir.
Partis pour des contrées lointaines
Et de longues errances,
De l’aube au crépuscule et du soir au matin,
Jamais ne gouterons repos plus doux
Qu’au pays ou nous sommes nés..."


Le conteur se dandina sous sa couverture puis il fut rattrapé par le sommeil, il ferma les yeux et s'endormit au coin du feu, bien à l'abri sous sa couverture.
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Kurai
Kurai
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Métier : Chaman et Guide

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Dans la chambre, Clavim étonnait Kurai d'une réplique aussi altruiste que poétique qui trouvait une résonance au fond du coeur froid de la jeune femme. Il avait tellement raison mais la Jinmen était bien trop pessimiste et méfiante vis à vis de l'Homme pour oser y adhérer. Seul Clavim avait réussit à réellement la surprendre par son abnégation et le don de soi qu'il pratiquait. Ce conteur n'était pas comme les autres hommes qu'elle rencontrait au grès de ses voyages. Il ne semblait rien attendre en retour de son aide si ce n'est un sourire, une parole aimable et sincère... Il respectait ses principes pour la plus grande joie de la Jinmen. Elle lui offrait un sourire un peu perdu, semblant réfléchir à ses paroles qui étaient bien loin de la mettre mal à l'aise mais elle tint à le détromper d'une chose.

"Je n'attendais pas que l'on se penche sur moi Clavim. Mais je ne nie pas que cela fut agréable et justement apprécié, seulement... Ce monde n'est pas fait pour la paix. Ses habitants seront toujours en conflit et il ne fonctionne qu'avec le principe d'équivalence et de surenchère. Un mort pour un sang, une tuerie pour un meurtre, une vie pour affront... Alors demander de l'attention serait une grave erreur, surtout en tant que femme. Je tiens à mon indépendance et à ne rien devoir à personne... Votre grandeur d'âme vous honore et vous êtes le seul à qui j'accorde ma reconnaissance et mon respect depuis... plusieurs années. Bien sûr que j'ai apprécié cette ellipse dans ma vie mais je ne recherche pas le bonheur et d'ailleurs, je ne saurais sans doute pas quoi en faire... Alors merci pour ce petit aperçu, noble conteur."

En guise de "bonne nuit" et un peu, de remerciement, elle déposait un tendre baiser sur la joue du brun en réponse au baiser sur sa main. Ce n'était guère de cette manière qu'une femme devait se comporter avec un presque inconnu, surtout lorsque cette femme était aussi méfiante que la chamane mais c'était un élan du coeur. Une sincère reconnaissance pour cette petite lueur d'optimisme que Clavim avait suscité en Kurai. Depuis combien de temps n'avait-elle pas su sourire à un adulte? Seuls les enfants trouvaient grâce à ses yeux depuis de longues années déjà, de trahison en blessure, la jeune femme avait perdu espoir de rencontrer des gens sincèrement honnêtes et intègres... Le conteur était de ceux-là. Peut être qu'il restait quelque chose à sauver dans ce monde?

Sereine, elle offrait un très doux sourire à Clavim en commençant à refermer la porte.

"Bonne nuit Clavim."

Leurs différences auraient sans doute du les éloigner mais la Jinmen ressentait un agréable sentiment d'amitié et d'affection pour le conteur, au fond, elle savait que chacun à sa manière ils avaient leurs masques. Elle de froideur et de mépris, lui de gaieté et de galanterie, chacun se protégeait comme il pouvait des blessures du coeur, bien plus tenaces et douloureuses que celles du corps. Mélancolique, la brune se déshabillait lentement, étendant ses vêtement sur une chaise face au feu qui crépitait doucement, lui rappelant les quelques rares et heureuses nuits où sa mère, sobre, lui enseignait les rituels... Ce confort, autant émotionnel que matériel ne lui était pas inconnu mais ça remontait à si loin maintenant, comme si tout cela faisait partit d'une autre vie, plus simple, plus heureuse aussi. Depuis la trahison, inconsciemment, elle avait renoncé à être heureuse, comme si ce n'était pas un droit mais une faveur, quelque chose de secondaire, de futile.

Moulée par l'habitude, elle y réfléchissait encore en se démêlant les cheveux avec soin, peut être y avait-il une part de vrai dans ce que disait Clavim finalement... Serait-il possible que par ses actes de colères et de fureur, elle ne cherche qu'à attirer l'attention sur elle? La question la taraudait jusqu'à ce que sa fierté admette que oui, peut être que cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas été proche de quelqu'un. Trop longtemps qu'elle n'avait pas accordé sa confiance à qui que ce soit, la dernière personne à avoir su passer au delà de ses barrières était son ancien maître, le seul après sa propre mère à s'être risqué à la connaître et à appréhender ses craintes et ses ressentiments les plus sombres. Kurai lâchait un lourd soupire en déposant son peigne sur la petite table de chevet, aussi nue qu'au jour de sa naissance, elle porta son regard sur l'énorme cicatrice sur son ventre qui courrait jusqu'à son dos, trace de sa dernière rencontre avec son maître. Il l'avait presque tué ce jour là et sa seule pensée alors qu'elle agonisait dans la forêt avait été de ne plus jamais accorder sa confiance à quelqu'un...

Était-il parvenu à tuer tout ce qu'il ait pu avoir de bon en elle ce jour là? L'esprit lourd de cette pensée, la jeune femme se coucha dans le lit si maintes fois emprunté et ne tarda pas à perdre le fil de ses pensées sur le conteur, les enfants sur le bateau, leur amour fraternel si fort, sa mère et ses chants... Il y avait encore des choses à sauver dans ce monde, infimes et fragiles mais si importantes... Enfin le sommeil l'emportait, sans rêve ni cauchemar. Elle aurait tendu l'oreille dans le silence de l'auberge endormie, elle aurait sans doute entendu la superbe et mélancolique chanson du conteur...




*******************************************************



Au matin, la lourdeur de son âme était revenue, le jour qui n'était qu'à peine entamé, éclairé de si pâles et faibles rayons d'un soleil paresseux, découvrait la Jinmen encore faible mais à la détermination renouvelée. Profitant de l'heure encore jeune, Kurai se pressa de s'habiller, les souvenirs de la veille, plus ou moins vagues lui revenaient en mémoire et la mettaient mal à l'aise. Elle n'allait pas s'asseoir sur tant d'années d'errance sur les simples paroles d'un conteur de rues... Mais un conteur de rues qui l'avait sauvé... Et n'avait rien dit sur sa blessure et les conclusions qui en découlaient... Elle émit un petit grognement, frustrée entre son entêtement et son honnêteté. La chamane s'était dévoilée devant Clavim, bien trop pour que ce soit sans danger, la preuve... Rien que l'idée de devoir lui dire au revoir lui tirait un soupire triste.

S'attacher aux gens c'était s'exposer à souffrir à nouveau et elle s'y était toujours refusée jusqu'au soir dernier. Ce n'avait pas été une décision consciente, plutôt un abandon face au combat perpétuel qu'elle menait contre elle-même pour repousser tous ceux qui lui portaient le moindre intérêt, sain ou non. Elle s'était laissée aller, elle avait eu de la chance de tomber sur Clavim plutôt que sur qui que ce soit d'autre mais elle se promettait de ne pas recommencer. Le charmant cydien avait réussi à semer le trouble dans son esprit et elle n'aimait pas ça, c'était dangereux.

Elle se hâtait de ranger ses affaires avant de sortir de la chambre d'un pas léger et discret. S'attendant plus ou moins à ce que le conteur ait prit une chambre pour lui même, elle s'immobilisa à mi-hauteur des escaliers lorsqu'elle l’aperçut dans son fauteuil. C'était impensable qu'elle puisse lui montrer une quelconque sollicitude... Mais ce ne fut pas de la sollicitude ou de la pitié qui la poussa à s'approcher silencieusement jusqu'à déposer un baiser sur son front, ses doigts frôlant la chevelure brune qu'il avait prit soin de peigner. Ses cheveux effleuraient le visage du conteur, lui offrant son odeur. La jeune femme ne pouvait nier qu'il avait été bon pour elle, charmant et que malgré tous les efforts qu'elle pourrait faire, il serait difficilement oubliable. Il représentait un petit éclat de lumière dans son obscurité. Peut être qu'un jour, quand elle en aurait assez de courir après sa vengeance, elle s'arrêterait à nouveau pour partager ses pensées avec lui... Cette idée lui tirait un sourire alors qu'elle se redressait, avouant sa défaite face ce désespérant optimiste.

Sans attendre de réponse, elle lui murmurait:
"A bientôt cher conteur. Prenez soin de vous."

La chamane quittait la pièce avec un dernier regard pour Clavim encore assoupit, amusée de cette sensation de vulnérabilité qui émanait de lui... Un jour, elle lui payerait sa dette mais en attendant, une longue route l'attendait encore. Rendue aux écuries, elle flattait Arashi qui piaffa, sentant le départ, lui qui était resté si longtemps coincé ici, ça semblait le réjouir. Par contre, la Jinmen avait le corps lourd de partir ainsi... Mais elle était persuadée que le conteur comprendrait. Il était assez perspicace pour avoir saisit sa nature profonde. C'est avec un léger sourire triste qu'elle arnacha sa monture avant de la libérer et de prendre place sur son dos. En quelques minutes à peine, ils quittaient les lieux, profitant de la beauté de la ville encore endormie sous le froid soleil d'automne.

La route s'ouvrait à nouveau devant eux.



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Clavim
Clavim
Masculin Nombre de messages : 43
Race et âge : Cydien 30ans
Cité : Cydonia
Métier : Conteur

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Clavim émergea lentement du sommeil, le gros Louis avait balancé son pied contre le fauteuil sur lequel il dormait, la journée était déjà bien avancée et les premiers clients allaient commencer à arriver, le conteur ferait très certainement tâche à dormir là. Il ramena la couverture à lui en grommelant et en baragouinant comme un ivrogne émergeant d'une terrible gueule de bois, il étira son corps en gémissant puis il laissa échapper un long soupire. Le cydien semblait avoir toutes les peines du monde à se réveiller. Finalement Clavim passa une main dans ses cheveux et sur ses joues fraichement rasée. Soudain il prit conscience d'où il était, il se leva d'un bond, emportant avec lui la couverture, il se prit les pieds dedans et s'étala de tout son long le nez sur ses bottes posées là pour sécher. Il se releva et s'habilla en vitesse, fort heureusement tous ses effets avaient profité du feu de cheminé pour sécher. Clavim interrogea l'aubergiste sur l'heure qu'il était, ce dernier lui répondit que le soleil serait bientôt haut dans le ciel, le cydien laissa échapper une kyrielle de jurons, il devait à présent aller récupérer sa jument Nüwang laissée aux portes de la ville, à présent il allait devoir aligner une petite fortune pour la sortir de là. Le conteur questionna également Louis au sujet de Kurai, c'est ainsi qu'il apprit que la jeune femme avait quitté l'établissement tôt dans la mâtiné. Un sourire énigmatique flotta un instant sur les lèvres du cydien. Il remballa rapidement ses affaires et glissa encore quelques pièces pour se faire servir un repas correct et en profiter pour se débarbouiller. Clavim engloutit son repas songeur, finalement il posa sa cuillère en bois sur la pointe de son nez et croisa les bras, il avait l'air plongé dans d'intenses réflexions.

"Je dois encore trouver le moyen de me rendre à Jaffa...un guide peut être...humm cela reviendrait à le payer...sans parler des vivres et du matériel qu'il faudra rassembler... Non ce n'est pas une bonne idée..."

Clavim faisait tournoyer sa cuillère en bois entre ses doigts tandis qu'il réfléchissait.

"Une caravane....oui c'est cela ! J'aide à la main-d'oeuvre, le soir je raconte deux ou trois histoires...Tout ce que je dois faire c'est de trouver une caravane se dirigeant vers Jaffa..."

Clavim passa sa cape autour des épaules et s'harnacha pour son voyage, il confia sa cuillère en bois au jeune garçon qui travaillait chez le gros Louis, ce dernier le regarda sans aller sans comprendre. Clavim passa le seuil de l'établissement, il commençait à s'engager dans la rue pavée devant lui lorsqu'il s'arrêta. Il regarda en direction d'où il était arrivé en compagnie de Kurai cette nuit. Il espérait que la jeun femme irait bien là où elle était.

"Adieu Kurai, pensez à sourire peut importe où vous irez, un sourire est la meilleure des armes face à l'adversité.."

Il lui en adressa justement un avant de finalement disparaître à travers le dédale de rue de Tamawa. Il se dirigea en direction des portes de la ville, à la recherche de sa jument puis d'une caravane faisant route vers Jaffa, là il devait y rencontrer sa cousine adorée.

"Elyncia...J'arrive."

Ce nom résonnait constamment dans sa tête.

Désengagé
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