[ Je pars du principe qui Siobhan connait Jelenna et qu'elles s'entendent plutôt bien ^^
Ah et je ne sais toujours pas lancer un topic t'as vu ? XD ]

Je ne savais pas ce que je foutais là, très clairement, je n'en avais aucune idée et j'avais comme une impression de déjà vu, comme si j'avais déjà vécu cette scène mais que je n'avais pas envie de m'en souvenir … En fait si, je m'en souvenais bien, mais c'était à cause de mon père cette fois-là, pas à cause de mon adorable petite sœur qui savait un peu trop bien me manipuler à mon goût … Peste va ! Avec son petit air tout mignon, Jelenna était venue me chercher pour, je cite, aider une amie. Pas mieux que son père quand il s'agissait de me demander service, elle avait néanmoins l'avantage d'être ma préférée et de savoir y faire avec moi. Tss tu parles, maintenant, je me retrouve à quoi ? A attendre sa gentille copine qui en prime est en retard ! Cinq minutes, ok, juste cinq minutes mais même, je n'ai pas que ça à faire !

Jelenna était venue me trouver dans ma chambre ce soir-là. Cela faisait à peine trois jours que j'étais arrivée au Temple et, comme par hasard, tout le monde me tombait dessus. Mon père pour s'assurer que je prenais soin de sa chère apprentie à qui j'avais tenté d'enseigner la manipulation de la nature, art délicat mais dans lequel elle se révélait douée, suffisamment en tout cas pour apprendre le reste toute seule et me ficher la paix. Jiven était venu me voir pour prendre des nouvelles d'Evenor, comme si j'étais en contact permanent avec lui non mais oh ! Qui est le maitre et qui est l'élève bon sang de bon soir ! Puis Jelenna était venue me trouver, à son petit air faussement attristé, j'avais vite compris qu'elle souhaitait me demander quelque chose et ça n'avait pas manqué au final …

« Allez Jel, dis-moi ce qui te tracasse ! »

La phrase de trop, celle qui m'avait poussée à l'aider à m'avait attirée dans ce bourbier avec une gentille 'copine' de ma cadette comme apprentie … Quelle poisse. Surtout vu ma patience et mon côté altruiste ! Quoi qu'il en soit, Jelenna avait insisté, précisant qu'elle aimait bien cette euh …. Siobhan. Elle avait par exemple insisté sur le fait que la jeune Templière avait cherché à la sauver à Erathia et que c'était elle qui avait prévenu Philéa du lieu où elle était retenue … évidemment, avec ce genre d'arguments, je ne pouvais pas faire grand chose si bien qu'au final, j'avais accédé à sa demande, sans même savoir ce que cette fille voulait de moi. Tout ce que je savais, c'était son prénom et, éventuellement, le fait que, selon la petite princesse bis, elle avait grand besoin de mes talents. Ouais, ben ça commençait à me gonfler cette histoire, à croire que tout le monde voyait un moi une solution à tout.

Ouais ok, j'aimais bien ça aussi, surtout quand c'était Jelenna qui me le demandait d'accord, il fallait que je l'admette mais même, pourquoi fallait-il toujours que ça tombe sur moi ? Tandis que je râlais dans mon coin, la jeune femme en question s'approcha de moi. Je l'aurais certainement su si j'avais connu son visage mais ce n'était pas le cas aussi, je ne réagis pas, attendant tout simplement l'heureuse élue qui, il valait mieux pour elle, ferait le premier pas.

** Jelenna, elle n'est pas là, je vais … **
** Elle va arriver, s'il-te-plait Eléa, reste, je suis sure qu'elle va venir ! **

Raaah pourquoi fallait-il que j'ai la plus gentille des petites sœurs qui soient ? Il avait été clairement plus facile d'en vouloir à Jacen de me faire perdre mon temps que de lui en vouloir à elle. Ronchonnant mentalement, je souris bêtement en l'entendant rire. Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vu si heureuse, alors ça valait bien un petit sacrifice non ?

[Ne la tue pas, hein xD]

[ J'adoooooooooooooooore XD ]

Je crois que la pire des choses que je ne supportais pas était le retard. Mon père était toujours en retard … y avait-il un lien de cause à effet ? Non, probablement pas, mais l'excuse était trop alléchante pour ne pas l'emprunter quand bon me semblait. Jelenna avait insisté pour que je reste encore un peu, sans doutes ne tarderait-elle pas à prévenir son « amie » de son retard et sans doutes que tout irait bien dans le meilleur des mondes … Tss, il allait vraiment falloir un jour que je leur explique, au père comme à la frangine, que je n'avais pas que ça à faire que de rencontrer leurs ami(e)s pour perdre mon temps à leur enseigner un truc ! Non mais oh ! Quoi qu'il en soit, bien que je rumine intérieurement, je restais là, à attendre cette « amie » qui semblait si importante aux yeux de ma cadette.
Je me demandais à quoi elle ressemblait. Je ne savais que peu de choses sur cette jeune fille. Ce que m'avait dit Jelenna en somme et c'était bien peu de choses au final. Siobhan était venue jusqu'à Muria, bravant la peur et l'angoisse de se faire faire prisonnière, pour proposer son aide dans le cadre de la recherche de la petite fille lors de son enlèvement. Par la suite, la petite princesse bis m'avait expliqué que la demoiselle et elle avaient partagées un rêve en présence d'Esra – comme si un déesse Elfe en avait quelque chose à foutre des Amazones mais bon – et que dans ce songe, Siobhan avait été désignée pour la protéger. Bah tu parles d'une protection ! Ca faisait rêver tiens !Voilà, en résumé, je ne savais pas grand chose de plus et au final, ça commençait à me gonfler très sérieusement de devoir rester plantée là à l'attendre. Je n'étais pas bien sure que ma sœur soit consciente de la masse de travail que j'avais à faire et, du peu de temps que je pouvais m'accorder au Temple. M'enfin, à quoi bon râler ? Jelenna avait toujours tout obtenu de moi, et ce, même quand elle ne cherchait pas à le faire alors ce n'était pas aujourd'hui que j'allais commencer à dire non ou encore, à modifier notre relation. J'y tenais telle quelle.

Les minutes passèrent et je perdais patience.
Non mais franchement ? Pouvait-on réellement être en retard quand on demandait un service ? Pire que tout, pouvait-on être AUTANT en retard ? Et elle voulait apprendre le soin ? Non mais franchement … trouvez un autre pigeon à la fin ! J'avais l'impression que chaque minute devenait une heure si bien qu'au final, je n'étais même plus sure de l'heure qu'il était et du temps que j'avais passé à poireauter. Sans doutes qu'au final, je n'avais rêvassé que quelques minutes mais j'avais l'impression que des heures s'étaient écoulées. Une torture et un enfer pour mon calme et ma patience si légendaires !

Je sursautais totalement lorsqu'une gamine sauta à mon cou et déposa un baiser sonore sur ma joue. Hein ? Quoi ? De quoi ? « Grande sœur » ? Elle a fumé ou quoi ? C'est qui cette blondinette avec une jupe carrément trop courte ? Le Temple ne fournit que des blondasses ? Pour une achetée, une offerte ? Totalement prise au dépourvue, j'en viens à me demander si Jelenna n'a pas grandi d'un coup … totalement débile comme réflexion ! Je suis incapable de réagir bien qu'en temps ordinaire, ma main n'aurait sans doutes pas manqué de lui décoller la mâchoire pour autant de familiarités ! Une histoire de patience tout ça pas vrai …

D'un air ahuri, je dévisage la demoiselle et l'écoute parler. Ce n'est que quand elle a prononcé son discours que je comprends. Siobhan. C'est elle. A bien la regarder, je ne vois pas pourquoi elle est copine avec ma sœur. Blonde, c'est peut-être le seul point commun que cette gourde a avec Jelenna. Totalement ignorante de la hiérarchie – remarquez, ça, je m'en fou un peu en général -, elle a au moins conscience de son retard et s'en excuse. En fait, elle a l'air tellement … bizarre, que je ne parviens pas à lui en vouloir. Un vrai moulin à paroles, elle débite une connerie à la seconde. Impressionnant. En fait, c'est tellement bizarre que je ne sais pas comment réagir. Je n'ai même pas envie de la faire taire et son sourire si candide me rappelle trop celui de ma cadette pour lui en vouloir si bien que tout mon beau discours sur la ponctualité s'est envolé …

** Jelenna … **
** Tu vas l'adorer, je t'assure ! **
** Tu te fous de moi ? **
** Maitre Jiven commence son enseignement, désolée ! **

Raaaaah, peste soit-elle ! Genre elle écoutait en cours ! Ouais bon si, elle écoutait en cours mais GENRE ! Avec quoi me laissait-elle là ?

« Siobhan c'est ça ? »

C'est évident mais j'ai envie de me rassurer, de me dire que cette déjantée s'est plantée de personne et qu'elle va s'excuser pour repartir aussitôt. Je sais que c'est faux, qu'elle est certainement l'Astorg que m'a décrit ma jeune sœur mais j'ai envie d'y croire. Allez, soyez sympa … Ouais non d'accord. Je dois me rendre à l'évidence, c'est bien elle.

« Evite de me toucher »

J'avais lâché cette phrase avec froideur sans m'en rendre compte. Bon au moins, je commençais à réagir normalement. Mais pourquoi, POURQUOI, j'avais accepté de l'aider ? Elle était totalement gourde, ça se voyait sur elle, sans parler de sa façon de parler, d'agir de … elle me saoulait. En fait, c'était ça la vérité, elle me sortait par les yeux et même si elle avait le petit air candide de ma cadette, elle avait tellement de … de … bref, elle m'énervait.

« La prochaine fois que tu seras en retard, ce sera sans moi », continuais-je d'un ton un peu moins hostile bien malgré moi.

Je l'observais d'un œil distant sans parvenir à me décider si je la détestais ou si j'allais lui accorder une chance. Jelenna avait tellement insisté que je me décidais à lui accorder une chance … Elle avait un espèce de truc exaspérant certes mais aussi attirant. C'était bizarre.

« Que sais-tu du soin ? Pourquoi penses-tu que je puisses t'être utile ? En général, vous avez de bons professeurs au Temple. »

Je me demandais en effet pourquoi elle m'avait choisi là où certains, comme mon père d'ailleurs, excellait en cet art. Je ne m'estimais pas mauvaise en ce domaine certes, mais si je ne l'avouerais jamais devant lui, je me savais moins douée que Jacen ou d'autres Templiers tout aussi renommés que mon paternel, alors pourquoi moi ? Et puis, qu'est-ce-qu'elle pouvait bien attendre d'une princesse Amazone elle qui était Templière ? Euh une seconde, si elle était amie avec Jelenna … elle était apprentie ?
Aucune idée. Je m'en foutais de toute façon pourvu que tout cela prenne fin au plus tôt. Qu'elle soit apprentie ou non, elle allait me casser les pieds et me mettre en rogne, je le sentais mais j'essayais de garder mon calme. Je me devais de garder mon calme. Tout est une histoire de patience, surtout quand on apprend à maîtriser le soin.

« Tu connais Jelenna depuis longtemps ? »

Question débile. Bien entendu qu'elle la connaissait depuis longtemps mais au fond de moi, j'avais ressenti le besoin de la questionner à ce sujet parce que, bien malgré moi, je me demandais encore comment ma petite princesse bis pouvait s'entendre avec elle. Jelenna s'entendait avec tout le monde c'était un fait m'enfin quand même … Bon de toute façon, je n'étais pas là pour ça alors qu'elle me réponde, que je lui apprennes les bases et qu'on en finisse !

J'avais envie de la tuer. Non très clairement, j'avais vraiment envie qu'elle me foute la paix et je me demandais encore comment Jelenna avait pu me convaincre de rencontrer cette plaie et pire encore, avait pu me faire promettre de l'aider … Non je crois qu'en fait, la vraie question que je devais me poser était peut-être de savoir COMMENT ma petite sœur pouvait être amie avec … avec … avec elle quoi ! C'est pas possible, il y a un bug dans la matrice, un truc qui cloche bref, dites-moi que je rêve, pincez-moi ! Non, ne me pincez pas, sinon je vous tue aussi. Quoi qu'il en soit, je ne disais rien, attendant qu'elle réponde à mes questions sans grand espoir de ne jamais comprendre pourquoi la petite princesse bis a autant de pouvoir sur moi et arrive à obtenir à peu près tout de moi. Peut-être que je le veux bien aussi au final … Jelenna n'a pas eu une enfance facile et a du grandir un peu trop vite par ma faute alors je crois que c'est ma façon à moi de me faire pardonner et de lui rendre un tant soit peu son innocence et ce qu'on lui a volé. C'est peut-être idiot, c'est peut-être totalement stupide mais peu importe, c'est ma rédemption. Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle j'accepte que cette Siobhan soit ce qu'elle est. Techniquement, je ferais mieux de partir et de la planter là, ce n'est pas l'envie qui m'en manque, elle doit d'ailleurs s'en douter mais j'ai promis. J'imagine que Jel' doit bien rigoler si elle observe la scène quelque part !

Visiblement, ma remarque l'avait calmée et elle n'allait pas s'approcher de moi d'aussi tôt, enfin … je l'espérais. Je me demandais si je n'avais pas été un peu dure en répondant aussi méchamment mais au fond, je ne supporte pas qu'on me touche. Il est rare que je laisse quelqu'un aller plus loin qu'une simple poignée de main en dehors de ma famille, cela va de soi. D'ordinaire, j'ai tendance à plutôt me refermer sur moi-même, pourquoi ? Ce serait trop compliqué de vous l'expliquer mais je regrette presque d'avoir réagi aussi violemment à son encontre. Je commence d'ailleurs à comprendre un peu mieux comment Jelenna peut s'entendre avec elle … Raaaah ok c'est bon pas la peine de me faire les yeux doux !

Son air désolé me rappelait tellement celui de ma propre fille quand elle voulait quelque chose et n'attendait qu'une chose : que je cède. A croire que tout le monde connaissait cette faille ancestrale et que, bien que j'y sois habituée, elle me poursuivait encore. Jelenna lui avait donné des cours ou quoi ? Ok ok, je l'aiderais à apprendre le soin mais pour le reste, c'était même pas la peine d'y penser ! Comment pouvais-je m'empêtrer autant dans les ennuis à chaque fois ? Tout ça pour faire plaisir aux uns et aux autres … Y'a pas marqué « maître » sur mon visage, même si je ne suis pas contre le fait qu'on m'appelle maîtresse (XD).
Siobhan reprit la parole, répondant à ma question. Qu'ils ne voient la théorie ne m'étonnait pas tant que ça, en général, il était plus simple d'apprendre le soin par soi-même. Il fallait « sentir » la chose pour pouvoir la maîtriser et cela ne pouvait pas s'apprendre dans les livres. Mais alors franchement la suite … me laissa sur le cul si vous voulez bien me passer l'expression ! Ok bon … visiblement elle est soit totalement débile soit elle se paye carrément ma tête et j'ai encore du mal à savoir vers quoi pencher.

Ouais ben je les comprenais les professeurs en question et je comprenais d'autant moins bien le choix de Jelenna ! Jacen aurait été beaucoup plus à même de lui apprendre, lui qui avait la patience pour tout, y compris pour s'occuper des causes perdues. Alors pourquoi c'était moi qu'on venait trouver et faire suer pour apprendre un truc aussi complexe que le soin à une fille que des oiseaux arrivaient à déconcentrer ? Patience ne rimait pas avec Eléa … Il ne fallait pas avoir fait dix ans d'études pour le savoir ça ! Rah Jel … mais à quoi pensais-tu bon sang ?
Le moulin à paroles reprit son discours et j'avais de plus en plus envie de m'éclipser mais étrangement, elle arrive à capter mon attention avec ses phrases pourtant trop connues. Elle veut aider les autres, elle ne se sent pas spécialement prête à aller au combat .. je comprends mieux à présent pourquoi elle s'entend bien avec Jelenna mais aussi pourquoi la petite me l'a envoyée.

« Je vais t'aider » répondis-je calmement.

Je savais que je n'étais pas obligée ou encore, que j'aurais mieux fait de partir mais bon, il fallait avouer qu'elle avait joué sur une corde déjà rendue sensible et que forcément, ça n'aidait pas à la laisser toute seule. Qui allait lui apprendre si elle refusait ? Visiblement, elle était enquiquinante, pipelette et totalement incapable de se concentrer sur quoi que ce soit plus de cinq minutes … Mais je me sentais « obligée » d'agir.
Ah d'accord, alors cette gamine fait partie de ceux qui ont aidé ma sœur durant sa captivité. Je me souvenais vaguement que la petite m'avait parlé d'une rencontre de la sorte mais à l'époque, je n'y avais pas réellement prêté attention et c'était d'ailleurs en partie à cause de ça que les problèmes s'étaient enchaînés. La question me rappela à la réalité.

« Le soin est un art délicat. Il te faudra apprendre à maitriser autant la douleur que l'énergie que tu emploies » commençais-je avec calme, « Soigner signifier se sacrifier. Chaque fois que tu soigneras quelqu'un, tu ressentiras sa douleur comme si tu souffrais de son mal, chaque fois, tu prendras de ton énergie propre pour le guérir et lui insuffler la vie. Si tu ne parviens pas à prendre ta distance de la douleur, si tu ne parviens pas à doser ton énergie, alors la première te rendra folle et la deuxième te tuera. », j'avais l'impression de revivre une scène déjà jouée mais je continuais, « C'est avec l'expérience que l'on maîtrise le soin et avec la pratique, petit à petit, tu sauras de mieux en mieux doser ton énergie et tu apprendras également à faire abstraction de la douleur. »

Je marquais une pause, consciente que ça faisait beaucoup d'informations puis, calmement, j'ajoutais :

« Le soin commence par comprendre le mal qui habite la personne que tu cherches à soigner. Suis moi. »

Je n'attendais pas sa réponse et je reprenais le chemin du Temple pour l'emmener jusqu'à l'infirmerie des lieux. Là-bas, je savais qu'il y aurait des patients loin d'être en mesure de donner leur avis. A peine entrée dans les lieux, je repérais une gamine de dix ans au plus qui s'était fait mal à la main. Entaillée sur environ dix centimètres de long et quatre millimètres de profondeur, elle attendait son tour en pleurant. Parfait, elle serait parfaite.

« Comment tu t'appelles petite ? » demandais-je avec une voix douce, prenant sa main dans la mienne.
« Marie » répondit-elle en chouinant.

Je lui souriait pour la rassurer.

« On va t'aider ne t'inquiète pas » la rassurais-je avant d'ajouter à l'attention de Siobhan, « La première étape sera pour toi de trouver l'origine de son mal. Certains ont pour cela besoin d'entrer en contact avec la personne pour se concentrer sur le mal qui la ronge, d'autres encore se contentent de l'observer, peu importe la méthode, elles sont toutes bonnes tant qu'elles te permettent de trouver l'origine de la douleur. Tu vas devoir chercher le lien qui t'unit à ce précieux don qu'est le soin et, une fois que tu auras mis la main dessus, alors concentre-toi d'autant plus et cherche le mal qui le ronge. »

[J'avais pas trop d'idées. Dis moi si ça va pas ou si je me plate complètement éè]

Je me demandais depuis combien de temps la petite fille attendait son tour, visiblement, le Temple semblait quelque peu surbooké question soigneur et il était sans doutes de mon devoir que de participer aux soins. Une autre fois, parce qu'avec l'autre sur le dos, je ne risquais pas d'être utile plus de cinq minutes et la pièce était dénuée de plantes en prime ! Comme si ce n'était pas déjà suffisamment difficile de soigner quelqu'un pour qu'en prime, on m'enlève mes principales sources d'énergie … Je n'y crois pas ! Quelle bandes de … Non, à bien les regarder, je ne pouvais pas me permettre de les insulter. Ils étaient compétents, à leur manière et c'était peut être moi le problème avec ma technique un peu décalée de soin. La question n'était pas là de toute façon, la pitchoune attendait, les yeux brillants d'angoisse et d'espoir mêlés, que nous la soignions. Si Siobhan était réellement sensible au don de soin, alors elle ne mettrait pas longtemps à trouver le mal qui habitait la petite fille. Pour ce qui était de la soigner, je me doutais que l'apprentie aurait du mal dans un premier temps mais étrangement, je faisais confiance au jugement de ma cadette pour ne pas trop m'en faire à ce sujet.

Tandis que je la laissais regarder la plaie et examiner le tout, se demandant certainement comment faire pour aider l'enfant, je posais sur la petite fille un regard doux. Les yeux embués de larmes malgré l'attention de Siobhan, elle tentait de réprimer des hoquets de douleur. De longs cheveux bouclés et noir de jais typiquement Cydien coulaient le long des épaules de la petite fille mais le plus impressionnant restaient ses yeux d'un vert profond et particulièrement saisissant. Je ne parvenais pas à m'en défaire et ce n'était pas faute d'essayer !

« Ne t'inquiète pas Marie, elle va vite trouver ce qui ne va pas et ton bobo sera vite oublié ! »

J'avais toujours eu tendance à me montrer plus clémente et plus douce envers les enfants. Toujours. Je savais que Jelenna avait joué là dessus pour m'envoyer Siobhan, espérant sans doutes que je craquerais sur son côté enfantin et ce n'était pas totalement faux. Quelque part, je l'avais aidé pour cette raison enfin me semblait-il. Quoi qu'il en soit de toute façon, Jelenna obtenait toujours ce qu'elle voulait de moi et il faudrait un jour que ça cesse car même si elle n'en usait jamais, je ne tenais pas à ce que ça devienne ingérable. Je me voyais déjà à la merci de la gamine et de mes propres filles … non merci, c'était pas pour moi.

D'un œil discret, je regardais ce que la Templière faisait pour vérifier qu'elle ne se trompait pas et qu'elle avait bien compris ce que je lui avais appris. C'était difficile de faire comprendre à quelqu'un le don du soin car il passait avant tout par la pratique et ça, ça ne s'apprenait pas, ça se vivait ! Si vraiment elle avait le don, Siobhan ne tarderait pas à sentir couler en elle la vie et à lutter contre la maladie et toute forme de souffrance. Elle aurait mal, c'était certain, mais ce mal disparaîtrait avec la pratique et le temps.

La première réplique de la jeune femme me laissa perplexe. Je m'étais sans doutes trompé, ben évidemment qu'elle avait mal à la main ! Ca se voyait non ? Même la petite parut douter quelques secondes de l'efficacité de l'Astorg quant à moi, je me préparais à la rabrouer quand elle reprit la parole. « Se concentrer » ? Mais elle foutait quoi alors depuis le début ? La petite fille semblait perplexe et n'avait visiblement qu'une envie, qu'on lui foute la paix et que de vrais soigneurs viennent s'occuper d'elle mais par chance, elle gardait le silence. Agacée mais prenant sur moi pour ne pas exploser, je me contentais d'ajouter :

« Concentre-toi, tu dois sentir le lien entre le mal qui la ronge et ton propre don, si réellement tu est soigneuse, alors tu sauras trouver ce lien. »

J'espérais que ça suffirait. Quelque part, je me rappelais de la première fois que j'avais essayé, un échec dans mes souvenirs mais aussi une grande douleur mêlée de satisfaction. J'avais passé de longues minutes à me concentrer et si j'avais pu mettre un nom sur la maladie, l'animal était mort avant que j'ai pu tenter quoi que ce soit. Je me souvenais avoir été particulièrement triste mais en même temps fière d'avoir trouvé quelque chose qui jusque là m'étais totalement inconnu, j'avais gardé ce sentiment enfoui en moi. Tandis que ces souvenirs affluaient en moi, je ne quittais pas des yeux la jeune Astorg, me demandant si elle « ressentait » les choses ou non. A voir ses yeux, je commençais à douter mais lorsqu'elle ouvrit la bouche, je compris enfin qu'elle était douée.

« Oui, ce fil c'est le lien qui te reliera toute ta vie à tes patients, si tu le suis, tu pourras les soigner. Tu m'as l'air fatiguée, alors je vais soigner la petite. Regarde bien. »

Je me concentrais suffisamment pour me raccrocher au « fil » dont parlait Siobhan. Une fois capté, je me mettais au travail. Lentement mais sûrement, la chair se mit à bouger sous mon œuvre. Les vaisseaux se reformèrent comme s'ils n'avaient jamais été déchirés, la chair recouvra bientôt le tout et la peau reprit sa juste place. La douleur se faisait moins intense avec le temps mais je ressentais tout de même cette pointe de souffrance dans ma tête et la repoussait violemment. Lorsque la main fut tout ce qu'il y avait de plus normal, je déclarais à la petite d'un ton neutre :

« Allez, va jouer maintenant »

Elle nous remercia vivement et fila sans demander son reste. Sans attendre, je me tournais vers Siobhan et lui demandait alors :

« Tu m'as l'air d'avoir compris, ce lien, il faudra toujours t'y accrocher. Je ne peux pas t'apprendre à le faire, je peux simplement t'apprendre à le maîtriser. Tu sais que tu as ce don, il ne te reste qu'à forger ce lien et je suis sure que tu y arriveras. », je me montrais gentille mais sincère au fond, « Pour l'heure, tu as besoin de te reposer, je te propose de revenir aux côtés des soigneurs demain et de voir si tu arrives à déceler le mal qui ronge leurs patients. Il n'y a que comme ça que tu comprendras. Je serais là si tu as besoin »

La journée serait longue, je le sentais ... mais pour autant, ce n'était pas forcément désagréable d'apprendre quelque chose à quelqu'un.

[ Désengagées ]
[ Merci du rp, je valide la compétence soin ^^ ]