C’est par un beau jour d’automne que tu te ballades, Princesse Jinmen, dans cette belle ville qu’est Cydonia. Tu la connais encore à peine, y a fait quelques rencontres mais sans vraiment la visiter. Sur un coup de tête, comme toute rêveuse qui se respecte, tu as décidé de l’explorer à ta guise, aujourd’hui. Ta mère t’avait bien demandé d’étendre ta culture, n’est-ce pas ? De te lier d’amitié avec les dirigeants du monde ? C’est avec ce but en tête (ou peut-être cette excuse ?) que tu commences ta promenade. Le temps est encore clément, nous ne sommes qu’au début de l’automne... pourtant, c’est dans l’avenue marchande que tu t’attardes, curieuse de découvrir leurs coutumes à travers leurs vêtements. Bien sûr, Luné t’accompagne et te suit de près, pour être sûre que rien n’arrive à sa Princesse adorée.

C’est alors qu’un jeune homme fort charmant et ayant à peu près ton âge, t’aborde. Tu as le temps de voir qu’il est vêtu d’un habit léger mais a des épaulettes renforcées et des jambières. S’agit-il d’un soldat ? À première vue, l’on dirait bien.

« Bonjour ! Dites-moi, vous êtes bien la personne importante venue des Terres Jinmen pour l’explication ? »

Tu ne rêves pas, cette question n’a aucun sens. Tu ignores pourquoi, mais tu hoches la tête pour répondre que oui. Le jeune homme sourit sincèrement, t’attrape par la main et t’emmènes tu ne sais où.

« Hime-sama, vous ne devriez pas le suivre. » te dit Luné, le visage déformé par l’inquiétude et la surprise.

Apparemment, elle est tout aussi perdue que toi, voilà pourquoi elle n’a pas réagi. Il est tout à fait probable que tu sois attendue, Princesse, mais elle n’en sait rien. Elle se contente alors de vous suivre, restant tout de même sur ses gardes. Quelques minutes vous sont nécessaires pour quitter la ville et arriver près d’une énorme tente. Tu peux entendre des voix masculines en sortir et te demande forcément où ce garçon peut bien t’emmener.

En entrant, ce que tu vois t’impressionne : des rangées de chaises sont alignées sur les côtés, laissant un passage bien droit en plein milieu. Celui-ci permet au jeune homme de te tirer vers la petite scène en bois se trouvant au bout ; grâce aux escaliers sur les côtés, tu peux te retrouver rapidement en plein milieu et voir, depuis en haut, que Luné est restée vers l’entrée et qu’elle semble tout à fait concentrée pour te défendre en cas de besoin. L’inconnu prend le temps de te susurrer à l’oreille que tu es bien sûr là pour leur expliquer à tous la culture Jinmen et qu’ils ont tous hâte de l’apprendre aujourd’hui-même, grâce à la Princesse en personne. Il quitte finalement la scène pour retrouver sa chaise vide, au premier rang.

Te voilà prête, timide Princesse, à faire ton discours.

Beautiful Chinese Music【9】Traditional

C'était en cette belle journée d'automne qu'Ayane, accompagnée de sa fidèle garde, prit le temps de flâner dans les rues commerçantes de Cydonia. Les boutiques étaient toutes plus belles les unes que les autres, et regorgeaient de magnifiques marchandises. La Cité n'était pas réputée centre du commerce pour rien. Ayane avait déjà visité Storghein, elle avait pu remarquer les incroyables différences que pouvaient avoir les cités d'un même continent. La Cité du nord était comparable à une forteresse où la guerre était fortement imprégnée, tandis que la Cité du sud était harmonieusement bâtie avec sculptures et magasins à chaque coin de rue. À Oyashima, toutes les villes étaient à quelques détails prés, construites sur une même architecture et se ressemblaient donc.

La jeune princesse en pleine réflexion fut interrompue par un jeune homme de son âge. Il l'accosta et ne lui laissant pas le temps de réagir, il la prit par la poignée tout en lui demandant de le suivre. Luné fut alors contrainte de suivre sa maîtresse pour s'assurer de sa sécurité. Quelques minutes plus tard, le petit groupe arriva aux abords d'une tente où de nombreuses voix masculines s'y échappaient. La jeune garde n'était pas vraiment rassurée quant à ce qu'il pouvait se produire, elle s'empressa donc de prendre sa lame pour ainsi être parée à n'importe quelle éventualité. À l'intérieur ce n'était pas des mercenaires qui l'attendaient, comme l'avait imaginé Luné, mais une foule de cydiens tous assis sur des chaises alignées. Le jeune homme guida la Jinmen jusqu'à atteindre la scène qui faisait face au public. Mais que pouvait donc il attendra d'elle . La question ne mit pas longtemps avant d'avoir sa réponse, ils étaient tous là afin d'en savoir un peu plus sur la culture d'Oyashima. La fillette n'était pas vraiment friande de ce genre de situation, mais après avoir pris un grand souffle d'air, elle commença. Elle n'avait pas le droit de les décevoir si elle voulait un jour accédait au trône, ce ne pouvait que lui être utile.

Elle regardait fébrilement les spectateurs avant de créer une masse d'eau qu'elle faisait léviter en face d'elle. Elle donna forme à ce liquide, ce qui allait certainement lui permettre d'imager son discours. Après certains gestes rituels, l'on pouvait voir apparaître des montagnes qui se formaient mais également l'empereur suivis de fleurs de cerisiers. La princesse prit alors la parole.

"Au-delà de ses grandes montagnes enneigées
Un empereur et son peuple vivent paisiblement
Oyashima et ses terres de soie et de cerisiers
Pays où régissent quatre nobles clans"

Elle s'arrêta un instant, elle était concentrée. On aurait pu croire qu'elle était dans ce qu'on pouvait appeler une transe, mais elle réfléchissait. Elle regroupa le liquide avant de lui redonner à nouveau une forme. Cette fois ci, elle mettait en scène des samouraï et des geishas.

"Un Empire grand comme Azthia
Où cohabitent Samouraïs et Geishas
Dans le plus grand des respects nous avons été formés
Et dans la plus grande sagesse nous avons été éduqués"

D'un geste elle dispersa l'animation. Elle leva timidement la tête pour lancer un regard en direction du jeune homme, sûrement était elle sensible à son charme. Il fallait dire que ce beau brun, bien bâti et au teint mat devait faire des ravages auprès de la gente féminine. De par ses mouvements la princesse forma la capitale Jinmen avant de représenter le célèbre soleil levant d'orient .

"A Hoshizora, de ses siheyuans jusqu'à ses palais
Le clan de sa majesté se doit d'être respecté
Mais le territoire du soleil levant
Encore inconnu est il en occident"

La jeune princesse densifia une dernière fois sa masse d'eau avant de la faire imploser en une multitude de bulles. Elle avait fini et attendait anxieusement la réaction des spectateurs qui étaient encore les yeux rivés sur la Jinmen.

Modération par Eléa : Normalement, seuls les post terminés doivent être mis en ligne, quand bien même seraient-ils postés incomplets, merci de respecter les règles d'écriture ! ^^
Pense à passer par un correcteur, quelques petites fautes sont présentes

Cette petite étoile que la princesse priait des heures durant avait dû entendre ses prières, comme par magie le charmant garçon était revenu non pas pour la brutaliser ou la ramener à ses supérieurs mais bien pour la sortir de là ! Pourquoi faisait-il cela ? Ce devait être sa conscience qui à force d'être trop lourde avait cédé, lui ordonnant de la délivrer. Il prit Luné sur son dos et accompagna Ayane dans un dédale de voie jusqu'à atteindre une sorte de trappe menant à d'autres couloirs, ils continuèrent de tourner et se retrouvèrent dans la campagne de Cydonia, cette belle nature à l'odeur si douce et fleurie comparée à la puanteur nauséabonde des égouts. Le soleil brillait de mille feux, les pupilles de la fillette en étaient aveuglées à cause du temps passé dans l'obscurité. Le jeune homme escorta les deux femmes jusqu'à une écurie toute proche où étaient attelés deux étalons.

"On va fuir jusqu’à Varath. Cinq heures de voyage nous attendent, maintenant... j’espère que ça ira, nous devons faire le moins de haltes possible."

Ayane le regardait avec admiration, le prince charmant par excellence. Il était beau, des cheveux sombres typique des cydiens, des magnifiques yeux foncés et un corps musclé, huilé et sculpté telle ces vieilles statues antiques. Son visage aussi était superbe, des traits fins mais pas efféminés et un sourire ravageur dessinaient les contours, le teint hâlé donnait la couleur. L'étreinte du garçon qui la porta pour la mettre en selle sortis la princesse de ses pensées, ils prirent alors route pour Varath.

"Cinq heures de voyage ? Cela nous laissera le temps de faire connaissance et de repartir sur des meilleures bases. Comment vous appelez vous ?"

"Je m'appelle Aerys. Et toi ? Tu... tu es une Princesse, n'est-ce pas ? Je m'excuse, j'aurais dû te vouvoyer aussi. D'ailleurs ne t'embêtes pas, tutoie-moi."

"Princesse"... Ce mot sonnait faux dans la tête d'Ayane, elle avait beau en avoir le statut, en Azthia ce titre ne lui donnait que des ennuis ! Le peuple la prenait pour une riche Jinmen au mieux ou pour un cinglé pour les plus extrémistes. Une larme perla sur ses jours, tout ce voyage allait-il se clore sur un échec ? Elle préférait ne pas y penser mais les récents événements la faisaient douter.

"Princesse... Oui si on peut dire, comme tu vois je n'ai pas ici ce qu'une princesse se doit d'avoir, mais c'est en sachant cela que je suis tout de même venue en Azthia. Merci encore de m'avoir sauvé, tu m'as certes trahi mais tu as su te racheter. Que faisais-tu avec ces truands ?"

"Oui, je comprends... Je te trouve courageuse."

Ce compliment la fit rougir, ou peut-être était ce son ne petit sourire qu'il lui destinait. Ce garçon la troublait fortement, elle n'avait pas eu la vie et l'éducation que bon nombre de jeunes filles ont pu avoir, elle ne s'était jamais retrouvée seule en compagnie d'un homme de son âge et cette sensation lui donnait des frissons. Il posa un court silence avant de reprendre la parole.

"Je n'ai pas connu mes parents, c'est un parcours qu'on pourrait appeler classique... ce sont les seuls à s'être occupés de moi, sinon je serais resté dans la rue. Sauf que je ne savais pas qu'ils faisaient autant de mal et puis... Là, je ne pouvais pas me résoudre à vendre quelqu'un ou à tuer si la rançon n'était pas payée."

Le silence était revenu s'interposer entre les deux jeunes gens, elle le regardait bouche bée, lui réfléchissait. Il avait tout pour plaire, il devait sûrement avoir un nombre incalculable de jeunes filles à ses pieds, à moins qu'il soit trop timide mais il n'en avait pas vraiment l'air. Tout en jetant un regard sur la garde du corps écroulée sur l'arrière de sa monture, il questionna la princesse.

"Et elle, c'est ta garde du corps ?"

"Oui, ma garde du corps. Elle n'en a que le statut car comme tu as pu le remarquer, elle ne m'a pas protégé comme elle se le devait. J'hésite encore à lui donner mon pardon mais j'apprécie sa présence et puis après réflexion, personne n'aurait pu s'en sortir voir l'inégalité numérique à laquelle nous faisions face. Excuse moi de revenir sur ce sujet mais, tu n'as donc pas de famille ."

"Je les connais suffisamment bien pour savoir qu'ils sont très entraînés au combat... Seule, elle ne pouvait pas se débrouiller, effectivement."

Il détourna les yeux, un air triste pouvait se lire sur son visage. La Jinmen n'aurait sûrement pas dû le questionner sur un sujet aussi sensible, il se taisait et regardait la route. Après quelques instants de silence, il arbora à nouveau ce sourire qui cachait tout ce qu'il pouvait éprouver et répondit à Ayane.

"Non, aucune "véritable" famille... Mais j'ai appris à vivre avec. J'imagine que tu en as une bien garnie, étant de sang royal ?"

"La famille impériale est très dense mais ce n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler une famille. Ils seraient prêts à s'entre-tuer s'il le fallait et de nombreuses intrigues politiques au sein d'Oyashima ravagent l'empereur. Nous ne sommes pas l'union qu'ils prônent mais la division qu'exerce le pouvoir. C'est compliqué, nous devrions parler d'autre chose !"

On avait beau avoir une belle et grande famille, les apparences cachaient souvent bien de nombreux actes plus ignobles les uns que les autres. Elle n'allait pas lui cacher que de nombreux drames mettaient en déroute le clan impérial et que cela n'était sûrement pas étranger des trois autres clans de l'empire. C'était sûrement pour cette raison qu'elle était venue ici, demandait de l'aide pour avoir le trône. L'unité qu'ils se plaisaient à afficher n'était que mensonge, l'empire se rongeait de l'intérieur à cause de ces "guerres" politiques.

"Mhh oui, je comprends. Mais au fait, tu me sembles jeune pour tenir un rôle si important... Ce n'est pas trop difficile ?"

"J'ai toujours vécu dans ces conditions, de mon berceau jusqu'à maintenant. C'est comme toi, je me fais à la vie que l'on m'a donnée. N'as tu jamais cherché à retrouver tes parents ?"

La jeune princesse posait ses questions sans vraiment faire attention à l'impact qu'elle pouvait avoir, elle ne savait pas vraiment ce qu'était d'être né sans parents. On l'avait préservé durant des années du danger et de la dureté de la vie, son innocence n'en était qu'une preuve flagrante mais désormais ce bouclier n'existait plus et elle devait sûrement payer ses nombreuses années de candeur et de protection. Au moins, son expédition lui aura fait découvrir le véritable sens qu'était la vie, mêlée de hauts et de bas on doit toujours faire de notre mieux pour persister dans ce monde.

"Peut-être alors n'est-ce pas du courage mais un sens de l'adaptation plus important ? Enfin... sincèrement, je pense que si mes parents avaient eu l'opportunité de s'occuper de moi, ils ne m'auraient pas abandonné. Donc je ne veux pas les revoir... Et sûrement sont-ils morts à l'heure qu'il est."

La mort n'était pas quelque chose d'inconnus pour Ayane, l'épouse de Sa Majesté l'empereur avait décédé. Elle était encore si jeune, ses filles avaient disparu quelques jours auparavant... Miki et Maya n'étaient pas vraiment proches de la jeune princesse mais c'était tout de même ses demi-soeurs. Ce simple souvenir donnait la chair de poule à l'adolescente, qui curieuse de savoir ce que signifiait ce doux frisson de bonheur que générait la présence du garçon lui posa la question sans arrière-pensée.

"Je te comprends. Un étrange frisson m'envahit quand je suis avec toi, c'est la première fois que je me retrouve seule avec un garçon de mon âge et pour tout t'avouer ta compagnie ne m'est pas désagréable."

Il se contenta de la regarder avec un sourire mêlé à une réaction de surprise. Des rougeurs sur les joues, il détourna son regard de la jeune fille et les posa sur le trajet jusqu'à Varath. Il avait l'air gêné, peut-être était il contre toute apparence un homme sensible et timide . Le temps était désormais le seul à pouvoir lui donner une réponse. Tout ce qu'espérait désormais Ayane, c'était d'être en compagnie du dénommé Aerys, ce sauveur aussi charmant que vaillant.