[L’aigle doit son magnifique nom à une blague de Karaleth vers minuit sur la box, enjoy 8D ! Et oui c’est ridicule, mais j’assume XD. Le titre est d’Ashrand ^^.]

S’étirant de tout son long, la Capitaine ouvrit un œil et constata avec plaisir que la nuit était tombée. Rejoignant la fenêtre de sa chambre agréablement individuelle –ce qui était-on ne peut plus nécessaire en vue de son rythme de vie singulier-, la Pluie inspira profondément savourant l’air frais nocturne et la fraiche brise, un luxe non négligeable qu’apportait avec lui l’automne naissant. Après une prière la templière décrocha la cape qu’elle n’avait pas eu le courage d’enlever en rentrant de l’entraînement en ôtant une broche d’or ouvragée au motif astorg, puis l’envoya négligemment sur le dossier d’une chaise et le bruissement de cette dernière n’avait pas fini de se faire entendre que déjà des ailes faisaient place aux bras de la templière et que sur une impulsion elle prenait son envol ou plutôt devrait-on dire que le hibou aux yeux mordorés en lequel elle s’était transformée prit son envol. La templière avait guetté toute la semaine la nuit favorable, celle dont les vents lui permettraient de goûter pleinement à ce que la nuit avait de mieux à lui offrir et c’est sous la lueur argentée que les plaines arides réverbéraient que le hibou se jouait des vents ponctuant son vol de vrille quand il ne piquait pas.
Avisant un bois, le hibou dirigea son vol vers ce dernier redressant ses aigrettes d’excitation à l’idée de se jouer des branches des arbres dans la pénombre nocturne. Totalement abandonnée à ses instincts, Cersei ne put s’empêcher de repérer un mulot alors que son vol se rapprochait du sol et malicieux le hibou se rapprocha silencieusement de ce dernier avant d’hululer le faisant détaler à toutes pattes et l’oiseau tourna la tête a cent quatre-vingt degrés pour pouvoir suivre la fuite du rongeur ce qui fit grimacer mentalement Cersei qui ne parvenait pas à se faire à la flexibilité ahurissante des cervicales de ce type d’oiseau.

Rejoignant enfin les sous-bois, le hibou arpenta de son vol soyeux et silencieux le terrain, usant et abusant de son ouïe incroyable pour gouter à la saveur de la forêt alors que son odorat savourait l’humidité d’un ruisseau qui serpentait entre la mousse et les rochers. Déployant ses ailes de toute son envergure qui devait avoisiner son mètre quatre-vingt habituel, Cersei freina son vol et ses puissantes serres se refermèrent sur une branche alors qu’elle se stabilisait de quelques battements d’ailes. S’ébrouant, le hibou fouilla le terrain des yeux avant de tourner à nouveau la tête alors qu’un autre battement d’ailes parvenait à ce qui lui servait d’oreilles. Elle avait appris à identifier ce genre de bruit nocturne au fil de ses transformations et en général il ne revêtait pas un grand danger puisque le hibou restait une des espèces nocturnes dominantes de la forêt mais ce battement ne lui revenait pas et était trop bruyant pour que cela soit l’un de ses congénères. Alors qu’un glapissement lui parvenait, elle tourna la tête les aigrettes s’agitant nerveusement en entendant ce bruit pas si étranger. Un espèce de « Iiiiiih » qui résonna dans la nuit.

« Iiiiiiii » ? Comment çà « Iiiiiih » ?

Le hibou prit son envol au moment où des serres lacéraient la branche sur laquelle elle s’était posée. Faisant face à son agresseur, Cersei tomba nez à nez avec un aigle qui lui vrilla une nouvelle fois les oreilles de frustration. Se dégageant d’un battement d’aile, le hibou piqua entre les branchages comptant sur son agilité pour échapper au prédateur nocturne mais son ouïe surdéveloppée lui permit d’entendre clairement que l’aigle la taraudait de très près, trop près. Cersei avait une bien meilleure vision que l’aigle mais ce dernier était un vrai rapace pas une transformation ponctuelle ce qui lui donnait un avantage considérable qui aurait donné la chair de poule à Cersei si elle n’avait pas été recouverte de plumes. Brassant l’air au rythme des branchages, elle sentait clairement qu’elle perdait du terrain ce qui ne lui laissait guère le choix.

Piquant vers le sol, elle avisa des feuillages à terre qui lui assuraient sinon une chute confortable au moins de quoi ne pas se briser les os. A un mètre, peut être un mètre et demi du sol Cersei amorça sa transformation. Les serres grifférent son dos lui arrachant un grognement à la Pluie et elle expédia par reflexe un coup de bras à l’oiseau qui la dépassait. Quelques fractions de secondes plus tard, l’astorg s’écrasait lourdement sur le sol avant de rouler à cause de l’élan dans le tapis de feuilles - sa main cherchant aveuglement un relief sur lequel s’accrocher ne récolta que des égratignures – et finit sa course contre une épaisse branche qui la stoppa net. Jurant tout ce qu’elle pouvait, elle se redressa dans un craquement de brindille et ce n’est que lorsqu’elle s’évertua à retirer les feuilles mortes de ses vêtements qu’elle avisa la forme brune qui gisait quelques mètres plus haut. Cersei grimaça et rejoignit l’oiseau qu’elle espérait juste assommé dans le silence de la nuit. Craignant de l’avoir blessé, elle retira sa veste et l’enveloppa soigneusement le volatil dedans et avec un soupir elle se mit en marche décidée à rejoindre Tamawa à pied.

Par manque de chance, il se réveilla en cours de route et Cersei eu le droit à ces piaillements effrayés la moitié du trajet mais le fait qu’elle maintienne solidement l’animal les empêcha l’un comme l’autre d’être plus blessé qu’au départ. Au fil de sa marche, Cersei sentit son dos qui la lançait maintenant que l’adrénaline s’était dissipée mais la régénération qui lui était offerte la nuit s’évertua petit à petit à rendre la douleur plus supportable.
C’est donc une Cersei hirsute, maculée de terre et recouverte de feuille et de branchage qui fit son entrée à Tamawa au petit matin. Empruntant une cage à un confrère Templier, elle y enferma l’aigle qui trompeta de rage mais la Pluie n’était pas décidée à le laisser filer sans l’avoir présenté à un soigneur de la division des Providences et plus tard dans la journée un templier lui donna raison. Ce dernier soigna l’animal et lui conseilla de le garder quelque jour en observation « Enfin après tu fais comme tu veux ! » déclara-t-il en avisant l’œil morne de Cersei et fuyant sa joyeuse compagnie.

Les jours suivants, ou plutôt les nuits suivantes Cersei chassa des lièvres dans les plaines arides et revenait jour après jour nourrir l’aigle qui s’était rapidement apaisé. Heureux d’être généreusement nourri, l’aigle se prit d’affection pour la templière et lorsqu’elle ouvrit la cage pour lui rendre sa liberté ce dernier voleta jusqu’au dossier de sa chaise en glatissant. Avisant le puissant rapace, puis Arnbjörn un léger sourire étira les lèvres de Cersei avant de s’approcher doucement du volatil dont elle effleura le plumage. « Soit Jaime, bienvenue dans la fratrie ».