[DA] De fable en fabulation (mission Ocarenna) (fini)

La Cigale ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. Fort heureusement, la Fourmi sa voisine eut la gentillesse de lui trouver un emploi. Ma pauvre Ocarenna voilà que tu avais chanté tout l'été et que l'argent ne coulait plus à flot et bien loin de là ! Il était temps de te trouver un emploi mais fort heureusement, la chance te souriait enfin. Abryn, petit village fort charmant situé entre Vynill et Tamawa, t'avait ouvert ses portes sans un mot. Le calme et la douceur régnaient en maîtres ici … et comme dans tous les petits villages, il suffisait d'une fois une seule d'utiliser un don particulier pour que le moindre marmot, la moindre grand mère édentée en soit au courant. Tu n'avais pas fait exception ma pauvre enfant et bientôt, tout le village fut au courant de tes dons de ritualiste. Mais c'était une chance car bientôt, le travail fut à ta porte.
La petite auberge du village était ton dernier refuge, en effet, en échange de quelques services, les gérants t'offraient volontiers le gîte et le couvert. Aussi, il ne fut pas bien difficile de te trouver lorsque l'heure fut venue d'avoir besoin de tes services. Un homme attendait au fond de l'auberge, à une table écartée des autres de sorte que personne ne pouvait entendre. L'aubergiste t'indiqua simplement qu'il voulait te voir pour t'offrir un emploi ...

L'homme n'y alla pas par quatre chemins, après s'être assuré que tu étais Ocarenna, que tu étais bien ritualiste, il se détendit un minimum avant de poursuivre :

"Seriez-vous capable d'influencer les rêves de quelqu'un mademoiselle ?"

Invité

Abryn : encore un petit village près de Tamawa. Décidément, j’y suis attachée à la ville des Templiers... mais après avoir rencontré Méléane, je me suis dit que changer immédiatement d’horizon ne me serait pas bénéfique. Surtout que je n’ai pas pu acheter énormément de réserves pour un éventuel long voyage au précédent village... faute d’argent. Bien que l’amazone m’ait littéralement entretenue pendant notre enquête, cela ne m’a pas permis de faire des économies, étant donné que je n’ai aucun revenu. Puis le village étant pauvre, le chef n’a rien pu nous donner comme récompense... L’argent que j’ai dépensé pour Jaered n’était en fait que des restes d’argent que m’avaient légué mes parents et, à cause de cela, je n’ai jamais pensé à gagner ma vie jusqu’ici.

C’est en rencontrant les gens de ce village que j’y ai pensé pour la première fois. Ce charmant hameau m’a accueillie chaleureusement sans vraiment me poser de questions sur ma drôle d’apparence. Les enfants y sont heureux, les autres habitants vivent leur train-train quotidien paisiblement. J’ai besoin de repos et c’est tout à fait ce que j’avais imaginé pour remettre mes idées en place. Seulement, voilà... toujours aucun moyen de payer et pas d’endroit où dormir et manger. En parlant un peu de moi aux villageois, l’un d’eux m’a alors proposé d’échanger le confort contre quelques services. Je me suis donc fait connaître en tant que Ritualiste et c’est tranquillement que j’ai attendu mes premiers clients.

Penser comme cela m’a fait bizarre le premier jour : savoir que des gens peuvent compter sur moi, sur le don qu’Harkas m’a transmis il y a bien longtemps... Leur éventuelle reconnaissance me fait peur, pour le moment, mais je vais vivre au jour le jour. Si cela m’est trop insupportable et si je m’attache trop au petit coin sympathique, je m’en irai avec ce que j’aurai déjà gagné. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas utilisé le Ritualisme. La dernière fois, c’était pour l’apprendre à Eloween... j’espère toujours la croiser un autre jour, d’ailleurs, voir quels progrès elle a réussi à accomplir. Revoir son sourire, sa douceur, son innocence. Mais je ne sais pas si j’oserai la regarder à nouveau après ce que j’ai fait...

C’est l’aubergiste qui me signale qu’un homme aimerait me parler pour m’offrir un emploi. Je l’aperçois alors à une table à part... apparemment, il souhaite rester discret. Je m’approche doucement de lui et, après avoir confirmé mon identité d’un hochement de tête répondant à ses questions, il me pose enfin la sienne.

"Seriez-vous capable d'influencer les rêves de quelqu'un mademoiselle ?"

Sa question m’étonne. Influencer le rêve de quelqu’un... pourquoi faire ? Je retiens ma curiosité pour le moment et répond calmement à sa question.

- Oui, j’en suis capable, Monsieur. Quel service puis-je vous rendre ?

L'homme semble perplexe, comme s'il doutait de tes compétences ou de tes dons mais fort heureusement pour toi, ta réputation te précède et il n'a d'autre choix que de te faire confiance. Visiblement, il attendait beaucoup de ta réponse et espérait qu'elle ne soit pas négative, et, par chance pour la petite fourmi, la cigale était prête à l'aider ! L'homme ne parvint pas à dissimuler un sourire ravi et, s'il se reprit presque aussitôt, sans doutes avais-tu pu le remarquer mais étrangement, cela ne semblait pas le moins du monde le perturber. Avec calme, il fouilla dans ses vêtements et laissa apparaître ostensiblement la lame d'un coutelas avant de détacher de sa ceinture une bourse de cuir bombée. Avec soin, gardant le silence, il détacha la lanière de cuir qui retenait le tout et quelques pièces s'échappèrent de la précieuse bourse. Attendant une longue minute pour être bien sur que tu avais pris conscience de ce qu'il te montrait et essayait de te faire comprendre, à savoir qu'il était prêt à payer pour obtenir ce qu'il voulait, il reprit la parole avec ce même calme froid :

« Si vous acceptez ma proposition, ceci sera à vous, ainsi qu'une moitié supplémentaire lorsque le travail sera effectué. »

Avec ce même calme méthodique, la fourmi referma la bourse de cuir et la rattacha minutieusement à sa ceinture, la recouvrant par la suite de son vêtement, comme si tout cela n'avait été qu'un rêve. Il te détailla une longue minute encore avant de croiser ses doigts devant son menton, s'appuyant sur ses coudes.

« J'aimerai que vous vous introduisiez dans le rêve du comte Absnör. Voyez-vous, je suis un grand collectionneur et ce cher comte refuse de me céder sa précieuse cargaison malgré mes efforts et le bon prix que je lui en propose. Je sais qu'il compte la faire déplacer ainsi que d'autres babioles qui ne m'intéressent guère dans trois jours et j'aimerai que vous lui suggériez de passer par la route d'Arcera. »

L'homme semblait avoir réfléchi à son plan avec rigueur et n'attendait visiblement qu'une seule chose, que quelqu'un d'assez doué et puissant accepte de l'aider. Il n'avait pas précisé le type de cargaison ou encore, pourquoi il voulait qu'elle passe ici et non ailleurs mais il se doutait que tu étais la bonne personne et que tu ne poserais pas de questions dérangeantes. Au pire, il serait toujours capable d'inventer, c'était presque devenu son métier !

Si tu acceptais, il te payerais visiblement grassement. Etais-tu prête à passer le pas de l'illégalité ? Ce n'était pas comme si tu ne l'avais pas déjà fait et ton travail ne consistait au fond qu'à t'introduire chez la victime et lui imposer un rêve.

« Il vous faudra vous introduire chez lui et versez dans son verre dans fleurs de sage car notre cher ami est insomniaque. Vous trouverez ces plantes chez l'herboriste, cependant, je payerais pour la marchandise qui vous sera nécessaire. Tout ce que je vous demande est de faire en sorte qu'il amène sa cargaison à Arcera, je m'occuperais de la suite. Si vous acceptez, je vous retrouverais ici dans trois jours et vous donnerez votre récompense. »

[ Si tu décides de négocier ou autre, arrêtes-toi au moment où il te répondra, si tu acceptes sans vouloir négocier, tu peux aller jusqu'au moment où tu entres en contact avec l'herboriste ^^ ]

Invité

Il sourit et, bien qu’il tente de le dissimuler, je peux deviner qu’il s’agit d’autre chose que de la satisfaction. Il s’apprête à saisir sa bourse et je peux voir qu’il est armé... je ne vais donc pas embêter mon « client » et rester sur mes gardes. Lentement, il détache la lanière puis ouvre le petit sac pour laisser apparaître les talents. Mon regard alternant entre ma future récompense et les yeux de l’homme, je me demande à quel point il désire que j’accomplisse cette mission pour lui. Être prêt à payer pour ce que l’on désire obtenir... pour certain c’est un gros effort. Puis les Ritualistes sont rares, j’imagine donc qu’il a prévu son coup si je refuse cette-fois-ci. Cependant, je ne fais pas la capricieuse et je décide d’accepter sa requête et son argent parce que je me dis que ce qu’il m’offre m’aidera à tenir quelques temps et qu’au pire d’autres personnes au village pourraient éventuellement m’offrir la même chose. Avant que je ne puisse lui donner ma réponse, il me précise que j’aurai encore une moitié en plus une fois la mission accomplie... drôle de motivation qu’est l’appât du gain ! Après avoir rangé le tout, il me donne enfin des précisions sur ce que je dois faire.

« J'aimerai que vous vous introduisiez dans le rêve du comte Absnör. Voyez-vous, je suis un grand collectionneur et ce cher comte refuse de me céder sa précieuse cargaison malgré mes efforts et le bon prix que je lui en propose. Je sais qu'il compte la faire déplacer ainsi que d'autres babioles qui ne m'intéressent guère dans trois jours et j'aimerai que vous lui suggériez de passer par la route d'Arcera. »

M’introduire dans un rêve, d’accord. Convaincre quelqu’un de passer par une route pour qu’il se fasse attaquer et voler ses fournitures... encore jamais fait ! Sa demande froisse dans un premier temps mon sens de la justice : ce comte doit bien avoir une raison de ne pas vouloir vendre ce que cet homme désire et, en temps normal, j’aurai fui de peur de me mêler de quelque chose de trop important pour moi. Mais parmis tous les villageois, aussi généreux qu’ils aient été en m’offrant gratuitement le confort, aucun ne m’a encore proposé une récompense en espèce, celle-ci me permettant enfin de retrouver mon autonomie et de vaquer à mes occupations solitaires. Oh comme la solitude me manque... et j’ai déjà fait bien pire que ça. J’oublie alors le côté malhonnête de la chose et écoute la suite de ce qu’il me dit.

« Il vous faudra vous introduire chez lui et versez dans son verre dans fleurs de sage car notre cher ami est insomniaque. Vous trouverez ces plantes chez l'herboriste, cependant, je payerais pour la marchandise qui vous sera nécessaire. Tout ce que je vous demande est de faire en sorte qu'il amène sa cargaison à Arcera, je m'occuperais de la suite. Si vous acceptez, je vous retrouverais ici dans trois jours et vous donnerez votre récompense. »

Tout ça me semble clair et précis. Puis le fait qu’il paye ce dont j’ai besoin pour accomplir ma tâche est appréciable... sinon je n’aurais rien pu faire.

- Bien, Monsieur, j’accepte ! dis-je simplement sur un ton neutre.

Il sourit encore et se reprend comme tout à l’heure. Il me tend alors l’argent nécessaire à l’achat du somnifère, m’indique où trouver l’herboriste et me donne l’adresse du comte en question. C’est en marchant dans la direction de la boutique que je commence à réfléchir sérieusement. Je connais le Ritualisme sur le bout des doigts, ce n’est donc pas cela qui posera problème... m’introduire chez lui sera bien plus délicat. Je ne suis pas du genre discret et j’imagine que sa demeure est gardée, surtout la nuit. Puis s’il est insomniaque, il sera difficile de mélanger la mixture à ce qu’il boira. J’entre dans l’établissement et, alors que je me maudis d’avoir accepté une mission si compliquée, l’herboriste me salue. Je me décide tout de même à lui demander ce dont j’ai besoin après m’être avancée vers le comptoir.

- Bonjour. Je suis venue chercher des fleurs de sages, dis-je alors aimablement.

[HRP : ma réponse est un peu courte, désolée...]

L'herboriste était plutôt grand sans pour autant paraître géant. Sans doutes cherchait-il néanmoins à impressionner par sa stature, peut-être pour s'éviter les impayés, vu comment il entretenait son corps. Visiblement du moins. Tandis que tu pénétrais dans la boutique, l'homme t'observait, jetant rapidement un coup d’œil, certainement habitué à se faire une opinion sur le premier regard. Il te sourit aimablement, allant jusqu'à te gratifier d'un « bonjour » puis, lorsque tu eus formulé ta demande, il te demanda d'attendre quelques secondes et disparut dans l'arrière boutique. Il revint avec le butin tant espéré, soit environ une dizaine de fleur des sages.

« Vous en faut combien ? » demanda-t-il abruptement, « Connaissez les dangers de ces petites choses mam'zelle ? »

Tiens, visiblement, l'homme n'était né de la première pluie et certainement pas dupe même s'il ne se permettait aucun jugement sur l'utilisation que tu souhaitais en faire. Il t'observa cependant un peu plus encore avant d'ajouter d'un ton neutre :

« Dort pas bien la p'tite dame ? »

Un large sourire illumina son visage tandis qu'il posait le tout sur le comptoir, te précisant le prix de l'unité et, au cas où, le prix de la potion tant convoitée. Il n'était en général pas bien difficile d'obtenir de lui ce qu'on voulait tant qu'on payait et justement, tu avais reçu de ton bienfaiteur la somme parfaite, voire même un petit supplément pour plus tard, pour te procurer l’élixir tant attendu. Aussi, il ne te restait plus qu'à inventer une histoire à dormir debout pour assoupir ses soupçons et le tour serait joué !

[ … ]

La jeune cigale avait bien de la chance car, en ces temps troublés, il était rare d'obtenir de quelqu'un ce que l'on désirait mais le brave homme était quelqu'un de bien, de serviable et qui faisait son travail sans se soucier du reste. Il ne faisait aucun poison, seulement des soins médicinaux et appliquait sa science à la vie et non aux morts. Sans doutes ignorait-il qu'un somnifère entre de mauvaises mains pouvait devenir la plus redoutable des armes. Et elle était justement entre tes mains. Désormais, il ne te restait plus qu'à savoir comment pénétrer dans le sa maison et surtout, la cuisine. Mais voilà que Dame-la-chance semblait te sourire à nouveau. Ne serait-ce pas une affiche là-bas qui quémandait une nourrice dans cette vaste demeure ? Les auditions battaient leur plein visiblement vu la queue qui s'étendait devant la maison. Cinq ou six filles attendaient leur tour pour le poste, il allait falloir faire tes preuves ou user de tes atouts !

[ Tu es totalement libre concernant l'entretien avec l'herboriste, c'est juste quelqu'un de bon et de très honnête. Pour ce qui est de la seconde partie, là encore, tu es libre de décider comment tu t'y prends, soit tu attends qu'elles passent, soit tu décides de trouver un subterfuge pour leur passer sous le nez etc. Arrête-toi simplement quand tu t'adresses à l'homme qui fait passer les « auditions » ^^ ]

Invité

L’herboriste ne ressemble pas à la dame chétive que j’avais pu rencontrer. Il est grand et apparemment en très bonne condition physique. Pourtant, observant la boutique pendant sa courte absence, elle me semble tout à fait conventionnelle. Je me rends compte alors que j’ai souvent affaire à des herboristes ces temps et que leur art me permettrait énormément de choses en plus de m’enlever cette dépendance vis-à-vis d’eux. Cette idée passe cependant furtivement dans mon esprit puisqu’il revient rapidement m’apporter les plantes.

« Vous en faut combien ? Connaissez les dangers de ces petites choses mam'zelle ? »

En vérité, je ne les connais pas réellement... je n’ai aucune idée des dosages indiqués pour endormir un homme et pour le moment je m’en contrefiche. J’aimerais simplement qu’il me fasse directement la potion, quitte à payer un peu plus cher (le client m’ayant donné un peu de réserve).

« Dort pas bien la p'tite dame ? »

Il n’a pas l’air malhonnête ou trop curieux... je pense qu’il essaye de se rassurer sur mes intentions bienveillantes. Eh bien donnons-lui ce qu’il attend.

- À vrai dire, c’est mon père qui ne dort plus depuis des lustres... du moins, plus assez. Il travaille comme un forcené et avec l’âge il a oublié que cela pouvait lui coûter autant d’énergie. Petit à petit, trop épuisé pour vraiment se reposer, il s’est engagé sur une voie d’insomnies à répétition. C’est lui qui m’envoie chercher ce somnifère car bientôt il s’écroulera pour le repos éternel... si quelques heures peuvent lui permettre de se sentir mieux, je veux bien contribuer à son bien-être.

L’herboriste semble totalement convaincu par mon discours et hoche la tête. Il retourne alors à l’arrière-boutique me chercher la fiole de somnifère tout prêt ; il m’explique qu’il s’agit de la dose parfaite pour passer une longue et bonne nuit de sommeil. Je lui paye donc la marchandise avec le sourire et cache soigneusement le mélange dans l’une de mes sacoches. Je le remercie plusieurs fois, tentant d’être sincère et sors de la boutique à pas rapide pour me diriger vers la maison.

***

Lorsque j’arrive, je ne comprends pas immédiatement l’attroupement de femmes postées devant l’habitation du comte. En m’approchant, je peux lire l’affiche qui indique le recrutement d’une nourrice. Moi, m’occuper d’enfants... je m’imagine mal le faire, surtout que je connais bien ma sensibilité par rapport à cela, maintenant. Seulement, abandonner maintenant me semble bien dommage étant donné qu’avec ce poste j’aurai facilement accès aux cuisines et pourrai facilement droguer Absnör. Mais comment me débrouiller pour réduire le nombre de postulantes ? Je commence à faire la queue et, alors que je réfléchis à une méthode, la première est malheureusement appelée. Mince, une première concurrente. Soudain, une idée me vient. J’ignore si cela va marcher mais, sondant un peu les filles postées ici, j’imagine que quelques-unes accepteront ma proposition.

- À celles qui sont intéressées, je donne mon salaire entier. En échange, vous me laissez le poste et ne me dénoncez pas.

Je pense d’abord à un flop, puis deux dames se retournent. Elles sont plus âgées que les trois autres et semblent affreusement fatiguées. Sans dire un mot mais apparemment aussi d’accord l’une que l’autre, elles s’approchent de moi (se connaissent-elles ?) et l’une me demande de l’attendre ici même à la fin de mon premier jour de travail. Elle a apparemment confiance en mes capacités et est bien trop horripilée par les enfants pour continuer ainsi. L’autre est une amie, exactement dans le même état que la première. Je les remercie et leur confirme donc le rendez-vous pour le jour suivant, n’étant pas vraiment sûre de pouvoir tenir ma promesse. Je tenterai cependant de la respecter.

Après ces quelques négociations, la première candidate sort et attend un peu plus loin, attendant sûrement que le reste de la file passe l’entretien pour recevoir sa réponse. Elle semble déterminée... je ne cherche donc pas à négocier pareillement avec elle et continue à faire la queue. Les petites jeunettes passent l’une après l’autre, sans jamais exprimer de contentement ou de déception : le recruteur doit apparemment être peu expressif et ne laisser que peu l’occasion de deviner son verdict. Je connais cependant l’argument à lui présenter qui pourrait jouer en ma faveur lors de notre rencontre. Voilà justement, après quelques temps à attendre, qu’il vient me chercher. Personne derrière moi, je vais tenter le tout pour le tout.

[HRP : j'espère ne pas avoir pris trop de libertés. J'ai adoré ce que tu m'as préparé ! Very Happy

]

Ah les joies de trouver un travail honnête, en toute honnêteté … Comme c'est relaxant !
N'est-ce pas ma petite Ocarenna ? Il n'y avait pas trente six solutions pour pénétrer dans la demeure du comte et encore moins pour avoir accès aux précieuses cuisines en paix alors quoi de mieux qu'une petite audition pour devenir nourrice toi qui aime tant les enfants ? Et quoi de mieux également que de s'assurer une place auprès de ces petits amours en proposant la paye ? Quoi qu'il est dommage quelque part de partager la paye … elle aurait pu t'être utile non en ces temps de disette ? Ah que la liste d'attente est looooongue … à croire que les prétendantes poussent comme des pâquerettes dans ce coin perdu, sans doutes qu'en réalité, le travail manque cruellement dans cette région et que ces petites adolescentes cherchent simplement un moyen de s'en sortir. Quoi qu'il en soit, il va falloir trouver une solution, et vite très chère sans quoi, la place te passera sous le nez !

Tandis que la première jeune femme entrait dans le manoir imposant, les deux plus âgées de la liste se retournaient à ta proposition. Plus vieilles que la plupart d'entre elles, elles semblaient fatiguées, usées par un métier éprouvant pour les nerfs comme pour le physique. Les deux femmes semblaient persuadées que tu aurais le travail et peu importe au fond, seule compte la place n'est-ce-pas ma chère ?

Et tu as bien raison de tenter le tout pour le tout car elles ont fait de même de leur côté et la place est chère ! L'homme te demande d'entrer et les portes se referment derrière toi sous l'action d'un majordome qui semble tout aussi usé et fatigué que les deux femmes au dehors qui ont accepté ta proposition. Que se passe-t-il dans cette maison ? Aucune idée, enfin si, j'en ai bien une petite mais je te la garde pour la suite. Quoi qu'il en soit, l'homme qui te faisait face était âgée de la trentaine au grand maximum. Plutôt séduisant, il avait les cheveux auburn et de jolis yeux verts foncé qui semblaient scruter le moindre détail en toi. Il t'observa une quinzaine de secondes avant de plonger sur les papiers qui occupaient son bureau, puis, sans hésiter, il te demanda du tac au tac :

« Nom, prénom, expériences, motivations je vous prie »

Sa voix était suave mais ferme et ses yeux n'avaient pas quitté ton visage si bien que ça aurait pu en devenir gênant dans d'autres circonstances. En l'occurrence, il semblait plus intéresser par le fait de percer tes secrets que par ta beauté ou ton physique.

« Papaaaaaaaaa » hurla une voix derrière la porte qui s'ouvrit à la volée sur une jolie tête blonde aux longs cheveux bouclés, « Papaaaa elle m'a volé ma poupée ! »

« C'est pas vrai »
« Si c'est vrai »
« Non c'est pas vrai »
« Si, j't'ai vu ! »

« Les filles » coupa le père en question d'un ton ferme mais tout aussi doux, ce qui stoppa immédiatement la dispute entre elles, « Sophia rend-lui sa poupée ma puce et toi Likaya, excuse-toi auprès de ta sœur. Quant à toi Elio, arrête de fureter et viens ici. »

Un petit garçon de tout juste cinq ans entra dans la pièce, son visage parsemé de tâches de rousseur. De jolis yeux bleus, des boucles blondes et le même teint que ses jeunes sœurs. La dénommée Sophia, qui semblait être la plus âgée des trois, t'observa un instant avant de détourner le regard pour prendre la main de son petit frère. Elle était mignonne, ses petites boucles auburn faisant ressortir ses yeux bleus tandis que de son côté, Likaya ressemblait fortement à son petit frère.

« Voici mes enfants, Sophia, mon aînée de treize ans, Likaya, ma petite princesse de douze ans et Elio, mon fils de cinq ans. Meera et Nina dorment encore je suppose. Les enfants, je vous présente … Je vous demande pardon, votre nom ? »

Invité

Une fois entrée, je commence à me sentir mal à l’aise et commence à douter de mes capacités... ce malaise ne disparaît pas lorsque le majordome m’emmène jusqu’à celui qui semble être le papa, Absnör en personne. Le fait qu’il soit séduisant n’arrange pas les choses. Enfin ce n’est pas comme si le vieil homme m’envoyait le tuer, il s’agit juste de lui dire dans son rêve de passer par une certaine route. Il me sonde, tente de percer mes secrets... je ne peux m’empêcher de penser qu’il doit me trouver bien étrange comme nourrice : cheveux roses, babioles accrochées à mes mèches, tenue originale. Mais il ne fait pas de remarque et reste très sérieux en plus de se concentrer sur ce recrutement. Je m’apprête à répondre lorsque l’un des enfants nous interrompt. Je me rends compte à cet instant que je n’ai jamais vraiment pu vivre ce genre de conflit enfantin et je ne peux m’empêcher de sourire de mélancolie. La dénommée Sophia m’observe puis saisis la main de son petit frère. Ils sont tous attendrissant... mais j’écarquille les yeux lorsqu’Absnör me dit qu’il y en a encore deux qui dorment. Cinq enfants, dont apparemment trois en bas âge... ça va être mouvementé. Encore faut-il que je sois choisie et, pour cela, il faut que je retrouve mon calme.

- Je m’appelle Ocarenna Ibelin, Monsieur. Je suis ravie de rencontrer vos enfants, ils à croquer.

Bien que cette phrase soit tout à fait sincère, le reste n’est que pur mensonge.

- J’ai eu l’occasion de m’occuper de mon neveu et ma nièce pendant de nombreuses années, ma sœur étant décédée à la naissance de son deuxième enfant. J’ai pu apprendre beaucoup de choses à tous les âges de leur vie et, même s’ils sont plus grands maintenant, j’y suis encore très attachée. Pendant que je m’occupais d’eux, j’ai gardé d’autres enfants pour gagner ma vie mais être nourrice est devenu une véritable passion pour moi. Étant incapable d’enfanter, c’est un peu comme si je devenais maman une nouvelle fois lorsque je m’occupe de leur belle frimousse innocente.

J’ai déballé tout ça avec beaucoup d’assurance, comme si tout était vrai... aucune expérience mais en regardant les trois bambins, je me dis que je devrais m’en sortir. De toute façon, ça ne serait pas longtemps. J’espère juste ne pas trop m’attacher à eux, auquel cas le départ serait compliqué.

- Certains des enfants m’appelaient Mlle Bonbon parce que c’est ainsi que je les récompensais lorsqu’ils étaient vraiment sages. Du coup, je me suis teint les cheveux récemment pour garder un souvenir de ce surnom.

Je vois le petit sauter, tressaillir à l’évocation des sucreries et je le regarde en souriant. M’abaissant à son niveau, je lui demande alors :

- Tu aimes les bonbons ?

Il hoche la tête rapidement et regarde ses sœurs, lesquelles me répondent à tour de rôle :

« Moi aussi j’adore ça ! »
« Oui, moi aussi, Madame. »

Une idée sournoise dans la tête, je me relève alors, jetant un regard au papa, apparemment déjà sur la piste de ce que je vais pouvoir dire. Je regarde à nouveau les enfants.

- Eh bien si votre père m’engage et me le permet, je vous promets de vous gâter ! Mais attention, il faudra être très très gentils et finir vos assiettes à chaque repas.

Tous s’exclamèrent un grand « Ouiiiii, c’est promiiiiis ! ». Sophia, Likaya et Elio s’accrochèrent aux vêtements de leur père, le suppliant du regard et de leurs paroles.

« S’il te plaît, papa ! Engage Mlle Bonbon, allez ! » dit la plus grande.

Je feinte de rire sincèrement, d’un air amusé par l’innocence des gamins. Mais j’espère que cela suffira à jouer en ma faveur.

L'homme qui te faisait face était quelqu'un de visiblement doux, ses yeux verts émeraudes ne quittaient pas ses enfants des yeux bien qu'il t'ai adressé la parole. En bon père de famille, il était capable de savoir ce qu'attendaient de lui les gamins sans oublier pour autant à qui il s'adressait de prime abord. Lorsque tu repris la parole, l'homme posa son regard sur toi, tandis que les trois gamins s'étaient agglutinés autour de lui, le petit allant même jusqu'à monter sur les genoux de son père tandis que les deux filles essayaient de lire ce qu'il avait griffonné.

« Sans doutes les trouverez-vous moins à croquer lorsque vous vivrez avec nous » se contenta-t-il de répondre.

Il semblait à bien le regarder particulièrement éreinté ou tout du moins avait-il des cernes qui attestaient de son manque de sommeil. Sans doutes était-ce difficile d'élever cinq enfants à la fois, seul. Sa femme était partie bien trop tôt et il regrettait amèrement aujourd'hui de ne pas s'être rendu compte plus tôt de sa maladie. Sans cela, la naissance des plus jeunes n'auraient pas eu ce sort funeste. Avec sa richesse, il aurait pu payer le meilleur soigneur de la cité pour elle, plus encore, il aurait tout fait pour la sauver si seulement il avait su.
Il reporta son attention sur toi après avoir réajusté le petit sur ses genoux qui gigotait légèrement tout en tétant son pouce. Ce qu'il pensait ? Difficile de le savoir, visiblement, il était bien rôdé à l'art de mentir ou en tout cas, de cacher un minimum la vérité. Il sembla cependant plus sensible à l'évocation de la mort de ta sœur, lui même ayant connu cela.

« Vous semblez pourtant jeune, il est étonnant que vous ayez des neveux si vieux. »

L'homme ne cherche pas à vérifier quoi que ce soit, il est fatigué et n'a surtout pas encore trouvé la perle rare qui serait capable de l'aider dans cette tâche et qui serait suffisamment douée pour remplacer un minimum la mère perdue des chérubins. Il sourit à la remarque sur les cheveux, un sourire rapide, fugace, qui montrait qu'il avait l'habitude de se contrôler mais un sourire tout de même. Le gamin sur ses genoux trépignent et a visiblement bien envie d'un bonbon et il ne manque pas une seconde pour que ses sœurs réagissent également. Elio sauta à terre et attrapa la main de sa sœur aînée, tous trois étaient hésitants. Le reste va très vite, si bien que le père n'a plus vraiment le choix.

« Je dois reconnaître qu'on m'a rarement joué ce tour, félicitations mademoiselle. » lâche-t-il d'un ton calme. « Votre mère vous a toujours dit de ne pas réclamer, allez, filez. »

Les petits hésitèrent mais finirent par obéir et il ne resta plus que vous deux dans la pièce. Il ne dit rien dans un premier temps mais fut le premier à rompre le silence :

« Ma femme est morte il y a trois ans à la naissance de mes filles, depuis, aucune nourrice n'a su rester plus de quelques mois. Je préfère vous prévenir, vous n'aurez pas une minute à vous, bon courage »

Il aimait ses enfants ça c'était sur mais comme tous les marmots, ils étaient dans des âges où les bêtises faisaient partie du quotidien et, en l'absence d'une mère, ils ne comptaient pas qu'une autre femme prenne la place.

« Oh un détail, je crois qu'ils ont faim »

Lorsque les portes s'ouvrirent, la plus grande tenait une petite fille magnifique dans ses bras et son portrait craché tenait la main gauche de la deuxième. Quant à Elio, il avait prit place de l'autre côté, tenant sa main droite. Oui, ils avaient faim c'était sur. Le père t'expliqua où étaient les cuisines et te précisa que c'était à toi de te débrouiller. Il ajouta enfin que Sophia te dirait tout ce que tu dois savoir.

La cuisine … n'était-ce pas un merveilleux endroit pour y glisser un somnifère ? Et avec cette main d’œuvre, n'était-ce pas parfait ?

Invité

Je souris à sa première remarque : aux vues de ses cernes et de sa fatigue apparente, probablement ses enfants sont-ils se sacrés monstres quand ils le veulent. Cet homme a l’air vraiment gentil... dommage qu’il soit fourré dans une si pénible situation. Ma curiosité ne trouvera cependant pas de réponse, je sens qu’il n’est pas prêt à se dévoiler plus que ça et que son urgence réside dans le fait de trouver quelqu’un pour se décharger ne serait-ce qu’un peu.

« Vous semblez pourtant jeune, il est étonnant que vous ayez des neveux si vieux. »

J’avale précipitamment ma salive... Se douterait-il de quelque chose ? Je parle alors rapidement mais doucement pour essayer de me justifier.

- Ils sont encore jeunes... une dizaine d’années mais je les ai confiés à une autre famille, sous leur demande. Ils étaient désireux de voir d’autres choses et j’en ai profité pour visiter un peu les alentours.

Il me fait ensuite un sourire lorsque je parle de la couleur de mes cheveux. J’ai inventé cela tellement vite mais il a l’air de me croire. Apparemment, ses enfants et mes arguments l’ont convaincu. Il me félicite pour mon « tour », congédie ses enfants et s’adresse encore à moi. Finalement, les deux derniers rejoignent leurs trois frères et sœurs et ils ont tous l’air plus affamés les uns que les autres. Sans me laisser le temps de réaliser le défi qui m’attend, Sophia me fait un signe de la main pour me conduire ensuite jusqu’à la cuisine. La pièce est énorme, comme celles que l’on traverse pour y arriver. Elle m’a l’air bien équipée : tout est là pour préparer le meilleur des repas... sauf la bonne cuisinière ! Les enfants s’installent chacun sur un tabouret ou une chaise à proximité et semblent plutôt calmes pour le moment. J’ai l’impression qu’ils attendent que je leur attribue des rôles bien précis. Une armée de cuisiniers aussi doués que moi, quel bonheur !

Je commence par faire le tour des placards pour repérer ce qu’il reste comme ingrédients... et il y a de quoi faire. C’est déjà ça : pas de courses à gérer avec cinq enfants sur les bras. Les deux grandes semblent suffisamment débrouillardes pour pouvoir émincer quelques légumes voire même de la viande. Elio pourrait éventuellement faire quelques préparations avec moi, m’aider à cuisiner un peu sous ma surveillance. Les deux petites dernières, malheureusement, ne vont pas pouvoir faire grand-chose... mais j’ai pu entendre que les enfants aimaient bien faire des gâteaux. Je réfléchis quelques minutes et, dès qu’ils commencent tous à s’impatienter, je rétablis gentiment l’ordre dans la cuisine.

- Les enfants, je sais ce que nous allons préparer pour le dîner ! Des tomates farcies et une bonne tarte aux pommes ! J’imagine que personne n’aime les légumes mais je vous promets que vous aimerez ceux-ci ! Votre père sera bien content de voir que vous mangez équilibré, en plus...

Je ne vois pas de particulière opposition, ils semblent plutôt intrigués par ce que je leur propose.

- On va faire les choses comme ça : Sophia hachera la viande, puisqu’elle est plus grande et que ces manœuvres sont dangereuses. Likaya va s’occuper de vider les tomates et je couperai le fromage que nous mettrons par-dessus. Mon petit Elio, tu m’aideras ensuite à pré-cuir la viande que ta sœur aura préparée et à mélanger tout cela avec quelques ognons et quelques épices. Et les deux petites chéries encore endormies m’aideront à préparer la pâte qui reste dans le placard et à mettre les pommes que j’aurai découpées sur le fond. Est-ce que tout ça vous convient ?

Les deux grandes ont l’air ravies, les plus petits semblent décontenancés. Je leur promet de bien leur expliquer une fois que j’ai tout sorti des placards et après avoir pris une grande inspiration. Espérons que je me rappelle de la recette et que je ne brûle rien.

- Allez, au boulot ! dis-je en souriant tout de même.

***

Une fois le tout préparé, sorti du four et étalé sur la table, il ne me reste qu’une chose à faire : y intégrer le somnifère. Mais les enfants semblent tellement émerveillés que le faire maintenant serait risqué ; ils pourraient parler d’un certain ingrédient secret à leur père ou je ne sais quoi. C’est tout de même fière de moi que je leur dis ceci :

- On a bien travaillé, les enfants ! Je suis contente de ne rien avoir brûlé... et pas d’accident, c’est merveilleux !

Ma joie s’exprime puis s’éteint rapidement. Obliger ces bouts de choux à s’endormir avec une sorte de poison ne m’enchante pas... mais il suffirait que l’un deux fasse un cauchemar pour se réveiller et interrompre mon intervention dans le rêve de leur cher papa. C’est donc à contrecoeur que je leur demande gentiment de sortir de la cuisine.

- Appelez votre père, installez-vous à table et j’apporte tout cela !

Ils ne perdent pas de temps, probablement pressés de voir leur paternel apprécier ce qu’ils ont cuisiné avec leurs petites mains. Une fois les enfants partis, je verse quelques goûtes du liquide précieusement conservé un peu partout dans la nourriture, espérant que cela ne soit pas trop violent pour les enfants. Et c’est légèrement anxieuse que je porte ensuite les plats sur la table de la pièce d’à côté. Mon intervention sérieuse commence bientôt.

Comme c'est vil de se servir de ces chers enfants pour parvenir à tes fins ma chère Ocarenna ! Mais la réelle question à se poser est certainement celle de savoir si tu avais le choix n'est-ce-pas ? En somme, les possibilités étaient limitées et tes petits mensonges ne tiendraient pas bien longtemps si l'homme se mettait à fouiner un peu. Il avait l'air d'aimer sa progéniture, suffisamment sans doutes pour vérifier tes dires avant de réellement te les confier. Tu n'avais pas le choix, voilà sans doutes ce que retiendrons les lecteurs de cette mission ou alors, ils te prendront pour une immonde personne … n'est-ce-pas ce que tu es ? Non, tu n'as pas l'air, les enfants t'adorent, ils voient en toi pour la première fois quelqu'un qu'ils n'ont pas envie d'embêter outre mesure, quelqu'un qui veille sur eux sans leur donner des ordres à tout bout de champs et mieux encore, quelqu'un qui ne cherche pas à prendre la place de leur mère auprès de leur cher papa. Tu es pour eux une nouvelle amie et en ce sens, ils t'apprécient et t'obéissent sans se poser de questions, y compris lorsque tu leur demandes gentiment d'aller se mettre à table. Un déferlement se fait entendre dans le couloir tandis que tu agis dans ton coin. Les enfants, heureux et particulièrement fiers, appellent leur père bruyamment à travers la maison.

Lorsque tu entres dans la salle à manger, les cinq petits sont tous là, discutant avec leur père, cherchant à se faire entendre et se faire câliner. Meera a trouvé sa place sur les genoux de ce dernier et dort déjà à moitié, fatiguée par l'activité qu'elle vient de réaliser. Il est d'ailleurs étrange de constater à quel point cette enfant dort ! Son père la prêtant malade, sans doutes est-ce vrai. En face de lui, Sophia et Likaya se disputent la meilleure place dans la conversation tandis qu'Elio s'est installé à gauche de son père et Nina, entre ses deux aînées. La petite tablée cesse de parler lorsque tu fais ton entrée. Tous les regards se posent sur toi et le père semble conquis par ta présence, c'est sans doutes la première fois que ses enfants ne se plaignent pas de leur nourrice !

[ … ]

Les enfants avaient été les premiers à montrer des signes de fatigue, il n'avait pas été difficile de les coucher. Les plus grandes s'étaient endormies en même temps que le père, du moins était-ce ce que tu avais deviné en retournant dans le bureau de ce dernier pour le voir affalé dans son canapé. Il ne s'était visiblement douté de rien, ni quand les trois plus jeunes avaient émis l'envie de dormir, ni quand les deux plus grandes y avaient succombé aussi. Il dormait à présent, totalement épuisé par sa journée et enivré par le somnifère.

C'était le moment rêvé, tu ignorais en effet combien de temps durerait l'effet du somnifère confié par le marchand ni même s'il avait réellement fait effet en le mélangeant à la nourriture alors il était temps d'agir, de pénétrer dans ses rêves et d'accomplir la demande de ton employeur !

Tandis que tu tergiversais, l'homme dormait et comme tout à chacun dans ces moments là, il rêvait. Ses songes n'étaient pas spécialement extravagants, pour ne pas dire qu'ils étaient totalement neutres. Chaque nuit, il rêvait de la même chose, de la même scène, de la même personne. Tu l'avais bien compris, il rêvait de sa défunte femme. Et chaque nuit, il murmurait dans son sommeil « Lilith » … Un jardin à l'herbe grasse, un magnifique soleil, une balançoire sur laquelle se balançait une magnifique jeune femme aux cheveux longs, bouclés et aux yeux bleus. Jeune, elle souriait tendrement, riant aux éclats …

« Aron ? » demanda-t-elle doucement tandis qu'un rire lui répondait.

De derrière l'arbre sortit le baron Absörn, sourire aux lèvres, qui dévorait des yeux sa promise.

Un rêve du passé, à n'en point douter, plein de mélancolie et de bonheur trop vite révolu … cela se sentait même pour un spectateur !

[ Je n'ai pas décrit volontairement la scène pour te laisser libre de ce point de vue ^^
Tu es libre de décrire comment tu pénètres dans ses rêves et de décrire comment tu en arrives à le persuader. Cependant, arrêtes-toi au moment où tu lui suggères de passer par Arcera. ]

Invité

Le repas se passe dans le calme, les enfants semblent heureux et conquis par ce qu’ils ont préparés avec moi. Je ne peux retenir un sourire en les regardant manger avec appétit, malgré la fatigue des plus petits. Un brin de remords s’installe dans mon cœur lorsque je les imagine endormis plus longtemps à cause du poison que j’ai mis dans la préparation. Mais le Baron me regarde de temps en temps, lui aussi avec un sourire. J’en perdrais facilement mon objectif de vue... et mon avidité. Tout cela pour de l’argent, c’est exaspérant ! C’est bien sous ces deux personnalités que je régis ma vie, que je l’ai toujours fait. Profiter de certaines personnes, parfois même les tuer, simplement pour le respect d’une justice qui m’est propre. Je suis pauvre... je deviens donc malhonnête avec des gens tout à fait sincères et qui ne méritent pas un tel traitement. Mais alors que je rends son sourire à Absörn, je me dis que je n’aurais pas de regrets quand même, parce que je les aurais rencontrés et que j’ai partagé un moment agréable avec eux.

Peu après le repas, les enfants ressentent tous les signes d’une grande fatigue. Laissant la vaisselle sur la table, je les prends par la main, répondant au souhait des plus petits lorsqu’ils me demandent de les porter dans mes bras pour monter les escaliers. Un à un, ils s’enfilent sous leurs couvertures et je n’ai pas besoin de les border qu’ils atteignent déjà le monde des rêves. Les deux plus grandes s’endorment en dernier et je leur offre à tous les cinq un baiser sur le front, espérant qu’ils puissent faire de beaux rêves malgré la drogue. C’est discrètement que je me déplace ensuite vers le bureau du compte ; j’entrouvre la porte et le trouve littéralement affalé sur l’un des fauteuils de la pièce. Silencieusement, je m’approche de lui et, encore une fois, je ne peux m’empêcher de sourire. Il est vraiment charmant et le regarder ainsi dormir aurait été agréable... cependant, je ne suis pas là pour cela. Saisissant une chaise à côté de moi, je me place face à lui et m’installe confortablement. À quoi peut bien rêver un père de famille, veuf et débordé ?

***

Le soleil est présent, aucun nuage dans le ciel de son rêve. Un doux parfum de fleurs envahit mes narines et l’atmosphère qui règne ici est tout simplement apaisante, réconfortante. J’entends quelque chose grincer mais aussi quelqu’un chantonner. Sans me faire prier, je m’approche de la jeune femme : elle est absolument rayonnante et je devine aisément de qui il s’agit grâce à ses yeux et ses traits si ressemblants aux enfants. N’est-il pas normal de rêver de la personne qu’on aime, encore plus si elle a disparu ? Les rêves sont malléables, tellement malléables. Il me suffit de la toucher pour « fusionner » avec elle et, alors qu’elle prononce son prénom, je me sens habitée par les mêmes sentiments qu’elle semblait éprouver. Le comte rit et apparaît enfin. Des yeux plein d’amour, un regard plein de désirs. Je laisse le rêve se dérouler à sa guise pour le moment : je ne veux pas que le comte se réveille. Dans le corps de « Lilith », je me laisse alors transporter par ces nouvelles émotions, par ce flux de bonheur auquel je ne suis pas habituée. Petit à petit, je m’habitue à ses mimiques, à sa façon de parler et, une fois qu’Aron aura la sensation qu’il s’agit bien du rêve habituel, je pourrai lui suggérer ce que mon employeur m’a demandé.

Lilith se lève de la balançoire, s’avance vers son aimé et se précipite dans ses bras. *Comme cet échange est tendre.* Les amoureux se serrent fort puis finissent par s’embrasser, d’abord tendrement puis langoureusement. Ressentant chaque caresse comme si j’y étais moi-même, je profite quelque peu de la situation, sans encore contrôler le corps de sa défunte épouse. Lentement, je m’approprie les gestes de Lilith et finit par les copier, les anticipant. Je prends lentement possession de son corps jusqu’à totalement en disposer. J’ai toujours l’apparence de sa chère Lilith mais c’est moi qui agis, maintenant. Profitant de quelques étreintes encore, je le dévore du regard à l’instar de sa promise et finit par lâcher quelques mots, jouant mon rôle jusqu’au bout.

« Aron, je t’aime... »

Caressant ses joues, il lui rend ces mots que je viens de lui faire prononcer et l’embrasse à nouveau.

« Ton voyage... es-tu vraiment obligé de le faire, mon amour ? Tu vas passer par cette route... Pulyë, c’est cela ? Antoine m’en a parlé l’autre jour et il semblerait qu’elle soit dangereuse. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose, Aron. Je sais qu’il s’agit d’une livraison importante mais... je ne veux plus être séparée de toi à nouveau... Ne reviendrais pas plus vite si tu passais par Arcera ? »

Je plonge mon regard dans le sien, espérant alors qu’il suivra les conseils de sa défunte femme, à présent. J’éprouve un certain remords, tout de même, à me plonger dans les rêves d’un homme si honnête...

Le comte est quelqu'un de bon, cela se sent dans son regard comme se devine dans ses gestes. Il aimait également sincèrement sa défunte épouse sans quoi, jamais il n'aurait mis tant d'ardeur à rêver d'elle. Chaque nuit, son souvenir le hantait et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de s'endormir en espérant la revoir, une dernière fois, comme si quelque part, elle n'était jamais réellement partie. « Lilith » vivait en lui, comme un dernier refuge, une dernière demeure et si la situation pouvait paraître étrange et malsaine, Aron aimait tellement sa femme qu'il espérait que cela dure toujours. Lilith avait été le rayon de soleil dans sa morne vie. Elle lui avait offert son amour, sa tendresse et sa passion mais plus encore, elle lui avait donné de magnifiques enfants qui, il l'espérait, grandissaient plein d'avenir. Lilith était tellement belle dans ce soleil couchant, sa chevelure ondoyant dans la légère brise estivale, sa jeunesse irradiant de toute part. Dans ses souvenirs, elle avait toujours été magnifique, particulièrement douce et tendre. Peut être la mort de cette dernière lui avait-il fait imaginer des choses mais peu importait, chaque fibre de son corps exprimait la joie, la douceur et l'amour.

« Je t'aime tellement » murmure-t-il avant de l'embrasser à nouveau.

Tous les jours, la douceur de sa peau, l'aspect sucré de ses lèvres, ses yeux, son corps tout entier lui manque et chaque nuit, tandis que ses rêves rejoignent enfin ceux de sa bien-aimée, il sait que ce n'est pas vrai. Il est bien placé pour le savoir mais il n'a jamais trouvé la limite, il n'a jamais réussi à s'en empêcher … S'il possède les pouvoirs pour faire autrement, il sait qu'il ne peut pas lutter contre son éternelle envie de la revoir, de la serrer à nouveau dans ses bras, de l'aimer à nouveau, comme si rien de tout cela ne s'était passé.

Ses lèvres se pincent cependant lorsqu'il l'entend parler et il y a quelque chose dans son regard qui change, comme s'il était en colère ou comme si quelque chose le tracassait. Aurait-il deviné ce qui se joue devant lui ? Aurait-il des soupçons ? C'est difficile à croire et pourtant, il semble comme soudainement distant et froid. Il relâche son étreinte et s'éloigne d'un pas avant de demander, perturbé :

« Qui êtes vous ? »

La question peut paraître étrange et pourtant, si seulement tu savais. Il a beau te dévisager, il ne parvient pas à comprendre et pourtant, ces mots sont impossibles dans la bouche de sa bien aimée. Elle sait pourtant … elle était là ! Alors pourquoi ?

« Lilith ? » appelle-t-il comme pour se rassurer, « Pourquoi me demander de passer par là ? », voilà ce qu'il aimerait dire mais il n'y parvient pas.

Il commence à comprendre, cela se sent dans son regard et se voit dans ses gestes. A nouveau, il recule et se montre distant, perplexe …

« Jamais Lilith ne me demanderait de passer par Arcera, jamais. Qui êtes vous ? »

Le ton est accusateur, cette fois, c'est sur, il semble être en colère. L'homme t'observe, cherchant à comprendre. Il n'y parvient pas. S'il est lui aussi ritualiste, il n'a ni ton talent, ni ton adresse mais il sait qu'il n'est pas en face de Lilith, c'est impossible. Parce que Lilith est morte à Arcera alors qu'elle l'accompagnait pour une livraison. Peut être qu'il serait temps de dire la vérité non ?

Invité

Mince... ça n’a pas marché. Son regard change, son attitude aussi et je suis démasquée. Jouer les amoureuses transies n’a pas vraiment été mon fort ces dernières années, après tout. Il la voit mais il la cherche. Je ne suis pas Lilith et je sais qu’elle est décédée. Le tout est que j’ignore comment, jusqu’à finalement l’apprendre à travers les mouvements originels de Lilith dans son rêve, à travers ses paroles et peut-être à travers l’aperçu d’un autre rêve qu’il faisait il y a longtemps. Je le sens. La bourde... Lentement, je reprends mon apparence normale. La complicité aura duré peu de temps, autant avec Aron qu’avec les enfants. Je m’y attendais, après tout. Ce n’est qu’une mission pour de l’argent. Mais le voir si bouleversé lorsqu’il me reconnait me fend le cœur. Je ne suis peut-être pas si insensible, après tout... l’argent n’amène que l’indépendance, rien de plus.

- Pardon, je suis entrée dans votre intimité sans vous connaître. Je suis désolée pour votre femme... elle était belle et douce. Je comprends mieux les étoiles dans les yeux de vos enfants et je suis triste pour eux... pour vous aussi.

Je m’approche de lui mais il a toujours l’air fâché... peut-être même effrayé.

- N’ayez pas peur, je ne veux pas vous faire de mal. Mais je vous ai menti. Je ne suis pas nourrice et on ne m’a jamais appelée Mlle Bonbon. Je me suis faite engagée pour m’introduire chez vous, vous droguer et vous persuader à travers le Ritualisme que vous deviez passer par Arcera. Si j’avais su...

Je fais une pause, ne quitte pas son regard. J’ai de la peine, tellement de peine pour lui.

- Mon employeur m’a promis de l’argent pour cette mission mais l’argent ne vaut rien face à un homme si désespéré que vous. Moi aussi j’ai perdu des êtres chers que je revois chaque nuit en rêve. Moi aussi, j’ai d’énormes regrets et je voudrais les serrer dans mes bras, leur dire que je les aime. Mais il ne sont plus là. Votre femme n’est plus là. Sa perte est bien plus récentes que les miennes et je conçois que ça soit terriblement difficile pour vous ainsi que pour vos nombreux enfants.

Je suis encore plus proche de lui. J’aimerais prendre sa main mais je ne peux pas, il est encore trop méfiant.

- Aron, je ne travaille plus, pour le moment. Je n’ai cure de l’argent, désormais car je me sens proche de vous. Je vous ai menti, j’en suis désolée mais je vous parle de femme à homme, compatissante à votre situation. Vivre dans le passé est réconfortant. L’embrasser, l’enlacer, peut-être même lui faire l’amour, je ne sais pas combien de fois vous avez rêvé de cela. Mais les rêves restent des rêves et vivre à travers eux n’engendre que souffrance. Celui qui m’a appris le Ritualisme m’a dit que je ne devais jamais perdre cela de vue car notre vie est dans le présent, en Azthia, avec les gens qui nous entourent réellement. Vous avez cinq magnifiques enfants qui ne demandent que l’amour de leur père. Ils n’ont plus de mère, c’est un fait... mais le jour où ils vous poseront la question de ce qui lui est arrivé, je pense qu’il faudra redescendre sur terre. Et ça va être douloureux... trop douloureux. Aron, faites-vous une raison. Fuir cette route, c’est fuir la mort de Lilith alors qu’elle s’est belle et bien produite. Même si ça fait mal, oui, ça fait mal... mais vous n’êtes pas seul à en souffrir, contrairement à moi. Vous pouvez partager votre souffrance.

Je soupire, m’approche encore et me décide à saisir sa main.

- Je suis prête à remettre cette mission en question si ça peut vous permettre d’affronter vos démons. Si vous le souhaitez, je vous accompagne à Arcera pour cet échange et je vous défend corps et âme si une autre attaque a lieu. Si vous ne le souhaitez pas, je quitte votre rêve et m’en vais. Sachez en tout cas que vous m’avez touchée... c’est rare. Et je suis sincère... vous avez pu le voir, c’est rare aussi.

Je ravale ma fierté et attend sa réponse avec impatience.

[ Désolée du retard, ce n'est pas fameux vu l'heure mais je n'ai pas le temps de mieux =x ]

La jeune femme devant lui était Lilith sans l'être, il le sentait, il le savait et pourtant, son regard était tellement profond, tellement calme et proche de lui … Il le sentait, elle était là sans l'être. C'était elle sans l'être. Sa peau, son regard, ses cheveux, son odeur, tout lui rappelait sa défunte femme sans qu'elle ne parvienne une seule fois à être là. C'est en ouvrant les yeux que le comte constata que tu avais changé de forme, à présent, la vérité était belle et bien là devant ses yeux et il ne pouvait pas la nier. Aron est clairement étonné, s'il est parvenu à comprendre sans trop de mal que tu n'étais pas Lilith parce qu'il en a le pouvoir, il n'a pas réussi à comprendre avant que tu ne te dévoiles qui tu étais. Son regard trahi son émotion, au fond de lui, le jeune père se sent profondément blessé et pourtant, il parvient à rester de marbre, autant que faire se peut. La disparition de sa femme lui a sans doutes appris à rester fort en toute situation, pour ne pas effrayer les enfants ou les attrister davantage sans doutes … Quoi qu'il en soit, il reste calme, impassible ou presque, se demandant pourquoi tu as osés trahir sa confiance alors qu'il t'a confié la chose la plus précieuse à ses yeux : la vie de sa progéniture.

« Ne parlez pas de ma femme comme si vous la connaissiez » articule-t-il péniblement, sans oser pour autant te regarder, comme s'il regrettait de ne pas voir Lilith, « Laissez mes enfants en dehors de cela » articula-t-il cette fois-ci, la voix emplie de haine.

Il écouta sans jamais t'interrompre mais pour autant, il ne semblait pas tellement effrayé ou encore, surpris. Ta peine semble interagir avec lui si bien que sa colère diminue au fil de tes propos sans pour autant totalement disparaître. Pour autant, il n'arrive pas à vraiment te détester, cela se sent dans son regard et aussi simplement, parce qu'il t'offre l'occasion de t'expliquer. A nouveau, il semble méfiant, distant et plus tu parles de Lilith, plus il semble se renfermer.

« Il y a longtemps que j'ai cessé de croire et d'espérer. Lilith et moi nous sommes rencontrés adolescents. Ses yeux ont tout de suite fait chavirer mon cœur et nous n'avons pas tardé à nous marier une fois adultes. » il avait parlé sans vraiment s'arrêter et sans s'adresser particulièrement à toi, « Ce que vous avez vu n'est pas un rêve, il s'agit simplement du passé. »

Sa voix était posée et calme.

« Je suis ritualiste, c'est sans doutes pour cela que j'ai compris. Ce rêve, il s'agit du jour où je l'ai demandée en mariage. Je revis chaque nuit notre passé, pour ne pas oublier, pour être capable le jour de veiller sur eux, pour être capable de leur offrir un avenir sans elle. Lilith vit ainsi dans ma mémoire … »

Il y avait du regret dans sa voix et aussi quelque chose comme de la tristesse et des remords. Peu importait de toute façon, il reprit calmement la parole, sa voix se brisant cependant sous le poids de l'émotion.

« Lilith est morte à Arcera. J'étais commerçant, elle m'accompagnait. Notre convoi a été attaqué. Ils l'avaient toujours convoitée, elle, pour son pouvoir, pour son don unique. Ma femme était catalyseur et elle est morte en me sauvant. Jamais elle ne m'aurait demandé de revivre ce jour … Sophia … Sophia a hérité des dons de sa mère. »

La vérité était désormais dévoilée. A présent, c'était à toi de décider ce qu'il fallait faire.

« Vous voulez m'aider ? » demanda le père, te regardant droit dans les yeux cette fois-ci.

Tu avais le choix, tu avais toi-même souligné ce point. Aider ce père à protéger sa fille ou vendre cette dernière à ce fou qui n'avait pas hésité à tuer sa mère. L'arroseur arrosé, telle était sa proposition mais son ton sous entendait qu'il comptait se débarrasser du problème définitivement. Tu pouvais l'aider, fuir, ou vendre sa fille. Mais deux ritualistes pouvaient sans doutes régler le problème ensemble sans nécessairement tuer la source de celui-ci non ? Tu avais le choix, il ne tenait qu'à toi de faire le bon.

[ J'adore comment tu as dévoilé ton personnage dans cette réponse ! ]

Invité

Alors qu’il se dévoile, je me rends finalement compte de la gravité de ma démarche, de la bêtise que j’ai faite en voulant travailler pour ce criminel. Certes, j’ai besoin d’argent mais je ne suis pas égoïste à ce point. Il s’agit de protéger cet homme meurtri et sa fille, celle que mon employeur convoite. J’ai pu entendre parler des Catalyseurs et j’ai honteusement déjà pensé en rencontrer un pour m’offrir son don. La recherche de pouvoir me perdra un jour... mais ce jour n’est pas encore arrivé. Maintenant que je comprends mieux la situation, alors qu’Aron me parle encore, je réfléchis déjà à la façon de neutraliser l’ennemi. C’en est un, oui, simplement par le fait d’avoir privé un homme de sa femme, d’avoir privé des enfants de leur mère... et par le fait qu’il cherche à profiter de Sophia. Ils sont tous adorables et je ne peux pas m’empêcher de vouloir leur bonheur.

« Vous voulez m'aider ? »
- Oui, Aron, je veux vous aider, lui réponds-je déterminée. Mais il n’est pas bon pour vous de nuire à autrui. Je vois bien, alors que vous donnez votre confiance à une femme qui en a abusé, que vous ne pourrez pas blesser cet homme. Mais je sais aussi que vous ne me laisserez pas y aller seule... je me trompe ?

Après sa réponse, je réfléchis encore à comment nous pourrions nous y prendre pour agir ensemble. Je veux éliminer cet homme mais Aron veut simplement la justice. Et ça me plaît car c’est ce que je prône depuis la mort de mes parents. Ritualiste... oui, nous pourrions faire ça.

- Vous m’avez dit être Ritualiste, c’est bien cela ? Je pense que beaucoup de possibilités s’offrent à nous par ce biais. Même si vous maîtrisez moins bien ce don que moi, si nous y allons ensemble, je vous guiderai et nous pourrons ainsi rendre justice. Mettre hors d’état de nuire ce monstre est la priorité... il ne faut plus qu’il touche votre famille, vous avez assez souffert comme ça.

Il acquiesce avec hésitation mais je sais que son envie de régler le problème est présente depuis bien longtemps. Je finis par lui sourire lorsque je le vois légèrement s’évaporer.

***

Nous nous réveillons au petit matin dans la même pièce, son bureau. Je frotte mes yeux et le vois s’éveiller avec peine.

- C’était un bien vilain repos, je m’en excuse...

Une fois assise correctement sur ma chaise, j’adopte une autre attitude. Je ne suis pas douée pour remercier les gens, même les plus sympathiques. Malgré le fait que je me sente à l’aise avec Aron, je gesticule quelques instants sur ma chaise, comme une enfant, avant de continuer à parler.

- Aron je vous remercie... vraiment... Je vous suis reconnaissante de me faire confiance malgré ce que je vous ai fait. Votre passé, votre vie difficile avec vos enfants, le don de Sophia, je les garderai toujours pour moi. Sachez que je vous suis réellement reconnaissante. Je n’oublierai pas non plus à quel point vos enfants sont adorables et les moments que j’ai passé avec eux.

Je le laisse me répondre et finit par rougir de gêne... mais je crois bien que je suis heureuse. Je ne sais plus identifier le bonheur depuis longtemps mais c’est bien de la joie et du réconfort que je ressens maintenant, non ? Finalement, après quelques minutes, je reprends mes esprits et finit par reparler des choses sérieuses.

- Alors, Aron, que pensez-vous de ma proposition ? Si nous allions faire voir quelques cauchemar à notre malfaiteur ?

[HRP : j’espère ne pas être allée trop vite ! En tout cas, je suis contente que tu aies apprécié ma réponse précédente. ^^]

Aron était quelqu'un de bien, de bon et plus encore, il aimait ses enfants et ne souhaitait qu'une chose, les protéger. Il avait tout donné pour eux, il avait toujours tout donné, surtout depuis la mort de sa femme pour éloigner ceux qui convoitaient le don de sa précieuse Sophia. Lilith avait péri à cause de ses dons de catalyseur et il ne voulait pas que sa petite fille connaisse le même destin funeste ou qu'elle soit exploitée. Entre les murs de la maison familiale, elle échappait au stress et aux mécréants qui ne voyaient en elle qu'un moyen de devenir plus forts. Le père de famille ne permettrait pas qu'on touche à un cheveu de ses précieux chérubins pour qui sa femme avait donné jusqu'à sa vie, acceptant malgré le danger de le suivre. Il était sans doutes étrange aux yeux des étrangers de le voir tourmenté ainsi dans ses rêves, de revivre sans cesse la même scène où perlaient amour et sincérité. Lilith était son secret, elle demeurait vivante dans ses rêves et uniquement dans ses rêves … La jeune femme semblait tellement « vivante » dans ses songes qu'il en oubliait parfois au réveil qu'elle ne dormait pas à ses côtés.

Il y avait peu de chance pour que la jeune femme lui accorde ses pouvoirs et l'aide à sauver sa petite famille. Qu'avait-elle à y gagner si ce n'était au final une morale ? Il n'avait pas grand chose à lui offrir si ce n'était sa sincérité et l'espoir qu'elle ne lui volerait pas sa précieuse enfant, qu'elle ne la laisserait pas tomber entre de mauvaises mains. Il croyait, non, il espérait sincèrement que la ritualiste ne ferait pas ce qu'il appellerait « le mauvais choix » car dans le cas contraire, il serait obligé de l'en empêcher. Par tous les moyens. Et pour l'heure, il n'avait pas vraiment idée du moyen qu'il emploierait si jamais la jeune femme se décidait à s'opposer à lui, il comptait surtout sur son cœur et la « bonne foi » dont elle avait fait preuve jusque là.

Tandis qu'il reprend la parole, l'homme se demande si ses mots ont le moindre impact sur toi. Il espère mais réfléchi en même temps, à la fois à ce qu'il pourrait t'offrir mais également, à ce qu'il pourrait faire pour t'arrêter si l'envie t'en prends de ne pas suivre sa supplique. Mais plus il te regarde, plus il a l'impression que ce qu'il te dit a un impact et que tu es en train de changer d'avis et de te rallier à sa cause. Lorsque tu lui réponds que tu es prête à l'aider, son cœur marque un arrêt, aussi étrange cela soit-il dans un rêve.

Il sourit, un sourire franc certes mais un sourire qui révèle également une chose, que tu te trompes.

« Cet homme a tué ma femme et il veut aujourd'hui prendre ma fille … Vous vous trompez sur mes capacités, je suis prêt à tout pour protéger ma fille. Alors oui, je vous accompagnerais. »

Il se tait et écoute ce que tu as à dire avant de répondre à tes questions :

« Je suis ritualiste, sinon, comment aurais-je pu deviner que vous étiez là ? » son ton était plus léger, plus calme, comme s'il se sentait « en sécurité », « Merci »

[ … ]

Il faisait déjà jour quand il ouvrit les yeux. Il sourit à ta remarque en faisant signe de la main que ce n'est pas grave. Il reprend conscience petit à petit et s'imprègne de la réalité, regrettant intérieurement d'avoir quitté sa femme une nouvelle fois au réveil.

« Vous savez, vous n'avez pas à vous excuser et c'est plutôt moi qui devrais vous être reconnaissant de bien vouloir m'aider. Vous manquerez à mes enfants, ils vous aiment bien. »

Il sourit, tout simplement, il sait que tu manqueras beaucoup aux petits et qu'il aura du mal à trouver quelqu'un qui a autant de feeling avec eux mais il sait également que ta place n'est plus ici et qu'une fois ce contrat rempli, il te faudra partir. Il sait tout cela mais il reste quelque chose à faire avant que tu ne partes.

« Allons-y »

La suite de l'histoire, vous l'aviez écrite ensemble. Aron et toi aviez pénétré les rêves de celui qui l'avait employé et il n'avait pas été bien difficile d'arriver à l'endroit voulu. Une fois sur place, il n'avait pas fallu beaucoup de temps pour convaincre l'homme de changer d'avis ou en tout cas, de choisir un itinéraire autre. Lorsqu'il s'y rendrait le lendemain matin, avec sa cargaison volée bien entendu, la milice locale l'y attendrait et bien entendu, ni Aron ni toi ne seraient coupables. Il finirait sa vie en prison et l'histoire se terminerait là. Plus encore parce que tu avais décidé de faire en sorte que ce mécréant en oubliant jusqu'au nom d'Aron, ce qui t'avait demandé énormément d'énergie. A votre réveil, vous pouviez être sur que plus rien n'arriverez aux enfants, plus jamais, du moins pas à cause de lui …

« Merci, je n'oublierais jamais ce que vous avez fait pour nous » répondit-il, « Je suppose que votre décision reste inchangée, vous ne souhaitez pas revoir les enfants avant de partir … Laissez moi au moins vous offrir quelque chose en échange de ce que vous avez fait. »

Il sourit en t'indiquant de le suivre.

« Vous avez utilisé du poison pour m'endormir, alors je me suis dit que vous étiez sûrement à court de plante. Ma femme aimait ce jardin, j'ai continué à l'entretenir. »

C'était sans doutes une magnifique reconnaissance que d'obtenir quelques plantes, mais plus encore sans doutes que d'obtenir une bonne conscience n'est-ce-pas ?

[ Mission terminée ! ]
[ Tu gagnes 8 fleurs/fruits de ton choix (en prenant compte la zone où tu te trouves) que tu peux rajouter à ton dossier de ce pas. ]

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