[DA] Charmante rencontre en compagnie du P'yra [Privé Thétis] (Terminé)

L'automne était tombé sur Azthia, les feuilles mortes virevoltaient dans les campagnes et les forets, la chaleur et le soleil de l'été semblaient maintenant si loin mais Ashelia était perdue dans ses rêveries. Elle venait d'être nommée conseillère de sa majesté l'Oblat et elle semblait encore émerveillée par ce titre. Elle avait la chance et l'honneur de côtoyer l'une des plus puissantes femme de ce monde, peu avait cette chance. Kriisten était si belle mais elle n'était pas une reine comme celle des contes de fée, elle était humble et sage. Son altesse savait également prendre les armes quand il le fallait, c'était une bonne dirigeante mais elle avait aussi ses problèmes. L'un d'entre eux n'était autre que son tribun et ancien Consort, Méliant. L'homme se montrait beaucoup trop ambitieux aux yeux de l'Oblat et c'était sûrement pour cela qu'on lui attribua cette place au Tribunat, il était désormais à bonne distance du Palais de Storghein.

Mais l'heure n'était pas aux rumeurs astorgs, la jeune femme avait été chargée d'aller à la rencontre de Méliant à Erathia. Kriisten trop occupée pour ce genre d'affaire, ce qui devait plutôt l'arranger quand il s'agissait du politicien, elle ne pouvait pas s'en charger et préféra donc envoyer sa nouvelle conseillère en mission. Ashelia était plutôt satisfaite de ce choix par ailleurs, elle qui n'était jamais allée au Tribunat allait pouvoir accéder au siège du gouvernement d'Erathia et peut être croiser des célébrités qui sait ? C'était certes une envie enfantine mais qui n'aimerait pas rencontrer les grands dirigeants de ce monde ? Ashelia en tout cas rêvait de faire partie de ce groupe de privilégiés, mais cela ne restera sûrement qu'un rêve. Une petite pensée traversa son esprit, ce rêve pouvait rapidement se changer en cauchemar si celle ci avait la malchance de croiser la route de la princesse amazone. Eléa siégeait également au Tribunat, mais avec un peu de chance elle n'allait peut être pas y être pendant le séjour de l'astorg.

Perdue dans ses pensées, l'astorg n'avait pas eu le temps de faire quoique ce soit qu'elle était déjà aux abords d'Erathia. C'était une jolie Cité, l'une des plus anciennes d'Azthia. De nombreux vestiges étaient présents dans la région, la ville portait un lourd passé et le paysage alentours n'en était qu'une infime preuve. Le carrosse passa les portes de la Cité où la milice locale fut chargée de désarmer l'escorte astorg, après cette formalité le véhicule traversa la ville jusqu'à atteindre le Tribunat. Ashelia en descendit, habillée d'une magnifique robe d’apparat qui mettait ses courbes à leur plus grand avantage. Elle monta une à une les marches du bâtiment avant d'être interrompue par ce que l'on pouvait un domestique à qui elle présenta une missive.

"Bonjour mademoiselle, que puis je faire pour vous ?"

"Je suis attendue par le tribun Méliant comme vous pouvez le voir, où se situe ses bureaux ?"

Le serviteur observa son interlocutrice et inspecta les documents présentés, mais étant certain de l'authenticité de la lettre, il l'escorta jusqu'aux quartiers du politicien. Malheureusement pour la jeune femme, elle allait devoir rallonger ce séjour ici, l'intéressé n'étant visiblement pas présent. L'un de ses gardes personnels leur expliqua brièvement qu'il était absent.

La conseillère se tut un instant avant de rebrousser chemin. Mais son voyage allait s'avérer plus intéressant qu'il n'y paraissait lorsqu'elle croisa le chemin d'un homme plus connu sous le nom de Thétis. C'était le P'yra des almers et l'un des tribuns d'Erathia, mais Ashelia ne pouvait cacher qu'elle n'en savait guère plus à propos de ce jeune dirigeant. Prise au dépourvue, elle le salua avec hésitation mais en respectant les mondanités qu'exigeait la présence ce grand personnage.

"C'est un honneur de vous rencontrer P'yra Thétis. Je me présente Ashelia Felidalia Armstrong, conseillère de sa majesté l'Oblat."

Il fut un temps où les princes, quels qu'ils fussent, vivaient dans des palais plus somptueux que les rêves les plus fous puissent imaginer, un temps durant lequel les princes, puissants et sans peurs, faisaient trembler le monde d'un battement de cil. Mais ce temps était fort heureusement révolu. Les princes avaient disparu depuis fort longtemps, ils s'étaient entre tués pour obtenir un pouvoir qui toujours leur échappait. Jour après jour, le monde avait sombré sous le poids de leurs armes sans qu'aucun d'entre eux n'ai pu au final obtenir l'hégémonie visée. Thétis n'était pas de ces princes là, il n'était né prince que par la grâce des dieux et ne le deviendrait que si ces derniers le souhaitaient. De cela, le jeune homme en était persuadé, seuls les dieux avaient le pouvoir de décider qui des vivants régnerait et qui des morts trépasserait.

De tous les princes qui peuplaient cette vaste terre d'Azthia, Thétis était sans doutes le plus conscient du fait que sa place ne lui était offerte que par la grâce des dieux. Ce qu'ils offraient un jour pouvait être retiré le lendemain et l'homme veillait à ce que ces derniers soient satisfais tant de ses actes que de ses prières et offrandes. Chaque jour, il se rendait dans le petit temple qu'il avait fait installé dans ses appartements personnels et, depuis peu, il tentait d'initier son fils à l'art d'aimer les dieux. Que Bénu soit loué, l'enfant était loin d'être sot et honorait déjà ses ancêtres de ses prières certes enfantines mais pourtant rudement pieuses. Quelque part au fond de lui, le jeune Almer était fier d'élever un si brillant petit garçon et espérait lui offrir le meilleur avenir qui soit tout en gardant à l'esprit que ce jeune prince se devrait de connaître humilité et honneur.

Le jeune P'yra s'était levé relativement tôt, les rayons de l'astre solaire ne pointaient pas encore à l'horizon lorsqu'il éveilla la maisonnée, à commencer par son assassin personnel, Talia. Il lui demanda après s'être habillé d'aller chercher Titouan et la jeune femme s'exécuta. Un jeune prince se devait d'être là pour son peuple, telle était la leçon que le jeune homme souhaitait offrir à l'enfant et si ce dernier rechignait en arrivant à saluer son père, il ne mit pas longtemps à comprendre que ses pleurs ne feraient pas céder ce dernier. Avec douceur, Thétis déposa un baiser sur la joue du bambin et, après la prière à la chapelle, lui demanda d'aller se préparer pour sortir. La matinée fut relativement longue pour l'enfant mais il s'émerveilla des rues commerçantes et des bâtiments de la cité tandis que son père menait Apis au pas. Il était important aux yeux du Tribun que le garçonnet sache qui était son peuple et qu'il apprenne à le respecter. On naissait certes prince, mais on ne le devenait réellement que par la grâce du peuple.

La visite fut relativement longue si bien qu'en milieu d'après-midi, alors que l'enfant commençait à rejoindre le monde des songes, Thétis se décida à le ramener dans ses appartements. Bientôt, Elmyre ne tarderait pas à arriver et à s'occuper de son petit-fils. Son fils ne doutait pas un seul instant qu'elle lui apprendrait à merveille les langues comme il le lui avait demandé. S'il avait pu, le jeune Almer aurait fait reconstruire l'école du Bénu dans l'enceinte de la Lumineuse mais il n'en avait pas encore les moyens et les enseignements de sa propre mère étaient suffisamment complets pour éveiller le jeune prince. Avec élégance, l'homme descendit de son étalon et attrapa le corps fluet du garçon. Malgré la fatigue, ce dernier avait déjà les allures d'un futur roi et s'obstina à vouloir marcher pour ne pas faire honte à son père qui se contenta donc de lui tenir la main. Une fois à l'intérieur du Tribunat, l'Almer se dirigea vers ses appartements lorsqu'une voix l'interpella. Une jeune femme fort jolie s'adressait à lui, se présentant comme la conseillère de l'Oblat. Instinctivement, un sourire naquit sur les lèvres de l'érudit qui répondit d'un ton doux :

« Je ne suis en ces lieux que votre humble serviteur mademoiselle. Thétis Moah Ibel, enchanté, et voici mon héritier, Titouan Moah Ibel, deuxième du nom. »

L'enfant s'inclina avec élégance et l'instant suivant, une femme à la peau sombre apparu derrière le P'yra et son rejeton. Le petit passa d'une main à l'autre sans que la femme ne parle ou qu'elle n'esquisse le moindre sourire et l'homme se contenta d'ajouter :

« Femme, ramène-le à ses appartements »

L'étrange couple s'éloigna tandis que l'enfant, calmement, racontait sa journée, ses pépiements s'éloignant avec lui dans les couloirs. Lorsque le silence fut de nouveau de mise, Thétis posa enfin son regard sur la jeune Astorg et la dévisagea. Plutôt mignonne, elle avait de longs cheveux blonds qui trahissaient ses origines. Sa peau de porcelaine lui donnait un air fragile tandis que son regard se voulait enjôleur. Saisissant la main gauche de la demoiselle en question, le Tribun déposa un baise-main dessus avant d'ajouter :

« Que me vaut l'honneur de votre présence très chère ? Je ne me souviens pas que nous ayons déjà été présentés. » ajouta-t-il dans un nouveau sourire, « Un prince se doit de savoir qu'elles sont ses priorités, je ne peux prétendre en ces lieux à mon titre de P'yra quand bien même me tient-il à cœur. Souhaitez-vous une tasse de thé ? »

Depuis combien de temps la jeune femme n'avait elle pas été en compagnie d'un homme d'Etat ? Depuis qu'elle avait quitté le cocon familial pour la cité amazone, Ashelia n'avait plus côtoyer de politiciens et cela avait ses désavantages. Les belles formes de l'astorg ne l'aidait guère à parvenir à ses fins à Muria, cela attisait même les pires jalousies de la part de certaines amazones. Mais tout ceci faisait désormais partie d'un lointain passé, il fallait passé à autre chose. Cette invitation du P'yra allait être un excellent moyen pour se changer les idées, la conseillère n'avait jamais eu l'occasion de se voir inviter par un homme aussi important.

Le roi de ce royaume meurtri avait vraisemblablement un fils auquel il donnait beaucoup de son temps et de son amour, il lui ressemblait en de nombreux point. Cet éloquent tribun renvoya ce jeune prince dans ses appartements pour pouvoir faire de plus ample connaissance avec la jeune astorg. Le dirigeant de l'ancienne Ptot Tah se révéla être un fort bien gentilhomme qui savait se montrer galant et romantique, nombre de femme devait lui tomber dans les bras. Après s'être présenté d'une bien noble façon, il se saisit des mains de son hôte pour les lui baiser la paume et l'inviter à boire le thé.

"Que me vaut l'honneur de votre présence très chère ? Je ne me souviens pas que nous ayons déjà été présentés. Un prince se doit de savoir qu'elles sont ses priorités, je ne peux prétendre en ces lieux à mon titre de P'yra quand bien même me tient-il à cœur. Souhaitez-vous une tasse de thé ? "

Elle le regarda avec l'un de ses regards enfantins qui laissaient dégager un trop plein d'innocence. Ses cheveux ondulés retombaient harmonieusement sur le coin de son épaule, cette coiffure donnait à la jeune femme un air attendrissant. Ashelia adressa au Roi almer un léger sourire avant de lui répondre par ses quelques paroles.

"Je suis venue ici pour m'entretenir avec le Tribun Méliant mais étant absent je ne crains de devoir séjourner quelques jours de plus en cette Cité. Et c'est exact P'yra, c'est la première que j'ai la chance de vous rencontrer et ce sera avec grand plaisir que j'accepte votre invitation, mon très cher Thétis."

L'astorg était là, toute proche d'un des hommes les plus connus d'Azthia mais qu'avait donc fait la jeune femme pour côtoyer les plus grands de ce monde ? Ashelia ne laissait rien transparaître mais son coeur battait la chamade, un artifice de couleur pétillait dans ces yeux et une valse de douceur parcourait son corps au simple rapprochement du Tribun. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'être courtisée par un homme de si grande prestance, et à vrai dire cela la perturbait un peu mais elle n'allait pas se plaindre, ce n'est pas tous les jours qu'un roi vous fait la cour !

Le politicien plus gentleman que jamais prit le bras de son invitée et l'escorta jusqu'aux jardins du Tribunat où il comptait prendre le thé. Ils marchèrent le long d'une magnifique rosière aux multiples couleurs et à l'odeur aussi exquises que les fleurs étaient belles puis ils entamèrent la discussion. Mais la jeune femme s'était désormais mis en tête d'en apprendre plus sur son interlocuteur et elle n'était pas prête d'en découdre.

"Puis je vous faire une demande si ce n'est pas indiscret, noble Thétis ? Parlez moi donc un peu de vous, j'aimerai savoir qui se cache derrière les rumeurs et les légendes."

Ashelia se tenait face à lui, elle avait les yeux rivés sur l'almer, elle le regardait avec un regard qui en disait long sur ses attentions. De nombreuses rumeurs couraient sur les amantes du P'yra et la jeune femme espérait ne pas se faire avoir par ses délicates attentions. Mais on ne pouvait pas dire le contraire, il savait extrêmement bien s'y prendre quand il s'agissait de s'occuper des femmes.

Le prince se tenait bien droit, un sourire charmeur flottant sur ses lèvres. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir une femme – autres que celles vivant au Tribunat telles que la princesse Amazone ou encore, l'ancienne Grande Prêtresse et amante de son propre père – et ce n'était pas pour lui déplaire. Son jeune âge faisait du Tribun quelqu'un de plutôt charmeur qui aimait les belles choses, y compris les belles femmes. L'ambassadrice Astorg ne faisait pas exception, plutôt jolie bien qu'elle le soit moins aux yeux de Moah Ibel que la jeune Templière qui avait partagé ses draps récemment, elle attirait indéniablement le jeune homme. Non qu'il eu des envies pernicieuses à son intention, loin de là cette idée, cependant, le prince aimait à avoir une belle et jeune compagnie là où le Tribunat ne lui offrait que les mêmes visages, fermés par la politique et les intrigues de leurs propres nations. Aussi, voir quelqu'un qui venait de l'extérieur lui faisait plaisir et il comptait en profiter. L'homme détailla avec attention la jeune femme sans pour autant paraître offensant. Il suivit du regard les courbes généreuses de la belle et s'arrêta une fois ou deux aux alentours de ses hanches et de sa poitrine. Il apprécia le teint laiteux que pouvait avoir sa peau. Il apprécia sa démarche féline et gracieuse tout autant que les vêtements qu'elle portait et qui la mettait en valeur. Enfin, l'Almer posa son doux regard sur le visage de la jeune politicienne et se délecta de ses lèvres rosées et de ses petits yeux en amande bleus. Il marqua un temps d'arrêt sur les longs cheveux ondulés de la belle avant de cesser ce petit jeu enfantin. Sans doutes sa petite inspection aurait-elle pu être mal vue mais le monde pardonnait bien trop souvent aux princes leur impolitesse. Avec un air désolé, le jeune homme détourna le regard pour ne pas mettre mal à l'aise son invitée.
Il fallait bien avouer que le P'yra trouvait à son goût la demoiselle cependant, il lui préférait bien largement le corps de Siobhan, plus gracile, à la peau gorgée de soleil, tout comme il affectionnait beaucoup plus le corps de sa chère Talia, qui ne s'offrait encore à lui que par devoir. Thétis regrettait que la jeune femme ne voit en lui qu'un P'yra à servir et n'appréciait que peu faire la cour à une pierre telle que l'assassin néanmoins, il ne pouvait pas s'empêcher de revenir au pas de charge, se délectant de ses formes, de ses courbes et de sa violence. Talia était une tigresse, une chienne élevée par Tutnesi pour la protéger d'un mal absent et si la jeune femme était désormais aux ordres de l'Almer, elle n'en demeurait pas moins la furie froide et distante que son père avait modelé. Leurs ébats se faisaient parfois délicats lorsqu'elle se décidait à participer plus qu'à subir. Thétis chassa ces pensées de son esprit, il était en effet malvenu de songer à une autre femme en présence d'une invitée.

L'Almer avait proposé une tasse de thé par habitude. Dans la cité de son enfance, le thé était la boisson la plus appropriée à la rudesse du climat. Beaucoup de leurs visiteurs trouvaient ce point de vue étrange mais finissaient par le partager lorsqu'ils sentaient le bienfait d'une tasse de thé, plus rafraîchissante durant les lourdes chaleurs d'été que n'importe quelle coupe de vin ou d'eau fraîche. Il comprit que sa demande pouvait paraître étrange pour la jeune femme du Nord mais il s'abstint de le souligner, il était bien plus impoli de le faire que de laisser la belle décider de ce qu'elle voudrait faire. Thétis avait été élevé comme un galant homme et Elmyre avait mis un point d'honneur à ce qu'il reçoive la meilleure éducation et traite les femmes comme son égal, ce dont il ne manquait pas de se rappeler chaque jour durant. De tout le Tribunat, tant la Cydienne que l'Elfe louaient ses bonnes manières et son savoir vivre, déplorant ceux des deux autres hommes qu'étaient l'ancien Consort et l'ancien Princeps.

« Je vous en prie, je ne suis qu'un humble Tribun en ces lieux bien qu'il me soit doux d'entendre ce mot sonner à mes oreilles. Voilà bien longtemps que l'on ne me nomme plus ainsi. » rétorqua-t-il avec douceur, accompagnant ses propos d'un sourire calme, « Il m'est fort appréciable que ce cher Meliant soit absent. » conclut-il, répondant visiblement aux attentes de la belle.

Meliant était souvent absent mais pour autant, lui-même n'était pas exempt de quitter la Lumineuse pour gérer ses affaires personnelles en tant que P'yra. Si la majorité de son peuple vivait encore dans les enceintes de la cité, une poignée demeurait encore dans son royaume et il mettait un point d'honneur à veiller sur eux.

« Puis-je me permettre de vous questionner sur l'objet de votre visite très chère amie ? » demanda-t-il avec une grande simplicité.

Il tendit la main avec une grande douceur à son interlocutrice jusqu'à ce que cette dernière n'accepte son invitation. Elle était fort charmante, il fallait bien se l'avouer. Lorsque Ashelia prit son bras, le jeune homme décida de la mener aux jardins du Tribunat, en cette saison les couleurs étaient magnifiques, hésitant encore entre les couleurs de l'été et les rouges de la saison actuelle. Il l'emmena jusqu'à la roseraie pour finalement décider de s'installer non pas dedans mais derrière. Ainsi, la jeune femme pouvait profiter de la beauté des lieux tout en se délectant du reste des jardins. Il fit servir le thé et congédia les serviteurs pour être plus en paix. Avec politesse, l'érudit laissa la jeune femme prendre la parole en premier, veillant d'un coup d’œil discret sur l'étalon qui paissait à quelques mètres de là, dans un enclos qui marquait la fin des jardins du Tribunat. A ses côtés, quelques juments et chevaux, six ou sept au total, vaquaient également à leurs occupations. Il dut bien avouer que la question de la demoiselle le surprenait mais pour autant, il ne se départit pas de son éternel sourire bienveillant.

« Il est vrai que votre question est particulièrement indiscrète cependant, je suis curieux de connaître votre histoire aussi vous ferais-je le plaisir de vous conter la mienne, si banale fut-elle. », il prit le temps de réfléchir tranquillement avant de reprendre, songeur, « Je suis né à Ptot Tàh, dans la belle cité du désert et ai été élevé par ma mère qui, en femme éclairée et bienveillante, m'apprit tout ce qu'il fallait savoir, m'envoyant dans la prestigieuse école du Bénu d'où je sortais, meilleur que mon père, à l'âge de treize ans à peine. Mais sans doutes ces souvenirs d'enfance ne sont-ils que peu intéressants à vos oreilles. Que voulez-vous savoir exactement de moi ma chère demoiselle ? »

Il sourit avec calme, amenant la tasse de thé à ses lèvres avant de reprendre doucement :

« Permettez-moi ma chère de vous retourner votre question, auriez-vous la gentillesse de m'en dire plus sur vous ? »

Cet homme n'était à n'en plus douter un sacré charmeur, le prince charmant par excellence. Il savait manier les mots, user de la galanterie et utiliser son sourire rempli de charme, il possédait un savoir vivre dont peu d'hommes pouvaient se vanter. Le Tribun prit le bras de la jeune femme et l'accompagna dans les allées du jardin, ils discutérent un peu avant que Thétis ne pose une question quelque peu indiscréte.

"Puis-je me permettre de vous questionner sur l'objet de votre visite très chère amie ?"

"L'Oblat m'a envoyé prendre des nouvelles d'Erathia à vrai dire mais ce ne doit pas être important j'imagine. Méliant étant affreusement occupé ses temps-ci et sa majesté Kriisten n'ayant pas le temps de s'occuper de ce genre d'affaire, il fallait bien que quelqu'un fasse le déplacement."

Il faisait chaud cette journée là, le soleil brillait de milles éclats et Ashelia n'aurait pas dit non à la moindre boisson rafraichissante. Le hasard faisait bien les choses, le P'yra lui proposa une tasse de thé et même si elle n'avait pas vraiment l'habitude d'en boire elle n'allait pas dire non ! Ils s'installèrent derrière une magnifique roseraie d'où l'on pouvait contempler les magnifiques couleurs de la flore du jardin. Quelques instants aprés, il fit servir le thé avant de congédiait les domestiques pour faire de plus amples connaissance avec son invitée.

"Je suis né à Ptot Tàh, dans la belle cité du désert et ai été élevé par ma mère qui, en femme éclairée et bienveillante, m'apprit tout ce qu'il fallait savoir, m'envoyant dans la prestigieuse école du Bénu d'où je sortais, meilleur que mon père, à l'âge de treize ans à peine. Mais sans doutes ces souvenirs d'enfance ne sont-ils que peu intéressants à vos oreilles. Que voulez-vous savoir exactement de moi ma chère demoiselle ? "

"Ne dites donc pas ça P'yra, vous êtes un homme fort intéressant. Je ne sais pas vraiment, des petits détails que les livres ne traitent pas ! Et à vrai dire, ce n'est pas tant le Roi que j'aimerai découvrir de vous, c'est l'homme que vous êtes. Quel est votre vie en dehors du Tribunat et de Jafa ?"

Ashelia n'avait pas hésité à rentrer directement dans le vif du sujet. Les livres parlaient déjà des rois et des reines mais personne ne pouvait savoir de qui il s'agissait vraiment et c'était bien là le probléme. Thétis était réputé comme étant un excellent P'yra mais personne ne saura qui il pouvait être en dehors de son titre. L'astorg posa ses douces lèvres sur sa tasse de thé et en avala une gorgée, cela faisait du bien. Une douceur fraîche et sucrée emplie sa bouche d'une multitude de saveurs synonymes de joie. Le Tribun aprés ce court instant de silence reprit le fil de la discussion.

"Permettez-moi ma chère de vous retourner votre question, auriez-vous la gentillesse de m'en dire plus sur vous ?"

"Sur moi ? Je ne suis qu'une noble femme née d'un père astorg et d'une mère elfe ! Aprés de récents événements j'ai hérité de mon défunt père qui décéda, vous m'excuserez si je n'ai pas vraiment envie de détailler ce passage. Sinon que puis je vous dire d'autre ? Je suis également la conseillère de Kriisten ! Même si avant j'ai..."

La jeune femme se stoppa net avant de dire quoique ce soit. Elle n'allait pas dévoiler son passé d'amazone tout de même, une amazone ne doit jamais se montrer comme telle et encore moins quand on ne l'est plus ! Elle pourrait terriblement s'en vouloir si des informations secrétes venaient à sortir de sa bouche. Muria pourrait aussi décider de l'arrêter pour espionnage même si sa désertion était déjà passible de sanction mais la reine Philéa s'était montrée clémente pour préserver son alliance avec Storghein. Aprés ce moment de réflexion, elle reprit.

"Même si avant je n'ai jamais été trés heureuse vis à vis de mon père, je n'aime pas dire ça mais je suis bien mieux sans lui. Ma vie n'est pas aussi glorieuse que peut l'être la votre cher Thétis mais je m'emploie à redorer le blason de ma famille et de servir l'Oblat."

Le thé était particulièrement délicieux songea le jeune homme avec un sourire non contenu. Ces derniers temps, il avait tendance à demander à ses gens de se surpasser dans l'originalité et ces derniers s'étaient bien aimablement prêtés au jeu, accordant les divers thés au goût de leur P'yra chaque jour un peu plus. Des plus exotiques aux plus doux, des plus parfumés aux plus fruités, Thétis appréciait leur talent et leur volonté de bien faire si bien qu'il allait les remercier chaque jour pour leur travail. Sans réellement comprendre pourquoi, ces derniers semblaient apprécier grandement cette marque d'attention que le jeune homme estimait pourtant des plus normales. C'était au final à se demander comment vivait jusque là Tutnesi ou encore, comment s'adressaient à eux les autres Tribuns et divers nobles qui pullulaient dans la cité. Cela ne le concernait pas mais il avait remarqué que son propre fils, Titouan, avait tendance à se comporter comme ces rustres si bien qu'il était ravi de voir Elmyre lui enseigner les mêmes valeurs qu'à lui-même. Aux yeux du jeune Almer, il était essentiel que son jeune héritier soit exempt de tout et parfaitement capable de vivre dans une société mouvante tout en s'adaptant. Titouan était vif d'esprit, malgré son jeune âge que Thétis oubliait bien souvent, il comprenait rapidement les directives et était en mesure de s'adapter relativement aisément.

L'ombre d'une seconde, le jeune P'yra eu l'impression d'avoir gêné la jeune femme avec ses questions quelque peu dérangeante mais il ne s'en excusa pas pour autant. Sa mère lui avait en effet appris que s'excuser dans ce genre de situations était d'autant plus source de malaise que s'il laissait faire les choses. La situation, si elle devait s'envenimer ou se calmer, évoluerait d'elle-même. Dans tous les cas, son interlocuteur prendrait le parti de lui dire ce qu'il souhaitait et de taire le reste, mieux valait éviter en conséquence de décourager l'interlocuteur à s'exprimer. Il se doutait de toute façon que l'Astorg était suffisamment maligne pour ne lui avouer que ce qu'elle voudrait et pour taire le reste. C'était dommage au fond car le jeune homme était d'une curiosité dévorante ! Tandis que l'érudit réfléchissait avec calme à la situation, sa magnifique interlocutrice reprit la parole pour expliquer la raison de sa présence. Il l'écouta avec attention, plongeant son regard dans le sien tout en amenant une nouvelle fois la tasse de thé à ses lèvres. Aujourd'hui, les cuisiniers s'étaient particulièrement surpassés, le thé était finement parfumé à l'orange et des épices rehaussaient le tout.

« Je vous rassure, notre chère cité se porte parfaitement bien. » débuta-t-il dans un large sourire, « Sa Majesté ne peut venir en ces lieux de peur de détruire l'ordre du Tribunat, cependant, je suis ravie que telles soient nos lois car votre visite m'enchante. Soyez assurée que nous veillons sur Erathia et si quelques troubles mineurs retiennent aujourd'hui ce cher Meliant, il ne s'agit là que de broutilles. »

Il pensait chacun de ses mots car à ses yeux, Erathia était le havre de paix qui permettait la sauvegarde de ce monde. De plus, il souhaitait sincèrement rassurer la jeune femme car si l'Oblat en personne se posait des questions sur la fiabilité de son ancien Consort, cela pourrait poser problème pour la suite, mieux valait donc prévenir que guérir, Thétis ne souhaitant pour rien au monde perdre ce qu'il avait eu tant de mal à gagner sur ces terres. Il était évident que le thé était au goût du P'yra mais après avoir parlé, il se questionna sur sa jeune compagne. Appréciait-elle la boisson ? Il n'osa pas lui demander de peur de la froisser.

« Les livres traitent de beaucoup de choses mais j'ignorais qu'ils s'intéressaient à ma vie pourtant si ordinaire. Je crains de vous décevoir très chère mais ma vie se résume au rôle que mon peuple et mon dieu m'ont octroyés. Je ne suis rien qu'un homme, les titres que l'on me prête n'y changent rien, je suis un amant pour celle que j'aime, et si des rumeurs courent à mon sujet, sachez-les désuètes, je suis un père pour celui qui me succédera un jour. Je ne sais que vous répondre ma chère amie , je puis peut-être vous avouer que je ne suis qu'un homme insomniaque rongé par la volonté de réparer les erreurs de son prédécesseur et par l'envie d'en apprendre toujours plus bien que cela ne soit pas un secret. Il n'y a derrière le masque, rien de plus que ce que vous voyez aujourd'hui. »

Thétis connaissait les rumeurs qui trottaient à son compte et s'il n'y prêtait guère attention, il savait néanmoins que le peuple le faisait. Les gens l'aimaient car, le Bénu soit loué, il était la réincarnation d'un dieu, il était celui qui était venu les sauver du tyran et de la folie de ce dernier. L'Almer n'était pas quelqu'un de difficile, il ne montrait au monde que la vérité et cela sans doutes faisait sa renommée. Certes cachait-il en réalité ses défauts et certains de ses secrets par tactique mais cela, la jeune Astorg n'avait pas à le savoir. De ce monde, seule sa mère et Talia, sans doutes, devaient connaître ses secrets comme ses points faibles et sans doutes en ignoraient-elles certains, à n'en point douter. Le Tribun sourit timidement, ne sachant que trop bien ce que la jeune femme cherchait à lui faire dire et, sans plus de détours, il expliqua simplement :

« Vous me semblez avoir une idée précise de ma personne, soyez rassurée, je satisferais votre curiosité avec grand plaisir si vous le souhaitez cependant, sachez que je ne suis rien de plus qu'un homme ordinaire que le saint Bénu, dans sa mansuétude, a choisi pour guider son peuple. Il ne se passe aucune journée sans que mes pensées ne soient accaparées par mon peuple ou mes proches. Mon seul haut fait consiste à avoir pris la place de celui qui ruinait tant son peuple que son image et si cela fut un honneur pour moi, je n'hésiterais pas à réitérer mon œuvre. Il est de mon devoir de faire en sorte que jamais plus le sang Almer ne soit souillé et cet homme, où qu'il soit, faisait partie des menaces pour notre peuple. Je n'ai été que l'instrument du Bénu ! Mais je m'égare ma douce, voilà que mon monologue semble vous gêner, je me trompe ? Soyez franche, vous ne craignez rien en ma compagnie. »

Il regrettait de s'être laissé emporter par son propre discours cependant, il semblait rassuré de voir que la messagère de la reine du nord avait apprécié son discours mais ne voulait ni la brusquer, ni l'embêter avec ces vieilles histoires ou même de façon générale, avec ses dires. Elle prit la parole à son tour et il se rendit compte de son manque de politesse et de galanterie. La belle demoiselle était ainsi une métisse mais il devait admettre que ses origines mixtes donnaient un mélange agréable … Cependant, il était regrettable que la belle eut des origines Elfe, le P'yra n'en fut que plus déçu bien qu'il n'en montra rien. Ce peuple sylvestre s’infiltrait donc partout, aussi bien chez les plus nobles que dans le bas peuple. Pour autant, Thétis ne fit pas part de sa colère envers eux car il était connu pour sa galanterie et surtout, pour ses douceurs envers Nalween, celle-là même qui avait mené son peuple à sa perte. Il se forçait bien que cela n'eut jamais pu être remarqué par qui que ce soit, mais au fond de lui, il rendait coupable cette garce d'avoir séduit Tutnesi Moah Ibel en personne et d'avoir anéanti leurs peuples. Cependant, l'homme avait eut sa vengeance en exécutant son fils et en volant le deuxième, l'élevant sous ses yeux de plus, elle avait tout perdu à cause de lui bien qu'elle en soit totalement inconsciente. Rusé, intelligent et tacticien, Thétis avait su rendre aux siens leur grandeur d'antan là où le couple avait contribué à leur perte.

« M'est avis qu'une mère est le cadeau le plus exquis et le plus précieux que la vie puisse nous offrir, il est de notre devoir de répondre à ses attentes et de lui plaire. J'ai tenté depuis ma plus tendre enfance de rendre fière ma chère mère et rien n'est plus beau à mon sens que son doux sourire. Mais revenons-en à vous belle enfant, vous ne parlez que de votre père ma douce, qu'en est-il de votre mère ? » demanda-t-il en douceur.

Aux yeux du P'yra qui avait été élevé exclusivement par Elmyre, sa mère, cette dernière était la personne la plus précieuse à ses yeux. Il aurait tout fait pour lui complaire et aujourd'hui encore, il ne cessait de louer ses mérites et sa patience comme il ne cessait de quérir en elle moult affections. Il avait eu un père absent, muet et calculateur qui ne s'était intéressé à lui que pour mieux le surveiller et le faire assassiner si l'envie l'en lui prenait aussi considérait-il les femmes avec beaucoup plus d'attention et de douceur que les hommes. Seul son fils faisait exception bien entendu car Thétis s'était promis d'être le meilleur père qui soit.

« Cette chère Kriisten, que je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de rencontrer, a toujours su s'entourer des bonnes personnes. » ajouta-t-il avec sympathie, « N'ayez crainte, je compatis à votre douleur, allant même je dirais à la partager. Les pères ne sont finalement qu'une espèce en voie d'extinction dans le cœur de leurs enfants et l'on comprend aisément pourquoi vous m'en serais gré. Quant à vos nobles objectifs, sachez que là encore, je les comprends, allant même jusqu'à les partager. Je ne suis que l'humble serviteur de mon peuple et de mes nobles ancêtres. »

Il se tut quelques instants, laissant les minutes s'écouler, avant de laisser ses pensées vagabonder en paix lorsque, environ cinq ou dix minutes après, tandis qu'il finissait sa tasse de thé, dans le pâturage, sa mère pénétrait en compagnie de son fils. Les chevaux jusque là calmes s'écartèrent à l'exception d'Apis qui se tut et continua de paître tandis qu'Elmyre expliquait à Titouan les règles de sécurité en compagnie de ces animaux. En voyant la scène, Thétis ne put s'empêcher de demander à sa compagne :

« Ma chère, avez-vous déjà eu l'occasion de monter un pur sang ? »

Ashelia écoutait inlassablement le jeune homme parler, elle était comme captivée par ses paroles. Thétis devait envoûter et plaire à bon nombres de femmes, il savait s'y faire avec elles et il maniait les mots et la galanterie mieux que quiconque, aprés tout ce n'était pas n'importe qui. Aprés avoir repris une gorgée de thé, elle se demanda comment pouvait être la vie d'un Tribun qui plus est était P'Yra. Etait ce une vie confortable bercée dans la luxure et la richesse ? Ou était ce aussi ennuyeux et contraignant comme certains aimaient tant le dire ? La jeune femme se posait de nombreuses questions, la politique était un thème où l'intérêt devenait soudain fort intéressant et encore plus lorsqu'elle était en compagnie d'un homme si important que pouvait l'être le P'yra, celui ci même qui devait en connaître d'avantage sur tout ce qui pouvait se passer que la politicienne.

Pendant qu'Ashelia était plongée dans ses réflexions, le jeune roi continuait de parler de sa vie pour répondre aux interrogations de l'astorg. De ce qu'elle comprenait, la jeune femme en déduisit qu'un lourd poid pesait sur ses épaules et qu'il n'appréciait guère son père. Si l'on se fiait aux livres, tout séparait les deux hommes car l'un dirigeait d'une main de fer et avait causé la perte de son royaume tandis que le fils dirigeait d'un gant de velour pour sauver son peuple et restaurer ce qui a été perdu. Lorsque la jeune femme avoua ses origines elfiques, un sentiment de haine surgit chez Thétis. Il ne laissait rien transparaître mais il ne pouvait cacher ce qu'il ressentait face aux pouvoirs de l'Esprit, ce qui s'avérait être un don plutôt utile en politique. Une question du Tribun vint sortir l'astorg de sa silencieuse écoute.

"M'est avis qu'une mère est le cadeau le plus exquis et le plus précieux que la vie puisse nous offrir, il est de notre devoir de répondre à ses attentes et de lui plaire. J'ai tenté depuis ma plus tendre enfance de rendre fière ma chère mère et rien n'est plus beau à mon sens que son doux sourire. Mais revenons-en à vous belle enfant, vous ne parlez que de votre père ma douce, qu'en est-il de votre mère ? "

"Ma mère ? Et bien cela fait quelques temps que je ne l'ai pas revu et ça ne me manque pas plus que ça pour tout vous avouer ! Elle n'a jamais été trés présente pour moi et je n'ai jamais eu de lien particulier avec elle. Je ne l'ai revu dernièrement que pour les funérailles de mon père, elle doit désormais habiter la maison des Felidalia, à Silmarie j'imagine."

La conseillère n'aimait guère parler de sa mère, elle n'avait été qu'un triste fantôme de sa vie, elle n'avait jamais vraiment aimé père et s'était mariée avec pour seul but l'ascension social des Felidalia en échange de leur richesse. C'était sûrement la raison pour laquelle elle n'avait jamais été proche de sa fille mais comme dit si bien le dicton, il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu ! Même si le rêve d'une étreinte affective entre une mère et sa fille n'était pas prête de se produire dans l'état actuel de leur relation.

Aprés avoir fait l'éloge de l'Oblat de Storghein, Thétis fit une bien étrange demande à la jeune femme. Il se montrait charmant, sûrement charmeur et instructeur, qui ne rêverait pas d'avoir un cours de se part ! C'était un homme cultivé, bien loin des géants astorgs qui n'étaient pour la plupart que de simples rustres même si Ashelia leur était redevable car c'était grâce à eux que la forteresse des Neiges était la plus grande armée d'Azthia. La politicienne qui avait pris le temps de réfléchir donna sa réponse à l'almer.

"Ma chère, avez-vous déjà eu l'occasion de monter un pur sang ?"

"Il m'est déjà arrivé de pouvoir en monter durant mon enfance, j'en posséde d'ailleurs un mais comme vous pouvez vous en douter, je n'en fais plus depuis quelques temps. Le carrosse étant un moyen de locomotion beaucoup plus confortable que la selle d'un étalon. Mais pour tout vous avouer, je ne serai pas contre une petite ballade en votre compagnie si c'est ce que vouliez me proposer."

Le P'yra regardait du coin de l'oeil le cours d'équitation de son fils, le jeune prince qui montait en effet un magnifique pure sang avec un certain talent vu son jeune âge. Il devait certainement donner envie à son jeune père qui s'était empressé de parler des équidés à son invitée qui pensait avoir compris à quoi il voulait en venir. L'équitation devait être une tradition familiale, même si toutes familles nobles qui se respectent se doit de savoir monter un cheval, la famille Moah Ibel était particulièrement douée.

Nombreux étaient les princes qui ne se souciaient que peu de leur progéniture et de ce qu'il adviendrait d'elle une fois le trépas venu mais le P'yra n'était pas au nombre de ces derniers, préférant plus largement assurer l'avenir de son fils que de laisser le hasard et la bonne volonté des vivants guider ses pas. Dans ce monde qui n'avait guère voulu de lui, il s'était frayé un chemin à la force de son esprit et non des poignets aussi ne souhaitait-il pas les mêmes augures pour son rejeton si bien qu'il avait demandé à sa propre mère d'enseigner tout ce qu'elle jugerait nécessaire à l'enfant faute de pouvoir l'envoyer dans la célèbre école du Bénu, disparue avec sa chère cité. Il était un homme fier, entreprenant et espérait que Titouan en fasse de même. Si l'Almer était persuadé que l'école aurait fait de son unique héritier un homme de bien, il devait en son absence espérait que l'éducation de son ancêtre comme celle qu'il tentait de lui prodiguer suffirait à lui forger un caractère convenable.

Le jeune Tribun reporta son attention sur sa compagne, posant sur elle un regard bienveillant plein de douceur. Si son cœur allait sa jeune gardienne, il ne pouvait cependant s'empêcher de succomber aux charmes de la cité du Nord. Siobhan avait été la première jeune Astorg à le séduire, voire même au-delà, il lui avait juré fidélité autant que faire se peut dans leur relation et espérait la revoir un jour bien que leurs chemins furent totalement divergents. La jeune femme qui se tenait en face de lui avait bien des différences avec la jeune apprentie Templière et cependant, si elles semblaient totalement opposées, que ce soit au niveau physique ou sur le plan caractériel, cette Ashelia l'attirait particulièrement et attisait sa curiosité. Autant l'apprentie avait quelque chose d’inaccessible, de sauvage presque qui la rendait attrayante et fichtrement intéressante, autant la demoiselle qui partageait sa compagnie était relativement facile à cerner de prime abord mais recelait de mille secrets lorsqu'on se penchait un peu plus sur son cas. Le jeune Almer n'était pas de ceux qui se fiaient aux apparences, bien loin de là, il se prêtait bien souvent au jeu de la découverte et, s'il avait été tenté de dire que la conseillère était une fille facile dès le premier regard, il s'était extrêmement vite ravisé. Cette dame avait un caractère bien trempé, à n'en point douter, et elle avait également bien plus à offrir qu'un corps de rêve. Intelligente, curieuse, elle était le genre de personnes dont Thétis aimait à s'entourer en règle générale. Après tout, n'avait-elle pas réussi à lui soutirer des informations, aussi subtiles soient-elles, sur son passé si tortueux et sur ses intentions ? Le P'yra sourit à la demoiselle une nouvelle fois à cette pensée.

Le jeune homme sentit instantanément qu'il avait touché une corde sensible lorsqu'il s'était aventuré sur le domaine familial de la jeune Astorg mais pour autant, il n'était pas en mesure de regretter ses propos. Si elle s'était montrée plus que curieuse à son égard, il en avait fait de même par sincère intérêt et il trouvait malséant de retirer sa question maintenant que le sujet avait été abordé. Cela aurait pu être parfaitement interprété comme une offense voire même comme une insulte ce qu'il ne souhaitait pas. Le prince se contenta donc de sourire à la belle, espérant que cela l'apaiserait et lui ferait comprendre qu'il ne lui voulait aucun mal. L'Almer l'écouta sans un mot, ne souhaitant pas interrompre son monologue, aussi dur fut-il pour elle. Sa mère lui avait appris dès son plus jeune âge qu'il était bien plus heureux de réconforter une femme que de lui couper la parole, même si cet acte relevait d'une tentative de réconfort, Elmyre y voyait surtout l'expression même de la mauvaise éducation. Mieux valait entendre ce qu'elle avait à dire et aviser plutôt que de la mettre dans l'embarras un peu plus encore en se montrant grossier.

« Il est fort regrettable qu'elle ne se préoccupe pas de vous. J'ose espérer qu'elle sera là pour vous dans les moments les plus importants de votre vie, car malgré tout, une mère est un cadeau des plus précieux, qu'il se révèle épineux ou non. Oserais-je vous demander ma douce ce qui poussa votre mère à vous délaisser ? »

Thétis avait toujours eu une curiosité insatiable, que ce soit dans n'importe quel domaine, il se plaisait à tout connaître, à tout apprendre et les êtres vivants n'échappaient pas à cette règle. Avec douceur, il posa sa main sur celle de la belle Astorg et poursuivit, d'un ton qu'il voulait intentionnellement doux et chaleureux, sonnant comme une excuse mais tout à la fois comme une invitation à son égard :

« Mère a tendance à dire que certains ne devraient jamais engendrer, je partage malheureusement cet perspective et sans doutes votre mère s'entendrait-elle à merveille avec mon cher père. Quoi qu'il en soit, n'ayez crainte, je suis persuadé que malgré cet épine à votre pied, vous serez la plus douce et la plus merveilleuse des mères, comme le fut la mienne à mon égard. », il marqua une pause, posant un regard doux sur Elmyre qui aidait le garçonnet à tenir en scelle, avant de reprendre d'un ton presque taquin, « Suis-je bête, mon jeune âge me pousse à considérer que vous êtes célibataire mais sans doutes une femme aussi exquise que vous connaît-elle déjà les joies de la maternité ! Puis-je oser vous demander si votre cœur est déjà épris d'un bambin et votre main, promise au père de ce dernier ? »

De tous les Tribuns qu'Erathia eu connu, et même s'ils n'étaient que peu, Thétis était certainement le plus charmeur et le plus curieux de tous. Cadet de l'ensemble des cinq de près de trois ans, il ne s'en sentait pas le moins du monde gêné et jouait au contraire de cela comme d'un atout. Il oubliait néanmoins parfois les bonnes manières lorsqu'il se perdait dans ses pensées et dans le cours de ses paroles. Il aimait les femmes, il aimait tout savoir d'elles comme du genre humain en général et Ashelia ne faisait guère exception à ses yeux.

« Dois-je comprendre que vous venez de Silmarie ma douce ? » demanda-t-il avec un sourire malgré son appréhension à ce sujet, « Vous devez connaître Dame Nalween sans doutes ou Dame Eloween qui prit sa place voilà de cela quatre ans. Avez-vous eu la chance d'y vivre ? Dame Nalween ne cesse de parler de Silmarie si bien que je me meurs d'envie de visiter cette cité un jour ! Tout comme je suis curieux de voir les contrées glacées de Storghein au moins une fois dans ma vie. »

A nouveau, le jeune prince se perdait dans ses propos et dévoilait de lui cette facette si étrange de sa personnalité. Nombreuses étaient les femmes qui appréciaient cet élément de son caractère et nombreuses étaient celles qui craquaient pour lui en raison de son insatiable curiosité et de son côté tellement « enfantin ». En cet instant, il ressemblait beaucoup plus à un adolescent de dix huit ans un peu trop curieux qu'à un Tribun ou un P'yra mais fort heureusement, Thétis n'était pas de ceux qui prêtaient une attention particulière à ce genre de détails, bien au contraire, seules comptaient la bienséance et la bonne éducation, se montrer au naturel était ensuite une règle qui lui était chère.

« Veuillez excuser ma curiosité, je me plais à croire que tout en ce monde recèle de secrets et je n'ai de cesse que de chercher à les découvrir. » conclut-il avec légèreté.

S'il appréciait grandement la présence de la jeune femme, le P'yra n'avait eu aucun mal à deviner les intentions de cette dernière. Cela le chagrinait quelque part que les femmes qui venaient à sa rencontre ne recherche en lui qu'un homme à épouser. Il avait espérer qu'Ashelia soit attirée par autre chose que par son physique ou sa galanterie naturelle mais sans doutes là encore se trompait-il, d'autant qu'il n'était pas non plus indifférent à la belle demoiselle. Néanmoins, son statut lui interdisait de batifoler à sa guise et Elmyre avait insisté sur la nécessité de rester un homme de bien. Tutnesi voguait de femmes en femmes et sans doutes craignait-elle qu'il en soit de même pour son jeune protégé. L'aventure avec la Templière Astorg n'avait guère aidé sa mère à croire qu'il cherchait activement une femme.

« Mère me reproche souvent ma curiosité, selon elle, c'est l'une des principales causes de mon célibat » se prêta-t-il à avouer dans un rire amusé.

La demoiselle ne tarda pas à reprendre la parole et force était de constater que Thétis appréciait grandement passer du temps en sa compagnie. Il gloussa à l'entendre évoquer le carrosse et ne put s'empêcher de la voir comme une princesse. Il était amusant de comparer la seule princesse qu'il côtoyait à la conseillère de l'Oblat et il ne pouvait cependant s'empêcher de penser qu'elles étaient un parfait contraire et que Ashelia correspondait beaucoup plus à l'image qu'il se faisait d'une telle étiquette. Douce, calme, relativement jolie, elle était de loin bien plus à même de remplir ce rôle qu'Eléa qui paraissait totalement inaccessible et surtout, sauvage et rude.

« Si vous voulez bien me suivre. » dit-il en en lui tendant la main après s'être levé.

Il mena la jeune femme jusqu'au vaste parterre d'herbe où paissait désormais Apis que Titouan et Elmyre avaient décidé de laisser en paix. Le gamin s'occupait de brosser la magnifique robe de l'étalon qui semblait ne pas s'en préoccuper le moins du monde et broutait tranquillement tandis qu'Elmyre veillait au grain. Une fois à leur portée, Thétis se plaça de côté afin de présenter au mieux sa jeune compagne :

« Mère, je te présente Ashelia Felidalia Armstrong, conseillère de notre si estimée Oblat, ma chère Ashelia, je vous présente ma mère, Elmyre, et mon fils, Titouan, premier du nom. » tandis que l'enfant s'inclinait avec respect, l'homme poursuivit, « Je vous aurez volontiers laissé le loisir de chevaucher Apis mais sa fougue me paraît déplacée aussi, je vais chercher l'étalon de ma mère si vous me le permettez. »

Sans même attendre de réponse, le jeune homme partit en direction de l'entrée du corral où paissait tranquillement un magnifique étalon à la robe aussi noire que la nuit. Avril était l'étalon de sa mère depuis près de huit ans et cette dernière ne s'en séparait que peu mais elle concédait parfaitement à son fils de le lui prêter et ce, même si l'idée qu'il le confie à une inconnue ne lui plaise guère. Elmyre respectait le protocole, quand bien même son fils ne lui en aurait-il point voulu de lui refuser ce caprice. L'Almer apporta l'étalon à la demoiselle en lui tendant la bride.

« Une balade vous ferait-elle plaisir ? »

Toujours aussi charmant, le jeune Thétis n'avait pas l'air déçu de la compagnie de l'Astorg et l'on pourrait même aller jusqu'à dire qu'il en était plutôt ravi. Sa vie ne devait pas être aussi simple que ce que l'on pouvait penser, être P'yra ce n'est pas rien et beaucoup de poids devaient peser sur ses épaules encore si frêles et jeunes. Même si la réalité n'offrait pas les princes charmants des plus beaux contes, il fallait se l'avouer, l'almer n'en était guère loin. Tirant la jeune femme de ses réflexions, il reprit la parole d'une voix charmeuse.

"Il est fort regrettable qu'elle ne se préoccupe pas de vous. J'ose espérer qu'elle sera là pour vous dans les moments les plus importants de votre vie, car malgré tout, une mère est un cadeau des plus précieux, qu'il se révèle épineux ou non. Oserais-je vous demander ma douce ce qui poussa votre mère à vous délaisser ?"

"J'ai appris à ne plus me soucier de ce genre de problème. J'ai su m'en passer durant mon enfance, je saurai le faire encore aujourd'hui ! Les raisons ? La mort mon très cher Thétis, la mort. Mon grand-père allait très mal et après son décès, elle a préféré ne plus revenir dans les contrées astorgs. Elle a dû se réfugier chez les Felidalia de Silmarie je présume, ma visite dans la cité elfique commence à dater."

Cette soudaine pensée pour sa mère attrista la conseillère. Pour se protéger de son absence, elle s'était contentée de l'oublier mais ça n'effaçait en rien l'affection que l'on pouvait éprouver envers celle qui nous a donné la vie et le simple fait d'en parler avait raison de sa carapace mais ce n'était pas la première fois, il lui suffisait de passer outre et de ne pas laisser transparaître le moindre signe de faiblesse.

"Mère a tendance à dire que certains ne devraient jamais engendrer, je partage malheureusement cet perspective et sans doutes votre mère s'entendrait-elle à merveille avec mon cher père. Quoi qu'il en soit, n'ayez crainte, je suis persuadé que malgré cet épine à votre pied, vous serez la plus douce et la plus merveilleuse des mères, comme le fut la mienne à mon égard. Suis-je bête, mon jeune âge me pousse à considérer que vous êtes célibataire mais sans doutes une femme aussi exquise que vous connaît-elle déjà les joies de la maternité ! Puis-je oser vous demander si votre cœur est déjà épris d'un bambin et votre main, promise au père de ce dernier ?"

"Je ne connais malheureusement pas les joies de la maternité, ni celle du mariage. Je cherche l'amour, le vrai mais je désespère pour tout vous avouer car plus le temps passe et moins j'aurai de chance de parvenir à mes fins, mais je tiens tout de même à vous faire savoir qu'à défaut d'avoir porter un enfant, j'en ai adopté un ! Un jeune astorg d'une dizaine d'années qui se nomme Louca."

La question interpella la politicienne, pourquoi tenait il tant à savoir ce genre de choses ? Thétis était il marié ? Elle ne savait pas, tout ce dont elle était sûre était qu'il était le père de ce jeune garçon qu'il n'arrêtait pas de surveiller. En plus d'être un prince presque charmant, il était un bon père mais que pouvait on vouloir de plus ? Elle n'avait pas eu le temps de retourner la question qu'il reprit la parole.

"Dois-je comprendre que vous venez de Silmarie ma douce ? Vous devez connaître Dame Nalween sans doutes ou Dame Eloween qui prit sa place voilà de cela quatre ans. Avez-vous eu la chance d'y vivre ? Dame Nalween ne cesse de parler de Silmarie si bien que je me meurs d'envie de visiter cette cité un jour ! Tout comme je suis curieux de voir les contrées glacées de Storghein au moins une fois dans ma vie."

"J'y suis née mais je n'y ai guère séjourné plus de quelques jours. Des vacances de ci, de là au sein de ma famille maternelle mais rien de plus. J'ai passé mon enfance à Storghein, dans le manoir familial mais je n'ai pas toujours vécu là bas. J'ai également étudié au temple d'Ankdor mais ce style de vie n'était pas fait pour moi."

Ashelia n'y avait pas pensé auparavant mais elle venait de se rendre compte de sa bêtise : les almers haïssent la plupart des elfes depuis les funestes évènements s'étant déroulés sous leur alliance. La compagnie de la jeune femme allait elle lui être toujours aussi sympathique ? Elle n'aurait peut-être pas dû se livrer sans réfléchir aux conséquences mais c'était maintenant trop tard, le mal était fait ! Après quelques rires et sourires échangés, l'astorg avait plutôt de quoi se détendre. Il n'avait rien changé à sa façon d'être mais sa fonction ne l'exigeait elle pas ? La suite n'allant que dans un sens rassurant, le jeune homme accompagna sa convive du jour jusqu'à une étendue d'herbe d'où il la présenta à ses proches.

"Mère, je te présente Ashelia Felidalia Armstrong, conseillère de notre si estimée Oblat, ma chère Ashelia, je vous présente ma mère, Elmyre, et mon fils, Titouan, premier du nom. Je vous aurez volontiers laissé le loisir de chevaucher Apis mais sa fougue me paraît déplacée aussi, je vais chercher l'étalon de ma mère si vous me le permettez."

Dégageant une certaine élégance, Ashelia s'empressa dans un méli-mélo de révérence et de gestes courtois de respecter les règles d'usage si durement apprise. Elle ne voulait pas faire mauvaise impression face à la mère et le fils du P'yra, déjà qu'elle avait des origines plus ou moins dérangeantes pour ce peuple mieux valait se montrer sous son meilleur jour.

"Enchantée de faire votre connaissance Dame Elmyre. Thétis m'a longuement parlé de vous et en si grand bien que c'est un honneur d'enfin pouvoir vous rencontrer ! Je vous remercie de la grâce dont vous faites part à mon égard en me prêtant votre monture, je vous en suis infiniment reconnaissante. Enchantée également de vous voir jeune prince, vous êtes un excellent cavalier de ce que j'ai pu entrevoir et je ne doute pas de vos nombreuses autres qualités dont je n'ai malheureusement pas eu la délicatesse et le plaisir de découvrir, veuillez m'en excusez. "

N'ayant à peine remarquer l'absence du Tribun que ce dernier était déjà revenu aux côtés d'Ashelia mais accompagné de l'étalon d'Elmyre. C'était une magnifique monture, sûrement un pure sang plutôt calme et docile, sûrement était ce la raison pour laquelle on l'attribua à la politicienne. L'almer lui tendit la bride et l'invita pour une ballade équestre, invitation que la comtesse s'empressa d'accepter. Se trouvant désormais en tête à tête avec Thétis, l'astorg ne put retenir une question qui tourmentait ses esprits.

"Je tenais à vous remercier par cette délicate intention, cela me touche énormément. Une question me taraude depuis quelques minutes, tout à l'heure vous m'aviez demandé si j'étais célibataire mais je n'ai pas eu le temps de vous retourner cette question. Êtes vous célibataire ? Bien que j'en doute à la vue de votre enfant."

Edit Eléa : Attention, il n'y a pas eu d'alliance entre Elfes et Almers, ces peuples se détestent cordialement Wink

Il était des princes qui ne se souciaient guère de leur progéniture ou encore, de leurs proches, qu'ils soient de simples conseillers avides de pouvoir ou des amis sincères qui ne préoccupaient que de leur bien-être, mais pour sa part, le jeune Almer était très différent de ces arrogants et là résidait sans aucun doutes son irrémédiable succès. Il chérissait par dessus tout le Bénu qui lui avait offert la possibilité de vivre une vie pleine de richesses et prospère cependant, il ne souhaitait que la partager avec les siens. Le peuple Almer n'avait que trop souffert de la cruauté et de l'égoïsme de son prédécesseur. Aussi le jeune Tribun s'assurait-il malgré tout d'obtenir les appuis nécessaires qui profiteraient à son peuple et s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde à la belle conseillère, sa présence à ses côtés était grandement motivée par les bienfaits qu'elle pourrait leur apporter en plaidant sa cause à l'Oblat. En dehors de ce point fâcheux à avouer, Thétis devait bien admettre cependant que la demoiselle ne lui était pas indifférente. Plutôt jolie bien qu'elle n'ai rien à voir avec Siobhan, elle possédait un certain charme en dehors de ses origines Elfique. Sans savoir pourquoi, le jeune homme trouvait qu'Ashelia lui rappelait nombre de femmes qu'il avait connu dans sa vie. Il voyait en elle un peu de Nalween mais également sous un certain angle, de sa mère, Elmyre, ou encore, de Siobhan mais rien malheureusement de sa chère Talia. La jeune femme avait été tellement pervertie par son prédécesseur qu'il craignait ne jamais pouvoir lui rendre sa féminité et plus encore, son humanité. Quoi qu'il en fut, la belle conseillère du Nord lui rappelait à s'y méprendre nombre de ces femmes qu'il avait aimé ce qui expliquait sans doutes qu'il fusse capable de passer outre ses origines métissées. Tiré de ses pensées par la voix suave de la belle, l'Almer posa un regard courroucé sur elle en l'écoutant.

« La mort change les vivants, sans doutes ne devriez-vous pas juger hâtivement votre mère, il est dommage de se séparer lorsque l'on connaît la puissance du lien qui unie une famille. », il modifia le ton de sa voix pour la faire plus douce, presque peinée, avant de reprendre, « Je présume certainement cependant de votre relation, il est vrai que mon expérience personnelle ne m'a pas laissé sans croire que certains ne devraient jamais engendrer. »

Il fut quelque peu rassuré sans pouvoir mettre un terme sur cette sensation lorsqu'elle lui avoua ne pas être retournée dans sa contrée natale depuis fort longtemps. Comme tout Almer, et ce, bien que sa propre mère eut tenté de lui apprendre la tolérance, il n'appréciait que peu les Elfes. Certes trouvait-il son père relativement injuste envers celle qui lui avait offert des descendants, cependant, il ne parvenait pas pour autant à réellement la plaindre. Nalween avait un bon fond, il n'avait que pu le constater au fil des années en sa compagnie, cependant, il demeurait en lui une haine viscérale pour son peuple bien qu'il sache pertinemment que cette haine avait pour source son père, ce qui ne l'agaçait que plus encore. Ses pensées allaient et venaient et il préféra se focaliser sur l'instant et sur la jeune fille plutôt que sur ces désagréables points. L'Almer remarqua la tristesse passagère qui illumina le visage de la conseillère, cependant n'osant pas accentuer cette dernière et se sentant quelque peu maladroit, Thétis préféra s'abstenir de commentaire et alla même jusqu'à regretter d'avoir amené le sujet. Lui-même était désarmé et bien trop souvent agressif lorsqu'on parlait de Tutnesi.

Il se rendit compte à l'instant même où Ashelia accepta de répondre à sa question qu'elle était indécente et cela ne manqua pas de teinter ses joues de rosée bien qu'il détourna le regard une seconde pour en faire disparaître les effets. Il sourit à la demoiselle chaleureusement avant d'ajouter d'un ton courtois :

« Mère m'a toujours appris que le grand amour ne frappait à notre porte qu'une seule fois mais qu'il n'y avait pas de crainte à avoir car on le reconnaissait tout de suite. Et je puis vous assurer que la filiation n'est rien sans amour, cet enfant est le votre, quand bien même ne l'auriez-vous point porté vous-même. Il a de la chance de pouvoir grandir à vos côtés. Oserais-je vous demander ce qui motiva votre choix à son égard ? »

Lui même s'estimait être un bon père pour Titouan, quand bien même cela n'était-il pas été aussi réel que cela pouvait paraître. Il était de toute façon meilleur père que n'avait pu l'être le sien et quoi qu'il advienne, il était évident qu'il serait prêt à beaucoup plus de sacrifices pour le petit Almer que son prédécesseur avait pu en faire pour lui dans son enfance ou son adolescence. Fort heureusement, Elmyre avait su combler à merveille sa solitude.

« Vous avez manifestement l'expérience de bien des vies, je vous envie grandement, moi qui n'ai connu que la douceur de la noblesse. Je n'ai jamais eu l'occasion de converser avec un Templier et je ne sais que peu de choses à leur égard. Pourquoi avoir quitté cette vie pour l'Oblat ? » demanda-t-il avec curiosité.

Avec douceur, Elmyre accueilli la jeune femme. Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme avait toujours été des plus tolérantes et si elle n'était que peu parvenue à faire partager ce sentiment à son rejeton, elle était cependant ravie de voir qu'il appréciait une jeune femme aussi délicate, bien loin de l'image que donnait l'assassin qui vivait en permanence à ses côtés. L'Astorg se présenta avec grâce et élégance à sa mère et son héritier et comme à son habitude, Elmyre fut des plus attentionnées à son égard quant à Titouan, l'enfant regarda la demoiselle avant de s'en détourner ce qui ne manqua pas de faire sourire son père. Le gamin avait décidément tendance à n'accepter personne dans sa sphère familiale si bien qu'il rejetait, en dehors de Talia et d'Elmyre, toute autre présence, qu'elle fut masculine ou féminine, qu'elle fut douce ou dangereuse.

« Je vous prierais d'excuser mon fils, à son âge, on a tendance à considérer toute personne étrangère comme un ennemi pour son propre monde »

La jeune femme saisit la bride d'Avril sans hésiter et l'enfourcha avec une aisance plutôt surprenante pour quelqu'un qui prétendait ne pas avoir chevauché depuis longtemps. L'étalon était moins puissant que le sien mais surtout beaucoup plus paisible. A peine eut-il lui-même enfourché Apis que ce dernier tenta une petite échappée pour partager un moment en tête à tête avec son maître mais ce dernier plaqua ses talons sur l'animal et le força au calme, non sans obtenir des hennissement de contestation de sa part. La balade débuta ensuite sans accroc et si le corral n'était pas des plus petits, il ne faisait pas non plus quinze hectares aussi Thétis ralentit-il pour s'intéresser plus encore à la jeune femme et, surtout, à ce qu'elle pourrait apporter à son peuple et à lui-même. Il dut avouer que sa question le surprenait mais il apprécia son audace.

« Je vous en prie, il est naturel de passer du temps avec les personnes que l'on apprécie ma demoiselle. » répondit-il avec un sourire, « Je n'ai pas trouvé le grand amour si c'est ce que sous-entend votre question. Plus exactement, il se trouve que la mère de Titouan ne partage guère mes sentiments aussi puis-je répondre par l'affirmative à votre question. Il est malheureux d'avouer être célibataire à mon âge vous en conviendrez certainement mais je préfère cela à être mal accompagné. Mon fils aurait trop à souffrir d'une telle situation. » il marqua une pause avant de poursuivre, « Je ne désespère pas de trouver la compagne qui partagera mes jours, j'espère qu'il en est de même pour vous, m'est avis que nous sommes trop jeunes pour prendre peur. », il eut un sourire avant de conclure, « Je vous prie de m'excuser, j'aurais volontiers bavarder avec vous plus encore mais mon devoir exige ma présence. Cependant, je dois admettre que je suis curieux d'en apprendre plus sur vous »

Avec élégance, il descendit de l'étalon qui s'ébroua de mécontentement sous les caresses de son maître et, une fois que ce dernier eut lâché sa bride, il trottina au fond du corral. Thétis approcha Avril et, tout en tenant la bride de ce dernier d'une main, il proposa galamment sa main à la jeune femme pour l'aider à descendre.

« Je vous convie à mon dîner » annonça-t-il sans lui laisser l'occasion de rétorquer, « Soyez ponctuelle, je n'apprécie guère d'attendre. »

[ J'espère que ça te va, je quitte donc ce rp ! ]

Le jeune P'yra ressemblait en de nombreux point à la belle conseillère du nord. Tous les deux n'avaient guère étaient gâtés par Mère nature et leurs parents n'excellaient pas vraiment dans la tâche qui leur avait été incubé, bien qu'Elmyre semblait être une mère parfaite ce qui faisait défaut à la jeune astorg qui n'avait qu'un père avare de richesse et une mère prestigieuse. Ashelia n'avait jamais aimé parler de ses parents, elle n'en avait d'ailleurs que rarement l'occasion vu le peu d'affection et de présence qu'ils lui offraient mais ça, c'était avant. Désormais, elle était une femme accomplie, la mère d'un jeune garçon, la comtesse Armstrong et qui plus est, la conseillère de l'Oblat. La discussion continuait bon train jusqu'à ce que Thétis la questionne sur les raisons de l'adoption de Loucas, question à laquelle elle se fit une joie de répondre.

"J'ai rencontré Loucas lors d'un voyage, il était seul et blessé. Je l'ai alors pris sous mon aile le temps qu'il retrouve la santé et je n'ai pu m'empêcher de réclamer son adoption, un lien venait de naitre entre lui et moi, je ne voulais pas l'abandonner aprés tant de temps passé en sa compagnie. Titouan et Loucas pourrait d'ailleurs passer un peu de temps ensemble si l'idée ne vous déplait guère, c'est important pour les enfants de cotoyer des jeunes gens de leurs ages."

La jeune femme aimait parler de son jeune fils dés que l'occasion se présentait, sûrement son côté maternel qui ressortait mais quel parent ne serait pas heureux et fier de ses enfants, si ce n'est un monstre ? Les affaires de familles étant classées, le P'yra redirigea la conversation à propos de l'ancienne vie de la politicienne, celle où elle n'était qu'une templière parmi tant d'autres et il n'avait pas manqué de lui demander le pourquoi de ce changement si radical de templière à conseillère.

"Et bien mon cher Thétis, pour tout vous avouer j'avais envie de changement. J'ai sûrement hérité de l'ambition paternel et la vie au Temple ne laisse guère de place à la moindre ambition ce qui m'empêchait de m'épanouir comme la plupart de mes camarades. La mort de mon père m'a apporté bien des choses : la gloire , la richesse et mon poste de conseillère. Mon ambition ne pouvait être que plus satisfaite ! Voilà la raison pour laquelle j'ai décidé de reprendre la vie à laquelle mes origines me prédestinaient ."

L'étalon monté par la politicienne était d'une tranquillité impressionnante, les purs-sangs étaient réputés comme impulsifs mais Avril n'était pas de ceux là mais il suffisait de voir l'étalon que Thétis montait pour voir s'avérer cette réputation. Le chemin traversait par l'astorg et l'almer se faisait de plus en plus sinueux, les pas chaloupés des chevaux faisait trémousser Ashelia sur sa selle ce qui ne manquait pas de l'amuser quelque peu. Ils avaient entamé le sujet des amours et la jeune femme sentait bien le désarroi qu'éprouvait le jeune homme, elle n'aurait pas dû débuter sur ce sujet trop intime pour leur relation naissante. Ils rebroussérent chemin par la suite et le P'yra fit une déclaration bien surprenante auprés de l'elfette mais à laquelle elle répondit des plus cordialement.

"Ne vous inquiétez pas, je ne sais que trop bien les devoirs et les obligations qu'exigent des fonctions importantes. Je devrai d'ailleurs retourner voir si Meliant est disponible, j'aimerai régler cette affaire au plus vite."

Ce soir là allait être des plus jouissifs pour Ashelia, un dîner avec le P'yra ce n'était pas rien ! Elle allait d'ailleurs devoir s'y rendre dans la plus grande discrétion, une elfe qui se rend dans les appartements privés d'un puissant almer n'était pas sans déclencher de nombreuses polémiques et elle tout autant que lui se passerait bien de ce genre de problèmes qui pouvaient sans aucun doute lui coûter son poste au Conseil. Elle allait partir comme si de rien n'était avant de conclure par ces quelques mots suivi d'un sourire :

"J'oubliais, je suis ravie de venir dîner en votre compagnie ce soir. Merci beaucoup Thétis."

[Désengagée!]

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