[FE-flashback] Une brûlante tasse de thé [Thétis] [Fini]

Le temps filait à une vitesse folle, la fin de l'été était si proche. Siobhan ne l'avait vraiment pas vu passé. Entre ses entrainements au Temple, ses cours et les petites missions qu'on acceptait de lui confier, elle n'avait pas eu une minute à elle. Cela faisait deux ans qu'elle menait cette vie là et ça lui plaisait. Elle se sentait plus forte que jamais et Hilina lui avait, une fois de plus, confié une grande mission – enfin treize, mais les les douze autres étaient de l'ordre plus personnel – et cette fois-ci la jeune fille comptait bien réussir. La dernière fois, Sio n'était pas assez préparée, trop jeune, pleine d'illusions d'enfants, n'ayant jamais fait face à la mort. Aujourd'hui, l'apprentie Templière avait muri et se sentait prête à montrer de quoi elle était capable. Hilina n'avait qu'à bien regarder. Elle allait être fière de sa Championne quoiqu'il en coûte.

Une nouvelle mission venait de lui être confiée. Enfait, non, pas nouvelle. La même que la dernière fois, à vrai dire. Encore une missive à porter à la Princesse Amazone. Le papa pourrait quand même se déplacer lui-même, avait envie de dire la demoiselle, mais bien entendu, elle n'en fit rien. Si elle pouvait échapper aux cours magistraux pendant quelques jours, c'était pas plus mal, sans compter qu'elle avait reçu, il n'y a pas très longtemps une lettre du jeune homme qu'elle avait rencontré à Erathia. Enfin jeune homme... Façon de dire. Thétis était quand même P'yra et accessoirement Tribun. La missive avait d'ailleurs laissé Sio sur le cul. Jamais elle ne se serait attendue à ce qu'il lui écrive et encore moins à ce qu'il l'invite à passer le voir lors de sa prochaine visite de la Lumineuse. Non mais sérieusement, un gars si important qui écrivait à une pauvre et insignifiante apprentie Templière pour la convier à boire une tasse de thé en sa compagnie, ya de quoi vous faire stopper le cerveau pour quelques heures. M'enfin, Siobhan verrait ça une fois sa mission accomplie.

Il faisait bien plus chaud dans la cité que la dernière fois qu'elle était venue. La demoiselle s'était vêtue d'un short qu'on aurait pu croire rétrécit au lavage et pour le haut, comme d'habitude. Elle avançait dans les rue d'Erathia sur le dos de Ryk sans se presser. En même temps si s'était pour se faire jeter par l'Amazone comme la dernière fois, ça valait pas le coup d'aller plus vite. Siobhan ne cherchait même plus Kyle. On l'avait mal renseigné la dernière fois. Il se trouvait toujours à Cydonia, espion pas si espion que ça chez les Zelotes. Il était bien gentil, son ancien Maître, mais s'il ne se décidait pas à sortir un de ses quatre de la cité, jamais la demoiselle ne pourrait le revoir. Il ne l'avait tout de même pas oubliée, hein !

Le courrier fut livré. Un des gardes du Tribunat se chargea de le remettre à Eléa. Sa tâche était terminée. Maintenant Siobhan se retrouvait livrée à elle même, juste devant la bâtisse. Elle ressortit la lettre de Thétis, pour vérifier une énième fois que c'est à elle qu'il l'avait adressée. C'était bien le cas. La jeune apprentie hésitait. C'était vraiment trop étrange de se présenter devant les appartements du P'yra en disant « Coucou, c'est moi ! » et en même temps... C'était tout de même un grand honneur que d'être invité par une personne d'un si haut rang, sans compter qu'il lui avait sauver la mise lorsqu'elle s'était mit Joris à dos. Il serait vraiment mal poli qu'elle ignore l'invitation du garçon.

Siobhan se dirigea donc vers le quartier résidentiel du Tribun, un peu hésitante. A l'approche de l'endroit elle descendit de sa monture et s'avança timidement vers les gardes. Qu'est-ce qu'elle allait pouvoir le dire ? Comment allait-elle se présenter ? Après tout, la demoiselle n'était personne... Enfin, si elle se faisait chasser, elle pourrait au moins se dire qu'elle avait essayé.

« Heu... Bonjour. Je me nomme Siobhan. Serait-il possible de voir Seigneur Thétis ? Il m'a invitée et euh... »

Qu'ajouter de plus ? Elle avait tout dit et n'avait pas de raison particulière de venir le visiter aujourd'hui. Peut être qu'il était occupé, peut être qu'il ne pourrait pas la voir. Sio ne se sentait vraiment pas à l'aise dans ses pompes pour le coup. Qu'est-ce qu'elle foutait là, sérieusement ? Elle n'aurait pas dû venir. L'Almer était certes charmant, pas désagréable à regarder, mais tout deux ne faisaient pas partie du même monde et Sio ne se sentait pas capable de se hisser aussi haut. Les manières, la politesse et tout le reste, ça ne lui parlait pas.

[ Je suis désolé, je n'avais pas vu que tu avais mis en ligne le sujet ! ]

Il fut un temps où les princes n'avaient guère à quémander pour obtenir les faveurs des jeunes femmes, un temps où, d'un claquement de doigts de ces hommes capricieux, un destin pouvait être brisé. Fort heureusement, le temps de ces princes était désormais révolu si bien qu'aucune donzelle n'avait à craindre la noirceur de leur âme et l'impureté de leur demande. Si Thétis était un prince, il ne se serait jamais permis d'en être de cette espèce, préférant s'en remettre aux dieux pour chaque choix qui s'offrait à lui. Par horreur, il ne se serait jamais permis de porter la main sur une femme non consentante car il n'était prince que par la grâce des dieux.

Tandis que la saison ne faisait encore que commencer quelques semaines plus tôt voilà que, logiquement, elle prenait fin dans la chaleur écrasante de ce début de semaine. Si l'Almer était habitué aux températures particulièrement chaudes du désert, il avait néanmoins du mal à supporter ce taux d'humidité qui rendait moite chacun de ses mouvements, aussi princiers soient-ils. Les séances au Tribunat s'étaient faite un peu plus rares, avec ces chaleurs, il était évident que les criminels, aussi rares soient-ils en temps ordinaires, ne courraient pas les rues si bien que le P'yra pouvait enfin s'adonner à ses vacations préférées. Lire, s'instruire, écrire, le temps le lui permettait enfin si bien qu'il n'avait guère vu ce dernier filer comme la laine au bout d'une aiguille.
Cloitré à l'intérieur de ses quartiers privés, le jeune homme se retira dans la petite chapelle qui juxtaposait sa chambre pour prier.

« Et je remets ma vie entre vos sages mains Ô dieu des dieux »

De toute temps, d'aussi loin que remonte sa mémoire, Thétis avait toujours terminé ses prières par cette même phrase, conscient que seuls les dieux décidaient du destin des hommes. Les dieux l'avaient fait prince, et s'il devait sacrifier ce qu'il avait de plus cher pour le demeurer au nom de ceux qui souffraient la misère et la maladie, pour les protéger et leur garantir une écuelle et un toit, il n'hésiterait pas une seule seconde à bruler vif femme et enfant, pour peu qu'il ne soit pas les siens.
Tandis qu'il sortait de la petite chapelle étriquée, un petit garçon vint à sa rencontre et, dans un doux sourire, lui demanda ce qu'il faisait. Patient et d'une voix calme, le Tribun ne manqua pas de lui expliquer qu'il priait les dieux et que, lui aussi un jour se devrait de leur rendre la pareille. L'enfant, perplexe, ne sembla pas comprendre l'ampleur et la portée des mots qui sortaient de la bouche de son père mais sa ferveur semblait cependant lui transmettre le sentiment que, même s'il n'était pas encore à même de comprendre la portée de ses paroles, elles étaient de la plus grande importance. Une porte derrière eux s'ouvrit tandis que le petit Titouan demandait un câlin à son père qui s'exécuta de bonne grâce. Amusée par la scène, Elmyre n'hésita pas un instant à taquiner ce qui fut un jour son petit garçon, qu'elle avait protégé de son mieux jusqu'alors. Thétis entra dans la ronde et n'hésita pas une seconde à répondre du même ton amusé à sa mère tant et si bien que la joute verbale qu'ils avaient entamé ne manqua pas de perdre un peu plus le cadet de la scène. Après quelques minutes délectables qui avaient tendance à manquer au P'yra lors des absences de sa mère comme depuis qu'il avait quitté ses jupons protecteurs, furent interrompues par le gamin qui réclama à corps et à cris son repas. Avec fermeté, Elmyre lui enjoignit de se calmer et ils quittèrent la pièce, laissant Thétis seul.

Plongé dans la lecture d'un ouvrage des plus précieux, le jeune homme ne fit pas attention à l'arrivée discrète de son assassin personnel. La jeune femme attendait patiemment qu'il termine la page qu'il parcourait du regard et qu'il cesse de prendre des notes pour prendre la parole. Une jeune femme du prénom de Siobhan attendait en bas et désirait le rencontrer, prétextant qu'il l'avait invitée à prendre le thé. Diantre ! Il n'avait aucun souvenir de cette femme !
Un coup d'œil par la fenêtre et son regard se posa sur la créature à la chevelure de blé qu'il avait sauvé des griffes du Consort quelques semaines, voire mois, plus tôt. Si son prénom avait été délesté de sa mémoire, il se souvenait parfaitement de cette chevelure et surtout, des belles formes qui l'accompagnaient. Il fit signe à Talia de prévenir les gardes de son accord et, en attendant qu'elle monte jusqu'au deuxième étage où se trouvait le salon privatif qu'il réservait à ses invités de marque, il se hâta de préparer les lieux. Il avait commandé à l'une des servantes, dans le plus beau sourire qui soit, un service à thé et avait demandé à ce qu'elle prévienne les cuisines de son envie de petits gâteaux et du meilleur thé qu'il soit. Sans demander son reste, la demoiselle quitta les lieux pour satisfaire le prince au plus vite. Amusé, Thétis n'en oublia pas néanmoins son invitée et, par pure politesse, il alla ouvrir la porte pour l'accueillir.

Vêtu comme à son habitude, il n'avait pas pris la peine de se peigner bien que sa tignasse en eu sincèrement besoin après ces heures de prières. Il se contenta négligemment de passer sa main dans ses cheveux pour les dompter quelque peu, inconscient de l'effet qu'il produirait sur sa jeune invitée car les femmes ne l'avait jamais grandement intéressé, lui qui jugeait leurs babillages si futiles. Pour autant, les années de politesse inculquées par sa mère ne manquèrent pas de lui rappeler de sourire et ce fut d'un ton doux qu'il demanda :

« Ravi de vous revoir ma chère Siobhan, avez-vous fait bonne route ? », puis, une fois sa main tendue vers la belle Astorg pour l'inviter à entrer, il ajouta, « Puis-je savoir ce qui me vaut l'honneur de votre visite ? »

Ce qui lui valait l'honneur de sa visite ? Siobhan en resta coite, ne sachant que répondre à cela. « Heu... comment dire, mon gentil, mais c'toi qui m'avait invitée à venir boire un thé. Enfin, j'dis ça, j'dis rien... », la jeune fille ne pouvait décemment pas sortir ça au P'yra. Rah ! Pourquoi est-ce qu'elle s'était déplacée ? Jamais elle n'aurait dû mettre les pieds ici ! Sio savait bien que c'était une mauvaise idée, mais n'avait pas pu s'empêcher de venir fourrer son nez dans les appartements de l'Almer. La jeune fille souffla doucement avant de décrocher un splendide sourire au garçon.

« Hé bien, je suis venue vous remercier de votre invitation. C'est très aimable à vous de m'inviter à boire une tasse de thé. »

Sio s'avança, prenant un peu plus la confiance. En même temps, c'était ça ou c'est ses jambes qu'elle prenait à son cou pour fuir l'endroit aussi vite que possible, ce qui en aurait donné un coup à la fierté de la demoiselle. Bref, il lui fallait paraître décontractée, comme si l'humiliation de tout à l'heure n'avait jamais eu lieu.

Thétis invita la jeune apprentie à venir prendre place sur les luxueux canapés, tandis qu'un domestique se chargeait de leur apporter à boire. Le temps s'écoula ainsi, entre discours enflammés et sourires. Siobhan se sentait bien en présence du garçon, détendue, sereine. Il avait le don de la mettre à l'aise et provoquer une envolée de papillons dans le creux de son ventre.

Une main caressant ses cheveux, effleurant sa joue, le P'yra était décidément très tactile. Ça ne déplaisait pas à Siobhan, qui se laissait faire, docile. Peut être était-ce la magie de l'instant ou le thé qui échauffait leur corps – on sait jamais... - mais dans tous les cas, les caresses se firent plus poussées. Un dessin effectué du bout des doigts sur une cuisse, une bouche gourmande dans le creux d'un cou. Autant dire que l'ambiance devenait vraiment chaude.

Pour préserver les âmes sensibles, on ne relatera pas ce qu'il y a eu par la suite. En tout cas, les canapés des appartements du P'yra s'en souviennent encore. Deux corps moites enlacés, deux respirations effrénées, un instant d'égarement et d'oubli.

« Hé bien, à bientôt... »

C'est une Siobhan rouge pivoine qui venait de saluer l'Almer en inclinant la tête. La jeune fille aurait voulu disparaître sur place, effacer tout et disparaître encore. Elle venait de goûter pour la première fois au délice d'une étreinte avec un homme, et pas n'importe quel... Il avait fallut que ce soit le P'yra... Enfin bon, après un dernier sourire de gêne, Sio prit ses jambes à son cou et disparu de la vue de Thétis en un instant.

[Thétis et Siobhan désengagés]

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