Il y a fort longtemps de cela, une alliance naquit entre la fière cité des neiges et la timide cité des femmes libres. Les années passèrent et l'alliance se conclut dans un pacte d'amitié liant l'Oblat et la nouvelle Reine. Nul n'aurait pu dire pourquoi cette amitié avait pu naître entre les deux femmes mais, en les voyant gouverner d'une main de fer, en apprenant à les connaître, tous comprirent ce qui liait le destin de Kriisten et Philéa. L'amour de leur patrie, la fierté d'appartenir à leur cité, la volonté de faire en sorte que cette dernière prédomine dans le reste du monde. Si ces deux femmes avaient pu nouer une amitié aussi solide entre leur deux peuples, c'était tout simplement parce que, au delà des races, elles avaient des intérêts communs et plus encore, une logique similaire. Le temps avait forgé entre elles une amitié que récemment, une femme avait manqué de faire vaciller. Non que la paix entre Muria et Storghein puisse être fragilisée pour si peu, les Amazones avaient tendance à percevoir la trahison comme l'acte le plus réprobateur qui soit.

Le bal organisé par celle que tout un peuple verrait désormais comme « la messagère de Philéa » et la « conseillère de Kriisten » battait son plein mais il était quelques personnes qui n'étaient venue ici que pour les beaux yeux d'une sœur cadette, pour protéger, ou encore, pour l'étiquette. Si la plupart des convives profitaient sans se soucier de rien de la somptueuse fête, trois protagonistes semblaient tout à fait ailleurs. La première se devait sans doutes être la Reine des neiges en personne, attristée sans doutes que son amie et alliée de toujours n'ai pu se déplacer en personne pour des raisons légitimes. Elle avait convié les princesses de Muria, les sœurs Eléa et Jelenna, ainsi que la Grande Prêtresse Eloween à se retirer pour discuter. Si le monde était à présent à danser, il serait demain happé par la cruelle réalité et l'Oblat n'en était que trop consciente. Elle fut la première à pénétrer dans la salle qui jouxtait la fête. Une fois les portes refermées derrière elle, le calme et le silence, bien que sourdement teinté par la musique de la salle d'à côté, se firent. Un léger frappement de porte, étouffé par le bois épais de cette dernière, se fit entendre et une petite fille entra timidement, visiblement très intimidée par la présence de l'Astorg.

Quelques minutes plus tard, alors que Kriisten avait proposé à la Grande Prêtresse de s’asseoir près d'elle, la jeune Asora pénétra à son tour dans la salle, bien qu'elle n'y fut pas conviée. Elle était le maître de Jelenna et, en tant que tel, avait promis de la protéger, et puis, ça faisait surtout râler Eléa, c'était donc tout bénéf'. La princesse Amazone la suivait d'ailleurs, et ce fut, une minute plus tard, la petite dernière qui ferma la marche ... et la porte. Le vent du changement allait tourner, le destin allait s'emballer mais pour l'heure, voudriez-vous un peu de thé ?

[ Ordre de passage : Kriisten, Eloween, Asora, Eléa/Jelenna ]
[ > Premier tour <
Kriisten ne doit s'adresser qu'à Eloween une fois dans la salle (si tu souhaites jouer le passage de la salle du bal, tu peux le faire, cependant, Kriisten est allée les voir une par une).
Asora ne doit s'adresser qu'aux Amazones. Il est important de bien respecter l'ordre d'entrée dans la salle siouplait !

> Deuxième tour <
Là, vous êtes totalement libres de parler entre vous ! Le Mj interviendra à la fin du deuxième tour. ]

Les participants ont une semaine pour répondre à partir du dernier post car ce topic est primordial

[J’ai pas relu, mais j’ai cours demain donc çà attendra un peu T__T]

La Reine des Neiges avait failli recracher le contenu de sa coupe – d’eau bien entendu !- lorsque sa conseillère lui avait fait une telle proposition. Préoccupée par les menaces qui grondaient sourdement, plus récemment du côté Jinmen avec l’alliance auprès des princesses et les méfaits de cette sanguinolente dérangée mais aussi de ce côté-ci des montagnes avec les Revenants qu’il fallait brûler à tour de bras pour les expédier une bonne fois pour toute dans l’au-delà, autant dire que l’Oblat n’avait pas vu venir le coup. Dans un premier temps, elle pensa refuser tout net, la Cité Amazone ayant sans doute elle aussi d’autres préoccupations qu’un bal en l’honneur d’une alliance que les deux côtés chérissaient et respectaient inconditionnellement. Pourtant aussi impulsive soit-elle, Kriisten prit le temps de considérer la proposition et fit signe aux siens de se retirer pour réfléchir. Elle ne prit pas la peine de consulter Joris qui préférait dormir dans la tanière d’un ours plutôt qu’être convié à ce genre de festivités sans parler du fait qu’il préférait garder une distance raisonnable avec les intrigues qui animaient Storghein –à l’exact opposé de Meliant qui avait la fâcheuse tendance de se mêler de tout- et décida de se retirer dans les jardins du palais des Neiges pour réfléchir. Se levant très lentement - trop - de son trône, alourdie et déséquilibrée par l’enfant presque à terme qu’elle portait et peu aidée par la lourde robe de velours gris dont elle s’était vêtue pour se protéger du froid, Kriisten s’évertua à le dissimuler au mieux même dans l’intimité de ses compagnons et traversant les couloirs de pierre vierge de toutes fioritures affichant pour seule décoration de torche éteinte en pleine jour elle rejoignit enfin l’arrière du palais. Abel et Alrik levèrent la tête à la vue du petit cortège un sourire aux lèvres et ne tardèrent pas à se lancer vers elle.

Embrassant les deux têtes blondes toujours plongée dans ses pensées, la vue des enfants lui rappela la petite Prêtresse Eloween et l’Oblat se demanda comment elle n’avait pas pu y penser avant. Une rencontre avec la petite était recommandée à l’heure ou les Dieux faisaient encore des siennes, l’elfe étant sujette à des visions providentielles dans lesquelles Kriisten misait beaucoup. Bien trop pragmatique pour ne se fier qu’aux Dieux, la Reine des Glaces savait pourtant qu’il faudrait être fou pour négliger pareil aubaine de rencontrer la réincarnation. De plus, si sa chère Philéa ne pouvait pas se déplacer en personne, Kriisten se ferait une joie d’accueillir la ou les princesses n’ignorant pas que Jelenna avait à peu près l’âge d’Eloween cela rassurerait peut-être la guide des elfes.

Sa décision était prise.
Si Ashelia n’avait pas encore eu le temps de faire ses preuves en tant que conseillère inutile, elle releva néanmoins avec brio le défi qu’était un bal de cette envergure. A l’invitation des amazones et des elfes s’ajouta celle des templiers et inutile de dire qu’il était fort plaisant à la Dame de voir tout ce beau monde réuni en l’absence des cydiens –si on excluait les amazones présentes qui dans tous les cas avaient reniés le Joyau pour Muria -. Tous semblaient s’amuser, nobles comme plus modestes sous l’œil légèrement envieux de Kriisten. Trop consciente des affaires en cours pour songer à faire de même, Kriisten ne se déplaça dans la foule que pour discuter brièvement avec des personnes que elle et ses conseillers avaient soigneusement ciblé son ventre rond ne lui permettant de toute manière que peu d’aller et venir à sa guise. Ainsi entendit-elle avec un soulagement non feint la porte se fermer derrière elle, éclipsant la forte musique Astorg. Kriisten fit signe aux compagnons de se déployer aux portes pour garantir sa sécurité ce qui étant dans sa condition malheureusement nécessaire alors qu’elle prenait place dans un siège attendant avec impatience la première convive qui ne tarda pas à montrer le bout de son nez.

« Approche n’aie pas peur, Eloween », souria l’Oblat en indiquant une chaise à ses côtés pour que la Prêtresse prenne place.« Comment trouves-tu Storghein ? La soirée est à ton gout ? »

Bien sur, l’Oblat devait s’entretenir avec la Grande Prêtresse de dossiers bien plus urgents mais elle voulait dans un premier temps mettre à l’aise la petite avant de rentrer dans le vif du sujet.

Je me demandais encore ce que je foutais là. Ca commençait à devenir une habitude à la fin de toujours me demander ce que je foutais ici ou là … et bizarrement c'était toujours la faute de Jel' ou de Jacen … A croire que ces deux là avaient vraiment l'intention de me rendre folle, chèvre ou je ne sais quoi ! Quoi qu'il en soit, j'étais là et je me demandais encore pourquoi. Non, je crois qu'en fait, je me demandais comment Jelenna avait pu me convaincre de venir ! La petite avait joué sur son côté mignon et sur ma faiblesse envers elle pour me convaincre de l'accompagner et, pire encore, elle avait joué sur le fait que notre mère voulait une représentante de la cité pour se rendre à Storghein. La petite princesse bis s'était proposée immédiatement et Philéa avait refusé derechef si je ne l'accompagnais pas. Et bien entendu, je n'avais pas vraiment eu le choix. Tel un complot très bien ficelé, la mère et la fille m'avaient forcé la main en douce pour que j'accepte. Franchement, je n'aurais pas parié là dessus me connaissant mais ces saletés m'avaient eu à l'usure avec leurs yeux larmoyants et leurs belles paroles. Tu parles, comme si Kriisten en avait quelque chose à faire de nous ! Bon ok, l'Oblat en avait forcément à faire quelque chose puisqu'elle s'était décidée à nous inviter et qu'en prime, ce bal était en l'honneur de l'alliance entre les deux cités certes mais quand on y réfléchissait bien, ce bal était surtout une amende honorable de cette idiote d'Ashelia qui avait décidé de se faire la mal et qui en prime, nous ridiculisait avec ce bal à la noix. J'étais agacée et énervée à l'idée qu'elle ait été protégée par ma mère même si je comprenais que les devoirs d'une reine allaient à l'encontre en général de ses sentiments. Philéa était encore une fois plus sage que moi et heureusement … si ça avait été moi, j'aurais exigé la tête de cette traîtresse sur un plateau sitôt arrivée dans sa foutue cité natale. La trahison sonnait bien trop discordante à mes oreilles pour lui offrir autre chose mais j'avais compris après coup qu'il valait mieux agir comme l'avait fait ma mère. Même si je savais qu'en croisant Ashelia, elle n'échapperait pas à ma sentence. La souveraine m'avait permis de « la mettre en garde », je comptais m'acquitter de cette tâche avec plaisir ! C'était d'ailleurs la raison secondaire pour laquelle j'avais accepté de venir parce que franchement se déhancher et se trémousser, très peu pour moi.

Le voyage avait été calme, Jelenna était certes excitée à l'idée de vivre pour la première fois ce genre d'événement mais surtout à l'idée de revoir ses amis qu'au final, nous avions finalement décidé de parler d'autre chose. Je n'étais pas à l'aise à l'idée d'un tel événement, encore moins à l'idée de me retrouver loin de mes loups, de mes filles et de ma cité pour quelque chose d'aussi futile. La petite fille m'avait remercié tant de fois que j'avais fini par lui pardonner … pfff comme si je lui en voulais, tu parles !

« Tu as décidé de ce que tu mettrais ? » avais-je demandé avec douceur sans vraiment avoir envie d'entendre la réponse.

Jelenna grandissait, le simple fait qu'elle veuille se rendre à ce bal le prouvait. Je n'étais pas certaine de vouloir la voir grandir aussi vite mais ce n'était pas comme si j'avais le choix. J'étais juste déçue de me rendre compte que je n'avais aucune prise sur ce phénomène et qu'à moins de l'accompagner, je la perdrais. Ce sentiment me faisait peur mais j'étais suffisamment maligne ou douée pour le lui cacher. La petite me répondait avec un plaisir non dissimulé qu'elle avait en effet choisi ce qu'elle voulait porter. L'idée de la voir en robe m'amusait grandement et bien entendu, elle se garda bien de me retourner la question, un sourire taquin sur les lèvres. C'était évident que tout cela n'était pas pour moi, à moins qu'elle ne se marie – et il valait mieux pour ce crétin d'Aerin qu'il n'ai pas trop d'espoir à ce sujet ni aucun autre homme ou femme ! - jamais je ne portais de ces trucs qu'on appelait « robes ».

Je regardais Jelenna enfiler sa robe et le même sentiment me reprit. Elle grandissait, encore, toujours, sans que jamais je ne puisse arrêter l'horloge. Bientôt, elle serait tout aussi adulte que moi, peut-être même mère … j'avais du mal à l'imaginer autrement que petite fille. Ses longs cheveux blonds volant au vent, son sourire enfantin, ses robes de petites filles toutes simples, ses joues charnues toujours animées par un sourire doux … tout cela disparaîtrait. Pour l'heure, l'adolescente portait une robe bleu-nuit qui mettait en valeur sa peau pâle. Elle avait laissé détachés ses longs cheveux blonds qui retombaient, bouclés, un peu plus bas que ses épaules. Ces derniers temps, ils avaient tendance à foncer, là encore signe du temps qui passait … Ses yeux clairs étaient relevés par un trait noir très fin et discret mais pour le reste, la jeunette avait préféré rester naturelle. Notre mère lui avait donné de jolies chaussures claires dont les lacets de soie remontaient le long de ses fines chevilles. Un bracelet en forme de serpent courait le long de son bras, là encore symbole de ma mère. Elle avait décidé je pense de marquer le coup, de dire au monde, « touchez là et vous aurez à faire au serpent que je suis » ou encore « elle m'appartient » et je crois que si Jelenna en était consciente, cela la rassurait plutôt que la gênait, sinon, pourquoi accepter ce cadeau ? Pour ma part, j'avais insisté pour qu'elle porte un diadème des plus discrets, là encore pour insister sur son ascendance royale et lui éviter les mauvais ennuis. C'était en réalité un fil d'or assez fin sur lequel, au niveau du front, pendait une perle de nacre.

Elle était magnifique, sublime.
Pas touche, sinon je vous écartèle !!!

Pour ma part, j'avais opté pour une robe … et puis quoi encore !! Vous y avez cru ? Non, j'avais opté pour mes fringues habituelles. Un pantalon qui s'arrêtait dix centimètres plus bas que mes fesses et de couleur noire. Deux lanières de cuir enserraient ensuite mes cuisses, d'ordinaire, j'y accrochais un couteau mais aujourd'hui, il n'en était pas vraiment question. Le haut, recouvrant juste ma poitrine, était aussi de couleur nuit.

« Tu .. vas y aller comme ça ? » demanda la voix douce de ma sœur dans un sourire gêné.
« Non, évidemment »

Bah si, à la base je voulais y aller comme ça mais bon forcément si même elle tiquait … Pfff comme si j'avais que ça à foutre de m'habiller et de plaire aux autres. De toute façon, je n'avais pas l'intention d'être draguée ou autre alors à quoi bon ? Bon ok ok, je me range à son avis ! D'un geste brusque, j'allais chercher un haut que ma mère avait glissé bien gentiment dans ma valise. Il s'agissait de deux pendants qui étaient reliés l'un à l'autre par des anneaux au niveau de la poitrine et du nombril. Au niveau des épaules, les manches se brisaient pour retomber sur les côtés et laisser les bras nus. Le tout était immaculé. Je portais également un bracelet d'or au bras gauche mais au lieu d'une tête de serpent, on trouvait une tête de loup. Quant au bas, j'avais opté pour un pantalon de cuir séché noir et des bottes discrètes à talons de la même couleur que le pantalon recouvrait à merveille.

« Tu es superbe » lâcha Jelenna tandis que mes cheveux retombaient dans mon dos.
« Pas autant que toi ma puce »

Je la voyais rougir de plaisir. Elle était tellement belle et fragile …

Le bal battait son plein mais étrangement, Jelenna ne semblait pas vouloir me laisser, s'acquittant avec grâce et douceur de sa tâche de princesse malgré son jeune âge, saluant les personnalités qui lui rendaient visite. Je savais pourtant qu'elle brûlait d'envie de retrouver son jeune compagnon et si j'étais tout à fait contre que ce petit boulet ne pose ne serait-ce qu'un regard sur elle, j'étais encore plus consciente qu'elle m'en voudrait si je ne la laissais pas le voir.

« Va le retrouver, je me charge du reste, file t'amuser ! »

Sauf qu'évidemment, c'est ce moment là que l'Oblat choisi pour nous convier à une petite sauterie en privé et que Asora se ramena … Non mais j'vous jure ! Et la question que mon « amie » ? posa ne manqua pas de me faire sourire. A mon goût tu parles … ! J'essayais de ne pas trop être froide pour répliquer :

« Je pense qu'il est plus au goût de Jelenna qu'au mien, tu t'en doutes. Je ne pensais pas que tu viendrais. »

La petite fille avait vraiment envie d'aller au bal, non parce qu'elle était attirée par la foule ou autre, mais parce qu'il était rare que Muria organise ce genre d'événement pour ne pas dire inexistant. Non pas qu'elle eut été particulièrement attirée non plus par la musique ou la danse mais, comme toutes les princesses et ce, même si elle avait grandi un peu trop vite, Jelenna gardait en elle des rêves de petites filles. Les bals étaient tellement beaux dans les histoires et ce, dans toutes les cultures différentes, que, comme toutes les petites filles de son âge, elle avait tendance à idéaliser ce genre d'événements. De plus, elle avait grandement envie de découvrir la cité des neiges et, vu les tensions actuelles dans le monde d'Azthia, sa mère préférait la savoir soit près d'elle, soit près de son père aussi la petite demoiselle n'avait-elle que peu l'occasion de sortir de la cité au final et son esprit vagabond, sa curiosité naturelle la démangeaient. Elle avait vu dans cette invitation une occasion de satisfaire ses vieux rêves de petite fille et de princesse ainsi qu'une magnifique excuse pour rencontrer enfin l'Oblat comme sa cité.

Il n'avait pas été difficile de convaincre Philéa, après tout, sa mère avait tendance à chérir tout particulièrement cette alliance et appréciait énormément Kriisten Fridèn, la dirigeante de la cité aussi, Jelenna pensait qu'il ne serait pas bien difficile de jouer sur l'aspect diplomatique d'une telle invitation. Ne pas y répondre ne serait sans doutes pas perçu comme une injure certes, mais la petite joua tout de même sur ce plan. Si la souveraine Amazone se laissa convaincre facilement, se doutant sans doutes des motivations inavouées de sa fille cadette, elle lui imposa cependant la présence de sa sœur aînée ce qui n'était pas pour lui déplaire. Certes il était plus difficile de convaincre la jeune Cydienne de l'accompagner mais à force de persévérance, Eléa avait fini par céder et Jelenna n'en était que plus contente ! Elle voyait peu son aînée ces derniers temps, leurs destins ne se trouvant pas nécessairement sur la même longueur d'onde et son rôle d'héritière lui grignotant la plupart de son temps. Il était évident que la petite était ravie de se retrouver avec elle, juste avec elle. Leur enfance était loin désormais et la petite princesse bis le regrettait parfois mais aujourd'hui, elle avait l'impression d'être redevenue la petite fille d'antan, celle que sa sœur protégeait, couvait même mais surtout, celle qui aimait la complicité qu'il y avait entre elles.

La salle était grande, décorée avec goût et la musique envahissait les lieux sans pour autant être assourdissante. La petite fille avait revêtu une robe couleur bleu-nuit et avait pénétré dans la salle, le cœur serré par l'angoisse. Elle craignait totalement de faire un faux pas, de dire quelque chose qu'il ne fallait pas ou plus simplement … de faire un pas de travers lorsque Aerin l'inviterait à danser. Elle ne savait pas danser, encore moins sur une musique aussi entraînante … C'était sans doutes pour cela qu'elle avait évité le jeune homme malgré son envie flagrante de le revoir et puis de toute façon, elle se devait de tenir son rôle de princesse Amazone invitée avant de penser à ses propres envies. Elle espérait seulement que la soirée ne se terminerait pas sans qu'elle ai pu le voir …
Avec le sourire, elle répondait autant que possible aux questions des nobles de la cité comme de ceux qui s'étaient déplacés. Elle avait eu la chance de voir Eloween et d'échanger un regard complice avec elle sans pour autant avoir l'occasion de lui parler. Elle sentait l'Almer dans la salle également mais n'avait pas encore eu l'occasion de le croiser. Une vieille dame lui faisait la révérence, qu'elle lui rendait avec autant de grâce qu'il lui était possible, son visage s'illuminant d'un doux sourire. La dame posa une question en Elfique que la petite fille traduisit avec patience et douceur à sa grande sœur sans pouvoir répondre elle-même. Eléa lui répondit dans un Astorg parfait, et sans savoir pourquoi, la petite se sentit extrêmement fière d'elle. Au fond, Jelenna ne rêvait que d'une chose, ressembler à l'héritière !

Kriisten ne tarda pas à quémander leur demande et si la petite fille en fut totalement stressée, elle suivit cependant son aînée en silence, glissant sa main dans la sienne. Cela faisait longtemps qu'elles n'avaient pas partagé autant d'émotions … Est-ce-qu'un fois plus grandes, elles auraient l'occasion de faire comme par le passé ? Jelenna en doutait, plus le temps passait, plus le court des choses semblait lui prouver le contraire. L'enfant se demandait sincèrement si les choses seraient un jour comme par le passé. Depuis son retour après la bataille des rois, elle avait l'impression que quelque chose s'était brisé dans sa vie et que, malgré ses efforts, cette fameuse chose ne semblait pas vouloir guérir, ne semblait pas vouloir se résorber. Elle avait pardonné, même si cela avait été difficile pour elle mais elle sentait toujours que quelque chose clochait. Que quelqu'un chose ne voulait pas se réparer … Jelenna n'en avait fait part à personne mais elle avait l'impression que quelque chose en elle se brisait un peu plus chaque jour depuis sa libération, comme une peur sourde qui la dévorait sans qu'elle ne puisse la combattre.

Ce fut devant la porte que son maître les rejoignit. La remarque de son aînée la fit sourire et, après avoir respectueusement incliné la tête en signe de respect, elle réfléchit à la réponse à formuler. Ne sachant que peu si elle pouvait se permettre d'être aussi honnête qu'Eléa, elle opta pour une réponse plutôt neutre :

« La fête est magnifique, j'avais hâte d'y être ! Je suis ravie de vous voir Maître ! »

Un sourire doux apparu sur les lèvres de l'enfant avant qu'elle ne se rende compte que l'Oblat ne les attendait. Il lui était difficile de congédier son maître sous prétexte qu'elle était la princesse Amazone mais elle savait qu'Eléa n'aurait pas autant de scrupules qu'elle. Les relations entre les deux femmes étaient étranges, tantôt tendues tantôt neutres, tantôt « amicales ». Quoi qu'il en soit, mieux valait que ce soit elle qui prenne la parole sans quoi, vu la réflexion précédente de sa sœur, ça allait dégénérer. Eléa n'aimait pas ce genre d'ambiance et cela avait tendance à user ses nerfs, c'était donc à elle de prendre les devants dans ces moments là. C'était ça, son devoir de princesse mais aussi son devoir de sœur cadette. Du moins à ses yeux.

« Maître, je pense qu'il serait judicieux que vous nous accompagniez pour présenter les vœux du Temple à notre chère Oblat » déclara-t-elle avec un ton cérémonieux.

Depuis son entrée dans le corps diplomatique en tant qu'apprentie, Jelenna se sentait dans son élément et ici, elle avait toute l'occasion de s'exercer. L'enfant savait que Jacen avait du confier un message à Asora pour la reine des neiges et cette dernière avait omis sans doutes de la convier. Il était cependant important pour le Temple que Asora puisse la voir. Tenant toujours la main de son aînée, elle poussa la lourde porte de bois, Eléa sur les talons, suivie de près par la Templière Astorg.
Lorsque la porte se referma derrière elles, sans même que la présence de son maître n'ai posé problème, à croire que les Compagnons se moquaient de savoir qui les accompagnait tant qu'elles étaient là. Pourtant, Jelenna se doutait que la jeune femme avait emporté Glace avec elle mais elle se tut, préférant taire ce doute. Eléa était passée devant sans qu'elle ne s'en rende compte, comme si elle craignait que quelque chose ne survienne, tenant toujours sa main. Jelenna se positionna à ses côtés et s'inclina avec respect avant de prendre la parole, devançant sa sœur aînée, sachant pertinemment que de toute façon, Eléa préférait toujours qu'elle s'occupe des entrées en matière et au pire, cela lui vaudrait une remarque cinglante :

« Majesté, c'est un honneur pour nous que de vous rencontrer, nous vous remercions au nom de notre mère et de notre cité de votre bienveillance et de votre invitation. » la petite marqua une pause, cherchant du regard l'appui de sa sœur qui reprit à son tour.
« Nous sommes honorées d'avoir été conviées à cet événement votre Majesté et vous remercions de votre accueil »

Eléa avait accepté son intervention et plus encore, l'Esprit lui appris qu'elle était soulagée. Jelenna se focalisa sur la suite, cherchant dans la fierté d'Eléa envers sa personne une force qu'elle savait ne pas posséder seule. Sa voix trembla légèrement lorsqu'elle annonça :

« Je me permets de vous présenter mon maître, Dame Asora, je sais que vous ne l'avez guère conviée à cette réunion cependant, il m'est apparu nécessaire de la savoir à mes côtés en tant que représentante officielle du Temple en ces lieux. Je sais qu'elle souhaitait vous présenter ses respects et c'est en ce sens que je me suis permise de la faire entrer, je vous serais gré de pardonner mon affront et j'espère que vous excuserez mes manières ... » elle hésita, cherchant ses mots, se sentant perdue.

« Asora est la garde du corps de ma sœur, je pense que Mère aurait été chagrinée de la savoir séparée d'elle, même si je doutes qu'elle ai besoin de protection en présence de vos fiers et fidèles Compagnons. »

** J'ai pas trouvé mieux **

Jelenna capta la pensée d'Eléa dirigée à la base uniquement vers Asora, à moins que la jeune femme ai fait exprès de faire en sorte qu'elle l'entende ? Aucune idée mais peu importait, l'Amazone se doutait que ça ne plairiat pas à son maître ... mais en même temps, Eléa venait de lui sauver la mise ![i]

Eléa venait de lui sauver la mise et la main de la petite fille ne serra que plus celle de son aînée, des couleurs rosées parsemant ses joues.

[ Kriisten, la première partie de ton post se passe en l'absence des princesses et d'Asora. Tu peux, dans la deuxième partie, interagir avec elles, cependant, elles resteront pour l'heure devant la porte, attendant une invitation à s'asseoir (si tu la leur donne, ne précise pas si elles l'acceptent ou non ^^). ]

[Je n'avais pas vu ton message, en espérant que ce ne soit pas trop tard du coup]

Le large sourire de Kriisten ne s’estompa pas lorsque Eloween prit place à ses côtés, bien au contraire celui-ci gagna en chaleur tant la timidité de l’enfant lui rappelait sa propre descendance. Adorable certes Eloween l’était, mais même l’Oblat distingua avec aisance les traits fins qui feraient d’elle une femme magnifique à l’âge adulte. Alors que la Grande Prêtresse s’avançait vers la reine, sans crier gare, Eloween posa ses petites mains sur son ventre arrondie surprenant l’Oblat qui fronça les sourcils avant de distinguer les mots de l’enfant, prononcés en elfique. « Soufflegivre ,» ? Effectivement c’était la date à laquelle elle était censée mettre au monde son enfant. Si le reste des mots lui parurent plus que vague – est-ce que « l’aube d’un nouveau jour » signifiait que ce serait enfin une héritière ?- la Reine Astorg nota le changement d’expression de la petite.
Si cela pouvait être pour d’autres - moins observateurs qu’une Oblat rodée à scruter la moindre ride - imperceptible, Kriisten nota que cela s’accompagna d’une perte d’assurance totale qui suivit directement sa déclaration péremptoire. Le regard de l’Oblat s’adoucit à nouveau alors qu’elle suivait des yeux la petite qui s’assit avant de s’empresser de répondre par l’affirmative au reste de la question. Le contraire aurait était à exclure bien entendu quand bien même Eloween n’aurait pas trouvé à son gout la cité astorg mais l’Oblat apprécia sincèrement le savoir-vivre de la petite qui la charma immédiatement. Une succession de plaisanterie lui virent en tête, qu’elle aurait prononcé sans l’ombre d’un doute devant un autre seigneur astorg ou même Joris, et la plupart impliquait la ville fadasse des Cydiens mais Kriisten ne s’y hasarda pas, Eloween étant de une à ses yeux trop jeune pour entendre ses critiques acerbes et de deux cela aurait pu mettre mal à l’aise l’enfant qui entretenait une relation neutre avec Cydonia. L’oblat s’orienta donc vers un autre terrain, et revint sur la prédiction de l’enfant.

- Tu n’as pas à t’excuser Eloween, tu as un don précieux. »

Le fait que Silmaria puisse s’exprimer à travers la petite était un précieux atout mais à aborder avec précaution, car l’intérêt des Elfes pouvait très bien différer de celui de Storghein ainsi la Dame astorg réfléchit-elle longuement à la tournure avant de prendre à nouveau la parole.

- Pardonne-moi Eloween mais je dois te faire part d’un sujet important qui ne devra en aucun cas sortir de cette pièce.Kriisten marqua une pause, guettant la réaction de cette dernière avant de continuer,les princesses Miki et Maya ont réapparu à Storghein pour demander une protection que je leur ai accordée, ses dernières évoquant une conspiration à l’encontre de l’Empereur à laquelle elles désirent mettre fin. Je leur ai par la suite conseillé de s’orienter vers Muria en vertu de l’alliance qui unit la cité Amazone à celle des Neiges, les monarchies d’Azthia ne pouvant à mon sens rester sourdes à l’appel de celle Jinmen. »

L’astorg laissa Eloween s’imprégner de ces informations avant de continuer.

- C’est une culture qui reste énigmatique à mes yeux tant elle diffère de celle astorg mais je sais néanmoins l’importance que revêt les Elfes à leur yeux. Tu n’as pas à t’exprimer à ce sujet sans ta Tutrice si tu penses que cela serait malavisé mais j’apprécierai d’avoir ton avis sur la situation et ceci en tant que Grande Prêtresse. »

Elle espérait le message implicite clair. L’Oblat attendit donc la réponse de la petite et lorsque cette dernière eu terminé l’Oblat insista sur l’importance de ne pas divulguer cette information les princesses n’ayant pas livré à Kriisten leur stratégie mieux valait éviter que la nouvelle se propage. La Reine astorg enchaîna sur des sujets plus légers jusqu’à ce la porte s’ouvre à nouveau, cette fois sous l’impulsion de la cadette Ryran. Kriisten adressa un dernier sourire à Eloween avant de se lever pour accueillir ses hôtes dans un froissement de tissus mordorés et son visage se para de toute la sympathie diplomatique nécessaire. Son expression à l’adresse des princesses ne flancha pas même à l’apparition de la troisième convive non mandée. Pourtant c’est avec un regard sibyllin qu’elle dévisagea cette dernière, son visage ciselé devint dès lors dépourvu de la moindre chaleur la Reine n’appréciant que peu –qui qu’elle soit- qu’elle se permette de franchir la porte d’une salle qui la menait directement à l’Oblat et la Grande Prêtresse en compagnie des princesses amazones. Quittant l’étrangère, son regard se reporta sur la petite Jelenna inclinant légèrement la tête pour répondre à sa marque de respect.

- Soyez les bienvenues dans ma Cité, princesses. C’est à moi de vous remercier d’avoir honoré Storghein de votre présence. »

La cadette reprit la parole et Kriisten fut agréablement surprise de voir si bien s’exprimer Jelenna, Philéa lui avait certes toujours parlé avec fierté de la jeune princesse mais Kriisten n’avait jamais eu le loisir de la voir à l’œuvre. La princesse était malgré tout peu assurée à l’image d’Eloween sans doute car la présence de la dénommée Asora –son maître- était de toute évidence déplacée. Kriisten n’était pas du genre hautaine et encore moins élitiste mais les manières cavalières de cette templière ne lui revenaient pas, la prévenir n’aurait pas été un luxe car il n’était pas coutume de faire ce genre de surprise à une Oblat. Pour autant Kriisten n’était pas prête à remettre en jeu la sincère alliance qui unissait Storghein à Muria ainsi se contenta-t-elle de dévisager une nouvelle fois Asora de ses yeux d’acier avant de revenir aux princesses. Eléa renchérit, ce qui eut pour seul effet de totalement discréditer à ses yeux l’excuse qu’avait avancé sa sœur puisque la cadette justifiait la présence d’Asora par sa volonté de présenter ses respects à Storghein alors que l’aînée la présentait en garde du corps néanmoins Kriisten préféra balayer le sujet d’un geste de la main ostentatoire.

- J’aurai préféré être avertie préalablement de la venue de cette templière n’aimant pas être mise devant le fait accompli mais peu importe ce qui est fait est fait et il est inutile de s’y attarder. Si vous vous portez garantes de cette dernière je suppose qu’il n’y a rien à redouter et si cela peut apaiser les craintes de Philéa alors soit. »

.
Kriisten était en fait d’autant plus courroucée que dans son état sa propre capacité de se défendre était nettement amoindrie mais c’était aussi pour cette raison qu’elle était plus enclin à comprendre l’argumentation d’Eléa : Jelenna avait déjà été arrachée une fois aux bras de sa mère et l’Oblat ne pouvait que compatir à un tel évènement. Pour autant, elle préférait marquer le coup afin que ce genre d’imprévus ne se reproduisent plus. Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres pulpeuses avant d’ajouter :

- Assez de protocole, je vous en prie asseyez-vous. »

Le rouge teintait toujours ses joues tandis qu'elle cherchait quelque chose à dire. Sans doutes Arwen serait-elle grandement fâchée d'apprendre ce qu'elle venait de faire, encore plus si la reine le prenait mal ou pire, la jetait dehors ! Pourtant, Eloween n'avait pas cherché à faire de mal à la reine des neiges, loin de là ! Elle savait qu'en ces lieux comme ailleurs, jamais son jeune âge ou sa frêle constitution ne lui permettraient de faire menacer qui que ce soit. De toute façon, ce n'était pas dans sa nature que de vouloir faire du mal à ses paires … Toutefois, elle avait senti comme un besoin d'agir de la sorte, comme si elle n'était que spectatrice de son propre corps et qu'on lui dictait sa conduite. Incapable de comprendre elle-même ce que sa propre bouche avait prononcé, elle n'osait plus relever la tête de peur de croiser le regard agacé ou outré de la terrible Oblat. Kriisten Friden n'était pas forcément connue pour son indulgence, même si son sens de la justice restait légendaire, la petite Elfe devait bien avouer qu'elle craignait sa réaction.

Discrètement, la petite chercha un signe dans l'attitude de l'Astorg qui tendrait à la rassurer mais son manque d'assurance lui interdisait de redresser la tête pour toiser directement son interlocutrice si bien qu'elle se contenta d'attendre, tremblant presque, pleine de regrets. L'enfant avait parfois tendance à agir de la sorte, sans comprendre pourquoi son corps agissait contre sa volonté. Sa tutrice avait tendance à croire que c'était l'âme même de Silmaria qui se manifestait à travers elle, insistant même sur sa pureté et sur l'étrangeté du choix qu'avait opéré la déesse en la prenant pour réceptacle. Les Grandes Prêtresses étaient choisies à leur naissance et non à l'âge où Eloween avait été bénie, Arwen voyait en cela un signe. Selon ses dires, le cycle avait été brisé et elle représentait ainsi la première enfant bénie du nouveau cycle. Si la petite fille ne comprenait pas la moitié de ce que lui avouait la jeune femme, elle avait suffisamment foi en elle pour la croire … La voix de l'Oblat la tira de ses pensées bien qu'elle n'osa pas pour autant relever la tête.

« Un don précieux », beaucoup s'accordaient à le dire certes mais pour autant, Eloween ne souhaitait pas y croire de peur d'y prendre goût. Les prédictions, aussi nombreuses et parfois difficiles à comprendre soient-elles, étaient précieuses aux yeux de tous pourtant, toute Grande Prêtresse qu'elle était, la plupart d'entre elles lui semblaient trop obscures pour qu'elle parvienne à comprendre ce que ses ancêtres souhaitaient lui transmettre. Silmaria semblait considérer qu'il était important que Storghein ait une héritière et si elle ne parvenait pas à entendre pourquoi, la petite Elfe était persuadée que sa déclaration avait remué quelque chose. Peu importait au fond qu'elle en décrypte le sens ou non, son entourage semblait le faire pour elle. Le ton que prit l'Oblat par la suite la força à relever la tête et à croiser le regard de cette dernière. Il n'y avait nulle colère dans les yeux de la belle Astorg, seulement le sérieux d'une reine.

L'enfant fit tout son possible pour comprendre la gravité de ses paroles. Dans un coin de sa tête, Eloween ressassait l'histoire de l'empire Jinmen. L'histoire avait quelque chose de totalement barbant à ses yeux mais pourtant, elle appréciait apprendre les langues et connaître les différentes civilisations si bien qu'elle ne tarda pas à se souvenir qui étaient les princesses Miki et Maya. Disparues selon la légende depuis plusieurs années, elles n'étaient autre que les héritières du trône de Shin Kakita en tant qu'aînée de ses enfants. Leur disparition posait d'ailleurs le problème de la succession de ce dernier selon Arwen bien que la prêtresse ne voit pas l'intérêt de se poser la question tant que l'empereur était en vie.
Que les deux demoiselles réapparaissent ne la fit pas tiquer particulièrement. En réalité, Eloween se demandait pourquoi elles avaient choisi la cité des neiges plutôt que leur propre patrie mais sans doutes y avait-il dans ce choix quelques politiques qu'elle n'était pas en mesure d'assimiler du fait de son jeune âge. Que l'Oblat ai pu offrir sa protection aux deux jeunes princesses ne l'étonnait pas spécialement non plus, Kriisten avait du y voir un quelconque intérêt, peut-être par exemple le fait de moucher Cydonia en exhibant une alliance avec les héritières d'un si puissant empire ? Le choix de la reine de les orienter vers Muria semblait cohérent aux oreilles de la petite fille même si elle ne s'estimait pas encore en mesure de savoir ce qui était politiquement correct ou non.

La demande ne manqua pas de surprendre l'enfant. Nombreuses étaient les personnes qui requéraient son aide, sa bénédiction et son pardon mais la plupart étaient de pauvres ères que la culpabilité ou les remords avaient rongé. Jamais cependant ne lui avait-on enjoint de prendre une décision politique ayant un impact direct sur sa propre cité. En général, Arwen prenait pour elle les décisions bien que, du haut de ses sept ans, elle avait jugé seule utile d'établir une alliance avec les Elfes d'Isil. Ce n'était pas au nom de la politique qu'elle avait agi cependant à cette époque mais uniquement au nom du sang qui liait son peuple à celui de la cité sylvestre. Avec calme, l'enfant réfléchit à l'opportunité de répondre à l'Oblat en présence ou non de sa Tutrice. Arwen était une pièce maîtresse dans l'éducation de l'enfant, elle tenait la cité en son absence et tant qu'elle ne serait pas en mesure de le faire seule sagement certes mais un jour viendrait où l'Elfe devrait diriger seule, se montrer le Guide que tous attendaient. Effrayée à cette idée, Eloween tentait cependant d'y faire face avec tout son courage cependant, en l'occurrence, la sagesse lui soufflait de ne prendre aucune décision, de n'offrir aucune promesse qui l'engagerait plus que nécessaire. Il fallait également éviter de froisser la Reine, cela, l'enfant l'avait bien compris à force de se l'entendre dire à longueur de journées ! Arwen avait insisté sur ce point avant son départ si bien que la petite, bien qu'elle eu pris plusieurs minutes pour répondre, tenta de garder un ton calme et emprunt de toute la sagesse dont elle était capable :

« Je vous suis reconnaissante de partager ces informations avec moi, je comprends leur gravité et leur importance et je suis rassurée d'apprendre que les princesses sont saines et sauves. Le moment venu, je suis certaine que cette nouvelle fera la joie de tout un peuple de l'autre côté des Montagnes. »

La petite fille marqua une pause afin de réfléchir à la réponse à fournir. Il était évident qu'elle ne comprenait pas tout et qu'elle n'était pas en mesure de promettre quoi que ce soit cependant, elle sentait au plus profond d'elle même qu'il fallait qu'elle se montre brave et, plus encore, qu'elle agisse en tant que guide et non en tant qu'enfant.

« Je ne comprends guère pourquoi les princesses cherchent une alliance quand tout un peuple les réclame depuis tant d'années mais votre protection ne peut qu'affirmer leur position d'héritières et ne sera que profitable à Storghein une fois qu'elles seront sur le trône si je ne me trompe pas. Je … je connais la culture Jinmen et leur vision des miens. Si elles souhaitent fouler mes terres, rien ne le leur interdira. »

La petite demoiselle avait parlé avec calme sans pour autant hésiter ouvertement sur sa réponse. Ce n'était ni une promesse, ni un refus à ses yeux seulement une invitation à la paix. Eloween sentait son cœur battre à tout rompre mais étrangement, si elle avait eu l'impression qu'une autre parlait à sa place, elle se sentait presque fière de sa réplique. Arwen serait contente de voir à quel point elle était capable de comprendre la situation globalement et de s'en sortir aussi bien. Du moins l'espérait-elle dans les deux cas …

« Cette rose est magnifique » souffla l'enfant pour agrémenter la conversation à son tour, soulagée de ne plus avoir à se comporter comme la Grande Prêtresse.

La porte s'ouvrit et la petite fille fut ravie de voir le visage de sa jeune amie, suivie de près par sa sœur aînée et une inconnue. Elle se sentit immédiatement soulagée bien qu'elle n'ose pas prendre directement la parole. Intimidée par la présence de la princesse héritière aux côtés de la petite Amazone, l'enfant se contenta d'attendre qu'on se souvienne de sa présence.
Eloween se souvint du maître de Jelenna lorsqu'elle entendit son prénom et elle ne put réprimer un sourire lorsqu'elle fut présenter comme « le garde du corps » de son amie. Il était certain que la Templier n'apprécierait pas …

[ Let's go Mj ! ]

Une addition de petits détails, de petites choses innocentes sans aucuns liens réunies, des petits moments qui conduisent à un grand, causes et conséquences : une vie ne tenait à pas grand chose. Une naissance également. Si un cheval n'avait pas buté sur cette pierre, si c'était un chariot qui s'était cassé une roue dessus, mari et femme se seraient-ils rencontrés au bon endroit, au bon moment ? La seule chose certaine, c'est que quelque soit le chemin emprunté, il y aura toujours un destin et cela bien après notre mort : pour ceux qui suivent, pour ceux d'après, pour la terre et les astres.
Ce qui est en bas est en haut.
Il n'avait pas de sentiment distinct vraiment, il savait juste qu'il était en ce moment complet. Il avait senti la chaleur puis l'apaisement, l'idée unique mais pleine que tout avait une fin, même lui, même son ambition. Il s'est senti monté vers un exil de repos, loin des souffrances et des tortures qu'il eut enduré pendant un siècle et demi dans un monde à l'écart qui forgea sa haine et la rancœur de tout un peuple.
Ce qui est en haut reste en haut.
Il était une pensée, un murmure, une idée, un souvenir. Il se savait appelé en bas, attendu. Il savait qu'une partie de lui y était encore, mais pas la meilleure, ainsi l'avait-il laissé sans se retourner et sans remords . Étrangement, là où il était lui convenait parfaitement : il ne voyait rien, n'entendait rien, n'avait conscience d'aucun écoulement du temps. Il était accompli.
Ce qui est en haut est en bas.
Puis l'appel se fit déchirure. Il avait oublié quelque chose en bas, quelque chose d'important, une partie de lui plus indispensable encore que celles qui le formaient en ce moment. Comment avait-il pu passer à côté de cela, c'était pourtant si évident, si déchirant ! C'était cela, ce qu'il cherchait, ce qu'il était ! Cela lui prit du temps, beaucoup de temps, mais il savait à présent ce qu'il devait faire, ce qu'il était attendu de lui, ce qu'il voulait.
Il répondit à l'appel et toucha terre.

[MJ prochain à reposter]

Des fils de lumière annoncèrent son arrivée, comme une échelle lui permettant de descendre sa conscience jusqu'en bas. Avant même d'être ébloui par la lumière qu'il voyait par ses yeux, maintenant, il sentit le froid lui mordre la peau humaine, agripper chaque centimètre et chaque extrémité de son corps. Les humains étaient si faibles qu'il avait de la peine pour eux ! Les dieux n'avaient ni besoin de boire, de manger, de dormir pour survivre et cela les rendaient entre tous bien supérieur ! Quand les nécessités des uns étaient des plaisirs facultatifs pour les autres, l'être était libre de toute chaîne !
Mais il aime aussi les humains. Enfin, ce qu'il advient des humains une fois le fil de leur vie coupé, car c'était ce qui lui avait donné tant de ce travail qu'il affectionnait. Mordriez-vous la main qui vous nourrit ? Ce n'était pas parce que vous êtes au-dessus des autres qu'il faut pour autant le leur rappeler... Trop souvent.
Il prit forme humaine, la même qu'il possédait quelques années auparavant, une apparence qui lui convenait parfaitement et qui avait toujours fait son petit effet : des cheveux noirs couleur corbeau longs jusqu'aux épaules, avec une raie impeccable et sans mouvement. Un habit pourpre et or, des bras musclés dénudés. Un regard hautain, implacable, sondant les âmes.
Le dieu du monde du dessous.

"Ma très chère épouse, notre séparation m'a beaucoup pesée" déclama-t-il en s'adressant à la petite Eloween, réincarnation de Silmaria.

Je me demandais encore ce que je foutais là, visiblement, l'Oblat souhaitait s'entretenir avec nous pour une raison qui m'échappait. Que pouvaient bien avoir en commun les princesses héritières de Muria et la petite Prêtresse de Silmarie ? En dehors d'une vague alliance, je ne voyais pas trop pourquoi la reine des neiges avait insisté pour priver la gamine de la fête mais bon, elle nous avait demandé, on était là. Voilà. L'histoire aurait pu s'arrêter là, ça aurait été drôle et bien instructif mais non, il fallait toujours que les choses empirent et que tout parte en cacahuète. A commencer par la présence d'Asora, j'avais bien dit à ma cadette que c'était une mauvaise idée d'introduire la jeune femme parmi nous alors que la reine des neiges ne l'avait pas convié à la fête mais Jelenna avait insisté, prétextant qu'elle sentait que la présence de la Templière était nécessaire. Bien, ça nous avait valu un joli spectacle et un joli sourire forcé de la part de Kriisten. Original.

L'Astorg s'était montrée polie mais son ton trahissait son mécontentement. Visiblement, la présence de l'autre excitée ne lui plaisait guère et encore, elle n'avait pas ouvert la bouche ! Quoi qu'il en soit, elle nous invita à nous asseoir et ce fut à cet instant seulement que je prenais conscience de son ventre rond. Je m'étais arrêtée sur ce détail précédemment sans vraiment prendre conscience de ce que cela voulait dire. Pour moi, c'était un détail mais au final, pour Storghein, cette grossesse représentait certainement un espoir. Une héritière, voilà ce qui était à espérer de ce vendre rebondi pour le peuple du Nord car les deux jeunes garçons dont avait déjà accouchée Kriisten ne pouvaient pas prétendre au trône et, en l'absence de sœur ou de cousines susceptibles de prendre sa succession, le royaume devait être pressé qu'elle ai une petite fille. C'était amusant de voir que Muria avait réagi de la même façon à ma naissance ou encore, à celle de ma petite Aedan. Une fille à tout prix pour régner, c'était tout ce que voulait le peuple. Dans cette cité plus qu'ailleurs car sinon, le pouvoir passerait à une autre lignée, une autre dynastie et plus encore, il risquait de tomber dans les mains d'une femme n'ayant pas été formée suffisamment à ce rôle. A Muria, on se foutait de savoir si la lignée perdurerait, on voulait savoir si la prochaine reine serait à la hauteur de la précédente. Bref, tout cela était bien beau, mais que voulait-elle qui suscite notre présence à toutes ?

Le destin décida de me couper l'herbe sous le pied. A peine avions nous posé nos fesses sur les fauteuils douillets du salon que quelque chose d'étrange se produisit. Une brise légère se fit sentir et un halo de lumière apparu entre nous, nous éblouissant toutes. Et c'est alors qu'il apparut. Le pire des monstres, le démon, le taré qui avait voulu la vie de ma petite sœur. J'aurais reconnu sa voix entre mille et elle ne manqua pas de me faire frémir lorsqu'il prononça ses quelques mots. Ce ne fut qu'une fois là que je compris que tout était lié. Larme-de-sang, Lika, pourtant morte, revenue à la vie dans la forêt de nos ancêtres, les meurtres, les sacrifices, la faille de Cydonia … tout ce bordel était sa faute, c'était évident ! Pourquoi n'y avions-nous pas pensé avant ? Instinctivement, je me levais.

De quoi ? Les morceaux de son âme ? Dans mes souvenirs, il en fallait quatre. La bague de Silmaria, c'était logique, la gamine ne devait pas s'en séparer souvent, Jelenna c'était logique aussi, ça coulait de source. Mon regard se porta sur Kriisten, ok, qu'elle porte la rose de saphir ne me paraissait pas surprenant surtout vu la situation. Mais il manquait nécessairement Glace ! En reportant mon regard sur Asora, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle n'avait pas pu commettre pareille erreur. Même si aucune d'entre nous ne se serait doutées que la réunion des quatre artefacts fasse revenir ce fou, elle n'avait quand même pas bravé l'interdit du port d'armes pour … A la lueur dans ses yeux quand Azael évoqua l'épée, je compris que si.

« Mais c'est pas possible d'être aussi conne, qu'est-ce-qui t'as pris d'amener une arme ici ? »

Je n'avais pas pu m'en empêcher. Ma colère avait débordé sans que je ne puisse la retenir tellement je trouvais la jeune Templière inconsciente d'avoir agi de la sorte. La foudroyant du regard, je me portais devant ma petite sœur, faisant rempart de mon corps entre Azael et elle lorsqu'il évoqua le fait qu'elle avait grandi. J'étais dégoûtée de ne pas avoir mon arme sur moi et je regrettais de ne pas avoir bravé l'interdit comme l'autre. Je demeurais interdite de le voir toucher Asora pour « se mettre au goût du jour » mais l'action fut si brutale, si inattendue, que personne ne pensa à réagir. Comment devait-on se comporter face à un dieu ? Face à un dieu qui avait manqué de tuer votre propre sang ? En utilisant toutes les armes à portée de main sauf que quand le dieu en question vous dit qu'il n'y est pour rien dans tout cela … vous restez sur le cul.

Il était sérieux ? Non seulement il semblait ravi qu'on l'ai appelé mais en plus il nous affirmait n'y être pour rien ? J'en avais marre du charabia, marre de ces dieux qui se payaient notre tête ! J'entendis vaguement la voix de ma sœur, chevrotante, lui répondre au sujet de Larme-de-sang. Elle s'était levée et Eloween l'avait rejoint, joignant sa main à celle de Jel', mais toutes deux étaient restées derrière moi, comme si elles craignaient qu'Azael ne reproduise les actions passées et comme si mon corps pouvait les protéger … Je sentais que l'une comme l'autre tentaient de se donner du courage et que chaque mot avait pesé sur les épaules de la petite fille. Elle avait parlé de Lika, de sa rencontre dans la forêt et de ce qu'elle savait de Larme-de-sang et désormais … Quoi ? Il fallait qu'il se permette de nous proposer son aide comme s'il était le bienvenu ?

« Vous avez manqué de nous tuer toutes ici présentes et vous espérez qu'on vous accueille à bras ouverts ? » essayais-je de répondre calmement, « C'est un jeu général chez les dieux de jouer avec nos vies ? » continuais-je, agacée, « J'peux savoir ce que vous foutez là si c'est pas vous le responsable de ce bordel ? » finissais-je, bouillant de l'intérieur cette fois.

Post Mj à venir

Azael ne comprenait pas pourquoi tant d’excitation et de nervosité étaient déployés dans cette pièce. Les humaines n'avaient aucun contrôle sur leurs émotions, ça en était ridicule et risible. Elles qui devraient être soulagées par son retour n'en étaient qu'à se crêper le chignon pour des histoires puériles.

"Ménagez cette enfant voyons", déclama-t-il à l'intention d'Eléa, "sans son erreur de débutante je ne serai jamais revenu parmi vous pour vous sortir de ce pétrin dans lequel vous nous avez tous fourrés. Prenez exemple sur votre petite soeur: jamais à se plaindre, même en pleine captivité avant un sacrifice. Ah, la classe réincarnée, avec un peu plus de moi à l'intérieur !"

Tout serait tellement, mais tellement plus simple si ces dames s'étaient simplement agenouillées devant lui, à écouter ses ordres et ses conseils, plutôt que de s'activer dans tous les sens comme autant de fourmis ridicules.

"Votre accueil ne m'intéresse pas, quoique vous devriez être heureuse que quelqu'un vienne enfin régler vos problèmes. Vous ne parlez que des mauvais côtés de mes interventions, mais avez-vous pris quelques secondes pour regarder mes apports ? Vos peuples ont mis de côté leurs rivalités pour la première fois depuis votre courte histoire face à un ennemi commun. Vos ouvriers ont travaillé dur, pour l'amour de la patrie, sans demander des comptes à vos gouvernements. J'ai relancé l'activité des soldats et des médecins, j'ai régulé la population et mis fin à l'esclavage des Nùas. Alors merci qui ? Merci Azael. Mais j'ai depuis longtemps abandonné l'espoir d'être reconnu à ma juste valeur. Votre amie, Larme-de-sang, ne va pas tarder à pointer le bout de son minois. A ce moment-là, je la dégommerait proprement. Également, il me faudra retrouver ma place au-dessus du royaume des morts en bottant l'arrière-train de mes concurrents. C'est ici que vous allez pouvoir être utiles mesdames: je suis votre dernier espoir de mettre fin au retour des morts et aux guerres divines. Ainsi, il va falloir me supporter quelques temps ..."

[terminé]