Sasha est encore une jeune femme. Du haut de ses vingt-cinq ans, elle considère elle-même avoir encore toute la vie devant elle. De taille moyenne, elle ne se démarque pas des autres par sa grandeur. À vrai dire, elle est capable de rester très discrète, à tel point qu'elle sera la dernière à se faire remarquer si elle se trouve dans un groupe de trois ou quatre personnes. Pourtant, en faisant un peu attention, on remarque qu'elle n'est pas déplaisante à regarder, pas du tout même.
Son visage est plutôt bien dessiné et sa peau pâle respire encore la fraîcheur des jeunes années. Un nez bien droit et des lèvres charnues – qu'elle pince parfois d'exaspération – sont à ajouter au tableau, ainsi que ses yeux en amandes. Leur regard d'émeraude en a déjà décontenancé plus d'un, tant il peut se montrer sérieux et pénétrant.
Son visage aurait pu être l'incarnation de l'harmonie pour peu que Sasha n'ait pas eu une cicatrice sur l’œil, vestige d'une blessure passée. Fort heureusement, celle-ci, tracée à la pointe de l'arme, demeure assez fine et de ce fait, n'est pas trop inesthétique. Par contre, il faut avouer que cela soulignait ses traits, déjà considérés comme durs par certains. Viennent compléter ce visage quelques mèches de son épaisse chevelure rousse, cette crinière enflammée lui descendant un petit peu plus bas que les épaules. Elle aime à teindre ses cheveux selon ses envies. Alexeï disait parfois qu'elle deviendrait une femme magnifique et cela lui faisait toujours énormément plaisir, du temps où elle n'était encore qu'une jeune enfant. S'il s'agissait avant tout des flatteries d'un « père », il fallait dire qu'il n'avait pas eu tout à fait tort dans le sens où elle n'avait pas un physique ingrat. Le corps sans formes d'une fillette avait progressivement évolué vers un aspect plus élancé et des courbes plus généreuses à mesure que les années passèrent. Néanmoins, des muscles fins, signe d'entraînements réguliers, sont bien la preuve que Sasha n'est pas une frêle jeune femme, même si elle sait utiliser son physique à son avantage pour obtenir ce qu'elle veut. En effet, son corps est un avantage de poids sur bien des points, quand elle se doit de convaincre quelque gens que ce soit de laisser filtrer un ou deux renseignement, par exemple. Combien de fois n'avait-elle pas recueilli des informations censées être secrètes en jouant de ses charmes ?
Somme toute, Sasha est une jolie demoiselle qui sait user de ses atouts pour parvenir à ses fins et, son don pour tirer les vers du nez n'étant pas des moindres, celui qui pense se faire séduire par l'Astorg doit prendre garde : elle n'a probablement pas la même idée en tête que sa victime...

Comme chaque Azthien en ce bas monde, Sasha possède à la fois des qualités et des défauts. Certains sont anodins, sans beaucoup d'importance, mais il est essentiel de se pencher aussi sur ceux-là afin de comprendre la jeune demoiselle. Il est parfois très difficile de la cerner, car elle sait user de ses talents de comédienne à la perfection, de sorte qu'on ne sache pas vraiment s'il elle se dévoile ou si elle ne porte qu'un énième masque. Seul ceux qui côtoient l'Asorg au quotidien peuvent saisir son caractère.

Bon nombre de défauts lui sont attribués, en réalité. On lui reproche souvent son comportement paresseux, tant elle aime se prélasser à ne rien faire des heures durant. Un goût prononcé pour l'argent est aussi un élément récurent. En effet, Sasha aime sentir les pièces d'or et d'argent lui glisser entre les doigts lorsqu'elle en prend une poignée trop pleine. Aussi avare qu'un Sénateur à la retraite, elle est pourtant loin d'être aussi fortunée que l'un deux mais elle aime s'enrichir. Économe, se qualifie-t-elle, car s'il faut bien lui accorder quelque chose, c'est qu'elle n'est pas dépensière. Loin d'elle l'idée de s'acheter une nouvelle garde-robe ou un nouveau cheval sur un coup de tête ; un coffre fermé à double tour contient d'ailleurs tout le butin de ses assassinats, bien qu'elle-même doute le dépenser un jour...
Paradoxalement, elle a beaucoup de mal à résister aux jeux d'argent, miser un talent d'or pour en remporter deux lui semble être un bon compromis. Le démon du jeu s'empara d'elle très tôt ; elle ne devait pas avoir plus de onze ou douze ans quand Alexeï, ivre mort, lui apprit à jouer. Une chance de cocue, disait-on en parlant d'elle : combien de fois n'avait-elle pas fait un triple six ou abattu un carré d'as au moment le plus opportun de la partie ? Elle avait été accusée de tricherie nombre de fois et souvent cela finissait-il en bagarre avec les autres joueurs de la partie, peu satisfaits de voir leur argent s'envoler comme neige au soleil... Enfin, toujours est-il que ces désagréments ne l'ont toujours pas incité à arrêter les jeux de hasard, sa chance légendaire étant une trop bonne amie pour ne pas l'utiliser.
Est-il nécessaire de préciser qu'elle est également incapable de dire non à l'alcool ? Il s'agit de l'un de ses péchés mignons et boire reste un de ses plus grands plaisirs. Inutile de dire que la modération est rarement de mise une fois quelques verres descendus... Enfin, elle aime s'amuser, se faire plaisir, et elle ne s'en prive pas le moins du monde.

En dehors de ces nombreux défauts, il est importants de souligner ses qualités parce que oui, elle en a aussi ! Malgré tout ce qui peut lui être reproché, Sasha demeure très professionnelle dans son métier : un contrat accepté est un contrat exécuté. Chaque cible est étudiée avec soin pour ensuite être assassinée au moment idéal. La rousse a un goût tout particulier pour le risque et c'est au moment où elle manque de se faire découvrir, où elle plante son poignard dans le corps de sa victime qu'elle se sent réellement exister. Elle frémit de plaisir à sentir l'adrénaline monter en elle quand elle se décide à passer à l'acte. C'était une tueuse implacable, une remarquable incarnation de la mort, qui fauche toutes personnes portant un contrat sur sa tête sans le moindre scrupule, qu'ils soient femmes, enfants ou vieillards. Elle avait très tôt présenté des facultés toute particulière pour l'ombre : elle et la nuit ne faisaient qu'un et cela en faisait une assassin plus que redoutable.
Elle apprécie le travail bien fait : un couteau se glissant sous la gorge dans une ruelle, un poison mortel entraînant doucement mais sûrement sa victime vers la mort, ... Elle travaille toujours dans la discrétion, aussi aucune prime ne se trouve sur sa tête. Toutefois, il faut lui reconnaître un petit côté sadique ; elle fera souffrir sa cible si elle en a l'occasion, que ce soit en la laissant lentement se vider de son sang ou en la torturant psychologiquement... et cela est encore pire quand il s'agit d'une vengeance car oui, la demoiselle est en plus de cela très rancunière.
Malgré ce tempérament que d'aucuns jugeraient effrayant, Sasha n'est pas un monstre pour autant. Elle reste méfiante, certes, mais elle ne rechigne pas nouer des liens avec d'autres gens pour peu qu'elle les trouve intéressants. Sa confiance reste toutefois difficile à gagner, elle ne l'accorde d'ailleurs qu'à quelques personnes. Les autres n'ont pas vraiment de valeur à ses yeux, ils sont juste destinés à être éventuellement utilisé par la rousse. Pour preuve, elle vit dans une sorte de détachement total face au malheur des autres ; tant que cela ne la touche pas, elle se fiche des problèmes des autres. Ainsi, peu savent qui elle est réellement, et ceux qui sont au courant font eux-mêmes partie du Soleil Noir puisqu'elle se fait appeler sous d'autres noms à l'extérieur. Il est important pour elle de conserver l'anonymat en dehors de la guilde des assassins, sans quoi elle ne ferait pas long feu. Heureusement que son visage n'était pas connu des autorités, sinon elle ne pourrait pas se balader librement – elle passe de toute façon la majorité de son temps à Storghein ou à Tamawa. Elle ne s'est jamais fait prendre jusqu'à présent, bien qu'elle ait plusieurs fois frôlé la catastrophe et sans doute cela lui permit-il de ne jamais avoir une armée de gardes aux trousses quand elle se promenait en ville...
Les gens ne craignent rien en présence de Sasha, pour peu qu'elle n'ait rien à leur reprocher ou qu'ils ne se trouvent pas dans ses pattes, mais qu'ils retiennent bien ceci : ils ont tout à perdre à s'en faire une ennemie, sa colère ne frappe qu'une fois et bien souvent, cela suffit.