La bise fraîche caressait ma peau et fait voler au vent mes boucles rousses. Voilà longtemps que j'étais dehors, toute la journée à vrai dire, car j'avais diverses choses à régler dans la ville de Tamawa. J'étais venue ici entre autres pour le compte du Soleil Noir, pour la simple et bonne raison qu'un de nos assassins manquait à l'appel. Le bougre avait été envoyé afin d'exécuter un contrat il y a de cela deux semaines et depuis, plus aucune nouvelle. À cela, il n'y avait que trois réponses possibles : soit il guettait encore en attendant le moment le plus propice pour passer à l'action, soit il avait failli à sa mission, à moins qu'il n'ait déserter. J'avais aucune idée quant à laquelle de ces trois hypothèses serait la bonne, jusqu'à aujourd'hui. En effet, j'avais mené ma petite enquête dans le coin, très discrètement bien sûr, et selon toute vraisemblance, un homme correspondant en tout point à la description de l'assassin avait été tué la semaine passée, dans une auberge miteuse non loin du port. J'obtins d'un client qu'il s'était fait rosser un peu trop violemment par une bande de petites frappes après s'être fait pincer à tricher aux cartes. Le con, il pouvait pas crever à un autre moment, non ? Maintenant, il faudrait que quelqu'un s'occupe du contrat qu'il n'avait pas mené à terme, en l’occurrence moi. Un contrat accepté était un contrat exécuté, disais-je souvent, d'autant que manquer à nos obligations salirait l'image de notre Confrérie.
Cela ne me dérangeait guère de reprendre là où il avait échoué, c'était bien normal. De toute façon, je m'ennuyais en ce moment et cela serait une bonne occasion pour m'occuper durant les prochains jours, avant de retourner à Storghein. Je m'étais un peu renseigné sur ma cible au préalable, il s'agissait d'un orfèvre Cydien installé dans la région et qui faisait de l'ombre à l'un de ses concurrent. Le motif habituel, quoi. Les Hommes étaient tous pareils, ils convoitaient tous l'argent et le pouvoir, au point de payer des assassins pour liquider le prochain. Enfin, je ne m'en plaignais pas, je gagnais ma vie en me faisant l'instrument de leurs ambitions et puis, c'était très divertissant de mener son existence de la sorte.

Ceci dit, je me pencherais sur cette affaire à partir de demain. J'avais crapahuté travers la ville toute la journée durant et ce soir, je voulais du repos. Un bon rhum et un lit ! Je partirais éventuellement en quête de quelques Talents si jeux il y avait à la taverne, ce dont je ne doutais pas une seconde. C'était toujours de l'argent facilement gagné et je ne disais jamais non à de l'argent. À vrai dire, mes gains en quelques parties étaient souvent supérieurs à ce que je dépensais sur toute une soirée, pourquoi me serais-je refuser ce petit plaisir ? J'avais cependant appris à me limiter car ma chance miraculeuse faisant en sorte que je gagnais souvent, une réputation de tricheuse me précédait dans certaines taverne et cela m'avait valu des démêlés plus ou moins violents à de nombreuses reprises alors, à présent, je m'arrêtais avant d'empocher une trop grosse somme, afin de ne pas exciter les frustrés qui chercheraient à justifier leurs pertes dans une probable – mais inexistante – filouterie de ma part.

Toujours était-il que j'arpentais les rues, en direction d'une auberge où je logeais la plupart du temps quand je venais à Tamawa. Un établissement moyen, où les chambres et la picole n'étaient pas trop chères tout en restant agréables. J'avais les moyens de viser plus haut mais certaines auberges demandaient des prix exorbitants pour une nuitée et j'étais loin d'être quelqu'un de dépensier ! Pourquoi irais-je payer une telle somme pour des draps qui, de toute façon, puaient le moisi ?
Plus ou moins perdue dans mes pensées, je marchais sans vraiment faire attention et comme je pouvais m'y attendre, vint le moment où il fallut que je rentre dans un passant par mégarde. Une passante pour être exacte.
Si le choc ne me fit reculer que d'un pas, il n'en fut pas de même pour elle. En effet, la jeune inconnue ne parvint pas à garder son équilibre et chuta sur moi mais je l'écartais sur le côté afin de ne pas être entraînée avec elle, ainsi tomba-t-elle face contre terre.

« Gaffe où tu vas ! »

Elle se releva tout de suite, bafouilla quelques excuses à peine audible et s'en fut, ses bestiaux sur les talons. Pressée, la demoiselle. Tellement pressée qu'elle continua sa route sans même faire attention à ce qu'elle avait fait tomber. À croire qu'elle avait vraiment un problème, à fuir comme ça sans se rendre compte que deux flèches avaient glissé du carquois pendant sa chute. Enfin, il y avait bien une troisième flèche par terre, sauf que j'avais posé le pied dessus et qu'elle s'était brisée en deux.

« Hey » l'interpellais-je, « Déjà que tu bouscules les gens, t'es priée de pas laisser traîner ton bordel en plus »

[Désolé pour le retard >_<]

« Gaffe où tu vas ! »

Flowène continua sa route sans se retourner. Après tout, elle s'était excusée, pas la peine de faire tout un plat. L'Elfe était fatiguée et n'avait pas envie de faire causette avec une inconnue. Ce qu'elle souhaitait, c'était dormir !
Elle aurait sûrement continué d'avancer, si la rousse ne l'avait pas à nouveau interpelé :

« Hey ! Déjà que tu bouscules les gens, t'es priée de pas laisser traîner ton bordel en plus. »

''Bordel'' ? Raffinée la fille... Apparemment, Flowène avait décroché le gros lot...
Mais cette phrase eut l'effet escompté car elle se retourna immédiatement vers son interlocutrice. Celle-ci tendait avait deux flèches à ses côtés. L'Elfe fronça les sourcils, saisit son carquois, et compta rapidement ses flèches : en effet il en manquait. Trois. Où était la dernière, ça, elle n'en savait rien.
Elle grimaça discrètement mais se dirigea rapidement vers son interlocutrice dans l'intention de reprendre ses biens.

''Merci.''

Elle ne mit aucun sentiment dans ce simple mot, agressivité ou reconnaissance. Elle ne voulait ni avoir d'ennuis ni engager la conversation, aussi se contenta-t-elle de reprendre ce qui lui appartenait pour les remettre dans son carquois. Les flèches ne poussaient pas sur les arbres, ce n'était pas son genre de les perdre ou de les égarer. Ce n'était pas non plus son genre de renverser quelqu'un et de s'écraser face contre terre... Apparemment, elle avait décidé inconsciemment d'innover !

''Désolée de vous avoir renversée, j'étais pressée.''

En temps normal, Flowène aurait sûrement cherché à se faire pardonner en invitant la rousse à boire quelque chose dans la taverne la plus proche, ou quelque chose dans ce genre. Mais ce jour-là, elle n'était pas d'humeur. Elle avait galopé toute la journée, et n'aspirait qu'à une douche, un lit et un sommeil paisible. Avalanche était également épuisée, et elle ne cessait de haleter aux côtés de sa maîtresse, la langue sortie, le souffle un peu trop rapide pour être normal. Seule Perce-Neige demeurait à son aise, ayant repris sa place sur l'épaule de l'archère.
La belle adressa un signe de tête vers l'inconnue et après une bref  ''Bonne soirée'', elle s'éloigna. Enfin, elle voulut s'éloigner...
Elle trébucha à nouveau. Sur Avalanche, qui lui avait quasiment barré la route, sans le vouloir. Mais cette fois, elle reprit son équilibre avant de s'écraser sur le sol. Décidément, ce n'était pas son jour...

[D'abord, désolée du retard !
Ensuite, je ne te laisse pas beaucoup d'ouvertures et j'ai conscience que ce post n'est pas génial, vu le temps que j'ai mis à l'écrire, mais je n'ai pas vraiment la motivation de faire mieux...]

Si je n’étais pas de mauvaise humeur, j’étais néanmoins fatiguée, assez pour réagir au quart de tour quand la demoiselle m’était rentrée dedans. Ma réaction avait été un peu excessive, je m’en rendais compte. Je ne m’étais pas seulement montrée froide, mais aussi agressive. Un peu plus de sympathie ne m’aurait pas tuée, certes. Elle non plus n’avait pas l’air de bonne humeur, à en juger sa grimace quand je lui fis remarquer qu’elle avait perdu des flèches. Dès lors, je me demandais quelle tête elle ferait lorsqu’elle verrait sa flèche brisée, ça promettait d’être drôle. Seulement, je fus un peu déçue car elle ne s’en aperçut pas, se contentant d’en ramasser deux sans rechercher la troisième.
Elle s’excusa de nouveau, de manière plus distincte cette fois malgré que son ton ne suive pas avec ses paroles. Je n’étais pas à cheval sur les manières mais un sourire, même forcé, aurait été mieux et cela lui aurait permit d’éviter les problèmes si elle avait manqué de renverser quelqu’un de plus vindicatif que moi. Enfin, peu importait après tout, cela ne me concernait en rien, aussi ne lui en tint-je pas rigueur.

« Ce n’est rien » lui répondis-je, un sourire monté de toute pièce sur le visage.

La façon dont elle avait parlé et m’avait regardé ne me plaisait guère et pourtant, je jouais l’hypocrite en me montrant agréable. J’avais certes réagi au quart de tour tout à l’heure mais il était inutile de rentrer dans son jeu et de me montrer déplaisante. Je ne me montrais froide que lorsque cela était nécessaire, ou quand je n'étais vraiment pas d'humeur à la discussion. Savoir me montrer sympathique m'avait bien aidée à de nombreuses reprises : en effet, la langue des gens a tendance à se délier plus rapidement de cette façon. Puis, c'était un moyen comme un autre d'obtenir certaines faveurs, quoique l'Elfe en face de moi aujourd'hui n'entrait pas dans la catégorie de gens « potentiellement utilisables » mais bon, inutile d'être désagréable pour autant.
Sans plus de cérémonie, elle voulut quitter les lieux une fois ses flèches ramassées, ce qu'elle aurait sans doute fait si elle n'avait pas manqué de s'étaler à nouveau par terre. À cause de son animal, elle manqua de peu de perdre l'équilibre, et je laissai malgré moi le rire franchir mes lèvres. Il y avait un je ne sais quoi d'amusant à la voir galérer ainsi. Si le sort s'acharnait contre elle ou si elle n'était tout simplement pas douée, je n'en savais rien mais elle était déjà un spectacle en soi.

« Besoin d'aide, peut-être ? »

Bien entendu, ce n'était pas une proposition pour un coup de main, je m'étais juste contentée de me moquer d'elle, en témoigne le sourire railleur sur mon visage ; à ce rythme, la demoiselle ne parviendrait même pas au bout de la rue ! Avait-elle bu ou était-elle tout simplement maladroite à en mourir ? Je n'en savais rien ni n'y prêtais attention, à vrai dire. Dans tout les cas, elle était divertissante et ce, sans même le vouloir. Elle aurait fait une bouffonne correcte, pensai-je tout en ayant conscience de l'improbabilité de ma réflexion.
Mon regard, neutre, se posa finalement sur sa bestiole, celle qui avait manqué de la faire tomber, un loup au pelage immaculé. Belle bête et, d'après moi, pas de celle que l'on amène dans une ville. Était-elle dressée, au moins ? Suffisamment pour être à peu près inoffensive ? Un chien, passe encore, mais là... Du loup, mes yeux allèrent jusqu'à la chouette perchée sur son épaule, d'où je tirais les mêmes conclusions : décidément pas le genre de bestioles à traîner jusqu'ici.

« Tu nous as ramené toute une ménagerie, je vois »

Si cela ne me plaisait pas plus que ça, je devait admettre qu'à eux trois ils formaient un tableau très singulier. J'avais déjà vu des gens être suivi par des animaux insolites – je ne vivais pas dans une grotte, après tout – mais de là à en voir se prendre les pieds dedans... Aurai-je été moins fatiguée que j'aurais peut-être ri d'elle. Je me serais foutue de sa poire tellement elle semblait en galère et que cela m'amusait grandement, mais pas aujourd'hui, pas maintenant.
Néanmoins cette seule pensée avait laissé un sourire moqueur sur mon visage, de ceux qui ne plaisent pas à grand monde, et Flowène n'avait à coup sûr pas dû apprécier non plus.

[C'est... nul, juste nul comme réponse et je m'en excuse. Ça fait un moment que je galère à répondre mais je n'arrive pas à trouver l'inspiration. J'espère que tu sauras te dépatouiller avec ça. ^^']