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Eléa
Nombre de messages : 5382 Âge : 34 Race et âge : Cydienne - 31 ans Cité : Muria Métier : Fleuriste-Gladiatrice Feuille de personnageCompétences: Manipulation de la nature / Soin / Esprit Compétences bonus: Manipulation du feu, dressage d'une bête, Spécialisation (rapière)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: [DA] Un lointain souvenir, un coeur à réparer (pv Amalya) [ terminé ] Sam 27 Oct - 14:43 | |
| Je me rendais compte avec difficulté que le temps passait et que jamais je ne pourrais l'empêcher de poursuivre. J'aurais pourtant voulu l'arrêter, stopper sa course effrénée pour lui intimer de s'arrêter mais cela était hors de ma portée. Plus j'insistais, plus il glissait entre mes doigts si bien que je devais me rendre à l'évidence, j'avais beau pester, maudire tout ce qui bougeait … j'avais beau tout faire, tout imaginer, rien ne les empêcherait de grandir et de faire leurs vies. Un jour ou l'autre, ils vivraient loin de Muria, ou loin de moi, tout simplement. Chacun prendrait son envol et rien de ce que je pourrais dire ou faire n'y changera rien. Aedan aurait bientôt quatre ans et plus elle grandissait, plus je voyais en elle naître le sourire de son père, l'intelligence maligne de ce dernier ainsi que ses tendances farceuses. Il avait beau être parti, nous avoir quitté à jamais, son souvenir hantait sa précieuse petite fille. Si j'avais énormément de rancœur encore à son égard, je me contentais de la mettre de côté autant que possible lorsque l'enfant posait des questions sur lui. Ma fille avait le droit de vivre avec le souvenir d'un père mort en héros, peu importait la vérité tant qu'elle vivait avec ce qu'il restait de lui.
Dans les yeux de ma fille grandissait chaque jour quelque chose de nouveau. Son intérêt pour son jeune oncle démontrait déjà de grandes capacités intellectuelles. Elle avait par exemple compris bien avant ses tantes que le petit garçon ne pouvait pas courir et elle restait à son chevet pour jouer avec lui, sagement, pleine de vie. Il me semblait que sa présence faisait du bien à mon jeune frère qui supportait beaucoup mieux sa différence en sa présence. Aedan, « feu sacré », comme l'avait voulu son père, était réellement un feu. Vivante, vibrante de joie, la petite fille égayait depuis ses premiers jours le palais. Bien qu'elle eut compris relativement tôt que Lùmen n'était pas sa sœur de sang, elle la traitait exactement comme si c'était le cas, contrairement à Elena qui par exemple, n'adressait que rarement la parole à la petite fille depuis qu'elle avait pris conscience de leur différence de couleur de peau. Les remontrances des adultes ni faisaient rien mais le caractère bien trempé de la petite héritière suffisait bien souvent à la calmer et seulement à ce moment là acceptait-elle d'obéir aux adultes et de jouer avec la petite Almer. Je m'étonnais toujours de voir à quel point Aedan pouvait être « adulte » du haut de ses quatre petites années. Plus éveillée que ses tantes, elle conversait sans peine toute la journée, saoulant ses nourrices sous un flot continu de discours.
Une reine. Elle était certes jeune, mais je voyais déjà en elle le savant mélange pour être une souveraine. Une grande dirigeante. J'espérais simplement qu'elle saurait rester sage et ne serait pas gagnée par la folie de son père. Mais je voyais en elle la digne héritière de Philéa, sans doutes bien plus que je ne devais l'être, cela expliquait sans doutes pourquoi ma mère passait autant de temps avec les enfants … Peu importait aujourd'hui. Je n'avais pas à être jalouse. J'étais fière.
Fière mais terrifiée. L'idée même que ma fille pouvait grandir me hantait, je ne voulais pas la perdre et pourtant, je savais que le poids des années me l'enlèverait, tout comme le temps m'avait éloigné de ma propre mère. Si je tentais de ne jamais mentir à ma protégée, je savais que le temps ferait son œuvre malgré tout …
« Maman ? » appela une voix derrière moi.
Lùmen me regardait, perplexe, se demandant sans doutes si tout allait bien vu ma tête pensive. Je souriais pour la rassurer avant de lui demander où était sa sœur et elle me répondit de sa petite voix fluette qu'elle était avec Lùkhas et Sansa dans la salle des jeux. Amusée par l'expression boudeuse qu'elle affichait, je m'empressais de lui demander ce qui se passait et la petite Almer répondit piteusement qu'elle avait appris que l'anniversaire de sa sœur était pour bientôt et qu'elle n'avait pas de cadeau pour elle ce qui, bien entendu, la perturbait grandement. Déposant un baiser sur sa joue, je lui demandais de m'aider à trouver ce qui ferait plaisir à la petite fille pour ainsi le lui offrir toutes les deux. Enchantée à l'idée de cette « mission secrète », Lùmen était repartie avec les autres le sourire aux lèvres. Deux jours plus tard, alors que j'avais totalement oublié cette histoire, l'enfant était revenue me voir, toute heureuse d'avoir rempli sa mission à bien. Ainsi, Aedan voulait simplement quelque chose qui lui rappelait son père, si la nouvelle semblait ravir la petite Almer, elle me fit mal. Je le lui cachais et lui demandais ce qu'elle voulait dire et là, elle m'avoua avec un petit sourire que Aedan avait entendu parler d'un pendentif que m'aurait offert Feanaro et que, secrètement, elle espérait un jour que je le lui donnerais. Remerciant la petite fille avec un baiser sur la joue, je tentais de cacher mon trouble du mieux possible.
Ce pendentif, je l'avais toujours bien entendu mais enfermé dans une boîte que je n'avais jamais pensé ouvrir un jour de nouveau. Je savais que la petite Aedan m'avait entendu en parler mais je ne pensais pas qu'elle aurait compris de quoi je parlais. Le Capitaine Galathil m'avait offert en guise de promesse d'union un pendentif pendant au bout d'une chaîne en or blanc. Le pendentif en question, une petite médaille en or blanc également, était gravé en Elfique. Je refusais de relire la phrase alors j'avais un jour, de colère, planté ma rapière si bien que le pendentif était déformé et les quelques lignes, illisibles.
Le cœur serré, je regardais la boîte sans oser l'ouvrir et pourtant, je savais que la réponse était là, entre mes mains. La culpabilité, la douleur, je savais que la petite fille ne demandais que ma rédemption, je le sentais au fond de moi et pourtant, je ne parvenais pas à me résoudre à ouvrir cette foutue boîte. Les larmes aux yeux de colère plus qu'autre chose, je balançais le coffret contre le mur où il s'y brisait. Le contenu se vida sur le sol. Il y avait le fameux pendentif certes, mais aussi une lettre, et d'autres objets en tout genre ayant appartenu à l'Elfe. Cette fois-ci, se furent les larmes de douleur et de peine qui prirent le dessus et il me fallut une bonne heure pour me calmer. Seule. Une fois le tout exprimé, je m'approchais de la petite pièce en or blanc avant de l'enfermer entre mes doigts.
Je me souvenais encore du jour où il me l'avait offert, si j'avais tenté d'oublier tout cela depuis des années déjà, tout me revenait à présent en mémoire avec précision. Le Capitaine et moi nous étions retrouvé à Silmarie quelques heures à peine avant la bataille de notre vie. Cette bataille même qui me le volerait.
« Tu es têtue » « Je ne vois pas en quoi ne pas être d'accord avec toi reviens à être têtue » « Tu crois que si tu meurs, Jelenna sera heureuse ? »
Il m'avait piquée au vif avec cette réflexion et je revoyais encore ses yeux et ce regard fier de lui, fier d'avoir attiré mon attention et de m'avoir repoussée dans mes retranchements. Je me souvenais de ma colère et de sa main levée en signe d'apaisement tandis qu'il me tendait le bijou.
« Je sais que tu feras ce qu'il te plaira quoi que je dise mais accepte au moins ceci » « C'est quoi ? » « Une promesse »
Je me souvenais l'avoir regardé avec étonnement et son sourire franc, si rare dans les derniers instants de sa vie, m'avait réchauffé le cœur bien que je n'avais pas osé l'avouer. J'avais accepté le cadeau sans un mot, et, entre mes doigts, j'avais fait jouer le pendentif d'un air absent. Incapable de lire l'Elfique, je lui avais demandé ce qui était noté. De ce ton qui n'appartenait qu'au passé, il m'avait répondu … « Parce que la promesse de l'espoir renaît du feu sacré ». Espoir, Eléa, Feu sacré, Aedan. Ce crétin avait déjà tout prévu. Il savait, il se doutait, il espérait. Cette enfant, c'était lui qui l'avait voulu plus que tout et jamais il ne la verrait grandir !
Je serrais le pendentif dans ma main gauche de colère avant de me décider. Aedan était sa fille, il l'avait rêvée, adulée et aimée avant même qu'elle ne naisse, avant même qu'il ne sache qu'elle était en moi. Avec un soupir, je me levais et quittais le palais en direction de la rue marchande. La tête pleine de pensées, pleines de souvenirs, je me dirigeais vers la boutique d'une jeune orfèvre que Mère estimait douée. Il ne m'en fallait pas plus pour ma part.
J'avais trouvé sans trop de mal la boutique en demandant mon chemin. Toutes les femmes de la cité libre s'accordaient à me diriger vers elle sans que je ne connaisse ni son nom ni le nom de la boutique, je savais uniquement dans quel coin de Muria elle se trouvait, la chance avait fait le reste. Sans hésiter, le cœur battant, j'entrais.
« Excusez-moi, il y a quelqu'un ? »
Encore dans mes pensées, je n'avais pas fait attention si la maisonnée avait âme qui vive. Entre mes mains dormait le cadeau de toute une vie, celui qui désormais, appartiendrait à l'héritière du trône. A ma mort, elle monterait sur ce dernier pour diriger toute une cité florissante, et à son cou pendrait cet antique souvenir d'un père qu'elle n'aurait jamais la chance de connaître autrement que par mon intermédiaire. Je savais déjà ce que je comptais demander, outre réparer le bijou, je comptais bien y faire graver une nouvelle phrase en Cydien cette fois. « Du feu sacré renaît l'esprit du feu ». Aedan Juhel Galathil, ma précieuse petite fille, il y avait bien longtemps que j'avais compris à quel point tu ressemblais à ton père, plus que tout, à quel point je t'aimais …
« Bonjour » lançais-je avec calme à la jeune femme qui s'avançait, « Pensez-vous pouvoir réparer ceci et graver quelque chose pour moi dessus ? » ajoutais-je sans vraiment attendre sa première réponse, je me demandais juste, enfin j'espérais, qu'elle puisse réparer l'or blanc tordu par la lame.
La demoiselle ne prit que peu la peine de me répondre, j'avais l'habitude de ce genre de comportements et je ne m'en formalisais que très peu. Je la laissais observer l'objet en question, un pincement aux lèvres. Lorsqu'elle m'affirma pouvoir le réparer, je fus sans savoir pourquoi soulagée. Peut être que je savais trop pourquoi au contraire ... Quoi qu'il en soit, elle prit le bijou et s'éloigna en silence, marmonnant que cela prendrait du temps et qu'elle me ferait prévenir quand tout serait fini. Sans un mot, je filais donc, espérant secrètement que le bijou retrouve sa beauté d'antan.
[ J'espère que ça te va, j'ai galéré XD ] [ Désengagée ] |
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