[FA] La neige souillée de rouge [Intrigue Dylan/ Narcquos]

Le froid recouvrait, tel un fin tapis blanc, les rues et ruelles de l'imposante cité, fraîchement enneigées. La soirée était plutôt calme et douce, sous cette pluie blanche et magique que nous offrait la cité de Storghein. Laissant mes pieds tracer leurs pas dans le grand tapis blanc, je marchais tranquillement en ville, perdu dans mes pensées les plus profondes, hors de la réalité. Le vent froid embrassait mon visage pâle et songeur avec ses petits flocons si majestueux à la fois. Les cheveux de mon petit frère sont exactement de cette même couleur si pure et merveilleuse. Pendant un bref instant, l'ombre d'un sourire pu se lire sur mon visage. Ses cheveux immaculés trahissaient son âme corrompue.

La Maho... ce pouvoir si puissant, avait complètement anéantie la vie de mon jeune frère. Je secouai ma tête vivement pour oublier ces souvenirs de mauvais goûts. Mon geste me fit revenir a la réalité...j'étais perdu.... Découragé, je m'appuyai la tête contre le mur d'une petite boutique et commençai à la cogner contre celui-ci. Mais quel idiot je suis!! De mon seul oeil actif, je repérai le palais. J'en étais bien loin... Combien de temps ai-je marché? Je fis un grand soupir avant de rebrousser chemin. La nuit était déjà tombée... Alois doit probablement s'inquiéter. Je serai en retard à notre rendez-vous habituel. Mon visage exprimait la tristesse que j'éprouvais à l'idée de voir le visage déçu de mon jeune frère adoré, ma seule famille.

Sans pouvoir repérer mon chemin précédent, j'explorais tous les recoins du quartier, tout en marchant en direction du palais. J'étais complètement perdu. Je vis alors un clochard, assis au coin d'une ruelle, délaissé. Je m'approchai tranquillement de lui pour ne pas le brusquer. Je me penchai vers lui doucement et lui demandai gentiment de m'indiquer le chemin vers le palais. De bon coeur, il m'expliqua lentement le chemin pour que je puisse le retenir. Je le remerciai et lui donnai quelques pièces de monnaie. Son visage devint si heureux que je ne pus ne pas sourire. Je m'engageai donc maintenant dans les petites ruelles de Storghein, espérant rentrer au manoir.

La douce froideur astorg m’avait quelque peu manqué, ici, même en plein jour, les rayons du soleil peinaient à traverser l’épaisse couche de nuage, de neige et de brouillard quasi-constant, ici, je pouvais me promener en plein jours dans les rues sans pour autant avoir à me cacher ou m’abriter toutes les cinq minutes comme j’avais du le faire dans le désert ou même à Tamawa. Ici, j’étais pleinement libre de mes mouvements, et je ne m’en privais pas. Depuis mon retour, j’avais arpenté pendant des heures les rues de Storghein, récoltant de nombreuses informations sur ce qui c’était passé en mon absence, m’assurant que les choses n’avaient pas trop changées, de toute évidence, c’était le cas, ce qui est normal en même temps, l’hiver approche et ici plus que partout ailleurs, on se prépare au mieux à l’affronter chaque année, celle-ci ne faisant pas exception.

Les gens s’affairaient tous, de ci, de là afin de faire ce qu’il fallait en vue des intempéries et de la rudesse de l’hiver astorg, les stocks de vivre étaient déjà presque rempli depuis des semaines, voir des mois, mais on continuait tout de même à récolter ce qui pouvait l’être, principalement l’eau potable, le bois, ou les peaux d’animaux en cas de grands froids. Les bergers ramenaient leur bétail vers la ville, et les pêcheurs adaptaient leurs bateaux et équipements. Bref l’hiver approchait et moi, j’étais de retour…

!=><= !

J’avais passé toute ma journée à me promener du côté du port, mais maintenant que la nuit était tombée, je me dirigeais tranquillement vers le centre, ma vision nocturne me permettant de me déplacer sans problème à travers les rues de la ville, évitant pour le moment le chaos et les intrigues des bas-quartiers, pour profiter un peu de calme et de tranquillité, du moins, c’est ce que j’imaginais jusqu’à apercevoir un jeune homme, celui-ci aurait pu passer inaperçu, comme beaucoup d’autres, et si je l’avais croisé en plein jour, je n’aurais probablement même pas fait attention à lui, mais à cette heure tardive, il n’y avait pas beaucoup de gens qui marchaient dans les rues.

Quelque chose attirait mon attention chez lui, une impression étrange qui me disait qu’il fallait que quelque chose chez lui était spécial, je l’observais via ma vision nocturne et réalisait une nuance de froid au niveau de l’un de ses yeux, indiquant ainsi que j’avais affaire à un borgne, chose qui était plutôt courante depuis la guerre, certes, mais peu dans la tranche d’âge que j’attribuais au jeune homme, il passa assez prêt d’une lumière pour que je l’observe physiquement en détail, et son visage me dit quelque chose, il me semblait l’avoir déjà vu quelque part, ce qui fit monter la curiosité à un niveau supérieur.

Je le suivis alors le long des rues, il semblait parfaitement perdu, il demande alors sa route à un pauvre ère, il semblait vouloir aller au palais, détail encore plus inhabituel et qui fit l’effet d’un déclic dans ma tête. Je me souvenais soudain l’avoir déjà aperçu dans les environs du palais lors de réunion du conseil, et l’on m’avait indiqué qu’il s’agissait du préposé aux finances. Un sourire se dessina alors sur mon visage, quelqu’un comme lui pourrait sans doute me rapporter beaucoup de renseignements, voir plus. Compter le nombre de personnes intéressées par ce que pourrait apporter ce jeune homme serait impossible, et me priver de ça serait parfaitement stupide. De plus, certaines rumeurs des bas-fonds disaient de ce garçon qu’il était hanté…Il n’y avait donc plus aucune raison d’hésiter.

Je me rapprochais de lui, me glissant le long des ruelles avec agilité pour ne pas me faire repérer jusqu’à m’assurer d’arriver à un endroit propice.

Lorsque je sus que le moment était arrivé, je fis apparaitre un voile de ténèbres devant son œil valide afin de l’aveugler, puis profitais de la surprise pour me rapprocher et passer devant lui en souriant, faisant en sorte de me placer calmement devant lui au moment où mon sort se dissiperait.

« Bien le bonsoir…Dites moi, que fais un seigneur dans les rues de la ville à une heure si tardive ? C’est dangereux de se promener seul le soir dans les ruelles, surtout lorsque l’on siège au conseil. »

Dans cette nuit calme et silencieuse, on pouvait y entendre mes pas enfoncer sous la fine couche de neige. Le froid était de plus en plus glacial à chaque coup de vent, balayant mes cheveux roux. Les habitants commençaient à se faire rares dans les rues, me laissant presque seul dans ce vaste labyrinthe. Heureusement, j'avais confiance grâce au bon vieux clochard qui m'avait aidé à me retrouver sans hésiter. D'une grande aide est ma bonne mémoire, car le chemin n'était pas si simple. Dans le noir de la nuit, il était difficile de tout voir, surtout avec un seul oeil. Le simple passage rapide du comment j'avais perdu cet oeil me mit de mauvaise humeur sur le coup. Sans même m'en rendre compte, je crachais toutes sortes d'injures à voix basse sur mon défunt père. Mes pieds avaient trouvé une petite pierre à botter pour me détendre un peu. Ce petit passe-temps ne m'avait pas fait remarquer qu'une ombre me suivait depuis un moment.

Je continuais de fixer le petit caillou quand un drap noir m'aveugla subitement. Qu'est-ce que c'était? J'eus à peine le temps de réagir qu'un homme se tenait devant moi, souriant, une fois que le voile ait disparu. Ses yeux bleus perçaient dans la noirceur, brillant presque. Juste par en croiser son regard, je savais que cet homme avait déjà tué... et plus qu'une fois.

« Bien le bonsoir…Dites moi, que fais un seigneur dans les rues de la ville à une heure si tardive ? C’est dangereux de se promener seul le soir dans les ruelles, surtout lorsque l’on siège au conseil. »

Il fallait plus que ça… Il connait mon identité et il semble être bien content de la situation. Malheureusement pour lui, je sais très bien me défendre et je n’ai pas peur de tuer s’il le faut. Tout de même, il avait raison sur le fait que je n’étais pas très sécuritaire à me balader en pleine nuit avec la position que j’occupe. Mais, ce n’est pas comme si je l’avais réellement voulu après tout… j’étais perdu. Malgré ma forte impression de ne pas pouvoir lui faire confiance, je lui répondis à mon tour, d’un air presque innocent.

«Alors…vous savez qui je suis hein?...Quoique je ne suis pas inconnu de tout le monde» dis-je bêtement; « Pour être honnête, je me baladais dans le quartier et je m’y suis perdu…Heureusement, un homme m’a guidé et maintenant je rentre chez moi…Alors si vous voulez bien m’excuser, on m’attend..»

J’adressai un sourire à l’inconnu avant de le contourner doucement, faisant attention de ne pas trop le vexer, espérant qu’il me laisse rentrer bredouille. Jamais trop prévoyant, j’avais commencé à descendre mon gant. Comme ça, s’il m’attaquait, je serais prêt à tout.

Amusant et intriguant, telles étaient les deux adjectifs qui me venaient à l’esprit en observant le jeune homme qui me contournait comme si de rien n’était après m’avoir simplement dit qu’il rentrait chez lui, c’était plutôt rare de trouver cette force de caractère chez un politicien, même Astorg. J’avais rencontré de nombreuses personnalités au cours de ma vie, et la plupart de ceux qui avaient des places de hauts rangs n’étaient que des lâches dissimulés sous une foule de gardes et de lois, mais lui se promenait simplement en pleine nuit à la portée de n’importe qui. Soit il avait vraiment confiance en lui, soit, il n’avait pas toute sa tête, et au vu de sa position, je doutais de la deuxième probabilité, et c’est exactement pour ça qu’il m’intriguait d’avantage. A présent, en plus de vouloir tirer un quelqu’un profit de sa personne, je voulais voir de quoi il était capable.

Je m’approchais de lui tranquillement, le suivant sans me cacher à présent, me mettant même à sa hauteur pour marcher à ses côtés, lui souriant franchement à présent. J’avais été jusqu’à prendre la peine de me placer du côté de son œil valide, cachant tout semblant d’agression dans mes mouvements ou dans le son de ma voix.

« Perdu ? Et bien mon pauvre ami, vous perdre dans un endroit comme celui-ci, et en fin d’automne de surcroit, vous ne devez vraiment pas avoir de chance, fort heureusement qu’il y a des gens aussi généreux que ce bon vieux Fried pour remédier à votre malchance. »

Je continuais à marcher, le plus tranquillement du monde.

« Imaginez si vous étiez tombé sur quelqu’un de bien plus mal intentionné que Fried. Vous représentez beaucoup de chose pour de nombreuses personnes…Des informations, une rançon plutôt confortable…Oui, vraiment beaucoup de chose, surtout avec la malchance qui s’abat sur vous. »

Je souris malicieusement, m’arrêtant soudain pour le fixer en ricanant un peu.

« Mais je suppose que vous n’avez pas peur de cela, n’est-ce pas ? Non, vous n’avez pas peur, vous ressentez de la méfiance, mais pas de peur…Au contraire… »

Je sortis soudain ma dague, le fixant avec un air des plus sérieux cette fois ci, remettant en place une mèche de cheveux qui me barrait la vue, mes yeux brillant dans la nuit de par leur capacité nocturne plus que par les chandelles accrochées sur les murs. Je tremblais légèrement, tout mon corps tremblait, ni de froid, ni de peur, au contraire, c’était d’excitation, d’envie, je voulais voir de quoi il était capable, tout de suite.

« Montrez-moi donc de quoi vous êtes capable avec cette main... »

Décidément, cet homme était du genre à ne pas lâcher prise. De plus, pour ne pas troubler mon handicap, l’homme mystérieux se plaça à ma gauche, marchant tranquillement à mes côtés. Une fois égale à moi, je remarquai qu’il n’était pas si imposant que je le pensais. Je devais avoir facilement 7 à 8 centimètres de plus que lui. Grand sourire aux lèvres, il me réprimanda de m’être perdu, surtout dû à l’importance de mon poste au royaume. Je suis peut-être jeune, mais je ne suis plus un enfant tout de même! J’avais pleinement conscience de mon erreur avant même qu’il apparaisse de nulle part. Bien sûr, je ne suis pas stupide. Cet homme ne m’avait certainement pas interpellé pour me gronder sur mon imprudence, il était clair comme de l’eau de roche qu’il cachait une autre intention et je misais évidemment sur une malveillante.

J’écoutai attentivement son discours douteux lorsqu’il s’arrêta subitement, ricanant légèrement. Ses paroles devinrent presque agitatrices, poussant à me retourner pour lui faire face. Il sortit soudainement sa dague d’au moins 40 centimètres, prêt à charger. Ce n’est pas sa dague qui me surprit le plus, mais bien le fait qu’il avait remarqué que j’étais un de ces sombres manipulateurs de la Maho. Je parai sa première attaque en reculant de quelques mètres, faisant bien attention de rester entre les deux murs de la ruelle. Je cherchai rapidement un objet coupant et repérai une vieille bouteille en vitre aux côtés d’une vieille caisse. Je la ramassai tout en me relevant et la fracassai contre le mur de pierre.

-Très bien, dis-je tout en enfonçant le verre brisé dans ma main gauche en poussant un léger cri de plaisir ; je voulais rentrer tranquillement chez moi, mais on dirait que je vais devoir un peu jouer avec toi…, continuais-je, sourire aux lèvres.

Le sang commença à couler davantage, tâchant ce tapis blanc que la nature offrait à Storghein. Désormais, cet homme devait mourir, car si on devait apprendre qu’un haut placé comme moi utilise cette magie interdite, ma tête sera certainement misée à prix.

-Et si on commençait en douceur, histoire de profiter un peu de ce petit jeu?

Sans attendre une seconde de plus, je dirigeai immédiatement mon bras gauche, maintenant ensanglanté, vers lui et lançai «Hémorragie». Ce n’est qu’un petit sort basique, mais il pourrait tout de même prendre peur avec cela.

Les choses se passaient comme je les avais prévues…ou presque, je m’étais bien évidemment préparé au fait qu’il ne fuie pas et qu’il m’attaque, mais aucunement de cette manière ! Pendant un instant, je crus qu’il prenait la bouteille pour m’attaquer avec, mais jamais je n’aurais imaginé qu’il allait se la planter dans sa propre main. Je restais ahuri face à ses actions, ne comprenant pas sa manière d’agir et me demandant un instant s’il n’était pas juste complètement fou, mais je changeais rapidement d’avis lorsque je sentis du sang couler de mon nez, ce n’était pas la première fois que quelqu’un me faisait saigner, mais jamais de cette manière. La magie m’était parfaitement inconnue, mis à part les dons que m’avaient offerts Mask, je n’avais jamais compris comment la manipuler et ça ne m’avait jamais réellement intéressé.

Je regardais étrangement l’homme face à moi dont le sang coulait sur la neige, j’avais entendu parlé de gens exerçant ce genre de magie, mais pour moi, ça restait une légende, même les mages évitaient le sujet, et le nom de cette malédiction m’échappait, muhaut, moha ? Le temps n’était pas à ce genre de réflexion, j’avais face à moi un homme capable de l’utiliser et si ce qu’on en disait était vrai, la moindre erreur pourrait signer mon arrêt de mort !

Néanmoins, je souris, je fixais celui face à moi en passant une main sous mon nez pour en retirer le sang qui en coulait, puis regardais ma main ensanglantée.

« Décidément, les gens sont pleins de ressources, jamais je n’aurais pu imaginer que les légendes disaient vrai ! »

Je me mis à rire face à lui, l’adrénaline emplissant mon corps comme jamais, la nuit allait vraiment devenir intéressante.

Je serrai d’avantage ma dague entre mes doigts, prenant une position plus stable et bien plus alerte qu’auparavant, me préparant à son prochain assaut qui risquait d’être bien plus dangereux que trois goûtes de sang sortant de mes narines. Je repérai les différentes sources de lumières de la ruelle, elles n’étaient pas très nombreuses. Un nouveau voile de ténèbres s’abattit sur l’unique œil valide du jeune homme, ce sort ne l’immobiliserait pas, mais il me permit de prendre de la neige et d’en lancer sur une partie des chandelles alentours, réduisant grandement la luminosité ambiante, ainsi, lorsque l’homme pu de nouveau voir, ce fut des ombres, visibles uniquement grâce à la faible lueur de la lune, partiellement cachée par les nuages, et une lueur rougeâtre dans mes yeux, signe de ma vision infrarouge.

« Tu as raison, amusons nous un peu ! »

Certains bruits étaient comme une musique aux oreilles, mais d'une telle redondance qu'on n'y prêtait finalement plus attention. Au début, ils étaient choquants, heurtant, disgracieux. Puis on y trouvait un certain réconfort, une familiarité. Parfois un manque.
Qui pouvait croire que le bruit d'un affrontement pouvait être de ce genre ? Il l'était pourtant, pour certaines personnes, dont les noms résonnaient encore dans les échos de l'Histoire, dont le prénom évoquait conquêtes, batailles mais aussi terreur.
Bors se réveilla dans un endroit qui ne lui évoquait rien: ce n'était pas ici qu'il était mort la première. Mais c'était là où il était tombé la seconde. Il avait affronté plusieurs ennemis en même temps dans le tumulte d'une bataille des Rois qu'il avait perdu. Son dernier combat. Ce qu'il croyait être son dernier combat, avant qu'il ne soit rappelé.
Bors était certainement un des plus grands hommes que la terre d'Azthia avait porté, si ce n'était par le talent au moins par la taille démeusurée de son corps. Il se déploya de toute sa hauteur, sortant du sol, la terre molle et humide tombant de son armure comme une goutte d'eau attirée par la pesanteur. Très vite, ses plaques, son casque et son épée furent impeccables, comme sorties de la forge. Il bougea, retrouva ses sensations: ses muscles se rappelèrent à son bon souvenir, il sentit le poids de son armure sur ses épaules, sa vue, son ouïe. Bors retira son casque et huma l'air frais de la soirée, claire mais froide, dévoila proprement les étoiles au-dessus de lui. Non loin, il voyait les lumières vacillantes d'Erathia, habitée comme au premier jour par des âmes vivantes. Ce n'était pourtant pas là sa destination, comme la logique l'aurait voulu: l'appel qu'il ressentait venait de plus loin, au nord, dans les terres qui l'avaient vu naître il y a plus de cent cinquante ans.

Bors se mit en marche, se mouvant lentement pour commencer, puis atteignant une vitesse de marche considérable: il ne ressentait pas la fatigue, la soif, la faim, l'épuisement ou même l'ennui. Il marchait vers son but, c'était tout. A l'entrée de Storghein, il déclina son nom et enleva son casque. Tout, chez lui, hurlait qui il était: son prénom, sa taille, son armure d'un autre siècle, son épée monstrueuse. Et pourtant, on le laissa entrer comme si on craignait de le voir s'énerver. L'appel, toujours l'appel, il le suivait en direction du château. Il ne savait pas encore comment il allait y entrer, mais il s'en fichait: chaque problème en son temps.
La musique vint à ses oreilles, la musique d'un affrontement. Bors la trouva sur sa route et tomba finalement sur les belligérants: deux hommes, des astorgs, se battant dans le sang. Un scandale, un gâchis.

"Il est un temps bien triste et bien sombre, quand deux Astorgs en viennent à se prendre pour des ennemis", tonna-t-il de sa voix la plus grave.

Selon la réaction de mon adversaire, c’était probablement la première fois qu’il voyait la Maho. Était-il si surpris qu’un homme de mon rang la manipule? Veut-il toujours me défier après cette petite démonstration? Ça serait bien dommage de le tuer sans m’amuser un peu…. Il essuya le sang qui s’échappait de sa narine et me regarda tout en abordant un large un sourire. Son regard, si arrogant, me captiva et monta en moi une grande vague d’excitation. Cette sensation si agréable… je l’avais presque oubliée… Le plaisir que renfermait le combat, ce danger mortel si bienfaisant. Décidemment, je n’étais pas le seul à m’amuser. Mon adversaire ricanait lui aussi de son côté. Je sens qu’on ne va pas s’ennuyer finalement… Il prit position et répliqua avec un voile de ténèbres afin d’aveugler mon seul œil voyant. Le même coup deux fois? À quoi il joue celui-là? Malgré ce voile, je pourrais tout de même parer son coup…Ce n’est pas comme si j’avais perdu mon œil droit hier. Ce fut lorsque le voile disparut que je compris enfin cette diversion….«Vision infrarouge hein?»

-Alors, soit! Dis-je tout en ouvrant davantage ma plaie.

Je lançai la bouteille de verre plus loin et léchai tranquillement le sang qui coulait le long de mon bras. Cette odeur, ce goût si délicieux. J’aimerais tant goûter au sien lorsque que je l’aurai réduit à néant…

-Question d’ajuster les handicaps, je vais aussi t’enlever la vue!! Criais-je en dirigeant mon bras dans sa direction.

Avant de lui jeter «Malédiction», je fus interrompu par une nouvelle présence derrière moi. Je fis volte-face et me retrouva nez-à-nez avec un homme équiper d’une armure venant d’une toute autre époque. Sa voix grave et imposante résonnait dans la sombre ruelle où nous étions. Qui est cet homme? Un renfort de mon adversaire? … Non je ne crois pas… Il m’aurait sans doute déjà attaqué… Que faire? Et d’abord, Est-ce un ennemi ou un allié?

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[FA] La neige souillée de rouge [Intrigue Dylan/ Narcquos]

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