D'écume et de feu [Akira] D-E (fini)

_____Le trajet s'éternisa avec une malice qui tournait au sadisme. Tant et si bien que Chelann en venait à regretter son choix d'emprunter le bateau. Cependant, il était trop tard pour retourner sur ses pas.
Pour la première partie de son trajet, ce fut sur le dos de sa monture qu'il avala les lieues. Ayant quitté Silmarie avant l'aube, le cheval cavala dans la nuit écumante. Il parvint au bord du Riel alors que le soleil aspirait à atteindre son zénith. Le fleuve de la grande mer qui scindait grossièrement le pays des Almers demeurait le dernier rempart avant Ptot Tàh, située en aval. Ainsi Chelann avait-il embarqué dans ce navire à fond plat qui promettait de descendre le courant pour atteindre la capitale en moins de deux heures.
Encore aurait-il fallu que l'équipage ne fût pas un ramassis d'incapables. Lorsqu'une fuite d'eau se déclara à fond de cale, Chelann soupira doucement. De toute évidence, ils allaient être retardés... Il en prit son parti, profitant de l'animation générale pour rendre visite à sa patiente monture. Le nombre de passagers, estima-t-il ce faisant, devait s'élever à une bonne cinquantaine.
Il passa ses doigts fins au cœur des crins délicieusement rugueux, d'un blanc d'albâtre. Sa présence tranquillisait l'animal qui encensa avec lenteur, avant de poser sa tête effilée sur l'épaule de son maître. La chaleur de ce souffle...
Un soubresaut secoua l'embarcation. Chelann esquissa une moue ennuyée en s'apercevant que la grande barre de bois à laquelle étaient attachés les chevaux, sur le pont, était sur le point de céder. A l'agonie, elle émettait des craquements sinistres comme autant de plaintes. Cependant, le Demi-elfe n'avait pas la force d'empêcher ce qui devait se produire. Et le bois se rompit, et les chevaux furent libérés. Roulant des yeux effarés, il bondirent sur le pont. Se précipitèrent, s'éparpillèrent, dans un tonnerre de sabots. Un rythme insoutenable pour les malheureux qui tentaient de les calmer.
Seul l'akhal téké, entre les mains de son maître, demeurait immobile. En réalité la peur tétanisait l'animal, mais la présence de ce bipède n'était pas pour lui déplaire.

Chelann perçut deux cris qui couvrirent le tumulte enragé des voix.

« A l'eau qui peut !
- Jettez l'encre ! 'Faut se ramener sur l'bord ! »

Il songea qu'il n'avait plus sa place ici. Le flanc du navire alla violemment heurter la paroi rocheuse de faible hauteur qui jouxtait le fleuve en cet endroit. Sous l'effet du choc, le bois manqua s'émietter. Pourtant, non ; un groupe d'hommes et de femmes venaient de parvenir à amarrer le navire. Dès lors, il ne bougea plus. Réellement plus ?... Chelann eut un sourire amer. Une inquiétude froide suintait dans son esprit. A chaque seconde, le bateau s'enfonçait un peu plus. La ligne d'eau dépassait frôlait déjà le niveau du pont.
D'un mouvement leste, Chelann bondit sur le dos du cheval. Les pans de sa cape volèrent pour aller couvrir la croupe de l'animal, qui, sur une injonction de son cavalier, sauta.
Il franchit le rebord de bois, survola une eau menaçante, pour toucher enfin la roche. Ses sabots claquèrent en rythme. Il prenait le galop.

« Fais vite. »

Chelann montait à cru. Il plaça un bras devant son visage, aveuglé par la lumière éclatante qui se reflétait sur l'étendue ivoire du désert. Des grains de poussière tentaient à chaque instant de le griffer.
Il se maintenait sur le dos de l'animal grâce à sa seconde main, enfoncée dans la crinière. A l'extrémité de ses doigts, il changea la sueur rance en glace. La créature accéléra, doublant le vent.
La capitale leur apparut rapidement. Animé par un sentiment d'urgence, quoi qu'il gardât son sang-froid, Chelann glissa à bas de sa monture dès lors qu'il passa les portes de la cité.
Il se trouvait alors sur une place animée. Une multitude d'effluves flottaient, tantôt épicées, tantôt salées ou sucrées, aux parfums exotiques.
A grandes enjambées, le Demi se dirigea vers un groupe de guides - visiblement. Il avait réajusté sa capuche peu avant. Sa voix s'éleva doucement, s'imposant peu à peu au-dessus des conversations.

« Il me faut des hommes valides et des chevaux, quatre pour le moins. Une embarcation fluviale est en perdition à une demi-heure en amont. »

[Pardon pour le retard... Je peux enfin poster ! *larmes de joie* ]

Ptot Tàh l'été... Vous connaissez, les fours des plus grand cuisiniers de ce monde ?
Akira lâcha un autre soupir tragique, rabattant une fois de plus sur son visage la longue cape de touareg qui lui enserrait les épaules. Enroulée et cachant le moindre centimètre visible de peau, elle ne laissait dévoilée que ses yeux amandes profondément bleus, masquant au regard des badauds son étrange peau blanche... Il se tenait là, assit, une jambe repliée contre son torse et bras nonchalamment croisés autour de son genou, la bride du petit étalon bai brun enroulé autour de ses doigts. Embers dressa l'encolure, observant avec curiosité le groupe de guides marchandant de vive voix à quelques mètres d'eux. Lui, s'ennuyer ? Noooon...
Le beau brun laissa aller sa tête contre le mur de la bâtisse où il était venu chercher un peu d'ombre. Le soleil et sa chaleur ne l'avait jamais vraiment gêné, mais la routine l'accablait... Où donc était passé les donzelles en détresse ? Les jeunes et jolies jeunes femmes s'agitant dans le froufroutement de leurs robes ? A nouveau, un soupir à fendre l'âme lui échappa... Oui, voilà ce qui lui manquait. La chaleur de l'étreinte d'une femme !
Le tintement des sabots d'un cheval au galop vint le sortir de ses amers pensées, tandis qu'une tignasse argent bondissait à terre, courant plus qu'il ne marchait vers le groupe animé des guides de Ptot Tàh. Là, Akira fut piqué au vif et se concentra dès lors trèèès attentivement sur le nouveau venu... Pitié, faite que ce soit la troisième guerre mondiale ou qu'une armée enragée soit à deux jours d'ici ! Qu'il se passe quelque chooose !

- Il me faut des hommes valides et des chevaux, quatre pour le moins. Une embarcation fluviale est en perdition à une demi-heure en amont.

Akira faillit pleurer et remercier le ciel, attrapant fermement la bride d'un Embers déjà en plein dans l'action. Le beau brun bondit habilement sur l'étalon, fit faire un demi-tour à ce dernier et se rapprocha en trottinant du groupe de personne s'activant déjà à trouver les hommes et les chevaux demandés. Il salua d'un rapide coup de tête les quelques connaissances qu'il avait croisé au cours de ses nombreux voyages et, s'adressant au demi-elfe, prévint :

« J'ai une corde de dix-mètre, sous la selle. Ce n'est pas grand chose mais on pourra peut-être se débrouiller pour la faire coulisser et ramener la barque à la rive. »

Ses yeux pétillèrent, signifiant assez clairement qu'il souriait de toutes ses dents sous la cape qui lui mystifié le visage. D'un geste englobant tout l'étalon et lui-même, il ajouta :

« Il semblerait que j'ai aussi un cheval. Et des bras ! Je vous accompagne donc. »

Qui disait barque en danger, disait jolies demoiselles en détresses ! Il échangea un regard complice avec un Embers ricanant, songeant déjà aux nouveaux visages qu'il allait bien pouvoir découvrir... Blonde ou plutôt brune ? Petite ou grande ?
Trois autres hommes vinrent les rejoindre, montant des chevaux plus ou moins préparés à la va-vite, piaffant d'impatience de partir au galop dans ces grandes étendues sablés de doré. Un quatrième homme, accompagné de sa femme, avait ramené avec lui un imposant chariot tiré par deux ânes et interpella Chelann :

- Ne vous inquiétez donc pas d'nous semer, on vous rattrapera bien vite pour s'occuper des rescapés...

[ C'est parti alors ! \o/
J'espère que mon post te conviendra ; si tu as la moindre question ou que tu souhaites que je modifie quelque chose, n'hésite pas ! ]

_____Tous les regards se posèrent peu à peu sur Chelann tandis qu'il s'approchait, et des expressions surprises naquirent sur les visages. Qui venait-il donc troubler la quiétude de cette lourde après-midi d'été ? Un étrange bâtard dont la peau claire apparaissait trop malgré sa capuche rabattue, à savoir un jeune homme qui aurait dû savoir combien il était dangereux d'exposer ainsi son appartenance à une race inférieure. Ptot Tàh n'était pas le pays de la veuve et l'orphelin. Et que le bâtard leur voulait-il ? Certains regards se durcirent, l'air s'alourdit.
Il leur apportait des ennuis. Un Almer au teint rouge, aux traits durcis par les coups, cracha dans la poussière.

« Et qu'est-ce ça peut nous faire qu'un rafiot d'migrants se pète la gueule ? Y z'ont pas d'quoi payer, ces gens-là, t'façon. »

Le cœur de Chelann se serra. Les passagers n'auraient pas de quoi les payer... les gars du coin avaient vu juste, il s'agissait d'un navire contenant des familles, "des donzelles et des mômes" comme grognait un autre. Les yeux pâles du jeune Demi glissèrent sur les personnes présentes, chargés d'une colère naissante.
Certains bougeaient, s'activant pour aller trouver hommes et montures, ce en contournant les râleurs. Visiblement, tous n'étaient pas pourris... Ou bien peut-être espéraient-ils tirer quelque avantage de cette affaire, mais peu importait pour le moment.
Plus rapide, un cavalier sous cape se démarqua. Son allant faisait plaisir à voir.

« J'ai une corde de dix-mètre, sous la selle. Ce n'est pas grand chose mais on pourra peut-être se débrouiller pour la faire coulisser et ramener la barque à la rive.
- Cela conviendra ! La proue s'est brisé contre le bord » assura Chelann de sa voix claire, en hochant brièvement la tête.

Sa grande monture longiligne se posta juste derrière lui, soufflant contre son épaule. Sans la regarder, Chelann posa sa main sur l'encolure confiante. Une brise fraîche se levait, apportant de fins nuages blancs, trop heureux de pouvoir disposer à leur gré de cette immensité bleue.

« Il semblerait que j'ai aussi un cheval. Et des bras ! Je vous accompagne donc. »

Chelann se hissa agilement sur le dos de son cheval. Sur un murmure, l'animal bondit en avant, en proie à une impatience grandissante. La sueur de sa précédente course dégoulinait encore entre ses crins, sur son front d'albâtre.
Ainsi Chelann partit-il en tête, ayant juste à sa droite le cavalier à l'étalon bai sombre. Le chariot, comme prévu, se laissa distancer, quant aux trois autres hommes, s'ils ne conservaient un peu de distance, ce n'était que pour mieux anticiper.

Un instant, au cœur de la course, le Demi se permit d'observer le profil de l'homme à la monture baie - du moins, ce qu'il pouvait en voir. Notamment, il perçut ses yeux dans un éclat de lumière, un cercle d'un noir absolu protégeant des prunelles d'azur. Il en fut étonné et détourna le regard pour le précipiter vers l'horizon infini.

Tous cinq purent apercevoir le fleuve au loin parmi les dunes, sous un ciel argenté. Chelann jeta un coup d'œil inquiet vers le nord, en amont. Il semblait que des orages avaient éclaté. Ponctuant ses pensées, un grondement sourd parvint jusqu'à eux. Quelques chevaux en frémirent.
"Quelle chance", pensa-t-il avec cynisme, tachant de faire taire son inquiétude.

Enfin, les équidés pilèrent, soulevant des volutes de poussière dorée.
Chelann poussa Enéor jusqu'à l'extrême limite de la roche que heurtait continuellement l'eau, torrentielle.

« Le navire est au centre... »

Il avait parlé sans hausser la voix, et sûrement personne ne l'avait-il entendu du fait des grondements de l'eau et du lointain orage. Cela les inviterait à s'approcher... Et ils pourraient alors constater que l'embarcation s'était empêtrée dans un ramassis de branchages, au centre du courant. Les passagers paniqués demeuraient prostrés sur le pont, tandis que l'équipage s'affairait en vain, tentant de colmater les voies d'eau. L'embarcation était d'ailleurs tellement enfoncée que c'était à se demander ce qui la maintenant encore à la surface. Peut-être quelque tronc, dans les profondeurs...

Avec horreur, Chelann s'aperçut soudain que la couleur de l'eau virait, abandonnant son jaune d'ocre habituel pour adopter des teintes marronnasses inquiétantes. Cela signifiait que le fleuve charriait déjà des résidus venus d'amont... Qu'il pleuvait, et qu'il n'allait pas tarder à gonfler, son débit s'accroissant de telle sorte qu'il deviendrait impossible de le traverser, même en se guidant avec une corde.

« Votre corde. »

Son ton, empreint de sang-froid, avait quelque chose de glacial, tandis qu'il fixait l'homme à la peau pâle. S'ils pouvaient lancer l'extrémité de la corde, il suffirait ensuite que les occupants de l'embarcation l'attachent solidement, et chacun pourrait rejoindre le bord à la force de ses bras...
Hum.
Ou plutôt, en attachant tous les chevaux à la corde, on pourrait peut-être espérer ramener l'embarcation jusqu'au bord... Mais, étant donné son état, on risquait gros.

L'apparition des cavaliers avait provoqué une vague d'émotions parmi les passagers, qui s'étaient pour certains levés, agitant les bras, criant des encouragements à leur intention, appelant. Plus particulièrement, de jeunes demoiselles se penchaient par-dessus la mince balustrade, comme si cela eut pu les rapprocher de leur salut.

L'une d'elle perdit l'équilibre, ses pieds décollèrent du sol, elle chuta. L'eau émit un bruit malpropre de déglutissement en l'avalant.

[Aucun problème, ça me convient parfaitement. x) ]

Chelann partit en tête, flambeau vivant de l'espoir tirant au danger des pairs de bras en plus. Embers se cabra et décolla du sol à son tour, soulevant gerbes de poussières et nuages de sable doré, galopant comme si sa vie en dépendait accroché au pas élégant et rapide de l'akhal téké.
Les maisons défilèrent, petites et invisibles, les murailles se déchirèrent et l'horizon apparut. Un horizon reproduit à l'infini, un océan mortel de sable se mouvant au grès du vent et des tempêtes, un lieu sans loi où seule la survie comptait... Akira savoura. Savoura la boule d'énergie sous lui, les muscles de l'étalon jouant sous la peau, le vent sec et aride qui semblait vouloir leur arracher chaque fois un peu plus de vie... Enfin, il était chez lui. Nul part et partout, dans cet ailleurs sortit du monde comme une bulle irisée.
Dans cette course folle sans poursuivant il sentit un regard peser sur lui. Il détourna son regard bleuté du désert et offrit un très très très grand sourire au Chelann qui l'avait sauvé de l'ennui. Sourire que bien sûr, personne ne vit... Pas avec du tissus cachant les trois quart de votre visage ! Mais bon, Akira était assez paumé pour n'en avoir pas grand chose à faire.
Ils bifurquèrent subitement, deux chevaux aux couleurs opposés ouvrant la marche, galopant sur le même rythme dans un même nuage de sable. Et bientôt les eaux agitées du Riel se dévoilèrent aux cavaliers dans un intense bourdonnement d'écume sombre et terreuse... Embers dérapa sur la rive, faillit plonger tête la première et se détourna subitement dans une allure fière. Lui ? Louper son ralentit ? Noooon...
En deux bons tout le monde fut à terre, s'activant déjà à repérer les survivants et à s'imprégner de la situation.

- Le navire est au centre...

Seul Akira l'entendit, assez proche de lui pour en percevoir le son à travers la clameur des vagues. Il plissa les yeux et tenta de percer la brume soulevée par l'eau combattante, se repérant aux cris et voix fortes des hommes tentant de s'organiser. Ça, pour être dans le pétrin, ils y étaient... Pour une fois que ce n'était pas Akira qui se prenait tout dans la face, il fallait forcément que le destin s'arrange pour l'y mettre quand même !
D'un œil de connaisseur il remarqua la couleur du ciel virer au noirâtre. Il frissonna. Ils allaient assisté à un vrai massacre oui ! Parce que quand les éléments s'y mettaient... C'était violent. Le désert n'avait jamais été connu pour une quelconque particulière clémence. Dès lors, comme pour confirmer ses dires, les eaux enflèrent et s'enflammèrent, bouillonnant de la rage sourde des éléments que l'on a osé défier... Genre « Ces réfugiés sont à moi, à MOI ! Bwahahahahaha ! » Mais ouiii, bien sûûûr !

- Votre corde.

Sans hésiter Akira décrocha sa longue corde et la lança habilement au demi-elfe. Il était inutile de tenter d'y aller à dos de cheval. Dans moins de deux minutes les animaux n'auraient même plus pieds ! Et puis de toute manière, rester debout dans cet enfer de courants relevait de l'impossible !
Les trois autres hommes qui les accompagnaient avaient eux aussi sortit leurs cordes les jetant dans la tourmente aux réfugiés qui s'agrippaient aussitôt par dizaine à cette bouée de sauvetage. Rhaaa mais quels idiots ! S'ils continuaient comme ça, ils allaient tous finir noyés en moins de cinq minutes !
Akira ôta sa cape devenant gênante sous la pluie torrentielle qui grandissait d'instant en instant. Le tissu imprégné d'eau l'empêchait plus de bouger qu'autre chose... En deux secondes il fut trempé de la tête au pieds, voilant sa vue et brouillant ses sens. Nom de ***** !
Il chopa la première corde qu'il trouva, aidant de son mieux le pauvre homme aux muscles gonflés tentant de ramener deux femmes et un homme à la berge, s'embourbant joyeusement dans la boue du Riel. C'est alors qu'une femme hurla, suivit d'un « ploutch » éphémère, aussitôt engloutit dans le bruit assourdissant du fleuve en perdition...
Une deuxième voix cria. Quelque chose du genre :

- CHRISTIAANE !

Sans réfléchir le beau brun enroula la corde qu'il tenait au premier rocher venu, ôta sa chemise immaculée et bondit dans les eaux tourmentées. La différence flagrante de température lui fit l'effet d'une décharge électrique qu'il tacha d'ignorer royalement...
C'est fou ce qu'on trouve sous l'eau ! Il regarda ainsi passer un intrépide lingot d'or, un magnifique tibia tout neuf jusqu'à... La presque totalité d'un toit de cabane. Ouaa, les dégâts plus haut devaient être vraiment considérable !
Il remonta enfin à la surface, aspira tout ce que ses poumons pouvaient contenir d'air et chercha désespérément la belle envolée qui avait disparue dans le fleuve. Un doigt de pieds passa juste sous ses yeux. Raccroché à un corps de femme se débattant dans la tonne de tissus et de plis que contenait sa robe. Akira replongea en grimaçant, attrapa un fin bras entre ses doigts et ramena la pauvre réfugiée à la surface qui recracha toute l'eau de ses poumons.
C'est avec l'aide de cette dernière qu'il parvint à retourner vers la rive, cinquante mètres plus loin que l'endroit où avait eut lieu le naufrage... Génial, ils avaient dérivés, emportés par le courant !
Ils s'affalèrent sur la terre ferme, la jeune femme s'évanouit. Akira la remua doucement, se releva et la prit dans ses bras pour la déposer quelques mètres plus loin, hors de portée du fleuve. Il se pencha et lui murmura :

« Ne bougez pas, on viendra vous chercher très bientôt. »

Et il se transforma. Un grand loup noir aux yeux parfaitement bleus détala vers le haut du fleuve qu'il avait quitté, slalomant entre les débris, les rochers et les attaques fluviales à une vitesse qu'il n'aurait jamais atteint sous sa forme humaine... Il dérapa à son tour, fit un clin d'œil à un Embers fort occupé et se glissa parmi les ombres sous une pluie battante. Bien vite remplacé par sa forme humanoïde.
Rester à voir si la situation avait évoluée...

_____La pluie déferlant sur la terre, la battant avec une rage croissante. Le crépitement des gouttes évoquait le grondement d'un éboulis, et se mêlait à la voix aussi rauque que puissante du tonnerre.

Le jeune cavalier au cheval bai ayant promptement réagi, Chelann avait attrapé l'extrémité de la corde. Ses doigts crispés avaient manqué glisser, tant l'eau imprégnait la fibre végétale. Pourtant, il avait lancé la corde aux naufragés, puis par la suite mis toute ses forces au service d'autrui. Il s'interdisait toute pensée, tout regard sur ce qu'il était en train de faire. Seule l'action comptait, l'action non pas pour elle seule mais pour préserver des vies.
Un instant, Chelann eut les mains vides. Et tandis qu'il courait vers un autre homme, un bras replié devant les yeux pour empêcher l'eau de trop troubler sa vision, il lui sembla apercevoir un homme qu'il n'avait encore jamais vu. Surpris, il hésita, son regard s'attardant sur la silhouette grise. Il s'agissait du guide à l'étalon brun dont l'appartenance à la race cydienne, une fois délesté de sa cape, apparaissait clairement.
Mais pour le moment peu importait.
Chelann prêta encore ses bras.

Lorsque la jeune femme tomba, Chelann la remarqua à peine, trop fugitivement pour que cela percute son esprit, de telle sorte qu'il ne sut pas.En revanche, il ne manqua pas une miette des gestes incongrus du Cydien. Ôter sa chemise détrempée sous une pluie battante ?! Et ne venait-il pas d'enrouler à la va-vite sa corde autour d'un vague rocher ?
Il plongea et Chelann hoqueta de surprise. Cependant, il ne songea pas un instant à aller le chercher. Le Cydien savait ce qu'il faisait, c'était évident, et lui n'était pas en position d'intervenir, pour le moment.
Mais, tandis qu'il tâchait de se concentrer à nouveau sur sa rude besogne, tantôt hélé d'un côté, tantôt saisi de l'urgence de porter secours à de nouveaux naufragés en pleine traversée, il n'oubliait pas cette absence. Aussi, lorsque une forme sombre réapparut non loin, ne la manqua-t-il pas.
Pouvait-ce réellement être ?...
L'un des guides ptotiens, en courant le long de la berge à la poursuite de l'extrémité de sa corde, bouscula violemment Chelann. Ce dernier chuta mollement dans la boue sableuse, jaunâtre. D'ailleurs, se tenir debout là-dedans finissait par relever du défi.
Le Cydien avait réapparu. Peut-être, à un moment ou un autre, avait-il perçu le pouvoir du catalyseur... qui eut pu le dire ?

Il ne restait enfin plus que trois enfants et deux jeunes demoiselles - dont l'amie de la dénommée Christiane - sur le navire en perdition. Régulièrement, une vague franchissait la balustrade pour déferler sur le pont, dépassant les genoux des plus jeunes.
Aucun d'eux ne pourrait s'accrocher à une corde, comme avaient fait leurs prédécesseurs. Ni même attraper une corde qu'on leur lancerait, en fait... Il fallait retourner les chercher. En deux aller-retours, peut-être même un, ce serait bon. Encore aurait-il fallu pouvoir les rejoindre.
Le mât avait été arraché sous les assauts de l'eau et du vent rageur, et plus aucune base solide ne permettrait d'attacher un cordage.
Les secouristes improvisés, quant à eux, commençaient à désespérer de pouvoir les tirer de là. On entendait les cris de mères éplorées, de gosses épuisés, des plaintes nerveuses qui se mêlaient aux hurlements des rafales.

« Nanua, protège-moi... » murmura Chelann.

Tout à coup, il se mit à trembler. Il semblait... comme perdre consistance. Et, petit à petit, sous les assauts du vent, son corps s'effilocha. Il partit doucement en fumée...
Cependant, il demeurait une certaine unité dans ce corps qui n'en était plus un. Il était comme une sorte de nuage poussé avec violence par les bourrasques.
Chelann prenait de très gros risques, plaçant sa vie entre les mains de l'élément de l'air. Cela, il le savait. Un instant durant, son regard glissa sur les visages présents, fermés à sa peur. Tous ces visages d'hommes et de femmes qui ne le voyaient plus, comme s'il n'existait pas. Ses yeux dérapèrent aussi sur Enéor, quoique plus lentement, ainsi que sur l'étalon brun aux surprenantes capacités... Pour s'arrêter sur le Cydien, le métamorphe.
Puis Chelann fut tout à fait aspiré par le vent.
Ce fut sous cette forme qu'il franchit le torrent d'eau, jusqu'à parvenir plus ou moins à l'emplacement du navire. Il reprit consistance au niveau de la proue, s'enfonçant jusqu'à la taille. Il dut se raccrocher au bastingage puis put rejoindre les enfants effarés.

Il fallait que quelqu'un le voie, au travers des bourrasques, malgré la pluie battante, et lui lance une corde.
Ils ne pouvaient pas avoir abandonné, pas déjà !...
Alors peut-être que le bâtard d'elfe, les enfants liés à son corps, pourrait rejoindre le bord comme l'avaient fait presque tous les naufragés avant lui.

Après tout, à l'origine, n'était-il pas l'un des passagers ? Quelle ironie.

Les sauveteurs improvisés avaient progressé de manière surprenante. Unis dans l'effort, unis dans ce cataclysme sans fin, les pensées cohérentes semblaient avoir désertées la berge. Seul comptait l'action, éternel mouvement de la corde et du va et vient des êtres vivants luttant ensemble pour la survie. Et personne ne songeait même à s'arrêter et déclarer « y en a marre » au monde...
Akira décida de se rendre utile, pour une fois, aidant les réfugiés effondrés à marcher un peu plus loin de l'eau en furie. Le cataclop des ânes faillit lui échapper, une charrette protégée d'une toile haute apparaissant soudain d'entre la pluie sauvage, fendant le rideau liquide comme dans une pièce de théâtre... Le petit homme à l'avant bondit de son banc, sortit une bonne dizaine de couverture bien chaude de sous la toile et confia le tout à sa femme. Cette dernière se retourna vers la masse informe de réfugiés et tâcha de recouvrir les femmes et les enfants de cette barrière protectrice. Elle repéra alors Akira qui fut de suite épinglé comme aide-infirmière ( ne restait que la perruque blonde) et l'interpella bruyamment :

- Rends-toi utile mon mignon et emmène moi lui, lui, et elle dans la charrue. Toute de suite !

Ce fut quasi instinctif, le beau brun ne chercha même pas à se rebeller, déjà traumatisé par la bonne femme qui avait l'air de vouloir lui faire la tête au carré au moindre signe de contestation. Il chargea le premier jeune garçon désigné sur son dos, prit la jeune femme évanouit dans ses bras et rampa plus qu'il ne marcha jusqu'à la charrette chaleureuse. Le maris s'était chargé d'allumer trois lanternes d'un feu rassurant, protégé par la bâche des intempéries.
Akira déposa son fardeau, fit demi-tour et alla chercher trois personnes de plus, croulant sous l'effort. La matrone lui avait désigné ingénument les cinq plus blessés ou jeunes du grand groupe, ceux qui avaient besoin des premiers soins sur le terrain... Le semi-guide repartit vers la rive, laissant la bonne femme aux allures de démons s'occuper seule des blessés... Les pauvres.
Il dérapa une nouvelle fois dans la boue, enfoncé qu'il l'était jusqu'aux genoux. Les autres ne s'en sortaient pas mieux, fourrés jusqu'au petit doigt de pieds gauche dans les ennuis. Car il ne restait que quelque personne à bord. Quelque personnes qui malgré tous leurs efforts, ne parvenaient pas à saisir ce morceau de corde qui assurerai leur survie...
Et Akira assista à quelque chose de purement étrange. Le jeune garçon aux cheveux argents se mit à trembler. Pas trembler genre « j'ai froiiiid ! » mais trembler... Comme des spasmes. Violents ! Le semi-guide fit un pas en avant, la main à demi tendue vers l'hybride. Qui semblait parfaitement savoir ce qu'il faisait ! Et en un instant, il perdit de sa consistance, la pluie le traversa et il s'effilocha comme de la barbe-à-papa...
Quoiii ? Akira retint à grand peine le « Au secours, notre sauveteur number one se désintègre !! » qui lui entravait la gorge, conscient que de toute manière, personne ne l'entendrait. Il resta donc là, impuissant, à regarder un Chelann-nuage se faire renverser par le vent, tourner sur lui même et flotter vers l'écume. Et leurs regards se croisèrent, restèrent ensemble quelque secondes et le demi elfe disparut au milieu de la tempête.

« ... ... Euh... »

Akira fit un deuxième pas en avant, ouvrit de grands yeux effarés et retrouva subitement le porté disparut... Sur la barque en perdition ! Ouaouuu ! Ça c'était du pouvoir. Tiens... Il semblait qu'il avait oublié quelque chose...
Mer... credi ! Il bondit sur l'homme à côté de lui, lui ôta la corde qu'il était en train de ranger et la jeta le plus loin possible dans les vagues. Rien à faire... L'eau était devenue bien trop enragée pour laisser l'embarcation à peu près stable. Le seul moyen restant étant... d'être sur la barque. Akira jura, maudit le temps (Buzz l'Éclaiiiir), fourra l'extrémité de la corde dans les mains de l'homme toujours choqué et l'autre bout qu'il coinça entre ses dents. Bon sang de bonsoir, ils allaient voir !
Il ferma les yeux et se concentra. Et un afflux de pouvoir bondit vers lui, lui arracha sa raison. Et il se retrouva métamorphosé en pie. En pie grosse comme un chien ! Il ouvrit de grands yeux (pour la deuxième fois en moins d'une heure), faillit en lâcher son morceau de corde, et fit jouer ses ailes convaincu qu'un mauvais coup se cachait derrière tout cela.
Comment avait-il atteint cette taille alors qu'il n'était capable de se transformer qu'en toute petite pie... Une fois sur deux et très lentement ?! Et c'était quoi cette marée de pouvoir qui lui était montée à la tête ?!
Euh oui... Bon, ce n'était pas tout à fait le moment. Il bondit dans le vide, rasa la surface de l'eau qui chercha à l'engloutir et remonta en piquet dans le ciel. Incroyable ! Le vent n'avait aucune prise sur lui ! Sa puissance décuplée par sa taille, il n'eut aucun mal à virevolter vers un Chelann absolument pas surpris, lui lâchant son bout de corde entre les mains. Il fit demi-tour en un merveilleux salto, fonçant vers la terre à une vitesse incroyable, ne se transformant qu'au dernier moment en un humain ébouriffé riant aux éclats.
Il se tut illico, cette étonnante sensation de puissance disparaissant en même temps que sa magie. Il se releva en grommelant, tanguant un peu sur ses jambes et rejoignit les trois personnes qui tiraient déjà sur la corde pour arracher Chelann et ses réfugiés des vagues...

[Mille excuses pour le retard, les affres de la term' S ! J'espère que ce post te plaira ^^]

_____Une pie... Malgré ces regards implorants d'enfant rivés à lui, malgré la gravité de la situation, Chelann eut envie de rire lorsqu'il aperçut le splendide oiseau au cœur de la tourmente. Ptot Tàh n'était pas vraiment la ville qu'affectionnaient ces oiseaux-là, et d'ailleurs l'on n'y trouvait guère d'hybrides ou de cydiens doués de métamorphisme.
S'il avait rit, ç'eut été un rire de joie, de soulagement, face à cette incongruité. Il devrait son salut - leur salut, le corrigea un reniflement humide - à cet oiseau, à ce jeune homme.
Mais Chelann réprima cet accès d'heureuse hystérie. Ses traits adoucis, battus par la pluie, il se tendit vers cette corde. L'attrapa au risque de couvrir ses mains de pianiste de nouvelles ampoules, la noua une fois autour de tous les petits torses tremblants, puis finalement du sien. Les minuscules mains entourèrent ses bras détrempés. Une bouche enfantine parla, d'un ton précipité. « Dis, monsieur, on va pas mourir ? »
Chelann plongea en avant, et tous laissèrent échapper un hurlement lorsqu'ils se sentirent entraînés à sa suite dans les flots. "Peut-être, gamin." Les vagues noirâtres les engloutirent violemment, dans un grand bruit de déglutition. "Peut-être", songea Chelann, avant que son esprit fût attiré tout entier par l'urgence de l'action.

Trois temps et beaucoup de sueur plus tard, Chelann et les enfants gisaient sur la boue sableuse du bord de la rivière. Chelann avait perdu connaissance. Tout ce qu'il était advenu lorsqu'il se trouvait dans les flots, il l'ignorait.
Ses paupières closes paraissaient celles d'un mort, et ses membres placés dans des positions étranges, dérangeantes, évoquaient ceux d'un pantin dont on aurait coupé les fils avant de le précipiter d'en haut d'un immeuble. Son souffle, paisible, ne produisait aucun bruit. Il avait l'odeur de la pluie, de la mer aussi, du sable battu par le vent sous le soleil. Il ne semblait pas souffrir. Pourtant, autour de lui, des hommes s'étaient penchés, des hommes dont le regard inquiet laissait présager le pire.

Un rai de soleil perça victorieusement les nuages pour chuter en cascade sur la paume ouverte du jeune homme trop pâle. Un sourire étira ses lèvres d'endormi. Doucement, sa main vint se poser sur son visage, le masquer. Sous la pluie désormais fine, tiède, une larme filait sur une joue.
Chelann n'avait jamais été vraiment altruiste, peut-être lui avait-on fait trop de mal, jadis. Pourtant, en cet instant, il savait qu'il avait franchit un océan. Il s'était certes débattu, afin que les profondeurs abyssales ne l'attirent pas, mais qu'importait ; il avait réussi, il s'était dépassé...
Il souriait, simplement, et il aurait pu demeurer ainsi des millénaires durant. Dans sa tête, l'image de Nanua se distingua peu à peu. Puis apparut un second visage, aux yeux d'un bleu semblable à celui du ciel au-dessus du désert, un visage cydien.
Chelann ouvrit les paupières, battit lentement des cils. Il se redressa, acceptant l'aide d'une main dont il ne vit pas le possesseur. Un souffle de vent vint soulever ses cheveux immaculés. Tels de la poussière d'étoile, des grains de sable dorés furent emportés, virevoltants, magnifiques.

Le regard de Chelann s'arrêta sur le jeune cavalier à l'étalon bai foncé. En quelques pas, il se tint devant lui. Une seconde s'écoula. La pluie se raréfiait, désormais, et la lumière giclait en cascade sur l'étendue détrempée du désert.
Chelann lui tendit la main.

« Chelann Toya. A qui ai-je l'honneur de devoir ma vie ? »

Un léger sourire éclaira son visage doucement amusé.

Akira crut qu’il allait faire une syncope. Le demi-elfe venait de bondir sans prévenir dans le tumulte des flots, une bande de gamins traumatisés dans les bras. Et pouf ! Disparu ! Juste la boue et les joyeuses bulles mousseuses venant mourir à la surface. Et les hommes se mirent action.
Trois Almers s’acharnaient à tirer la corde usée de toute la puissance de leurs bras, hurlant pour se donner du courage. Akira, penché au-dessus de l’eau, guettait les fonds obscurs de ce fleuve en crue, ne sachant où poser son regard pour apercevoir un membre, un visage… Et soudain une main creva les flots, très vite suivis de tout ce qui allait avec. Les derniers immigrés furent tirés tant bien que mal sur la berge glissante lorsqu’on remarqua enfin l’absence de réaction de Chelann. Un silence se fit, seulement ponctué des pleurs, reniflements et glougloutement de l’eau…
Akira ôta la corde terreuse qui enserrait le torse de Chelann jusqu’à l’empêcher de respirer et s’écarta pour laisser un homme qui avait l’air de s’y connaître un peu mieux en sauvetage express… Il prit le fin poignet, chercha un pou et ne fit aucun commentaire dans le profond silence qui s’était installé. Les autres sauveteurs vinrent rejoindre le trio, se penchant à leur tour sur le demi-elfe inanimé. Allons bon, cela allait-il finir ainsi ?
Le ciel grondant se déchira et un maigre rayon de soleil tomba sur le groupe. Les eaux se calmèrent, prirent un rythme régulier et cessèrent d’embêter le monde (ce n’est pas trop tôt…). Et Chelann ouvrit les yeux. Un soupir de soulagement collectif passa dans les rangs, certains tombant même à genoux, soulagés que toute cette étrange histoire soit enfin belle et bien finie…
Et Akira se mit à rire. Comme un dératé. Il se releva tant bien que mal, légèrement chancelant sur ses jambes, un grand sourire scotché au visage. Sourire qui disparut aussitôt lorsqu’un généreux monsieur vint lui rendre sa corde à moitié explosée et gorgée d’eau et de boue. Il grimaça et la posa en boule dans un coin en se jurant d’en acheter une neuve dès que possible.
Il sentit à nouveau qu’un regard était posé sur lui, et eut la surprise de voir un Chelann debout, plutôt heureux. Il lui rendit son sourire, tout en attrapant les rênes d’Embers pour récupérer sa longue cape touareg. Le demi-elfe aux cheveux argent le rejoignit en deux pas et lui tendit amicalement la main, qu’Akira saisit presque aussitôt.

- Chelann Toya. A qui ai-je l'honneur de devoir ma vie ?

Akira rit de bon cœur et réfuta :

« Vous ne devez votre vie qu’à vous-même ! Sans vous, personne n’aurait pensé à venir sauver ces gens par un temps pareil. »

Il s’inclina et se présenta enfin :

« Je m’appelle Akira, ravis de vous rencontrer. »

Il se souvint alors de l’étrange phénomène survenu quelques instants plus tôt, et de ses doutes concernant la participation de Chelann… Il se passa une main dans les cheveux et questionna à voix basse :

« Dîtes-moi… Je voudrais comprendre, tout à l’heure… C’était vous ? Mais comment ? »

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, les feuilles aux couleurs d'or remplaceront la verdure des champs, le chant joyeux des oiseaux cédera sa place au silence et le monde s'endormira petit à petit. Dans ce décor en mouvement, il est temps de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

Désengagés : Akira, Chelann.

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