[D-E]Une Ombre de plus. (Mission Akira) (fini)

Disons que... La Guilde des Voleurs sait tout.
Donc, un petit voleur qui monte à Ptot Tàh ça attire toujours l'attention. Ainsi, ce n'était pas une surprise de trouver le soir dans sa poche, glissée par un quelconque agent versé dans la discrétion, une petite lettre qui nous invitait à une rencontre nocturne lorsqu'on était doué. C'est ce qui était arrivé à Don Juan Akira: dans la journée, sans qu'il ne s'en rende compte, quelqu'un avait précautionneusement déposé un petit message dans sa veste. C'est ainsi que la nuit tombant, la lettre prenait tout son sens.

Spoiler:

Rien de plus, pas de signature et pas de politesse. Si la personne ne comprenait pas d'où venait le message, c'est qu'elle n'était pas prête. Si la personne ne venait pas seule ou prévenait la Garde, c'est qu'elle n'était pas prête.
Si la personne refusait....C'est qu'elle ne serait jamais prête.

Si seulement l'auteur de ce mot était une admiratrice secrète... Si seulement toutes les plus jolies jeunes filles de Ptot Tàh s'étaient donné rendez-vous pour l'attendre dans ce fameux Jardin Rond ! Et bien non, ce n'était rien de tout ça. C'était FORCEMENT des ennuis. Parce que c'étaient plus fort qu'eux, les ennuis. Ils adoraient Akira. Bien plus que n'importe quelle pinup du coin...
Le beau brun, soupira, prodigieusement agacé. Il tenta d'expliquer une fois de plus pourquoi son étalon venait de défoncer une devanture entière de magasin, à une petite bonne femme plutôt agitée. Paranoïaque. Il inspira profondément et recommença une fois de plus :

« Mais nooon, puisque je vous dis qu'il n'est pas enragé ! Et non il n'est pas encore bon à abattre et à devenir du pâté pour chien ! Je vous dis, consciemment, depuis tout à l'heure, que c'était simplement pour draguer la jolie minette là-bas. Oui celle-là, là-bas. Avec la robe Isabelle et la liste blanche sur la tête. Mais non je ne l'ai pas jeté volontairement sur votre magasin ! »

Akira faillit se prendre la tête entre les mains et se ravisa, peu rassuré de ne plus voir les mouvements de plus en plus actifs de la petite dame. Bon, il devait avouer que pour des explications, ce n'était pas... ben justement, explicatif. Mais il n'y pouvait rien si son cheval s'était subitement pris pour Zorro, défendant la veuve et l'orphelin, défonçant en option le malheureux étalage qui avait osé se tenir sur son passage ! Et puis qui lui disait que c'était Embers qui était en tort ? Et le magasin se jetant sur la route, on y avait pensé un peu ?!
En un éclair, une bourse généreusement pleine apparut dans ses mains, devant les yeux effarés de la vendeuse effarouchée. Il attrapa la première main qui passait à sa portée, en déplia les doigts d'une simple caresse et vint y loger son petit sac de Talents, son implacable et bien injuste demi-sourire craquant sur le visage. Il replia les doigts de la même manière, enroula le bras contre sa propriétaire et murmura sensuellement à l'oreille de cette dernière :

« Non vraiment, une telle colère est inutile. Je suis vraiment désolé pour votre marché, mais je le serai encore plus si votre joli teint venait à souffrir de vos débordements de sentiments... C'est mauvais pour votre cœur tout cela ! »

Il caressa trèèès brièvement sa joue, esquissa un pas de danse en arrière et s'inclina chaleureusement.

« Je suis tout de même heureux du hasard qui a envoyé votre maga... Mon cheval sur votre magasin. Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre de jolies fleurs ! »

Et il bondit souplement sur un Embers jovial, crânant devant la fameuse jument trop choquée pour réagir. L'étalon hennit, se cabra, montra son magnifique jeu de jambes et partit au triple galop... Et Akira se retrouva par terre, dans un nuage impossible de poussière.

« BORDEL DE M... !! »

Oua, quel ravissant juron. En deux trois mouvements il fut sur pieds, tournant les talons d'un pas rageur, maudissant le joyeux étalon qui non seulement lui avait coûté deux semaines de travail, mais gambadait en plus joyeusement quelque part dans cette foutue cité.
Akira repéra bien vite une ruelle qui avait l'air à peu près désertée, se détournant de l'allée principale. Un homme et ses incalculables bijoux et richesses lui rentrèrent dedans, lui hurlant à moitié dessus avant de repartir la mine haute, style il-ne-sait-absolument-rien-passé ou non-je-n'ai-pas-perdu-mon-sang-froid.
Enfin, le beau brun pus s'asseoir au calme dans sa ruelle désertique, soupesant la bourse énorme qu'il venait de soustraire à son emm... Riche propriétaire. Et remarqua le tout petit bout de papier qui dépassait de l'une de ses poches. Tiens ? Cela n'y était pas avant... Une admiratrice ?

- Nous vous avons surveillé. Nous vous avons jugé. Nous vous attendons Mardi soir, dans la nuit, au Jardin Rond du Temple du Bénu.

Ouaiis super ! Un truc suspect, pas net et dangereux qui lui tombait (encore) en plein dans la face ! Il soupira et déchira proprement le papier. Puisque de toutes manières les puissances de ce monde s'acharnaient à le fourrer aux ennuis (nouveau, pas cher, c'est bon et c'est frais !), il irai !

C'est ce qu'il avait pensé. Et là, franchement, il n'était plus très sûr d'avoir coché les bonnes options. Coin reculé plus nuit plus jugement, généralement, ce n'était pas quelqu'un qui venait vous offrir tout son argent pour son simple bonheur. Ah oui, pardon. J'ai oublié de dire vive les bisounours en sucre !
Akira resserra les pans de sa cape touareg, reculant encore un peu plus dans le renfoncement de mur stratégique au sein duquel il s'était caché. C'était bien, des jardins, c'était romantique ! Alors...
Pourvu qu'une femme apparaisse, pourvu qu'une femme apparaisse...

Et une femme apparue!!
Si repérer cette silhouette était un test, tu l'aurais certainement réussi... Mais ce n'était pas le cas, puisque la personne qui t'attendait surgit calmement derrière toi, sans aucun bruit. Et... Pas de chance c'était une femme d'âge mûr, très mûr même (limite tombant de l'arbre) la peau plutot bronzée et le visage encapuchonné. Elle parlait d'une voix basse et grave en te regardant droit dans les yeux.

"Bien, vous êtes à l'heure".

Elle te guida à pas léger derrière une maisonnette sans même te proposer de la suivre.

"Que l'on soit bien clair: si vous vous engagez avec nous, il n'y aura pas de non-retour. Et pas de possibilités de refuser la mission. C'est votre dernière occasion. Connaissez-vous le règlement de la Guilde des Voleurs?"

Étrange, vraiment. Très très très étrange. C'était quoi cette impression bizarre d'être observé depuis tout à l'heure ?!
Akira frissonna dans la nuit, inspira profondément et se retourna pour prendre sa gourde d'eau, dans son sac. Et tomba nez à nez avec une silhouette encapuchonnée de mauvaise augure. Ah, alors c'était ça cette sensation ! Juste quelqu'un qui attendait depuis tout à l'heure qu'Akira daigne remarquer sa présence... Ce dernier fit un bond superbe en arrière, se plaçant du même coup hors de portée de cette ombre menaçante et attendit que son cœur se calme.
Bon sang mais personne ne savait claquer des doigts, tousser expressivement, parler, dire qu'on est là quoi ?! Au prix d'un suprême effort il se redressa de toute sa hauteur, abandonnant sa position de combat un peu (beaucoup) bordélique, plongeant ses yeux bleus dans l'ombre imperturbable. Et son regard s'adapta enfin au changement de lumière, devinant des traits féminins, de longs cheveux et un parfait profil d'Almers. Nowel avant l'heure ?
Elle le planta de son regard d'acier, droite, très droite, les pans de sa cape ondulant dans les vents invisibles du désert. Akira se reprit aussitôt. Et pâlit. Quel âge avait-elle donc pour s'amuser à traumatiser les petits jeunots en pleine nuit ?!

- Bien, vous êtes à l'heure.

Le semi-guide eut une révélation. C'était rare, alors autant en profiter...
La guilde des Voleurs ! La guilde des Voleurs l'avait placardé sur leur mur de futurs recrus ! Akira nous refit alors une version intérieur du tableau tristement connu « Le Hurlement », d'Edouar Meunch, Cydonien étonnant de son temps, prenant des teintes indéfinissables...
Il était mal partit.
L'inconnue n'attendit aucune réponse de sa part. Elle le contourna, aussi insaisissable qu'un félin, et marcha à pas légers et silencieux derrière une petite masure. Akira se souvint juste à temps qu'il était sensé la suivre, attrapa ses maigres effets cachés dans une déformation du mur, et trottina à la suite de la vieille femme. C'est qu'elle marchait super vite, mine de rien ! Enfin parvenu à sa hauteur il ralentit le rythme tout en jetant des coups d'œil suspicieux sur les environs... Où l'emmenait-elle ?

- Que l'on soit bien clair: si vous vous engagez avec nous, il n'y aura pas de non-retour. Et pas de possibilités de refuser la mission. C'est votre dernière occasion. Connaissez-vous le règlement de la Guilde des Voleurs?

Il eut un faible sourire et plaisanta à moitié :

« Même à la retraite ? »

Il jeta un rapide regard sur le visage de son interlocutrice et se ravisa. Non, même à la retraite, il y serait encore, vu l'âge qu'elle devait avoir...
Il resserra son sac contre lui, sous les plis de sa cape, le contact rassurant de son sabre battant son dos. Si piège il y avait, il pourrait toujours s'en sortir à peu près en vie... A peu près.

« Le règlement ? Il y a un règlement ? »

Il se tut subitement, jura entre ses dents et se promit de surveiller ses paroles dans un jour prochain. Au moins, cela répondait à la question de sa guide...
Il reprit sa marche, rejoignant cette dernière qui avait gagnée quelques mètres. Il songea brièvement à Embers qui devait drôlement s'amuser à gambader dans toute la ville en pleine nuit et se re-concentra aussitôt sur la proposition qui lui était faite. To be or not to be ?
Entrer dans une guilde lui éviterait de nombreux ennuis administratifs. Ils seraient en quelque sorte « pris en charge » et pourrait presque vivre de sa passion... Mais dire adieu à son métier de guide... Il voulait parcourir le monde lui, pas stagner dans une ville -certes Ô combien magnifique- à servir un maître !
Il s'obligea au calme. Attendons d'abord d'en apprendre un peu plus... Si ça se trouve, la vie dans une guilde était radicalement différente de ce qu'il imaginait... De puis, il devait y avoir différents postes avec différentes obligations !

"Et bien, ce n'est pas vraiment la réponse que j'attendais je dois dire. Je crois bon de te rappeler qu'en entrant dans la Guilde, tu te dois de respecter nos lois. J'espère que cela est bien clair, jeune recrue."

Son visage était plus fermé que tout à l'heure, comme si le temps pressait. Regardant une dernière fois autour d'elle, la vieille femme te dispensa ces quelques mots:

"Le code est simple: Interdiction de trahir l'Ordre. Interdiction de parler de la guilde à quiconque sans autorisations. Interdiction de voler quelque chose à un autre membre de l'Ordre. Et Interdiction de tuer. Tu devrais pouvoir t'y faire, non?"

Un sourire mi-figue mi-raison s'étendit sur son visage ridé: ah ça, des jeunots elle en avait vu passer la vieille! La plupart moisissait dans les geôles de l'état ou pire... Bien pire... Avaient été coincés par les Biocydiens. Les temps n'étaient pas sûrs pour les voleurs, la police se faisait partout plus oppressante et les justiciers zélés. Beaucoup de Grands Espoirs s'étaient retrouvés au bagne, et cela peinait beaucoup le Loup Solitaire, grand voleur mais avant tout grand être humain.
Enfin, de ce qu'on savait de lui.

"Notre maître sait récompenser ses meilleurs disciples. Avec la Guilde des Voleurs, tu t'assures une protection que tu n'auras jamais en restant seul. Et puis, nous avons toujours du travail à donner."
Sans attendre de réponse positive ou négative, la vieille dame avança. L'heure tournait, elle devait faire vite.

"
"Ta mission consiste un récupérer un objet de valeur qui appartient à notre chef lui-même. Pour être exacte, cet objet devait lui revenir, mais notre.... Ancien collègue a préféré prendre la fuite avec. Enfreignant la première des Règles d'Or du Code des Voleurs."

Un petit coup d'oeil furtif à droite puis à gauche, et on continue:

"Notre chef n'aime pas qu'on viole ses règles, car elles sont justes. Ce traitre est un elfe et il habite ici désormais, à Ptot Tàh. A vous de trouver un moyen de vous renseigner.... Cela ne devrait pas être très difficile, certaines personnes voient passer toutes les personnes entrantes dans la Cité et devraient pouvoir vous répondre si vous vous montrez gentil avec eux. Je ne vous apprends pas aussi que les Elfes forment une communauté très liée. L'objet à retrouver est une dague du Loup Blanc, le prédécesseur bienveillant de notre Chef actuel. Nous sommes d'accord?"

- Et bien, ce n'est pas vraiment la réponse que j'attendais je dois dire. Je crois bon de te rappeler qu'en entrant dans la Guilde, tu te dois de respecter nos lois. J'espère que cela est bien clair, jeune recrue.

Le « jeune recrue » sonna bizarre aux oreilles du petit guide. Il grimaça de plus belle, n’aimant guère se voir imposer des lois…
Plus que tout, ce fut la différence de ton qui le mit en alerte. Il tourna un regard bleu vif sur la voleuse au visage fermé, accélérant de plus belle le pas. Quoi ? Ils étaient suivis ? La cité allait exploser, c’était la fin du monde ? Trop, beaucoup trop stressé ces voleurs… Allons bon, ils ne risquaient que la peine de mort quoi !

- Le code est simple: Interdiction de trahir l'Ordre. Interdiction de parler de la guilde à quiconque sans autorisations. Interdiction de voler quelque chose à un autre membre de l'Ordre. Et Interdiction de tuer. Tu devrais pouvoir t'y faire, non?

Ah mince alors ! Lui qui comptait se taper une petite cinquantaine de soldat réduit en charpie, en guise de petit déjeuner ! Sans parler d’aller hurler sur tous les toits que la guilde était une bande de voleurs stressés. Il ouvrit la bouche et finalement, se la ferma. Le sourire inattendu de la vielle femme lui avait définitivement cloué le bec.
Mauvais, très mauvais signe. Elle paraissait rire d’une blague silencieuse… Alors Akira eut peur pour sa peau. Nom d’un chien, qu’allait-il donc devoir faire ?!
Il songea au chef mondialement connu de la guilde, Loup Solitaire pour les intimes, et se demanda si cette petite bonne femme psychopathe le connaissait. Personnellement. Huhu… Si jamais –oui hein, s’il ne meurt pas avant la fin de la nuit- il venait à entrer dans cette belle et grande famille de voleurs, il ferait tout pour démasquer ce type ! Pour sa curiosité personnelle, bien sûr. Il n’avait rien à faire des autorités et compagnie…

- Notre maître sait récompenser ses meilleurs disciples. Avec la Guilde des Voleurs, tu t'assures une protection que tu n'auras jamais en restant seul. Et puis, nous avons toujours du travail à donner.

Ah ah… En d’autres termes, pas de chômage. Logique, il y avait toujours quelqu’un à délester de ses biens dans ce monde ! Même en temps de guerre où les plus riches devenaient pauvres, le camp ennemi devenait un terrain d’entraînement…
Akira soupira une nouvelle fois. Dieu que la vie était compliquée !
La dadame reprit son chemin sans faire attention à lui, pressant toujours le pas comme si la ville était à ses trousses. Le petit guide jeta un second regard circulaire dans les ruelles où on l’entraînait, peu désireux de savoir ce qui faisait autant flipper cette femme… Mûre.

- Ta mission consiste un récupérer un objet de valeur qui appartient à notre chef lui-même. Pour être exacte, cet objet devait lui revenir, mais notre.... Ancien collègue a préféré prendre la fuite avec. Enfreignant la première des Règles d'Or du Code des Voleurs.

Il écouta sagement les explications complémentaires de sa mission, réfléchissant de son mieux à une porte de secours. Les gens dont elle parlait, ceux qui pouvait se vanter de connaître chaque allée et venue de Ptot Tàh, n’accordait que très rarement leurs services… Gratuitement. Et puis bien souvent, ils se montraient toujours très méfiants et peu fétichistes de nos amis les ennuis.

« C’est entendu. Vous n’aurez qu’à me prévenir d’un nouveau rendez-vous lorsque j’aurais obtenu cette dague –comme je suppose que mes moindres faits et gestes seront surveillés. »

Il resserra les pans de sa longue cape autour de lui, ôta soigneusement sa capuche qui ne ferait qu’attirer l’attention et s’éloigna de quelques pas.

« J’aurais apprécié vous inviter à dîner, mais puisque une dame mystérieuse m’a gentiment demandé d’aller chercher un objet particulier, je vais devoir vous laisser. La nuit est propice aux renseignements ! »

Doigts sur la tempe, droit comme un « i », il imita comiquement l’armée et tourna les talons, déjà concentré sur sa mission.

Deux solutions s’offraient à lui. Il ne connaissait ni le nom ni le visage de celui qu’il recherchait. Il lui restait donc à apprendre d’abord cela, puis il irait voir les petits copains du bonhomme en question. Histoire de savoir où monsieur logeait.
Il bifurqua dans une rue principale, vaguement éclairée de la lueur tamisée des rares lanternes mis à mal par le vent, et se dirigea d’un pieds ferme vers un petit garde endormis, censé monter la garde près des grandes portes. Si l’elfe avait volé quelque chose à la guilde de son plein grès, il devait parfaitement savoir que se montrer dorénavant en publique lui serait fatal. Franchir les portes de Ptot Tàh avec un peu d’argent et un grand sourire pour les gardes était facile !
Akira se glissa aux côtés du garde, un sourire peiné sur le visage, l’air totalement égaré. Il supplia aussitôt l’homme, se jetant sur lui comme un être affamé :

« Oh bon sang, enfin je trouve quelqu’un ! J’ai fais presque toutes les petites rues de Ptot Tàh en long en large, en travers ! Pas âme qui vive… »

Il se passa une main sur le visage, retenant des larmes théâtrales. Pour une fois que son apparence Cydienne allait servir !

« Je… Je suis Cydien et j’étais censé avoir rendez-vous avez mon ami d’enfance, un elfe qui a eu de graves problèmes et qui requerrait mon aide… Mais je me suis perdu ! Si vous saviez depuis combien de temps je marche dans cette immense cité ! »

Il s’étrangla, ouvrit de grands yeux effrayés.

« Pour... Pourriez-vous m’aider ? Je cherche vraiment cet elfe, il est arrivé comme moi récemment, pour emménager ici. Vous les gardes vous savez et voyez tout, même un elfe à l’air louche, qui n’a pas l’air de vouloir qu’on le voie… J’ai même tout l’argent qu’il faut si vous voulez, tant que je peux enfin aller l’embrasser et retrouver mon chemin ! »

Un peu pris au dépourvu par l'intervention du jeune homme, le soldat fit mine d'écouter attentivement les paroles d'Akira tandit qu'il cherchait à ressembler ses esprits: les soldats étaient là pour aider le peuple, donner des indications si nécessaire. Ainsi, son cerveau avait acquis la capacité de séléctionner quelques informations le temps d'émerger.
-Chercher, elfe air louche-
Mécaniquement, il fit la relation la plus simple.

"Et bien, attendez citoyen je vais consulter le registre".

Apparement, il n'avait même pas percuté qu'Akira n'était pas d'ici. Avant de vraiment réalisé ce qu'il faisait, il s'était retrouvé avec le registre dans les mains.

"Niveau elfique, ça a été un peu le surpeuplement dernièrement. J'ai une Nalween avec pas mal d'autres noms le même jour. Sinon j'ai un Haldir qui est arrivé il y a cinq jours, avec très peu d'affaire, il a simplement dit qu'il devait rencontrer quelqu'un mais qu'il ne comptait pas s'établir ici. Cela vous parle? Vous pouvez toujours demander à la communauté Elfique s'il loge toujours ici, mais ces gens ne sont pas vraiment amicales avec ceux de l'extérieur. La guilde se réunit dans le quartier Est, près du bureau de la Guilde des Mages locale. Acta Benu Yal citoyen."

Akira ouvrit grands ses oreilles, triturant les pans de sa cape d’un air gêné. Les petits gestes étaient essentiels à la réussite d’une comédie… Il se rapprocha un peu plus du garde, jetant un œil d’apparence hagarde sur le gros et graand registre définitivement incompréhensible. Une succession de noms avait été écrit sur le papier jaunit, d’une centaine d’écritures différentes. Un V majuscule avec une boucle, un petit a écrit à la va-vite, une armée de lettres plus ou moins effacées caractérisant fidèlement leurs propriétaires respectifs… Le garde lui, semblait s’y retrouver parfaitement, son doigt boudiné glissant sur le papier avec agilité, soulignant les sauts de ligne, décryptant sans problème les hiéroglyphes du registre.

- Niveau elfique, ça a été un peu le surpeuplement dernièrement. J'ai une Nalween avec pas mal d'autres noms le même jour. Sinon j'ai un Haldir qui est arrivé il y a cinq jours, avec très peu d'affaire, il a simplement dit qu'il devait rencontrer quelqu'un mais qu'il ne comptait pas s'établir ici.

Nalween ? Tiens, ce nom lui disait vaguement quelque chose. Mais de très loin, de nuit, avec un brouillard obscur par temps de pluie (mais si c’est possible) ! Peut-être la marchande de charcuterie chez qui il allait souvent… Et puis la viei… La femme mûre de tout à l’heure lui avait certifié que ce n’était pas une femme. Akira la pensait assez bien renseignée pour ne pas se tromper sur ce point. Lui restait le deuxième nom : Haldir. Un rendez-vous urgent ? Très peu d’affaires ? Akira haussa un sourcil mental et nota ces informations dans un coin de son esprit. Pour le moment cet inconnu d’elfe était sa seule piste, il n’allait pas la lâcher.

- Vous pouvez toujours demander à la communauté Elfique s'il loge toujours ici, mais ces gens ne sont pas vraiment amicaux avec ceux de l'extérieur. La guilde se réunit dans le quartier Est, près du bureau de la Guilde des Mages locale.

Et si ce Haldir était justement un contact de l’elfe qu’il recherchait ? La plupart des gens rentrant en possession d’un objet rare et important ne pensent souvent qu’à une seule chose : le revendre. Et quoi de mieux qu’un autre elfe, pour faire passer cet objet hors des mailles du filet ?
Bon, il était temps d’enquêter. Sur ce nom, tout d’abord. Vérifier que ce Haldir n’ait strictement rien à voir avec cette histoire de vol. Akira se jeta sur le garde dans un énorme câlin plein d’amour et de bisounours, tel un joyeux Cydien sauvé.

« Merci merci ! Vous m’avez été d’un grand secours ! »

Il retira une petite bourse de sa ceinture et déposa quelques beaux talents au creux de la main de son sauveur. Il remercia une fois de plus, s’inclina bien bas et tourna les talons pour s’enfoncer dans l’ombre des ruelles. Il n’avait pas le choix. Le seul moyen restait les elfes eux-mêmes… Il suffisait simplement de les convaincre non ? Il se remémora les indications du garde et prit la direction du quartier Est d’un pas vif et mesuré.
Il fallait qu’il tombe sur des elfes… Ce peuple impénétrable aux étranges lubies et à la passion du secret. Surtout qu’ils étaient méga giga super solidaires entre eux ! Pourquoi donc iraient-ils renseigner sans raison un pauvre petit Almers sans défense ?
Le jeune voleur s’arrêta au détour d’une ruelle, juste avant de déboucher dans le quartier en question. Apparemment, personne ne dormait, puisque d’étranges éclats de voix brisaient régulièrement le silence… Humain, Akira n’avait aucune chance. Surtout sans soutien. Alors il restait la ruse…
Il planqua ses maigres affaires derrière une brique mal ajustée et ouvrit les vannes de son pouvoir à sa volonté. Un grand loup noir aux yeux bleus s’ébroua dans la nuit. Les chiens vagabonds étaient chose commune, dans une immense cité… Et tout le monde savait que ces animaux là étaient constamment affamés, à quémander de maigres caresses !
Le lo… chien entra dans la lumière, boitant misérablement, le pelage ébouriffé et poussiéreux. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire et s’approcha du groupe d’elfe en retrait…
Qui sait quelles informations pouvaient bien tomber entre ses mains ? Euuh pattes, pardon.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, les feuilles aux couleurs d'or remplaceront la verdure des champs, le chant joyeux des oiseaux cédera sa place au silence et le monde s'endormira petit à petit. Dans ce décor en mouvement, il est temps de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

Désengagé : Akira.

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