Lilith est une femme de taille moyenne, au corps élancé, pâle de peau et aux épais cheveux bruns. Sa coiffure favorite est une natte lâche dans laquelle elle entremêle de minces rubans, dorés les jours de fêtes, plus sombres dans les bois. Son visage allongé possède des traits harmonieux, des lèvres fines promptes à découvrir ses dents blanches pour un sourire, un nez droit et des yeux noisettes expressifs. L'âge n'a guère altéré ses traits, après tout elle n'a que trente ans, néanmoins de fines rides commencent à s'incruster dans son visage expressif notamment sur le coin de ses yeux lorsqu'elle sourit, mais elles ne marquent pas encore son visage comme celui d'une vieille dame. L'Amazone a toutefois perdu tout trace juvénile et exprime une maturité en pleine expansion.

Quelques soient les vêtements que Lilith choisit, ils respectent toujours sa liberté de mouvement et n'entravent jamais ses bras lorsqu'elle tire à l'arc. Comme dans sa jeunesse elle ne met des robes qu'aux jours de fêtes avec pour seule exception une fois ou deux où elle allait retrouver son amour. Autrement l'archère privilégie toujours des pantalons et des tuniques, tempérons tout de même en disant que sa coquetterie s'exprime au travers de la coup de ses ensembles, leurs teintes et des décorations. Du moins est-ce le cas lorsqu'elle n'est pas en mission de repérage, dans ce cas elle privilégie les teintes discrètes et évites à tout pris les ornements encombrants comme les franges ou les perles. Dans tous les cas elle reste fidèle en voyage à sa bonne vieille cape brune.

Lilith a un caractère enjoué, aimable, elle est l'une de ces personnes facilement appréciées de tous. La femme est également responsable et fiable. Lilith se montre intransigeante avec les personnes nonchalantes avec leurs responsabilités ou dans le maniement de l'arc, arme suprême à ses yeux. Elle peut se montrer rêveuse voire tout à fait dans un autre monde quand son esprit est captivé, que ce soit par une pensée, une personne, un objet ou une action.

Peu de choses fâchent Lilith en revanche son regard si expressif trahira sans cesse ses émotions : joie, tristesse, ressentiment, révolte... Lilith ne sait ni mentir, ni jouer la comédie, elle est franche, tout en étant capable de masquer sa pensée, et parfois un peu maladroite, ce qui l'amènera à manquer de tact par moment au grand déplaisir de certaines... D'ailleurs en prenant en maturité l'Amazone doit se retenir pour ne pas jouer les mère moralisatrice, mais ce n'est que le signe qu'elle se soucie d'autrui.

Par son côté doux et conciliant, on la prend souvent comme obéissante et sage, ce qui n'est qu'apparence ! Elle est têtue et tient absolument à sa liberté d'action, sa fidélité est un gage de valeur puisqu'elle l'est par volonté et non par besoin de suivre quelqu'un. Son pragmatisme contre-balance ses rêveries et lui met les pied sur terre, si elle sait se montrer passionnée – surtout pour l'archerie – elle aime garder le contrôle dans ses décision et se fie beaucoup aux raisonnements bien posés et remis en question régulièrement par la vie.

Autant Lilith est intransigeante face à certains comportements assassins et n'aura aucune pitié à imposer une condamnation à mort, autant elle sait faire montre de clémence et ne prend aucun plaisir à torturer ou accuser les autres. Elle préfère de loin offrir une chance de se racheter si l'individu la mérite.

Lilith naquit aux premières lueurs d'un jour du printemps de l'année 135 à Cydonia, dans une famille aristocratique. Dernière enfant d'une fratrie de quatre, trois garçons et une fille, elle fut gâtée dans sa prime enfance par ses parents et ses frères. En grandissant, son père lui mit à disposition les meilleurs percepteurs de la ville, à l'exception de certaines activités dites « masculines » qui lui furent interdites.

La petite fille grandit sans se demander pourquoi ses frères avaient des cours dont elle était exempt, elle imaginait qu'elle était trop petite encore pour pratiquer le tir-à-l'arc, l'escrime ou pour apprendre les sciences très compliquées. Pas un instant elle ne douta de les apprendre un jour, quand elle serait aussi grande que ses frères. En attendant Lilith les regardait tirer à l'arc, une activité dont la pratique lui semblait d'une grâce et d'une noblesse toute particulière... Rien à voir avec l'escrime où les garçons rivalisaient de force brute sans la précision des flèches. Plus que tout elle détaillait le moindre des gestes de ses frères, la courbe que prenait l'arc sous la pression des bras, la rapidité à laquelle filaient les traits, l'impact que pouvait avoir le moindre obstacle sur leurs trajectoires !

Lilith déchanta quand elle eut dix ans, et qu'elle parvint à demander à son père quand elle commencera son apprentissage du tir-à-l'arc et des autres cours dont elle était exempt. Son père s'offusqua : « Ce ne sont pas des choses qu'une fille de bonne naissance doit apprendre ! Si tu as le temps de penser à de telles inepties, c'est que tu es trop désœuvrée, je vais doubler tes leçons de langues et d'histoire et dire à ta mère de t'enseigner la gouvernance d'une maison. C'est là tout ce que tu as à savoir. En attendant je ne veux plus te voir à tourner autour de tes frères ! »
Tout était dit. Furieuse et frustrée, Lilith tenta d'abord de raisonner son père, soutenue par Galien, son plus jeune frère, mais en vain.

Depuis l'emploi du temps de la jeune fille fut surchargé et elle fut tenue à l'écart de arcs qu'elle aimait tant… Dès qu'elle le put Lilith se penchait par la fenêtre pour contempler ce qui la faisait rêver. Si son père ne voulait pas lui enseigner l'art du tir-à-l'arc alors elle l'apprendrait elle-même ! Et la voici devant le miroir à imiter les gestes de ses frères, si longuement étudiés, sa quenouille et un fil de laine faisant office d'arc improviser. Mille fois elle travailla le moindre geste, la moindre posture rêvant qu'elle bandait un véritable arc et tirait de véritables flèches.

Parallèlement ses frères, par ailleurs meilleurs tireurs à l'entraînement quand leur sœur les observait qu'à la chasse ou dans les jeux, perdirent de leur talent. Leurs traits portaient moins loin, atteignaient la cible avec moins de précision… Cette chute fut brutale et ne s'améliorait guère comme si l'absence de Lilith amoindrissait leur talent… Cette idée était toutefois trop ridicule pour l'envisager sérieusement.

Cette même année, Galien, le plus jeune frère de Lilith montra un don pour la manipulation de l'eau, comme à son habitude leur père lui offrit l'enseignement du meilleur percepteur de la ville ce qui eut pour effet de l'éloigner régulièrement de la demeure familiale. Aimant tendrement sa petite sœur et voyant bien sa tristesse de le voir si peu, le jeune homme lui fit cadeau de sa première leçon de tir-à-l'arc. Désormais, chaque soir où il était présent, le frère et la sœur s'éclipsaient, prétextant une promenade digestive, filaient s'abriter des regards et tiraient à l'arc ensemble.

Le rêve devenu réalité pour Lilith. La pratique devant le miroir se révéla efficace car la petite fille progressa rapidement. Galien ne manqua pas de remarquer qu'il tirait mieux lors de ces entraînements interdits, mais l'attribuait à la joie de ce temps privilégié avec sa petite sœur.

Une année et demi passa ainsi. Lilith progressait à vue d'œil que ce soit au tir-à-l'arc où dans ces autres leçons à l'exception peut-être de celles qui visaient à faire d'elle une bonne gouvernante de maison, qui titillaient bien moins son intérêt. Doucement ses formes commençaient à poindre, prometteuses d'un corps adulte à venir, son père s'avisa qu'il serait temps de commencer à lui chercher un digne prétendant… au grand déplaisir de sa mère qui murissait depuis quelques temps des projets de fuir à Muria cité bénie libérée du joug des hommes. Elle avait lu des récits relatant le départ de femmes seules et d'hommes partis en quête de la mystérieuse cité et jamais revenus. Un jour elle partirait à son tour et emmènerait sa fille avec elle, mais chaque jour elle repoussait la décision finale effrayée par le changement de vie auquel elle n'était pas habituée.

Un événement majeur accéléra ses plans. Galien et son maître devait présenter ses progrès à sa famille. Réunis autour d'un bassin d'eau le jeune homme entama sa démonstration, avant de s'arrêter quand il s'aperçu de l'absence de sa sœur. Lilith qui s'était éclipsée pour un petit entraînement solitaire arriva en retard, après s'être empressée de cacher l'arc qu'elle utilisait. Ravi de la voir, et fier de montrer ses propres talents à sa petite sœur, Galien recommença sa démonstration et au lieu d'une petite colonne d'eau parfaitement contrôlée, un geyser miniature jaillit surprenant l'apprenti qui tomba à la renverse. Son maître lui-même n'en revenait pas, cette brusque augmentation de puissance, c'était comme si, comme si…

« Un catalyseur, murmura-t-il d'un ton audible. »
- Un catalyseur, répéta le père ahurit.
- Maintenant que j'y pense, intervint l'aîné des fils, il me semble que j'ai toujours été meilleurs les jours où Lilith était non loin de moi. »

Tous les regards étaient tournés vers la jeune fille qui avait applaudit son grand frère sans se rendre compte de l'incident. Elle s'avisa qu'il se passait quelque chose mais ne pouvait dire quoi. Les yeux du père brillèrent d'un regard avide.

Le soir même, la mère de Lilith emballa en vitesse ses effets les plus importants et ceux de sa fille et, dès la nuit tombée, lui ordonna de la suivre sans mot dire. Dans le couloir elles furent surprises par Galien qui jeta un regard implorant à sa mère, disant : « ne pars pas, ne m'abandonne pas, ne me l'enlève pas ». Mais la mère avait pris sa décision et le dépassa sans lui rendre son regard, depuis quand savait-il ? Il attrapa le bras de Lilith et lui glissa dans la main un arc. Son arc. Un arc à double courbure, gravé d'arabesques de grande qualité.

« Nous nous reverrons quand tu seras une grand archère. »

C'était une promesse.
Lilith ne revit plus son père et ses frères.
Errant dans la direction que la mère estimait être celle de Muria, la mère et la fille traversaient un village lorsque trois bandits les attaquèrent attirés par leur richesse apparente. Incapables de se défendre Lilith et sa mère virent leur dernière heure arriver. Elles furent sauvées par l'arrivée de quatre femmes qui abattirent les bandits. Les inconnues écoutèrent le récit de la mère avec compassion.

« Vous êtes en sécurité à nos côté, lui assurèrent-elles. Nous sommes des Amazones et nous pouvons vous conduire à Muria, il faudra toutefois respecter certaines conditions. »

La mère accepta sans hésitation, Lilith impressionnée par la prestance des Amazones avait hâte de découvrir leur cité. Les femmes libres les menèrent à Muria, en prenant soin de leur masquer les yeux.

La mère mourut quelques mois plus tard, trop affaiblie par le voyage et la maladie. Entourée de ses nouvelles sœurs, Lilith perfectionna son art et intégra les sentinelles. Malgré son amour pour cette nouvelle patrie et son désir de la protégée, Lilith ne pouvait oublier sa famille ni la promesse qui la liait à Galien. Le jour où elle irait le retrouver approchait.

***

L'année 155 avait été remplie pour la jeune Amazone et notamment sa fin. L'aventure débuta avec la première sortie de Muria depuis que Lilith y était arrivée dans son enfance, sa première destination fut Cydonia où elle espérait rencontrer son père et tirer au clair son passé. La rencontre fut teintée d'amertume, sire Grandvin ne cacha pas son intérêt peu paternel pour sa fille ou plutôt la catalyseur de son sang, Lilith s'enfuit à l'aide d'une amie nouvellement rencontrée du nom de Lunielle et quitta le Joyau dans lequel elle ne devait plus revenir avant des années. Le retour vers Muria fut un périple où l'objectif de l'archère était de ne pas mener ses poursuivants à sa patrie de cœur, à cette occasion elle put visiter Azthia et rencontrer de nombreuses personnes qui la marquèrent. Si elle ne put retrouver le seul frère qui se souciait d'elle l'Amazone fréquenta suffisamment d'hommes pour ne pas généraliser la haine qu'elle ressentait pour son père à tous les individus masculins.

Ce longue voyage convainquit la jeune femme que sa patrie était Muria et ses sœurs Amazones méritaient tout son amour et son attention. Si elle n'y vivrait pas recluse ainsi que certaines de ses consœurs dégoûtées des mâles et ne se priverait pas de refaire un tour dans le monde, Lilith consacrerait son talent à défendre sa cité pour que toutes les femmes et les filles qui souhaitaient vivre en paix puissent s'installer dans ce havre protecteur. Lors des dix années qui suivirent elle ne lésina pas à la tâche de son intégrité coutumière et ne manquait pas la moindre occasion d'aller se promener hors de la forêt pour remettre toujours en question sa vision du monde, savoir ce qu'il s'y passait pour les autres cités et ne jamais oublier qu'elle avait fait le choix de rester à Muria. Cette liberté lui était chère et c'est ce qu'elle voulait défendre à tout prix.

Lors de ses tribulations Lilith apprit que Galien, le frère qu'elle rêvait de revoir avait quitté Cydonia et coupé les liens avec la famille Grandvin pour s'installer à Erathia. Sans la moindre hésitation l'archère s'y rendit. Les retrouvailles furent heureuse, mais nous ne les relaterons pas ici, toujours était-il que la jeune femme en retira beaucoup de bien et put apaiser un peu la blessure que son père lui avait faite à l'âme. Elle rencontra dans un autre de ses voyages un homme qui lui apporta encore autre chose. l'Amazone apprit l'amour et comprit que certaines femmes pouvaient tout quitter – jusqu'à leur raison – pour ce sentiment si fort et si doux à la fois. Pendant quelques jours elle oublia même sa cité auprès de lui. Le réveil fut éprouvant car elle savait qu'elle ne pouvait concilier un homme et les Amazones. Au final c'est sa décision de protéger Muria qui l'emporta, elle ne pouvait pas se montrer égoïste et ne penser qu'à son propre bonheur.

Bien sûr l'homme ne comprit pas tout de suite, il ignorait qu'elle était une Amazone puis finit par accepter l'idée qu'ils ne seraient jamais plus que des amants ne se voyant que deux ou trois fois par saison voire par année. Le temps passa et Lilith eut un enfant de cet amour longue distance, un garçon du nom de Jillian. Puis plus tard une fille nommée Celes vint au monde au grand bonheur de l'Amazone puisqu'elle se doutait bien que son aîné ne pourrait rester indéfiniment à Muria. Néanmoins la jeune mère n'avait pas l'intention de décider à leur place de leur avenir ce qui s'opposerait à son goût pour le libre-arbitre.

Beaucoup d'évènements passèrent encore qui marquèrent en profondeur l'Amazone, la mort de Philéa en premier lieu, la guerre contre les titans et enfin l'emprisonnement de la princesse Eléa. Le temps n'était plus à la détente, l'avait-il jamais été tout à fait ? Lilith avait été promue capitaine et assumait son rôle consciencieusement sans négliger ses enfants qu'elle aimait autant l'un que l'autre sans privilégier sa fille. La femme avait également appris à gérer son don de catalyseur et à en tirer profit. Si elle-même n'en était pas affectée elle savait en jouer en missions pour placer non loin d'elle des élémentaires qui se voyaient amélioré et s'éloignait autant que possible de ses adversaires qu'elle criblait de flèche avant même parfois qu'ils ne la voient. Elle avait d'ailleurs appris à manier une dague qu'elle pouvait manipuler ce qui lui permettait de ne pas se retrouver démunie sans son arc.