Bien que Fynia soit métissée, son apparence est plus proche de celle d'une Elfe que d'une Cydienne. Sa peau blanche craie donne souvent l'impression qu'elle est très fragile et malade pourtant cette jeune femme est remarquablement solide. Les mains de Fynia sont très fines et ses doigts sont longs. Son corps a des courbes gracieuses qui vont parfaitement bien avec sa démarche élégante et féline. Plutôt petite pour une demi Elfe. La douceur de sa peau aux odeurs sucrées et fleuries se fondent à la perfection avec son teint livide. Ses cheveux blonds tombent dans un dégradé irrégulier sur ses épaules, ils sont souvent attachés en un chignon lâche. Ses lèvres pulpeuses s'associent sans le moindre problème avec le reste de son visage gracieux et ses grands yeux de la même couleur que de l'or fondu qui lui donnent un air angélique et doux. Sa beauté pâle est digne d'une Elfe et ses oreilles pointues ne font qu'accentuer ses traits elfiques. Cependant, elle commence à avoir quelques rides qui ne font que la rendre plus mature. Sa voix enchanteresse laisse parfois les personnes qui l'écoute bouche bée. Une douceur et une clarté qui mettent parfois mal à l'aise ses interlocuteurs.

Elle porte un collier en argent auquel pend une bague en argent, visiblement celle d'un homme ainsi qu'une paire de boucles d'oreilles fait dans la même matière que la bague. Elle a une quantité de bracelets incroyable à son poignet droit. Tous en tissus, cuirs ou encore en bois.
Une longue cicatrice part de derrière son oreille gauche puis descend jusqu'à sa clavicule traversant de façon artistique son cou.

« Les apparences sont parfois trompeuses. » Fynia a la fâcheuse tendance de dire tout ce qu'elle pense. Elle sera toujours franche et n'hésitera pas l'ombre d'une seconde pour vous dire qu'elle ne vous apprécie pas. Le sang chaud, elle ne parvient pas à tous les coups à rester calme, pourtant elle fait de son mieux pour ne pas prendre la mouche à la première remarque désagréable. Méfiante de nature, elle n'accorde sa confiance qu'à une poignée de personnes et soyez en sûrs, ces personnes ont dû s'accrocher pour avoir toute la confiance de cette jeune femme. Fynia est intelligente, certes, bien qu'il lui arrive de ne pas trouver de réponse à un problème même le plus simple et elle peine avec toutes énigmes de logique. Elle a une sainte horreur des personnes qui s'apitoient sur leurs sorts et de ceux qui n'ont pas suffisamment confiance en eux pour dire ce qu'ils pensent. Elle-même très ponctuelle, elle déteste qu'on arrive en retard et son impatience se fait vite sentir, il se peut qu'elle s'énerve malgré le fait que vous ayez simplement quelques pauvres minutes de retard. Fynia est beaucoup plus douce avec les enfants et les animaux qu'avec les adultes.
L'image de Dame douce et belle qu'elle renvoie est vite brisée par son fort caractère ainsi que part son franc parlé mais il est atténué par sa voix chaude et attirante. Peut-être est elle légèrement tyrannique et attend beaucoup de ceux qui ont eu le courage de lui demander des conseils voire même de l'enseignement. Exigeante et forte, Fynia est difficile à impressionner quand bien même vous y arriveriez à le faire, jamais elle ne l'avouera. Têtue comme ce n'est pas permis, elle a dû mal à accepter ses erreurs bien qu'elle finisse toujours par s'excuser de son manque de maturité sur ce point. Sous ses airs de belle sorcière sans cœur, elle est d'une tendresse incomparable... Mais rare sont ceux qui on pût la voir sous ce jour et recevoir des marques d'affection de sa part.

Fynia a quelques étranges habitudes qui ne la quitte plus:
Une particularité de son mode de vie est dans sa façon de manger; elle découpe sa nourriture en petits morceaux avant de la mettre dans sa bouche. Des bouts digne d'une souris. Elle ne coupe jamais sa nourriture à l'avance et le plus étonnant c'est qu'elle parvient malgré tout à finir avant tout le reste des convives. Ceci dit, personne à ce jour ne l'a vu arriver au bout de son assiette. Cet jeune femme mange peu et cela lui convient tout à fait. Il lui arrive de parler avec ses animaux. Elle a une confiance inébranlable en eux, si il le fallait, elle mettrai sa vie entre leurs pattes ou sabots.

L'Elfe a cependant trouvé la douceur et la sérénité au près de ses deux enfants; Nëvraal et Estrée. Des faux jumeaux qui font son bonheur et sa joie de vivre. Bien que cela ne change que peu son comportement avec les autres. Fynia se trouve incapable de leur en vouloir très longtemps. Bien que la fougue de la jeune fille lui rappelle sans cesse son père dans son enfance, elle ne peut s'énerver bien longtemps contre la petite. Ces deux êtres sont désormais toute sa vie. Et croyez-le, elle tuerait pour sa progéniture. La femme leur voue un amour inconditionnel.

Les êtres qui nous sont les plus chers partent trop souvent avant ceux qu'on voudrait voir disparaître...



La naissance d'un enfant est ce qu'il y a de plus beau. Du moins cela devrait. La sienne fut compliquée. Anawiel mît au monde une fille, offrant sa vie pour sauver celle de son enfant. Fynia vécut ses premières heures à Silmarie dans une étrange ambiance. Le mélange de tristesse et de joie de ce jour laissa un goût amère dans la bouche du père de la petite. Il avait perdu sa bien aimée et venait de rencontrer l'être qui la lui avait enlevée, sa propre fille. Petit chose blafarde aux oreilles pointues qu'il devra élever seul. Le Cydien déposa un dernier baiser sur les lèvres de sa défunte femme avant de couvrir chaudement la petite et de retourner parmi les siens. Jamais la route de Silmarie à Cydonia ne lui parut aussi longue et triste. Alors qu'il n'y a pas si longtemps, ces paysages le rendaient heureux. Naphtis arrêta sa monture et mît un pied à terre avec son enfant dans les bras. Ses pas sur l'herbe gelée des Collines Brumeuses raisonnaient dans sa tête comme un éternel adieu aux terres elfiques. Il soupira en observant la plus belles des choses qu'il n'eut jamais fait. Comment un être si petit et insignifiant pouvait le remplir d'autant de haine et de joie..? Le Cydien aurait très bien pu laisser le bambin au milieu des collines, la brume l'aurait cachée aux yeux de tous puis il serait reparti, mais, le sourire d'Anawiel dans ses souvenirs l'empêcha tout simplement d'abandonner le fruit de leur amour. Il caressa du revers de la main la joue de Fynia puis il revint lentement vers sa jument grise. Cydonia les attendait.


Le passé est gravé à jamais en lui.

Fynia parcourait rapidement les rues de la ville maritime, un bon nombre de livres dans les bras. Les habitants avaient cessé de l'observer avec des yeux ébahis lors de ses aller-retour quotidien entre sa demeure et l'Académie. Au début, les gens la dévisageaient, se demandant ce que pouvait bien faire cette jeune Elfe à faire ces va-et-vient entre la maison de l'écrivain et l'Académie jusqu'au jour où elle et son père firent le tour du marché à la recherche de produits frais. Et qu'ils purent expliquer aux curieux qu'ils étaient père et fille.

Elle fit tomber son agenda, ses souvenirs l'ayant distraite une demi seconde. Un volte-face rapide, elle fondait déjà sur le pauvre petit carnet de cuir rouge vif. Le moindre de ses mouvements étaient élégants. La jeune femme replaça avec agacement les mèches qui s'étaient détachées de son chignon pour se mettre devant ses yeux lorsqu'elle se pencha. Une fois redressée, elle s'empressa de rentrer. Elle avait horreur d'être en retard, même si son père ne la réprimandait qu'à de rares occasions, elle devait arriver pile dans les temps. Elle ne voulait pas faire attendre son pauvre Cydien de père qui ne parvenait pas à lui pardonner totalement sa ressemblance et la mort de sa mère. Dans les temps. Pour cette fois en tout cas. Une grimace aux lèvres, elle poussa doucement la porte pour ne pas le réveiller. Il eut beau n'être que le milieu de la journée, elle était persuadée qu'il dormait profondément sur la table de la cuisine. Couché sur un coussin de parchemin, Naphtis roupillait réellement sur ses documents sa plume dans la main. Fynia avait seize ans à cette époque et ressemblait déjà énormément à sa défunte mère. De son coude, elle repoussa un tas de parchemins vers le centre de la table pour déposer ses livres sur l'espace libéré. Elle entreprit ensuite de commencer le repas tout en lançant d'une voix forte à l'intention de l'homme de la maison.

« Père, il faut vous réveiller maintenant ! »

Comme elle savait qu'il ne sortirait pas de ses songes aussi aisément, elle continua son ouvrage. Les odeurs de la nourriture l'éveillèrent doucement, il se redressa en se frottant un oeil avec la paume de sa main et mît peu à peu de l'ordre dans ses affaires. Le père se leva ensuite pour mettre le couvert entre la paperasse. Le repas fin prêt, la jeune fille prit place non loin de son père, souriante. Naphtis prit une bouchée puis il effleura de son index le bout pointu de l'oreille de sa fille, pensif. Fynia leva les yeux vers lui, sachant pertinemment que le regard qu'il portait sur elle ne lui était pas destiné, ni cette caresse sur son oreille. Pour fuir cette situation désagréable, elle défit la table rapidement et sortit de la maison Pour aller lire ses notes sur le quais. Elle donnait tout ce qu'elle pouvait pour devenir un jour une Élémentaire digne de ce nom. D'ailleurs, elle était bien partie pour y arriver. L'adolescente avait eut la chance de pouvoir intégrer tôt l'Académie et se débrouillait plutôt bien pour son âge. Elle n'était certes pas la plus douée mais elle était bien décidée à réussir à obtenir son diplôme.

La brise fraiche, les odeurs de l'océan et le cri des mouettes dans le ciel lui redonnèrent le sourire. Quelques nuages se poursuivaient dans sur la voûte bleue claire. Elle détacha ses cheveux pour mieux sentir les délicates caresses du vent qui filaient dans sa chevelure blonde. Le bruit des vagues l'apaisait comme la berceuse d'un enfant. Prise dans ses lectures, elle ne remarqua même pas que le soleil descendait dans le ciel, c'était une douce soirée d'été. Elle finit par se lever, à contre cœur, marchant lentement pour profiter au maximum des derniers rayons de soleil qui faisaient luire et scintiller sa peau blafarde. Elle acheta au passage un poisson pour le diner. Elle dut mettre un terme à la discussion avec le poissonnier car derrière elle le charmant soldat qui avait pris l'habitude depuis le printemps de la raccompagner jusqu'à la porte de chez elle l'attendait déjà devant l'échoppe . Puis elle le laissa sous le porche avec un sourire. Elle avait à peine ouvert la porte que son père commençait déjà à délirer.

« Ah ! Anawiel ! Enfin rentrée ! »

Plus elle grandissait, plus l'état de son père l'inquiétait. Un jour peut-être fera-t-il la différence entre sa défunte femme et sa fille. Elle l'espérait de tout cœur.

Les chemins d'antan ne mènent plus nulle part.

Âgée maintenant de vingt-deux ans, Fynia était diplômée et assise sur la seule chaise libre de la cuisine. Elle contempla son père qui lisait. Peut-être ne l'avait-il même pas remarquée. La jeune femme contrariée fit des bulles en levant un doigt dans le verre de son père. Les commandants pour qu'elles aillent exploser prêt du visage de ce dernier. Naphtis sursauta lorsque l'une d'elle vint s'éclater sous ses yeux. C'était l'anniversaire de sa fille et il l'avait complètement oublié. Il se redressa avec impatience et la prit par la main pour la traîner hors de leur demeure.

« Eh ! Doucement ! Je peux savoir où l'on va à cette allure ?! »

Elle n'eut qu'un rire enfantin en guise de réponse. Ce qui l'agaça encore plus. Son père n'était qu'un enfant dans le corps dans un homme vigoureux et qui ne s'était pas rasé depuis au moins cinq jours. Il lâcha la main de la demoiselle qu'une fois arrivé dans les écuries, il s'était brusquement arrêté devant une jument crème avec un poulain sombre comme un bout de charbon. Son arrêt fut si soudain que Fynia dérapa et atterrit droit dans ses bras. Il la réceptionna en douceur souriant à pleines dents. Puis lui désigna le poulain d'un signe de la tête.

« Je te présente ton poulain ! Joyeuse anniversaire Anawiel ! »

Cet instant aurait pu être parfait si il ne l'avait pas appelée par le prénom de sa mère. Elle leva les yeux au ciel en se libérant des son étreinte. Fynia tendit la main vers la petite créature qui ne devait pas avoir plus de quelques jours. Elle se mît à sa hauteur avant de le laisser renifler sa main puis elle la posa tendrement sur son chanfrein. Le poulain frémit et Naphtis lui intima qu'il s'agissait d'un petit mâle. Elle sourit tristement. Une fois encore, ce n'était pas à elle qu'il offrait ce présent mais à Anawiel. Pour couronner le tout elle le nomma Souvenir. Comme celui qui hantait son père. L'Elémentaire fit face à l'homme qui souriait bêtement en les regardant.

« Mon nom est Fynia père, et non Anawiel. »

Il devait comprendre que jamais elle ne serait sa femme et qu'elle était malgré tout sa fille. Sa folie était telle qu'il parvenait de moins en moins à faire la différence. Il fronça les sourcils et se tapant le front. La jeune femme l'entendit murmurer quelques excuses. Après qu'elle eut passé un long moment en compagnie de son futur étalon, ils prirent le chemin du retour en se baladant sur le port.
L'air était frais, c'était déjà l'hiver de son vingt-deuxièmement anniversaire. Déjà... Le Cydien lui contait des histoires. Puis enfin, il arriva à l'histoire qui la rendait folle: "Le jour de leur rencontre". Non ce n'était pas leur rencontre ! Mais celle de sa mère et de son père. Elle stoppa net leur marche et se tourna vers lui, les yeux pleins de larmes.

« Pourriez-vous, rien qu'une fois me parler en vous adressant à moi, votre fille plutôt qu'à ma mère..? »

Il sourit tendrement en l'enlaçant. Il caressa doucement son dos, attendant qu'elle reprenne haleine pour lui répondre. La jeune Élémentaire pleura longtemps dans les bras de son géniteur, ne parvenant pas à se calmer, toute la frustration de toutes ces années de silence tombèrent d'un seul coup sur ses épaules. Le temps s'écoulait lentement. Pour la première elle eut l'impression d'être la fille de cet homme qui ne cessait de la prendre pour celle qu'il aimait depuis vingt-deux ans et au-delà. Les vagues qui se fendaient avec violence contre les blocs de pierres couvraient les gémissements de son sanglot.

« Crois-moi Anawiel, je savais que tu ne me laisserais pas seul sur cette planète. Non, tu es toujours là. Il sourit à celle qui était sa fille avec tendresse. Tu es là dans mes bras… Tu pleures pour une raison qui m'est inconnue, mais je souhaite plus que tout sécher tes larmes qui fendent mon cœur. Tu es pourtant si belle lorsque tu pleures… » Il réfléchit l'espace de quelques minutes. « Qui est donc cette Fynia avec qui tu es persuadée que je te confonds sans cesse..? »

Ils y étaient enfin. La jeune femme aurait préféré mourir sur le coup que d'écouter un discours aussi blessant que celui-ci. N'avait-elle jamais existé..? Elle n'était qu'Anawiel..? Pourquoi ces mots la déchiraient avec autant de violence au plus profond d'elle ? Sans prendre le temps de se calmer, Fynia le repoussa avec force si bien, qu'il tituba et chuta dans les eaux sombres et furieuse de l'hiver. Paniquée, elle plongea pour essayer de le repêcher. L'eau glacial de l'hiver la tétanisa quelques interminables secondes, durant lesquelles elle voyait son père sombrer peu à peu dans les abysses des flots tumultueux. La peur fait parfois faire d'étranges choses aux personnes qu'elle touche... Naphtis voulut tant bien que mal s'accrocher à elle. Mais il ne réussit qu'à lui faire une plaie derrière son oreille jusqu'à sa clavicule. Un cri de douleur tenta de s'échapper des lèvres de Fynia, ce ne fut que des bulles qui remontèrent à la surface pour laisser l'eau salée pénétrer dans ses poumons. Malgré tout elle s'enfonça toujours plus et lui saisit le bras avant de remonter à la surface. Ils furent secouer par de nombreuses vagues qui les écrasaient avec brutalement contre les rochers du port. Puis il utilisa ses dernières forces pour lui murmurer avec un sourire triste qu'il savait enfin qui était Fynia. C'était sa fille et il l'aimait plus que tout au monde. Puis son bras glissa entre les doigts de la jeune femme à qui il ne restait plus qu'une bague dans la paume de sa main. Des soldats arrivèrent peu après et sortirent la jeune femme des vagues furieuses. Jamais plus Fynia ne sourit aux inconnus. Sourire était devenu quelque chose de sacré et de douloureux. Ce geste était réservé aux gens qu'elle aimait... Et personne ne réussit à retrouver le corps de Naphtis

Après la tempête survient le soleil.

Les années passèrent, deux ans exactement. Fynia ne supportant plus de vivre à Cydonia prit la route avec Souvenir. Se baladant au gré de ses envies. Errant sans but d'une ville à l'autre elle finit par connaitre presque parfaitement toutes les régions. Elle prit même plaisir à guider les marchants et les voyageurs d'un endroit à un autre. Durant ses nombreux voyages, elle réussit à dompter une fouine, qu'elle avait affectueusement nommée Vague. Fynia, ne parvenait pas à se pardonner d'avoir tuer ses deux parents... Bien que cela soit à chaque fois, malgré elle. Portant sur elle les mémoires de sa seule famille: la bague de fiançailles de son père en collier, la dague de sa mère à la ceinture et la cicatrice sur son cou. Souvenir était au pas. Ses sabots foulaient régulièrement le sol pour une destination qu'ils n'avaient pas encore choisi. Au fond d'elle, Fynia savait qu'elle prenait la direction des Collines Brumeuses. Avec de la chance, elle pourrait y habiter ou au moins avoir un point de ralliement entre deux voyages. Avoir un endroit où elle serait chez elle, de temps à autre.



Une page se tourne, les années passent, les choses changent. Les engrenages de la vie se mettent en route et prennent parfois des décisions que vous ne comprendrez jamais. Fynia est allongée dans ses draps. Il fait nuit depuis déjà longtemps, mais elle bouge de temps en temps, agacée par un mauvais rêve. La porte s'ouvre doucement et une petite silhouette entre dans la pièce. De longs cheveux blonds tombent sur les épaules de la gamine qui se frotte les yeux. Elle avance lentement, sa peluche renard dans les bras. Elle hésite un peu, bien qu'elle sache pertinemment que l'Elfe ne la chassera jamais. L'enfant grimpe sur le matelas, alors que sa mère ouvre à peine les yeux. Elle lui caresse doucement la joue pour la rassurer, ses doigts glisse sous son menton pour lui relever doucement la tête. Elle la regarde longuement, cherchant à voir si elle a pleuré. Sa fille a en effet versé quelques larmes. Elle lui ouvre les bras et elle n'hésite pas à se blottir contre sa mère. Estrée cajole la joue de sa mère. L’Élémentaire passe tendrement sa main dans les cheveux blonds de l'enfant. Fynia n'est pas surprise le moins du monde de voir son fils arriver peu après sa sœur. Lui se loge de l'autre côté de sa mère. Elle remonte la couverture pour les couvrir tous deux.

« Que se passe-t-il ? »
« J'ai fait un cauchemar... » geint la petite Estrée.
« Moi, je voulais pas dormir tout seul... »
« Heureusement, il y a de la place pour nous tous dans ce lit. » Elle rit un peu. « Ça va aller, Estrée ? Je suis là, trésor. »
« F'oui..! »
« Eh..! Moi aussi j'suis là, hein ! » lance Nëvraal en lui prenant la main.
« F'oui ! »

Elle se blottit contre Fynia, un peu plus encore gardant la main de son frère. Leur mère les embrasse sur le front. Cette situation était plutôt fréquente. Quand elle s'oublie à ses travaux, les jumeaux dorment souvent dans son lit, comme pour combler le vide. Elle voyage moins depuis leur naissance. Les longs déplacements ont commencé à lui peser. Loin de ses deux amours elle se sent perdue, en proie à la peur de les perdre comme elle a perdu leur père. La jeune fille qu'elle avait été n'avait pas compris cette brutale rupture. Malgré leurs caractères bien ponctués, ils étaient parvenus à s'entendre. A vivre un joli début d'histoire et elle avait appris à l'aimer... comme elle l'avait toujours aimé. Sa peine fut si grande qu'elle aurait pu en mourir. Agranos avait été suffisamment clair pour la faire fuir à jamais d'Erathia. Brisée, son retour vers Silmarie fut le plus dur de sa vie. Longtemps, elle s'isola des autres, laissant à l'abandon son travail de guide, préférant se laisser mourir chez elle. Sa tante et son grand-père essayèrent de la faire sortir, souvent en vain. Ce qui l'a relevée fut sa grossesse. Jamais elle ne l'avait vue comme un poids. Le fruit d'un amour perdu que jamais elle n'abandonnerait. Contre toute attente, elle est une mère compréhensive et douce, malgré sa sévérité naturelle. Sans leur père, elle se voit forcée d'être un cadre ferme tout en étant aimante. Se refusant, corps et âme, de les voir vivre une enfance aussi terrible que la sienne.

Estrée est une fillette qui est bien plus petite en taille que son frère, un caractère doux, des yeux caramels profonds et une tignasse blonde. Elle est le parfait mélange de ses parents. Alors que Nëvraal est physiquement plus proche de son père, autant physiquement que psychologiquement, il possède cependant les yeux de sa mère. Fynia a passé se dix dernières années à prendre soin d'eux. Sans cesser de travailler, elle préféra le savoir autant dans l'enseignement que dans les recherches aux interminables balades au gré du vent. Depuis qu'ils ont sept/huit ans, il arrive parfois que les jumeaux l'accompagnent dans ses petits voyages. L'érudite n'a jamais su mentir au sujet de leur père. Elle leur avait expliqué qu'il n'avait plus voulu être avec elle, qu'il ne souhaitait pas la revoir et sans doute qu'il ignorait leurs existences à tous les deux. Les deux gamins ne demandèrent pas spécialement à le rencontrer, même si dans le fond, il serait bien pour eux de le voir, au moins une fois. L'heure n'est plus aux souvenirs. Elle finit par s'endormir, bercée par les souffles réguliers de ceux qui étaient désormais sa famille et toute sa vie.