[F-H] A la recherche de fleurs ! (Fynia)

Mes pas devinrent de plus en plus lent, mes efforts de plus en plus importants pour suivre le chemin abrupt des collines. La météo ne m'aidait pas. Face à moi, le vent piquant s'insinuait à travers mes vêtements. Je resserrai ma cape autour de mes épaules et continuait mon ascension.

C'était ma première mission en tant qu'apprentie fleuriste. Mon maître, Kanjou, m'avait enseigné quelques rudiments avant de me donner cette tâche. L'apprentissage des notions de bases n'avait pas été des plus faciles, notamment à cause de la barrière linguistique qui nous séparait. Peut-être que cette traversée de la région de Silmarie m'apprendrait la langue des semi-dieux ? Mon objectif était de récupérer des fleurs de sage. Avant de partir, mon instructeur m'en montra une pour que je sache à quoi elle ressemble. Ce sont de grandes fleurs solitaires, parfumées et rosées qui comportent une vingtaine de pétales. Elles mesurent généralement entre quinze et vingt centimètres et possèdent en leur centre un réceptacle floral de couleur jaune.

Cela fait une bonne semaine que j'ai quitté Kanjou pour partir à la recherche de ces plantes. Sur le chemin jusqu'aux Collines Brumeuses, je fis régulièrement des haltes dans les villages environnants, demandant l'hospitalité. Parfois néanmoins, je n'eus d'autres choix que de me rendre à l'auberge. Je fus frappée de constater que, malgré tous les villages traversés, personne ne me reconnaissait. Je fus un peu déçue de ne pas rencontrer une ancienne connaissance qui aurait pu me guider sur le chemin de mes souvenirs perdus. Mais ce n'était pas là le but premier de mon voyage.

Deux jours auparavant, je me suis rapidement arrêtée dans la ville de Tamawa. Contraint par le froid, je me suis rendue dans la rue commerçante ou j'ai acheté une cape pour quelques piécettes. Malgré son apparence grossière, ce vêtement bon marché me tient réellement chaud. J'ai également acheté une autre paire de chaussure, plus adapté que mes getas pour l'hiver. Enfin, je me suis offerte un sac et du matériel d'écriture nécessaire à mon apprentissage. Les quelques talents déboursé pour mes achats l'allègent gravement ma bourse. Il ne m'en reste désormais qu'une vingtaine pour le chemin du retour. Puisse Daikoku m'aider à m'enrichir rapidement !

Le brouillard devint de plus en plus intense. Je me dirigeai non sans mal dans la direction conseillée par Kanjou. Bientôt, je tombais un arbre, puis deux. Je fus bientôt entourée par une forêt sur la colline. Je fronçais les sourcils : ce n'était pas la bonne direction. Étais-je perdue ? A ce moment, je regrettai de pas n'avoir acheté de carte lors de mon escale à Tamawa.

Les brumes dans les sublimes rues pavées de Silmarie empêche la mère et la fille de voir quoi que ce soit. Mais tout ceci ne semble pas les gêner le moins du monde. La petite fille de neuf ans tourne autour de sa mère en contant toutes sortes d'exploits intéressant que pour une mère aimante. Aujourd'hui, c'était le moment pour elles d'aller faire une balade pour qu'Estrée puisse remplir un peu son herbier. Fynia aimait beaucoup ces moments avec la blondinette, ça lui faisait du bien, parfois, de n'être seule qu'avec l'un des deux jumeaux. Ça leur permettait de s'affirmer l'un et l'autre sans la présence perturbatrice de la personne qui les "complète" comme ils le disent si bien. La gamine finit par se calmer et prendre la main de sa mère dans la sienne, continuant de la suivre au-travers de la cité. Lhirry, le chien de la semi-Elfe suit sagement les deux dames. Il traîne un peu, mais personne ne lui en tiendra rigueur, c'est un vieux et très gentil chien. Arrivée aux écuries, Fynia ne demande à sceller uniquement son cheval, il sera plus simple pour elles de voyager à deux sur la même monture. Elle aide Estrée à monter avant de se mettre derrière elle, la laissant prendre les rennes.

« M'man, tu crois qu'on va trouver la fleur qu'il me manque, hein ? »
« C'est possible, mon ange. Nous verrons bien. Où est-ce que tu as lu qu'elle se trouvait ? »
« Par là-bas. Mais j'sais où j'vais, hein. » elle sourit à sa mère avant de revenir à la route.
« Mh. Certes. »
« Elle s'appelle la fleur des sages ! Elle ressemble à une dame dans avec une écharpe de gonflée de plusieurs petites bulles d'un blanc immaculé comme la neige ! Elle haaaaute ! Une grande tige verte, solitaire, comme si elle attendait que quelqu'un vienne la chercher. J'suis pas sûre qu'on la voit bien avec la brume, mais elle doit sûrement luire un peu. »
« Oh, une jolie plante, dis-moi. » la mère sourit tendrement.
« Bah oui alors ! »

Elle caresse doucement la tête de sa fille, se laissant guider par la demoiselle. Cependant, les deux semblent chercher avec attention la dite fleur. Pour le moment, rien. Mère et fille continuent de progresser dans les collines, au rythme lent de Loyal. Ce dernier ne semble pas se plaindre de la charge qu'il porte ni même des routes sinueuses qu'il se voit emprunter. Tant dis que Lihrry trottine devant eux, farfouillant le sol de sa truffe. Il éternue par moment, pas convaincu de sa trouvaille. Estrée se laisse un peu aller contre sa génitrice, l'air toujours aussi sérieuse en cherchant sa dernière fleur en vue. Ce n'est pas la première fois que la petite cherche une plante et souvent cette envie lui prend après en avoir vue une dans un livre. Cela les mène parfois à faire de longs voyages, dans l'espoir qu'elle puisse trouver ce qu'elle cherche. Il ne fait pas très chaud, vu la saison, mais les manteaux qu'elles portent tiennent le froid à bonne distance. La petite semi-Elfe cherche avec le plus grand des sérieux l'objet de sa quête. Elle sait que sa mère ne la quittera pas et peu importe le temps qu'elles mettront, elles pouvaient passer des heures et des heures à chercher ce qu'Estrée souhaitait. Ce que Nëvraal, son jumeau, ne trouve pas très intéressant, c'est l'une des raisons pour lesquels il n'est pas venu. Bien que parfois, sa sœur lui tenait tellement la jambe pour qu'il les accompagne, qu'il acceptait. Cependant, cette fois-ci, Estrée n'avait envie d'être avec personne d'autre que sa tendre mère. Cela va s'en dire que Fynia a accepté. Après un bon moment à cheval, la petite blonde décide de poser pieds, suivit de sa mère qui tient la bride de Loyal.

Fynia sourit en regardant le chien et la fillette se courir après. Il y a de forte chance pour que demoiselle Deskir ait oublié le but premier de leur sortie, mais qu'elle importance cela avait-il ? Elle avance derrière eux, sans se presser, l'étalon hennit en mettant un petit coup de museau à la Dame qui lui caresse le cou. La petit s'éloigne considérablement, mais cela n'inquiète pas spécialement la mère, la sachant entre les pattes du chien chasse. Estrée, jouant au chat et la sourit avec son fidèle camarade de jeu, s'avance de plus en plus vers un sous-bois, sans se soucier de s'y fourrer. Lihrry cesse un moment son euphorie pour humer l'air, se mettant à suivre une piste invisible pour l'enfant qui la suit. Sans se poser de questions, elle le suit en sautillant, jusqu'à tomber sur une inconnue. Celle-ci avait des traits de visage que la jeune Estrée n'avait jamais vu. Elle penche d'ailleurs la tête en l'examinant alors que Lihrry va lui tourner autour, tout content.

« Salut ! Vous êtes perdue ? Nous on cherche une fleur avec ma maman ! Elle est pas très loin d'ailleurs... » elle finit par mieux observer la Jinmen. « Ouah ! En tout cas vous êtes très jolie madame ! » la gamine hoche la tête en lui souriant.

Elle ne sait pas trop si Fynia a réussi à les suivre, mais la jeune fille qu'elle a devant elle ne lui semble pas bien menaçante, juste l'air un peu perdue. Elle s'approche encore les mains dans le dos, tout sourire. Peut-être même que c'était l'occasion de se faire une nouvelle copine ! Fynia, quant à elle, est bien derrière, ne se pressant pas plus que ça. On ne peut même pas encore percevoir sa silhouette.

Je déambulais entre les arbres séculaires qui me dominaient par leur taille. Les Fleurs de Sage ne poussaient pas dans les sous-bois, je l'avais appris. Je ne savais cependant pas sortir de ce dédale végétal. N'ayant pas de don naturel pour l'orientation, je me décidais à avancer droit devant moi : je finirais bien par sortir de la forêt. Les racines noueuses encombraient mon chemin, m'obligeant tantôt à de grandes enjambées, tantôt à me glisser sous elles. Au fur et à mesure, le brouillard fluctuait. S'il était fort un instant, il s'apaisait l'instant d'après. Je m'arrêtai un moment et fermai les yeux, profitant de ce havre de paix. Rien ne venait perturber le calme de la nature. Je me sentais apaisée, c'était comme si je ressentais le bien-être de la faune et de la flore alentour. J'humai l'odeur boisée des cèdres environnants.

De légers bruissements s'élevèrent des alentours. Bientôt, deux silhouettes se dessinèrent dans la brume : celle d'un enfant et d'un animal. Ils ne tardèrent pas à s'approcher de moi. C'était une humaine accompagnée d'un chien. La petite s'empressa de venir à ma rencontre et de converser.

Je ne compris pas tout : cela ne faisait que peu de tant que j'apprenais ce langage divin. De ce que j'avais interprété, elle venait de me saluer et avait prononcé le mot « fleur ». Je ne pus me retenir de faire une révérence à la petite avant de lui répondre.

« Je souhaite salut à petite femme. Je être Clayra.»

Je me grattai le nez rosit par le froid en réfléchissant à quoi dire d'autre.

« Je besoin fleur blanc. Avoir tout près»

Voilà où m'avait amené les cours de mon maître. Je venais d'épuiser mes faibles connaissances en elfique en deux misérables phrases. Ce langage ne me paraissait pas bien compliqué, mais je n'avais pas eu le temps de l'apprendre. Je n'étais qu'une débutante, les années d'expérience et les rencontres m'aideraient à me perfectionner, j'en étais sûr. Je m'abaissai au niveau de la petite fille et continuai en jinmen, espérant qu'elle me comprenne.

« Je recherche une fleur blanche appelée Fleur des Sages. Théoriquement, je sais où elle se trouve mais je n'ai pas un très bon sens de l'orientation, je me suis perdue. Pourrais-tu m'aider ?»

Plus loin, j'aperçus d'autres silhouettes : un cheval et une elfe. J'espérais qu'au moins l'une d'entre elles pourrait me comprendre et m'aider.

Estrée finit par assimiler le fait que la jeune fille en face d'elle ne comprend pas ce qu'elle raconte. Elle attrape le chien par le cou, le serrant contre elle. La jeune inconnue s'étant mise à leur hauteur, Estrée lui sourit encore de toutes ses petites dents. La Jinmen semble gêner et rougit.

« Je souhaite salut à petite femme. Je être Clayra. Je besoin fleur blanc. Avoir tout près »

Son visage s'illumine davantage. Elle rigole un peu, amusée par son piètre Elfique, mais comprend qu'elle aussi cherche une fleur. Elle sourit avant de laisser apparaître une flamme dans sa main, celle-ci prenant la forme de la fleur des sages. Peut-être que la différence de langage pourra être comblée par des "dessins". Lihrry ne semble pas gêner le moins du monde par le feu, continuant d'agiter sagement la queue aux côtés de sa petite maîtresse. Plus loin, Fynia progresse lentement, n'ayant pas spécialement envie de se presser. Elle tient sa robe pour ne pas la salir.

« Je recherche une fleur blanche appelée Fleur des Sages. Théoriquement, je sais où elle se trouve mais je n'ai pas un très bon sens de l'orientation, je me suis perdue. Pourrais-tu m'aider ? »

La gamine trouve que cette langue sonne bien, mais ne comprend pas un traître mot de ce que raconte la Jinmen. Elle continue de sourire, fronçant un peu les sourcils par incompréhension. Elle pose sa main sur son torse, gigotant.

« Estrée. » puis elle tapote la tête du chien. « Lihrry. » puis elle tend la main, paume vers le ciel dans sa direction. Laissant disparaître la flamme. « Et toi ? »

Fynia écarte une branche de son chemin, tenant toujours Loyal par la bride qui n'aime pas trop s'éloigner des chemins. Elle observe la silhouette penchée sur sa fille. Une Jinmen. Elle en a déjà croisé durant ses voyages, mais s'avoue qu'elle n'avait jamais appris leur langue. La demi-Elfe continue son examen; le vis-à-vis de sa fille lui semble bien jeune. Entre quinze et dix-sept ans. Seule aussi loin de chez elle ? Etragne. Dubitative, elle arrive à leurs hauteurs et pose sa main sur la tête d'Estrée qui lui sourit en redressant un peu la tête. Les cheveux blonds de la gamins sont plein de brindilles et de mousses. Ce qui a pour effet de faire soupirer sa mère qui s'incline vers la demoiselle.

« Bonjour. Que faites-vous ici ? »
« Elle parle pas bien notre langue, maman ! Mais elle cherche aussi des fleurs ! »
« Ah ? »
« Maman. » Estrée pointe du doigt Fynia, puis elle. « Son nom c'est Fynia. » elle prend le temps d'articuler chaque mot.

Fynia arque un sourcil, la laissant faire sans trop chercher à comprendre ce qu'il se passe. Elle a l'air inoffensive, alors elle essaie d'être tolérante... Et surtout de ne pas lui lancer un regard un peu froid. Ce qu'elle ne parvient pas tellement à faire. C'est trop naturel chez elle de paraître gelée au premier abord. Elle tente un faible sourire. Mais elle n'arrive pas à se détendre. Lihrry lèche la main de Clayra. Ce qui déstresse un peu la mère. L'enfant lance un regard lourd de sens à sa mère qui hausse les épaules. Les relations sociales ne sont vraiment, mais alors vraiment, pas sa tasse de thé.

La petite tête blonde enlaça tendrement son fidèle compagnon. Il existait un lien affectif puissant entre ces deux-là, c'était indéniable. Je les regardais non sans une certaine nostalgie. Avais-je ressenti pareille affection pour quelqu'un autrefois ? Je ne m'en rappelai pas. A nouveau, je fus victime de la douleur de l'amnésie. Il n'est pire maux que celui de ne pas savoir. Je ne pouvais que confirmer ce célèbre adage.

La fillette s'amusa de mon elfique très basique. Quant à mon jinmen, elle n'y comprit rien, je le remarquai à sa tête. Kanjou m'avait prévenu que ma langue maternelle n'était pas très connue en Azthia. Dans cette contrée, c'était le cydien et l'elfique qui étaient les langages les plus connus et, même s'il commença à me les apprendre, j'étais loin de pouvoir tenir une discussion avec qui que ce soit. Je soupirai. Il fallait vraiment que je m'applique lors des leçons de mon maître afin d'évoluer au plus vite, mon ignorance était trop handicapante.

J'eus un léger mouvement de recul lorsque la blondinette fit jaillir du feu de ses mains. Rapidement, les flammes prirent la forme d'une fleur : la fleur de sage. C'était exactement ce que je recherchais. Ainsi, nous avions toutes deux le même objectif ? Je montrai la fleur du doigt.

« Moi aussi, Fleur ! Avoir tout près ! »

Si je lui décrivais l'endroit où ces fleurs se trouvaient, sans doute pourrait-elle me guider. Cependant, je n'avais aucun moyen de lui expliquer cela. Le vocabulaire en elfique me manquait cruellement. Mon maître avait réussi à me montrer cela sur une image tirée d'un livre mais je ne l'avais malheureusement pas en ma possession.

Estrée et Lihrry. Tels étaient les noms de mes interlocuteurs. La petite avait utilisé les gestes pour me faire comprendre, bien que je sois capable de comprendre les bases dans sa langue, je fus contente qu'elle me facilite la tâche ainsi. Je lui souris en me pointant du doigt.

« Clayra »

A peine lui eus-je répondu que l'elfe arrive à notre rencontre. Elle s'exprima d'une voix claire et douce. En un instant, je m'agenouillais devant elle en signe de respect. Malgré le fait que Kanjou m'ait répété que les elfes n'étaient pas des Kamis, j'avais beaucoup du mal à me retenir lorsque je les voyais. J'appris que la fillette avec qui je parlais auparavant était la fille de la femme qui était arrivée.

« Moi être désolée, Kami Fynia. Ne pas avoir veux offenser vous en parlant avec fille à vous. Pardonnez moi je prie vous.»

Je restai face contre terre, immobile. Il était hors de question que je bouge le moindre muscle avant que l'on me l'ait permis. J'espérais seulement que le fait de mal parler la langue des dieux n'allait pas énerver la divin.

Inconsciemment, je me mis à manipuler l'Esprit. Ses tentacules invisibles se développèrent autour de moi et se tendirent vers Estrée. Maladroitement, je pénétrai en elle en déverrouillant les mécanismes de protection. Je m'infiltrais lentement mais sûrement comme l'eau à travers les rochers. Une fois le lien créé, un flot d'émotions me parcourut. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais envahie si soudainement par la joie, l'enthousiasme, la curiosité et tout un tas d'autres sentiments. Une douleur diffuse martela ma tête. Sans que je ne veuille quoi que ce soit, l'image du lieu où trouver la Fleur de Sage ainsi que son emplacement sur la carte transita jusqu'à l'Esprit d'Estrée. A peine le transfert eut-il été fait que la connexion cessa.

Fynia gigote en la regardant se mettre à terre. Elle regarde Estrée, l'air perdue puis elle se penche vers la demoiselle en tenant sa robe au mieux qu'elle le peut. Elle l'aide à se relever, mal à l'aise. Elle a bien entendu parlé de Jinmens et de leur adoration pour les Elfes mais ne pensait pas en être "victime" un jour. Une si jeune demoiselle... Qui de plus pensait l'avoir offensée alors qu'il n'en était rien. Parfois, elle se trouve bien trop dure avec les inconnus, mais n'était-elle pas mère ? N'est-il pas normal pour elle de se montrer féroce lorsque des personnes qu'elle ne connait absolument pas approche les seuls amours de sa vie d'aussi près. Elle cherche la même fleur que la mère et la fille. Après une vague hésitation Fynia lui tapote la joue gentiment de deux doigts.

« Venez avec nous, dans ce cas ? »
« Oh oui ! Et je sais où on la trouve la fleur ! »
« Estrée ! Att-... Humpf ... Attends... » Elle sourit maladroitement à Clayra. « Je suis désolée, elle est pleine de vie... Son frère est plus fatiguant, remerciez vos Dieux que ce soit Estrée qui soit ici plutôt que lui. »

Fynia rit doucement. Lihrry court après la fillette alors que la demi Elfe offre son bras à la demoiselle. Elle lâche la bride du cheval qui lui sort lentement de ce sous-bois qui lui ai si désagréable. Elle suit finalement son petit trésor. Tout en observant du coin de l'oeil la jeune fille. L'érudite fait attention à où elle met les pieds pour s'éviter une chute désagréable. Depuis quelque temps, elle se sait avoir perdu son sens de la survie. Elle n'est plus qu'une Dame de salon. Une enseignante victime de sa propre cité. Elle est piégée à Silmarie. Bien qu'elle a horreur de voir la chose ainsi. Elle adore ses enfants, mais elle a dû faire des concessions énormes pour ses bébés. L'amour d'une mère n'a visiblement pas de limite. Elle tourne la tête vers la jeune Jinmen aux traits qui lui sont si peu familiers.

« Vous êtes loin de chez vous, Demoiselle. Quel est votre nom ? Ah... Et je ne suis pas un "Kami", juste une Elfe. »

Fynia tente un sourire rassurant. Elle se sent maladroite et ignore comment s'adresser à elle. Elle ne sait pas si elle peut comprendre ce qu'elle raconte et jusqu'où va la connaissance de Clayra pour l'elfique.

« Vous me semblez tellement jeune... Vous êtes une fleuriste ? Ou peut-être que vous collectionnez simplement les fleurs. Dites le moi si je suis que trop curieuse, jeune fille. Je ne m'en vexerai pas. Il semble cependant que nous allons faire un petit bout de chemin côte à côte. »

Elle essaie d'engager la conversation, bien qu'elle soit très maladroite. Elle joue nerveusement avec ses doigts. Puis elle ouvre les mains, paumes vers le ciel, pour faire pousser une fleur lumineuse dans sa main. Belle grande et blanche. Solitaire. Elle se demande ce à quoi elle peut bien servir. Elle regarde Clayra.

« Qu'allez-vous faire de cette fleur ? »

La dame-kami me tendit la main pour m'aider à me relever. J'hésitai un instant avant de la saisir, je ne lui aurais pas fait l'affront de décliner son offre. Je me tendis donc droitement et frottai les plis de ma robe. Je fis tomber quelques brindilles mais pas les tâches ; la boue dans laquelle je m'étais agenouillée avait maculée mes vêtements. Je regardai la dame respectueusement et lui adressai un sourire maladroit avant de me raviser. Soudain, je ressens de la chaleur sur ma joue ; elle me tapote doucement de ses doigts. Je ressens de la gentillesse et de l'affection dans ce geste. Un sourire plus assuré se dessine sur mon visage.

Calmement, de sa voix douce, Fynia me proposa de les accompagner. Il était certain que de la compagnie me ferait le plus grand bien, d'autant plus qu'il m'était compliqué de me repérer dans cette contrée inconnue toute de brume vêtue. J'acceptais l'offre des deux femmes sans hésitation. La petite fille attisait notre courage avec son entrain débordant. A travers la fraîcheur de l'hiver, nous nous laissions guider par la fillette infatigable. Elle était déjà loin quand sa mère et moi commençâmes à la suivre. Le chien, quant à lui, la rattrapa rapidement. Je restais au niveau de l'elfe et nous discutâmes de choses et d'autres, ce qui me permit d'améliorer mon langage. J'appris notamment qu'Estrée avait un frère. Un instant je songeai à mon passé, et moi avais-je eu un frère ou une sœur ? Je n'eus pour seule et unique réponse que l'écho de cette triste pensée.

Fynia m'offrit son bras et je glissai le mien par-dessus le sien. Nous étions proches ; la chaleur de son corps me réchauffait ce qui n'était pas désagréable, fort au contraire. Nous continuâmes notre avancée à un rythme ni trop lent ni trop rapide tandis que la jeune fille virevoltait joyeusement devant nous. Je ne pouvais que sourire en la regardant ainsi s'amuser. Elle resplendissait la bonne humeur et la joie de vivre, c'était une enfant heureuse ; cela sautait aux yeux. Je me laissais entraîner par son enjouement.

Harmonieux, l'elfique parfit le tableau. Fynia s'intéressait à moi. Je ne comprenais pas tout, bien évidemment, mais je faisais des efforts pour tenter de comprendre un maximum de choses. Ses expressions faciales et ses gestes m'aidaient à comprendre le sens de ses phrases. J'appréciais grandement qu'elle ne parlait pas trop vite, comme beaucoup aurait pu le faire. Je la voyais tantôt sûre d'elle, tantôt hésitante. Je la rassurai d'un sourire. Elle aussi me contredit sur son identité alors que, pourtant, j'étais sûre qu'ils étaient des dieux. Je trouvais tout cela étrange mais je n'en fis pas la remarque.

«Je m'appelle Clayra, correct ? »

J'essayais d'utiliser mes connaissances au maximum pour progresser. J'avais confiance en cette femme pour ne pas se moquer de mes erreurs.

« Je ne suis pas encore fleuriste. Je suis apprenti ? »

L’intonation que j'avais donnée à « apprenti » laissait sous-entendre que je n'étais pas sûre d'avoir employé le bon mot.

« Je dois donner la fleur à maître Kanjou. C'est un elfe aussi. »

Je cherchais mes mots pour formuler une phrase qui me parut fort compliquée.

« Et vous, quel est votre prof'ion? Vous êtes aussi fleuriste ? Que vous allez faire de la fleur ? Je ne suis pas trop curieux ?»

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[F-H] A la recherche de fleurs ! (Fynia)

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