Lilith tira doucement sur les rênes de Jâani pour l'arrêter et étudia la ville qui se découvrait au détour de la colline. Keyleigh fit arrêter ses chevaux de traits à son tour et attendit l'aval de la Sentinelle pour repartir. Désormais capitaine de Faucons Lilith se permettait parfois de quitter Muria pour escorter des Amazones, aujourd'hui elles bravaient le froid de la fin de l'hiver pour faire le tour des marchés de petites villes autour de Tamawa. Les artisans et les commerçantes Amazones ne s'éloignaient jamais beaucoup de la forêt mère et possédaient chacune une fausse identité pour marchander sans attirer de soupçons. Kayleigh transportait quelques manufactures en bois, des poteries et un peu de peaux à échanger contre des biens que la cité cachée ne pouvait produire elle-même. Des produits de coquetterie pour la plupart et des herbes qui ne se trouvaient pas dans leur forêt.

La route était peu empruntée en cette heure matinale et les Amazones se remirent en marche. Keyleigh étant capable de se battre tout autant que de faire preuve de diplomatie et Lilith ne s'inquiétait pas du tout pour elle, elle avait choisi de venir seule pour la défendre et doutait d'avoir des soucis. En fait elle ne craignait que les bandits de grand chemin qui pullulaient et se montrait très prudente en rase campagne. Ceci dit les voilà déjà arrivées dans la deuxième ville de leur tournée. Oh ce n'était guère une grande cité à l'image de Tamawa et cette ville-là ne comptait pas plus d'un millier d'habitant intra-muros, elle était cependant bien assez grande pour contenir un marché régulier et cela suffisait.

« Nous y sommes Liliane, je n'ai pas besoin de te dire d'être vigilante, n'est-ce pas ? »

Keyleigh se faisait appeler Liliane lors de ses tournées, Liliane Dolip et Lilith, Armande Joutan. Rien de très compliqué ni recherché. L'objectif pour la Sentinelle était de ne surtout pas faire savoir à son père où elle était en utilisant son nom de famille réel et d'éviter que des noms d'Amazones ne se répandent dans tout Azthia, au cas où. La marchande prête à effectuer ses affaires, Lilith s'offrit le luxe d'aller se promener de par la ville et musarda entre les étals du marché sans intention d'acheter grand chose, si ce n'était un petit cadeau pour ses enfants restés à Muria. Elle rêva au jour où elle pourrait les amener voir le monde avec elle. La jeune femme ne considérait pas sain que des Amazones ne quittent jamais la cité cachée et demeurent dans une ignorance du monde extérieur. Pour l'instant ses deux petits étaient trop jeunes pour sortir.

Elle remarqua une personne au regarda assez étrange, comme éteint, passer, mais avant qu'elle ne voit bien pour s'en assurer la silhouette avait disparu dans une ruelle. *J'ai du rêver, ou alors cette personne était endormie* Oui ce devait être l'explication. Elle n'y prêta pas plus d'attention et alla se chercher un étal qui vendait de la nourriture pour le repas de midi.

Elle était ailleurs ce matin là, tellement ailleurs qu'elle en avait presque oublié de faire son travail. Elle si consciencieuse d'habitude. Son regard se portait au travers des fenêtres, sur la neige qui coulait lentement. De la neige, du froid, qu'elle ne sentait pas réellement et des gens riant. L'hiver, la saison qui la rendait nostalgique de ses jeunes années. Elle aurait aimé faire des batailles de boules de neige avec son frère, de faire des décorations givrées pour les maisons. Ce genre de chose, ce qu'elle faisait avec sa mère. La dernière saison qu'elle avait passé avec elle.

« Athé, tu veux bien te remettre au travail, on a pas réellement le temps de divaguer dans ses pensées. »

« Oui, je sais Kieran, je sais. Désolé, je me remets au travail. »

Lui ne pouvait pas comprendre, il ne pouvait pas connaître cette envie de disparaître durant l'hiver, de se rapprocher de ceux qui vous était cher et surtout de changer d'air. En vérité s'était surtout cela qu'il lui fallait, changer d'air, voir autre chose, bouger ! Et pourtant, elle resta là, reprenant tranquillement son travail. Piquant le cuir, cousant les différentes motifs. Prenant les tacauds pour poser le cuir et commencer la selle. Ce genre de chose qu'elle faisait tous les jours, ce genre de travail qui faisait d'elle une très bonne sellière. C'était d'ailleurs pour cela que Kieran l'avait gardé. Pour ce savoir faire qu'elle avait pu développer dans ce métier qui était le sien depuis ses quinze ans. Dix années, dix années à créer des selles, des brides, des harnachements divers et variés pour les clients. Dix années récompensés par son maître qui lui aurait volontiers léguer le magasin. Mais elle n'avait jamais eu envie d'une promotion, son travail actuel lui plaisait ainsi et s'était bien mieux. Elle avait donc laisser la direction à un jeune homme qui voyant son travail apprécié par les clients s'était décidé à la garder.

Elle n'avait pas à se plaindre. Kieran était gentil, il n'espérait rien et la faisait travailler normalement. Comme son maître le faisait avant. Là où il lui manquait quelque chose, s'était surtout les remarque acerbes de son bougon de maître qui finalement était devenu un père pour elle. Il lui manquait réellement ce vieux râleur. Elle sourit tranquillement dans le vide, croisant le regard de son nouveau patron et se remettant au travail. Dieu ce qu'elle aurait aimé voyager pour le moment. Lorsqu'elle allait voir Abram, il semblait lui aussi piaffer d'impatience. Cherchant le moment où elle pourrait demander à Kieran si elle allait pouvoir partir quelques jours. Oh bien entendu, il ne lui dirait pas non, au contraire, surtout que son travail à elle était quasiment terminé. Cependant, elle savait aussi qu'il n'était pas tout à fait d'accord pour la laisser partir. Pourquoi ? Parce qu'elle avait toujours tendance à se mettre dans le pétrin alors qu'elle voulait seulement venir en aide. À croire que la malchance la poursuivait parfois.

« Dit moi Athé, demain, j'aimerais t'envoyer dans la campagne. Tu sais l'endroit ou je vais chercher le cuir pour les selles. J'ai fais une nouvelle commande et il faudrait que quelqu'un aille la chercher. Cependant moi j'ai encore trop de boulot alors que toi tu avance réellement vite, ça te dirais d'y aller ? »

Elle sortit de ses pensées et le regarda. Il était réellement sérieux ? Il voulait réellement l'envoyer là bas ? Elle pourrait donc partir et bouger un peu, changer d'air.

« Oh bien sûr. Je finis cette selle et je vais préparer mes affaires et Abram. »

Elle s'affaira donc avec plus d'entrain sur son ouvrage. Une ardeur renouvelée qui fit sourire le jeune homme. Enfin il retrouvait la jeune fille enthousiaste qu'il voyait tous les jours. Une fois la soirée arrivée, Athénaïs avait terminé, elle avait préparer ses affaires et le lendemain, la voilà partit vers le petit village qu'elle ne connaissait que de nom. Le voyage ne fut pas très long en vérité, cependant une fois arrivée, la sellière se demanda si les gens alentours étaient … normaux. Quelque chose d'étrange se passait par ici, elle aurait pu en être certaine. Elle regarda alentour et remarqua les visages émaciés et totalement tirés de certains. Ce teint blanc comme s'ils étaient à moitié mort. Elle avait laisser Abram aux portes du village, le cheval ne s'en irait pas sans elle de toute façon. L'almer commença à déambuler dans le village.

« Hum... excusez moi. »

Le regard que lui lança un des habitants la fit frissonner et elle accéléra le pas pour rentrer pile dans une jeune femme avec un chat sur l'épaule. Tout cela devenait parfaitement étrange. Cependant la jeune fille remarqua que les deux femmes n'avaient pas le teint blanchâtre des autres. Elle se releva donc et finalement prit la parole.

« Désolé, je suis assez maladroite. Euh, c'est moi ou les gens d'ici ont un sérieusement problème ? »

Elle ne s'était même pas présenté, elle avait seulement balancer sa phrase. Sa main prête à geler quiconque s'approcherait d'elle. Elle ne savait pas se battre, son seul moyen de se défendre était cette maîtrise de la glace. Elle regardait donc les deux jeunes femme d'un air interrogateur.

Une impression indéfinissable habitait Lilith alors qu'elle traversait le marché. D'une première observation, rien de particulier ne ressortait, cette ville était comme tant d'autres… avec quelque chose qui clochait. Un détail, une intuition sur laquelle l'Amazone ne parvenait pas à mettre le doigt et cela lui déplaisait fortement. Chargée de la sécurité de sa sœur, elle se devait d'être précautionneuse, il malheur était si vite arrivé. La capitaine des Faucons sentit une odeur nauséabonde lui agresser les narines, elle tourna la tête vers un étal et vit que les fruits proposés étaient pourris. Dégoûtée elle s'éloigna bien vite en se demandant une fois encore ce qu'il se passait par ici. Le problème venait des habitants eux-mêmes, ils étaient si… étrange.

Pressée de quitter cet endroit malsain Lilith se hâta de retourner auprès de Keyleigh pour avaler un déjeuner rapide en compagnie d'une humaine normale et aviser avec elle de la suite. Pour la Sentinelle s'éloigner de la ville semblait être une priorité. Elle retrouva la marchande à son étal à tenter d'attirer les badauds par son dynamisme et son bagou coutumiers, hélas elle n'avait guère vendu beaucoup de choses. Lilith regarda d'un air dépité les marchandises encore très fournies. Ce n'était pas avec ces maigres ventes que les amazones pourraient acheter des biens rares à Muria.

« Liliane, il y a quelque chose qui ne va pas dans cette ville. Je pense que nous devrions partir pour rejoindre la ville suivante au plus tôt. »[b]

Au passage Lilith décida qu'elle irait avertir la première patrouille qu'ils croiseraient. Il se tramait quelque chose dans cette ville, ce n'était peut-être qu'une maladie, mais même une épidémie devait être enrayée avant de trop se répandre. Son repas avalé, l'archère annonça le départ. Keyleigh entreprit de remballer ses biens tandis que Lilith scrutait les alentours. Soudain quelque chose lui tomba sur les épaules. Elle tressaillit avant de réaliser qu'il s'agissait d'un chat.

[b]« Héla, mais qu'est-ce que tu fais ? »

L'animal ne semblait pas farouche, Lilith se détendit et attrapa le chat pour le prendre dans ses bras.

« Toi au moins tu te comportes normalement. Tout de même cela m'intrigue de savoir ce qu'il se passe ici. »

Mais les surprises ne s'arrêtèrent pas là pour la journée, alors que Lilith grattouillait le cou du chat on lui rentra dedans. Elle se retourna et vit une jeune femme. C'était la journée des contacts imprévus décidément. La femme ne paraissait pas blessée.

« Désolé, je suis assez maladroite. Euh, c'est moi ou les gens d'ici ont un sérieusement problème ? »


Ah ? Au moins Lilith n'était pas la seule à trouver que quelque chose ne tournait pas rond par ici avec les habitants, elle réajusta le chat dans ses bras et offrit un petit sourire crispé à l'inconnue.

« Je reconnais que les habitants sont étranges. Je suis déjà venue dans cette ville l'année dernière et il était plus vivant. Que vous remarquiez quelque chose confirme mon intuition… »

A ce moment-là une femme s'approcha de Keyleigh en faisant mine de vouloir acheter quelque chose. Elle avait ce même air bizarre que certains habitants, mais un client était un client et la marchande entreprit de présenter ses produits. Lilith la regarda du coin de l'œil avec perplexité, valait-il la peine de lui parler ? Certaines marchandises étaient encore sur l'étal et l'amazone s'éloigna pour les présenter à la femme. Lilith leva un sourcil vers l'inconnue qui lui était rentrée dedans comme pour dire « Quand on parle du loup… ».

« Je m'appelle Armande et vous ? »

Aussi honnête que pusse paraître la jeune femme, Lilith ne prendrait pas le risque de lui dévoiler son vrai nom, surtout pas dans une ville si étrange. Elle se baissa pour relâcher le chat par terre.

Encore une fois, elle avait montré sa facilité à devenir un boulet. Il n'avait pas fallut plus de dix minutes pour qu'elle finisse par ne pas regarder devant elle, alors qu'elle venait de paniquer à cause des gens un peu trop étrange, et donc de rentrer dans une jeune femme, visiblement accompagné d'une autre jeune femme et qui était accompagné d'un chat. Chat qui, elle devait bien l'avouer ne ressemblait pas tout à fait à un chat. Il n'en avait pas réellement l'attitude. Athénaïs fixa son regard sur lui et le regarda miauler étrangement. Elle haussa finalement les épaules et en se disant que s'était peut être son imagination qui lui jouait des tours, sachant que la situation était déjà assez bizarre, elle allait éviter d'en remettre une couche. Perdu dans ses pensées, elle manqua de répondre à la jeune femme une fois que celle-ci lui donna son nom. Regardant partout, la main à moitié levé, elle se retourna et décida finalement de lui dire son nom.

« Hum, je me nomme Athénaïs. »

Elle sourit tranquillement et reprit.

« Je suis juste venue ici sur ordre de mon patron pour prendre des fournitures, mais visiblement, ce ne sera pas possible. »

Elle regarda une nouvelle fois les hommes-créatures, et se dit que son charisme et son talent de couturier n'allait pas les aider beaucoup. De plus, elle ne maniait pas d'arme. Il allait vraiment falloir qu'elle s'occupe de cela. Elle ne pouvait pas toujours compter sur son frère pour ce genre de chose. Thétis. Il lui manquait à l'heure actuelle, lui aurait su ce qu'il fallait faire. Il aurait su et aurait aussi su la mettre en confiance. Là, elle avait réellement peur, même si elle ne le montrait pas et ses mains commençait sérieusement à la piquer, comme si.... Elle regarda la jeune femme, mais ne pouvait pas le dire. Ce genre de pouvoir était bien trop particulier et on ne pouvait pas savoir qui en avait hérité ou non.

« Ils ressemblent à des zombies... »

Elle avait lâché cette phrase alors que l'un d'entre eux s'avançait vers eux. Il n'avait pas la bave aux lèvres, mais était réellement flippant. L'almer le regarda faire et lorsqu'il ne fut plus très loin d'eux, elle eut une telle peur qu'elle s'accroupit, posa sa main sur le sol et gela la partit devant elle. L'homme-zombie, tenta d'avancer mais glissa et tomba. Il n'arriva plus à se relever. Tant pis si elle avait encore fait une connerie, mais il était hors de question qu'il approche, il lui faisait bien trop peur pour ça.

« Désolé, mais je ne suis pas très courageuse, enfin je manque surtout de confiance en moi et lui il me fiche sacrément la trouille. »

Elle se tourna vers Armande avec un sourire d'excuse. Mais au fond d'elle, elle se fichait bien en ce moment de ce que pensait les autres, il allait juste falloir qu'elle repense aux conseils de son frère, qu'elle se calme, mais elle n'était pas certaine dans la situation actuelle qu'elle arriverait à faire quoi que ce soit.

Lilith gardait un œil vers Keyleigh par méfiance envers les habitants étranges de la bourgade, même si la résidente qui parlait avec la marchande était une femme d'aspect peu solide, elle avait ce même air d'automate. La Sentinelle reporta le reste de son attention à la jeune femme, une brunette qui semblait franche et un peu sûre de comment réagir face à cette situation peu commune. Elle lui sourit.

]« Enchanté de te rencontrer Athénaïs, cela fait du bien de voir quelqu’un de normal. Venais-tu faire des affaires ? Si c’est le cas, je te propose de regarder ce qu’on a ici, peut-être y trouveras-tu ton bonheur. Quant à nous, nous ne resterons plus longtemps. Je pense aller au prochain village pour avertir de la situation. »

Au fond elle n'était pas sûre de vouloir quitter la ville sans comprendre ce qu'il se tramait, mais d'un autre elle ne pouvait se permettre de mettre en danger sa sœur amazone. Ni de se mettre en danger elle-même d'ailleurs, plus depuis qu'elle avait deux enfants et la responsabilité de les élever. Bon elle se doutait qu'ils seraient en de bonnes mains en cas de soucis, mais tout de même elle ne supportait pas l'idée de ne plus les voir s'il lui arrivait quelque chose. Puis une réalité lui revint à l'esprit, en tant que catalyseur sa présence risquait de mettre de l'huile sur le feu s'il y avait de la magie la dessous.

En parlant de magie, Athénaïs en usa soudainement pour repousser un homme qui s'approchait. Une manipulatrice de la glace… et au sang chaud visiblement. Lilith fit un sourire indulgent en réponse à la jeune femme.

« Pas de soucis, j'ai l'impression que le pauvre ne réagit même pas. Et… hé la ! Lil', où vas-tu ? »

Keyleigh s'éloignait dans une ruelle perpendiculaire avec l'inconnue. La marchande n'avait aucune raison de s'éloigner de son chariot et de ses marchandises, surtout sans en avertir la sentinelle. Lilith se précipita aussitôt en saisissant son arc et une flèche, tous ses sens en alerte, et évitant de peu le chat qui trainait dans ses jambes. Face à la ruelle elle vit les deux femmes tourner au coin d'une rue, mais avant de s'y précipiter à son tour un mouvement attira son attention du coin de l'œil. L'homme que Athénaïs avait repoussé revenait à la charge avec un ami tout aussi somnambulique que le précédent. Le temps n'était plus au doute, mais à la méfiance.

« Athénaïs, attention derrière toi ! Ecoute, il se passe quelque chose d'anormal dans cette ville et visiblement nous ne pourrons plus y échapper longtemps. Reste avec moi si tu es peu assurée et nous tenterons de partir aussitôt que possible. »

En attendant de pouvoir partir sur l'heure, Lilith devait retrouver sa sœur qui renait de disparaître avec cette femme bizarre. Elle espéra que la jeune femme la suivrait. Un éclair de couleur sur le sol signala à l'Amazone que le chat l'accompagnait aussi.

Athénaïs était quelque peu paniqué. Ce genre de situation, elle ne le vivait jamais en vérité. Pas parce qu'elle n'y était pas habitué, mais surtout parce qu'elle restait tranquillement dans les villes. Là où on l'envoyait, il n'y avait jamais de grabuge, enfin, cela était vite dit finalement, quand on voyait la situation actuelle. Et pourtant, au fur et à mesure que les minutes s'égrenait, la jeune fille se faisait moins trouillarde, elle cherchait à en savoir plus sur ce qui l'entourait, elle cherchait à voir et à comprendre. On ne pouvait pas dire qu'elle avait un esprit très analytique, sachant qu'elle avait encore peur, ses observations étaient rapides et donc peu précise. Peut être aurait-elle dû faire autre chose. Un autre métier qui lui aurait permit d'être plus tranquille, plus à même d'être elle même. Elle se demandait même parfois si elle n'aurait pas dû choisir un métier ou elle aurait appris à combattre sa peur. Cependant, aurait-elle connu son frère dans ses conditions ? Beaucoup de choses faisait qu'elle n'avait pas réellement envie de revenir en arrière et puis, en cas de besoin, elle pouvait toujours évoluer et changer de métier. On ne savait jamais. Elle haussa alors ses épaules, ce n'était pas dans son genre de tenter d'être quelqu'un d'autre et puis ce métier lui plaisait. Par contre, elle pouvait probablement voir pour faire en sorte d'avoir moins peur. Elle devait au moins faire ça, elle qui avait tendance à voyager ces derniers temps.

La jeune Almer était prête à répondre à Armande qu'elle avait déjà une commande à récupérer chez quelqu'un et que s'était justement pour cela qu'on l'avait envoyé ici. Cependant, elle n'en eu pas réellement le temps que l'archère était déjà partit parce que sa compagne de route suivait quelqu'un d'étrange. La sellière n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle entendit Armande lui dire de faire attention. Inutile de préciser que la jeune femme avait déjà vu le coup venir. La peur revenait petit à petit, la clouant limite sur place et puis elle finit par se mettre des baffes mentalement. Il n'était pas temps de se laisser aller. Ça allait bien franchement, il y avait des limites au ridicule. Si elle restait cloué comme une idiote, elle allait probablement devenir comme eux et il était hors de question que cela arrive. Qui prendra soin de son frère alors ? L'image de Thétis s'imposa alors dans son esprit. Elle ne devait pas le décevoir, peut importe qu'elle n'ait pas d'arme, elle devait quand même ses battre. Sa peur reflua un peu et finalement elle finit par suivre l'archère. Arrivée au coin des deux maison, elle se souvint qu'elle avait une arme et plutôt puissante. Athé posa alors sa main sur le mur et créa un mur de glace entre les deux maisons.

Elle repartit ensuite, suivant Armande, se demandant bien où le chat était passé entre temps et finalement, alors qu'elle se demandait si on allait trouver la compagne d'Armande qui avait l'air de s'être volatilisé, une image se forma devant leurs yeux. Un elfe, Athé eu un sursaut et recula de quelque pas. Un elfe, par ici, un elfe. Nan mais on aurait tout vu franchement. D'un autre côté selon l'histoire qu'elle avait pu lire, ce n'était pas tout à fait de la faute des elfes. S'était en réalité, la faute de tout le monde et surtout des almers, et puis s'était étrange, cette image ne semblait pas tout à fait réel, comme une image. Une illusion ? Elle s'approcha d'Armande en se demandant s'il s'agissait d'un piège ou non ? Il était étrange de voir des illusions comme ça. Elle regarda alentours, se demandant qui faisait ça et surtout de où. Elle tenta de voir, mais ne trouva rien et finalement, elle finit par parler.

« Un piège ou un indice ? On ne sait jamais d'où cela peut provenir après tout non ? »

Elle se tut un instant et reprit.

« D'un autre côté, si on tente rien, on ne risque pas d'arriver à quoi que ce soit. On suit l'indication ? »

Il y avait encore un peu de peur dans sa voix, mais elle se sentait bien mieux que tout à l'heure. La peur laissait petit à petit place à une combativité qu'elle ne se connaissait pas. Peut être allait-elle changer et devenir donc plus courageuse. Visiblement devenir plus courageux était à la portée de tout le monde, il suffisait de le vouloir, comme en ce moment pour elle.

Une voix s'éleva, s'adressait-elle à l'Amazone ou aux villageois étranges ? Lilith ne parvenait pas à trouver la personne qui avait prononcé ce mot. Ami ou ennemi ?

Athénaïs l'avait suivi, ce qui était mieux en considérant la population des lieux. Tout à coup une forme humaine apparut devant elles. Humaines ou plutôt elfiques. Lilith frissonna en voyant l'homme devant elle, il désignait un endroit, mais c'était son armure qui l'impressionnait. Elle parlait à sa mémoire. L'Amazone avait déjà vu cet homme, mais où ? Un profond sentiment de confiance accompagnait l'impression de déjà vu, aussi l'archère décida de se fier à lui. Il désignait désormais une maison.

« Allons-y. Je ne saurais dire pourquoi, mais je pense que cet elfe ne nous veut pas de mal. »

Il était très dangereux de se fier à une seule impression, Lilith le savait, néanmoins lorsque l'urgence ne permettait pas l'analyse et la réflexion philosophique il fallait se laisser guider par son instinct et l'instinct de l'archère lui disait que les somnambules étaient plus dangereux que l'elfe apparut de nulle part. Elle posa une main rassurante sur l'épaule de la jeune femme et alla vers la maison.

« Ouvre moi la porte, je rentrerais la première. Je vois bien que tu n'as pas l'habitude de ce genre de situation. La chose primordiale à savoir est de surtout garder un œil sur ce qu'il se passe autour de toi. Mieux vaut être trop prudente que pas assez. »

La jeune femme s'exécuta tandis que Lilith bandait son arc, la porte ouverte elle se précipita à l'intérieur, flèche en avant et estima la situation d'un clin d'œil. Un homme un peu plus réactif que les autres refermait avec agitation une porte derrière lui. Aucune trace de Keyleigh. La sentinelle lui tira une flèche dessus de sorte à le punaiser au mur par le col. Elle avait déjà encoché une nouvelle flèche.

« Personne ne bouge. Je viens chercher mon amie. Je sais qu'elle est là, laissez la ressortir avec moi et personne ne sera blessé. Mentez-moi et je serais impitoyable. »

La sommation faite l'archère s'avançait dans la pièce s'arrangeant pour avoir rapidement chaque personne présente dans sa ligne de mire.

Athé attendait patiemment. Elle n'était pas une combattante et le regrettait à l'heure actuelle. Peut être pourrait-elle arranger cela. En fait dans sa tête ce n'était pas un peut être, mais un obligé. Si elle voulait avancer un minimum dans la vie, il fallait qu'elle sache se défendre. Hors pour le moment ce n'était pas le cas. En plus, avec un peu de chance, elle pourrait plus facilement aider son frère voir le défendre. Elle n'était pas empoté et si elle était un minimum trouillarde et surtout un peu boulet, l'almer était quelqu'un sur qui on pouvait compter et qui apprenait vite, très vite. Certes, elle n'avait pas d'ambition, monter dans la hiérarchie ne l'intéressait pas du tout, mais pour être tout à fait honnête, son métier de sellier ne lui convenait plus trop ces derniers temps. Elle aimait bien apprendre et peut être qu'une autre voix s'ouvrait à elle au fur et à mesure de la conversation ? Elle n'en savait trop rien, mais elle savait une chose, elle ne pouvait pas rester ainsi, ce n'était pas possible. Il fallait qu'elle fasse quelque chose.

Alors que la jeune femme regardait de nouveau l'apparition, elle remarqua qu'il ne s'agissait pas d'une vrai image, mais d'une illusion. Elle cherchait à aiguiser son sens de l'observation qui l'aiderait probablement dans la suite de son périple. Elle remarqua alors que sa vue se précisait, comme si elle possédait une capacité ? Elle ne s'en était jamais trop aperçu, mais en y faisant bien attention, elle avait toujours eu une bonne vue, une très bonne vue en fait. Dans son métier, constamment elle avait remarqué des tout petits détails de rien du tout qui lui permettait de faire des créations somptueuse. Jamais elle n'avait remarqué parce que jamais elle n'avait été confronté à ce genre de situation, mais sa vue était bien meilleur, elle voyait bien plus loin que la plupart des gens. Tiens donc, voilà une compétence qui allait plaire tout particulièrement à la jeune femme. Alors qu'Armande lui demanda d'aller ouvrir la porte. Un petit peu plus sur d'elle, après tout, elle possédait la capacité de manier la glace et une vue accrue, il ne lui restait plus qu'à s'en servir. Elle alla donc ouvrir la porte.

Une fois celle-ci ouverte, Athénaïs vit Armande bander son arc et entrer rapidement à l'intérieur. Un homme venait de refermer rapidement une porte, Armande décocha la flèche ce qui planta le type au mur et en encocha une autre. L'almer n'eut pas trop le temps de faire un geste, mais elle sentit l'adrénaline couler dans ses veines ce qui lui donnait plus de courage. Alors que l'archère faisait une sommation, Athénaïs vit quelque chose bouger. Ni une ni deux, elle s'accroupit et plaqua sa main au sol. Son regard s'avança parmi les personnes présentes et la glace fit son effet et s'enroula autour du corps de chacun. Elle se releva tranquillement. Heureusement qu'elle s'entraînait avec ce pouvoir.

« Il me semble qu'elle vous a poser une question. Où est son ami ? Ne nous mettez pas en colère ou vous finirait en tant que pitoyable statue de glace. »

Sa voix était plus assuré qu'elle ne l'aurait pensé. Si elle n'était pas une guerrière dans l'âme, elle ne supportait cependant pas qu'on puisse faire du mal à qui que ce soit et donc elle donnerait tout ce qu'elle avait pour retrouvé l'amie d'Armande.