Oyashima, ville de son enfance. Shina ne regardait plus en arrière depuis un certains temps. Elle n'avait encore jamais quitté la région qui l'avait vu naître et si elle connaissait les langage de l'autre côté du continent d'Oyashima, elle savait parfaitement qu'elle parlait tout comme sa sœur avec un fort accent Jinmen. On ne pouvait nier ses origines. Elle soupira tranquillement et regarda son compagnon de toujours enfin ses deux compagnons finalement, les seuls avec sa sœur à faire le voyage avec elle. Enfin pour le coup, elle n'avait pas sa sœur. Ame lui manquait, horriblement. C'était la première fois qu'elle serait séparé de sa sœur aussi longtemps et cela la perturbait un peu. Ame n'était pas connu pour être une grande guerrière et si jamais il lui arrivait quelque chose ? Et si elle était blessé ? L’aîné s'en voudrait à mort. Elle ne se le pardonnerait jamais s'il devait arriver quelque chose à sa sœur. Elle était donc assez nerveuse alors qu'elle approchait d'Erathia.

Tout comme sa sœur, elle avait dû partir. Leur magasin était de plus en plus connu et leurs capacités aussi, si bien que désormais, elle se déplaçait dans le pays pour aller entraîner des animaux. Heureusement pour elle, on leur prêtais généralement un endroit, un endroit calme ou elle pouvait exercer leur magie en quelque sorte. Si Ame avait été envoyé à Storghein, Shina elle devait se rendre à Erathia. Une ville ou personne ne devait être armé et d'ailleurs cela l'embêtait un peu. Elle n'était pas dépourvu loin de là, non seulement elle savait se battre à main nu, même si ce n'était pas là une de ses spécialités, mais en plus Kiri était de loin une arme tout aussi efficace que ses sabres. Seulement, après plusieurs jours de voyage, une féroce envie d'aller voir à Stroghein si elle trouvait et sa sœur et finalement la continuité de son voyage, elle n'avait pas réellement envie de se séparer d'affaires venu de chez elle.

Et pourtant, elle le fit, demandant à ce qu'ils soient posé d'une certaine façon. Ses armes étaient sa vie, heureusement pour elle, la jinmen les récupéreraient bien assez vite vu que son habitation était en dehors de la ville et donc elle n'aurait pas à s'en séparer trop longtemps. Toujours sur la défensive parce qu'elle ne connaissait pas cette ville, elle préféra descendre d'Akiko et la mena par la bride vers la première écurie qu'elle trouva. Le palefrenier prit la bête doucement et cela rassura la dresseuse qui n'aurait pas supporté voir quelqu'un malmener sa monture, son amie. Shina demanda d'ailleurs au jeune homme le chemin pour aller sur la place marchande. Heureusement pour elle, elle n'était pas très loin. L'adolescente avança donc tranquillement sur la place, le dos vide de ses armes, Akiko dans une écurie et Kiri à ses côtés. Elle s'aventurait en terrain inconnu, et portait donc son regard partout jusqu'à ce qu'elle arrive finalement sur la place qu'on lui avait décrite et qu'elle attende tranquillement.

« Mademoiselle Kitajima ? »

Elle se retourna et tomba sur un homme d'une trentaine d'année avec deux cages. L'une d'entre elle contenait un félin qui Kiri s'empressait déjà de sentir et l'autre un animal plus exotique petit, calme, fourrure noir épaisse.

« C'est bien moi, vous êtes monsieur Aji c'est ça ? »

« C'est exact. Voilà vos pensionnaires. Ce sont encore des bébés, mais je ne pouvait pas décemment les emmener chez moi alors qu'il ne sont pas dressé. De plus, je les ai trouvé affamé dans la forêt, donc j'espère que vous arriverez à les dresser. Enfin d'après les bruits qui court votre sœur et vous êtes assez doué. »

Elle adressa un sourire tranquille à son interlocuteur.

« Nous avons beaucoup travaillé pour cela vous savez. Et si nous fournissons un aussi bon travail c'est parce que nous mettons du cœur à l'ouvrage sans que jamais nous ne lâchons l'affaire. Et comme nous ne cherchons pas le profit, nous nous occupons des animaux au cas par cas, ce qui nous permet d'avoir un meilleur dressage. Pour faire du bon travail, il faut s'en donner les moyens. »

Elle s'agenouilla devant la cage de félin qui s'approcha doucement et vint renifler sa main. Elle sentait l'animal à plein nez pour lui et sa curiosité l’obligea rapidement à donner un coup de langue à la jeune femme. Elle ferait du bon travail avec les deux.

« Oui, je vous comprends et je vois qu'il vous aime déjà. Bien je vous les confits pour quatre mois, pas un de plus. »

« Ne vous en faites pas, ce sera fait. »

Maintenant, il ne restait plus qu'à emmener les cages vers son habitation durant le temps qu'elle serait ici et ça n'allait pas être une mince affaire.

Elle peinait. Elle était assez forte, cependant, les deux cages, les animaux, il y avait un peu trop de poids pour elle et elle n'arrivait qu'à une autre les traîner. Cependant, si elle continuait de la sorte, elle allait finir par être vider de ses forces et ne pourrait pas commencer le travail avec les animaux. Cela lui déplaisait fortement, elle aimait bien faire en sorte de prendre un premier contact avec les animaux, histoire de les connaître qu'il la sente et aussi qu'il ne se sente pas enfermé. De plus, avec Kiri, il n'y aurait pas de souci, il les surveillerait. Comme il faisait toujours en fait. La jinmen s'assit un instant sur les caisses, le voyage, sa sœur qui n'était pas là, le dépaysement, cela faisait beaucoup pour elle. On ne pouvait pas dire qu'elle était couarde et si elle bien plus courageuse qu'elle ne le laissait paraître, elle se sentait quand même seule, surtout parce que s'était bien la première fois qu'elle serait séparé de sa sœur aussi longtemps. Sa moitié, la seule personne qui jusqu'ici l'avait comprise et ne l'avait pas jugé.

C'est à ce moment là, perdu dans ses pensées qu'une jeune femme apparu et lui posa une question. Une question toute bête, mais une question qui la laissa de marbre. Pas parce qu'elle ne comprenait pas, ni parce qu'elle ne parlait pas la langue, mais surtout parce qu'elle ne s'y attendait pas. Depuis le début de son voyage, personne ne s'intéressait à ce qu'elle avait pu ressentir, tout ceux qu'elle avait rencontré sur le chemin n'avait cherché qu'une seule chose, avoir son argent, par tout les moyens. Les auberges luxueuse qui ne ressemblait à rien, les vivres à prix d'or, et tant d'autre chose. Personne encore n'avait cherché à l'aider. Aussi resta-t-elle là, interdite, cherchant un moyen correct de répondre. Et finalement elle finit par parler.

« Eh bien.... Pourquoi pas. »

Bien entendu, elle avait parlé en jinmen, la dresseuse se reprit et reprit en Cydien cette fois-ci.

« Excusez-moi, le voyage n'a pas été de tout repos. Je veux bien un peu d'aide oui, je n'arrive qu'a traîner les deux en même temps et pas les porter. »

Son accent était haché, on sentait la jinmen derrière, peut être que cette incursion allait l'aider à améliorer sa façon de parler, même si elle en doutait fortement. Enfin qui ne tentait rien n'avait rien.

« Porter une seule cage à la fois c'est possible, mais deux en même temps c'est à la limite de l'impossible et comme je vais vivre en dehors de la ville. Je veux bien un coup de main. Je peux vous laisser la plus petite ? »

Elle récupéra la cage du félin qu'elle porta sans souci. Malgré sa petite taille, son apparente fragilité, on sentait bien que la jeune femme était bien plus forte que cela. Après quelques minutes, elles arrivèrent enfin à la porte de la ville. Shina récupéra ses sabres et les reposa dans son dos. Kiri à ses côtés, elle ne récupéra pas de suite Akiko. Elle aurait bien le temps plus tard et inutile de laisser la jeune femme porter inutilement la caisse sur des kilomètres. Elles sortirent donc de la ville et finalement cinq minutes plus tard, arrivèrent à la maison que la jeune femme allait occupé.

« Voilà, ce n'est pas un palace mais ce sera mon chez moi pour le temps que je vais rester ici. Posez la cage dans l'entrée s'il vous plait. »

Des phrases concises. Elle posa le félin dans l'entrée et finalement se dirigea vers la cuisine. Elle savait que tout avait été rempli et prévu pour son arrivée.

« Je peux vous servir quelque chose pour vous remercier ? »

C'était bien la première fois qu'elle parlait autant. Mais elle ne devait pas malpolis, après tout, la jeune femme venait de l'aider.

Lui adressant un demi-sourire, Jaina attrapa la plus petite des cages, la calant sur ses bras afin d’éviter qu’elle ne tombe. Ce n’était pas si lourd, se dit-elle, mais elle comprenait qu’avec deux, la mobilité était non seulement réduite mais aussi qu’il n’était pas simple de les garder en un seul morceau. Déséquilibré, le porteur finirait par en laisser une et la cage se briserait, libérant l’animal qui n’aurait sans doute plus qu’une hâte : s’enfuir. Consciente de cela, la jeune femme fit bien attention à ne pas mettre dans l’embarras l’autre femme. Avec de la chance, elle habitait une maison où se trouvaient quelques objets intéressants.

Jaina suivit la propriétaire des animaux, constatant rapidement qu’elle se dirigeait vers la porte de la ville dans l’espoir de récupérer ses armes, de  peur qu’on les vole. Elle avait l’habitude de voir les étrangers adopter une attitude comme celle-ci, même si elle ne la comprenait pas. A part elle et quelques voyous, il n’y avait rien – à sa connaissance – pour menacer la vie des gens d’Erathia. Mais il était bien entendu possible qu’elle se trompe, elle n’était pas omnisciente. Sinon cela ferait longtemps que son frère serait mort, son cœur poignardé par la dague de Jaina.

Silencieuse, la jeune Almer suivit l’autre femme en dehors de la ville, jusqu’une maison un peu isolée. Il était difficile, pour elle, de concevoir d’habiter à l’extérieur d’Erathia plutôt qu’à l’intérieur, mais après tout, l’animalière n’était peut-être que de passage. Rares étaient les étrangers à s’installer définitivement dans la cité, car elle était petite et sa réputation d’autrefois continuait de freiner l’immigration. Jaina oublia vite ces considérations, cependant, car les deux femmes arrivaient enfin à destination. Passant par la porte ouverte, elle exécuta l’ordre donné, et posa l’animal et sa cage dans l’entrée, sur le côté de la porte. Puis elle jeta un coup d’œil autour d’elle.

Une petite maison, confortable si l’on était seul ou avec une autre personne. Les affaires semblaient avoir été posé ici il y a peu, car certaines étaient encore à peine mises à leurs places respectives. Il n’y avait malheureusement pas grand-chose de valeur, ou du moins qui valait le coup d’être volé, selon Jaina. La voix de son hôtesse résonna fortement dans la maison, bien qu’elle ne parlait pas plus fort que nécessaire.

« Du thé, si vous avez, merci. » répondit Jaina.

Continuant de faire le tour, sans but réel, Jaina s’attarda finalement sur les animaux dans leurs cages. Son hôtesse était-elle une dresseuse ? Cela aurait expliqué pourquoi elle avait besoin de ramener ces animaux chez elle. La jeune Almer, elle, n’avait jamais été attirée par eux, et ne ressentait pas le besoin d’en avoir un. Pas maintenant, du moins. Une petite voix résonna alors dans sa tête, comme pour l’inciter à dire quelque chose. La politesse n’était pourtant pas le point de Jaina, qui s’efforça de trouver quelque chose pour combler le silence.

« Vous restez combien de temps à Erathia ? »

« Je suis censé rester plus de six mois, mais bon après tout dépend de l'avancée que j'aurais avec les animaux. Tout ne dépend pas que de moi. »

Elle prépara tranquillement plusieurs tasses. Enfin deux pour être précise tout en repensant à son chez elle. Elle avait envie de voir du monde, cela lui permettait d'élargir ses champs de compétence et aussi de s'améliorer dans sa maîtrise des langues, cependant tout lui manquait. Le magasin qu'elle connaissait comme sa poche. Les gens qui l'entouraient et la connaissait et donc se contentait de lui dire bonjour ou de lui demander comment elle allait. Et puis bien entendu son père. Elle était partit en lui laissant un mot, seulement un mot. Ces derniers temps, elle était tellement occupée qu'elle n'avait même pas prit la peine de lui parler, de lui dire qu'elle s'en allait et donc qu'elle ne reviendrait pas avant un moment. Quelle genre de fille faisait cela ? Et quelle genre de sœur laissait la sienne s'en aller sans lui dire qu'elle aussi partait en voyage. Sans lui dire qu'elle avait peur pour elle parce qu'elle ne savait pas réellement se défendre. Shina enrageait en vérité d'être si stupide. Elle aurait du suivre sa sœur, la protéger durant son voyage....

En vérité, celle qui avait besoin de quelque chose, ce n'était pas Ame, s'était elle. Constamment elle se reposait sur sa sœur, lui demandant son avis, se demandant si ça allait lui plaire. Il n'y avait qu'une seule chose pour laquelle elles différaient. Ame était doué pour conter, Shina était doué pour le combat. Chacune allant de pair avec l'autre, mais si Ame avait réussit à partir sans avoir le cœur dans les chaussettes, ce n'était pas le cas de Shina qui avait constamment peur pour elle. Peur qu'il ne lui arrive quelque chose. Jamais elle ne supporterait qu'il arrive quelque chose à sa sœur alors qu'elle n'était pas là pour la protéger. Elle était la plus vieille, tout cela était son rôle. Perdue dans ses pensées, elle en oublia le monde alentour, ce fut Kiri qui la ramena en se frottant à sa jambe. Elle s'accroupit et caressa la tête velue de son meilleur ami. Celui qui voyageait constamment avec elle. Elle sourit et finalement se reprit. Ce n'était pas le moment de penser à ce genre de chose, pas le moment du tout. La dresseuse prit donc le plateau sur lequel elle venait de déposer deux tasses ainsi qu'une théière jinmen.

Ce thé, son père leur avait montré comment faire du thé, elle ne pouvait couper aux traditions, comme si chaque petit geste montrait à quel point elles étaient ancrés dans son âme. Et s'était le cas, ces traditions faisaient partit d'elle et qu'importe l'endroit ou elle se rendait, ces traditions s'y rendaient avec elle. Elle posa donc doucement le plateau, fit couler l'eau chaude dans les tasses en passant bien entendu cette même eau sur les feuilles de thé et laissa infusé. Cinq minutes s'écoulèrent et finalement, elle servit les tasses en enlevant les feuilles. Elle sortit une boite de petits gâteaux et la présenta à la jeune femme. Elle finit par s'asseoir et se poser tranquillement. Tout chez elle lui manquait et cette maison vide n'allait pas l'aider, le mal du pays. Cela devrait passer après quelques jours. Elle regarda la jeune femme en face d'elle et se fit violence. D'habitude, s'était Ame qui s'occupait de parler, elle se contentait d'appuyer ses propos, mais Ame n'était pas là, il fallait qu'elle arrête de s'enfermer sur elle même et décida de relancer la conversation.

« Tu habite dans cette ville ? »

Cette question paraissait idiote en vérité vu que la jeune femme semblait y déambuler à son aise, seulement, Shina avait une idée derrière la tête et puis ce n'était pas parce qu'on déambulait dans une ville qu'on la connaissait forcément ou qu'on y habitait.

« Je te demande ça parce que j'aurais bien besoin que quelqu'un me fasse faire le tour de la ville vu que je vais y être pour un moment, histoire de ne pas trop me perdre. »

Elle prit sa tasse et en bu une gorgée. Le thé chaud la rassura quelque peu. Peut importe où elle était et si elle était seule. Elle se devait de faire sa route.

Quand la réponse vint, l’esprit de Jaina réagit de la manière habituelle : quelques mois lui laisserait le temps de faire du repérage et de peut-être réussir à voler quelque chose de précieux. Mais elle s’efforça d’écarter ces idées de sa tête. Voler une personne, comme ça, avec des animaux non dressés dans la maison, c’était dangereux. Premièrement parce qu’elle serait repérée comme une intruse dès le début. Et ensuite, dans le silence nécessaire à ce genre d’opérations, son ouïe sensible subirait des atrocités à entendre les animaux intenables.

La question que son hôtesse lui posa sembla étrange aux oreilles de Jaina. Une question un peu idiote en soi, bien qu’elle eut le tact de ne rien dire. Evidemment qu’elle vivait ici, sinon elle n’aurait jamais proposé de l’aide à quelqu’un dans une ville inconnue. Ca aurait été le meilleur moyen de tomber dans un piège, car elle n’aurait eu aucune issue. Mais la suite vint rapidement, ce qui intéressa et fit hésiter la jeune voleuse. Mais après tout, pourquoi pas ? Ca la changerait de sa vie ordinaire, qui consistait à trainer avec des voyous et à dérober des choses dans les poches des gens. Un petit tour en ville avec une inconnue, histoire de lui faire connaitre la cité où elle allait passer un peu de temps, cela lui ferait du bien. De même, ça permettrait à Jaina de faire connaissance avec elle plus facilement.

Changeant donc de ses habitudes, la jeune Almer termina sa tasse de thé, puis adressa un demi-sourire à son hôtesse. Elle reposa la tasse vide sur la petite table, puis s’étira en grognant légèrement.

« Eh bien, dans ce cas, j’accepte. Ce sera mieux pour toi, et ça me changera un peu de ma vie ennuyante. Oh, au fait, Jaina. » ajouta-t-elle en lui adressant un autre demi-sourire.

Elle ne souriait jamais totalement. Elle ne le voulait pas, et n’en ressentait même pas le besoin, en fait. A quoi bon sourire pour de bon si on n’en avait pas envie ? Se forcer pour les autres ? Personne ne méritait qu’elle se force. Elle n’avait encore jamais connu une personne comme ça, qui le méritait. Elle faisait ce qu’il lui plaisait, ou elle s’énervait. Personne n’avait le droit de lui dicter sa ligne de conduite.

Elle se leva, baillant ostensiblement, puis tourna le regard vers la fenêtre. Il faisait encore beau dehors, même si cela n’allait peut-être pas durer. Depuis plusieurs, il pleuvait souvent. Aussi, elle regarda à nouveau son hôtesse, puis reprit la parole.

« Et si on y allait ? Autant profiter du peu de beau temps qu’on a. »

Shina regardait tranquillement la jeune femme, si sa gentillesse était louable, quelque chose clochait un peu dans son comportement, surtout dans sa façon de tout regarder. Si elle cherchait quelque chose de particulier, elle ne trouverait rien et puis de toute façon, mieux valait pour la jeune femme ne pas trop s'approcher d'une maison avec des animaux qu'ils soient dressés ou non. On ne pouvait jamais prédire ce qu'ils feraient, surtout venant de la part de Kiri. L'animal était bien trop instable avec les étrangers et ne faisait jamais confiance. Mise à part sa sœur et son père, il semblait se méfier de tout le monde et d'ailleurs la façon qu'il avait de regarder la jeune femme tout en étant de rien en disait long sur ce qu'il pensait. C'était un danger dans sa maison. Si Shina ne faisait pas trop attention à ce qu'elle regardait, elle n'en disait pas plus. Son instinct la guidait depuis tout jeune et elle n'était pas seulement passé maître dans l'art de combattre.

Cependant elle se montrant en bonne hôtesse, laissant la jeune femme finir sa tasse de thé et lorsqu'elle la posa, s'étira, la jinmen se leva et rangea les tasses dans l'évier. Elle prit soin de poser ses sabres dans un coin de la pièces, elle ne voulait en aucun cas les laisser de nouveau à l'entrée de la ville. Tout comme les traditions qu'on lui inculquait, ses armes étaient une partie d'elle même. Forgées tout spécialement pour elle. L'équilibre entre la lame et le pommeau était parfait et sa maîtrise n'en était que bien plus précise. Hors de question de les laisser quelque part où elle ne savait comment ils étaient traités. Ses façons de faire pouvaient paraître grotesque voir extravagante, seulement la jeune femme était ainsi. Les traditions étaient importantes, peu importait ce que les gens de l'extérieur pensait de son comportement. Elle haussa imperceptiblement les épaules, de toute façon les jinmens étaient un peuple bien méconnu de l'autre côté et donc il n'était pas étonnant qu'on prenne ses façons de faire d'une manière étrange. Certains en riaient, d'autre la regardaient bizarrement mais peu importait finalement.

Ce ne fut que lorsque la jeune femme eut dit qu'elle acceptait de lui montrer la ville qu'elle sortit de ses pensées. Depuis qu'elle s'était éloigné d'Arano, la jeune femme était plus volatile dans ses pensées. Probablement parce qu'il s'agissait d'une première pour elle d'être sans sa sœur. Elle tenta de sourire, mais comme elle ne le faisait pas souvent, généralement, cela ressemblait bien plus à des grimace qu'à des sourires. Elle espérait seulement que son invité n'en prenne pas ombrage, les relations s'était sa sœur qui s'en chargeait, pas elle généralement. Peut être devrait-elle plus penser à s'impliquer dans ce genre de chose. Il allait falloir qu'elle le fasse. Ame aurait sa vie à faire aussi, elle ne pouvait compter toujours sur elle. Shina sortit de ses réflexion cette fois-ci grâce à Kiri qui la poussa doucement, la Jaina comme elle venait de se présenté était prête à partir maintenant. Shina secoua sa tête un instant.

« Excusez-moi, je pense trop. Shina. »

Elle s'arrêta quelques seconde, prit sa veste, Kiri sur les talons.

« Bien allons y dans ce cas là. »

Les clés de la maison dans les mains elle venait d'ouvrir la porte et attendait tranquillement que la jeune femme sorte pour tout fermé. Les deux pensionnaires étaient endormis pour le moment, elle commencerait ce soir tranquillement à établir un lien avec eux.

Shina. Elle mémorisa le nom, consciente que l’oublier ne serait pas poli et pas prudent. Elle ne connaissait pas cette personne, et oublier son nom aurait donné une très mauvaise première impression. Enfin, seconde première impression car elle en avait déjà donné une, probablement favorable, en l’aidant spontanément. Elle s’étira à nouveau, attendant calmement de savoir ce qu’allait faire son hôtesse. Mais celle-ci se contenta de prendre de quoi sortir, et ouvrit la porte. Comprenant qu’elle attendait que Jaina passe la première, cette dernière y alla, plissant les yeux à la lumière du soleil.

Il n’y avait toujours aucun signe de mauvais temps dans le ciel, malgré la poignée de nuages d’un blanc terne qui en recouvrait une partie. Espérant que cela se poursuivrait le temps de la « visite » de la cité, Jaina regarda derrière elle, vit Shina refermer et verrouiller la porte puis se tourner vers elle. Sans rien dire, gardant un visage fermé, la jeune Almer prit la tête, se dirigeant à nouveau vers la ville. Devait-elle vraiment lui présenter chaque bâtiment ? Peut-être pas. Après tout, elle y était passée. Mais ce serait peut-être mieux de lui donner quelques informations utiles.

« Comme tu le sais, c’est l’entrée de la cité. Les armes étant interdites à l’intérieur, elles sont confisquées au passage, et gardées dans une pièce à l’intérieur de ce petit bâtiment. Il y a rarement des vols, les gardes n’ayant pas envie d’avoir de problèmes… »

Elle ne précisa pas que de toute manière, les armes n’étaient pas si rares à l’intérieur d’Erathia. Elle-même en avait une chez elle, et de nombreux voyous portaient des lames semblables afin de faire peur aux autres. Heureusement, les accidents étaient rares également, les voyous étant trop lâches pour essayer de véritablement tuer quelqu’un. Même s’il arrivait que certaines victimes soient blessées.

Il fallut un petit moment aux gardes pour les examiner, puis déclarer qu’il n’y avait aucun problème. Les deux jeunes femmes continuèrent leur route, tandis que Jaina se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir dire. Elles arrivèrent alors à la place centrale, là où elles s’étaient rencontrées. Regardant autour d’elle, et ne voyant rien qui l’attirait particulièrement, elle se tourna vers Shina.

« Que veux-tu faire ou voir ? Il y a une taverne là, un forgeron au bout de cette autre rue, quelques tailleurs sur leurs étals et un bijoutier, mais rien de bien extraordinaire. Et comme tu es la visiteuse, je te laisse choisir. »

Shina suivait le mouvement alors que son regard s'arrêtait ça et là sur diverses choses. Elle avait en quelque sorte rigolé intérieurement lorsque la jeune femme lui avait présenté l'entrée de la ville et lui avait dit que les armes étaient interdites. La jinmen l'avait remarqué dés le début de son arrivée à Erathia. Cependant elle ne comprenait pas vraiment. Les armes n'étaient pas autorisé d'accord, cependant, il y avait un forgeron dans la cité, lui faisait des armes donc comment faisaient-ils pour réguler tout cela ? La jeune femme doutait qu'il n'y ai pas réellement d'arme dans cette cité sachant qu'en plus, elle possédait juste à côté d'elle, une arme tout aussi aiguisé et tranchante que ses propres sabres. Kiri était intraitable. Ses crocs étaient on ne peut plus acéré et s'il n'était encore qu'un adolescent, il savait parfaitement se battre et déchiqueter quelqu'un ne lui prenait pas longtemps. Finalement à bien y repenser, son compagnon de tous les jours étaient une armes bien plus imprévisible que les deux sabres qu'elle maniait avec adresse.

La dresseuse sourit à cette remarque. Heureusement que personne ne pouvait lire dans ses pensées, parce que sinon, certaines personnes auraient pu croire qu'elle s'apprêtait à mettre en pièce quelques personnes dans la cité. Hors, ce n'était pas le cas, elle n'était pas violente de naissance, elle ne cherchait seulement qu'à se défendre. Mais elle devait bien avoué que lorsqu'on la regardait avec ses armes, souvent cela faisait rire. Elle n'était pas très imposante comme fille et souvent on se demandait bien comment elle avait fait pour apprendre à faire ça, pour apprendre à se battre de la sorte, pour apprendre à se battre tout court. Et s'il était vrai qu'elle n'avait pas de mal parce qu'elle jouait sur son agilité, devant quelqu'un avec une force impressionnante, elle n'était pas certaine de pouvoir lui mettre un coin, et donc sa meilleur option serait forcément soit de jouer de finesse, soit de s'en aller. Pas d'autre choix possible en fait.

Elle revint tranquillement dans la discussion lorsqu'elle remarqua que l'endroit dans lequel elle venait d’atterrir lui était familier. Effectivement, il s'agissait de l'endroit où elle avait récupéré les animaux il n'y avait pas plus d'une heure. L'endroit qu'elle avait assez vite trouvé sachant que de toute façon visiblement, à Erathia il n'existait qu'une seule place, au moins ce serait un endroit central pour elle. Comme un point de ralliement. Elle se permit de regarder la structure des maisons. Tellement différente de chez elle, tellement différente de celle de son peuple. Elle se demandait bien pourquoi il existait tant de différence avec ce qu'elle était et ce qu'il y avait dans le reste du monde. Incroyable comme son peuple avait garder énormément de tradition par rapport à ce qu'elle avait pu voir depuis son arrivée ici. Elle soupira intérieurement. Il y avait énormément de chose à prendre en compte, peut être trop de chose en vérité. Elle finit finalement par répondre à la question que lui avait posé Jaina.

« En vérité, j'aimerais surtout savoir les magasins pour les vivres. Donc boucherie, marchand de légume, de fruit, de céréales etc... »

Elle s'arrêta un instant et reprit.

« Je ne suis pas très magasin de toute façon, donc c'est surtout pour se nourrir et aussi le forgeron et le couturier en cas de besoin. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver à ses armes ou à ses vêtements. »

Nouveau sourire discret. Ou comment être invisible tout en étant présente. A croire qu'elle avait tout de même mal choisis son métier.

D’abord, la notion des vivres. Les étals des marchands de fruits se trouvaient juste à côté d’elles, occupant une bonne portion de la place centrale. Les vendeurs semblaient particulièrement peu enjoués en ce jour, ce qui paraissait bizarre aux yeux de Jaina. Gardant cela pour elle, bien sur, elle écouta le reste de la requête de Shina, qui parla du forgeron et du couturier. Elle avait eu le temps de noter les armes de la visiteuse, et cela ne la surprenait pas. Mais avec une telle facture, le pauvre forgeron du coin aurait peut-être du mal à l’aider. Quant au couturier, il sombrait dans l’alcool presque toute la nuit, rendant son travail de jour plutôt imprévisible.

Guidant Shina vers les étals à proximité, Jaina tendit l’oreille pour distinguer d’autres sons, voir des bribes de conversations. Elles connaissaient les marchands, qui parlaient souvent entre eux, à l’écart des passants. Pour la jeune Almer, les entendre ne serait pas bien difficile, mais il fallait qu’elle reste discrète.

« Bien le bonjour, mesdemoiselles ! Laissez-moi vous montrer mes produits ! » s’exclama le marchand en les voyant approcher.

« Méfies-toi du prix, si tu achètes. » glissa doucement Jaina à l’oreille de Shina. « Je reviens, profites-en pour regarder ce qui t’intéresse. »

S’éloignant de quelques mètres, Jaina sortit du champ de vision du vendeur, qui souriait d’un air charmeur à Shina. Sa technique de vente n’était pas vraiment au point, mais il n’avait pas trop le choix ici. Erathia n’était pas très peuplée, et les acheteurs souvent les mêmes. La jeune femme se glissa derrière, et disparut sous une bâche. Elle y trouva un coffre, qu’elle réussit à crocheter sans peine. Mais ce qui l’intéressait, c’était les deux hommes qui discutaient, non loin d’elle.

« Je te jure ! Il a voulu le tuer, simplement parce qu’il refusait de lui donner ce qu’il voulait. Le voleur refusait de payer, alors forcément, Keim s’est énervé. Il a menacé d’appeler les gardes, et l’autre lui a répondu que de toute façon il serait mort avant. Et je jurerais que c’était le jeune Adrian, le fils du forgeron ! »

« Pauvre gars. Avoir un fils qui tourne aussi mal… »

Jaina s’éloigna, reprenant le chemin en sens inverse, sans oublier de prendre le peu d’argent qu’elle avait trouvé dans le coffre. Elle essaya de garder un air calme, comme à son habitude, tandis qu’elle revenait auprès de Shina. Mais elle était soucieuse. Adrian, impliqué dans une tentative de vol, et menaçant un marchand avec une arme ? Cela allait bien loin, et ne lui plaisait absolument pas. Elle s’éloigna légèrement, accompagnée de Shina, puis rompit finalement le silence.

« Que veux-tu faire maintenant ? Si ça ne te dérange pas, j’aimerais profiter de la visite pour aller parler à quelqu’un, si on le voit. Un jeune homme, aux cheveux roux et arborant une cicatrice sur la joue. Il se peut qu’il ait des ennuis. »

Shina écoutait patiemment. Repérant par-ci, par-là les ce que lui disait la jeune femme. Elle haussa un sourcil lorsqu'elle entendit parler du couturier, peu importait, au pire elle avait repérer un sellier non loin de là, généralement ces personnes savaient coudre vu qu'ils faisaient cela tous les jours. Pour la nourriture, il y avait nombre de marchand tentant de vendre leur marchandise. Crédule ? Peut être pas assez, la jeune fille savait parfaitement se débrouiller et dédaignait parfaitement la nourriture si celle-ci ne se trouvait pas en bonne état. Elle n'avait pas l'intention d'acheter des produits douteux, ce n'était pas son genre au contraire, elle était même chiante et pinaillait souvent sur des détails tel que cela. Et puis le forgeron. Ses armes n'étaient pas très compliqué, il s'agissait de sabre elfique de facture normal, tout forgeron savait forger ce genre d'arme et en cas d'absolue nécessite, elle se rendrait à Silmarie en cas de besoin. La cité des elfes. Cité qui avait pour elle une attraction particulière. Après tout, comme tous les jinmens, elle avait une affection particulière pour les elfes. Un sourire fugace se glissa sur ses lèvres au même moment ou un marchand s'avancèrent vers elle.

Jaina la laissa là en lui disant de se méfier des prix. Elle n'était pas totalement idiote. Certes, on voyait nettement qu'elle était étrangère et aussi Jinmen, on l'entendait parfaitement à son accent, mais elle ne se laisserait pas avoir. Trop habitué à se débrouillé. Si dans les relations avec les autres, elle semblait novice, la dresseuse n'était pas dupe. S'occuper des animaux forçait à devoir faire attention à tout et surtout ce genre de chose. Aussi haussa t-elle les épaules et la regarda partir. Kiri fit mine de la suivre, comme il suivrait une proie, elle s’accroupit tranquillement et regarda son compagnon. Ne pas le gronder car elle savait parfaitement pourquoi il faisait ce genre de chose. La protéger et il n'avait pas confiance en Jaina. Si Shina se disait qu'elle devait remercier la jeune fille, il était évident qu'elle ne lui faisait pas confiance non plus. Surtout son regard, ce regard qui se glissait un peu trop partout comme si elle cherchait quelque chose à se mettre sous la main. La seule chose précieuse que Shina possédait était sa famille et son compagnon.

« Reste la Kiri, pas la peine de la suivre. Chacun son métier comme on dit n'est-ce pas ? »

Elle avait murmuré cela à l'oreille de l'animal qui grogna doucement son approbation. Après tout, il fallait de tout pour vivre et peu importait à la jeune fille ce que les autres faisaient. Chacun choisissait et devait assumer toute une vie les choix qu'il faisait. Elle reporta son attention sur le marchand qui semblait ravi et commença de nouveau à expliquer que ses produits étaient tous bon, tous frais etc... La jinmen sentait bien que quelque chose n'était pas très frais vu d'ici, mais elle se contenta de hausser les épaules. Elle n'avait pas réellement envie d'acheter de toute façon si elle devait le faire, elle le ferait une fois seule. Pas la peine de se trimballer avec des vivres dans toute la ville surtout que sa compagne de route revint assez rapidement. Toutes deux reprirent la route, mais la jeune femme sentait que quelque chose n'allait pas. Quelque chose tracassait visiblement celle qui l'accompagnait et lorsque celle-ci recommença à parler, elle se félicita de ne rien avoir acheté.

Ce qu'elle voulait faire ? Elle aurait bien dit rentrer et commencer son travail, seulement ce n'était pas très sympathique de sa part et sûrement pas très poli. Elle ne voulait pas être désagréable avec quelqu'un qui l'avait aidé et lui montrait la ville. Elle s'en serait voulu fortement, mais d'un autre côté, elle devait avoué que la jeune femme était tout aussi étrange qu'elle finalement. Alors qu'elle était une fois encore perdue dans ses pensées, elle faillit louper la suite de la phrase de Jaina. Aider un jeune homme, des ennuis. Soit elle avait bon fond, soit elle essayait de racheter une faute ? Shina se fustigea mentalement, elle devait arrêter de voir le mal partout et tenter de se faire à cette ville même si celle-ci était déroutante. Faisant un récapitulatif de la situation, elle se dit qu'elle savait se battre même sans arme, qu'elle possédait en ce moment même une arme bien plus dangereuse que n'importe lequel de ses sabres et qu'elle aimait bien rendre service. Pourquoi dans ce cas ne pas aider la jeune femme et par cela même le jeune homme.

« Je n'ai pas de préférence particulière. Donc continuons le chemin jusqu'à trouver ce jeune homme aux cheveux roux. Et s'il a vraiment des soucis, alors aidons le ! »

Une phrase simple, pas de chichi, pas de détails en plus. Elle n'était pas très doué pour parler, tout le monde se l'accordait, cependant, elle était doué pour plein d'autre chose et elle pourrait rapidement le démontrer.

Les deux jeunes femmes se remirent en route, Jaina essayant de distinguer Adrian parmi les nombreux visages qu’elle pouvait distinguer dans les rues. Elle se doutait qu’il ne serait pas facile de le retrouver, d’autant qu’elle ignorait depuis combien de temps il avait essayé de voler ce marchand. Elle avait déjà du mal à croire qu’elle lui venait en aide. Elle n’était pas particulièrement sentimentale, après tout, mais elle n’était pas non plus insensible. Elle connaissait son père, et savait qu’il aurait des ennuis si son fils continuait sur la mauvaise pente.

Néanmoins, le morceau de conversation qu’elle avait eu avec le forgeron, plus tôt dans la journée, lui revenait en tête. Elle savait où elle pouvait trouver Nob, et si Adrian trainait avec lui alors elle pouvait l’y retrouver. Mais un coup d’œil vers Shina freina son idée. Elle était guide, pour le moment, elle n’allait pas l’entrainer dans des ennuis alors qu’elle arrivait tout juste en ville. D’autant que Nob, en voyant une jeune fille étrangère, n’hésiterait sans doute pas à lui nuire. Il était généralement assez doué pour ça. Et aux yeux de Jaina, Shina n’aurait pas été capable de se défendre, sans son animal. Bien sur, elle ne la connaissait absolument pas, et pouvait donc largement se tromper.

Plusieurs minutes s’écoulèrent en silence, tandis qu’elles marchaient sans but dans les rues. Puis, rapidement, une pluie glaciale et diluvienne se mit à tomber, les obligeant à se mettre à l’abri sous un porche si elles ne voulaient pas se retrouver trop mouillées. De plus, avec son ouïe, Jaina ne supportait pas la pluie, car le bruit assourdissant provenant de toutes les directions lui donnait un mal de crâne pas possible. Elle n’arrivait pas à se concentrer. Là, à l’abri, elle y arrivait déjà un peu mieux, même si c’était loin d’être le paradis.

Interminable, la pluie continuait de tomber, les deux jeunes femmes ne rompant pas le silence qui s’était installé entre elles. Jaina n’avait rien à dire, peu soucieuse de faire la conversation de toute manière, et il devait en être de même pour Shina. Regardant autour d’elle, la jeune Almer chercha – un peu inutilement – si Adrian ne se trouvait pas dans les parages. Bien sur, il n’y était pas, si bien qu’elle se tourna finalement vers Shina, poussant un soupir. La jeune femme semblait vouloir lui dire quelque chose.

« Je crois que je vais attendre la fin de la pluie pour m’y remettre. Tu veux t’en aller ? Ca ne me dérangerait pas, tu sais. »

Le temps semblait s'allonger alors que les minutes s'égrenaient tranquillement. Shina voulait venir en aide, cependant elle n'avait pas osé dire à la jeune femme qu'elle n'avait que trop peu d'information pour savoir réellement distinguer un homme d'un autre. Surtout que finalement, les astorgs, ceux aux cheveux roux étaient bien plus nombreux qu'on ne pouvait le penser de prime abord. La dresseuse ne dit rien, continuant la route enfin suivant surtout la jeune femme qui était devant elle. Elle n'aurait pas su dire pourquoi, mais elle n'était pas certaine que celle-ci ai très envie de continuer avec elle. Shina avait de l'intuition pour ce genre de chose, Jaina s'était improvisé guide et probablement ne voulait-elle pas l'impliquer dans ses problème. La jinmen le comprenait parfaitement, de plus peut être que le dit homme aux cheveux roux n'avait pas réellement envie de voir Shina dans les parages. Non seulement il ne la connaissait pas, mais en plus elle se promenait tout de même avec un animal dont les crocs étaient tout aussi acérés que les lames de la dresseuse. Lame qui d'ailleurs lui faisait défauts à l'heure actuelle.

Elle savait se battre à mains nues bien entendu, tout apprentissage d'une arme passait forcément par une maîtrise du combat à main nues, ne serait-ce que pour avoir un équilibre correct et connaître des mouvements lorsqu'on était désarmé. D'ailleurs, elle était plutôt agile comme fille sans trop savoir d'où lui venait cette agilité. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas que le temps changeait imperceptiblement au fur et à mesure. Bientôt, le temps clair laissa place à une pluie diluvienne, une pluie froide en cette fin d'hiver ou le temps ne s'était pas encore assez réchauffé pour ne pas greloter. Si la pluie ne la dérangeait pas outre mesure, ce n'était pas le cas de son compagne de route qui semblait perturbé par quelque chose. Shina ne sut quoi dire, elle n'était pas très bavarde en fait. Tenir une conversation ce n'était pas son truc et la commencé encore moins, tout comme le fait de l'alimenter avec quelques anecdotes par-ci par-là. Non, décidément, les relations avec les autres semblaient on ne peut plus compliqué pour la jeune fille.

On ne pouvait pas la traiter d'asocial, parce qu'elle parlait avec les autres, parce qu'elle tentait d'aider, mais il était vrai que le fait de parler n'était pas son truc. À la boutique, Ame parlait beaucoup avec les clients, elle se contentait souvent de montrer comment entretenir l'animal. Elle venait de se rendre compte que la seule chose pour laquelle elle était assez doué en conversation, s'était quand on lui parlait d'animaux. À partir de ce moment, elle était capable d'alimenter une conversation, parce que ce genre de sujet, elle gérait parfaitement, cependant.... le reste, elle était réellement néant. Elle se remit dans le présent lorsqu'elle entendit la jeune femme parler. S'en aller. Pourquoi pas, de toute façon la jinmen n'était pas certaine d'être réellement utile pour elle et visiblement, Jaina n'avait pas envie de plus l'impliquer dans quelque chose qui pourrait peut être pourrir son séjour. Et puis, à bien y penser, elle avait du travail à commencé et terminé dans peu de temps après tout.

« Je pense que je vais effectivement rentrer. Je ne suis pas certaine de t'être d'une très grande aide en vérité. »

Elle s'inclina devant la jeune femme, comme le ferais toutes personnes de chez elle, enfin toutes personnes polis et bien élevé bien entendus.

« Je te remercie de m'avoir montrer ce dont j'ai besoin et j'ai été heureuse de te rencontrer. »

Et c'était le cas. Elle était réellement contente d'avoir pu rencontrer la jeune femme. Au moins une allié dans cette ville peu commune à la sienne. Elle prit donc le chemin de la maison, tranquillement sous la pluie après un dernier au revoir à la jeune femme, elle s'éloigna jusqu'à ne plus être visible. Elle avait du boulot et elle devait faire sortir les animaux de la cage sous peine de les braquer dés le début.