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Erys
Nombre de messages : 34 Race et âge : Cydienne, 14 ans Cité : Cydonia Métier : Zélote (apprentie) Feuille de personnageCompétences: Combat à mains nues, Acrobatie, Maîtrise du feuCompétences bonus: Manipulation de l'eauRéputation : (4/10) | |
| Sujet: [FH] Mots prisonniers (terminé) Lun 20 Jan - 14:43 | |
| »Une nouvelle saison vient de se terminer. Je regarde par la fenêtre, consciente que le temps n'effacera jamais cette blessure. Il est des blessures qui meurtrissent le corps et d'autres, invisibles, qui pourrissent dans la chair et mûrissent au plus profond de notre âme. J'ai envie de hurler mais depuis des années, les mots restent bloqués au fond de ma gorge, incapables de se libérer, comme pris au piège avec ma mère. Depuis qu'elle n'est plus là, j'ai l'impression que quelque chose s'est brisée en moi, comme si, finalement, il n'existait plus rien au fond de moi. Je ne suis plus qu'une coquille vide, incapable d'avancer sans modèle … J'ai l'impression qu'à chaque pas que je fais en avant, un gouffre se dessine derrière moi, engloutissant tout de mon passé. J'ai peur de perdre ce passé, maman, j'ai peur de te perdre ! Je veux coucher ces mots sur le papier, je veux les écrire pour ne pas oublier le son de ta voix, la tendresse de tes baisers, la douceur de tes caresses pour nous endormir chaque soir. J'ai tellement peur de ne plus savoir, de ne plus te revoir. Est ce que tu reviendrais un jour ? Chaque jour c'est la même question au réveil et la même réponse à l'heure du coucher. Tu es loin, je me doutes que tu penses à nous mais je sais aussi que plus le temps passe, moins tu as de chances de nous retrouver. Je t'aime. Je t'aime énormément maman. Ces mots que je n'ai jamais su dire une fois devenue grande, ces mots que tu as attendu si souvent et que seul Elios te donnait. Je suis désolée, j'ai été dure et égoïste, je pensais que ces différences qui font maintenant ma force étaient de véritables faiblesses par rapport aux autres. Je croyais que c'était de ta faute si j'étais si différente, si on me regardait autant de travers mais tu sais, je sens au fond de moi que tu avais raison. Naître différente n'était pas une faiblesse, elle m'a ouvert des portes, elle me pousse toujours plus haut, toujours plus loin. Je sais ce que je vaux désormais et je sais aussi que les autres ne voient en nous que ce que leurs yeux veulent bien y déceler. J'aime ce goût différent, j'aime ne pas être comme eux, avec ces œillères qui les empêchent de tout voir. J'aime voir le monde à ta façon maman.
Sans préjugés. Sans haine. Juste avec les yeux du poète.
Chaque fois que j'écris une lettre comme celle là, je la jette au feu mais je crois que je vais essayer de garder celle là. J'ai peur. Peur que si je les garde, ce que j'y écris se réalise et que tu ne reviennes pas. Je sais que tu écris à papa, je sais aussi que ces mots que tu glisses pour nous dans ces lettres sont pleins d'amour mais je les déteste. Je voudrais que tu sois là pour me les dire, mes les chuchoter comme quand j'étais petite fille. Je me sens seule sans toi maman. J'aimerai tant que tu sois là pour me réconforter, pour sécher les larmes d'Elios … J'essaye de le rassurer mais malgré les nouvelles que nous avons de toi, malgré la tendresse maladroite de papa et les efforts de grand père, je dois t'avouer que ton absence le fait souffrir. Il est encore un enfant et je crois que quelque part, les espoirs que tous posent sur lui le perturbent. J'essaye d'être meilleure que lui, je le suis dans certains domaines mais je sais aussi qu'il est plus malin que moi … J'ai peur maman, parce que bientôt, Liam s'intéressera à lui également et je ne pourrais pas le protéger. Je sais que tu n'auras pas cette lettre, je sais aussi que comme les précédentes, je vais la brûler, mais je t'en prie maman, reviens vite. »
D'un geste lent, je pose la plume qui m'a servi à écrire, les larmes qui roulent sur mes joues m'empêchant de poursuivre mon œuvre. Comme à chaque fois que je tente de poser mes sentiments sur le papier, je ne peux m'empêcher de pleurer, de repenser à ce qu'a pu être notre enfance, à ces souvenirs heureux qui m'ont l'air aujourd'hui tellement lointains que j'ai parfois peur qu'ils ne soient que des mensonges orchestrés par mon esprit pour me protéger de l'oubli. Je plie la lettre d'un geste lent, machinal, comme à chaque fois et sans hésiter une seule seconde, je créé une flamme qui dévore lentement mes écrits. J'ai beaucoup de choses sur le cœur mais je sais également que je ne dois pas les confier. Alors comme toujours, j'enferme ces quelques sentiments au fond de moi et je soupire. Aujourd'hui, j'ai quatorze ans, cela fait donc quatre ans que maman est partie, presque cinq et je suis toujours la petite fille aux yeux bleus et aux belles boucles rousses qui attend désespérément le retour de sa maman après l'école pour rentrer à la maison. L'image me fait sourire malgré tout. C'est avec le sourire que maman nous préfère alors c'est avec ce sourire que je brûle les mots qui me hantent.
[Désengagée] |
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