Le temps était semble t-il, propice aux voyages, à la détente. L'hiver amenait son lot de surprise, son lot de spectacle, son lot de joie et de peine et aussi son lot de froids. Se réchauffer n'était pas tâche aisé, mais il existait une chose qui selon les dires de chacun permettait de se réchauffer au mieux : la danse et le spectacle. Leyan ne comprenait pas cet engouement. Il ne comprenait pas ceux de sa guilde qui n'arrêtait pas de parler de ces spectacles. Peut être parce qu'il était dedans était petit. Son père était un fabuleux saltimbanque, funambule et jongleur. Il avait récupérer de son ancien métier une agilité hors du commun ce qui faisait de ses spectacles un domaine particulier et bien à lui où son fils l'avait regardé des heures durant sans jamais se lassé. Sa mère avait prit part à ce genre de spectacle en quelque sorte avec sa voix sortant d'on ne savait où et qui était enchanteresse. Oh oui, il en avait mangé en quelque sorte du spectacle, mais tout cela était terminé. Tout était fini, oublié, enterré.

Tout comme ses parents. Les rêves du petit garçon avait prit fin avec la mort de ses parents. Ils avaient laissés un vide dans son âme. Laissant son innocence d'enfant dans les brumes d'une réflexion d'adulte. Grandir, toujours grandir, il n'avait vécu que pour cela dans les temps qui avaient suivit la mort des êtres les plus cher de sa vie. Et puis la donne avait changé, son état d'esprit aussi. Il avait cherché autre chose, la connaissance. Pas seulement pour devenir quelqu'un, mais aussi pour retrouver ceux qui avait pourris sa vie. Il savait parfaitement que son père n'aurait guère approuvé son choix. Devenir assassin, il le lui avait interdit, cependant, il était mort, et sa mort avait amené beaucoup de question. Question qui étaient devenues une raison de vivre, mais toujours et encore des questions sans réponse. On ne pouvait pas dire que cela lui avait fait peur, ben au contraire en fait. Il avait fait de ses renseignement, fait de cet état de fait un but. Un but qui l'avait amené là où il était aujourd'hui.

Le chef du soleil noir. Qui aurait cru que le petit garçon serait aujourd'hui le chef de la guilde des assassins dont son père s'était en quelque sorte enfuis pour l'amour d'une femme. Qui aurait cru que tout serait ainsi, comme si rien d'autre n'aurait pu arrivé en quelque sorte, comme si le destin avait déjà tracé une ligne qu'il ne faisait que suivre. Parfois le jeune homme avait cette désagréable impression. Cependant il gérait sa vie, ce qu'il n'avait pas envie de faire, il ne le faisait pas. Sauf pour aujourd'hui. La paperasse s'était installé sur son bureau une fois l'hiver arrivé. L'assassin n'avait pas eu envie de s'en occupé, sauf que maintenant elle débordait et voilà qu'il était obligeait aujourd'hui de traité les différente demandes. Toutes plus idiotes les unes que les autres. Des trucs dont il se demandait bien ce que cela pouvait faire là. Outre les contrats qu'il traitait tous les jours, il y avait des tas de demande pour des fournitures, des trucs pour le forgeron de la guilde et tout un tas de papiers tout aussi ridicule qui commençait sérieusement à lui monter à la tête.

Peut être devrait-il déléguer tout cela à son bras droit. Il y avait pensé, avec le temps, il y avait fortement pensé quand il sortait avec son masque et son magnifique manteau très long à capuche qui lui permettait de garder son anonymat. La seule chose qu'il avait refuser de revéler à tout le monde : son visage. Pas par peur de se faire démasqué, de toute façon, viendrait un jour où tout le monde s'en rendrait compte, mais surtout parce qu'ainsi il était certain d'être à peu près tranquille dans sa vie privée. ** Ne pas laisser le travail t'accaparer.** Une phrase de son père. La seule phrase qu'il n'avait pas comprit au départ mais qu'il comprenait maintenant. Affublé de tas de papiers de partout, il vit à peine entrer Akenn son bras droit. Avec lui, pas besoin de se cacher, il s'agissait de la seule personne dans la guilde à connaître son visage. Akenn le regarda crouler sous ses papiers et eut un sourire joyeux.

« Je te prierais d'arrêter de te foutre de moi. »

« Oh, je n'oserais pas. M'enfin si tu faisais ça au fur et à mesure, tu n'en aurais pas autant à faire d'un seul tenant. »

« La barbe, toutes ses demandes son ridiculement stupide. Combien doit-on commander de fer ? Comme si le forgeron n'était pas capable de déterminer ça tout seul sérieusement. Ce n'est pas moi qui vais faire son travail. Je devrais lui proposer de faire le mien. »

Akenn éclata d'un rire rauque qui lui était propre. Il arriva même à décroché un sourire de Leyan. Le gars sans émotion, le gars qu'on surnommait l'impassible, l'invisible. Il était vrai qu'il avait un sacré don pour la discrétion, mais aussi pour l'effacement. Il poussa un profond soupir de désespoir qui fit redoubler le fou rire de son comparse et finalement, lorsque ce dernier eut finit de se tordre de douleur tant il riait, il proposa quelque chose au jeune homme.

« Dit, je veux bien te soulager d'une pile de papier si tu m'accompagne. »

La proposition était alléchante, se débarrasser d'une pile de papier ne lui ferait pas de mal, cependant quelque chose clochait. D'habitude, quand il faisait ce genre de deal, Akenn lui disait toujours de quoi il en retournait, hors ce n'était pas le cas ici.

« De quoi il en retourne ? Tu veux m'emmener où ? »

« Tu verras, allez viens. »

C'est à cause de son dégoût des papiers qu'il s'était retrouvé ce jour, sur les bancs d'un théâtre à attendre les artistes. C'était parce qu'il laissait trop longtemps traîner sa paperasse qu'il devait se coltiner un spectacle dont il ne connaissait rien. Il ne grommelait cependant pas, il attendait tranquillement comme à son habitude, mais il se jura que plus jamais Akenn ne lui reprendrait. Et maintenant ? Maintenant, il attendait que la représentation se termine pour retourner chez lui et faire avancer son enquête.

Il grognait dans ses dents. Assis sur sa chaise, il regardait le vide. Ce n'était pas son habitude de grogner, mais pour le coup, il ferait forcément une exception. Comment avait-il pu en arriver là franchement. Lui qui avait l'habitude de toujours rester dans son coin, d'éviter un maximum de se mêler aux autres, le voilà, au milieu d'une foule, attendant un spectacle qu'il n'avait même pas envie de voir. Si son visage ne montrait aucun signe de morosité, son mental lui grognait dans son coin, comment Akenn avait fait déjà pour le convaincre ? Ah oui, il lui avait proposé un deal sans pour autant dire ce que Leyan devait donner pour voir une partie de sa paperasse disparaître entre les mains de son bras droit. L'assassin se dit qu'il serait temps qu'il arrête de se faire avoir par son ami. Franchement, à son âge, il devrait se rendre compte que ce genre de deal ne lui avait toujours rapporté que des crasses.

Une fois il s'était retrouvé a suivre Akenn dans les bars de la ville et avait même dû le soutenir pour le faire rentrer. Une autre fois, il avait dû faire l'entremetteur entre Akenn et une conquête particulière étrange qui avait commencé à draguer Leyan. La dernière fois, il s'était fourré dans un guêpier pas possible et avait finalement réussit à s'en sortir in extrémiste. Il y avait aussi la fois ou ils avaient été pris en chasse par le mari de la femme qu'Akenn avait commencé à draguer, et bien entendu le coup où il avait fait la cuisine et doué comme il était les avait empoisonné. Et puis le dernier coup, sa dernière trouvaille, le faire venir à un spectacle. Qu'elle idée grotesque tout de même. Pourquoi s'était-il laisser entraîner cette fois-ci ? Pourquoi se laissait-il toujours entraîner ? Là était la grande question en fait.

Toujours perdu dans ses pensées, il reçu de plein fouet le coup de coude d'Akenn qui lui montrait une jeune fille qui venait de monter sur les planches. L'assassin haussa les épaules et grommela quelque chose qui ressemblait à un « si tu veux la draguer vas y donc mais ne me traîne pas la dedans. ». Il regarda cependant avec détachement les mouvements de la jeune fille. La foule semblait subjugué par elle, comme si elle était tellement gracieuse que personne jamais n'aurait pu la manquer dans la rue. Pas comme lui qui passait totalement inaperçu. Il écouta ensuite la chanson, les hommes du public ne tenait plus en place, comme si chacun d'entre eux avait envie de lui sauter dessus et d'ailleurs quand la chanson fut terminé, la foule commença à se masser près de la chanteuse. Nombre de personnes, surtout des hommes voulurent monter sur scène et y arrivèrent d'ailleurs. Comme si chacun était hypnotiser.

Le cydien regarda la foule et finalement sans réellement bouger de sa place avec la rapidité d'un éclair, l'une de ses lames vola au milieu de la foule et se planta dans un morceau du plancher. Tous se retournèrent et virent le jeune homme discret. Ils râlaient, mais au moins, ils avaient l'air sortit de leur transe. Leyan les regarda tous, avec dédain. Ce genre de personne il les détestait. Il détestait ceux qui se permettaient de sauter sur les gens comme si ceux-ci leur appartenait.

« Vous êtes pitoyable. Êtiez-vous donc obligé de vous jeter sur scène pour vous emparer d'elle comme s'il s'agissait d'un objet ? À croire que vous n'avez aucune considération pour le travail de ces artistes et que vous ne cherchez qu'une chose, la chair. »

Il savait que pour passer inaperçu, ce n'était pas la bonne solution, cependant, il n'allait pas la laisser se faire absorber par la foule comme si elle n'était qu'un objet qu'on pouvait s'accaparer et échanger à volonté. Certains d'entre eux firent mine d'avancer. Leyan sortit tranquillement ses autres lames. Le visage fermé de l'assassin qu'il était remplaça rapidement celui du sermonneur et finalement la foule finit par se disperser. La scène n'avait duré que quelques minutes, mais il s'était fait remarqué et ce n'était pas bon. Il détestait ça. Il s'avança vers la scène pour récupérer son arme et la rangea tranquillement. Jetant un coup d’œil à la jeune femme qui n'avait visiblement pas eu de mal. Il s'en retourna vers son ami. Il n'aurait pas vraiment pas du accepter ce deal.

Sa mauvaise humeur ne fit qu'empirer lorsque la jeune femme rameuta la folle pour se transformer en chouette. Non seulement il n'était pas sensible à son chant, mais ensuite, sa façon de se transformer était réellement … ridicule. Les saltimbanques, il ne les comprendrait jamais, pas seulement parce qu'ils étaient réellement hors du temps selon lui, mais aussi et surtout parce qu'ils dévoilaient bien trop facilement leur don. Cela faisait longtemps, très longtemps qu'il avait laisser tomber ces spectacles de rue, la magie que cela lui procurait était partie, le jour ou ses parents étaient mort. Il n'y avait que son père qui réussissait généralement à le faire sourire et jouer les saltimbanques avec lui. Seulement ce temps était révolus et désormais cela le laisser de marbre, comme si personne en dehors de son père n'arrivait à faire sortir cette magie qui faisait d'un spectacle un spectacle.

Il regard un instant cette foule qui s'extasiait. Peu importe comme il le voyait, ces gens étaient des idiots et celle sur scène n'était guère mieux. Il ne l'aurait réellement pas vue en tant qu'assassin, parce que franchement, un assassin incapable de garder pour lui ses talents n'était pas un bon assassin. Enfin selon, lui. Et pourtant, plus le temps passait et plus il se demandait si sa place était encore dans cette guilde, à la tête de cette guilde. Il n'y était entré que parce qu'il avait eu envie d'avoir des informations. Il n'y était entré que parce qu'on lui avait fait miroiter la possibilité de venger ses parents de leur mort. Seulement, ce même temps passait encore et toujours sans qu'il ne voit la couleur d'une seule information. S'était-il fait avoir ? Peut être, on ne savait jamais réellement ce qu'il se passait avant d'y être entrer, mais le pire, ce n'était pas cela. Finalement devenir maitre de la guilde ne lui avait apporter qu'une seule chose, il connaissait les cibles à l'avance.

La belle affaire... cela ne l'avançait à rien, tout comme cette mascarade, ce spectacle. Tout ça ne rimait à rien et il en avait marre d'être ici. Encore debout après l'escarmouche, il laissa là la foule éberluer par ce changement de peau de la jeune femme. Il avait d'ailleurs remarqué que celle-ci était astorg. Peu lui importait techniquement, tant qu'elle n'avait pas tuer ses parents, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire que lorsque cela concernait les arts de rue et surtout à la limite le voyeurisme, les hommes cydiens n'en avait visiblement rien à faire que la personne en face d'elle soit astorg ou non. Les hommes, on pouvait tellement facilement les manipuler que s'en était réellement … il ne trouvait pas le mot adéquate trop perdue dans ses pensées. Alors sans même se retourner, sans même dire quoi que ce soit, il prit le chemin du retour, parce qu'il n'y avait pas d'autre alternative, parce que venir ici était idiot, parce qu'il n'aurait jamais du accepter cet échange débile. Akenn qui était ébahis par la transformation le rattrapa par le bras. Leyan se dégagea brusquement.

« Eh, qu'est ce qui se passe. »

« T'en fais pas pour mes papiers, je me débrouillerais sans toi. Mais je te préviens, je t'interdis de me refaire ce coup c'est clair ? »

« Mais je pensais que... »

« Eh bien tu pensais mal ! »

Pas d'autre discussion, cela n'amenait seulement qu'a un constat. Depuis la mort de ses parents, il détestait voir des saltimbanques comme cela lui rappelait ce qu'il avait perdu trop tôt. Comme si … ne pas le dire, un assassin ne dévoile jamais ses sentiments. Plantant son ami en plein milieu de l'endroit juste après les portes de la ville, le cydien reprit la route de sa maison. Il avait besoin de repos, demain, il allait devoir faire pas mal de paressasse et si cela n'était pas pour le réjouir, il savait que s'était nécessaire.

Sa fureur redescendit au fur et à mesure qu'il avançait tranquillement dans la rue. Les promenades avaient toujours eu cet effet sur lui, peut importe son âge. Cette tranquillité, le fait de prendre l'air, de sentir le vent sur son visage. Il aimait cela et ça lui apportait une sérénité que personne à part ses parents n'avait pu lui donner. Voir ces saltimbanques avait fait ressortir les vieilles blessures. Tout ce qu'il avait enfoui pour mener à bien son but, pour y arriver, il avait laisser tomber une partie de sa personnalité, celle enjoué et joyeuse, celle douce et tranquille. Si le calme régnait d'habitude dans son âme et son corps, c'est parce qu'il se devait d'être toujours ainsi. Calme et réfléchit. Il s'était entrainé tout petit et maintenant tout cela était inné. Sauf pour aujourd'hui, comme quoi, toutes les petites choses qu'on refoulait, tout ce qu'on n'osait avouer, s'était réellement dangereux pour nous. Dangereux pour les assassins dans son genre, enfin c'est ce qu'il pensait. Il se faufila donc tranquillement dans les rues. Quiconque qui le voyait et le connaissait, pouvait prétendre que de toute façon, cet homme se repérait de loin.

Mais ils avaient tord. Si Leyan avait une taille qui n'aurait jamais du lui permettre de passer inaperçu, il s'avérait que ses entraînements avaient fait en sorte de le rendre quasiment invisible. Sa discrétion n'était plus à faire et plus les années passaient, plus il avait l'impression de devenir invisible. La foule passait de chaque côté de lui comme s'il ne le voyait pas. Il pourrait tuer n'importe qui dans cette rue, si tant est que la personne soit une cible et encore s'il avait décidé d'en faire une cible, car la vérité était là. En tant que chef de guilde, il menait ses enquêtes avant d'accepter les contrats. Le cydien était bien conscient que ce genre de chose n'était pas monnaie courante. Il savait parfaitement qu'il perdait beaucoup d'argent, seulement, il s'en fichait et pour une simple et bonne raison. Il était hors de question de tuer des innocents. Aussi cherchait-il le plus d'information avait chaque accord. Une petite semaine lui était nécessaire parfois, d'autre fois moins. Sa capacité à analyser les situations en quelques seconde était réellement approprié dans ces cas là.

Heureusement pour lui. Au moins ses assassins n'avaient rien de mal à se reprocher, ils tuaient toujours des salopards. Des gens qui le méritaient. Leyan en avait fait son credo, tuer d'accord, mais pas n'importe qui. Il l'avait dit à Akenn. Akenn... il s'était comporter comme un connard ce soir. Le genre de personne qu'il n'était pas, seulement, ce genre de spectacle, lui rappelait bien trop tout ce qu'il avait perdu et cela rouvrait immanquablement la blessure de son cœur qui saignait alors abondamment. Il n'avait plus envie de revivre ça, plus envie de voir de nouveau des cabrioles, cela ne l'avancerait à rien. Cela n'avait pas fait avancer ses parents, alors pourquoi tout serait-il différent avec lui ? Hors de question ! L'assassin finit par arriver à son lieu de prédilection. Le jardin privé de sa maison, celui qu'il avait construit en suivant les conseils de sa mère. Il n'était pas passionné par les fleurs, les arbres ou tout autre chose, mais ici, il se sentait comme chez lui et s'était bien là la seule raison.

Le jeune homme entra dans la maison, prit deux verres ainsi que la limonade fraîche. Il sortit une boite de gâteaux et la posa le tout sur la table de dehors. On aurait pu le prendre pour un dingue. Que faisait-il ce type à servir deux verres de limonade alors qu'il était tout seul. Seulement personne ne pouvait le voir et il n'était pas dingue loin de là. Ce n'était pas pour rien qu'il arrivait à mener de front son rôle de chef de guilde ainsi que son rôle de simple assassin au sein de cette même guilde. Il était doué pour décelé beaucoup de chose, des choses qui échappaient souvent aux autres. Comme un animal qui se promenait tel un humain, suivant quelque chose et cette chose c'était lui.

« Vous n'êtes pas une simple saltimbanque, je me trompe ? »

Aucune violence dans sa voix, pas de menace, seulement une simple constatation, mais ses yeux étaient froid lorsqu’ils se posèrent sur le chat qui l'avait suivit. Un camouflage bien au point, mais pas assez pour un observateur tel que lui. Il attendait désormais que l'astorg fasse surface de l'animal.

Spectateur en colère, la remarque fit tilt dans son cerveau. Avait-il l'air d'être si en colère que cela ? Généralement, il ne s'agissait pas de colère mais surtout d'une façon d'exprimer son mal être. Ce genre de spectacle, il les avait oublié depuis belle lurette et s'était d'ailleurs toujours refusé à en voir d'autre. Le jeune homme avait même décrété que plus jamais il n'y retournerait, mais de cela, il n'en avait fait part à personne. Il n'avait jamais rien dit parce qu'il ne parlait jamais de lui. En y repensant, ses souvenirs étaient tellement joyeux, il se demandait même parfois pourquoi il les cachaient, mais il avait la réponse. Ce n'était plus que des souvenirs et jamais il ne pourrait en avoir d'autre, des nouveaux. Ils s'arrêtaient tous à ses dix ans, comme mué par le destin. Ce destin qui lui avait enlevé le seul bonheur qu'il avait eu : ses parents. Il en voulait à tellement de gens que parfois il ne se rendait même pas compte de ses réactions. Seulement, il n'avait pas été en colère là bas, loin de la. Il avait été surpris et surtout énervé, mais pas de colère, il ne perdait jamais son calme.

« Je n'étais pas en colère et puis nous ne sommes jamais réellement de simple spectateur en vérité. »

Une vérité, énoncé, dite sur un ton calme. Comme d'habitude, sa voix monocorde glaçait parfois les gens. Il ne le faisait pas exprès, depuis tout petit il avait parlait comme ça, depuis la mort de ses parents, depuis qu'il avait laissé de côté l'enfant joyeux pour devenir l'enfant taciturne, doué pour le combat, doué pour la discrétion, mais très mauvais pour la parole. D'un autre côté, un assassin n'avait pas besoin de parler. Il se demandait bien, ce qu'il deviendrait après avoir changer de voie, une fois qu'il aurait obtenue ce qu'il voulait, parce que s'était certains, il ne resterait pas toute sa vie à la tête de la guilde des assassins, il ne resterait pas toute sa vie assassin, il en était certains et d'ailleurs, parfois, il cherchait à changer, trouver autre chose qui lui irait. Seulement, il n'avait pas encore atteint son but et ne comptait pas quitter son fauteuil lui permettant d'obtenir bien plus de renseignement que s'il était dans la rue à tenter de chercher par ses petits moyens.

Il braqua alors son regard sur la jeune femme qui avait prit forme humaine. Une astorg. Si les cydiens savaient qu'une astorg se tenait en cydonia, cela ferait couler beaucoup d'encre. Un peu trop au goût du jeune homme qui était heureux d'avoir un jardin parfaitement hermétique de l'intérieur comme de l'extérieur. Un jardin qu'il entretenait avec amour en mémoire de ses parents. Eux qui lui avaient tant appris. En y repensant, il pensait qu'une reconversion rapide ne serait pas plus mal au vu de ce que lui avait dit son père juste avant de mourir. * Ne devient pas comme moi *, Leyan n'aurait jamais pensé qu'il deviendrait comme lui en vérité. Longtemps il s'était dit petit qu'assassin n'était pas pour lui, cependant, cela restait la seule option pour trouver ce qu'il cherchait. Une fois ceci trouver, il s'en irait, par la grande porte. Le chef de la guilde dont personne n'avait vu le visage s'en irait comme il était entré, avec la discrétion dû à un véritable assassin. Il reporta son attention sur la jeune femme.

« S'il savait qu'une astorg se promenait librement en ville, cela ferait fureur dite moi. »

Une petite pointe d'humour qui n'était pas forcément perceptible. La façon dont il parlait n'aidait pas forcément à le remarquer. Puis, appuyant ses bras sur la table, le regard froid et dur comme à son habitude, il fixa la jeune femme.

« Pouvez vous me dire pourquoi vous m'avez suivit ? Aurais-je pris quelque chose qui vous appartenait ? Je ne suis pas un voleur comme vous avez pu le remarquer. Ou alors est-ce parce que visiblement j'ai foiré votre spectacle vous qui étiez si fier de montrer vos talents alors que techniquement, il est bien mieux de les laisser caché. Ou alors désirez vous autre chose ? »

Il s'arrêta un instant et reprit.

« Si vous cherchez le plaisir de la chair, sachez que je ne suis pas du tout intéressé. Si vous avez autre chose en tête, nous pouvons toujours en parler. »

Clair, net et précis. Il était ainsi et pas autrement.

Leyan attendait patiemment en regardant les différents traits passant sur le visage de la jeune femme. Son attitude avait changer et de cela, il n'en disait rien. Nombre d'assassin changeait d'attitude une fois leur second métier terminé. Lui même aurait peut être eu cette attitude s'il avait eu plusieurs métiers. Seulement, un seul lui prenait déjà beaucoup de temps. Le rôle de chef de guilde était réellement éreintant lorsqu'on y regardait bien. Gérer des tas de paperasses, faire en sorte de concilier tout le monde, donner les ordres de missions sans s'oublier pour ne pas gâcher l'illusion. Il fallait dire qu'il n'avait pas choisi la facilité, seulement, il n'avait pas envie que sa vie privée en pâtisse à cause de la guilde. Et puis son projet n'était pas de toujours rester chef de la guilde des assassins, il avait envie de changer et ce depuis plusieurs années déjà. Peut être que cela se ferait plus tôt que prévu s'il arrivait à trouver des informations, mais pour l'instant, il devait tenir sa place. Il le devait à ses parents, pour leur mémoire, peut importait leur courroux s'ils connaissaient la vérité, mais il devait retrouver l'assassin. Autant donc rester dans cette guilde alors qu'il en était déjà chef non ?

Il laissa tomber là sa réflexion lorsqu'elle commença à prendre la parole. Elle s'était même adossé à la chaise pour cela. Ne pas être un voleur. Bien entendu, seul un crétin aurait pensé qu'il était un voleur. Par contre lorsqu'elle parla de frère d'art, il ne pu que tiquer. Pour lui, tuer n'était pas un art. C'était une obligation qui l'amènerait à son but final. Il ne voyait pas l'art dans le fait de tuer ceux que les riches désignait et d'ailleurs s'était pour cela qu'il prenait le temps nécessaire pour accepter des contrats. Peut importait ce que les riches disaient, de toute façon, il y avait bien assez de client pour satisfaire tous les assassins de la guilde. Mais le fait qu'elle dise cela pouvait bien une chose, il ne s'était pas trompé sur son compte et elle était bien plus qu'un saltimbanque. Le fait qu'elle dise que son intention était loin des plaisirs de la chaire ne put que le rassurer intérieurement. Si cela n'était pas visible, il détestait éconduire les gens et ne voulait en aucun cas faire de mal à qui que ce soit, ce n'était réellement pas son truc.

Son par contre le laissa de marbre, tout comme le sourire qui suivit et l'analyse qu'elle fit fut bien incomplète pour l'assassin. S'il devait reconnaître qu'elle était maligne, elle ne l'était pas encore assez à son goût. Contrairement à ses assassins, il ne lui en trouvait pas l'étoffe. Trop de chose discordante dans son discours mais pas seulement, dans son attitude aussi. Les assassins se devaient d'être discret, s'était la condition sine qua non pour arriver à un degrés tel qu'il leur était facile de tuer sans bruit, sans dégâts. Le fait qu'elle soit saltimbanque n'aidait pas en cela. Non seulement si elle devait tuer quelqu'un à Cydonia par exemple. En tant qu'humain, elle passa assez mal inaperçus alors que la discrétion devait être un de ses dons. De plus pour son camouflage, elle ne pourrait pas utiliser sa transformation en chouette, sachant que tout le monde l'avait vu et que les chouettes en ville, ce n'était pas crédible. Tant de petite chose. Et puis son analyse de lui. Il trouvait cela enfantin, surtout sa façon de le dire et sa façon de sourire. Il finit cependant par répondre.

« Je vais donc analyser dans l'ordre vos réponses. »

Un sourire froid s'afficha sur son visage. Il glaçait l'atmosphère quand il faisait cela, car si sa bouche riait, ses yeux eux ne riaient pas.

« Tout d'abord, la prochaine fois, je vous laisserais faire vos stupidités, mais ne croyez pas que je vais m'excusez pour avoir soit disant détruit votre mise en scène qui était au passage peu envoûtante pour ma part. »

Il s'arrêta un instant et reprit.

« De deux, je ne suis effectivement pas sensible à votre chant. Savez vous que le chant ne peut envoûter une personne qui si celle-ci est sensible à ce qu'elle veut dire ? Je ne suis pas sensible à votre chant, cela est un fait. »

Il s'interrompit de nouveau, essayant de mettre de l'impact dans ses propos.

« En troisième je vous dirais qu'effectivement je tiens en bas estime ceux qui dévoilent leur compétences. Enfin je ne le dirais pas de cette façon. Je dirais plus que je tiens en bas estime ceux qui sont assassin et se permette de dévoiler leurs compétences. »

Son regard se durcissait au fur et à mesure qu'il parlait.

« En quatrième je dirais que vous vous trompez lourdement sur la manière dont je perçois les saltimbanques. Ce n'est pas avec eux que j'ai un problème, mais cela, vous ne pouvez pas le savoir, je vous en fait grâce. »

Le sourire quitta doucement ses lèvres alors qu'il continuait.

« En cinquième, je vous dirais que ma discrétion est naturelle et ne provient pas d'une certaine capacité. »

Le sourire avait totalement disparu de son visage et il poursuivit.

« En sixième, je vous dirais qu'il est normal d'avoir un bon sens de l'observation quand on est dans une ville comme cydonia »

Il s'arrête encore une fois.

« Et en septième, je vous dirais que si je vous concède que je suis un assassin, je ne suis pas forcément du soleil noir. Il existe bon nombre d'assassin de part Azthia qui ne possède pas de guilde alors ne juger pas avant de savoir. »

Son regard se fit alors réellement froid, comme si toute température avait quitté son corps.

« De plus, je vous dirais une chose. Vous vous dite artiste assassin alors que pour moi, la mort n'est pas un art, seulement une finalité. Vous vous permettez de juger les autres sur leurs compétences alors que vous même n'êtes pas capable de gérer correctement les vôtres. Si vous êtes passé inaperçu dans cette ville, c'est parce que les Cydien n'ont pas un grand sens de l'observation. Car jamais un chat n regarde à droite et à gauche comme s'il ne connaissait pas le coin, jamais un chat ne se permettrait d'avoir les yeux qui brille comme s'il était dans un parc d'attraction. Sachant que vous ne connaissez pas Cydonia et que vous me dite frère de votre art, je direz donc que vous faites partie de la cité des femmes de Muria, car tous les assassins d'Azthia, je les connais et vous n'en faites pas partit. Il n'y a donc qu'une seule solution, vous êtes un des assassins royal de Muria et je sais que je ne me trompe pas. Alors j'en reviens à ma question initiale. Que voulez-vous ? »

On ne pouvait pas dire que son ton était doux, car on sentait la dureté et une certaine menace dans sa voix. Cependant la seule personne qui le connaissait bien savait reconnaître cette façon de faire. Celle qui consistait à mettre en pièce une personne en face de lui pour savoir ce qu'elle valait. Généralement cela portait ses fruits, lorsque ce n'était pas le cas, cela voulait dire que la personne n'était pas faire pour devenir assassin. Il attendait donc, son regard froid posé sur la jeune femme. Le temps n'était pas très chaud, mais à côté de lui, le froid paraissait réellement émettre une chaleur rassurante.