Elfe de naissance, Evenor est un homme aux traits fins et réguliers et doté d'une certaine beauté. Il porte ses longs cheveux blonds et raides lâchés sur ses épaules, il les noue toutefois pour combattre ou pour des missions. Ses yeux verts feuilles sont souvent pétillants de malice et sont sans cesse mobiles à observer ce qui bouge tout autour de lui. En règle générale son visage est très expressif et passe de l'apparente désinvolture effrontée à la colère farouche en passant par moult nuances de légèreté ou de sérieux.
De son apparence générale, Evenor est ni grand ni petit et a un corps fin aux muscles souples et toniques qui lui sculpte un carrure avenante sans gonflent beaucoup ses habits. Il en sort souvent que l'homme est pris parfois plus plus jeune est moins costaud qu'il ne l'est et ceux qui ne le connaissent pas ne doutent pas un seul instant avoir en face d'eux le directeur du Temple lui-même. Cela dit le templier dégage une impression de sociabilité qui le rend facile d'abord.

Vous connaissez ces personnes qui ne peuvent s'empêcher de jouer avec un bâton dès qu'ils en voient un ? C'est le cas d'Evenor. Il déborde d'énergie et d'effronterie au point qu'il peut être insupportable parfois, malgré tout son respect pour les autres il ne peut s'empêcher de les taquiner, que ce soit ses aînés qu'il respecte ou ses anciens camarades. Ce qui lui vaut parfois d'être rabroué, sans méchanceté heureusement car ses amis savent à quoi s'en tenir avec lui. Evenor n'est pas méchant ni désagréable, au contraire il est plein de bonnes intentions, mais se laisse déborder par sa malice et fait parfois preuve de maladresse en tentant d'alléger les tensions.
Au-delà de sa surface de gentille insolence, Evenor a un bon fond. Loyal, protecteur et attentionné, il accorde une grande importance à ses proches et peut jouer les chevaliers servants pour de parfaits inconnus. À vrai dire ses remarques taquines sont souvent le résultat d'une maladresse dans ses tentatives de détendre l'atmosphère. Aussi effronté qu'il puisse paraître, le jeune directeur est fiable et réactif, et assume avec un grand sérieux sa fonction. Il est futé et plus réfléchi qu'il ne le montre et est fier de la confiance qu'on lui accorde.
Evenor est déterminé et ambitieux. Oh non, pas du genre à rêver de dominer le monde, mais il ambitionne de contribuer à fonder un monde où chacun pourrait vivre en paix et à ce titre le titre de directeur des templiers est un excellent moyen pour lui de combattre et de protéger Azthia. Au fond il a toujours une certaine crainte d'échouer et de décevoir son maître, Jiven. Plus il doutera de lui, plus il jouera les fanfaron et montrera de l'assurance pour rassurer les autres. Cela dit Evenor a prouvé plus d'une fois ses compétences et met tout en œuvre pour progresser encore et toujours.

La tombe était bien entretenue malgré les quelques années qui étaient déjà passée. Malgré l'hiver des gerbes de fleurs entouraient la stèle. On pouvait évaluer l'importance d'une personne pour les autres au vide qu'elle laissait à sa mort. Le vide que laissait Jacen était dur à remplir, surtout pour ses enfants là-bas à Muria. Evenor s'agenouilla respectueusement et déposa la plante en pot, sans fleurs à cette époque de l'année, devant la stèle, puis se releva. Il voulait que la plante vive et croisse sur le corps du défunt directeur du Temple. Elle symboliserait sa propre évolution en tant que successeur. L'elfe se massa la nuque un peu désorienté comme à chaque fois qu'il venait se recueillir sur la tombe. Il n'aimait pas la mort et son caractère trop inéluctable.

Deux années s'étaient écoulé depuis son accession au plus haut poste du Temple et il estimait s'en être bien tiré. Son esprit s'envola sur sa vie, relativement courte, il avait déjà réalisa pleins de choses. Né enfant unique, il avait grandi avec toute l'attention désirée. Le développement de l'esprit s'était accompagné d'angoisses, notamment parce qu'il ne parvenait à dissocier les émotions des autres des siennes et que les émotions des adultes sont parfois trop lourdes pour les enfants. C'était à cette époque qu'il rencontrât Jacen, le templier l'avait rassuré et convaincu ses parents de l'amener au Temple où Evenor apprit à maîtriser son pouvoir. Il se fit remarquer tout autant par son potentiel que pas son caractère dynamique et effronté. Il ne se souvenait plus le nombre de punitions dont il avait pu écoper…

Devenir l'élève de Jiven avait été merveilleux, l'homme devint rapidement un père pour l'elfe qui souffrait un peu de l'éloignement d'avec sa famille et si Evenor demeurait toujours malicieux et parfois insupportable d'agitation, il faisait d'énormes progrès ne serait-ce que pour être félicité par son maître. Tout au long de son adolescence il apprit à canaliser son trop plein d'énergie et à distinguer les limites de la politesse et prit un grand plaisir à développer ses capacités juste pour l'intérêt de s'améliorer.

Evenor ricana tout seul en se rappelant que le passage d'enfant à adulte s'était également accompagné de la découverte des femmes et de leurs attraits et hum… de nombreuses maladresses pour assouvir sa curiosité. Asora était sans doute celle qui en avait le plus fait les frais, il faut dire que l'elfe l'aimait bien et adorait la taquiner… oui comme ces garçons qui jettent du sable sur les filles qu'ils aiment. Il en avait un peu honte en y repensant, mais honnêtement il n'était pas sûr d'avoir beaucoup évolué dans ce domaine. Même aujourd'hui il n'arrivait pas à plaisanter avec une femme sans résister à la tentation d'une taquinerie un peu déplacée… heureusement son maître n'était jamais loin pour lui rappeler d'y veiller en présence de dignitaires d'autres cités.

Talentueux, Evenor s'était vu confier des missions tôt avec une grande fierté et il les avait réalisé avec brio. C'était d'ailleurs étonnant le sérieux qu'il pouvait développer quand la situation l'exigeait et qui lui manquait systématiquement lorsqu'il pouvait se le permettre. Bien que parfois il frôlait un peu trop les limites… mais visiblement ses compétences et ses qualités l'avaient emportées puisque Jiven l'avait reconnu capable d'assumer la fonction de directeur. L'elfe prenait ce rôle avec d'autant plus de sérieux qu'il croyait fermement à l'importance des templiers dans Azthia. Il rêvait d'un monde où les relations diplomatiques et commerciales primeraient sur la guerre, un monde où les enfants pouvaient grandir sans crainte ni pleurer de parents. Et pour cela diriger le Temple était idéal, car il pouvait s'assurer de transmettre sa passion pour la justice.

Le vent fit frissonner les plantes sur la tombe. Les pensées d'Evenor s'envolèrent vers les enfants de Jacen. Eux pleuraient non seulement la mort de leur père, mais également celle de leur mère. Et la pauvre Eléa, emprisonnée à Cydonia. À cette idée la colère grondait en lui. Il ferma les yeux pour s'apaiser. Au moins sa sœur cadette n'était pas seule et avait Aerin pour la soutenir.

Aerin.

Un pincement serra le cœur de l'elfe en se rappelant son ancien élève la dernière fois qu'ils s'étaient vu. C'était vrai, il y avait plusieurs moyens de protéger autrui, et plusieurs voies pour la justice, mais tout de même… le garçon était devenu comme un fils pour lui, il avait tellement rêvé de le voir devenir templier ! Quoique ait pu lui dire Jiven, Evenor y voyait un échec personnel, il avait le sentiment de ne pas avoir su transmettre quelque chose au garçon. Malgré tout il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui, même au loin et de vouloir le revoir.

« Comment as-tu pu vivre avec une femme au loin et des enfants que tu ne voyais que par moment ? »

Murmura-t-il pour Jacen. Seul le vent lui répondit.

Evenor aimait bien être directeur, même si c'était éprouvant et parfois ennuyeux à mourir, il y avait tellement de côtés exaltants ! Finalement il aimait bien les réunions et prenait goût à la direction, il prenait en confiance jour après jour, même s'il ne manquait jamais d'aller chercher conseils auprès de son ancien maître Jiven. Le Temple avait remplacé sa famille, et il ne voyait ses parents qu'à l'occasion quand ils passaient près de Tamawa ou quand lui-même allait à Simarie.

« Jamais je ne pourrais te remplacer Jacen. Jamais on ne pourra t'oublier. Si tu savais… sans doute le sais-tu au fond. »

Il ne savait quoi rajouter. Il venait tellement souvent se recueillir sur la tombe qu'il n'avait guère de nouveautés à raconter et ne voulait pas étaler la vie quotidienne du temple à un défunt.

Evenor se redressa et inspira profondément. Il était temps de retourner à son poste.