L'air était frais en cette fin d'hiver et Kaoru enfila un manteau épais sur ses habits avant de sortir. Comme toujours il était suivi de près par Gangûro, fidèle homme à tout faire depuis des décennies, l'homme ne le laissait jamais seul bien longtemps lorsqu'il sortait. L'artisan avança de son pas souple à peine handicapé par la canne sans laquelle il ne pouvait plus marcher lorsqu'il devait faire preuve d'un peu d'endurance pour se déplacer. D'ailleurs il ne parcourut que quelques mètres avant de faire demi-tour pour héler ses porteurs de palanquin. Ceux-ci accoururent rapidement et Kaoru prit place dans sa “voiture” tel un seigneur de clan.

Les hommes portèrent le palanquin à travers les rues d'Arano jusqu'à une forge devant laquelle ils déposèrent leur maître. Kaoru entra dans la boutique attenante à la forge et appela l'artisan qui vint à lui. Kaoru sortit de sa poche deux éventails en acier rouillés et les tendit au forgeron.

« J'aimerais que vous me les remettiez à neuf, votre prix sera le mien. »

« Bien sûr maître Kaoru, je m'en occupe au plus vite. Repassez en fin de journée, ils seront prêts. »

Kaoru reprit son palanquin et fit prendre à ses hommes la direction du marché. Là il arpenta tranquillement les allées pour regarder les produits sur les étals et s'arrêtait de temps à autres pour quelques menues emplettes. Il acquit notamment un nouveau parfum, un joli miroir et des bijoux. Il eut la joie de trouver un marchand azthien qui proposait des plantes de sa région introuvables en Oyashima. Ravi de l'aubaine Kaoru en acheta plusieurs exemplaires en pensant aux expériences qu'il pourrait faire avec. Il chargea Gangûro de porter le tout et retourna au palanquin pour diner au Pétales de Cerisier.

Son repas avalé Kaoru entreprit de sélectionner dans ses nouvelles plantes celles qu'il allait mettre en culture dans sa petite serre. Il passa ensuite le reste de son après-midi à faire le tour de sa maison de thé pour s'assurer que tout se déroulait à merveille, tint compagnie à des habitués, chanta un peu à la demande de certains et se reposa une dizaine de minute devant une bonne infusion. Enfin il reprit son palanquin pour retourner à la forge, le maître forgeron finissait sa journée quand il entra et alla lui chercher ses éventails.

« Voilà vos armes, maître Kaoru. Cela vous fera 100 talents. »

L'herboriste prit ses biens et paya l'artisan avec un petit surplus pour le bel ouvrage. Il ouvrit les éventails d'aciers et les brandit, satisfait du sifflement qu'ils produisirent.

« Magnifique, vraiment. Entendez comme ils chantent merveilleusement bien. Merci beaucoup mon ami. »

Il rangea ses précieuses armes dans sa ceinture et prit le palanquin pour la dernière fois de cette journée pour rentrer chez lui. Kaoru était satisfait de ses emplettes diverses et joua avec ses éventails remis à neuf jusqu'à ce que ça hanche très appelée à contribution toute la journée le rappelle à l'ordre.