Les gardes observaient chaque recoin de rue qui leur était visible.
En même temps, à 22h ... autant dire qu'ils ne voyaient pas vraiment plus loin que le bout de la rue où ils se trouvaient mais dans tous les cas, cela t'empêchait toi d'entrer dans la maison sans te faire prendre et te compliqué la tâche plus que de mesure. Ainsi, il semblait que tu t'étais décidée à entrer sans passer par l'idée de l'entrevue ou encore de tuer les gardes, c'était tout à ton honneur et à tes risques et périls. Mais peut-être aurais-tu en effet meilleure chance en optant pour cette solution, seul l'avenir te le diras chère Arzhel. Pour l'heure, tu avais beau observer chaque mouvement des gardes, voilà qu'ils ne te laissaient guère le champs libre pour entrer discrétement dans la demeure ... et d'ailleurs ... combien y en avaient-ils dans la fameuse maison ? Mieux valait ne pas y penser pour le moment n'est-ce-pas ?
Mais une seconde ... voilà qui était peut-être ta chance ! La relève des gardes de 23 heures 30 ! Bien sur. Peu soucieux de savoir si quelqu'un les observait ou non, les gardes prenaient généralement 3 bonnes minutes avant de venir à leur poste, t'offrant ainsi de précieuses minutes pour entrer sans te faire voir. A toi de jouer maintenant pour entrer Arzhel !

[ Arrête-toi juste au moment où tu entres dans la demeure, peu importe à quel moment. ]

Bien… Les voix s’éloignaient, Arzhel nota les renseignements que ces gentils messieurs lui avaient fournis. Ainsi une visiteuse devait arriver le soir-même. Hum… Cela n’allait pas lui faciliter la tâche. Il lui fallait prendre une décision rapidement, elle ne pouvait rester dans cette remise. Après avoir pris conscience du contenu de la pièce, elle se dirigea vers la porte, l’ouvrit. Et les ennuis firent leur apparition…

" Et toi là !! "

C’était trop beau pour continuer ainsi, elle venait de faire deux pas à l’extérieur de la pièce et voilà que les gardes, qu’elle croyait bien plus loin, se retournèrent… La poisse… Arzhel se tourna vers les deux hommes, leur adressant son plus beau sourire, accompagné d’une expression quelques peu contrite sur le visage. Heureusement que les poignard et stylets étaient cachés sous ses vêtements…

- Euh, bonsoir, messieurs. Surtout ne faites pas de bruit s’il-vous-plait. Je vais tout vous expliquer. L’esprit d’Arzhel cogita à toute vitesse, les assommer serait le plus prudent, mais elle ne connaissait pas les lieux alors elle décida d’utiliser les dernières informations qu’elle avait glanées pour concocter le plus gros mensonge du siècle. Voilà je suis la fille du comte si elle se rappelait bien les données sur la famille de monsieur, la demoiselle devait avoir à peu près son âge et sa blondeur et je souhaite faire une surprise à mon père, alors je suis venue incognito, devançant mes serviteurs qui devraient arriver d’ici une heure ou deux…Voyez par vous-même j’ai même revêtu une tunique pour passer inaperçue, je l’ai trouvée dans le débarras, j’hésitais avec une tenue de servante... Je dois dire que c’est bien moins agréable que mes robes habituelles, le tissu de ce vêtement est d'une qualité médiocre et me gratte la peau. D’ailleurs, je suis désolée de vous donner un surcroit de travail en vous faisant croire que je suis une intruse… Arzhel semblait sincèrement désolée des désagréments occasionnés, puis elle afficha un sourire candide. Mais je parie que mon père sera agréablement surpris de me voir arriver plus tôt. Auriez-vous l’obligeance de m’indiquer où il se trouve? demanda-t-elle innocemment. Un véritable petit ange…

Tandis qu’elle débitait une explication sans queue ni tête, l’assassin observait l’armement des gardes tout en faisant deux-trois pas dans leur direction. Elle souhaitait qu’ils approchèrent ainsi elle pourrait régler le problème au cas où ils ne la croiraient pas. S’attaquer à deux hommes ne lui faisait pas peur, mais s’ils sortaient leurs armes cela compliquerait légèrement la situation, même chose s’ils criaient pour donner l’alerte.

Mentalement, Arzhel pria pour qu’ils gobent son mensonge. A vrai dire, au vu des tours de gardes, il y avait peut-être un espoir pour qu’ils soient également un peu simple d’esprit. Et cela lui simplifierait la vie s’ils la conduisaient jusqu’à sa cible. Mais bon faut pas trop rêver non plus… Elle poursuivit sur sa lancée. Même qu’elle était prête à leur débiter l’ascendance complète de la maisonnée pour preuve de bonne foi, cela devrait les assommer un bon coup et les faire rapidement plier…

- Et puis vous pourriez peut-être m’accompagner pour éviter d’inquiéter vos collègues qui patrouillent très certainement dans la maison…Pour éviter qu’ils ne donnent l’alerte en me voyant ainsi accoutrée… Et ne gâche ma surprise… Cela me fait penser… Je suis passée par la porte de derrière qui à mon grand étonnement n’était pas gardée…Mon père sera sûrement en colère de l’apprendre… Et je ne gage pas chère de votre place…

Pour donner plus de poids à ses paroles, elle opta pour un comportement plus aristocratique, plus capricieux, vu qu’elle les menaçait de faire part à son « père » de leur incompétence en matière de surveillance, s’ils ne suivaient pas ses directives. Dans le cas contraire, elle s’occuperait d’eux de manière plus brutale qui leur fera amèrement regretter de ne pas avoir cru en ses paroles.

Elle tentait le tout pour le tout avec cette histoire à dormir debout, mais si elle parvenait à bien jouer son rôle d'enfant bourgeoise et gâtée, peut-être qu'elle pourra boucler cette mission sans trop de dommage.

Tu avais bien fait.
Sans ce mensonge énorme, aucune hésitations, les gardes n'auraient pas fait dans la dentelle et t'aurais tué. On frappe d'abord et on parle ensuite, cette logique est bien connue, surtout qu'ils n'avaient pas l'air bien malin. Mais voilà, même s'ils n'avaient jamais vu la demoiselle de la maison, même s'ils étaient profondément stupides, ils n'en restaient pas moins un soupçon d'intelligence chez eux. Une lueur d'espoir comme qui dirait, qui les poussaient à ne pas croire sans preuves ce qu'il voyait. Ce n'était pas que leur employeur était menacé mais presque. Il ne suffisait pas de se dire sa fille pour être accepté. Mais voilà, avant même qu'ils ne puissent réagir, tu avais déjà embrayé et tu poursuivais avec briaud ton mensonge.
Il était évident que les deux idiots qui te faisaient face ne savait pas quoi faire. Te croire alors qu'ils n'avaient jamais vu le visage de la demoiselle ? Alors même que ton histoire de déguisement semblait ridicule et déplacée ? Mieux valait peut-être mieux te mener jusqu'au comte pour qu'il décide de ton sort. Ainsi, ils se mirent d'accord en un regard et te lancèrent d'un ton sarcastique :

" Veuillez nous suivre Mademoiselle ... "

Le " mademoiselle " était bien ironique. Avaient-ils perçus que tu mentais ? Non, c'était ... difficilement acceptable n'est-ce-pas ? Ils allaient approcher de toi, prêts à te saisir par le bras histoire que tu ne t'échappes pas. Tu avais commis une petite erreur ... dire que tu étais passée par la porte de derrière avait éveillée leur soupçon. S'ils connaissaient une chose de la demoiselle de la maison, c'était bien qu'elle était aimait se faire voir, les apparences avant tout, il suffisait de voir sa chambre. Mais alors que tout semblait aller au plus mal, une petite voix s'éleva dans le couloir :

" Gardes, veuillez traiter ma sœur avec un peu plus de respect. "

Les hommes s'arrêtèrent devant tant d'autorité.
Un petit bout de un mètre trente sortit de sa chambre, les yeux rivés sur les gardes. Ces derniers se tournèrent vers la demoiselle aux yeux verrons et s'inclinèrent avec respect. Étrange qu'un bout de sept ans ai autant d'autorité non ?

" Mademoiselle, veuillez nous excuser. Nous pensions que ... "
" Ne pensez pas sombres idiots. Une chance que ma sœur vous ai prévenu de la faille dans votre surveillance. Père sera furieux, veuillez disparaitre de ma vue bons à rien. "

Et les gardes, contre toute attente, ne se firent pas prier. Ils filèrent sans demander leur reste, s'inclinant brièvement devant la petite chose. Celle-ci, une fois qu'elle fut sure d'être seule avec toi dans ce sinistre couloir te fit signe de la suivre en silence. Pas d'autre choix, elle t'avait sauvé, mais quelque chose te disait qu'elle pouvait tout autant te balancer à tout moment aux soldats. Elle avait tant d'autorité.
Une fois dans la chambre de l'enfant, elle ferma la porte et alluma la lumière.

Dans la lumière baignant la pièce, on pouvait voir sa chevelure blonde dégringoler avec finesse le long de ses épaules jusqu'au bas de son dos. Ses yeux verrons lui donnait un air inquiétant, l'un bleu, l'autre vert. Sa robe de soie, noire, lui donnait un air d'autant plus inquiétant qu'elle souriait, comme si elle était consciente de ce qu'elle venait de faire.

" Bonsoir, je me nomme Marika, deuxième fille du comte. Je suppose que tu n'es pas là par hasard mademoiselle la menteuse. "

Elle prenait toute sa splendeur. De sa petite taille, tu pouvais maintenant comprendre qu'elle n'avait rien d'une petite fille.

" Au fait, ne te fie pas à ma taille, j'ai 15 ans. " confirma-t-elle.

Mais une question subsistait : pourquoi t'aidait-elle si elle savait que tu mentais ?

" Je dirais même que tu es venue assassiner mon père, comme bien d'autres avant toi. C'est navrant ... "

Allez, elle allait te vendre n'est-ce-pas ? Mince ...

" Donne-moi une raison de t'avoir protégée. Pourquoi veux-tu tuer mon père et comment comptes-tu t'y prendre ? " s'amusa-t-elle.

Dire que ta vie était entre les mains d'une sale gamine capricieuse. Mais ... n'était-elle pas en train de te dire qu'elle voulait t'aider ?

Les yeux vairons de l'enfant se posèrent sur toi.
Elle était fière, de toute les personnes de la maison, elle était la plus influente auprès de son père, mis à part sa sœur ainée et sa cadette, elle était la seule à le faire plier à toutes ses envies. Plus douée que son ainée et sa cadette en la matière, elle prenait un malin plaisir à faire tourner en bourrique son père. En réalité, le comte n'était pas vraiment doué en affaires et sa fille, malgré son jeune âge, avait eu vite fait de comprendre les rouages les plus basiques de la politique et du commerce : il fallait avoir sans être pris. Prendre sans donner en échange. Et c'était sans doutes pour cela que son père serait assassiné ce soir mais ça, elle s'en moquait. Son heure viendrait tôt ou tard et, en tant que orphelines d'un riche comte, ses sœurs et elles ne manqueraient de rien. Non franchement, si ce n'était pas cette drôle de femme qui tuait son père ce soir, ce serait forcément quelqu'un d'autre donc bon. Le tout était que l'assassinat soit beau, bien fait et surtout, que personne ne puisse dire que c'était sa faute à elle. Et pour couronner le tout, que l'assassin ne soit pas interrompu, qu'il ne manque pas sa cible. Bref, il fallait que, contrairement à tous ces crétins incompétents qui étaient venus avant elle, la jeune femme fasse preuve d'un peu plus de jugeote. Or elle avait attiré l'attention de Marika. En effet, l'idée de se déguiser en la sœur ainée était riche, nouvelle, brefle, elle l'intriguait.
Marika laissa parler l'assassin sans rien dire. En réalité, elle se moquait parfaitement des dangers, du reste. Elle savait que si elle hurlait, des gardes accourraient pour la sauver, quand bien même, elle savait suffisamment se défendre pour tenir le temps qu'ils viennent l'aider.

Lorsque tu en eu terminé, la petite aux yeux si étranges te fixa encore plus avant de sourire. Enfin, elle parla, mais son ton, à la fois autoritaire, supérieur et calme, prouvait qu'elle n'avait en effet pas froid aux yeux :

" T'en prendre à moi ? Ce serait mal venu en de telles circonstances. Avec autant de gardes à ma portée, tu aurais bien du mal à t'enfuir quand bien même tu me tuerais et puis, en y réfléchissant bien, m'attaquer ne te serais d'aucune utilité. Tu perdrais du temps et mon cri ou mon sang finirait par éveiller le soupçon des gardes. Au final, tu ne pourrais pas achever ta mission. "

La logique même. A croire que cette enfant avait passé sa vie à étudier les vices les plus cruels des hommes ou plutôt en avait-elle étudié les vertus pour les pervertir à son profit. Qui du comte ou d'elle méritait de mourir ? Telle était la question mais, dans l'ombre de son père, rien ne prouvait que c'était elle la manipulatrice et quand bien même, d'une part n'était-elle qu'une enfant, mais d'autre part ta mission ne comprenait-elle pas de l'éliminer elle. C'était donc un cercle vicieux sans intérêt, mieux valait la laisser parler.

" Ta stratégie m'intéresse, tout simplement parce que je suis lasse de voir ces prétendus assassins venir quémander la vie de mon père pour finalement échouer lamentablement. Quitte à ce qu'il meure, je tiens à en tirer profit et éventuellement, à ce que cela fonctionne. "

Les yeux de l'enfant semblaient à présent vidés d'émotions, comme si un robot parlait à sa place. Avait-elle seulement quelque chose d'humain ?

" Ne te méprends pas, je ne t'ai sauvé la mise que parce que je t'ai trouvé digne d'intérêts. "

Un sourire fugace naquit sur les lèvres de la gamine capricieuse et manipulatrice pour finalement disparaitre. Toutefois, elle continue sur sa lancée :

" Que mon père meure m'importe peu, il n'est qu'un imbécile manipulable à souhait, mais s'il doit mourir, autant que ce soit bien fait. Je ne tiens pas à vivre sous les ponts par ta faute. De ce fait, si tu le souhaites, je peux t'introduire auprès de lui ... "

A nouveau ce sourire.
Manipulatrice jusqu'au bout des ongles, elle ne te laissait en réalité guère le choix. Si tu refusais, il était évident qu'elle te dénoncerait. Mais comment cette enfant pouvait-elle agir de la sorte ? Parler ainsi ? N'était-ce pas plutôt elle que tu devrais tuer ... ?

[ Si tu choisis de suivre la gamine, je te laisse le soin d'avancer comme tu le sens jusqu'à la porte du comte, toutefois, arrête-toi avant d'entrer ^^ ]

Cette gamine faisait preuve d'un esprit vraiment machiavélique, voire diabolique. Elle pensait à tout, trouvant une réponse à chaque question posée, et une solution à ses problèmes. On pouvait se demander si ce petit être était doué de sentiments humains... Vouloir tuer son propre père... Qu'est-ce qui la poussait à agir ainsi?... Peut-être un conflit d'intérêt... En tout cas, elle ferait une redoutable femme d'affaire si elle parvenait à l'âge adulte. On pouvait se demander qui de l'enfant ou de l'adulte était à plaindre dans cette famille. Par certains côtés, Marika lui faisait penser à Meliant, avec toutes ces intrigues et cette soif de pouvoir… Ainsi qu'aux vautours de la politique et du commerce. Apparemment, elle avait éveillé l'intérêt de la blondinette, peut-être à cause du gros mensonge qu'elle avait sorti aux gardes, elle ne voyait rien d'autre pouvant retenir l'attention... Arzhel observa son interlocutrice et écouta ce qu'elle avait à répondre.

« Soit... Tu as raison quant aux gardes, je ne pourrais pas sortir facilement si tu donnes l'alerte... Pour la mission, on ne peut prévoir à 100% sa réussite, il y a toujours une petite part laissée au hasard. Un sourire en coin se dessina sur le visage de l'assassin. Et je me doute bien que tu ne m'as pas sauvée par bonté d'âme... Si tu ne souhaites pas être suspectée, il faudra faire en sorte que les membres de ta maisonnée ne te voient pas en ma présence, et que mon repli soit assuré... »

Condition non négociable de leur accord, elle devait se ménager une voie de sortie. Et dire que le succès de sa mission dépendait du bon vouloir d'une enfant manipulatrice. Néanmoins, Arzhel accepta l'aide proposée, même si elle aurait préférée éviter de dépendre de ce petit démon. L'idée de la supprimer lui avait traversé l'esprit, mais cela ne faisait pas partie du contrat et il n'était pas dans ses habitudes de s'attaquer aux enfants, sauf quand sa vie en dépendait. Certes, c'était presque le cas ici, mais son commanditaire n'était pas du genre à accepter les échecs, alors autant profiter de toute l'aide disponible.

« D'accord je te suis jusqu'à ton père... Par contre si tu cherches à me doubler je ne te ferais pas de cadeau. »

Sa voix avait perdu toute chaleur en dépit du sourire qu'elle affichait. Elle suivit la maîtresse de maison dans les couloirs, attentive aux alertes de Marika qui marchait quelques pas en avant. Ce petit trajet ne fut pas exempt de rencontres. Arzhel dut se cacher derrière une tenture tandis qu’un groupe de gardes passait en saluant l’adolescente. Quant aux domestiques, elles ne croisèrent qu'une servante qui fila tête baissée sans apercevoir l'assassin caché derrière un coin de mur. Les deux femmes n’échangèrent que peu de mots durant ce laps de temps. La gamine marchait d’un pas sûr, menant l’exécutrice à son père, et cette dernière maintenait sa vigilance, observant ce qui l’entourait, tout en réfléchissant. Elle se méfiait de son guide, sentant qu'il n'hésiterait pas à se retourner contre elle si nécessaire, donc il lui faudrait prévoir une solution à ce problème. Devant des juges, ce sera sa parole contre la sienne, et puis Marika risquait de perdre gros si elle portait l'affaire en justice...

Marika tourna dans un dernière couloir avant de stopper devant la porte de gauche. Arzhel s'arrêta à sa hauteur, jeta un coup d'oeil à l'adolescente avant de se tourner vers la porte, prête pour la suite de sa mission.

Marika attendait une réponse. Convaincue que tu allais la libérer du poids que devenait chaque jour un peu plus son père. Certes elle était machiavélique et diabolique, certes, mais au moins avait-elle prit la peine de te sauver. Dans son propre intérêt, mais il fallait reconnaitre que sans elle, tes chances de réussites en auraient été bien moindres. Amusée de tes réactions, elle ne fit aucun commentaire. La retraite assurée ? Ce n'était pas à elle de le faire, c'était ton boulot, mais au pire, il lui suffirait d'alerter les gardes pour les mener dans la chambre de son père pendant que tu prendrais la poudre d'escampette dans la direction opposée. Manipulatrice qu'elle était, la gamine saurait bien se débrouiller en temps venu. Mais passons, pour l'heure, il fallait qu'elle réfléchisse et vite.
Éliminer son père avait toujours fait partie de ses projets, sa sœur, trop stupide pour tenir les affaires de ce dernier, les lui confierait sans problème, quant à la cadette, ce n'était pas du haut de ses trois pommes qu'elle allait émettre le moindre soupçons ou encore, la moindre contrainte. Tout était parfait mais pour que son plan soit mis en œuvre, il fallait à Marika un assassin, un vrai. Visiblement, elle voyait cette image en ta personne, ce qui n'était pas plus mal pour toi. L'aide de la gamine était inespérée. Apparemment crainte de sa maisonnée puisque les servantes évitaient son regard et que les soldats lui obéissaient aveuglement, rien n'était plus facile pour toi que de la suivre dans les couloirs sombres de la maison.

La petite blondinette te conduisit donc vers ton but : la chambre du comte.
Sans bruit, elle colla son oreille contre la porte de ladite chambre, fixant ses étranges yeux verrons sur toi. Saisissant doucement la poignée de la porte de façon à ce qu'elle ne grince pas, démontrant ainsi que ce n'était pas la première fois qu'elle agissait de la sorte, elle se ravisa. Comment comptais-tu t'y prendre ? Estimant que personne ne pouvait vous entendre, elle murmura, à peine audible :

" Je tiens à rester présente au moment du meurtre, que mon visage soit la dernière chose qu'il voit. Il dort, c'est évident ... "

Sur ce, elle reprit son petit manège et ouvrit la porte en silence, telle une experte des cambriolages. Dans la pièce, un souffle léger se faisait entendre régulièrement. Emmitouflé dans les draps, le corps de ta victime n'était pas visible. Le sourire aux lèvres, Marika fit un pas de côtés, attendant que tu agisses. Pourquoi l'enfant riait-elle en cet instant si tragique ? C'est alors que tu compris ... du lit, une voix s'éleva. Une voix d'enfant effrayée par les ombres qui se baladent dans sa chambre :

" Papa ? " demanda la petite voix tandis que Marika laissait échapper un juron.

Au même instant, alors que l'enfant criait presque de peur, le comte apparu dans l'embrasure de la porte. Comprenant la situation, il ferma d'instinct la porte, bloquant toute retraite pour toi comme pour sa première fille, mortifiée à tes côtés. Désormais, la blondinette ne disait plus rien et ses yeux verrons tremblaient de colère. Pourquoi la môme avait-elle parlé ?!? Tout le plan n'avait servi à rien ... une fois encore, la petite en réchappait, le père en réchappait ... Marika cherchait un moyen de s'en sortir. Plus près du lit que toi, elle ouvrit de grands yeux effrayés à son tour, se rapprochant de sa cadette dont elle voulait la mort quelques secondes plus tôt.

" Père ! Elle a tenté de nous tuer ! Père pitié ! "

La sale peste jouait bien la comédie. Le père, encore en tenue de ville, te jeta un regard froid. Semblant croire sa fille pourtant si manipulatrice, il dégaina le sabre qui pendait sans vie le long de sa hanche. Te faisant face, il semblait prêt à en découdre pour sauver ses filles de ce qu'il croyait être une menace : toi. Allais-tu attaquer ta propre victime devant les yeux effrayés de la petite brune et de ceux, froids et assassins, de Marika ? Allais-tu tenter de discuter ? La mission, la vie, la petite ? A toi de choisir jeune assassin.

[ Encore désolée du retard ! ]

[Pas de souci ^^]

Le trajet jusqu'à destination fut, pour ainsi dire, des plus tranquilles. La réputation de Marika y était pour quelque chose. Quant à l'histoire du repli, Arzhel verrait en temps et en heures. La gamine, avant d'entrer dans la chambre, fit part à l'assassin de ses désirs concernant l'élimination de son père. Elle souhaitait qu'il comprenne qui était l'instigatrice de sa mort, ce qui conforta Arzhel dans son opinion au sujet de cette adolescente. D'ailleurs, cette dernière ouvrit la porte tel un cambrioleur professionnel et précéda Arzhel dans la pièce. L'astorg sortit son poignard et le colla contre son avant-bras de manière à le cacher avant de suivre Marika. Apparemment le comte était en train de dormir bien emmitouflé dans ses draps, inconscient du drame qui se tramait dans ses murs. Marika, un sourire étrange sur les lèvres se décala pour permettre à Arzhel de faire son office. L'assassin, en voyant ce sourire fut prise d'un mauvais pressentiment.

Elle n'avait pas tort, tout dérapa à partir du moment où surgit des draps la voix d'une petite fille. Arzhel fronça les sourcils et le regard dur, se tourna vers Marika pour avoir des explications. Elle s'était laissé berner par son guide qui voulait apparemment se servir de ses compétences pour éliminer un autre membre de sa famille. Croyait-elle vraiment que l'assassin aurait frappé sans vérifier au préalable l'identité de cette victime? Mais voilà qu'un nouveau problème fit son apparition sur le pas de la porte... Le comte en personne... Armé de surcroit, ce qui n'était pas étonnant venant d'un astorg et il eut la bonne idée de couper toute retraite en fermant la porte... Mais bon elle avait trouvé sa cible, elle n'allait pas cracher sur ce coup du destin....

Marika reprit rapidement ses esprits et entreprit de brouiller les pistes en jouant la jeune fille en détresse. La garce... Arzhel grimaça. Et bien soit... On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, comme disait son père. Elle analysa la situation en vitesse et prit sa décision, elle devait rester maîtresse de la situation et maintenir les gardes hors jeu. En d'autres circonstances elle n'aurait pas hésité à attaquer, mais il y avait cette enfant et cela changeait en grande partie la donne, car elle pouvait crier de peur ce qui alerterait les gardes. Mais s'il fallait sacrifier la fillette elle le ferait même si cela allait à l'encontre de certains de ses principes. Meliant n'avait formulé aucune restriction quant à l'exécution de cette mission, il se pourrait bien que le comte ne soit pas le seul à mourir cette nuit.

* Bien Marika, tu veux jouer alors jouons... Je n'aime pas être prise pour une imbécile, te supprimer ne me fera ni chaud ni froid....*
Se trouvant plus près de Marika que du comte, elle s'élança, agrippa la jeune fille par les cheveux, lui tordant méchamment la tête, et lui plaqua le poignard sous la gorge, de telle manière que toute entreprise de son otage se solderait par une gorge tranchée. Que Marika tente de l'attaquer et elle la supprimerait. Qu'elle joue son rôle d'otage correctement et tout irait bien.

« Que personne ne bouge ou je l'égorge. Au moindre cri je la tue... Elle lança un regard menaçant à l'enfant, qui semblait plus que terrorisée dans ses draps, puis reporta son attention sur le comte lui retournant son regard froid, le mettant au défi de la contredire, le tout accompagné d'un sourire mauvais. Une alerte ou un garde et je tue tout le monde. Monsieur le comte, si vous tenez à la vie de vos filles, je vous conseille de vous éloigner de cette porte, de jeter votre sabre loin de vous et de vous installer dans le fauteuil. »

Par cette entremise, elle souhaitait neutraliser en partie le comte, tout du moins le désarmer. Reculer pour mieux sauter? Peut-être bien... Son ton n'admettait aucune contradiction. Pour faire comprendre qu'elle ne plaisantait pas, Arzhel accentua la pression du poignard, entaillant la peau délicate de Marika et faisant couler son sang. Cela ne la dérangeait pas outre mesure, cette adolescente était bien trop fourbe à son goût, mais bon la mission en priorité. Le fauteuil se trouvait à égale distance de la porte et de la fenêtre, cela préviendrait toute tentative d'alerter les gardes en se jetant dans le couloir.
Le comte allait-il se plier à ses conditions ou laisserait-il ses filles mourir?

Arzhel conservait son calme et observait avec méfiance chacun des protagonistes de cette pièce. Le temps semblait suspendu. La petite était figée par la peur. Si elle pouvait trouver un moyen d'épargner sa vie ce serait l'idéal, mais pour l'instant ce n'était qu'un témoin gênant, un probable dommage collatéral...
Si cela tournait mal et que le comte cherchait à jouer les héros, elle se débarrasserait de Marika avant de s'attaquer à lui, sabre ou pas, alerte ou pas, puis elle règlerait le problème de la petite avant de prendre la poudre d'escampette.
Mais si le comte suivait ses instructions, elle enverrait la petite récupérer l'arme avant de l'assommer pour s'occuper d'elle plus tard, ainsi l'enfant ne serait pas témoin de l'assassinat de son père, ce qui lui sauverait peut-être la vie. Et sachant que Marika était de son « côté », elle pourrait exécuter sa mission en toute tranquillité.

Marika ne s'attendait pas tellement à ça.
En réalité, si la sale gosse n'avait pas ouvert la bouche, tout ceci ne serait pas arrivé. Mais les choses ne tournent jamais comme on le prévoit, c'est bien connu et maintenant qu'elle sentait le froid de la lame sur son cou, elle ne faisait pas la maligne. Pour autant, elle n'était pas aussi terrorisée qu'elle aurait du l'être, bien au contraire, elle savait que les blessures ne seraient pas bien grave sur elle puisqu'elle maitrisait le soin, entre autre, mais qu'en revanche, le fait qu'elle soit "otage", puisque l'assassin semblait le croire, lui permettrait de faire tuer son père tout en se protégeant. L'illusion et le soin étaient ses domaines en plus de la fourberie et d'un certain charisme qu'elle avait pour son âge alors autant dire que la petite assassin ne faisait pas le poids. Mais pour l'heure, il fallait jouer les victimes.

" Père ... " murmura l'enfant comme si elle souffrait, alors que déjà, la plaie se refermait sous l'effet de sa volonté.

Si au moins tu pouvais lui lâcher les cheveux ... car ce n'était pas un mal que l'on pouvait soigner facilement et pour l'heure, cela l'embrouillait plus qu'autre chose. Mais passons, tout dépendait, semblait-il du moins, de la décision du comte. Allait-il laisser ses enfants mourir sous ses yeux ou être lâche comme toujours ?
Le père se laissa manifestement attendrir par la crainte de sa première fille de mourir mais surtout se laissa-t-il convaincre par ta voix et la détresse dans les yeux de sa petite dernière. L'enfant n'y était pour rien, elle n'avait rien fait pour assister à de telles scènes. La famille avait déjà souffert de mille morts lorsque leur mère avait été trouvée assassinée alors pourquoi le Destin s'acharnait-il sur eux ?

" Je vous en prie, épargnez Lili. " demanda-t-il sans pour autant poser son arme.

Il continua d'observer Marika. Visiblement, le comte n'était pas aussi dupe que le pensait la gamine. Depuis la mort de sa femme, il n'avait pas su dire non à la peste aux yeux verrons et celle-ci tirait les ficelles dans l'ombre de son affaire mais pour autant, l'homme accablé de chagrin qu'il était semblait un bon père et surtout, un père qui avait la tête sur les épaules concernant ses filles. Ainsi, il préférait sacrifier le démon pour sauver l'angelot qui dormait jusqu'alors dans son lit. Il y avait eut trop de tentatives sans doutes ...

" Je sais que vous êtes là pour me tuer, ils viennent si nombreux. Comprenez toutefois que je ne peux vous obéir. Je connais les gens de votre espèce, vous n'avez pas de parole, si je baisse mon arme, vous tuerez mes filles. Mais puisque vous êtes là, pourquoi ne pas nous accorder sur un marché ? "

Dernier rempart entre sa cadette et toi, il cherchait vainement à protéger l'enfant et par la même occasion, se protéger lui. S'il mourrait, qu'adviendrait-il de ses filles ? De leur avenir ? Les entourloupes de Marika lui avaient au moins permis une chose : avoir de l'argent, assez pour partir et recommencer une vie plus calme ... Alors il tenta sa chance :

" Je vais vous proposer un marché. Votre contrat est sans doutes de m'éliminer, il n'est pas précisé comment. J'ai 3 filles et je ne peux partir, sinon, qu'adviendra-t-il d'elles ? Ainsi, je vous propose de nous laisser partir, nous disparaitrons de Storghein et vous n'entendrez plus jamais parler de nous. Vous n'aurez qu'à bruler la maison pour faire croire à notre mort. En plus, cela paraitra accidentel ... "

Cela se voyait, il n'était qu'un pauvre bougre, pas bien méchant et tellement attaché à ses filles. Qu'allais-tu choisir ? Suivre son idée ou assassiner tout le monde ?

[ Désolée, je n'ai pas le temps de me relire ^^" ]

[HRP: désolée pour l'attente, petit manque de temps et d'inspiration...]

Il ne lui facilitait pas la tâche à vouloir parlementer avec elle en faisant appel à ses sentiments. Cependant, elle cloisonnait ses derniers quand elle partait en mission et accepter cette proposition mettrait Arzhel dans une situation délicate vis-à-vis de son mandataire. Il suffirait qu'un des espions de Meliant croise par hasard la route du comte en fuite pour que la vie de l'assassin soit mise en péril. En tout cas, il avait bien du courage pour défendre ses filles en particulier Lili, et il avait conservé son arme en tentant le tout pour le tout.

Arzhel relâcha la tignasse de Marika et la repoussa vers le lit. Elle se pencha vers Lili, lui attrapa le bras sans brutalité et se pencha à son oreille tout en surveillant les autres. Elle lui murmura de ne pas s'inquiéter avant de l'assommer d'un geste rapide et précis. Ainsi elle n'aurait plus que deux personnes à gérer. Puis elle s'avança vers le comte avec assurance, tout en restant à distance du sabre. Son attitude ne semblait pas dangereuse car elle avait baissé son arme.

« Vous voulez marchander avec moi... Rien ne vous prouve que si j'accepte votre proposition, je ne me lance pas à votre poursuite pour finir le travail...Je suis ici pour vous, et non pour vos filles. Votre proposition est alléchante mais je ne puis l'accepter... »

On ne marchandait pas avec sa cible, lui avait un jour déclaré une de ses connaissances. Elle semblait désolée et discutait comme s'ils étaient autour d'un café mais elle devait terminer sa mission, le sort des filles n'entrait pas en ligne de compte. Alors d'un mouvement brusque, elle lança son poignard sur le comte dans l'intention de le blesser ou, encore mieux de le tuer sur le coup, avant d'engager le combat. Elle avait d'autres armes en réserve. Elle devait régler le problème rapidement, trop tarder risquait de diminuer ses chances de réussite et de survie.

[ J'avais précisé que le comte était le dernier rempart entre sa cadette et toi, mais bon, admettons. ]

Le comte t'observa rejeter froidement sa demande. En réalité, il n'avait que peu d'espoir que tu acceptes, après tout, il avait été lui même un assassin par le passé, aussi étrange soit-il de le croire. Il savait que les contrats passés ne pouvaient être déliés aussi facilement, il savait aussi le risque qu'il te faisait prendre. Mais derrière tout ça, il avait eut le temps de prévoir ce qui arriverait le cas échéant. Il ne comptait pas mourir, pas pour si peu. Lui, l'homme contre qui toute cette machination avait été fomentée. Oh il n'était pas dupe, il savait que Marika agissait dans l'ombre, tirant les ficelles de ce qu'elle croyait n'être qu'un jeu. Mais elle n'avait rien fait de mal, pas encore du moins, tout au plus avait-elle délesté quelques comtes incrédules et vicieux dans leur genre. Une sorte de Robin des bois malgré elle en somme. Il savait également que Méliant avait demandé à la jeune femme de venir le tuer, pourquoi ?
Simplement parce que, contrairement à ce qu'on avait du dire à cette demoiselle, il avait refusé d'exécuter un contrat. Lui, le vieil assassin privilégié de ce fou de Méliant avait refusé de tuer une femme et son enfant. Par le passé, il en avait vu des visages s'éteindre sous ses coups, mais jamais il ne voulait faire revivre à quelqu'un ce qu'il avait vécu lui-même. Sa femme assassinée, ce visage éternellement figé par la douleur et la tristesse de devoir se sacrifier sans jamais savoir ce qu'il adviendra de ses enfants. La peur d'une maman pour ceux qu'elle aime. Il n'avait pas eut le courage de faire subir à cette femme ou cet enfant le même sort que celui qu'on lui avait réservé ainsi qu'à ses filles. Alors Méliant, dans une colère noire devant ce démissionnaire, avait ordonné sa mort, prétextant des magouilles auquelles même Marika n'aurait pas pensé ! Et voilà que bien souvent, il était obligé de jouer les justiciers. Protéger ses filles. Pour cela, il avait envoyé l'ainée vivre loin d'ici, loin de ce fou qui en voulait à leur vie, sans prendre en compte l'âge de ses filles. Lili était trop petite, quant à Marika, elle devait apprendre que la vie n'est pas un jeu. Le démon n'en était pas réellement un, perturbée par la mort de sa mère, l'enfant avait simplement perdu ses repères et se cherchaient des raisons de vivre. Ainsi, elle affrontait la mort par jeu, elle conduisait les assassins à son père par amusement, juste pour voir ce que ça faisait. Mais au fond, elle n'était pas si loin de la petite Lili.

Je m'éloigne du sujet, sans doutes. Mais tout ça pour dire qu'il ne comptait pas mourir. Marika et Lili ne méritaient pas de vivre la même chose que toutes ces familles qu'il avait brisé. Alors peut-être le Destin lui en voulait-il mais peu importe. Il évita la dague sans problème, comme si elle n'avait été qu'un vulgaire jouet. Puis, il finit par se mettre en garde mais, étrangement, il n'attaqua pas.

" Tu es douée, mais tu commets des erreurs. Tu ne sortiras pas d'ici vivante. " commença-t-il sans pour autant bouger.

" Même si tu parviens à me tuer, ce dont je doutes, j'ai l'avantage de l'expérience du métier jeune fille, car comme toi, j'étais assassin et même soldat, un des préférés de ton employeur jusqu'à ce que je refuses de tuer une enfant. Mais revenons-en à mes propos. Même si tu parviens à me tuer, tu ne sortiras pas vivante d'ici, les gardes sont partout et il me suffirait d'ailleurs de les appeler pour qu'ils viennent de ce pas. De plus, crois-tu vraiment que Méliant accepteras ta version des faits lorsqu'il saura que tu as laissé deux enfants en vie, susceptibles de révéler le complot qui se joue ici ? Je crains fort qu'il n'apprécie pas, et pour cause. "

Il marqua un temps d'arrêt et reprit sur le même ton calme et posé, comme si tout ceci n'était que pure évidence :

" Il ne t'a pas dit la vérité n'est-ce-pas. Tu ignorais que j'étais assassin, comme tu ignorais que j'avais des filles. Je le vois à ton visage. Saches qu'il m'a tendu le même piège ce soir-là et, devant mon refus de tuer cet enfant innocent sous les yeux de sa mère, il a ordonné ma mort. Crois-tu que tu auras assez de courage pour faire couler le sang d'innocents ? Je ne pense pas. Réfléchis bien, un mot, un geste de ma part, et tout est fini pour toi. La porte est bloquée, la fenêtre ne te seras pas d'un grand secours ... alors, ne crois-tu pas que mon idée est la meilleure ? Elle est risquée, mais je ferais en sorte qu'on ne me reconnaisse pas ... les illusions, tu connais ? " demanda-t-il alors que son image s'était évaporée.

Pendant tout ce temps, tu ne parlais qu'à un fantôme, ce qui expliquait sans doutes pourquoi il avait évité si facilement ta dague. Le comte se tenait bien épée à la main devant toi, mais à l'autre bout de la pièce, près de la porte, ses deux filles derrière lui. Lili était éveillée, sa soeur lui tenant la main, bien plus inquiète qu'elle n'y paraissait jusque là. Tout ceci n'était qu'illusions, mais qui les manipulaient ? L'angelot, le père ou le démon ? Une chose était sure, Méliant t'avait menti, et tu ne pourrais faire autrement que de tuer les gamines ... alors, était-ce vraiment nécessaire de ne pas vouloir marchander ?

" Je m'engage à disparaitre si tu me laisses en vie ou plutôt, si tu me promets de ne plus me suivre. En échange, tu garderas ta place d'assassin, ta tête et je t'apprendrais tout ce que je sais en matière de poison. Car telle était ma spécialité. Qu'en dis-tu ? "

[Un oubli de ma part quand j'ai rédigé ma réponse, vais essayer de faire plus attention...]

On pouvait dire que la situation prenait une tournure inattendue. Le comte évita facilement la dague lancée par Arzhel mais ce furent les paroles de ce dernier qui stoppèrent l'assassin. Ce qu'il lui raconta alimenta le doute qui s'insinuait en elle depuis quelques minutes. L'homme qu'elle devait éliminer se révélait être un ancien assassin de Meliant. Voilà une information que son employeur avait omis de lui dire, tout comme les enfants, cela changeait la donne. La jeune femme l'écouta attentivement, le laissant poursuivre ses explications sous son regard de glace. Elle se renfrogna quand il mentionna l'échec plus que probable de sa version des faits auprès de Meliant. Quant à faire couler le sang des innocents, elle n'avait pas encore été confrontée au problème jusqu'à ce jour et visiblement cela lui posait quelques cas de conscience.

Mais, les surprises se poursuivirent quand il révéla son don pour les illusions, surprenant Arzhel puisqu'il ne se trouvait pas du tout à l'endroit escompté. Venant d'un assassin il devait les maîtriser à merveilles et dans ce cas, sa compétence de catalyseur n'allait pas l'aider, elle. Parfois, elle en venait à détester ce cadeau empoisonné, cependant comme elle en avait un assez bon contrôle elle essayait de le conserver au minimum de son influence pour ce type de missions. En tout cas, les enfants étaient en pleine forme si l'on pouvait dire, à l'abri derrière leur paternel. Mais était-ce bien lui qui jouait ainsi avec les illusions? Elle n'aurait su le dire, mais il lui semblait que les enfants étaient bien trop effrayées pour manigancer tout cela..

Elle resta silencieuse quelques instants, son esprit en pleine effervescence. Elle réfléchissait sur cette proposition car le comte avait raison, les conditions de repli n'étaient pas favorable à Arzhel, ni même les conditions actuelles. Ainsi il lui proposait de lui apprendre tout des poisons en échange de sa vie et de sa liberté. C'était un domaine qu'elle ne connaissait pas bien, les moines n'étant pas de empoisonneurs, ils n'avaient pu lui enseigner toutes les subtilités de cette compétence. Cela pouvait être une bonne contrepartie à l'échec de sa mission.

« Vous êtes plein de surprises monsieur le comte. » déclara-t-elle d'une voix calme, en dépit de l'agitation qu'elle sentait poindre en elle. «  Il est vrai que je n'avais pas connaissance de certains éléments à votre égard, ce qui se révèle contrariant mais également fort intéressant. Je vais devoir reconsidérer votre offre... »

Des éléments cachés pouvaient rendre caduc un contrat pour vice de formes, mais cet argument n'était pas toujours recevable dans son métier. Elle allait prendre le risque de ne pas honorer un contrat, mais à la lumière de ces nouveaux éléments, il y avait de forte chance pour que le comte disparaisse vraiment dans la nature et parvienne à échapper à Meliant. De plus, il cachait bien son jeu car il semblait être au courant de bien plus de choses que le prétendait Marika. Elle laissa planer un petit silence comme pour indiquer à ses interlocuteurs qu'elle restait maîtresse de la discussion.

« Vous avez raison quant à mes chances de survie dans cette mission... Si j'accepte votre marché et seulement si j'accepte, les mises en pratique de votre mort seront relativement simples à mettre en place et je ferais en sorte de ne pas vous poursuivre. Je pense que je peux vous faire confiance quant à votre efficacité à disparaitre du paysage astorg. Mais concernant votre savoir d'empoisonneur comment compter vous me le transmettre? En vous faisant passer pour quelqu'un d'autre grâce à vos illusions et en restant dans les parages de Storghein?... »

C'était risqué également pour lui, néanmoins faisable s'il mettait ses filles en sécurité loin d'ici. Arzhel attendait les réponses du comte, mais rejeter cette offre serait idiot de sa part, elle n'avait pas un esprit obtus au point de ne pas remarquer les chances qu'on lui offrait.

Le comte attendait visiblement une réponse de ta part.
Vous étiez comme pris au piège, l'un comme l'autre, piégés par la réponse de l'autre. C'était à la fois excitant car cela lui rappelait ses jeunes années et extrêmement tendus. Difficile de se dire qu'il y avait une issue aussi simple qu'un échange de bons procédés. Il te regarda prendre ce qu'il aurait appelé 'la plus sage décision", autant pour lui que pour toi et suivit tes faits et gestes de près lorsque tu étais partie chercher le précieux papier. Il te dicta l'adresse où tu pourrais le trouver et te précisa les jours et heures auxquelles il y serait disponible. Ceci fait, il fit signe au petit ange d'aller chercher "ce qu'elle savait" dans sa bibliothèque et l'enfant parut sincèrement contente de quitter la pièce et sa lourde atmosphère. Elle revint, un petit livre en main qu'elle tendit à son père.
Ce dernier le consulta une dernière fois, bien qu'il en est une copie là où il se rendait, ou plus précisément, bien qu'il en possède l'original si convoité par ce cher Méliant pour son originalité et son efficacité imbattable. Il déposa le précieux carnet sur le lit avant de préciser :

" Vous trouverez tout dans ce qu'il y a à savoir sur les poisons et les plantes, leur propriétés, leur antidotes. Tout mon savoir est ici. "

Il prit la main de ses filles et conclut la rencontre par :

" Vous n'aurez qu'à vous faire passer une nouvelle fois pour ma fille ainée, les gardes ignorent son visage mais savent qu'elle doit venir ce soir. Une fois dehors, il vous suffira de vous éclipser, pour ma part, je mettrais tout simplement le feu à cette demeure. Tout ne sera ensuite plus qu'un mauvais souvenir. "

Il tourna les talons, te laissant sortir comme il te l'avait suggéré. Ce fut sans encombre que tu rejoignis la sortie. Dix minutes plus tard, la maison brulait, le comte et sa famille avaient disparus dans les flammes. Seul le papier que tu portais sur toi prouvait que tout ceci n'était qu'illusion.

[ Fin de la mission ! Félicitations !
Objet obtenu : le livre de poisons (livre qui reprend les poisons, leur propriétés, les fleurs ainsi que leur propriétés déjà existantes sur le forum. Si tu le souhaites, tu peux créer de nouveaux poisons (mais il te faudra prévenir le Staff pour ça) et une fiole de « Pudding à L'Arsenic ». ]