Description physique:Comment suis-je ? Je vais être franc : je suis maigre, petit et tout blanc, j'ai beaucoup été abîmé pendant ma vie. Je suis vraiment pas musclé, et je connais bien des hommes qui font des choses inutiles, soit, que je ne saurai jamais faire. Par exemple, soulever un bloc de cinquante kilos avec leurs bras. Après avoir tâté mes bras et mes jambes, mes muscles ne sont décidément pas phénoménaux. On m'a dit que j'étais beau, mais je pense que c'était pour ne pas me vexer. Je ne peux pas vérifier, mais... je dirai que je m'en fiche. Mes cheveux blonds sont longs, ils tombent sur mes épaules en masse compact. Je les trouve rêches quand je les touche ; ça ne me gène pas. Mes doigts me racontent un nez que je ne saurai définir comme petit ou gros, je ne me souviens pas à quoi cela ressemble. Peut-être petit et arrondi, je n'en jurerai pas. Je suis cependant sur d'une chose, c'est que je suis totalement imberbe, ce dont je ne m'en plein pas : je serai couvert de cicatrices sinon. Je suis aveugle. Enfin, non, je ne le suis pas vraiment. D'une certaine façon, je sais qui est avec moi, ce qu'il y a devant moi (une fourchette ou un trou), mais c'est juste des impressions vagues. Des débris d'argiles ont crevé mes yeux lorsque je n'étais qu'un enfant, c'est pourquoi je porte un bandeau et un cache-œil de corsaire pour cacher ce qui en reste. J'aime beaucoup ce cache-œil, parce que c'est le symbole des pirates, qui sont libres comme l'eau, et même s'ils allègent les cales des gens. Le problème avec mes yeux, quand je pleure, mes larmes sont imprégnées de sang et mon bandeau prend vite l'eau et le sang. De plus, je ne suis pas adroit du tout, c'est à peine si je peux saisir plusieurs assiettes sans en laisser tomber une parce que je ne les serrais pas assez. Dur dur d'être un aveugle... (je me gausse, je me gausse... U_u) C'est assez difficile de se décrire lorsqu'on ne s'est jamais vu, et ce que je sais, on me l'a dit. Autre chose, je ne suis pas très souple, même pas du tout et je m'essouffle vite. Après avoir écrit ce renseignement, je suis sûr maintenant que ceux qui m'ont dit beaux ne voulaient pas me vexer... Mais quelle importance, au fond ?

Caractère, qualités et défauts:
J'espère que ce que je vais dire dans ces lignes ne passera pas pour des affirmations narcissiques. Il est très difficile de parler de sa " stupéfiante intelligence " (dixit mon défunt père) sans verser dans la vanité. Je pense pouvoir dire cependant que je suis une des personnes la plus perspicace, la plus logique que l'on puisse connaître (ça fait terriblement présomptueux, je m'en rends bien compte...). Je ne dirais pas que j'ai une culture à toute épreuve, n'ayant jamais pu lire un livre. Les connaissances que j'ai acquises, je les dois aux nombreux individus que j'ai rencontrés. Néanmoins, lorsque l'on m'expose une situation, je réfléchis, je cogite dans ma petite tête. Je dois dire que c'est utile de savoir réfléchir, vous trouvez pas vous ? C'est tout de même plus pratique que de soulever cinquante kilos de pierre avec des bras. Ceci n'est qu'un avis purement personnel et qui n'engage que moi.

Je ne suis pas tendre, ni d'une extrême gentillesse. Je ne me laisse pas faire, puisque les gens ont tendance à profiter de ma cécité. Quels idiots ! Qui irait penser que je puisse me laisser abuser de leur mièvrerie. Cela ne m'empêche pas d'aimer les petits chatons tout mignons qui ronronnent. J'ai un cœur quand même ! Les regards des autres ne sont rien pour moi. Je me moque de leurs jugements. Qu'ils aillent me traiter de ce qu'ils veulent. Je me souviens d'une petite fille qui m'a dit un jour : " Le fiente de la mouette rieuse n'atteint pas le corail majestueux ". J'ignore si je suis majestueux ou pas, mais je ris beaucoup en récitant cette phrase. J'aurais bien aimé voir ses yeux à cette fillette. Quand on ne sait pas à quoi ressemble la personne avec qui on parle, on finit par se demander à quoi peut donc bien servir l'apparence. Pourquoi les gens semblent-ils accorder tant d'importance à des bouts de peau ? Est-ce qu'on est sur terre pour se soucier de détails pareil ? Et vient forcément les dérivés de questions philosophiques dont on essaye de trouver les réponses... J'ai essayé de les trouver pendant ma vie et je comprends des choses que je ne comprenais pas avant. Désormais, je sais qu'outre la magie que les êtres que l'ont dit civilisé utilisent, il y a la Magie, celle que l'on voit dans les rayons du soleil filtrés par la rosée, l'éclat inégalable de l'herbe et l'amour que l'on lit dans les yeux d'une maman. Moi, je ne peux pas la voir cette Magie. Je sais qu'elle est là, ça me suffit.

J'admire les gens cyniques qui clouent d'une seule phrase le bec d'imbéciles qui se trouvent drôles. Je n'ai jamais pu égaler leur pratique de la langue. Les mots forment une bouillie compact lorsque j'essaye et je n'arrive à rien dire. Et comme je ne peux pas leur donner un coup de poing dans la figure, je m'enfuis. Je plaisante, je sais bien que la violence ne mène à rien. Ça ne fait qu'aggraver les choses. Et comment pourrions-nous appréhender le monde si nous passions notre temps à se taper dessus et se trahir au lieu de lier amitié ou amour ? Enfin bon, c'est un combat perdu d'avance...

Je tiens énormément à ma liberté. Aussi, j'ai peur de m'attacher à un être et de ne plus pouvoir vivre ma vie sous prétexte que je ne pourrais supporter notre séparation. Je n'ai rien contre l'amitié, mais quand même. J'ai vingt-et-un ans, la vie devant moi et... Je ne sais pas comment la vivre, cette vie ? Je rêve d'aventure, mais comment voyager sans rien voir ? Je ne puis même pas lire ce que je suis en train d'écrire et le monsieur qui s'occupe du recensement ne va quand même pas me relire mes notes pendant deux heures. Non vraiment, je ne vois pas comment je pourrais réaliser mes rêves. Parfois, je me dis que la Vie s'amuse avec nous, riant de notre désarroi.


Biographie: