[ Personnages en liste : Diane, Jelenna ]

La maisonnée n'avait jamais été très grande. Dans ses souvenirs, elle se rappelait même qu'à trois, elles y étaient un peu à l'étroit mais pourtant, Diane aurait vendu tout ce qu'elle possédait à l'époque pour se rendre une dernière fois dans ce havre de paix. Dans cette demeure construite avec amour aux premiers temps de la cité, les joies comme les peines étaient adoucies, les mauvais souvenirs finissaient toujours par devenir de bons souvenirs et ce soir-là ne devait pas faire exception. L'examen de Sentinelles venait de prendre fin et toutes savaient déjà qu'elles étaient promise à un grand avenir, toutes, sauf Travia. La demoiselle avait beaucoup de talents certes, mais pas celui de tirer à l'arc du moins pas aussi bien qu'on l'exigeait dans les rangs des soldates de la nouvelle Muria. Pour autant, la jeune fille n'avait pas semblé être affectée par la nouvelle, au contraire, elle en riait comme si de rien n'était mais Diane savait que tout cela n'était que façade, que bientôt, sa chère jumelle sombrerait dans la tristesse et les larmes et que ce serait alors à elle, l'ainée des deux, de la consoler.
Le soir venu, les deux sœurs regardèrent les étoiles qui étincelaient particulièrement ce soir-là. La jeune femme contemplait son reflet quand ce dernier ce mit à lui demander, d'une voix si évasive et pourtant si sincère :

" Diane, que crois-tu que l'on trouve une fois mort ? "

La question était pour le moins surprenante mais pourtant, Diane avait l'habitude. Dans le monde de Travia, les questions métaphysiques les plus farfelues se faisaient la course et la jeune femme cherchait seule les solutions les plus grotesques. Parfois, lorsque ces questions ne trouvaient aucune réponse satisfaisante, elle les formulait devant Diane, à la fois pour les rendre immuable mais également pour connaitre ce que sa sœur en pensait. Ce soir-là, Diane lui répondit brutalement :

" Pourquoi me poses-tu cette question ? "

Était-ce l'échec de la journée qui tourmentait sa cadette au point de se laisser aller à de sombres pensées ? Diane s'inquiéta mais le sourire amusé de sa jumelle l'apaisa presque aussitôt. Tel était le don de Travia, apaiser son âme.

" Je me demandais simplement s'il existait quelque chose après la mort car si tel est le cas, je prierais les dieux pour ne pas être séparée de toi. "

" Travia, nous ne serons pas séparées, je t'en fais le serment. "

Les deux sœurs se comprenaient, inutile de chercher plus loin. Diane plongea son regard dans celui de Travia, consciente que cette dernière n'en avait pas fini. Patiemment, elle attendit que sa cadette lui ouvre son cœur.

" Diane, as-tu peur de la mort ? "
" Non. "

Chaque fois qu'elle repensait à cette scène, la jeune Diane ne pouvait s'empêcher de se sentir orgueilleuse. Ce soir-là, elle avait assurée à sa jeune sœur que rien ne les séparerait et que même la mort n'était qu'un passage vers un nouveau voyage, loin de se douter à cette époque ce dont la Mort était capable.
Comme chaque nuit depuis son réveil, Diane arpentait les rues encore paisibles de sa cité. Quel mal avait-elle lâché sur la pauvre Muria ? Sur Azthia tout entier ? En réveillant la Mort pour son propre profit, pour répondre à des questions qui n'avaient plus lieu d'être depuis sa mort, Diane avait réveillé sans le savoir le cavalier le plus craint et le plus puissant d'Azael. Bientôt, la Mort entrerait en action et d'après Esra, la petite Jelenna en serait la première victime. Anka, la clé ... qu'avait-elle offert comme destin à cette petite fille ?

Cette nuit-là, Diane parcourut les rêves de ses sœurs encore vivantes. Dans ceux de Philéa, elle découvrit un chaos des plus total, entre peur et amour, ressentiment et mélancolie. La dame rêvait d'un passé révolu et d'un futur encore incertain. Les rêves des femmes enceintes étaient étranges et secrètement, Diane s'excusa d'avoir jeté le malheur sur la cité comme sur sa progéniture. Elle laissa là les rêves de la dame pour s'en aller dans ceux de celle qui avait aujourd'hui son poste. Kiera. La jeune femme rêvait d'un futur improbable dans lequel les Soumis ne seraient plus ce qu'ils étaient. Ses rêves sonnaient telle une trahison et pourtant, Diane passa son chemin ... la jeune femme n'était pas prête à recevoir son message. Elle parcourut l'ensemble de la cité, s'arrêtant parfois dans les rêves des unes et des autres mais la conclusion fut bien triste : aucune amazone de Muria présente ce soir-là n'était capable de recevoir son message.

La déesse aux longs cheveux de jais se dirigea alors vers Tamawa où dormaient encore les deux jeunes princesses de sa cité. Eléa était la plus à même de recevoir son message, même si elle n'était pas sa championne, même si la jeune fille se refusait à croire en quoi que ce soit d'autre qu'en sa cadette et sa cité, Diane ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle lui ressemblait. L'amour entre les deux soeurs étaient leur force comme leur faiblesse, tout comme celui qu'elle portait à Travia l'avait été par le passé, du temps où son cœur battait encore dans sa poitrine.
Diane observa la scène.
Eléa veillait, comme chaque nuit, sur le sommeil de sa cadette. Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne semblait pas apte à dormir ce soir encore. Les tourments de la vie humaine ... Diane ne pouvait s'empêcher de compatir, pourtant, elle avait un message. Ce message de la plus haute importance, elle aurait aimé le donner à Eléa, tout simplement parce qu'entre les deux princesses, c'était la plus âgée, la plus courageuse sans doutes et aussi, la plus apte à protéger l'autre. Mais les dieux ne peuvent intervenir dans la vie des vivants. Elle avait transgressé la règle une fois, elle ne pouvait pas le faire une seconde fois ...
Lorsque Diane entra dans le rêve de la petite Jelenna cette nuit-là, elle était partagée entre la culpabilité de faire à nouveau peser sur ses frêles et jeunes épaules un lourd fardeau et l'espoir que ce petit bout de chou puisse réparer son erreur.

Dans la nuit, la voix de Diane appela la petite princesse bis.

Cette nuit-là, Jelenna n'eut pas trop de mal à s'endormir.
La fatigue accumulée ces derniers jours avait épuisée son petit corps d'enfant de sept ans et elle s'était donc laissée aller dans les bras de Morphée. Toutefois, comme à son habitude, la petite fille avait adressé une prière à Diane, la déesse amazone et ceux, pour qu'elle protège sa chère cité si loin de son cœur et surtout, sa maman et son ainée. Ceci fait, les rêves avaient commencé à affluer mais depuis peu, la jeunette était capable de repousser certains d'entre eux au profit d'autres et cela l'amusait beaucoup. Tout du moins cela lui évitait-il les éternels cauchemars ... D'ailleurs, depuis qu'elle avait découvert que manipuler les rêves, même si sa maitrise était bien loin d'être parfaite, la petite fille passait son temps à naviguer vers ceux de Haiiro, la louve au pelage cendrée que sa sœur avait mis à ses côtés pour la protéger. Quelle bonne idée avait-elle eut d'ailleurs de dresser l'animal pour cela car d'après Esra, bientôt, Azael lui même en voudrait à sa personne ! Mais malgré les précisions de la déesse, la petite princesse bis s'était pour l'instant refusée à avouer la vérité à son ainée. Les choses étaient toutes simples : elle ne voulait surtout pas lui causer du soucis. Le temps venu, elle le lui dirait, mais pour l'heure, l'enfant gardait ce terrible secret. Elle avait par ailleurs dévoiler à Eléa comment venir à bout de deux des quatre Cavaliers d'après les précieuses informations données par Esra et de ce fait, elle ne se sentait pas coupable de lui mentir. Au moins, si elle venait à être enlevée comme l'avait prédit la Dame, ce genre d'informations auraient déjà été diffusées donc pas de problèmes. Et puis, Eléa était là pour la protéger, sans parler de Jacen. Elle ne craignait rien.
Comme plusieurs nuits déjà donc, Jelenna se plongea dans les rêves de la louve, dormant paisiblement à ses côtés. Comme toujours, ceux d'Eléa lui étaient inaccessibles ... peut-être la princesse ne dormait-elle pas ? Mais dans ceux de Haiiro, Jelenna trouvait le réconfort, la tranquillité, la sécurité qui n'existaient pas ou trop peu dans la réalité.La louve faisait des rêves simples, dénués de questions futiles et de préoccupations quelconques. Des rêves de chasse, de poursuite, de "cache-cache" avec l'enfant quand elle s'apercevait de sa présence mais surtout, la louve parcourait les terres de Muria, la forêt si protectrice que Jelenna aimait tant. Ce réconfort, la petite fille en avait besoin.

Haiiro rêvait de chasse ce soir-là. Pas n'importe quelle chasse, celle au lapin. Elle aimait particulièrement ces bestioles que Jelenna trouvait absolument "a-d-o-r-a-b-l-e-s". La petite fille suivi les traces de la louve, incapable de faire quoi que ce soit d'autre tant l'animal était pris au jeu de son rêve. Une nouvelle fois, Jelenna s'émerveilla de ce monde de paix qui n'appartenaient qu'aux rêveurs. Ce monde qui n'appartenait qu'à ceux qui souhaitaient y pénétrer et une nouvelle fois, elle se promit de ne jamais cesser de croire.
La petite fille croisa toutes sortes d'animaux.
Muria n'était pas loin, il était même étrange de voir que la louve rêvait des larges portes de la cité. S'en était-elle approchée une fois ? Philéa vivait-elle bien à l'abri du rêve d'Haiiro ? Jelenna, plus curieuse que d'ordinaire, se mit alors à prendre un chemin inverse, vers les murailles rassurantes de sa cité, tandis que la louve cendrée se dirigeait manifestement à l'ouest. Lorsqu'enfin les portes démesurées furent en vue, la petite fille s'étonna de voir qu'il y avait quelqu'un devant. Plus précisément, quelque chose.
Imala.
La louve blanche.
Le nom lui vint en tête alors même qu'elle était persuadée de ne jamais l'avoir vu. Pourtant, malgré cela, ses pas ne semblaient pas vouloir se détourner et elle avançait inexorablement vers l'animal. Etait-il dangereux ? Pouvait-on mourir dans un rêve ? Jelenna l'ignorait mais au fond d'elle, une voix lui murmurait qu'elle pouvait avoir confiance. Et la louve approcha.
Doucement.

" Ne crains rien. " précisa-t-elle.

Jelenna ne s'étonna même pas que la louve immaculée soit douée de parole, au contraire, cela l'intrigua. Elle savait qu'elle ne pouvait pas parler à Haiiro, même au travers de ses rêves, mais elle savait également qu'elle pouvait converser avec les morts par expérience. Imala était-elle morte ? La petite fille ne se posa pas la question et suivit l'animal parmi les arbres de sa forêt natale. Bientôt, l'étrange couple ainsi formé atterrit dans une clairière qu'elle connaissait bien pour y être déjà allée avec son ainée. La petite princesse bis ralentit l'allure, à l'image de l'animal qui se figea sur place. A cet instant précis, Jelenna pris le temps de l'observer vraiment. Imala était plus grande qu'Haiiro. Sa fourrure totalement blanche et ses yeux bleus gris lui évoquaient autant la pureté que la sagesse. La louve s'assit au centre de la clairière et invita d'un signe de tête la petite fille à en faire de même. Jelenna s'exécuta sans mot dire.

" Ne t'en fais pas, elle va venir. " répondit la louve à l'inquiétude muette qui montait dans l'esprit de la jeunette.

"Elle" ?
De qui voulait parler la louve ? Et puis ... elle n'était plus dans la clairière bordant Muria maintenant, mais dans les ruines de Tamawa ... Comment était-elle arrivée là ? Et pourquoi ?

" Jelenna. "

La voix apaisa l'enfant instinctivement bien qu'elle lui paraisse extrêmement mélancolique. A cet appel, la louve fixa la petite demoiselle et derrière elle, une silhouette apparu. Une jeune femme à la peau de pêche, de longs cheveux aussi noirs que le charbon, des yeux glaciales et pourtant si doux ... la petite eut d'abord l'impression de voir Eléa se rapprocher d'elle.

" Jelenna. "

A nouveau cet appel, cette voix. A présent, Jelenna en était sure, ce n'était pas sa sœur ainée qui lui parlait pourtant, bien qu'elle eut l'impression de connaitre sa voix, elle fut incapable de déterminer qui était cette personne qui avançait vers elle. La nuit dans son rêve était tombée, la lune, pleine pour l'occasion, seule spectatrice de la scène. La jeune femme s'assit près de la louve au pelage de neige. Sous les rayons de l'astre lunaire, la robe bleue satinée de la Dame rendait sa beauté presque sauvage. La tête de la louve se posa sur les genoux de l'inconnue qui prononça simplement :

" Je t'attendais. "

Étrangement, la petite ne pouvait pas s'empêcher d'admirer la beauté de cette femme, elle ne pouvait pas non plus s'empêcher de se dire qu'elle l'avait déjà vu quelque part, mais surtout, elle se demandait ce que le Destin lui réservait encore une fois.

Si Diane avait été une jeune femme humaine et non une déesse, elle aurait certainement pris l'enfant dans ses bras mais ce soir, en compagnie de la petite fille par le biais de ses rêves, la déesse amazone savait parfaitement qu'elle n'avait pas le droit d'agir ainsi. Pour deux raisons principalement car il y en avait en réalité une multitude. La première était tout simplement que la petite fille allait au devant d'un destin funeste et ce, par sa faute, à elle, la pauvre Sentinelle devenue bien malgré elle protectrice de la cité au delà même de la mort et la seconde était plus simplement qu'elle ne pouvait, en tant que telle, être "humaine" envers les mortels. Bien évidemment, il y avait maintenant des années que la jeune Diane avait choisi de percevoir les sentiments humains mais ceci était un secret, sauf pour sa jumelle qui désapprouvait totalement cette pratique mais ça, c'était une toute autre histoire. Quoi qu'il en soit, Diane écouta la petite demoiselle parler tout en étant étonnée. Cette enfant de peut-être sept ou huit à peine, était à la fois bien renseignée, perspicace et surtout, bien trop mature et froide pour parler ainsi de la situation dans laquelle elle était. La déesse sylvestre savait pertinnament que Esra était venue à la rencontre de la princesse bis mais elle ignorait la teneur de ses propos avec elle, jusqu'à maintenant. Bien sur avait-elle donné son autorisation pour cette entrevue devant la nécessité de cette dernière mais, à présent qu'elle entendait le récit de la gamine, elle regrettait presque ce choix, comme la plupart de ceux qu'elle faisait.
Imala commença à se relever et Diane comprit que le temps lui était désormais compté. Il fallait qu'elle aille droit au but quitte à blesser une fois encore le coeur fragile de l'enfant. Tant pis, le risque était trop grand, sa bêtise trop énorme pour laisser Mort parcourrir les terres d'Azthia impunément. Sans parler du fait qu'en dehors de Jelenna, Diane n'avait que Kiera comme championne et, aussi étrange que cela puisse paraitre, la dame avait du mal à se connecter à cette dernière et, plus simplement, à lui faire confiance. Elle savait bien sur pour son histoire d'amour mais plus que ça, ses doutes envers sa cité et son fonctionnement déplaisait à la jeune femme même si elle admettait d'un autre côté qu'elle avait surement raison.

" Mon enfant, pardonne-moi pour ce qui va suivre mais tu es une enfant courageuse et je sais que tu seras à même de comprendre ce que je vais te révéler. "

Elle réfléchit un instant avant de poursuivre mais là encore, la louve immaculée lui fit comprendre que le temps était compté. Bientôt, la petite demoiselle se réveillerait et le lien serait rompu. Diane devait agir vite, peu importait désormais ce que l'enfant penserait d'elle et du reste.

" J'ai réveillé la Mort par orgueil, par pure bêtise parce que je pensais qu'elle m'apprendrait une vérité que je ne voulais pas entendre depuis bien longtemps. Je suis native de Muria, du temps où la cité n'était encore que quelques petites maisonnées se levant péniblement de la terre mais fièrement. A l'époque, j'ai été promu Chef des Sentinelles bien jeune, sans doutes plus jeune que Kiera aujourd'hui, ma mémoire me fait défaut tandis que Travia, ma jumelle, est devenue une femme au foyer des plus efficace. Travia fut tuée dans un accident de chasse ou peut-être lors d'une mission je ne sais plus vraiment ... Pour ma part, j'ai été assassinée peu de temps après elle et je suis devenue une déesse, également comme elle, mais tu connais sans doutes cette histoire mon enfant en bonne petite que tu es, toutefois, ce que tu ignores sans doutes c'est que la reine elle-même fut celle qui ordonna ma mort comme celle de Travia, par folie et par peur. Nessa était une bonne reine mais elle avait sans cesse peur d'être évincer ou encore, de perdre sa précieuse cité ... J'étais si dévouée à ma cité que j'ai refusé de croire ce que le bon sens me hurlait, de voir la vérité lorsqu'elle était devant mes yeux alors je suis aller réveiller ma reine pour entendre de sa bouche qu'elle n'avait rien à voir dans la mort de ma soeur ou la mienne. Mais Nessa n'était pas telle que je l'avais connu, son mépris, sa violence n'avaient jamais transparu de son vivant mais aujourd'hui mon enfant, elle répend la mort comme pour respirer. Elle est devenue le meilleur Cavalier d'Azael, son dernier rempart contre la mort, aussi ironique que soit la situation. Oh ma pauvre enfant, je suis tellement désolée ... "

Diane, malgré toute la force de caractère dont elle faisait preuve, ne put empêcher ce sentiment si humain qu'était la culpabilité, la tristesse et l'agonie qu'elle éprouvait d'avoir été trahie.

" Je suis une mauvaise déesse ma petite, j'ai réveillé le pire fléau que le monde ai porté et je t'en demande pardon petite fille ... C'est pitoyable ... "

La déesse amazone détourna le regard, oubliant presque pourquoi elle était apparue ce soir devant l'enfant. Elle se sentait si stupide d'avoir agi de la sorte et honteuse d'avoir avoué cette histoire à une petite fille de sept ans et princesse amazone qui plus est.

Diane se sentait honteuse.
Se confier ainsi à une gamine d'à peine sept ans ne lui ressemblait pas, était même indigne d'une déesse même si elle n'en était pas vraiment une, n'en avait jamais été une et n'en serait jamais une. Elle s'y refusait inconsciemment, mais ceci était une autre histoire. Pourtant, en présence de la petite qui partageait le don d'ampathie comme personne d'autre de sa génération, la déesse s'était sentie apaisée et à la fois terrifiée par ce qu'elle avait fait, elle en avait alors senti le besoin de se confier quand bien même ce n'était-il qu'éphémère, cela faisait du bien. Mais ce qui la surprit le plus, tant et si bien qu'elle posa un regard étonné sur la petite, ce fut la réponse de cette dernière. Non seulement la petite ne la jugeait pas, mais en prime, elle la rassurait, telle une maman consolant son enfant après que ce dernier se soit fait mal en tombant. Jelenna était vraiment une gamine étonnante, surprenante, totalement hors du temps et bien trop mature pour n'avoir que sept ou huit ans. Sans en oublier sa perspicacité ... Décidemment, Diane aurait voulu avoir une fille comme elle et quelque part dans sa tête, elle envia Philéa de connaitre la joie d'être maman. Mais là encore, la question n'était pas là.
La déesse sylvestre reprit ses esprits, sentant que le lien s'amenuisait de plus en plus entre la gamine et elle. Imala commençait d'ailleurs à s'agiter à ses côtés, peu intéressée par la discussion mais consciente que le temps leur était compté plus que jamais. La jeune femme au long cheveux noir de jais posa un regard plein de gratitude envers la gamine sans pour autant lui répondre puis son regard se fit plus dur, plus "sérieux", comme si toute émotion humaine avait enfin disparu de son visage. Elle était une déesse et ne devait pas l'oublier ...

" Mon enfant, Mort est l'un des quatre Cavaliers d'Azael comme tu le sais, et de loin la plus puissante. Elle sera sans aucun doutes le dernier rempart de ce maudit si vous parvenez jusqu'à lui et tu y parviendras ma petite, car il a besoin de toi. Sans toi, il ne pourra pas recouvrir l'ensemble de son âme. N'oublie pas ce qu'Esra t'a dit mais n'oublie pas également que je serais là, à tes côtés. Mort a un point faible, comme chacun des Cavaliers. "

Diane sembla hésiter, comme si un dernier sursaut de loyauté envers sa "caste" l'empêchait d'aller jusqu'au bout. Pourtant, elle n'avait plus le choix et surtout plus le temps de réfléchir au pourquoi du comment sans parler de ce qui était bon ou pas à faire ou ne pas faire.

" Jelenna, écoute-moi bien. Mort ne peut être tué par un homme, seule une femme peut en venir à bout et ta présence sera exigée pour mettre fin à son règne de terreur. Mon enfant, tu ne dois pas oublier cela et surtout, tu dois confier ce secret à ceux en qui tu as confiance. "

Elle attendit quelques secondes que l'enfant assimile cette information avant de reprendre :

" Nessa est puissante, et il vous faudra ruser car son principal pouvoir est d'enfermer les âmes dans un labyrinthe de son cru pour les y torturer. N'oublie pas ceci car cette information pourrait se révéler fort utile. "

Le temps était écoulé désormais mais fort heureusement, elle avait eut le temps de tout lui dire, du moins le plus urgent. Car il était évident que la petiote n'était pas prête à entendre tout de suite qu'elle allait être enlevée sous peu. Esra l'avait déjà mise en garde mais naïve comme elle était, elle avait refusé d'y croire et, si elle y avait cru par la suite, elle avait refusé d'inquiéter Eléa et les autres avec cette nouvelle. Diane était persuadée que la petite princesse avait tout compris de ce qu'elle lui avait dit mais elle préféra toutefois s'en assurer, se rappelant qu'elle n'avait pas partagé les informations confiées par Esra lors de son précédent rêve, du moins pas toutes les informations car Diane se souvenait bien d'avoir entendu la jeune fille préciser comment venir à bout de deux des Cavaliers, comme le lui avait dit Esra. Mais elle avait occulté le reste ... pourtant, à son réveil, Jelenna donna les précieuses informations que lui avait confié la déesse Sentinelle à Eléa et Asora.

[ Désengagées : Diane, Jelenna ]
[ Fin de la partie intrigue ]

[ Et oui, c'était un peu hard sur la fin .. désolée, la fatigue ^^""" ]