J'ai essayé de rester cohérente mais c'était coton de faire de mon personnage une anti-esclavagiste alors que ses parents sont clairement pour l'esclavage, donc n'hésitez pas à me signaler les incohérences.
Biographie:
La petite fille lorgnait avec curiosité la jeune Nua qui faisait la cuisine. Elle n’avait pas plus de cinq ans, mais ses parents le lui avaient souvent dit : « Ne t’approche pas trop des Nuas ! ». Ils veillaient donc à la tenir éloignée des domestiques. Cependant, ses parents étaient rarement, pour ne pas dire jamais, à la maison lorsqu’elle rentrait de l’école et la laissaient sous l’entière responsabilité de sa nourrice, laquelle se trouvait être contre l’esclavage des Nuas. Elle s’était bien gardé de le dire à ses employeurs mais ne voyait par conséquent aucune raison d’empêcher la petite Iréa de s’approcher des esclaves Nuas. C’était ainsi que la fillette s’était retrouvée à observer, à moitié cachée derrière la porte de la cuisine, cette jeune femme qui pétrissait le pain. Cette dernière l’avait aperçu et, avec un sourire, lui demanda d’une voix douce si elle voulait un verre de lait. La petite fille hésita un instant, songeant à s’enfuir puisqu’elle était découverte, mais elle poussa la porte et entra. Et c’est ainsi que tout commença.
Iréa continua à grandir, sous la tutelle de sa nourrice tolérante, entourée de Nuas. Ses parents l’adoraient mais ne se rendaient pas compte qu’ils étaient trop souvent absents pour suivre vraiment son développement. Ils ne s’aperçurent pas qu’elle absorbait autant de culture et de traditions Nuas que de savoir-vivre Almer, qu’elle considérait les esclaves de la maison comme des membres de la famille, contrairement à tout ce qu’eux croyait. Ils ne s’en aperçurent pas tout de suite…
***
« Mais enfin, Nélia, où aviez-vous la tête ?! Laisser Iréa sous la surveillance d’une Nua ! Nous pensions pouvoir vous faire confiance !
-Monsieur, je pensais…Je savais bien qu’elle ne toucherait pas à Iréa, elle ne se le serait jamais permis ! Cette course était urgente, mais je ne pouvais pas laisser la petite toute seule…Alors je me suis dit que j’allais la confier à cette domestique. Elle n’a jamais causé de problèmes et elle a l’air d’aimer les enfants, je me suis dit qu’Iréa serait bien avec elle. Je n’en avais pas pour longtemps.
-Vous êtes encore jeune, vous ne vous rendez pas bien compte. On-ne-peut-pas-leur-faire-confiance ! C’est de la folie de leur confier un de nos enfants, ne serait-ce que pour quelques minutes. Ils savent très bien cacher leurs intentions ! Et si elle s’était servie d’Iréa pour obtenir des privilèges ? Une petite fille Almer, c’est une occasion en or pour eux ! Et pourquoi n’avez-vous pas envoyé un esclave faire cette course ? Quand je suis rentré, elle lui racontait des histoires ! Qui sait ce qu’elle a pu lui dire ?
-Enfin, Monsieur, je ne vois pas quel mal il y a à cela…C’est normal de raconter des histoires à un enfant…
-Ils ne sont pas comme nous, Nélia ! Le Bénu seul sait ce qu’ils enseignent à leurs enfants ! Il est tout simplement hors de question qu’Iréa soit mêlée à ce genre de choses. C’est une enfant Almer et elle sera élevée comme telle, dans la dignité, l’honneur et le raffinement qui caractérisent notre peuple ; elle n’a rien à faire avec les Nuas, ils ne méritent pas son attention. Je vais devoir discuter avec mon épouse pour savoir ce que nous allons faire de vous. Jusqu’ici, vous vous êtes très bien occupée d’Iréa et pour cela je serais tenté de vous garder, mais c’est tout de même une faute grave. Dans tous les cas, attendez-vous à être punie ! Pour le moment, rentrez chez vous. »
La nourrice quitta la maison et l’œil brun qui avait observé toute la scène par l’entrebâillement de la porte se retira vivement.
***
« Nélia ? »
Iréa, qui avait à présent presque huit ans, tirait sa nourrice par la manche. Quelques jours à peine s’étaient écoulés depuis l’incident. La jeune femme avait été reprise sous conditions par les parents de la fillette. Elle serait payée bien moins que son salaire habituel ce mois-ci et les parents la tiendraient à l’œil. Si tout se passait bien, elle garderait son travail et son salaire serait graduellement augmenté jusqu’à revenir à son salaire normal. Au premier incident, elle serait renvoyée ; et si ces conditions ne lui convenaient pas, elle pouvait présenter sa démission immédiatement.
« Oui, ma chérie ?
-Pourquoi papa était si en colère, l’autre soir ? Il m’a dit que je ne devais pas écouter ce que Moan m’avait dit, que je devais tout oublier et que je n’en avais pas besoin. »
Nélia poussa un soupir : la situation se compliquait. Elle avait déjà de la chance qu’il n’y ait pas eu de problèmes plus tôt ; Iréa était une enfant assez timide et c’était généralement à sa nourrice qu’elle posait ses questions. Nélia avait déjà dû lui expliquer pourquoi elle la laissait s’approcher des Nuas alors que de nombreux adultes ne voulaient pas, et pourquoi ces mêmes adultes étaient si méchants avec eux. Mais jamais les propres parents de la fillette n’avaient été aussi directement impliqués. C’était bien étonnant d’ailleurs, quand on savait ce qu’ils pensaient des Nuas.
Nélia savait bien qu’appliquer ses principes de tolérance même quand elle gardait Iréa la placerait un jour ou l’autre face à de nombreux problèmes, mais elle n’avait tout simplement pas pu lui refuser le contact avec les domestiques et la fillette s’était attachée à eux, particulièrement à Moan, la jeune femme qui lui avait offert un verre de lait quand elle avait cinq ans.
La nourrice se baissa pour regarder l’enfant dans les yeux.
« Ton père n’aime pas beaucoup les Nuas. Il considère que les Almers n’ont rien à faire avec eux, tu comprends ?
-Je crois, oui, mais pourquoi il ne les aime pas ? Les Nuas ne nous ont rien fait de mal, si ?
-Non, ils ne nous ont rien fait. Je ne sais pas pourquoi, mon ange, mais beaucoup d’Almers n’aiment pas les Nuas, tu as déjà dû le remarquer. C’est comme ça.
-Toi, tu les aimes bien.
-Oui, mais il n’y a pas grand-monde qui pense comme moi. Ne le répète pas trop, d’accord ? Les gens n’aiment pas non plus ceux qui ne pensent pas comme eux.
-C’est compliqué, remarqua la fillette en plissant le nez.
-Très compliqué…
-Mais au moins, ils ne t’ont pas renvoyée.
-Comment sais-tu qu’ils voulaient me renvoyer, hein ? Tu as écouté aux portes, c’est ça ? Je t’ai déjà dit, c’est très impoli !
-Je sais, mais quand j’ai entendu papa crier, j’ai eu peur alors je suis venue voir…
-C’est gentil de t’en faire pour moi, mais tu ne dois pas recommencer, d’accord ?
-D’accord. Nélia ?
-Oui ?
-Je peux aller voir Moan à la cuisine ? Elle a dit qu’on ferait des gâteaux !
-Oui, tu peux, et je viens avec toi. »
***
Nélia finit par être renvoyée peu après les onze ans d’Iréa. Malgré ses précautions, ses parents s’étaient aperçus que l’enfant fréquentait toujours les esclaves de la maison. Iréa vécut très mal la chose, d’une part parce qu’elle était très attachée à sa nourrice, plus qu’à ses parents presque toujours absents, d’autre part parce que depuis qu’elle s’était approchée de Moan cinq ans auparavant, elle avait appris beaucoup de choses sur les Nuas et elle n’entendait pas se conformer aux croyances de ses parents. Cet évènement marqua le début d’une période difficile pour elle puisque quelques semaines plus tard, des choses étranges commencèrent à lui arriver. A l’école, dans la rue, chez elle, des émotions qui ne lui appartenaient pas l’assaillaient régulièrement. Des éclats de colère noire et inexpliquée, des instants de joie intense et parfaitement incongrue, des moments de déprime soudaine, comme si un nuage avait brusquement caché le soleil. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et sentait parfois tant d’émotions diverses et contradictoires bouillonner en elle, qu’elle se croyait sur le point d’exploser.
***
Iréa se fraya un chemin au milieu de la foule, les yeux brillants des larmes qu’elle peinait à refouler. Elle allait doucement sur ses treize ans et les altercations avec ses parents se faisaient régulières, maintenant qu’ils avaient compris que les deux ans écoulés n’avaient pas suffi à la remettre dans ce qu’ils appelaient « le droit chemin ». Maintenant qu’ils avaient compris qu’elle n’était pas près de changer d’avis sur les Nuas. Elle continuait, malgré les remontrances de plus en plus violentes, à parler aux esclaves, et parfois à les aider dans leur travail tout en bavardant. Récemment, ses parents avaient vendu Moan, comprenant que c’était à elle qu’Iréa était le plus attachée. L’adolescente était partie en claquant la porte après une nouvelle prise de bec avec sa mère. Un sentiment de gaieté et de légèreté se glissa dans son cœur à l’improviste, elle le repoussa avec violence. Il ne manquait plus que ça ! Les étrangetés l’avaient pourtant laissé tranquille, ces derniers temps, depuis qu’il lui était devenu plus facile de les repousser. Ses yeux embués de larmes fixés sur le sol, elle ne vit pas que l’homme qui arrivait en face d’elle s’était arrêté net et elle le percuta de plein fouet. Elle leva la tête pour s’excuser rapidement avant de s’enfuir, croisa le regard de l’inconnu qui s’était accroupi pour se mettre à sa hauteur, et perdit toute velléité de fuite. Du bleu. Rien que du bleu, pur et intense comme le ciel du désert. Un visage ouvert, respirant la bienveillance. Une onde apaisante qui déferlait sur elle et qu’elle ne songea même pas à repousser.
« Que t’arrive-t-il, petite, pour que tu sois si malheureuse ? Je n’aime pas sentir cette douleur qui s’échappe de toi.
-Que…que…Comment savez-vous que… ? »
Iréa réalisa avec un temps de retard que l’homme n’avait pas ouvert la bouche. Et elle non plus. Elle lui avait répondu instinctivement. Elle le regarda encore, perplexe, presque effrayée.
« Qu…Qui êtes-vous ? »
Un sourire. La peur disparut. Ne resta que l’incompréhension.
« Quelqu’un comme toi. »
***
Iréa effleura distraitement le pelage rêche du chameau qui l’emmenait lentement loin de Ptot Tàh. Après l’étrange rencontre dans la rue, l’homme s’était présenté et lui avait parlé de l’Esprit et des Templiers, lui offrant enfin l’explication de ce qu’elle endurait depuis deux ans. Il l’avait raccompagnée chez elle pour parler à ses parents d’une éventuelle admission au Temple d’Ankdor. Ses parents, bien qu’insatisfaits de leur fille ces derniers temps, avaient eu du mal à la laisser partir. C’était à ce paradoxe que l’adolescente réfléchissait tandis que la ville qui l’avait vue grandir rapetissait dans son dos. Depuis le renvoi de Nélia, les marques d’affection s’étaient faites de plus en plus rares, les disputes de plus en plus fréquentes, pourtant ses parents étaient affligés de se séparer de leur fille unique, et elle-même sentait une pointe de douleur lui vriller le cœur.
« Tu es sûre de ta décision ? finit par demander maître Wellan. »
Iréa sentit une vague rougeur lui monter aux joues. Elle savait désormais qu’il n’ignorait rien de ce qu’elle ressentait.
« C’était le meilleur choix, mais cela n’empêche pas qu’il soit douloureux.
-Des paroles bien sages dans la bouche d’une jeune fille de treize ans à peine.
-Il paraît que je suis parfois surprenante.
-Alors je crois que je n’ai pas fini d’être surpris. »
Il fallut dix minutes à Iréa pour se rendre compte qu’elle n’avait plus mal.
***
Iréa sentit son estomac se nouer à peine le pied posé par terre. Elle ne savait trop bien que ce matin n’était pas ordinaire ; d’ici quelques heures, elle partirait pour sa première mission. Tout en faisant sa toilette et en s’habillant, elle se demandait quelle tâche lui serait assignée, à quel endroit elle devrait se rendre, quel maître l’accompagnerait. Après s’être plus ou moins forcée à manger un peu, elle se rendit dans la salle des maîtres où l’attendaient Maître Jiven et…
« Bonjour, jeune fille.
-Maître Wellan !
-Il semblerait que nous allons repartir sur les routes, toi et moi. »
La jeune fille en question sentit toutes ses craintes s’apaiser. Il était étonnant de constater comment, encore aujourd’hui, la présence de cet homme la rassurait.
***
Debout côte à côte, Maître Jiven et Maître Jacen lui tendaient la garde d’une épée incrustée d’une pierre polie de belle taille. Iréa la saisit respectueusement, la brandit devant elle et se concentra : une lame longue et fine d’une jolie couleur turquoise se matérialisa.
« A compter d’aujourd’hui, vous êtes une Templière. Félicitations. »
Mon heure de gloire...Votre prénom(facultatif):Aude
D'où venez vous? (facultatif) Le beau (et froid) pays de la Mirabelle
Âge (facultatif):Sur votre gauche
Avez-vous lu et approuvé les règles?[Validée par votre conteuse insomniaque favorite (Coco pour les intimes)] paraît-il.
Comment avez-vous connu le forum?Par le partenariat avec Laokess (*minute de silence*)
Idées, remarques ou suggestions?Votre background à rallonge ne m’a pas (trop) effrayée et je suis arrivée au bout sans avoir recours à l’aspirine ni au Paracétamol, Doliprane, Efferalgan et autres ! Vous m’avez l’air bien sympathiques, avec un RP cadré mais pas trop non plus (les systèmes d’expérience et de caractéristiques pour du RP sur forum me font un peu grincer des dents), un bel univers et vous avez de bonnes références (à mon goût). Le thème est aussi très beau, automne comme hiver ; je trouve que c’est une bonne idée de changer de thème en fonction de la saison. En tout cas chapeau à l’artiste pour son beau travail et aussi de pouvoir fournir un thème par saison, je sais pour avoir essayé qu’un thème c’est du boulot!
Wouhou, j'ai fini avant d'aller me coucher! Enfin, je vais quand même y aller, faut que je me lève à une heure décente demain.