Azthia Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs... |
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| [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] | |
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Ilidlin
Nombre de messages : 32 Âge : 30 Race et âge : Astorg de 29 ans Cité : Storghein Métier : Voleur et Fleuriste Feuille de personnageCompétences: Vol-à-la-tire, Manipulation de la nature, discrétion.Compétences bonus: Alchimie /Réputation : (5/10) | |
| Sujet: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 12 Fév - 13:12 | |
| (Hrp : Pour rester cohérent avec la chronologie, je précise que ce topic se déroule un peu avant la mission d'Ilidlin à Storghein. Je ne suis pas sur qu'il faille obligatoirement le faire, mais dans le doute...)
Le soleil déclinait en cette fin de journée dégagée, et Ilidlin enfila son gilet de cuir en espérant y trouver une chaleur réconfortante. Malgré la chaire de poule, il était de bonne humeur, marchant sur la route le ramenant vers Storghein, bien qu'il en soit encore loin. Il n'y avait plus mis les pieds depuis son enfance. Depuis qu'il était parti chasser la piécette avec ses soeurs, en fait, se remémora-t-il. Qu'allait-il faire vraiment à Storghein, finalement ? Rechercher le reste de sa fratrie et se venger de leur manque de compassion ? Juste y fouiner, voler et cueillir des fleurs ? Il ne savait pas vraiment, et il n'avait pas envie de se donner mal à la tête avec des questions inutiles. Il aviserait en temps voulu. Cela dépendrait des humeurs du moment. Pour le moment, il avait mieux faire à profiter de la tranquilité de l'endroit, du vent de liberté le suivant partout sur la route et de l'odeur de la terre récemment mouillée. Voilà quelque chose qu'il appréciait, sacrenom ! Reniflant à pleins nez l'air autour de lui, bien que cela lui fasse mal à la gorge à cause du froid, il soupira d'allégresse. Il aimait cela, voyager, être sur les routes, sans prises de tête aucunes. Bien sur, les soucis de la vie n'étaient jamais bien loin. Mais il lui semblait que la nature les rendaient plus supportables. Comme si, loin des villes, l'amertune se dissolvait dans une quelconque magie. Ilidlin se baissa pour ramasser une violette encore debout malgré la saison, la croqua, et aspira le nectar odorant, avant de le recracher au sol. Voilà quelque chose que beaucoup de gens n'avaient jamais testés : Le nectar de la violette.
Tout à coup, la quiétude des pensées d'Ilidlin fut troublé, alors qu'il regardait droit devant lui : Un inconnu empruntait le même chemin que lui. Pas de quoi se faire de la bile normalement.
Au fur et à mesure que l'inconnu se rapprochait de lui, Ilidlin commença à deviner une forte carrure, ne pouvant en dire plus pour le moment, à part qu'il voyageait à cté de sa bête de somme. Le fleuriste se sentait d'humeur guillerette. Pourquoi ne pas essayer de faire un bout de chemin avec cet homme ? Il aimait discuter avec les voyageurs, voir les détrousser lorsque ceux-ci ne lui plaisaient pas. Si de plus ils empruntaient, pour un moment au moins, la même route, rien ne s'opposait à lui.
Voilà pourquoi lorsque l'homme à moins de trois mètres devant lui, semblant ne pas l'avoir encore remarqué, il l'apostropha :
-B'jour, compagnon voyageur ! Je vois que nous voyageons dans le même sens, et je manque cruellement de compagnie par cette fin de journée. Que diriez vous de faire un bout de chemin ensemble ? Vous me direz ce qui vous amène sur les routes...
Il eut un sourire avenant. Il savait que ce genre de demande était rare, mais il n'en avait cure. Les conventions étaient faites pour ne pas être respectées.
Dernière édition par Ilidlin le Sam 23 Avr - 11:06, édité 2 fois |
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Damatit
Nombre de messages : 161 Race et âge : 47 ans - Almer Cité : Hoshizora Métier : Géographe & Guide Feuille de personnageCompétences: Survie / Agriculture et Pêche / Esprit (Empathie)Compétences bonus: Connaissance des Langues, Histoire et Religion / Cuisine (redonne des forces, apaise, aide à dormir... / Caractéristique améliorée (Vue)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Dim 13 Fév - 5:13 | |
| [Je précise donc que ce RP a lieu avant la mission dans le Passage Gelé et que je me déplace à côté de mon cheval ] La Campagne, cette plaine à perte de vue; ces champs qui se détachent, où les ovins paissent à l'abri; ces chemins cahoteux faits de pavés abîmés. Damatit l'arpentait souvent, il la connaissait par coeur. Il y avait vu de nombreuses merveilles, y avait côtoyait tant de gens. Il savait donc, par expérience, que la Campagne était la croisée des chemins, un immense carrefour. Où que l'on aille la Campagne était le passage obligatoire.
Cette fois-ci, Damatit ne errait pas, il ne profitait pas de la fraîcheur qui précède le crépuscule ou du silence offert par la nature. Il avait une destination, et il ignorait si jamais il reviendrait sur ses pas, si jamais il reverrait l'herbe, le ciel, la lumière. Il allait au Passage Gelé.
Il était une marmite sur le feu, une marmite pleine de soif d'inconnu qui bouillonnait, à deux doigts d'exploser. Il fallait qu'il allât là-bas, et ce même si se serait peut-être la dernière chose qu'il ferait. Il avait marché tout le jour, suivi de Osana qui clopinait derrière lui, les casseroles pendues à ses flancs brinquebalaient en rythme. Étrangement, malgré son âge, Le Bienheureux ne ressentait aucune fatigue, comme si aller accomplir son destin lui donnait une force et une détermination inaccoutumée. Le voyage jusqu'à la Montagne serait long pourtant: il lui faudrait contourner Storghein et aller plus avant encore, jusqu'aux sommets des à-pics qui surplombent la Cité blanche, repousser les frontières de ce monde, et les coucher sur le vélin.
Le cartographe chantonnait des airs indistincts, dont les quelques notes éclataient dans l'air comme des bulles de savon. Non pas qu'il ignorât l'irrémédiabilité de sa situation, pas du tout, Damatit savait pertinemment que personne n'était encore revenu indemne de corps et d'esprit du Passage Gelé. Disons plutôt que l'homme était heureux, car il se sentait accomplir une grande chose. Mais notre Almer ne serait pas parti sans prendre quelques précautions. Il avait, pour le voyage, fait provision de nourriture, de vêtements chauds et de papier. Les cartes qu'il avait déjà faites et qui constituaient son trésor, son patrimoine culturel, sa postérité, il les avait mises en sécurité chez ses vieux parents. Et s'il ne devait pas revenir de la Montagne, eh bien il savait qu'une personne de confiance irait les chercher, et les mettre en sécurité pour les siècles à venir. Damatit n'avait pas à s'en faire: le monde ne l'ignorerait pas.
Le sourire aux coins des lèvres, comme toujours, il repensait à son existence pérégrine, à tous ces amis qu'il avait eus, à toutes ces femmes qu'il avait serré contre lui. Il se ressouvenait de l'odeur des auberges, du bruit du papier qui gratte contre le papyrus, du bleu de la robe satinée de Volesprit. Son image s'imposa à l'esprit de Damatit et ce-dernier ne put s'empêcher de frissonner lorsqu'il songea à l'éclat de ses yeux, au parfum de ses cheveux blonds, aux tonalités suaves de sa voix, à la vivacité de sa pensée, et à la saveur sucrée de ses lèvres humides. Si Damatit ne revenait pas de cette expédition, il mourrait en ayant vu sa séraphine, et cela lui encaustiquait l'âme.
Souffleneige était bien là, et cela se ressentait dans l'air. S'il ne neigeait pas, le froid était saisissant lorsque le Soleil déclinait, et des volutes de buée sortaient des naseaux de Osana qui s'ankylosait. *Quelle folie de t'emmener avec toi ma grosse* , pensait l'Almer en la voyait claudiquer. *Si je n'avais pas rencontré ici-même trois ménades, tu ne serais pas là. C'est cette petite, Cléa, qui m'a recommandé de te prendre avec moi. Tu serais à l'écurie sinon, bien au chaud, tu le sais bien.* Elle se faisait vieille, la jument Osana, c'était bien vrai.
C'est ainsi que, perdu dans les dédales de ses pensées, Damatit le Bienheureux cheminait. Il éludait tout ce qui l'entourait, et ne s'était pas aperçu qu'un baroudeur le suivait, et le rattrapait déjà :B'jour, compagnon voyageur ! Je vois que nous voyageons dans le même sens, et je manque cruellement de compagnie par cette fin de journée. Que diriez vous de faire un bout de chemin ensemble ? Vous me direz ce qui vous amène sur les routes...Damatit s'immobilisa en entendant le timbre masculin qui s'élevait derrière lui. Décidément, la Campagne répondait à sa réputation de nid de rencontres. Allégrement, il se retourne, ne sachant pas encore à qui il aurait affaire. Son Intuition lui soufflait qu'il n'avait rien à craindre de cet homme, ce qui était une bonne chose: Damatit n'avait que des plumes et de la nourriture dans ses besaces, et il avait besoin des deux s'il voulait aller par-devant son destin.De la compagnie? Par tous les dieux, ce n'est pas de refus, haha! Mon vieux canasson manque de conversation. Le nouvel arrivant se rapproche : il a l'air robuste, avec cette démarche et ces yeux bruns. Damatit lui serre chaleureusement la main: sa poigne est ferme, ses mains sont lisses. Une odeur sucrée l'entoure.Nous autres baroudeurs aimons aller ensemble, n'est-ce-pas? Je me nomme Damatit, enchanté de faire votre connaissance.Le ciel bleu pâle s'assombrissait à mesure que le soleil déclinait. L'herbe parsemée de perce-neige s'immobilisait doucement. Peut-être était-ce le dernier voyage, et la dernière rencontre... |
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Ilidlin
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Lun 14 Fév - 5:56 | |
| Que pouvait on dire de cet homme, à première vue ? Un bon bougre fut ce qui vint en premier à l'esprit d'Ilidlin. Souriant, semblant sincère. La quarantaine mal gérée, un physique peu facile, un sourire jovial, une tête de rêveur. Voilà qui décrivait bien le personnage. Mais après, il ne fallait jamais se fier aux apparences. Des physiques pleins de charmes pouvaient révéler une âme traîtresse, froide et calculatrice, tout autant qu'un bossu laid pouvait être en fait un grand sage. Donc, un sourire ne voulait pas forcément dire bonnes intentions. Aux contraire, pensa même Ilidlin. Mais pour l'instant, nul raison de s'inquiéter. Du haut de son jeune âge, Ilidlin était surement plus réactif que son compagnon en cours d'acquisition : Une quelconque agression serait aisée à éviter. Il essaya alors de déterminer sa provenance. Il aurait gagé être face à un Almer, ayant déjà vu les stéréotypes physiques de ce peuple. Il se demandait bien ce qu'un de ces habitants du désert pouvait faire dans les environs.
- De la compagnie? Par tous les dieux, ce n'est pas de refus, haha! Mon vieux canasson manque de conversation. Nous autres baroudeurs aimons aller ensemble, n'est-ce-pas? Je me nomme Damatit, enchanté de faire votre connaissance.
Voilà qui convenait fort bien à Ilidlin. L'homme devait avoir lui aussi beaucoup parcouru les routes pour accepter si facilement de la compagnie. Le vagabond se fendit d'un large sourire. Vraiment, il sentait que l'homme serait de bonne compagnie.
- Tout à fait, et voilà déjà un point commun que je nous ai trouvé : J'aime moi aussi discutailler avec les gens que je ne connais pas. Surtout lorsque nous n'avons à partager comme en ce moment, qu'une même destination et une quiétude pouvant être pesante à la longue.
Ilidlin se détendit, et adopta le ryhtme de son nouveau compagnon. Rien ne le pressait de revenir à Storghein, il ne voyait aucun inconvénient à marcher un peu moins vite. Puis il tendit la main, tout en marchant, pour serrer celle qui viendrait surement en face. - Je me nomme Ilidlin. Je suis un fleuriste itinérant louant mes services au plus offrant, et je retourne en ce moment même à ma ville natale, la fière Storghein. Inutile de me demander dans quel but, je serais bien incapable de vous le dire moi-même. Je me contente de suivre mon destin, n'ayant aucune attache dans aucune ville, pas même celle vers laquelle je me dirige.
Se rendant compte qu'il monopolisait la parole, il demanda :
- Mais, et vous ? Qui êtres-vous ?D'ou venez vous ? Je ne vous crois pas Astorg. Que faîtes vous donc sur cette route ? A moins que ce ne soit indiscret et que vous préféreriez garder cela secret.
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Damatit
Nombre de messages : 161 Race et âge : 47 ans - Almer Cité : Hoshizora Métier : Géographe & Guide Feuille de personnageCompétences: Survie / Agriculture et Pêche / Esprit (Empathie)Compétences bonus: Connaissance des Langues, Histoire et Religion / Cuisine (redonne des forces, apaise, aide à dormir... / Caractéristique améliorée (Vue)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Jeu 17 Fév - 7:57 | |
| Suivre son destin, une entreprise téméraire. Il était aisé de tourner le dos aux réalités, de se voiler la face et de faire sa vie les yeux aveugles à la lumière bien évidente de la destinée; il était en revanche bien plus difficile parfois de se laisser aller à la vie qui défile et qui enveloppe tout dans un tourbillon inextricable.
Longtemps Damatit avait cru l'existence qu'il menait douce et plaisante, sans défaut aucun. Il songeait que n'être obligé de personne, de pouvoir aller là où il le voulait, autant de temps que cela lui chantait, que c'était ça que de vivre en homme libre. Mais le Bienheureux avait eu tort, et aujourd'hui il posait un regard nouveau sur le monde et sur sa place au-sein de celui-ci. Chaque être vivant doit apporter sa pierre à l'édifice de l'existence, donner un peu de son âme au Tout, et quitter la terre en laissant son oeuvre quelque part. Égoïste était celui qui voulait vivre sans l'Autre, et pour lui exclusivement; loin des évènements du monde, en ermite égocentrique. L'homme libre, c'était celui qui avait fait le choix de se livrer tout entier au fatum; et c'était en homme libre que Le Bienheureux allait au Passage Gelé.
Le quadragénaire était plein de ces idées philosophiques quand Ilidlin vint le rejoindre. C'est donc en homme distrait, assez peu ressemblant au Damatit de tous les jours, qu'il se présenta à l'Astrog nouveau-venu:
Qui suis-je? D'où vins-je? Où vais-je? répéta Damatit en écho aux interrogations d'Ilidlin. Je suis l'homme vieillissant venu du désert, qui s'en va affronter l'inconnu , poussé par un lointain souffle. Réponse certes sibylline, mais irréfragable.
L'air absent, il avançait dans La Campagne aux côtés d'Osana, comme si souvent il avait pu le faire durant ses travaux. Il s'appuyait assez conséquemment sur son bâton d'ébène qui le dépassait d'une tête en hauteur, et humait l'air frais qui flottait alentours. Physiquement, Damatit était avec le fleuriste astrog, mais spirituellement, il se remémorait certains instants de son existence, comme pour faire le bilan de son passage sur Azthia, tentant d'attraper dans son esprit embrumé les réminiscences passant par là. Il avait totalement occulté la présence du bourlingueur, et s'il paraissait impoli aux yeux de ce-dernier, c'eût été légitime: personne n'aime bien se sentir transparent.
Pendant un temps encore, il avança en silence, l'air hagard. Ilidlin se positionnait sur sa droite, en léger retrait par rapport à lui. Damatit ne pouvait pas voir son air, s'il était fâché, inquiet, ou bien préoccupé, comme lui-même l'était. Non pas qu'il se fichait de ce compagnon de route, ne vous y trompez pas, mais comprenez bien que le Bienheureux était songeur, perdu dans un labyrinthe intérieur où rodait Minotaure, sans fils d'Ariane pour le guider. Son Ariane à lui d'ailleurs, il l'avait laissée au Carrousel de Tawana, et ignorait encore s'il aurait un jour l'enchantement de la revoir. Quand il repensait à sa jolie figure toute ruisselante de larmes, cela lui nouait la gorge.
Hum, excusez le vieillard que je deviens: j'avais l'esprit ailleurs. Le Bienheureux avait rompu le silence assez subitement pour faire hennir Osana. Il s'était soudain rendu compte de la distraction dont il avait été atteint, et éclaté promptement la bulle dans laquelle il était enfermé. Le visage de Volesprit se dispersa aussi vite, et il ne persistait d'elle d'une volatile odeur de cigarette.
L'air et le voyage me montent à la tête, Haha! Et me voilà perdu dans de folles idées qui vous seraient bien obscures! Vous disiez être fleuriste? Oh, c'est une bonne chose, j'aime beaucoup les fleurs voyez-vous. Vous en allez-vous quérir un emploi dans quelque boutique? Ou êtes vous de ces commerçants nomades qui se promènent avec des carrioles sur tous les marchés?
Il fallait que Damatit s'intéressât à Idilin pour qu'il évitât de penser que chaque pas qu'il faisait le rapprochait indubitablement de l'imparable destinée, cette figure gigantesque et floue, qui tenait en ses mains dissimulées les clefs de toute chose. |
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Ilidlin
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 19 Fév - 10:41 | |
| Il semblait fortement absorbé dans ses pensées, et peu intéressé au final par la conversation d'Ilidlin, malgré l'enthousiasme qu'il avait montré au départ. Il répondit par une phrase évasive :
- Qui suis-je? D'où vins-je? Où vais-je? Je suis l'homme vieillissant venu du désert, qui s'en va affronter l'inconnu , poussé par un lointain souffle.
Une âme de poète ? Ou alors avait-il en fait prit tout ce temps ou il avait semblé pensif à construire ce maigre assemblage de mots plutôt élégant ? Ilidlin aurait penché pour la première solution, mais on n'était jamais sur de rien, après tout. Pour avoir, lors de ses longues journées de mendicité, côtoyé les populations de la rue, il avait assisté à nombreuses représentations de théâtre et savait à peu près reconnaître, voir exprimer, du lyrisme. Soudain, Damatit sembla se reprendre et quitter les landes sinueuses de ses songes éveillés.
-Hum, excusez le vieillard que je deviens: j'avais l'esprit ailleurs.
Le cheval hennit de surprise tant le changement fut soudain. Avec un signe de tête signifiant qu'il n'en avait cure, Ilidlin sortit sa pipe de la poche ventrale de sa tunique, la bourra d'un peu de tabac, et se préoccupa de l'allumer avec le briquet à amadou qu'il gardait depuis maintenant près d'un an.
-L'air et le voyage me montent à la tête, Haha! Et me voilà perdu dans de folles idées qui vous seraient bien obscures! Vous disiez être fleuriste? Oh, c'est une bonne chose, j'aime beaucoup les fleurs voyez-vous. Vous en allez-vous quérir un emploi dans quelque boutique? Ou êtes vous de ces commerçants nomades qui se promènent avec des carrioles sur tous les marchés?
-Oh, vous savez, j'ai eu moi aussi de mauvaises périodes ponctuées d'idées sombres et déprimantes. Mais j'ai fini par comprendre que se morfondre et geindre à longueur de journée n'est point plus utile que de se tartiner de crotte de chat en espérant être chanceux. Depuis, j'ai prit l'habitude de jérémier le moins possible. Mais bast, je m'égare. Je suis bien fleuriste, oui, mais sans emploi fixe. Je cueille mes marchandises au gré de mes périples, et revends mes récoltes lorsque je passe dans les cités : Ajouter à cela de menus services éxécutés un peu partout, et j'ai de quoi vivre. Avoir plus d'argent que nécessaire ne m'intéresse point plus.
Il repensa au fait que Damatit avait dit venir du désert : Surement était-il Almer. Cela correspondait plutôt bien avec son physique.
- Vous venez du désert ? Je gage que vous avez une demeure à Ptot tàh, alors ? J'y ai passé quelques mois, dans mon enfance, mais je ne supportais pas la chaleur, aors j'ai vite reprit le chemin du Nord, reprit Ilidlin en mentionnant la période ou il mendiait à Ptot tàh. Mais que faîtes vous si loin de votre ville ?
Tout comme il n'avait pas supporté la chaleur du désert, il doutait qu'un Almer supporte les hivers glacials de Storghein, d'ou ses interrogations. |
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Damatit
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 26 Fév - 7:34 | |
| La Campagne défilait sous leurs pas. Damatit et Ilidlin avait marché plusieurs heures ensemble .
Le Bienheureux avait retrouvé sa bonne humeur habituelle, et bavassait de bon coeur: "Non je n'ai pas de maison à Ptot Tàh"," Oui, ma mère est très gentille","J'ai recueilli ce cheval à la naissance, vous voulez que je vous raconte?"Il ne tarissait pas, et riait tout le temps, en oubliant l'irréversibilité de sa quête, le froid qui l'attendrait, l'Inconnu et toutes ces autres choses. Quand le fleuriste lui avait demandé ce qu'il faisait si loin du désert, Le Bienheureux ne s'était pas étalé; il avait des affaires à remplir, rien de plus.
Mais le soleil était bel et bien couché maintenant, et le froid les prenait doucement, en les ankylosant. Osana avait de plus de plus de mal à avancer, Damatit reprenait un peu plus bruyamment qu'auparavant sa respiration. Il faudrait bientôt qu'ils s'arrêtent, pour reprendre des forces pendant la nuit.
C'est Le Bienheureux qui proposa le premier de poser le campement. Il sortit d'une besace une toile épaisse et quelques piquets qu'il assembla rapidement pour en faire de longues tiges flexibles et légères. Ilidlin l'aidait, car Damatit était un peu pataud, mais la Survie, ça le connaissait. En une demi-heure à peine, un feu était allumé, le tipi monté, et Damatit et son Intuition avait pêché quelques truites dans une mare que l'Almer connaissait. Oh, La Campagne est mon amie! Je l'ai parcourue un million de fois, dessinée deux fois plus, et aimé infiniment. Elle me le rend bien, et je vais vous faire des truites aux herbes que vous ne regretterez pas! D'ailleurs, si vous savez quelque plante culinaire utile, je vous en serai reconnaissant!
Le vieux s'affairait, le cheval paissait, le voyageur souriait; tout cela sous la bienveillante Campagne qui disait au revoir à un ami.
Dernière édition par Damatit le Lun 28 Fév - 10:07, édité 1 fois |
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Ilidlin
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 26 Fév - 13:38 | |
| Le temps passa, sans qu'aucune discution réellement passionante ne trouve sa place. L'homme, malgré sa bonne humeur, semblait toujours un peu plongé dans ses pensées, comme préoccupé par quelque chose qu'il envisagerait toutefois sereinement. Mais Ilidlin n'y fit vite plus attention, et ils parlèrent de tout et de rien pendant plusieurs heures. Les froids vint les cueillir un peu plus tard, et si le vagabond le supportait sans problèmes, ce n'était pas le cas du vieil homme et de sa jument. Ils finirent donc par s'arrêter en bordure du sentier, et s'affairèrent à monter un campement correcte, et Damatit se montra bien équipé pour cela. Après une pêche rapide mais fructueuse, il fut proposé à Ilidlin de trouver quelques herbes d'assaisonnements, ce dont il s'acquitta avec plaisir.
Connaissant bien les plantes, surtout si prêt de sa ville natale, il put ramener de larges poignées de thym, et trouva même un peu de persil qu'il offrit à soin compagnon pour leur repas du soir. Lorsqu'ils furent rassasiés, Ilidlin décida de s'intéresser un peu plus à son compagnon. Il nourrissait de plus en plus l'idée de forger un contre-pouvoir qui unirait des personnes de toutes les origines, même si de par sa naissance, Ilidlin préferait la compagnie des Astorgs. Il avait entendu parler de la guilde des voleurs lors de ses vagabondages, et avait pour ambition de s'y intégrer le plus vite possible. Mais tisser un réseau de relations et se faire dors et déjà des connaissances de par le monde ne pouvait-être qu'utile.
- Et sinon, comment gagnez vous votre vie, vous qui arpentez le monde tant que ça ? Vivez vous en exploitant d'autres hommes comme a coutume de le faire votre peuple, ou êtes vous vraiment seulement un pêcheur et géographe itinérant ?
De ses réponses pouvaient découler plusieurs choses. Damatit semblait être un bon bougre, mais eut-il révéler un penchant à mépriser les pauvres et à les persécuter qu'il pourrait se réveiller le lendemain sans rien de plus que ses habits, le reste ayant disparu avec Ilidlin. Mais qu'il lui révèle des principes semblables aux siens, et il trouverait un fort intérêt en Ilidlin, qui n'attendait que de trouver des gens comme lui. Il avait besoin de se faire une place dans ce monde. Trop longtemps, il avait attendu que la pitié et la compassion des autres l'aide. Mais il n'avait rien trouvé de satisfaisant ainsi, il était temps pour lui de démarrer sa nouvelle vie, et plus jamais il ne compterait sur les autres... Même s'il ne pouvait changer le monde seul. Il avait besoin de connaître des gens, l'union étant la plus forte des forces. |
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Damatit
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Lun 28 Fév - 10:05 | |
| L'air nocturne grisait le Bienheureux qui, confortablement adossé sur le flanc de sa jument, bavassait au chaud sous une couverture.
Ilidlin se révéla être de bonne compagnie: il était curieux et enjoué, et Damatit se sentait tout à son aise avec lui. Demain, s'ils marchaient à un bon rythme, ils verraient Storghein tout là-haut dans les Montagnes, et Damatit ferait ses au revoir au fleuriste, persistant plus avant dans les entrailles de pierre. Mais pour l'heure, Le Bienheureux n'y pensait pas encore. Il s'était relevé un peu en grimaçant, avait sorti les deux mains de sous la couverture chaude, et faisait de grands gestes tout en parlant de La Cohorte, cette confrérie dont il était le noyau.
Oh, un fleuriste nous serait bien profitable! C'est une chose qu'il manque dans notre groupe!, disait-il. Il argumentait de mille et une façon, en découvrant ses dents blanches à l'adresse d'Ilidlin. Après qu'il eut raconté la genèse de La Cohorte, les missions qu'elle avait déjà remplies, en mettant l'accent sur la solidarité, l'entraide et l'amour de son prochain, Ilidlin, a priori plus matérialiste, lui demanda comment lui, Damatit le Bienheureux, gagnait sa vie.
Je ne sais pas s'il releva ou non la connotation réprobatrice des propos d'Ilidlin; quoi qu'il en soit, c'est avec une voix animée, qui tranchait le calme nocturne qu'il répondit:
Eheh! Je ne suis pas pêcheur, c'est simplement que j'adore ça pêcher! Pour gagner ma vie, voyez-vous, eh bien je fais comme tout le monde, Haha! J'épargne! Je fais quelques courses pour des marchands affairés, je rend service à des personnes âgées, je nettoie les demeures cossues des cités où je séjourne... Eh! Cela fait vingt ans que j'arpente les terres d'Azthia! Vingt ans que je baroude et que je rencontre! Je peux vous le dire: j'en connais des gens, et pas mal de gens me connaissent! Haha! Quand j'arrive quelque part, que j'aille dans mon auberge favorite ou que je me promène dans les ruelles, c'est toujours la même chose: on m'aborde, on m'invite quelque part, on me propose quelques courses. Pas reluisantes eh! Je n'suis pas riche moi! Mais je m'débrouille, pour un vieux. Il discourait sans malice, sincère et riant comme à l'accoutumée. Ses petits yeux pétillaient dans l'obscurité de l'hiver. Il venait à peine de se taire (il avait parlé sans discontinuer ou reprendre son souffle), qu'il ajouta non sans une pointe de fierté dans la voix: Il m'arrive de dessiner aussi. Sa "senestre magique"! Cela faisait longtemps qu'on n'en avait pas entendu parler! Encore quelques minutes, et il exposerait quelques unes de ses esquisses à Ilidlin, rien que par amour-propre. Damatit le Bienheureux était bon enfant, et, sans tomber dans la fatuité, il lui arrivait parfois de se jeter des fleurs, de s'autocongratuler, une note suffisante dans la voix, pour le plaisir. C'était drôle, c'était gentil, et sans aucune mauvaises intentions: le Bienheureux était comme ça, c'était tout.
Le temps passa un peu avant qu'un évènement n'arrivât. Damatit, baillant de fatigue, venait de replier délicatement ses rouleaux de parchemin qu'il avait -inopinément- déroulés pour Ilidlin, auquel les dessins semblaient avoir plu. Il s'en était allé se coucher sous la tente, et tournicotait dans les tissus, incapable de trouver le sommeil, lorsque Osana hennit fortement. Aussitôt, Damatit se releva, secoua Ilidlin qui se trouvait à ses côtés en murmurant, angoissé :
Il me semble avoir entendu un bruit! Chut, taisez-vous et il regarde de tous côtés pendant une seconde: Mon Intuition m'ordonne de déguerpir, et vite! Allons nous cacher dans un fourré avec les bêtes, et attendons tapis dans la noirceur! Tout en chuchotant frénétiquement, Damatit le Bienheureux pliait sa couverture sans finesse. Il sortit à pieds nus dans l'air glacé de l'hiver, et fourra le tout dans la besace de sa jument.Mais dépêchez-vous, bon sang! Le temps presse! |
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Ilidlin
Nombre de messages : 32 Âge : 30 Race et âge : Astorg de 29 ans Cité : Storghein Métier : Voleur et Fleuriste Feuille de personnageCompétences: Vol-à-la-tire, Manipulation de la nature, discrétion.Compétences bonus: Alchimie /Réputation : (5/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Ven 4 Mar - 9:54 | |
| Au final, Ilidlin était content : Damatit n'était pas une riche personne comme celles qu'Ilidlin avait dans les vues de détrôner (car, oui, tout les riches ne se trouvaient pas à portée de son courroux entêté), et en plus, il avait appris l'existence d'une organisation connue sous le nom de Cohorte qui correspondait parfaitement à ce qu'Ilidlin cherchait : Elle tendait à tisser un fort tissu de relations entre personnes de toutes les horizons : Exactement ce dont il avait besoin. Il faudrait qu'il demande, avant de le quitter, au vieil homme ou il pourrait aller pour s'intégrer à cette organisation. Il faudrait certes aussi une fois à Storghein qu'il s'intéresse à la guilde des Voleurs à laquelle il s'était enfin décider à intégrer. Malheureusement, cette organisation là était secrète, et il devrait soit attendre de trouver un informateur zélé ou bien n sursaut du destin pour prendre contact. Le reste se ferait de lui-même : Il avait confiance en ses capacités.
La soirée passa tranquillement auprès du feu. Les rares défauts du vieil homme n'étaient rien de plus qu'une légère tendance à monopoliser la parole et par moment une pointe de suffisance inutile : Rien de vraiment gênant, et Ilidlin trouva plaisir à discuter tout du long, à regarder les quelques dessins que l'homme et à manger la truite aux herbes. Malgré sa rancoeur envers certaines personnes sur ce contient, il n'était pas du genre à geindre et à ruminer ses desseins. D'ailleurs, Ilidlin recherchait avant tout la sérénité, dans la vie. Si celle-ci passait par le combat pour ses valeurs : Ainsi il devrait être. Mais jamais il ne s'abaisserait à se laisser dominer par sa colère ou ses sentiments : L'acceptation du monde tel qu'il était était ce qu'il jugeait comme une de ses plus grande qualité. Ils se couchèrent dans la tente de fortune de Damatit : Il n'était pas déplaisant d'avoir quelque chose entre la brise de la nuit et lui, en cette saison d'hiver, bien que le vagabond ait déjà passé plusieurs nuits avec comme seul apport de chaleur celui d'un buisson de fougères. Il fronça les sourcils à ses souvenirs horribles, et tâcha de trouver le sommeil, quand :
Il me semble avoir entendu un bruit! Chut, taisez-vous et il regarde de tous côtés pendant une seconde: Mon Intuition m'ordonne de déguerpir, et vite! Allons nous cacher dans un fourré avec les bêtes, et attendons tapis dans la noirceur! Mais dépêchez-vous, bon sang! Le temps presse!
Réveillé instantanément par cet empressement, Ilidlin sortit de la tente, agenouillé avec sa petite arbalète en main, sans même penser qu'il ne s'agissait peut être que d'un loup en maraude, et imaginant les pires scénarios. La panique du vieil homme avait eu cet effet sur lui. Il s'empressa de se dissimuler dans l'ombre d'un petit arbre dont les branches basses le dissimulaient à tout observateur peu attentif, et il entreprit de regarder tout autour de lui, à la recherche d'une menace éventuelle, tandis que son index était négligemment posé sur la réserve de carreaux à son flanc droit.
[HRP : ???]
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Damatit
Nombre de messages : 161 Race et âge : 47 ans - Almer Cité : Hoshizora Métier : Géographe & Guide Feuille de personnageCompétences: Survie / Agriculture et Pêche / Esprit (Empathie)Compétences bonus: Connaissance des Langues, Histoire et Religion / Cuisine (redonne des forces, apaise, aide à dormir... / Caractéristique améliorée (Vue)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Ven 11 Mar - 5:20 | |
| Damatit et ses intuitions! Quelle affaire! Au beau milieu de la nuit, dans une tenue qui ne se prêtait pas vraiment à la chose, le Bienheureux se tenait dans un petit buisson, non loin de l'endroit où, quelques minutes auparavant, se trouvait le campement.
Il s'était réfugié dans des halliers, qui, manquent de chance, étaient épineux. La position qu'avait adoptée le quadragénaire, à mi-chemin entre le camouflage et l'espionnage, n'était pas des plus confortables. Il scrutait l'obscurité, à demi accroupi et les pieds nus sur l'herbe humide. C'était l'hiver, ne l'oublions pas, et les températures aux abords de Storghein descendaient bien bas. Il claquait des dents si fort que si des brigands s'approchaient de lui, ces-derniers le repéreraient tout de suite. D'autant plus qu'il y avait Osana, la jument dévouée mais imposante de l'Almer, qui avait profité de cette virée nocturne pour aller paître un peu plus loin les plantes grasses de la forêt.
De son côté Ididlin, était bien plus discret. Il s'était fondu dans les ténèbres avec tant de facilité que Damatit avait l'impression d'être tout seul, en proie à un danger qu'il avait su pressentir, mais pas identifier. Damatit le Bienheureux était un trouillard, sachez-le. Il ne s'exposait aux conflits que lorsqu'il y était contraint; et, même en ces occasions, il fuyait dès que possible, ou implorait son bourreau à genoux de le laisser partir. Certes, ce comportement n'était pas reluisant, mais il lui avait permis de se sortir d'affaire bien des fois, et Damatit le Bienheureux n'en avait pas honte.
Pendant que le quadragénaire en pyjama grelottait de froid, le regard fixé sur l'immensité noire, un silence pesant avait pris ses aises dans la Campagne. Le feu de camp, qu'on avait éteint juste avant de déguerpir, fumait encore et laissait s'échapper une délicieuse odeur de bois brûlé ainsi qu'une fumée grise qui s'évanouissait en volutes épaisses sous la Lune. Il n'y avait pas de vent, fort heureusement d'ailleurs, mais une fraîcheur envahissante qui glaçait. Alentours, hormis le bruit de quelques cendres survivantes qui crépitaient dans le foyer, il n'y avait aucun son; pas même celui de oiseau chasseur.
Mais qu'est-ce qui avait pu exciter à ce point l'Intuition de Damatit? Une bête, un homme... ou pire encore?
De longues minutes passèrent ainsi sans qu'aucun mouvement ne vienne troubler l'environnement. Damatit, toujours sur le qui-vive, congelait doucement, et si une drôle d'impression ne lui tenaillait pas les entrailles, il serait volontiers allé remonter sa tente et se recoucher, car lutter contre le sommeil et les courbatures devenait difficile, et lui semblait vain. Mais la peur le crispait: il n'osait même pas se retourner vers Ilidlin pour lui donner une explication, qui de toute manière, aurait été irrationnelle.
Et puis... une branche craqua, puis une autre: cela provenait d'en face, dans un fourré opposé. Osana hennit, rabroua, et tapa de ses sabots sur l'herbe en soufflant bruyamment par les naseaux: elle avait peur.
Désormais, Damatit le Bienheureux était comme pétrifié: on eût pu le croire mort tellement son immobilisme était prononcé. Dans un murmure il prononça: La voilà... Et il tourna de l'oeil, laissant Ilidlin seul face au danger qui arrivait.
[Désolé pour le retard >.<]
Dernière édition par Damatit le Mer 16 Mar - 11:17, édité 1 fois |
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Damatit
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Ven 11 Mar - 6:19 | |
| Han Han Han. La chose ahanait dans l'obscurité. Mais que faisait-elle ici, si près des routes fréquentées, elle qui d'habitude survivait, cachée dans des places inconnues des hommes, et fuient des bêtes?
Han Han Han. Je pense qu'elle avait faim, que les charognes se faisaient rares à cette époque de l'année, et qu'il lui fallait se sustenter de chair chaude.
Elle avance vite, sans se soucier de la froideur hivernale ni des branches mortes qui la blessent: la chose sait où elle se dirige, elle l'a sentie, elle a senti la nourriture, et s'est mise en chasse. Chaque minute qui passe tord un peu plus son estomac vide. Elle grogne et elle soupire; elle renifle et elle gémit: elle approche. L'euphorie l'emporte sur la faim, et elle se met à aller plus vite encore.
La nuit au-dessus d'elle la baigne dans un clair-obscure mystérieux. La Campagne est belle, mais elle n'en a que faire: seule la promesse d'une pitance proche la meut; le reste lui est indifférent.
Depuis combien de temps va-t-elle ainsi, cette créature affamée? Elle a fait des kilomètres, puisque les malheureux qui l'on aperçue étaient au-délà de Storghein, dans les forêts éternelles. Des lieues d'errance et de souffrance, seule et loin des hommes.
Han Han Han. La chose s'arrête. Elle est essoufflée, et peine à reprendre sa respiration. Au bout d'une minute, enfin elle est calmée. Elle jette un regard fou et inquisiteur autour d'elle: elle est alors dans un breuil. Une délicate odeur d'homme et de bête a envahi l'air. La créature l'hume avec délice, en relevant la tête vers la Lune qui éclaire brièvement son visage ravagé et fait reluire ses yeux verts et fous.
La chasse va prendre fin: les proies sont à portée, toute proche. L'atmosphère exhale leur odeur délicate: elle fera bonne chère ce soir. Un sourire gercé vient fendre les traits de la traqueuse, et elle ricane doucement, en reprenant son avancée avec plus de délicatesse.
Il ne faut pas effrayer les pauvres victimes; il faut se glisser tout près d'elle et les écorcher vives, sans leur faire peur. C'est si dur, la chose aurait envie de foncer en hurlant sous la Lune pâle et de remplir sa panse si creuse.
Encore quelques pas et elle arriverait à la source de son bonheur: ils sont là, dans cette petite clairière, tout prêts pour elle.
Elle qui? Qui est cette créature famélique et vagabonde?
C'est Loëlia.
Croyez-moi, fut un temps où cette chose fut belle et humaine. C'était une enfant joyeuse, comme les autres, qui un jour revint de ses frasques forestières totalement métamorphosée. Incapable de s'exprimer ou de reconnaître ceux qui jadis l'ont aimée, elle erre dans les forêts, incapable de coexister avec la race humaine. Le secret de sa survivance n'est pas éclairci.On devine néanmoins l'existence difficile qu'elle mène lorsque que l'on voit les nombreuses blessures sur son corps, les guenilles qu'elle porte et sa manière animale de se mouvoir.
A quatre pattes, Loëlia arrive sur la clairière. La lumière lunaire l'éblouit une seconde tout au plus. Elle regarde avidement en direction du feu mourant, espérant peut-être voir ses prochaines victimes encore debout, prêtes à vivre leurs derniers instants.
Mais il n'y a plus rien. Ni homme, ni bête, rien que des braises encore chaudes au centre de la clairière. Loëlia se précipite en poussant des grognements hargneux. Elle se lève sur ses deux jambes frêles et griffées, on dirait presque une petite fille normale. Elle tourne autour du feu, jette des regards affolés. Son ventre hurle de douleur: elle a faim! Où sont passées ses victimes? D'où venaient ce fumet si alléchant? Son estomac vocifère, Loëlia souffre atrocement. Elle crie désormais à la Lune, comme une bête enragée. La faim lui fait perdre tout repère, et elle titube, désorientée, incapable de savoir où se trouvent ceux dont elle a tant rêvé de se délecter.
Si Loëlia n'avait pas oublié le langage, au lieu de grogner et de geindre, elle mugirait la phrase suivante: Si je les vois, je les mange! [A toi de gérer ] |
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Ilidlin
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Jeu 17 Mar - 10:46 | |
| Ilidlin crut discerner un léger bruit sourd lorsque l'infortuné Damatit tomba dans les pommes. Il attendit plusieurs minutes dans l'obscurité avant que cela advint, ce qui put expliquer son léger sursaut. Après cela, il reprit son attente tranquille, caché derrière son feuillu. Un léger bruit de pas était apparu. Il l'écouta approcher, sans pouvoir déterminer si c'était un pas humain ou une bête. Il ne savait quelle solution était la meilleure : Une bête les trouverait facilement au flair, d'autant plus que la froideur des fleuves à cet période hivernale rendait la toilette moins fréquente qu'en été. Mais d'un autre coté, une bête serait plus facile à repousser : Un seul carreau bien placé suffirait à la faire fuir, si elle n'était pas déjà apeurée par sa seule présence. Un brigand serait plus attentif et rusé.
Toujours aux aguets, quelle ne fut pas la surprise du vagabond lorsque finalement, ce fut un bipède de la taille d'un enfant qui se pointa dans la clairière. Il allait sortir de ses buissons quand il remarqua l'étrange comportement de l'enfant. Il renâclait et ahanait comme une bête, s'il n'en avait pas la démarche. Il semblait fortement contrarié par la non-présence d'aucun être vivant dans les alentours de la tente. Il se mit à courir en rond en gémissant et en se tenant le ventre. Si, à la maigre lueur de la lune, Ilidlin n'avait pu voir que beaucoup de signe d'humanité avaient déserté le visage de l'étrange gamin, il en aurait presque eu pitié, car il avait bien connu les affres de la faim, lorsqu'il était jeune. Que devait-il faire ? Attendre, ainsi, que... ca... s'en aille ? Vu l'état de fureur de la créature, il courait peu de risques qu'elle se lance dans une fouille attentive. Mais elle pourrait quand même le trouver. Et il répugnait à tirer sur un enfant. Il pensa alors qu'il ne pourrait de toute façon pas laisser Damatit : Il devrait rester et surveilller cette bête. Il pouvait aussi tirer à ses pieds un coup de semonce qui la ferait peut-être s'enfuir. Mais rien n'était moins sur : Elle risquait surtout de le voir et de se précipiter sur lui pour se repaître, ce dont il n'avait pas précisément envie. Après, il serait forcé de la blesser pour qu'elle s'en aille, voir de la tuer. Il ne craignait pas vraiment pour sa propre sécurité : Avec quarante centimètres d'allonge d emoins que lui, et rien pour se protéger d'un carreau, l'enfant n'avait aucune chance de venir à bout de lui.
"Je vais compter jusqu'a cent-cinquante." pensa-t-il. "Si alors elle n'est pas partie, va pour le coup de semonce. Et si elle m'approche, je lui tire dans le ventre : Elle ne survivrait de toute façon pas à un carreau dans la jambe ou dans le bras. Elle ne souffriras pas, ainsi."
Alors, il entreprit de compter, en la surveillant. Compter. Lentement. Un.... Deux.... Trois... |
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Damatit
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 26 Mar - 9:04 | |
| Loëlia titube dans la nuit. La lueur pâle de la Lune se reflète sur sa peau diaphane. Ses yeux verts roulent dans leurs orbites, ses mains sont agitées de tremblements incontrôlables. L'agonie de la faim commence pour elle.
L'agape qu'elle projetée s'était envolée, et avec elle tout espoir de ravitaillement. Et pourtant, il faudra bien qu'elle mange! Elle n'allait tout de même pas mourir aussi bêtement d'inanition. Elle regarde autour d'elle en grognant. Décidément, il n'y a rien, même pas un oiseau à se mettre sous les molaires. Ses boyaux se tordent une fois encore et lui arrachent un hurlement puissant qui transperce l'air.
Un hennissement répond en écho à sa supplication. Y'aurait-il un équidé tout proche? Un cheval musclé? Un âne vieillissant? Un minuscule poney? Loëlia reprend vie, fait taire une fois encore le mal qui la tenaille, et se tait.
Postée au milieu de la clairière, elle hume l'air en quête d'un odeur particulière. Au même titre que sa vue qui se brouille, son odorat est moins performant qu'il devrait l'être. Mais... peut-être que... peut-être que cela sent le vivant. Peut-être que quelque chose de mangeable est dans ce petit bosquet-là. Immédiatement, l'enfant se met à quatre pattes et avance en prenant soin de se placer face au vent: il ne faut pas effrayer la bête. Elle décrit un quart de tour, et disparaît entre les arbres: elle prendrait l'animal de revers.
Désormais la clairière est vide et on n'entend plus rien. Loëlia est invisible dans le petit bois, elle glisse avec fluidité et contrôle sa respiration. Elle évite le bois mort tombé à terre, et engouffre avidement dans sa bouche tous les insectes qu'elle rencontre sur son passage.
Elle ne sait pas que les deux humains qu'elle traquait son tout proches: l'appétit la trouble. Ilidlin l'a vue s'éloigner, mais il ignore qu'elle a remarqué Osana, et qu'elle se situe en fait derrière-lui. Damatit, quant à lui, est toujours évanoui et heureusement: il causerait plus d'ennuis encore.
La Campagne est muette, spectatrice de la rencontre qui s'amorce inévitablement. |
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Ilidlin
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Ven 1 Avr - 12:09 | |
| 80... 81... Ah ? La chose arrêta soudainement de bouger. Elle se mit à renifler lentement l'air. Il y eut un hennissement. Elle redressa la tête, et sembla avoir d'un coup plein d'idées. Elle huma l'air encore plus fort. Puis elle s'enfonça dans les fourrées. Ilidlin grommela sans aucun bruit. Le cheval de Damatit était en danger ! Mais d'ou venait exactement le hennissement ? Dur à dire, à part que cela venait de derrière lui. Mais comment savoir si la chose avait vraiment envie de s'attaquer au cheval ? Elle pouvait simplement être partie... Ou en train de fouiller les fourrés et de s'approcher de lui à la dérobée. Que faire ? C'était dur à dire. Ne pas bouger lui permettrait de guetter le moindre bruit, et lui éviterais toute mauvaise surprise. Mais si la bête avait vraiment comme dessein d'attaquer Osana... Il serait de bon ton de sauver la monture de son compagnon de fortune. Un cheval était chose rare chez les gens normaux, et par conséquent très onéreux. Le laisser mourir serait une catastrophe.
Mais que faisait-il, aussi, l'autre ? Peut-être était-ce lui que cherchait la bête. Ilidlin n'avait pas la moindre idée d'où était Damatit, ni de ce qu'il pouvait bien faire. Mais il lui faisait plus confiance pour se défendre en cas de danger, assez longtemps du moins pour laisser à Ilidlin d'arriver. La vieille jument, vu sa faible endurance, supporterait difficilement une blessure trop grave. Trois choix donc pour lui : Rester là, attendre. Chercher la jument. Chercher Damatit. Il maudit intérieurement tout les dieux qu'il trouva, puis commença lentement à se déplacer, aux aguets.
Il fit un pas pour se retourner, puis avança lentement. Il s'arrêta, et tendit l'oreille, à l'affut du moindre bruit. Il lui fallait localiser la jument avant la chose, tout en évitant de se faire repérer, et en prêtant l'oreille à un éventuel appel à l'aide de Damatit. Arbalète en main, il partit à la recherche. Il lui suffirait d'apercevoir la chose et de posséder quelques seconde pour la viser qu'il lacherait la mort sur cette immonde bête : La comédie n'avait déjà que trop durée. Il n'aimait pas l'idée de devoir tirer sur une pauvre créature tiraillée par la faim, mais elle nu lui laissait pas le choix.[i/]
- Allez, viens ma petite... [i]Chuchota-t-il tout bas. Viens, faire connaissance avec mon bout de bois.
Avancant lentement, il tendit l'oreille.
- Tu ferais mieux de fuir, maintenant. Tonton Ilidlin ne plaisante pas...
[HRP : Désolé, c'est court, je sais, mais je suis un peu à la bourre ^^] |
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Damatit
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Mer 6 Avr - 8:50 | |
| Loëlia interrompu sa traque subitement. Elle y était: la vieille jument était là, à une dizaine de mètres devant elle. Quelques secondes de plus, et s'en serait fini de cette faim affreuse. Loëlia allait tuer et déchirer la chair, certes un peu dure mais ô combien bonifiante d'Osana.
Le calme le plus parfait régnait dans ce petit bosquet perdu en pleine campagne. L'odeur fraîche de la nuit emplissait les narines de l'enfant à qui il semblait déjà sentir le fumet délicieux de sa proie toute prête. Un festin...
Le faîte des arbres laissait passer les rais lunaires par intermittences, et éclairait subitement la scène de filature qui avait lieu à ce moment-là. Les membres de Loëlia tremblaient d'excitation et de faiblesse toutes mélangées. Ses yeux vert émeraude, qui étaient la seule chose qui n'avait pas changé depuis sa transformation, roulaient à toute vitesse dans des orbites creuses et noires d'insomnie.
Plus que quelques pas.
Loëlia hume une dernière fois la froideur vivifiante, et s'accroupit de nouveau dans les fourrés, comme une bête. Elle décrit un cercle d'un rayon de 20 mètres autour de l'animal qui paissait tranquillement. Lentement, discrètement, elle resserre son étreinte, attendant d'être tout près pour tuer l'animal. Sa main droit tâte fébrilement le sol couvert d'humus, à la recherche d'une pierre suffisamment acérée pour couper les jarrets du gros échidné. Elle en saisit une, et poursuit sa progression, impatiente mais prudente : c'était la dernière occasion qui s'offrait à elle, sinon c'était la mort par inanition.
Loëlia est si obnubilée par Osana, par son odeur et par l'air chaud et herbu qui s'échappe de ses naseaux, que tous ses sens sont réduits. Elle passe non loin de Damatit, toujours évanoui dans un bosquet épineux, sans même l'apercevoir. C'était pourtant une proie facile, et bien meilleure que ce vieux canasson là-devant. L'Almer aura été chanceux pour cette fois.
L'enfant est tout proche: un bond inattendu en direction de la jument, et le tour était joué. Plus rien n'avait désormais plus d'importance que cette grosses bestiole, à la panse rebondie et viandée.
On se demande ce qui a pu arriver à la jolie petite fille qu'avait été Loëlia. Si vous aviez vu ses cheveux bruns et bouclés qui éclataient de mille reflets au Soleil d'été, vous ne l'auriez pas reconnue. Elle n'avait alors rien à voir avec cette créature nocturne et charognarde qu'elle était aujourd'hui. En ce temps-là, la petite avaient de jolies joues roses, et un visage rond aux traits rieurs. Son regard rassurait tout d'un coup tous ceux sur qui elle le posait, et l'enveloppait d'amour et de tendresse au plus profond de son être. Elle était élancée et musclée, avec une peau laiteuse, comme celle de tous ces enfants qui battent la campagne à longueur de journée. Et un rire si vivant, si fort et si subit qu'il faisait envoler les oiseaux et les animaux tranquillement endormis.
La chose qui se rampait ce soir-là dans la Campagne était toute différente. A la peau lactée s'était substitués des furoncles et des croûtes purulentes qui suintaient parfois. Ses cils et ses sourcils étaient collés par le pus ou la châssis. La longue chevelure fournie et bouclée était devenue éparse et terne à cause de la malnutrition. Et qu'elle était décharnée! On voyait à travers les nippes qui lui servaient de vêtements, une hanche étique et saillante, et un ventre creusé et blanchâtre, couvert de marques boueuses ou sanguinolentes. Si elle n'avait pas eu cette démarche mauvaise et ses mains noirâtres, on se serait presque pris de pitié pour elle. Le seul semblant d'humanité qui persistait sur cette personne était cet oeil si clair, mélange d'ambre, d'opaline et de céladon, qui parfois, lors de nuits sombres et solitaires, on voyait pleurer.
Mais Loëlia, en ce moment, ne pense pas: son estomac la guide. Elle frémit, ses lèvres gercées s'entrechoquent en silence. Sa main se resserre fermement sur la pierre tranchante. Elle bascule imperceptiblement en arrière et prend appui sur ses pieds nus et sales: elle va sauter.
Elle s'élance enfin, et pendant une seconde, tel un chat traqueur, elle est en l'air et la Lune l'illumine furtivement. Mais voilà qu'elle s'écroule, Osana rue et lui assène un coup de sabot dans le flanc qui fait craquer les côtes fragiles de la pauvre petite. Elle ne gémit même plus, son corps n'est que douleur depuis assez longtemps déjà.
Que s'est-il passé? Qu'a-t-il bien pu arriver pour que, si près du but, Loëlia s'effondre sans un cri. L'aurait-on blessée? Non, nulle trace de blessures extérieures, hormis l'hématome laissé par la jument.
C'est simplement la faim qui a eu raison de son corps. Les limites de l'abstinence étaient atteinte, l'agonie arrivait à sa faim: Loëlia allait mourir, comme la bête qu'elle était devenue, dans un bosquet, en pleine Campagne. Son sésame -Osana- avait fuit en l'affaiblissant davantage...
La mort sonnait le glas pour la petite fille, qui étrangement, avait rompu le silence de la nuit. Mais qu'est-ce que ces sons étranges qui sortaient de son gosier? Des sanglots? Oui, des sanglots.
Loëlia pleurait, comme l'enfant qu'elle avait été. De grosses larmes perlaient de ses yeux, roulaient sur ses joues sales et venaient s'écraser sur l'humus frais. De déchirants cris perçaient la nuit. Et, pour une dernière fois, on eût vraiment dit la petite qu'elle avait dû être dans un lointain passé.
Comme si, à l'heure où tout était fini, Loëlia prenait conscience de son existence si triste, et si infortunée. Pourquoi le destin l'avait-il frappé à ce point? Qu'avait-elle bien pu faire pour connaître une vie si courte et si triste?
Tout ce temps, la pauvre n'avait même pas eu de souvenirs qui auraient pu la réconforter, même plus la parole pour communiquer avec les siens, même plus plus l'âme humaine. Réduite à l'état inférieur, celui d'une bête et même pire...
Pour la première -et dernière- fois après son accident qui l'avait transformée, Loëlia était redevenue telle qu'elle l'avait été. Elle avait retrouvé la mémoire, celle de son père bûcheron et de sa bonne mère dévouée, et de ses après-midis joyeux... Elle se rappelait de la saveur d'un baiser sur la joue, et de la chaleur de l'âtre qui laissait échapper les effluves de sapin, et de toutes les délices terrestres qu'elle ne connaîtrait jamais.
Elle sanglotait car c'était la fin, qu'elle le savait et qu'elle était seule... |
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Ilidlin
Nombre de messages : 32 Âge : 30 Race et âge : Astorg de 29 ans Cité : Storghein Métier : Voleur et Fleuriste Feuille de personnageCompétences: Vol-à-la-tire, Manipulation de la nature, discrétion.Compétences bonus: Alchimie /Réputation : (5/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Mar 19 Avr - 4:24 | |
| Avec un air perplexe, Ilidlin contempla la petite boule immonde qui ne bougeait presque plus. Etait-ce une ruse pour qu'il s'approche et qu'elle puisse alors planter ses crocs dans sa chair ? Ou bien était-elle vraiment en train de mourir ? Malgré l'obscurité, elle avait tout de suite semblé mal en point aux yeux d'Ilidlin. Mais il savait que se fier à ce genre de choses n'était pas forcément bon. Il s'approcha, arbalète pointée. Il avait longtemps regardé la petite chose sangloter. maintenant, elle s'était tu. Que faire ? Il la regarda. Elle semblait humaine, mais tellement décharnée que ce n'était discernable qu'après une longue observation. Elle était couverte d'engelures, de contusions et de griffures. Il ne doutait pas que certaines de ses blessures devaient être infectées, voir déjà nécrosées. Qu'est-ce qui avait pu pousser la chose dans un tel état de sauvagerie ? Elle avait surement été un enfant comme tout les autres avant, même si son sexe était indéfinissable.
Il la contourna, et s'approcha d'Osana, qu'il prit par la bride. Il restait méfiant, mais si vraiment la bête avait voulue le surprendre, elle l'aurait attaqué avant, selon lui. Il entreprit de ramener la jument vers la tente ou il dormait avant l'arrivée de la chose. Puis, il chercha Damatit, l'oreille levée au cas ou la bête serait à nouveau dans son dos. - Damatit ? Appela-t-il.
Ou le vieil homme avait-il bien pu se cacher ? Tout s'était passé si rapidement, le vagabond se rappelait mal ce qui s'était passé une fois qu'il était sorti de la tente, car il avait alors encore les pensées assombries par sa torpeur. - Damatit !!Aucune réponse. Ilidlin soupira. - La bête est morte, ou évanouie tout du moins. Elle s'est effondrée lorsqu'elle s'est approchée d'Osana. Vous pouvez sortir, il n'y a plus aucun risque. Il n'y eut pas un traître mouvement. Ilidlin hôcha la tête, perplexe. Il n'avait quand même pas pu se rendormir, si ? Ou alors, il s'était évanoui de peur. Peut-être n'avait-il pu simplement pas retenir ses tripes et était il caché maintenant derrière un arbre par honte. Ilidlin retourna vers la petite chose recroquevillée sur le sol. Il en avait pitié. D'un pied, il toucha le corps. ce dernier avait déjà commencé à se durcir. Aucun doute : Elle était morte. Ilidlin aurait voulu donner à la bête une sépulture convenable, convaincu qu'elle était humaine. Mais malheureusement, il ne disposait d'aucune pelle, et vu le froid ambiant, creuser la terre à mains nues serait impossible. Tant pis : elle servirait à nourrir quelque charognard chançeux : Ilidlin ne pouvait rien faire de plus que de la laisser retourner a la terre. Il se rendit compte qu'il tremblait presque de froid. Plein de peine, il entreprit d'aller fouiller les buissons environnants pour retrouver Damatit. Il mourrait d'envie de retourner se coucher. HRP : Voilà, désolé vraiment du long retard ! Je pense que l'on peut clore le sujet après cela |
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Ilidlin
Nombre de messages : 32 Âge : 30 Race et âge : Astorg de 29 ans Cité : Storghein Métier : Voleur et Fleuriste Feuille de personnageCompétences: Vol-à-la-tire, Manipulation de la nature, discrétion.Compétences bonus: Alchimie /Réputation : (5/10) | |
| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] Sam 23 Avr - 11:06 | |
| Le lendemain matin, Damatit retrouvé, une fin de nuit usé à bon escient, il fut décidé que les compagnons se sépareraient, Ilidlin souhaitant avancer légèrement plus rapidement qu'au rythme du vieil, ils se séparèrent apès une bonne serrée de pince.
[Sujet cloturé] |
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| Sujet: Re: [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] | |
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| | | | [D-H] Ou ce que l'on peut apprendre d'une rencontre. [Terminé] | |
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