Azthia Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs... |
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| [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] | |
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Gaëlle
Nombre de messages : 133 Race et âge : Amazone et Almer, 24 ans Cité : Erathia Métier : Guide, Vigie Feuille de personnageCompétences: Empathie avec les animaux ¤ Survie ¤ Faveur divine : NiobéCompétences bonus: Impressionnisme ¤ Meilleure vueRéputation : (7/10) | |
| Sujet: [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] Mar 22 Fév - 11:15 | |
| Le son strident d'un verre s'éclatant sur le sol s'éleva de la douce demeure des Azalée. Rien d'anormal cependant. Ce genre d'incident était quotidien et les passants avaient cessé de prêter attention aux longs monologues qui s'ensuivaient, durant lesquels Gaëlle s'excusait d'avoir trébuché, regardé ailleurs, les mains glissantes... d'être vraiment trop maladroite... Mais si les bourdes de la serveuse du Bar Bu étaient habituelles, ce teint livide, ce regard fuyant, eux, rendaient cette dernière méconnaissable. Cette fois, les gens qui passaient par là auraient mieux fait de s'arrêter. Car Gaëlle était désespérée.
Elle allait et venait à toute vitesse dans la maison, tantôt récupérant des plantes que le médecin avait conseillé, ou bien chargée de draps propres, ou d'un verre d'eau. Le stress rendaient ses gestes frénétiques désordonnés. La fatigue aussi. Des jours qu'elle n'avait pas plié l'oeil de la nuit, restant au chevet de sa mère dont le teint maladif se faisait chaque jour plus livide. Dont la vie s'échappait. Lentement. Mais sûrement.
Un râle venant de la chambre à coucher l'obligea à revenir auprès de sa mère, renversant au passage la table basse du salon.
« J'arrive Mouchka, j'arrive... »
Elle essayait de prendre un ton enjoué, mais ce n'est qu'une voix rauque qui sortit de sa gorge nouée. Munie d'un drap mouillé, Gaëlle s'approcha de sa mère et épongea son front blême perlé de sueur. Ses yeux noirs s'attardèrent sur une tâche brune sur le couvre lit, pour ne plus s'en détacher. Elle évitait désormais de croiser le regard de sa mère. Elle ne pouvait plus voir ces yeux à la fois las et fous qui ne la regardaient pas. Ou du moins qui la regardaient mais ne la voyaient pas. Inexpressifs et vides. Bien loin du regard de sa Mouchka...
« Le chat a dû aller dehors. Je veux dire il a dû aller dehors avant d'aller dedans... Enfin, il a tâché le drap quoi... 'devait avoir de la terre ou quelque chose... »
Déjà qu'elle n'était pas douée pour faire la conversation en temps normal...
Un chat profita de son immobilité passagère pour sauter sur les genoux de sa vénérée Gaëlle – car tous ces minous l'idolâtraient, la suivaient partout, se frottant tant qu'il était possible à ses jambes fines. Un autre le suivit, et le lit fut bientôt couvert par quatre boules de poils différentes. La jeune femme ne s'en occupait plus. Pour l'heure elle surveillait la respiration régulière de sa mère en fixant la tâche de terre du dessus de lit.
« Jelenna a comment dire, disparu. Tu sais la fille, l'enfant en fait de la Reine. C'est Kiera qui devait... enfin qui doit s'en occuper... Elle doit être inquiète, enfin je veux dire, tu vois quoi. »
Silence.
Sa mère ne parlait plus depuis des semaines, Gaëlle s'était résignée à se contenter de ses grognements. Elle caressa machinalement la main décharnée de la vieille dame. Car c'était une vieille dame. La maladie avait accéléré le temps et les années avaient ridé sa peau bien prématurément. Tant qu'à à peine soixante cinq ans, Mouchka semblait avoir vécu des siècles.
Le feulement d'un chat assis sur le lit fit sursauter la jeune femme. Son voisin grogna à son tour, un râle sourd et caractéristique. Pourtant les deux ne se regardaient pas. Il ne s'agissait pas d'une querelle. Qu'est-ce qui pouvait bien les énerver subitement ? Comme si cela avait été le signal déclencheur des hostilités, certains se mirent à miauler vivement, d'autres, le poil hérissé, reculaient, en fixant Mouchka. Sourcils froncés, Gaëlle suivit leur regard. Sa mère respirait avec difficulté, de manière très étrange, sa poitrine se soulevant à une vitesse inhabituelle.
« Mouchka... Mouchka qu'est-ce qu'il y a ? »
Elle n'attendit cependant pas qu'elle lui réponde. Elle serra sa main, se leva précipitamment et traversa la chambre aussi vite qu'elle put.
« Je reviens, je reviens Mouchka ne t'en fais pas ! »
Un dernier regard affolé et elle s'élança dans la rue. Elle courut comme elle n'avait jamais couru, bousculant ses soeurs amazones sans les voir, sans prendre le temps pour une fois de se confondre en excuses, dévalant les rues sans hésiter un seul instant sur sa destination. Elle tourna dans l'allée d'une belle maison et passa la porte d'entrée sans prendre la peine de frapper, les chats sur ses talons.
« Hanita ! Hanita vite ! Vite Hanita ! Hanita c'est Mouchka ! Hanita ! Hanita aide moi ! »
Elle avait crié, répétant ce nom avec passion. Comme une invocation. Une supplication plutôt. Sa course avait emmêlé ses mèches multicolores et si aucune larme ne coulait sur ses joues, le sanglot qui serrait sa voix menaçait à tout instant d'éclater.
« Hanita... »
Dernière édition par Gaëlle le Sam 26 Mar - 10:03, édité 1 fois |
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Ashrand
Nombre de messages : 854 Âge : 29 Race et âge : Cydien de 33 ans Cité : Silmarie Métier : Gladiateur Feuille de personnageCompétences: Esprit - Spécialisation à l'épée - Manipulation du feuCompétences bonus: Acrobatie - Combat à mains nues - Manipulation du ventRéputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] Mar 22 Fév - 23:48 | |
| La vieille femme en question sorti de la pièce située au fond du couloir, alertée par ces appels incessants émis de son hall d'entrée
'' Ah, Gaëlle ! Voilà longtemps que je ne t'avais plus vue par ici.'' s'exclama-t-elle l'air réjoui lorsque ses yeux se posèrent sur sa silhouette menue, '' Quel bon vent t'a amenée ici ?''
Bête question, il fallait bien l'avouer : Gaëlle ne serait sûrement pas arrivée si affolée si elle avait à cœur à discuter de condiments. Mouchka était bien la seule personne qui pouvait l'inquiéter ainsi.
'' Mouchka, c'est ça ?''
Un regard sur la jeune fille avait suffi à lui donner sa réponse
'' Attends-moi quelques minutes, je vais chercher ma « Boîte Magique »'' C'est le nom que la fille de Mouchka avait donné lorsqu'elle était encore enfant à sa sacoche qui contenait quelques herbes séchées et autres instruments médicaux, capable de guérir tous les maux ou presque.
Elle disparut dans une autre pièce où se tenaient habituellement les consultations qu'elle avait aujourd'hui laissées à son apprentie, Myra.
'' Je m'absente pour une urgence. Je compte du toi pour t'occuper de tout ce qu'il faut ici.''
La petite rousse acquiesça, se proposant même de lui épargner cette route fatigante pour une dame de cet âge. Habituellement, c'était Myra qui s'occupait des visites à domicile mais cette fois-ci, la vieille femme irait, cette affaire lui tenant à coeur.
'' Merci, mais je préfère m'en occuper seule'' lui répondit Hanita
Elle saisit un grand sac en peaux et y fourra tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Une fois parée, elle rejoignit Gaëlle qui n'avait pas bougé du hall comme demandé et elles se mirent toutes deux en route, suivies par plusieurs chats
'' Ça a encore empiré ?'' demanda l'ancienne.
A vrai dire elle le savait, elle s'y attendait : le mal dont était atteinte Mouchka n'épargnait aucun de ceux qu'elle touchait, leur assurant une mort lente mais certaine. Certes il fallait bien retourner à la terre un jour mais il y avait des façons moins douloureuses de le faire. Douloureuses non pas pour le malade mais plutôt pour les proches qui n'avaient d'autres choix que d'assister à la dégénérescence de leur parent, rendu fou et totalement dépendant.
Elle le savait et pourtant n'en avait encore rien dit, trop lâche pour reconnaître devant Gaëlle que sa mère ne pourrait guérir et qu'elle passait sans doute ses derniers instants avec elle ... |
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Gaëlle
Nombre de messages : 133 Race et âge : Amazone et Almer, 24 ans Cité : Erathia Métier : Guide, Vigie Feuille de personnageCompétences: Empathie avec les animaux ¤ Survie ¤ Faveur divine : NiobéCompétences bonus: Impressionnisme ¤ Meilleure vueRéputation : (7/10) | |
| Sujet: Re: [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] Sam 26 Fév - 2:52 | |
| « Ben on était tranquilles, comme ça, avec les chats enfin, tu vois quoi. Et tout à coup, elle a... elle a... »
Décidément, les mots ne lui venaient pas. Comme toujours. Gaëlle étouffa un cri de rage et souffla bruyamment. L'urgence de la situation rendait son impuissance insupportable.
« Elle a... elle a commencé à.... »
N'y tenant plus elle entreprit de mimer l'horrible scène à laquelle elle avait assisté, désemparée. Le souffle court, la bouche ouverte cherchant de l'air désespérément, les tremblements... Elle épargna néanmoins à Hanita le regard fou et vide de sa mère. Elle le connaissait que trop bien... La vieille Amazone resta silencieuse. Silence que Gaëlle respecta, même si une avalanche de questions menaçait sa tête d'exploser. Même si elle avait vraiment besoin d'être rassurée.
Elle marchait d'un bon pas, soucieuse de ne pas faire attendre Mouchka trop longtemps. Mais quand le médecin fut à bout de souffle, elle fut bien obligée de ralentir. Le trajet lui sembla alors interminable, tout comme avait été interminable la préparation d'Hanita. Elle avait tellement peur d'arriver trop... trop tard...
Gaëlle chassa cette pensée d'un geste vif et déterminé. Comment ça « trop tard » ? Elle avait perdu la tête ou quoi ? Mouchka était encore jeune et malgré sa maladie, elle était robuste. S'il y avait une amazone qui pouvait vivre des siècles c'était bien elle ! Cette idée la rasséréna. Sa mère avait trimé toute sa vie pour offrir le meilleur à ses enfants, elle avait même souffert le pire des supplices, contrainte d'abandonner ses fils aînés au dehors des frontières de Muria. Et n'avait plus jamais eu de nouvelles. Non, cette femme était quelqu'un de bien et dans sa vision manichéenne des choses, Gaëlle était convaincue qu'elle ne pouvait pas en finir avec la vie ainsi. Cela aurait été injuste. Profondément injuste.
Sa maison en vue, elle ne put s'empêcher d'accélérer. L'escorte de chats s'était agrandie, et c'est une vingtaine de matous qui pénétrèrent dans la demeure des Azalée aux côtés de la vieille amie et la fille de Mouchka. Elles entrèrent en trombe dans la chambre à coucher où elle découvrirent une vieille dame au teint livide et perlé de sueur. Ses yeux gris passèrent sur elles sans le voir, allaient et venaient à travers la pièce, complétements perdus et fous. Elle suffoquait, ses mains crispées serraient les draps, comme si cette prise avait pu rendre sa souffrance moins insupportable. Chose vaine. Ses traits étaient déchirés par la douleur, tandis que des larmes coulaient sur ses joues creusées par les ans et la maladie. Mais le plus impressionnants étaient les tremblements incessants dont était secoué son corps. Elle essayait de maîtriser avec difficulté ses membres, sans succès.
Gaëlle était restée plantée à l'entrée de la pièce, incapable de faire un pas de plus, incapable non plus de détacher son regard sombre du corps désarticulé de sa mère. En état de choc. Hanita dut prendre le relais. Elle ne pouvait pas. Elle s'assit sur une chaise, ses jambes étant devenues trop faibles pour la porter. Elle regardait le médecin s'agiter autour de Mouchka sans y prêter attention. Un ou deux chats lui monta sur les genoux, trois autres se frottaient contre ses jambes, peu lui importait. Son monde s'effondrait. Cet univers magique et naïf dans lequel elle avait été élevée, où les gentils gagnent à la fin, s'ils sont dignes d'une telle récompense, où seuls ceux qui le méritent souffrent. Et meurent.
Qu'est-ce qui se passait ? C'était incroyable, impossible. Tout bonnement impossible... |
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Ashrand
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| Sujet: Re: [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] Mar 1 Mar - 15:14 | |
| Sans même reprendre son souffle, Hanita ausculta minutieusement sa patiente qui semblait beaucoup souffrir, passant et repassant de chaque côtés du lit. Les minutes qui suivirent ne furent qu'un long et terrible silence entrecoupé des plaintes de Mouchka. La vieille dame peinait à respirer, elle tremblait constamment, paraissant lutter de toutes ses forces contre un ennemi invisible qui l'assaillait. Le médecin extirpa de sa sacoche divers remèdes curatifs et elle en administra un à Moucka. Également utilisa-t-elle ses magies de soins au détriment de la force de la praticienne qui avait passé l'âge de faire cela.
'' Ça devrait faire l'affaire pour le moment '' déclara-t-elle tout bas, encore plus essoufflée.
Ceci n'était en effet que temporaire : la maladie se rapprochait de son stade final de jour en jour et, à partir d'aujourd'hui, la vieille mère de Gaëlle aurait besoin constamment de soins. Malgré cela il n'y avait plus aucun espoir de guérison. Impuissante, le peu que Hanita pouvait faire était d'améliorer la qualité de vie de la souffrante de sorte qu'elle puisse quitter ce monde en paix. Il ne lui restait plus beaucoup de temps et elle le savait. Hanita n'avait encore rien dit de concis à Gaëlle à propos de l'état de sa mère mais elle le devait car désormais, elle devrait chérir chaque instant que le destin leu permettrait de passer ensemble, même si Mouchka n'avait plus conscience de rien.
Un long soupir pour se donner du courage et Hanita se leva et vint se place devant la jeune Amazone dévastée par ce qu'elle était en train de voir : peut-être avait-elle déjà compris comment tout cela se terminerait mais l'ancienne tenait à lui annoncer cette triste nouvelle de vive voix mais en dehors de cette pièce, par respect pour le malade.
'' Gaëlle ? Pouvons-nous sortir un moment ? '' lui demanda-t-elle d'un voix douce.
Elles sortirent dans le petit couloir à l'extérieur de la chambre.
'' Assieds-toi, j'ai à te parler ''
Elle s'exécuta.
'' Je sais que c'est dur à entendre mais Mouchka va ... '' Elle s'interrompit, cherchant ses mots. Comment annoncer à quelqu'un qu'il allait perdre sa mère ?, '' Elle ... ne pourra plus rester parmi nous très longtemps'' poursuivit-elle après un long silence.
D'accord ce n'était pas une façon très élégante de le dire mais elle ne voyait pas comment lui présenter les choses autrement.
A la suite de cette annonce, la jeune femme parût encore plus effondrée, elle devint très vite pâle e ne dit mot, trop choquée pour pouvoir répondre quoi que ce soit. Hanita, décidant de laisser la famille entre elle, posa une main sur son épaule et lui murmura
'' Courage mon enfant. Tu...tu devrais rester avec Mouchka, je pense qu'elle en a besoin. Je retourne chez moi pour lui préparer un traitement de confort, je reviendrais plus tard dans la journée. Désolée ... je ne peux rien faire de plus. ''
Si, il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait faire : Sacrifier sa propre vie pour tenter de sauver la vieille femme mais cela, elle ne pouvait pas le faire. Il n'y avait pas lieu qu'elle sen veuille, ne disait-on pas qu'un médecin ne devait pas s'impliquer personnellement dans les cas dont il s'occupait ? Peut-être mais elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver des remords.Elle reprit la direction de sa maison, accompagnée d'une autre femme à qui elle avait demander de l'aide, se sentant défaillir à cause de la magie qu'elle avait exercer peu avant. |
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Gaëlle
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| Sujet: Re: [DH] Et Clochette s'envola à tout jamais [Fini] Sam 26 Mar - 10:03 | |
| Gaëlle laissa le médecin, l’amie de toujours de Mouchka, s’en aller. Elle resta un moment sur le pas de la porte à fixer la silhouette d’Hanita s’éloigner. Comme si la voir disparaître, ferait s’évanouir avec elle l’affreuse révélation qu’elle venait de lui confier. Mais la vieille Amazone disparut et Mouchka était toujours couchée dans son lit de mort, l’angoisse de la petite toujours présente, presque palpable, et il fallait maintenant qu’elle affronte la suite des événements. Seule, visiblement, c’est ce qu’Hanita avait décidé. Elle poussa un long soupir et regagna la chambre de sa mère. Ne penser à rien.
Et surtout pas à ça.
Une ribambelle de chats s’engouffrèrent avec elle dans la pièce. Elle s’assit sur le fauteuil aux côtés de Mouchka, tandis que les animaux s’éparpillaient à travers la chambre. Mais cette fois-ci aucun ne se risqua sur le lit de la malade. L’instinct animal est étrange. S’ils avaient pressenti quelque chose ou si c’était seulement par manque de place, en tous cas Gaëlle ne remarqua pas leur réticence. Ou leur décence, allez savoir. Elle était à des années lumières de ce qui allait arriver, alors que eux, si préparaient déjà…
Sa mère s’était apaisée, elle dormait plus ou moins, le visage serein. Cela rassura Gaëlle, qui ne songea pas que ce n’était qu’un leurre, une ruse des drogues qu’Hanita lui avait administrées. Des longues minutes passèrent, le soleil commençaient à décliner, et avec lui les dernière force de l’Amazone. La petite dut s’endormir, car elle sursauta bientôt, surprise de voir que dehors, la nuit avait recouvert les rues de son manteau noir, devenues inquiétantes. Gaëlle frissonna. Elle ferma la porte d’entrée, la fenêtre, attrapa un châle, alluma plusieurs chandeliers. Et frissonna de plus belle.
« T’as pas froid toi, Mouchka ? »
Aucune réponse, bien entendue. Elle ne put retenir un soupir avant de jeter un coup d’œil au visage de cire de sa mère. A l’air incroyablement calme qu’elle avait. A son teint décidément pâle. A ses yeux clos. A son immobilité. Poupée de cire, statue de sel. Ni l’une ni l’autre n’était aussi blanche que la vieille dame. Ni sa peau glaciale.
« Mouchka ! Tu es gelée ! Je savais que j’aurais dû la fermer, cette… cette… cette porte. Mouchka je suis désolée, je vais arranger ça. »
Sans plus attendre elle frictionna les membres de sa mère, tentant de lui rendre des couleurs, un peu de chaleur… Des larmes commencèrent à couler sur ses joues roses.
« T’en fais pas, ça va… ça va aller. Je te dis que ça va aller… Ca va… aller… Ca va… aller… »
Gaëlle continua de le répéter, redoublant d’effort pour sauver sa mère, récitant ces mots comme une formule magique. Mais les larmes affluèrent, toujours plus nombreuses, si bien qu’elle fut bientôt incapable de les maîtriser.
« Non ! Non ! Non ! finit-elle par crier, hors d’elle. Ca ne peut pas se passer comme ça, non. »
La colère lui donnait un aplomb qu’elle n’avait jamais eu. Les mots lui vinrent, et coulèrent avec autant de fluidité, et aussi nombreux que ses larmes. Même s’ils étaient totalement dénués de sens. Cessant enfin ses gestes inutiles, elle explosa.
« Non ! C’est pas du jeu, je suis désolée, mais non. Non, c’est injuste. C’est pas normal, ça marche pas comme ça. Y’a aucune logique là ! Je m’en fous mais non, c’est pas possible. Ca va pas se passer comme ça. »
Une enfant. Une jeune élève qui se plaint à sa maîtresse d’avoir eu une mauvaise note alors qu’elle avait bien travaillé. Une fillette à qui on refuse une glace après une série d’exercices physiques. Une femme à peine sortie de l’adolescence, qui a toujours tout assumé, tout fait pour que ça marche, pour tenir bon, continuer à avancer et à qui on enlève sa mère prématurément.
Non, vraiment, ce n’est pas juste. Mais ce caprice-là, on ne lui laissera cependant pas passer. Pourtant c’était sincère… Gaëlle ne comprenait vraiment pas. Et les derniers mots échangés ? Avec un faible sourire, des mots tendres et tristes, où on avoue qu’on est incroyablement fiers de vous ? La dernière caresse sur votre joue trempée, en vous demandant de ne pas pleurer ? Un simple… adieu ? Ce n’était pas comme ça qu’on s’éteignait, doucement, un sourire serein aux lèvres, le cœur allégé par cette dernière confidence ? Ces derniers instants, là, si bien décrits dans les contes…
Dans les contes, Gaëlle. Dans les contes…
« Non. Non, non, non et non ! »
Folle de rage, elle quitta la pièce, sa maison morbide, et courut, courut loin, où elle ne savait pas, elle ne voyait rien à travers ses larmes. En tous cas elle partit. Et avec elle l’insouciance, la naïveté qui la caractérisaient pourtant. Les contes de fées qui l’avaient bercées, quels tissus de mensonges !
Gaëlle s’enfuit, laissant derrière elle la magie de son enfance.
Et Clochette s’envola à tout jamais…
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