[D-H] Une drôle de ronde [Kurt & Damatit]

Damatit était toujours aux bons endroits aux bons moments, cela était connu. Depuis qu'il était tout petit, il avait toujours eu ce flair impalpable qui faisait qu'il ne manquait jamais une belle occasion.
Etranger aux affaires politiques qui pouvaient agiter Azthia, l'Almer curieux rôdait sur les terres, inconscient des risques qu'il aurait pu courir en ces temps difficiles.

Aujourd'hui, l'Almer vagabondait sur un sentier propret, fait de beaux petits cailloux blancs et beiges, tous taillés de la même manière pentagonale et amusante, en plein milieu d'une forêt luxuriante, pleine d'hêtres gigantesques et millénaires qui dominaient Damatit comme qu'il avait été une punaise ridicule.

Il chantonnait à mi-voix une rengaine populaire en regardant en l'air, les sourcils curieusement froncés et ses mains blanches furieusement occupées à se tripoter l'une l'autre. Sa tête faisait des aller-retour de gauche à droite, et son regard noir tournait sans s'arrêter, fixant tour à tour un arbre, un bosquet, une fleur, et revenant souvent sur ces petits cailloux étranges sur le sol.

Quel drôle d'endroit! L'Almer n'y avait encore jamais mis les pieds et pour le cartographe boulimique qu'il était, découvrir cette région était tout simplement une aubaine.
En réalité, Damatit s'était rendu ici de son plein gré car il se désolait de voir sur ses cartes des zones blanches, lesquelles il n'avait jamais explorées.

La forêt était immense, bien plus que le quadragénaire ne l'aurait cru. Il était approximativement dix heures du matin; Damatit avait passé l'orée du bois à l'aurore et depuis il n'y avait pas eu d'échappatoire visible.
Oh, notre homme n'était pas soucieux de s'être perdu: il avait déjà noté quelques étangs épars où le poisson foisonnait et -si le besoin s'en faisait sentir- il avait repéré une ou deux caches parfaites pour le camping. Eh oui, Damatit était ainsi: prévoyant, curieux, et futé!

Sachez que l'Almer avait un faible pour les Amazones. A ses yeux, ces femmes sauvages, indépendantes, dangereuses, symbolisaient l'idéal féminin par excellence. Oh! Il en avait vues, une ou deux fois, passer près de lui, et leur parfum forestier, si délicat, l'avait frappé.
Quoiqu'il ne les avait aperçues que de dos, il leur prêtait une beauté ineffable, une peau lisse comme la soie, des yeux verdorés, une bouche comme un coeur rose et tendre, et un corps... Oh, un corps élancé et musclé! Des jambes interminables et un ventre sculpté, une poitrine rebondie et des fesses fermes qui sursautaient à chaque pas. Dans l'imaginaire du Bienheureux, ces femmes étaient des dryades, légendaires et insaisissables créatures qu'il avait décidé, après tant d'années, à découvrir.

Notre homme était un randonneur chevronné. Il avait parcouru en large et en travers des lieues et des lieues, dans toutes les régions azthiennes ou presque.
Il savait bien que les Amazones, aussi volatiles qu'elles puissent être, avaient une ville à elles, et que cette ville, pour ne l'avoir trouvée nulle part ailleurs, ne pouvait pas être bien loin.
Mais en réalité, depuis toutes ces saisons qu'il musardait, il avait toujours évité cette forêt, pour une seule -et bonne raison: les on-dit. Combien de fois n'avait-il pas entendu raconter dans les troquets qu'il fréquentait les soirs d'hiver, que des hommes inquisiteurs ou fureteurs disparaissaient des années durant, en allant traîner du côté de ce bois aux Hêtres?

Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, ces histoires l'avaient toujours fascinées.. et donné des frissons! Damatit le Bienheureux était pusillanime, ne l'oubliez pas, et ce genre de contes l'effrayait vraiment.
Malheureusement, quelles folies ne ferait pas faire la curiosité?
Damatit le Bienheureux, agaillardi par son âge avancé, sa soif de connaissances géographiques et son désir d'aventures, avait pris son courage à bras le corps et s'était engouffré à l'aurore dans le bois tant redouté.

Il avait d'abord tremblé, sursautant à chaque sifflement joyeux et matinal des oiseaux diurnes. Et, les minutes puis les heures passant, il s'était apaisé et à présent il n'avait plus peur du tout. Il regardait émerveillé l'environnement dense et florissant, et tout cela titillait son âme de cartographe fou. Il aurait voulu tout dessiner au plus vite, mais, méthodique comme il l'était, il fallait qu'il eût fait d'abord tout le tour de la forêt pour pouvoir en déterminer ses contours; et il faudrait beaucoup plus de temps encore pour pouvoir réaliser une carte parfaite de l'endroit.

Le Bienheureux avait donc laissé de côté toute prudence, et s'était même mis à chantonner, comme nous l'avons dit précédemment. Il avait rejeté loin dans son esprit ces histoires bizarres d'enlèvements, et ne se souciait plus du tout des éventuels dangers qui auraient pu le happer.
Insoucieusement, l'Almer avançait sur le sentier bien tracé, sans même s'être demandé qui avait bien pu le dessiner, ou tailler tous ces petits cailloux pentagonalement!

Et puis, soudain, un claquement inopiné venant de derrière lui vint interrompre ses divagations, et ramener à la vie ses terreurs.

Sur le chemin inondé de soleil, Damatit s'était immobilisé. Ses mains avaient cessé de s'agiter et ses yeux de tourner. Il était tout ouï aux bruits alentours, mais n'osait pas se retourner pour voir d'où provenait l'éclat de bruit.

Une seconde passa avant que le Bienheureux n'ait pu prononcer, d'une voix chevrotante :
Il y a quelqu'un?

A ce moment-là, sachez que les genoux et les dents du vieil homme s'entrechoquaient, et que le coeur de l'Almer aurait pu exploser à force de battre...

[ Je vous conseille de poster plutôt dans la forêt les enfants étant donné que comme précisé maintes et maintes fois, Muria est réservée aux femmes amazones (éventuellement aux autres femmes qui voudraient y entrer) et aux personnes invitées seulement sinon, vous serez fléchés à vue ou capturés pour devenir Soumis. ]

Toute mes excuses! Vous pouvez supprimer Smile

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