Comme quoi, parler à son reflet dans un miroir, ça peut servir ! [F-H] -FINIT-

Bobom. Bobom. Bobom.

Tout était noir, glacé, vide... Pas de ciel, pas de terre, juste le néant immense et inexorable.

Bobom. Bobom. Bobom.

Elle avait froid et chaud à la fois. Elle se sentait prise au piège dans ce vide infini et détestait ça. C'était comme si le monde avait disparu... Comme si Elle avait disparue...

Bobom. Bobom. Bobom.

Elle avait peur. Elle était terrorisée. Tout ce vide... Il ne fallait pas... Il fallait le remplir. Mais avec quoi...? Tout avait disparu. Tout était partit pour toujours. Plus jamais le vide ne serait comblé. Il serait toujours là. Toujours... toujours... toujours...

Bobom. Bobom. Bobom.

Elle avait mal. Sa tête allait exploser. Et ce fichu battement de cœur qui ne cessait de résonner et lui vrillait les tympans. Que cela cesse...! Il fallait que ça cesse... Quitte à ce qu'elle disparaisse dans tout ce vide... Dans tout ce silence...

Bobom. Bobom. Bobom.

Mais le bruit grossissait, s'amplifiait. Elle cria, cria, cria pour que ça s'arrête. Mais ça continuait encore et encore, brisant la moindre parcelle de son esprit au passage.
Et puis soudain tout cessa. Le bruit avait disparu, laissant place au silence. Sora ouvrit les yeux et détacha les mains de ses oreilles. Le noir aussi avait disparu, pas le vide. Ce n'était juste pas la même forme de vide. C'était un vide blanc, lumineux mais sans couleur, sans rien. Rien du tout.... Elle se leva. Où était-elle ? Devait-elle faire quelque chose ? Qu'allait-il encore se passer ? Elle tourna sur elle-même, chercha des yeux un indices, n'importe quoi. Mais rien. Juste ce néant blanc. Elle était seule toute seule et le silence devint oppressant à son tour.
Et elle tournait, tournait, tournait... et s'arrêta net. Là en face d'elle un immense miroir apparu, encadré d'un beau bois bruns, dans lequel ses yeux dorés se reflétaient. Elle en frôla la surface du bout du doigt. Son reflet en fit de même. C'était froid, glacé, normal, rassurant. Jusqu'à ce que son visage ou plutôt son reflet se torde, s'étire et éclate d'un rire strident. Encore une fois Sora eu le réflexe de porter les mains à ses oreilles. Mais ça ne changeait rien. Le miroir avait disparu mais l'apparition restait. Elle cessa de rire et repoussa délicatement les mains des oreilles de Sora. Un frisson parcouru la jeune femme. Cette chose était en tout point comme elle si ce n'était que ses yeux étaient entièrement blancs. Elle dégagea rapidement ses mains de celles de la créature.

"Et bien ! En voilà des façons de traiter une vieille amie."

Étrangement, sa voix était rassurante, mélodieuse et complètement différente du rire dissonant de tout à l'heure. Malgré son absence d'iris elle en devenait presque attirante, hypnotisante... Sora s'efforça de réorganiser le peu d'idée qui arrivaient à son cerveau. Cette chose parlait. Il y avait donc possibilité de communication...

"Évidement ! Pour qui me prends-tu ?"

Sora sursauta.

"Heu... Et bien... Vu que je ne sais pas ce que vous êtes...

-Je te l'ai pourtant déjà dit : je suis une vieille amie.

-Désolée mais je ne me souviens pas d'avoir jamais eu une jumelle aveugle dans ma vie."

L'apparition rit de nouveau mais cette fois-ci le rire était on ne peut plus naturel et Sora avait de plus en plus l'impression de discuter avec elle-même ce qui était assez... déconcertant.

"Ah ! Tu vois ! Tu commence à comprendre !

-A comprendre quoi ?"

Sora rajusta nerveusement une de ses mèches de cheveux qui lui tombait devant les yeux en la glissant derrière son oreille et sursauta. En face d'elle, la créature avait agit exactement de même.

"Se pourrait-il que...?

-Oui, exactement ! Je suis toi !"

Heu... Sauf perte soudaine de mémoire, elle ne se souvenait absolument pas avoir eu un jour un goût spécial pour les lentilles blanches...

"Ah ? Ça ? J'y peut rien c'est naturel. Mais bon, c'est quand même mieux qu'une bouche monstrueuse ou une queue de poisson.

-Ça ne t'a pas empêché de le faire le coup de la bouche monstrueuse tout à l'heure, quand tu étais en pleine crise de rire sadico-machiavélique.

-Mouai, bon passons. Sais-tu pourquoi tu est ici ?

-...Pour admirer les changement de papier peint ? Entre nous, passez du noir au blanc ça change rien à la monotone de l'endroit. Tu devrait penser à décorer un peu.

-Ahah, très drôle. Non en fait tu es là pour te rappeler ce que tu as perdu.

-Ce que j'ai perdu ? Mais je n'ai rien per..."

Un frisson glacé couru sur le dos de Sora. Non, pas ça ! Elle l'avait déjà subit une fois et avait tout fait pour oublier. Elle ne voulait pas... Il ne fallait pas que ça recommence !

"Houlala ! Du calme ma jolie ! Justement, parlons-en de cet oublie forcé ! J'ai faillit passer au oubliette avec tout ça moi ! Pense un peu aux autres de temps en temps ! Quoi que, dans la situation actuelle cette expression ne tient pas vraiment..."

Mais Sora ne l'écoutait plus. Elle avait tout fait pour l'enterré mais ça revenait en courant. Cette sensation horrible d'avoir tout perdu. Absolument tout. Toute cette connaissance, si brillante, si lumineuse... Oubliée à jamais... Pourquoi ? Pourquoi ?

"Personnellement, je dirais à cause du sadisme naturel de Mort."

Et cette... Chose ("Hé ! Reste polie je te prie !") voulait que tu recommence ? Jamais ! Jamais. Jamais. Jamais. Jamais...

"Bon, ça suffit maintenant ! Tu ne m'as même pas écouté !

-Mais je refuse !

-Alalala... Qu'est-ce que je peux être têtue ! Tsss... Bon, tu m'écoute si je te promets que je ne te referais pas le coup de Mort ? Je suis toi moi aussi. Un deuxième coup comme ça je le subis aussi et nous sommes déjà assez frappé du cerveau pour ne pas avoir à en remettre une couche.

Si cette Ch ("Hé !")... Pardon si son reflet disait vrai alors elle n'avait en effet rien à craindre. Il y avait bien sûr un risque énorme qu'elle mente et la manipule mais ce n'était pas franchement comme si elle avait une échappatoire. A ce qu'elle avait compris, elle était quelque part dans son esprit, sûrement en train de rêver (sauf que c'était bien trop réel pour être un vrai rêve) et n'avait aucune idée de comment sortir. Il fallait donc qu'elle lui fasse confiance.

"Bien, je t'écoute.

-Pfff... Enfin. Bref ! Il faut d'abord que je te précise que je ne suis pas tout à fait toi mais plutôt une toi du passé. Plus exactement, je suis toi en plein cauchemars de Mort juste avant de tout oublier. Je suis ton idéal, ce que tu veux retrouver.

-Heihein. Ok, et ?

-Tu pourrais faire un effort quand même ! Je ne sais pas moi, ouvrir des grands yeux pleins d'étoiles ! Me sauter au cou ! Quelque chose !

-Si je comprends bien, j'étais complètement cinglée à ce moment là ?

-Tsss... J'aimerais te répondre non mais j'avoue que la connaissance absolue c'est un peu beaucoup pour un cerveau humain mais bon, tu l'avais à peu près supporté."

Sora se rappela brièvement la scène du rire sadico-machiavélique.

"Je vois ça...

-Hum... Juste un léger dérapage. Donc comme je le disais, je suis ton idéal. Tout ton être ne vise qu'à retourner à l'état dans lequel tu était à ce moment là.

-C'est fou comme j'en apprends des choses avec toi...

-C'est pour les lecteurs ! Et laisse-moi finir. Donc, ce que j'ai à t'offrir c'est une possibilité de récupérer cette connaissance.

-C..Comment ?

-Enfin, ça sera long et difficile et sûrement n'arriveras-tu qu'à récupérer qu'une maigre partie de ce savoir ce qui te rendra vraiment bonne pour l'asile à force de crise de manque mais bon.

-J'accepte.

-Je sais, je suis toi. J'aurais bien voulu tout te rendre d'un coup mais je ne suis qu'un reflet de toi même. Je n'ai pas ce pouvoir. Tout ce que je peux faire c'est te délivrer les informations par brides.

-Ce n'est pas grave, je m'en contenterais. Ce que je voudrais savoir c'est pourquoi tu fais tout ça.

-Je te l'ai déjà dit, je suis toi. Quand tu souffres, je souffre. Et je veux faire cessez cette souffrance tout comme toi.

-Mouai... Tu ressemble aussi pas mal à une seconde personnalité (à moitié folle) qui se serait développé dans un coin de mon cerveau et qui maintenant tenterait le tout pour le tout pour récupérer notre corps.

-Tu lis vraiment trop de livres...

-Ahah ! Je sais !"

***

Sora ouvrit les yeux. Elle était en sueur et fixait le plafond de sa chambre. Aden s'était endormi sur une des chaises à coté de son lit. C'est à ce moment là que Sora réalisa que pendant son cauchemar, elle avait du hurler un petit peu trop dans la réalité. Étrangement, elle se rappelait de tout, absolument de tout. Et elle était tout excitée. Sans attendre, elle bondit de son lit, faisant sursauté le jeune homme au passage et entreprit de descendre les escaliers quatre à quatre. Il fallait qu'elle essaye. Maintenant.
Elle poussa la porte en bois et atterrie dans la boutique. Elle s'arrêta un instant, cherchant dans la pièce sur quoi elle allait pouvoir tester son nouvel espoir. Elle entendit à peine Aden qui descendait en trombe derrière elle en lui demandant ce qu'il se passait. Comme à son habitude, elle l'ignora. Ce n'était pas la première fois qu'elle se réveillait en pleine nuit pour aller vérifier quelque chose, il avait l'habitude. Ce qui était moins habituel c'était les cauchemars. Mais bon, c'était censé être naturel, non ?
La boutique était plongée dans les ténèbres, rappelant à Sora le début de son rêve. Son cœur, complètement affolé par l'excitation résonnait dans ses oreilles amplifiant cette impression de déjà vu. Elle trembla légèrement et se décida enfin à entrer dans la pièce. Aden qui s'était tu la suivit, trébucha sur une pile de livre et tomba. Après s'être relevé, il entrepris d'allumer une ou deux chandelle avant de renouveler son exploit. Sora elle, allait d'objet en objet, les touchant, les caressant, les gardant en main plus ou moins longtemps.

"...Ca ne marche pas... Ca ne marche pas... Ca ne marche pas !"

Mais alors qu'elle venait de saisir une statuette chamanique Nua pour la lancer contre le mur, elle stoppa net son geste. Le monde avait de nouveau disparu. Enfin le monde, disons la boutique, Aden, les livres et tous les trucs qu'on pouvait y trouvait. A la place, elle se trouvait dans une clairière illuminée par la lune en la lumière d'un immense bûché. Tout autour, des hommes et des femmes chantaient une mélopée qui lui fit monter les larmes au yeux. Elle s'approcha, voulu les toucher mais n'y parvint pas. Ils n'étaient pas dans cette réalité. Ou en tout cas, pas dans la même qu'elle.
Évidement, elle parlait couramment le Nua et tous ses dialecte et était visiblement en présence d'un groupe de chamans en train d'appeler des esprits à eux. Enfin non, pas des esprits, un esprit. Un esprit sombre, noir... Maléfique. Au fil de la traduction, Sora sentait la chair de poule se répandre sur son corps. Avaient-ils seulement conscience de ce qu'ils appelaient ? Avant, Sora n'aurait pas crut une seconde qu'une telle incantation pouvait marcher. Pour elle, tout cela n'était que superstition. Mais étrangement, après avoir rencontré trois des petits copains du dieu de la mort Azael, son esprit s'était ouvert sur ce genre de truc.
Brefouille, les papis et mamies étaient en train d'invoquer le démon Arkaäl sans visiblement qu'ils se rendent compte que si le-dit démon débarquait à l'instant, ils allaient tous mourir. D'un coup, l'idée de ne pas être dans la même réalité qu'eux parut géniale à Sora. Et donc, bien sûr, ce qui devait arriver arriva. Des profondeur de la forêt ce fut tout d'abord un cris horrible qui résonna, puis la bête apparue. Elle aussi était noir (ba voui, c'est un démon) et luisante, comme si son corps étant couvert d'une sorte de goudron visqueux et collant. On aurait dit une panthère géante avec des pattes de mante religieuse. Quelque chose entre un insecte et un félin couvert de chitine noirâtre. Sora voulait hurler au chamans de s'enfuir mais savait que cela ne servirait à rien. Elle savait que tout cela s'était déjà passé, qu'il n'y avait plus rien à changer.
La mélopée avait changé, était devenue plus agressive. Ils essayaient de capturer le démon. Faute de pouvoir le tuer, ils essayaient de faire disparaître d'une autre manière la chose qui avait déjà détruit plusieurs village. Le monstre se jeta sur la première proie qui fut à sa portée et la dévora entièrement. Sora retint un cris devant ce spectacle horrible et particulièrement sanglant. Les chamanes, eux, n'avaient pas bougé d'un cil et continuaient leur mélopée. Un à un tous moururent sous les coups de la bête infernales. Les dents plantés jusqu'au sang dans sa lèvre inférieure, Sora ne parvenait pas à détourner les yeux de ce spectacle morbide. Bientôt il n'en reste plus qu'un. Le démon le transperça de part en part de l'un de ses immenses tranchoirs qui lui servaient de pattes. Le dernier mot de l'incantation claqua dans l'air. Tout s'arrêta brutalement. Le démon disparu aspiré dans un mini trou noir. L'homme s'écroula sur le sol, agonisant. A ses côtés, la petite sculpture chamanique de la boutique brillait encore du sang des morts et des crocs visqueux de la créature.
Un gamin accouru alors, sortit de nulle part. Sûrement était-il caché quelque part en attendant que tout se finisse. Il était terrorisé mais s'approcha du vieux chamane agonisant qui lui confia la statuette.
De nouveau tout disparu. Ou plutôt reparu. Sora s'écroula sur le sol, faisant rouler la statuette sur le parquet. C... Ça avait marché ! Ça avait marché ! Des larmes se mirent à couler sur ses joues de soulagement, de bonheur, mais surtout de frustration. L'autre l'avait prévenu. Cette parcelle de souvenir qui lui était livrée ouvrait un peu plus la blessure psychologique laissée par Mort. C'était géniale, magnifique, et en même temps, tellement horrible. Il lui en fallait encore... Toujours plus... Il fallait qu'elle voit... Qu'elle sache de nouveau.
Elle était à genou dans la boutique, immobile si ce n'est les larmes qui coulaient sans discontinuité sur ses joues. Inquiet, Aden s'approcha et s'assit près d'elle. Il l'a pris dans ses bras et elle se laissa faire comme une poupée de chiffon sans aucune volonté. Les seuls choses prouvant qu'elle était encore vivante étaient les soubresauts discontinus qui accompagnaient ses sanglots.
Ce n'est qu'au petit matin qu'elle retrouva enfin son calme.

[DESANGAGEE]

» [D-E] Comme quoi, les hommes arrivent souvent quand on ne s'y attend pas (terminé)
» [DA] Au fond de l'eau se trouve la mort... tout comme dans mon esprit [Fini]
» [DA] Qui baigne ses mains dans le sang les lavera dans les larmes [Ocarenna](Terminé)
» [DH] Un peu de douceur dans ce monde de brutes, un peu de couleurs dans cet enfer blanc (spectacle Troupe) (terminé)
» Le "je" du miroir

Comme quoi, parler à son reflet dans un miroir, ça peut servir ! [F-H] -FINIT-

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