Le maitre du monastère Zélote en personne t'avait demandé de venir dans son bureau. Tu devais te demander pourquoi étant donné que la missive n'ajoutait rien de plus et lorsque tu entras dans son bureau, sans doutes étais-tu quelque peu tendu.
L'entretien ne dura pas bien longtemps, le maitre était pressé, lui même sur une affaire importante qui le mettait quelque peu à crans. C'était sans doutes pour cela qu'il te dit rapidement en quoi consistait ta propre mission, puisque tel était le but de l'entretien. Ainsi, tu appris qu'un jeune Zélote fraichement intégré avait disparu ... comme toujours, les soupçons pesaient sur un Templier ou plutôt, une Templière, la mère du jeune homme. Tout au plus âgé d'une dizaine d'années, le garnement était très prometteur et Lymion ne pouvait pas se permettre de laisser passer l'affaire. Du coup, voilà qu'il t'envoyait à l'auberge de Cydonia, dernier endroit où le gamin et sa mère avaient été vu pour la dernière fois. A toi de trouver des informations désormais ...

L'auberge était presque déserte lorsque tu entras. Il fallait dire que ce n'était pas la meilleure heure pour boire, en plein milieu de l'après-midi, la plupart des gens s'afféraient plutôt à leur propres affaires. Pour l'heure, il n'y avait qu'une femme au comptoir, le serveur et trois hommes assis à une table qui parlaient bien trop fort. Le serveur t'observa d'un œil entendu lorsque tu entras. Tu étais un client, un des rares de sa journée, alors il n'allait pas laisser passer l'occasion !

" Bienvenue, je vous sers quelque chose ? "

[ Désolée, comme je l'ai dit à Feanaro, je n'ai pas eu le temps de faire mieux. Promis, je me rattrape au prochain post. ]

Thonolan réfléchissait à sa mission en se dirigeant vers le Pont Divin. Sieur Lymion avait semblé passablement agité, et avait expliqué l’affaire d’une voix sèche, ponctuée de gestes brusques, avec un air disant clairement qu’il voulait avoir ce novice devant son bureau, tout-de-suite ou même avant. Le jeune Zélote comprenait tout à fait son supérieur. Non seulement y avait-il beaucoup moins de novices que ce que le monastère pouvait héberger - et avait hébergé, a une autre époque – mais ce garçon-la était particulièrement doué. En plus, sa mère faisant partie des Templiers, il aurait pu aider à un rapprochement entre les deux ordres… s’ils ne se sautaient pas à la gorge à cause de lui.

Laissant échapper un soupir, Thonolan poussa la porte de l’auberge et lança un regard circulaire dans la salle. La grande salle, à cette heure, était bien vide. Trois hommes apparemment ivres, dans un coin… vraiment ivres, décida-t-il, et sans armes apparentes. Une femme au comptoir, qui ne lui prêtait guère attention. Il lui adressa un salut discret et prit le siège a cote du sien, écartant son épée en s’asseyant pour éviter que le baudrier ne fasse du bruit en se cognant contre quelque chose. Un geste mécanique, l’épée n’étant pas si inhabituelle qu’il doive la cacher, mais il fallait mieux ne pas attirer d’attentions inutiles.

« Bienvenue, je vous sers quelque chose ? »

Le serveur, empressé, avait l’air de s’ennuyer ferme, et d’être prêt a accueillir la moindre distraction. Thonolan sourit, et commanda une chope de bière bien froide, quelque chose qui « soulage son homme, par cette chaleur, et dire qu’on n’est tout juste qu’en fin de printemps… »
A cette heure-ci, avec si peu de clients, le serveur serait probablement enclin à faire la conversation. Peut-être même avait-il été présent la veille.

En attendant sa bière, il balaya a nouveau la salle du regard… Les trois buveurs toujours à leur place, parlant tout aussi fort, la femme a cote de lui toujours plongée dans ses pensées. Rien d’inquiétant.

Thonolan prit la chope de bière que lui tendait la patronne en lui rendant son sourire. Elle avait l’air de bonne humeur, ayant assez peu de clients à servir pour pouvoir se permettre de discuter tranquillement si bon lui semblait. Il but une gorgée de bière, puis reposa la chope et se passa une main dans les cheveux. Sans avoir le profil d’un tombeur, il n’était pas mal non plus, et savait qu’il pouvait passer pour plus jeune que sa trentaine s’il se donnait un peu de mal.

Eh bien, ma foi, c’est toute une histoire, dit-il en ouvrant grand les yeux, comme quelqu’un qui se retrouve dépassé par les événements. Voyez-vous, ma bonne dame, je suis arrivé ce matin a Cydonia… j’aurais du arriver hier, mais mon cheval a perdu un fer, et cela m’a retardé… En tout cas, je devais retrouver mon jeune frère ici hier soir, mais ayant raté le rendez-vous, je vous avoue que je suis un peu perdu…

Lui lançant un autre sourire, un peu contrit, Thonolan fit mine de baisser les yeux, mais lança a l’aubergiste un regard qu’il espérait discret sous ses cils, guettant sa réaction. Le novice était un peu trop jeune pour être son frère, mais ca devrait passer. Il but une autre gorgée de bière. De ce qu’il avait pu voir, l’auberge n’avait pas subi de dégâts, il ne remarquait aucun signe de violence.

La patronne ne faisant pas mine de répondre, il releva les yeux et lui demanda, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose :
Madame, si vous étiez la hier soir, peut-être avez-vous vu mon frère ? Un jeune garçon d’une dizaine d’années, les cheveux bruns, un peu trop longs, et les yeux noirs ?

Une histoire un peu bancale… elle devrait suffire, à condition qu’il se soit passe quelque chose d’inhabituel la veille, assez inhabituel pour attirer l’attention de la patronne.

La patronne t'observait d'un drôle d'œil. Il n'était pas rare de voir des passants par ici, pressés, d'autre de mauvaise humeur, mais toi, elle le pressentait, tu cherchais quelque chose, ou quelqu'un. Elle ne tarda pas à savoir qui. Sans pour autant te quitter des yeux, elle observa alentour les autres clients et ce qui devait être son mari, en train de discuter avec les trois du fond.

" Vous avez joué de malchance en somme. " dit-elle tout en saisissant un verre pour le nettoyer.

Son chiffon se balada nerveusement sur le comptoir alors qu'elle semblait essuyer des tâches invisibles. Ta question la mettait visiblement mal à l'aise et pourtant, elle resta de marbre, souriante et chaleureuse au possible. Quand on était aubergiste, on avait l'habitude des questions "avez-vu untel ou une telle" et on apprenait par la suite qu'il ne fallait pas toujours répondre. Ca pouvait attirer beaucoup d'ennuis, pour la personne comme pour vous, voilà pour ce qui était de la méfiance de la dame.

" Votre jeune frère, n'êtes-vous pas un peu vieux ? "

La question permettait d'éluder la tienne mais aussi, la patronne avait-elle un doute quand à ton identité. N'était-ce pas plutôt ton fils que tu cherchais ? Et Dieu savait pour quoi. Elle te scruta d'un air interrogateur avant de reprendre, sa voix trahissant sa méfiance :

" Il y a bien un garçonnet qui est venu hier ... " fit-elle presque à voix basse.

Dans la salle, le silence était tombé, les trois hommes parlaient à voix basse et la femme jetait des coups d'oeils insistants dans votre direction, comme sortie de sa torpeur.

Au commentaire de l’aubergiste, Thonolan hocha la tête de manière fataliste, comme pour acquiescer a ses paroles. Il lui semblait que la femme, d’un coup, avait le sourire un peu forcée. Oh, rien d’alarmant, pas de regard furieux, ou effrayé, ou offensé, elle ne l’avait pas jeté dehors, mais ces gestes un peu brusques, ce regard nerveux vers son mari, il l’avait mise mal a l’aise. Elle avait probablement peur de s’attirer des ennuis. Elle avait donc vu quelque chose.

« Votre jeune frère, n’êtes vous pas un peu vieux ? » demanda-t-elle alors.

La question ne le prit pas au dépourvu, il s’y attendait un peu. D’une certaine façon, dire que le jeune novice était son frère n’était pas vraiment un mensonge, après tout, les Zélotes s’appelant « frères » entre eux… mais il était hors de question d’expliquer ca a l’aubergiste. Non seulement les Zélotes n’étaient pas très aimés, mais si elle avait remarqué que la femme en compagnie du garçon la veille était une Templière, elle aurait vite fait d’additionner deux et deux, et de se taire pour de bon.
Thonolan en était la de sa réflexion, lorsque la patronne ajouta :

« Il y a bien un garçonnet qui est venu hier… »

Enfin, Thonolan se retint de laisser échapper un soupir. Ici, l’aubergiste ne s’embarrassait même plus d’un sourire forcé, tout son corps exprimant la méfiance. Il n’aimait pas devoir mentir.

« En fait, commença-t-il, c’est mon demi-frère. Ma mère nous a quitte il y a une quinzaine d’années… »

Voila qui devrait expliquer la différence d’âge. Il jeta un coup d’œil dans la salle, attendant la réponse de l’aubergiste –et aperçut sa voisine, qui leur lançait regard inquisiteur sur regard inquisiteur. Ayant croise son regard, Thonolan lui adressa un hochement de tète, mais pour la seconde fois, dut se retenir de pousser un soupir exaspéré. Des complications. Etait-elle armée ? Enfin, a moins qu’elle lui adresse la parole, il l’ignorerait. En apparence.

[Pardon pour le retard ! Voyage oblige... mais je ferai un effort ! ]

Thonolan baissa les yeux sur sa bière, en espérant que le soupir d’exaspération qu’il n’a pas pu retenir passera pour de la nostalgie, ou de la peine, ou n’importe quoi de ce genre. Tout ca est fastidieux, et il se demande s’il n’aurait pas mieux fait de prendre l’aubergiste a part et de lui expliquer tout simplement l’affaire. Evidemment, autant grimper sur le toit du palais consulaire et annoncer la nouvelle a qui voudra l’entendre. Il ne se sent pas mieux pour autant.

L’histoire de la mère défunte a l’air d’attendrir la patronne, et détourne son attention de la différence d’âge entre improbable entre Thonolan et le novice, mais elle reste sur ses gardes. Une réaction normale. Bon, il devrait y avoir moyen d’arranger ca.

« Enfin, si vous l’avez vu hier, vous me rendriez un grand service… » Commence-t-il, avant de s’interrompre brusquement, comme s’il venait juste de se rendre compte de quelque chose. « Il ne vous a pas causé d’ennuis, j’espère ? » dit-il d’un ton grave, les yeux plantes dans ceux de l’aubergiste, toute la figure du grand frère indigné par le comportement du plus jeune.

Tout en pensant qu’il n’est plus à un mensonge près. Et, de toute façon, le moyen de faire autrement, sans mettre les Zélotes au centre des ragots des six prochains mois, ou pire ?

Pour ne rien arranger, la jeune femme à coté de lui avait l’air de vouloir lui percer le crane par la seule force de son regard. S’il lui adressait la parole, il aurait l’air de se méfier de quelque chose, et s’il avait l’air méfiant, la patronne se refermerait comme une huitre. Thonolan décida qu’il ne tournerait même pas la tête dans sa direction, bien qu’il puisse presque sentir son regard sur lui. A moins qu’elle ne parle en premier.

L'aubergiste écouta à ta question en esquissant un sourire léger. Elle n'avait désormais plus vraiment d'occupation, la vieille femme avait arrêté de nettoyer les verres propres, et d'essuyer les chopes sèches. Mais tout à coup, son visage changea d'expression, elle s'aperçut qu'elle s'était fait avoir. Ce qu'elle venait de te dire était sorti tout seul de sa bouche :

« Ah, il a fait un peu de bruit, il semblait en désaccord avec sa mère, mais il n'est parti que quelques minutes après... Rien de bien méch...»

Elle rougit, surtout que la femme à côté de toi l'avait entendu, et comme toi, elle ne savait pas qui elle était vraiment. Mais cette dernière chuchota :

« Ils sont sur la route de Muria, à priori, le gosse a fugué... »

L'aubergiste paru d'un coup plus décontractée, et te souhaita bonne chance pour les retrouver. Mais cette femme, si étrange, t'avait-elle dit la vérité, ou voulait-elle simplement un soumis de plus pour la cité de Muria ?

[je te laisse conclure, et je lancerai un topic à Muria ! Désolée pour le retard et la taille ^^']

Thonolan s’apprêtait à remercier la patronne quand l’étrangère se mêla de la conversation. Décidément, celle-là… Quoi que, si elle pouvait lui apporter un surcroit d’information, ce ne serait pas de refus. Peut-être était –elle présente la veille ? et avait-elle attendu aussi longtemps avant de se manifester pour les mêmes raisons que l’aubergiste, a savoir qu’il est souvent dangereux de répondre a ce genre de questions, posées par un étranger ? Enfin, elle lui avait donne une direction, c’était cela l’important.

Tout à coup, Thonolan réalisa la portée de ce que la jeune femme venait de lui dire. « Ils sont sur la route de Muria ». Muria ? Rien que ca ? A la rigueur, il aurait pu envisager que la templière emmène son fils à Tamawa, mais Muria ? Quelle mère livrerait son fils à Muria, ou les hommes étaient tenus en esclavage ?

Evidemment, ce pouvait être un piège. Si l’étrangère était une amazone, elle avait pu conclure un marché avec la templière. Cette dernière se débarrassait d’un poursuivant éventuel, et l’amazone gagnait un soumis. Donnant donnant. Sauf que les amazones ne couraient pas les rues… au contraire, elles auraient pu rivaliser avec les elfes, pour ce qui est du renfermement.

Tant pis, pensa-t-il, en partant immédiatement, il aurait peut-être une chance de les rattraper, sans s’approcher de Muria. Au pire, si c’était une fausse piste, il ferait demi-tour et reprendrait l’enquête à zéro. Il devait se dépêcher. Il jeta une pièce sur le comptoir et remercia rapidement les deux femmes, avant de sortir précipitamment. Tant pis pour les apparences. De toute façon, n’importe qui serait bouleversé d’apprendre que son frère se trouve a Muria. Il passerait au temple, en quittant la ville, pour laisser un message a maitre Lymion. Il n’avait pas le temps de faire plus.