(Musique: "Rogue", Matt Uelmen, Diablo 2 OST, disponible sur Deezer)



Les bougies, reliées entre elles par d'épaisses toiles d'araignées, furent allumées lentement les unes après les autres par une longue torche au bois irrégulier. La pièce macabre retrouvait peu à peu de la lumière, et ce qu'on voyait ne la rendait pas plus belle - bien au contraire: les murs étaient recouverts de tapisseries à moitié déchirées par le temps et le feu, les fissures sur les murs témoignant d'un endroit à l'abandon proie des infiltrations d'eau. Un antique lustre se balançait faiblement sous la brise sous un cliquetis qui résonnait glacialement dans la pièce.
Et la silhouette continuait d'allumer les bougies.
Le sol devint plus visible. Recouvert de poussière et de petites pierres qui s'étaient décrochées du toit et des murs. La pièce s'agrandissait au fur et à mesure que les ombres reculaient, mais pour ressurgir inévitablement au moment le plus opportun. A présent, le milieu de la pièce était devenu totalement visible grâce à l'action de la petite forme: les bougies entourées un large pupitre de pierre, dont les gravures vieillissantes ne suffisait pas à redonner un semblant d'humanité à cet endroit.
Et pourtant. Il ne fallait pas longtemps pour reconnaitre que cette large pièce était le lieu de procession des Grandes Prêtresses de Silmarie, lorsqu'elles rendaient hommage à leur déesse. Le lieu de culte le plus riche, le plus entretenu et le plus important de la Cité, celui duquel tout est parti. Qu'a-t-il pu lui arriver pour qu'il soit dans un tel état? Les bancs en bois n'étaient plus que des lattes rongées par le temps, les ornements des façades délavées et vieillissantes. Jamais un Elfe vivant n'aurait accepté de voir son lieu de culte dans un tel état. Était-ce vraiment le même endroit?
Était-ce vraiment la même époque?

La silhouette s'arrêta soudain, tournant le dos. Ce n'était plus une ombre à présent: elle était d'assez grande taille, portait un foulard dans les cheveux d'où dépassait une fine tresse. Elle était vêtu d'une simple tunique en cuir de couleur rouge sang qui lui donnait un air d'assassin dans cette pièce obscur. Le son de ses pas et du vents s'étant arrêtés, il te suffisait de tendre l'oreille pour entre ce qu'elle murmurait en boucle depuis la première seconde.

"... des Ténébres. Car j'ai vu dans l'Obscurité des Ténébres..... Car j'ai vu dans l'Obscurité des Ténébres..."

Et elle ne bougeait plus. Elle restait le dos tourné vers toi, fixée sur un livre miteux à l'épaisse couverture grenat que tu reconnus presque instantanément pour l'avoir lu plusieurs fois. Et ce livre lui appartenait.
Ayaween se retourna, son visage faiblement éclairé par une bougie devant elle qui faisait obstacle entre toi et son livre, ses mémoires de Grande Prêtresse. C'était bien elle, ta prédécesseur, bien que tu ne l'aies jamais vu avec un tel visage.

Spoiler:

Étonnement jeune, elle devait avoir le même âge que toi. Une large frange dégradée s'échappait de son foulard, et la bague de Silmaria que tu portais également rayonnait faiblement sur son auriculaire. Elle te regarda, presque Horrifiée que tu sois ici. Horrifiée, puis résignée: elle s'y attendait.

"... Les Ténébres. Oui. Nous ne sommes plus chez nous ici...."




[ Topic réservé à Nalween pour l'instant. Tu peux poser des questions à Ayaween, je répondrai avec le MJ.]

Ayaween sembla vérifier qu'aucune bougie ne s'était éteinte, comme si l'absence d'éclairage allait mener au retour des Ténèbres et à la fin de sa propre vie. Ou de la tienne. Son apparition n'était-elle pas là pour te protéger? Pourquoi ici, pourquoi maintenant?

"Arriver... Oui c'est arrivé. Ça va arriver encore. Ça arrive toujours, toujours.... Toujours".

Elle chuchotait de plus en plus, regardant autour d'elle à la recherche de quelque chose que tu ne comprenais pas. Elle eut un cri de surprise lorsqu'une flamme s'éteignit, et l'ancienne prêtresse se précipita pour la rallumer le plus vite possible. Ces yeux bleus presque transparents se posèrent ensuite sur toi, mais rien n'indiquait dans son regard qu'elle t'avait reconnu. Ou qu'elle te connaissait.

"Les Ténèbres... là! Je l'avais vu... Haneen me l'avait dit. Comme maintenant. Je n'ai pas pu... C'est arrivé. Maintenant, c'est à ton tour."

Elle se dirigea enfin vers le livre poussiéreux au milieu de la pièce, élevé sur un trône décrépie. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle sembla presque retrouver ses esprits.

« Il faut se protéger. Tu comprends? Je crois.... Ce n'est pas sauf ici. Ils sont revenus. Non, leurs Dieux les ont fait revenir. Ils savent ce que nous avons, on leur a dit. Les étrangers... Tous. Ils ont tout dit. Ils doivent nous oublier, oublier Silmarie, oublier les Elfes. Azthia doit nous oublier, et nous devons oublier Azthia. »

Elle se rapprocha de toi, la lumière des flammèches dansant sur son visage. Elle te prit les mains, refermant les siennes sur elles.

« Tu dois aller les prévenir. Tous. Et s'ils ne t'écoutent pas, tant pis. Ils mourront les premiers, et tu devras fermer la Cité. Nous ne pouvons avoir confiance qu'en notre peuple. Et tu devras te battre! »

Et elle courut rallumer péniblement une bougie éteinte.


[Tu peux continuer de (te) poser des questions !]

Des paroles brèves, entrecoupées…chaos. Nalween s’efforça de se concentrer sur les paroles de l’ancienne Grande Prêtresse mais tout était obscur, dénué de sens à chacune de ses questions Ayaween n’en avait pas tenu compte et avait répondu par une autre énigme. Ce qui ne l’aider pas du tout à comprendre. Dans les écrits, il était dit que la Prêtresse mourrait corps et âme mais il n’était pas mentionné leur capacité à prédire des évènements dans les songes de leur successeur. Nalween n’avait pas le temps, elle le sentait de s’interroger sur des questions dont elle n’aurait pas la réponse. Ce n’était pas la réalité mais de toute évidence le futur s’annonçait sombre, et elle désirait recevoir le plus d’information afin de contrer la moindre menace envers Silmarie. Un cri d’Ayaween la sortie de ses pensées et Nalween eut juste le temps de se retourner pour voir l’ancienne Prêtresse rallumer une bougie. Un frisson la traversa lorsqu’elle s’aperçut que le vent dans la pièce était inexistant, et que la bougie n’avait strictement aucune raison de s’éteindre. Lorsqu’Ayaween repris la parole, cela ne fit qu’empirer le gouffre d’incompréhension qui la gagnait peu à peu. Nalween avait connu la défunte Grande Prêtresse et jamais elle n’avait connu de femme aussi forte. Son savoir et ses connaissances étaient sans frontières et Nalween n’avait jamais eut que pour seul objectif d’égaler Ayaween dans son règne ; et de protéger son peuple comme elle l’a fait.

Entendre qu’Ayaween avait échoué provoqua chez Nalween un coup de sang. Si elle avait échoué après l’intervention d’Haneen qu’elle était ses chances de réussite. Pouvait-elle seulement y penser ? Son tour ? Lorsqu’Ayaween se dirigea vers le livre au centre de la salle, Nalween lui emboîta le pas craignant que la défunte disparaisse mais elle s’arrêta afin de lire le livre et son front paru l’espace d’un instant moins soucieux et ses propos devinrent plus clairs. Les phrases se succédaient toujours ponctuées de "il" indéfini mais ce qui l’interpella fut le "ce que nous avons". Silmarie ? Quelle possession détenue par Silmarie était en capacité de la mettre en péril ? Et pour quel trésor allait-elle risquer la vie de son peuple. Peu importe le fait qu’Ayaween soit paniquée, Nalween l’était de même mais l’ancienne Grande Prêtresse ne pouvait la laisser dans un tel état de trouble, une telle confusion. Nalween allait protester lorsque la Prêtresse continua, qu’Azthia nous oublie ?

Lorsqu’elle se rapprocha, Nalween manqua de reculer et Ayaween lui prit les mains obligeant la jeune elfe à plonger les yeux dans ceux de sa prédécesseur. A nouveau elle prit la parole, mot qui la glacèrent. Mourir ? Elle l’avait insinué tout du long mais voir les prédictions se concrétiser lui faire monter les larmes aux yeux. Non personne ne devait mourir, ni son peuple, ni les autres. L’attachement qui la lié à James la sensibilisé sans doute plus. Nalween n’était pas ceux à vivre en autarcie et son savoir sur les autres contrées étaient grands. Le moindre mal à leur égard lui serait insupportable. En cela elle rejoignait Ayaween.

- Je ne fuirai pas.

Aucune témérité dans sa voix, mais ses yeux de glace étincellaient de colère, de rage. Fermer la Cité, ce serait couper toutes alliances avec les autres états, chose qui ne serait probablement à leur avantage. Si les tensions avec Ptot Tah étaient palpables les autres cités tel que Storghein ou Muria pouvaient leur être d’une grande aide. De plus des Elfes avaient quitté Silmarie afin de rejoindre Storghein ainsi qu’à Cydonia, sans parler des métis. Fermer la cité serait les condamner.

- Fermer la Cité serait une erreur.

Elle coupa toutes répliques en levant une main. Sous comportement pouvait frôler l’insolence, mais elle n’avait plus le temps de se montrer respectueuse.

- Je comprends votre affolement Ayaween, mais je ne peux vous obéir en aveugle.

Nalween respira profondément avant d’affronter le regard de la défunte Grande Prêtresse.

- J’irai prévenir les autres dirigeants. Mais pour cela il faudrait que je connaisse la nature du danger. Vous connaissez mieux que quiconque la … l’entêtement des Almers. Après l’affront que vous leur avait causé, jamais Tutnesi acceptera de m’écouter sans raison valable. De même pour les Cydiens, leur arrogance n’est pas à prouver Anatoli verrait là un moyen d’étouffer Cydonia.

Certes Nalween n’avait pas mâché ses mots puis la phrase d’Ayaween lui revint.

- Et qu’avons-nous de si précieux qui pourrait mettre en danger Silmarie ?

Un long grincement se fit entendre provenant du lustre mais cette fois Nalween ne frissonna pas car ce futur, elle l’empêcherait. Mais une ombre malveillante flottait, dangereuse. Erathia ?

Folle. Cette fille était folle. Comment pouvait-elle agir de la sorte, précisément comme Ayaween avait agi avant elle avec les conséquences qu'elle voyait à présent. C'était cela les successions? Des prêtresses qui se suivent et se ressemblent, prêtes à choisir un chemin différent de celui conseillé par les aînées? Un chemin que chacune avait suivi pourtant, averties qu'elles étaient des conséquences. Leurs vies n'étaient-elles qu'un éternel recommencement? Un éternel échec?
Mais aujourd'hui, l'éternité ne semblait plus être de mise dans ce Temple apocalyptique.

Trop proche, vous étiez trop proche l'une de l'autre. Comme prise d'une angoisse de la proximité que tu avais avec elle, elle se ratatina en baissant sa tête dans ses épaules et en voguant de droite à gauche comme pour anticiper l'obscurcissement d'une bougie. Cela ne servait à rien, bien sûr... Mais cela occupait son anxiété. Et lui donnait une fausse bonne excuse pour ne pas entendre ce que tu lui disais, pour ne pas entendre ce qu'elle ne voulait PAS entendre.


« Peine perdue. Peine perdue. Peine perdue... »

Voilà comment elle concluait toutes tes phrases, en chuchotant si faiblement que les bougies ne vacillaient même pas. Tout était pourtant si simple pour elle! La simple vision de ces ruines aurait dû suffire, mais non... Quelle était cette confiance, cette force qui permettait à cette toute jeune prêtresse d'être si sûre d'elle et de l'avenir... Dégageait-elle autant d'assurance durant son règne? Silmaria l'avait-elle guidé comme elle semblait protéger Nalween?

« Les Cydiens, les Almers... Ce ne sont que des noms pour cacher les faiblesses des Hommes. Les humains sont tous les mêmes, quelque soit le nom qu'ils se donnent. Regardent ce que des humains ont fait, ici... On croyait qu'ils étaient partis, envolés! Non! Ils reviennent.... Et ils sont en colère! Ils veulent leur Cité, ils veulent leur Monde....Tu dois trouver les meilleurs d'entre eux. Ou d'entre elles. »

Elle savait que, jadis, des Elfes s'étaient installées chez les Amazones. Peut-être leur esprit à elles n'étaient pas encore perverti... Ou peut-être était-ce déjà trop tard.

« … L'ombre gagne ».

Oui, c'était déjà trop tard pour le monde d'Ayaween: au fond des ruines, la lumière ne perçait maintenant plus. Un vent mauvais se leva doucement, éteignant les bougies les plus éloignées de vous tandis qu'une ombre semblait avancer sur le sol, dévorant avidement les faibles puits de lumière restants.

Totalement affolée, Ayaween couru récupérer son manuscrit sur la table. Ce même manuscrit qui reste introuvable encore aujourd'hui, caché avant sa mort. Ce même manuscrit qu'elle rangea précipitamment sous le pupitre, dans une fine embouchure juste assez large.

« Nous ne sommes plus en sécurité ici! Plus! »

Te prenant les mains, elle ne chercha même pas à rattraper son foulard, elle cherchait juste à te dire une dernière chose avant que tu ne partes.

« Ce que nous avons de précieux? Mais c'est toi. C'est toi qu'ils veulent. Car je t'ai vu dans l'obscurité des Ténèbres. »

Et toi aussi, tu le vis.

Quelque chose s'écrase sur la Terre, comme une énorme boule de feu irradiant d'un blanc immaculé et aveuglant l'atmosphère en se désintégrant. Un vent rouge recouvre de cendre les plaines qui furent pourtant verdoyante. Une Cité aux hautes murailles laisse sa porte massif en pierre continuellement fermée tandis que des ossements d'animaux ou humains peuplent le sol de sa campagne désertique. Un orage entoure une aube rouge sang qui n'est même pas cachée par la fumée omniprésente. Un Temple s'effondre sous le souffle d'une explosion. Un livre est brûlé. Une armée noire marche. Du sang ruisselle d'une cascade brumeuse. Quelque chose hurle d'une voix grave. Des couloirs rocheux sous une forêt brûlée. Une Cité entre montagnes blanches, lacs et prairie irradie de milles feux, retrouvant sa splendeur.

Une épée lumineuse Azur est lancée par un esprit blanc à une Elfe aux cheveux ébènes brillants. Elle se retourne et appuie son regard sur une femme à la peau blanche et aux cheveux sombres en tenue guerrière. Des lustres vacillent. Une créature, qui ressemble pourtant à un vieil homme, se retourne et t'absorbe dans ses yeux tristes. Une horde s'élance contre une jeune fille blonde tenant une épée vert émeraude, dont la main ensanglantée appuie la jambe d'un homme encapuchonné qui encoche une flèche. Une petite fille blonde à la peau laiteuse pleure dans la robe d'une femme aux cheveux blancs.
La jeune elfe laisse tombée son épée lumineuse Azur et s'effondre.




A ton réveil, la place centrale de Silmarie est prise dans une brume légère. Le banc sur lequel tu es allongée te martyrise le dos. Tes vêtements de nuit peinent à te protéger de la relative fraîcheur du levé du jour, alors que quelques lève-tôt passent la tête par la fenêtre pour regarder dans ta direction.... Ce qu'ils perçoivent à travers la brume et qui a crié en se réveillant.




[Alors alors.... Tout joueur qui peut justifier d'être de bon matin à Silmarie peut poster à la suite et jouer avec Nalween (les elfes/résidents de Silmarie par exemple). L'ordre de la première réponse importe peu (ce sujet étant dédié à l'intrigue, la prêtresse reste cependant LE SEUL centre d'intérêt!) Si personne ne peut jouer à la suite, Nalween clôturera le post par un dernier message de ce qu'elle a vécu. Si quelqu'un désir rejoindre ce topic, qu'il le signal dans la demande de RP (en donnant la raison de votre présence pour rester cohérent dans le RP, je validerai votre présence ou non)]

[Je me permets de jouer Nalween juste assez pour ne pas vous bloquer. Hukkle étant absent pendant les vacances, considérez qu'il vous regarde sans intervenir. Nalween, tu peux reposter dès que tu rentres si tu le souhaites, la chaîne des réponses étant coupée. Coco, Thingol, je vous fais confiance pour vous entendre sur qui post en premier ]


La prêtresse, tout en douceur, se releva péniblement du banc sur lequel elle était couchée. Sa main droite était appuyée contre sa tête, embrumée par un mal de crâne et une sensation d'être encore à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Sa main gauche tâtonna autour d'elle afin de trouver un appui que lui donna Hukkle, qui l'aide à s'asseoir correctement. Elle ne disait rien, trop occupée à revenir sur terre. Elle entendait mais d'un son lointain cet homme qui bredouilla des paroles en la reconnaissant, ou cet autre qui sentait la pipe(?) et l'herbe. Tous deux souhaitaient l'aider... Les hommes étaient ainsi? Ayaween lui avait recommandé de choisir les meilleurs d'entre eux... Silmaria les avaient-elles envoyé à cet endroit précis pour cela?
Nalween ouvrit les yeux... Il était très, trop tôt. Elle avait encore froid, sa petite chemise de nuit ne l'aidant pas à se sentir bien. Parler... Parler pour se raccrocher à la Terre.

"Je vais bien, merci. Relevez-vous je vous pris, frère Elfe... Je ne suis pas assez en tenue pour mériter un tel hommage."

Fière en toute circonstance, la prêtresse dégageait ce charisme et cette politesse qui la caractérisaient tant. Elle observa quelques secondes cet homme mal rasé qui se promenait à Silmarie de bon heure. Un vagabond? Pourquoi ce visage lui était-il familier?

Sursaut. Encore toute fragile de son rêve, elle sursauta à l'apparition de Coralynn. Personne ne dormait donc jamais dans cette Cité?
Est-ce grave. Cette jeune elfe avait visé juste. Lire dans Nalween était si facile? Comment justifier convenablement à son peuple qu'elle se trouvait très tôt le matin sur un banc en train de crier? Pas sûr que le somnambulisme était l'apanage d'une déesse... Mais comment décrire ce rêve qui se reconstituait peu à peu dans son...
Le rêve. Mais oui, dans le rêve. C'est là qu'elle l'avait vu!

« Vous! », murmura-t-elle en regardant Thingol. « Vous... Je vous ai vu! Vous étiez à terre, vous saigniez et... Et vous aussi! » cria-t-elle presque en regardant Coralynn, « vous étiez avec une petite fille que vous protégiez.... Mais par Silmaria qui êtes-vous? Savez-vous quelque chose sur le retour de l'Ombre? »

[ Je laisse la suite à Cora et à Thin n_n]


Le flot de paroles était sorti de ses lèvres bleuies par le froid, rapides plus véloces que sa pensée. Et subitement elle se tut, elle en avait bien trop dit. Son esprit se referma, luttant contre la panique qui l’avait gagné, l’enfouissant à un endroit profond de son cœur, elle se redressa en rentrant une nouvelle fois dans son rôle de Grande Prêtresse et balaya du regard la place centrale encore abandonnée puis son regard revint sur le jeune elfe, la demoiselle et le vagabond. Non, il ne fallait pas les impliquer. Tout ceci était encore trop flou et malgré l’enchevêtrement de ses pensées, la brume froide de Silmarie lui permis de se calmer. Et après tout, d’après Ayaween la cible était elle pas son peuple. Protéger, protéger les elfes tel était son devoir. Tournant la tête vers la demoiselle Elfe, elle rejeta une mèche d’ébène qui lui cachait le visage avant de se redresser doucement, ses jambes d’ivoires étaient encore fébriles mais elles réussirent à la soutenir. Levant le regard au ciel paisible, elle inspira profondément avant qu’un éclair de douleur ne la fasse vaciller tandis que ce même ciel embrasé dansait devant ses yeux. Se mordant profondément la lèvre, elle lutta contre la douleur lancinante qu’était la plausible souffrance de son peuple.

Ayaween ne l’avait pas vraiment aidée, ni non plus rassurée. Mais se laissez aller au désespoir et se résigner à la défaite n’était pas dans ses cordes, se terrer dans les collines Brumeuses non plus. Refusant de se laisser annihiler par une simple vision, elle finit de se redresser et fit un premier pas, assurant ses appuis puis, satisfaite, elle passa entre la petite foule de sa démarche dansante, discrète mais que l’on ne peut occulter. Puis elle se stoppa, et se retourna à demi vers la petite troupe.

- Votre aide pourrait être précieuse si ce n’est décisive à l’avenir non seulement de Silmarie mais aussi à tout Azthia. Un grand danger rôde dans l’Ombre. Suivez moi je ne peux cependant en parler en ces lieux.

La voix n’était pas celle arrogante et autoritaire d’un Chef de troupe mais elle incitait tout de même à la suivre par sa douceur et sa détermination.

- Je me dois de retourner à l'Autel, nous en discuterons sur le chemin.

Et pour déterminer le Rôdeur sceptique, elle pencha légèrement la tête et lui adressa un regard sibyllin un peu charmeur de ses yeux azur, accompagnée d’un léger sourire avant de se détourner et de se mettre en marche. Le genre de regard qui peut être interpréter comme une bénédiction tout autant que comme… pour ne pas aller jusqu'à une menace ce n’était pas bien rassurant. Soit, elle n’en était pas fière mais si l’avenir de son pays était en jeu elle n’allait pas s’arrêter à ce genre de tour de charme.

Pour l’instant, elle songeait plutôt à regagner au plus ite ses appartements car la vue de la Prêtresse en tenue aussi légère ne passera inaperçue mais elle provoquerait aussi un nombre incalculable de rumeurs qui ne manquerait pas de s’entendre jusqu’au contrée extérieure et cela elle souhaitait l’éviter. Non pas par amour propre, honnêtement elle s’en contrefichait mais l’idée de perdre aussi bêtement sa crédibilité l’horripilait. Sans parler du pauvre cœur d’Erendar qui avait déjà pas mal souffert dans ses jeunes années et de ses Gardes du corps qui allaient penser directement à un enlèvement. Avant de se préoccuper de la fin du monde et d possible retour d’Erathia autant éviter une guerre Azthienne pour si peu. Cependant, elle espérait bien que les jeunes gens n’avaient pas oublié sa question et elle attendit patiemment la réponse d’une oreille attentive.

Gloire à la prêtresse et gloire à Silmarie. Tant que le destin le lui permettait elle chanterait ses louanges sur les contrées d’Azthia. Même dans cette tenue si légère et assez inappropriée à sa fonction et à son rang, il émanait d’elle un charisme, une grâce indicible et une douceur dans chacun de ses mots . Polie et douce dans sa réponse à l’elfe, elle était selon elle l’incarnation parfaite de la dirigeante du peuple Silmarien. Gloire et louange à elle !!

Mais l’assurance avait vacillée à la vue du sieur Thingol et à la sienne. La flamme de la détermination s’était troublée quelques instants pendant que les vénérées lèvres de la grande prêtresse laissaient échapper un flot de paroles troublantes, à la limite de l’incompréhensible : le rôdeur à terre et ensanglanté ? Pourquoi? Où et quand ?
Et elle-même protégeant une fillette. La protéger de quoi ? Pour quelles raisons ? Les questions étaient multiples en son esprit, la conteuse amoureuse de l’histoire. Elle ne se rappelait pas avoir vécu un tel événement dans sa vie, du moins jamais en présence de la prêtresse et elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi cela la troublait à ce point.
Et le ton employé… La grande prêtresse qui criait presque… qui jurait même par le nom de la Déesse, par son propre nom !! Cela n’avait pas de sens… Cela ne collait pas avec l’image qu’elle était sensée représenter. Du fond d’elle-même elle comprit que quelque chose clochait et qu’effectivement c’était grave.
Et la dernière question sur le retour de l’Ombre tombait à la fin de tout cela, comme un glas clôturant ce flot de paroles déjà bien suffisamment obscures. En tant que conteuse, elle connaissait plusieurs contes qui pouvaient faire référence à un quelconque retour de l’ombre, de manière implicite le plus souvent, et qui nécessiteraient une explication approfondie qu’elle ne pensait pas être en mesure de donner.

Mais aussi vite que la flamme avait vacillée, elle redevint tranquille, la prêtresse retrouva son maintien, son calme et sa droiture. Se relevant, elle avait recouvré sa dignité, son rôle de chef et de dirigeante d’une nation.
Oublié le désespoir qu’elle avait semblé ressentir quelques instants auparavant, face au réel danger qui semblait exister, Nalween se comportait comme la véritable chef qu’elle était. Elle pensait qu’ils pourraient aider à sauver non seulement Silmarie mais aussi Azthia entière !
Du fond de son cœur, Coralynn se jura de faire tout son possible pour aider sa dirigeante même si cette lui semblait démesurée et un peu embrouillée, surtout maintenant alors qu’elle n’avait pas plus d’informations que les bribes qui avaient échappées à la Déesse incarnée. Mais quoiqu’il en soit, elle se sentait terriblement excitée. Qu’elle le veuille où non, elle allait sans doute voire l’histoire s’écrire et, qui sait, y participer. C’était ce qu’elle avait toujours souhaité, son véritable but dans la vie.

Mais il leur fallait d’abord se rendre en un lieu plus approprié pour ce débat, et plus sûr. La conteuse ne mit pas longtemps a comprendre qu’en restant ici à leur expliquer, qui plus est dans cette tenue, elle se compromettait, et avec elle c’était tout Silmarie qui risquait sa réputation.

Elle se mit donc en route à sa suite, réfléchissant à ce que pouvait bien être la nouvelle qu’allait leur annoncer la grande prêtresse. Elle se rappela aussi qu’elle leur avait demandé leurs nom, ainsi que s’ils possédaient des réponse à propos de l’ombre. Jugeant le moment venu de répondre, elle se plaça à son niveau chemin faisant :

- Mon nom est Coralynn, je suis conteuse de mon état. Je vous avoue que toute cette histoire est loin d’être claire dans mon esprit, cependant, vous demandiez si l’un de nous savait quelque chose à propos du retour de l’Ombre. Je connais quelques histoire qui l’évoquent, mais je ne sais pas si l’on dois les croire ou considérer que ce sont de simples légendes bonnes pour endormir ou faire peur aux enfants.

Elle se tut, presque honteuse d’avoir oser tant parler à l’incarnation vénérée de la Déesse.
Silencieuse, elle réfléchissait à ce « retour de l’Ombre » évoqué par leur Prêtresse.

[Ce n'est peut être pas très cohérent car écrit en plusieurs fois. et je n'ais pas le temps de me relire. Cela a au moins le mérite de vous débloquer.]

[Désolé j'avais completement oublié ce topic. ><
Bon c'est pas terrible, mais j'ai fait en sorte qu'on puisse avancer.]

Et paf raté ! Pourquoi rien ne se passe jamais comme prévu dans ce bas monde hein ? En quelque seconde la situation venait de basculer quand une de ses anciennes clientes, conteuse de son état avait appelé la jeune femme « grande prêtresse de Silmarie ». Thingol n'était peut-être pas un elfe, mais il connaissait bien mieux que la plupart des étrangers l'importance de ce titre tant sur le plan politique de spirituel et symbolique. Ce qui lui fit l'effet d'un seau d'eau froide lorsqu'il se rappela où traînait son regard. Heureusement qu'il respecte à la lettre le vieux dicton astorg : « sortez couvert ! » et que sa capuche dissimulait son regard.

Quelque peu perdu dans ses pensées, le rôdeur revint bien vite à lui lorsque la plus haute et plus légèrement vêtue autorité de Silmarie l'interpella.

« Vous! »

Heeein ?! Mais pourquoi lui ? Il avait rien fait !! Enfin presque ...

« Vous... Je vous ai vu! »

Raaaah zut la capuche n'était donc pas suffisante pour cacher son regard ... observateur ?! Zut il risquait quoi pour outrage et manque de respect à l'image de l'autorité suprême de Silmaria ? La prison a vie ? La torture ? Voir pire ... être vendu aux amazones !! Non c'était quand même pas de sa faute si la grande dame sortait de chez elle en tenue léger ... si elle n'était pas aussi importante elle aurait pu être inculpée le racolage passif ! Mais la suite de la phrase le détrompa aussitôt.

« Vous étiez à terre, vous saigniez et... Et vous aussi! »

Hein ? Thingol jeta un rapide regard sur lui-même... Non il ne saignait pas et ses chausses n'avaient plus aucune trace du sang de la dernière proie qu'il avait chassé. Aussi importante soit elle la prêtresse était elle toquée ? Peu probable. Il était par contre connu que la prêtresse possédait des dons divinatoires. Ça voulait dire qu'il allait être blessé dans un futur proche ?? Et ce retour de l'ombre dont elle avait parler ? Qu'est-ce que ça pouvait bien être ... Raaah encore des ennuis en perspective, mais c'est pas vrai une déveine pareille ! Il aurait mieux fait de rester coucher tient !!

Le visage du rôdeur s'était considérablement assombrit, « l'ombre » était un thème récurent dans les légendes de la plupart des peuples qu'il avait visités, c'était généralement une manière d'exprimer le mal, la guerre, voir la maladie. Et bien qu'il ne soit pas du genre superstitieux, quand une grande prêtresse adulée par tout un peuple vous sort ça à son réveil avant même le lever du soleil ... il y a quand même de quoi s'inquiéter. C'est vrai quoi imaginez qu'elle ait raison !

Vu la situation et l'importance de la personne en chemise de nuit devant lui, Thingol ne protesta pas et suivi « l'invitation » qu'on lui faisait. Autant dire que l'oeillade aguicheuse de sa grandeur suprême : la prêtresse de Silmarie, ne l'avait pas franchement mis à l'aise.

Le guide en manteau gris suivit donc, légèrement à l'arrière du petit groupe, mal à l'aise en si bonne compagnie. Malgré son scepticisme il garda le silence, les questions attendraient qu'il en sache plus, mais il en aurait tôt ou tard c'était certain ...

[C'est un peu rapide, desolée !]

Avec soulagement, la prêtresse vit que la jeune Elfe et le rôdeur avait prit sa suite ainsi que l’elfe bien que celui-ci n’eut pas décroché un mot. Bientôt la demoiselle vint à son niveau l’informant de son métier, métier qui illumina les yeux de la grande Prêtresse. Conteuse ? Ainsi la jeune Coralynn s’illustrait dans le domaine des Arts mais bien plus encore cette jeune elfe représentait un savoir qui n’était inscrit dans aucun écrit. Des légendes épiques, sublimées au fils des années n’avaient survécues que grâce au savoir et à la profession des ménestrels et des bardes, et bien que ces histoires soient pour la plupart enjolivées –plus ou moins selon l’habilité du Conteur- leur racine étaient bels et bien issu de faits d’armes ou d’événements aujourd’hui oubliés. De toute évidence, la jeune femme aux cheveux diaphanes s’était faite la même réflexion. Puis elle se tut, visiblement gênée de sa présence, ou craignant d’avoir fait outrage à une quelconque règle éthique. Nalween se mordit la lèvre. A force de rester enfermée dans son Palais de marbre, elle avait oublié l’image si imposante qu’était celle d’une Grande Prêtresse, la réincarnation de la Déesse. La gêne se retrouvait visiblement chez le rôdeur qui laissait flotter une distance certaine entre les jeunes femmes et sa silhouette au manteau gris, peu rassuré d’être en compagnie d’une Dirigeante. De toute évidence, le regard qu’elle lui avait lancé de l’avait pas aidé, mais si elle avait été moins candide elle se serait aperçue du trouble que pouvait causer la légèreté du tissus dont elle était vêtue.

Balayant ces pensées d’un geste, la Prêtresse prit une rue à droite, ses pieds nus ne faisant pas le moindre bruit sur le pavé, avant de jeter un regard discret sur la prochaine ruelle, qui elle commençait à s’éveiller. La Reine Elfe retint une malédiction du bout des lèvres, consciente de la présence des jeunes gens à sa suite, mais de toutes évidences il ne serait pas aisé de retourner à l’Autel en passant inaperçue. Même si elle parvenait à regagner le palais, les gardes ne pourraient que voir qu’elle venait de l’extérieur, à peine recouverte d’un tissus aussi couvrant qu’un nuage de brume et en compagnie d’un rôdeur, d’une conteuse et d’une elfe aussi respectueux que perdu. Dans tous les cas, l’histoire ne pourrait qu’avoir des remous. Ou alors… Elle retourna son attention sur les jeunes gens, adressant un regard apaisant à Coralynn qui sembler hésiter sur la conduite à tenir et faisant signe au rôdeur de la suivre silencieusement évitant à tout pris d’aguicher sans le vouloir le pauvre Astorg, sa tenue le faisant très bien toute seule.

Ainsi s’enfoncèrent-ils dans un labyrinthe de ruelles que la jeune Conteuse devait connaître et dans lequel la Reine Elfe aurait pu s’y retrouver les yeux fermés. Rapidement, ils aboutirent sur une petite cour, comme il y en avait tant de les quartiers nobles de Silmarie, car ce district était celui des familles guerrières de l’ost elfique. Un coup d’œil vers les palais la rassura sur leur inactivité, et la prêtresse se dirigea vers un monument élevé en l’honneur des hommes tombés pendant les guerres qu’avaient animées Azthia. Quoi de plus normal dans ce quartier ? Puis la prêtresse laissa courir ses doigts sur une des pierres, exécutant une combinaison complexe avant de reculer. D’abord il n’y eut rien, puis la dalle se retira dans un soupir paresseux laissant place à un passage plus sombre que le plus profond des puits.

Un signe de tête de la Reine Elfe indiqua aux jeunes gens d’entrer dans le passage avant d’en refermer l’entrée, ne laissant place qu’a une obscurité à couper au couteau. Rien de très rassurant donc. Puis la demoiselle généra une boule de lumière devant eux, avant de les guider dans le dédale souterrain. Se sachant désormais à l’abris d’oreilles indiscrètes, la prêtresse prit la parole, prenant soin de ne pas se tromper de chemin, ce qui ne serait en aucun cas une bonne chose pour leur devenir.

- Veuillez excusez mon empressement à rejoindre l’Autel, mais cette nuit a été le théâtre d’événements qui ne présage rien de bon pour Azthia et des réponses à des interrogations aujourd’hui encore sans réponses pourrait trouver une fin en ces lieux.

Elle prit une pause, se concentrant sur la portée que pouvait avoir ses mots. Mais si Ayaween avait choisi de lui montrer cette jeune femme et ce rôdeur, Nalween savait qu’elle pouvait avoir foi en eux, car paroles de Prêtresse étaient celle de Silmaria.

- Je pense jeune Conteuse que l’Ombre dans la plupart de vos récits fait référence à Erathia n’est ce pas ? Détrompez-vous alors qu’en à leur rôle, car il serait imprudents de sous estimer ainsi leur impact sur nos vies.

Elle prit à nouveau une pause, l’air grave tournant à nouveau à un carrefour de tunnel, vaillant à ne pas égarer le rôdeur qui avait de toute évidence du mal à suivre les événements.

- Cette nuit, l’esprit de la défunte Ayaween m’a rendu visite dans mes songes. Elle m’a mise en garde contre le possible retour de l’Ombre. Un tel présage ne peut être pris à la légère et elle a malheureusement cru bon de vous impliquer dans ce futur. Je vous ai vu dans ce songe lutter contre cette puissance devastatrice.

Etait-ce la manière dont la prêtresse avait choisi de s’excuser ? Sans doute, car elle était terriblement attristée d’impliquer des citoyens innocents dans une lutte qui pourrait se révéler sans merci contre ceux qui les avait autrefois opprimés. Mais il devait savoir, la prêtresse n’était pas en droit de leur cacher la vérité.

- Je ne vous retiens pas en ces lieux, la décision de vous engager ou non dans cette lutte contre la destinée vous appartient. Comprenez cependant que je ne puis vous en dévoiler plus sans connaître votre volonté.

L’écho de ses paroles plana dans le tunnel, peu rassurante en vérité.

- Jeune conteuse, votre aide me serait précieuse. Les contes et légendes pourraient se revélés essentiels pour ce combat.

Petit à petit, ce dernier se fit plus ouvragé et bientôt des arcades vinrent ornés les pierres nues. L’air aussi se fit moins humides, plus respirable et un dernier escalier aboutit à une porte. Après leur réponse, la demoiselle irait tout droit à l’autel pour vérifier la plausible présence des mémoires d’Ayaween…

[Je pense pouvoir dire que depuis le temps, le topic est clos^^]

[ Ah mais non je proteste ! Je veux mon fichu bouquin namého ! Thin avait dit que le Mj cloturerait il me semble. ]