[Pour ceux qui ont lu ma fiche, c’est un peu redondant, puisque ce sujet en est la continuité, j’en suis désolée ! Ce sujet est libre mais Nalween est prioritaire.]

Marre marre marre et marre ! Les rayons du soleil ne cessaient de s’acharner sur les épaules de Jillian et tapaient fort, très fort. Alors, que la lumière était magnifique dans la cité, que les temples en or massifs brillaient sous la lueur de l’astre solaire, elle s’en moquait bien ! Que la ville soit une prouesse architecturale, au beau milieu du désert, cela lui passait bien au dessus ! Tout ce qu’elle voyait elle, c’était la chaleur étouffante et le sable brûlant qui lui carbonisait les pieds. Parce que Jillian n’avait pas pu se résoudre à enfiler à nouveau sa paire de babouches. Mais ce n’est pas parce qu’elle allait pieds nus que les commerçants se retournaient sur son passage. Pas non plus à cause de ses habits amples, aux couleurs vives et froides, passant de l’indigo au violet avec quelques reflets pistache. Pourtant, leur asymétrie attirait le regard : sa jupe fendue partait du haut de la cuisse pour descendre jusqu’au mollet et une manche de son haut traînait par terre tant elle était longue, tandis que l’autre se limitait à l’avant-bras. L’ensemble, bien qu’étrange, lui allait plutôt bien, surtout avec le décolleté avantageux de sa tunique.

Non, malgré ses goûts un peu excentriques en ce qui concernait les vêtements, c’était le chapeau qui jurait ! Large d’un mètre, les rebords remontés et brodés, il était pour le moins encombrant. Jillian l’avait acheté à un marchand ambulant, il avait nommé ça « chapeau Méh xi k’un ». Et avec le soleil de plomb, ce genre d’accessoire s’avérait utile, et maintenant qu’elle s’y était habituée, indispensable à la Saltimbanque.

« Mais c’est une vraie fournaise ici ! C’est pas possible de pas être foutu d’aménager cet endroit comme il faut ! Ils le savent pas qu’il y a du soleil non, hein ? Ils peuvent pas se débrouiller pour faire plus d’ombre ?! J’en peux plus moi ! »

Le rugissement sur sa droite fit sursauter quelques passants.

« Oh toi la ramène pas ! »

Car si Sam s’était contentée de grogner le message était clair : Jillian mais quelle mauvaise foi ! Le marché était couvert des tentures colorées des stands et protégeait la majorité de la place du soleil. Mais les gesticulations des vendeurs et les flots de flâneurs ou d’acheteurs aguerris faisait monter la température encore de quelques degrés et pas un souffle de vent de put rafraîchir le front perlé de sueur de la Meneuse. Alors bien sûr, Jillian avait chaud et ne se gênait pas pour le dire, le redire et le répéter.

La tigresse, quant à elle, se traînait tant bien que mal aux côtés de sa maîtresse. Lassée par la chaleur, elle avançait mollement, supportant mal sa masse énorme de poils longs rayés de flammes. Sa langue sortait de sa gueule aux crocs démesurés qui attiraient d’ailleurs quelques regards inquiets et elle respirait avec difficulté.

« Bon, on prend les fruits et on se tire vite fait ! »

Si tôt dit, si tôt fait, Jillian s’approcha d’un stand où agrumes et légumes se serraient. Elle choisit ce dont elle avait besoin et tendit de la monnaie au marchand… qui ne la calcula pas un instant ! Ses yeux étaient figés sur quelque chose au dessus de l’épaule de la Saltimbanque, obligeant cette dernière à se retourner pour voir de quoi il s’agissait. Ou plutôt de qui. Car ce quelque chose était un femme. Une femme drôlement belle !

C’est alors que Jillian remarqua que beaucoup s’étaient arrêtés de bouger pour contempler cette Elfe magnifique – car il n’y avait pas de doute, c’était bien une Elfe. Parmi eux un homme à la peau plus sombre qui continuait de marcher, le regard rivé sur elle. Et ce qui devait arriver arriva, il bouscula un étalage duquel tomba une pile de tissus. Tout droit dans la boue. Fou de rage le propriétaire se mit aussitôt à hurler et vociférer des injures, tandis que l’homme tentait de ramasser par des gestes frénétiques ce qu’il venait de renverser. Et son regard n’échappa pas à Jillian. Il était tétanisé. Et la Saltimbanque ne tarda pas à comprendre pourquoi…

« Décidément ! Les gens de ton espèce ne servent tout bonnement à rien ! Rien si ce n’est nous rendre la vie plus difficile encore ! Nua ! Espèce inutile et stupide ! Tu ne vas pas t’en sortir comme ça ! Tu vas payer ! Et payer cher ! »

Joignant le geste à la parole, le marchand se saisit d’une masse en bois et l’éleva au dessus de sa tête. Voyant que personne ne bougeait et que l’homme allait abattre son arme, Jillian ne put s’empêcher d’intervenir…

« Eh toi ! Baisse ton arme ! Tu vois bien qu’il a pas fait exprès ! Il est en train de ramasser et je suis sûre qu’il lavera ce qui doit être lavé ! Pas vrai mon gars ? »

Le ton de la Saltimbanque, direct et puissant, n’était pourtant pas agressif, comme celui qu’on lui connaissait. Impulsive, d’accord, mais pas stupide non plus.

[Je te laisse faire répliquer le marchand, Nalween, à toi de trouver quelque chose qui justifierait l’intervention de ton personnage.]

Discrète n’est-ce pas ? C’était sensé être le mot d’ordre du groupe et c’était aussi dans cette optique qu’elle avait revêtue la tenue traditionnelle offerte par Tutnési à l’époque ou ils vivaient encore en tant que nomade. La tenue se fondait certes parfaitement au milieu des autres Almers mais pas son occupante. Mal à l’aise dans autant d’étoffe, Nalween fut obligée de remarquer que les yeux qui se rivaient sur elle sur son passage démontraient que même ainsi affubler, elle ne passerait de toute façon pas inaperçue. Elle lança un regard à Calàithe l’un des jeunes assistants d’Erendar qui les avaient accompagné pendant le voyage et ce dernier renvoya à la belle prêtresse un regard désolé et presque affolé lorsqu’il jeta un coup d’œil alentour et en voyant tous ses regards rivés sur sa prêtresse. Cette dernière en soupirant attrapa entre ses doigts une bande de tissus sur sa tête avant de libérer ses mèches d’ébènes ramenées en chignon d’où pendait une multitude d’ornement plus beaux les uns que les autres, sans parler de la couronne qui cernait avec élégance le front de la belle elfe. En tout cas, l’effet ne se fit pas attendre. Calàithe manqua de tourner de l’œil, James se mordit la lèvre en se débarrassant à son tour de son turban qui dévoila ses cheveux roux pour de pas sourire alors que Nath posait la main sur la lance à sa ceinture tandis que des gardes Almers qui s’étaient passés le long des rues s’organisaient autour de la Dame, sans doute pour assurer au mieux sa protection maintenant qu’il l’avait retrouvée.

Oui car avant de la retrouver, les gardes avaient perdu la dame ce qui n’avait sans doute pas été pour plaire à Tutnési, bien qu’il fut le témoin lui aussi de l’aptitude qu’avait la Reine Elfe de fausser la compagnie à ses gardes. Après leur séjour à Silmarie et le départ de Tutnési, Nalween avait profité du répit offert par les événements pour le rejoindre suite à son invitation décidant d’en profiter pour surveiller son futur époux et notamment sa relation avec Cydonia –oui juste promise, la prêtresse était déjà jalouse et en plus d’Anatoli… Comment cela vous ne me croyiez pas ?- mais aussi récolter un éventail d’information qui lui serait utile en temps voulu. Seulement si elle avait compté sur le P’yra pour l’aider, la montagne de dossiers qui l’attendait à son retour de Silmarie n’avait pas prévu de laisser leur Roi s’échapper.

La Grande Prêtresse s’était donc retrouvée à tourner en rond dans le Palais, enfin avant de monter sa fuite de ce dernier. Non pas qu’elle était prisonnière mais Tutnési n’aurait jamais laissé la belle elfe sortir du Palais sans protection et pour faire des recherches, enquêter d’établissement en établissement avec l’armée Almer à ses pieds n’était pas vraiment judicieux. C’est pourquoi elle s’était ainsi déguisée, dissimulant sa crinière brune, sa peau immaculée et son corps sous les bandes d’étoffes mais rien de pouvait occulter la démarche de la Reine, son dos trop droit et son port de tête trop noble, elle s’en était déjà rendue compte avec Sora, sa tentative de traverser la ville masquée venait de le lui prouver.

- Nalween, je vous en prie remettez ce turban,ne put que supplier le jeune druide en voyant les regards se faire plus insistant.- Elle n’avait pas besoin de cela pour se faire remarquer, elle est plus grande que la plupart des Almers… aussi bien hommes que femmes d’ailleurs., rétorqua le rouquin avec un sourire.

Remarque qui lui valut les regards assassins de Nath et de sa sœur, et même Calàithe s’y mit. Cette dernière lui jeta son drapé traditionnel en pleine tête, qu’il stoppa naturellement avant qu’il n’atteigne son visage de dieu Azthien alors que Nalween dégainait un éventail.

- Passons par le marché avant d’être complètement encerclés, qui sait ce que l’on peut y trouver.

Calàithe allait répliquer mais Nalween le supplia du regard. Inutile de dire qu’elle était imbattable à ce jeu là. Calàithe se contenta de soupirer alors que James lui donnait une tape amicale à l’épaule. Nalween bifurqua dans une ruelle sous les instructions de Cal’ qui se débattait avec une carte de Ptot Tàh, profitant d’un courant d’air frais qui la fit revivre avant d’émerger sur le marché. Ce qui la stoppa net.
Elle n’avait jamais vu un marché, juste lu à quoi cela pouvait ressembler. Hors de questions d’en voir un à Silmarie, sa Cité était bien trop carré et ordonnée pour en recevoir un ce n’était dans leur mœurs mais c’était tellement… surprenant. S’avançant entre les étalages, Nalween en occulta même les regards qui se posaient sur elle car il ne s’attardait plus comme dans les rues tandis que ses yeux cristallins dévoraient les tables de bois sur lesquelles trônaient tour à tour livres, armes et marchandises de toutes provenances. Levant le yeux, elle admira un instant les étoffes chatoyantes tendues au dessus de leur tête avant de se faire bousculer par une jeune femme qui se confondit en excuses et Nalween n’eut pas le temps de la rassurer que déjà elle avait filé entre les étalages.

Mais elle n’eut d’ailleurs pas le temps de s’y attarder car un étalage s’écroula à deux stands d’elle la faisant sursauter alors qu’elle voyait distinctement une pile de tissus s’effondrer. Pourtant, son regard ne s’arrêta pas tant sur le tissus mais plutôt sur l’homme qui avait fait tomber la pile. Un Nua. Des éclats de voix lui parvinrent alors, notamment ceux de l’Almer qui lui glacèrent le sang. Son corps se tendit alors qu’elle s’élançait vers le stand, enjambant celui qui s’élever entre elle et le marchand alors qu’une autre voix s’élevait, forte et clair et étonnement, féminine. Voix qui pétrifia l’assemblée et si pour la plupart c’était de surprise, le tremblement qui émana du bras qui tenait le maillet prouver que pour le marchand c’était de rage. Après tout comment osait-elle défendre un esclave ?

« Je vais t’apprendre à ravaler ta langue femme et à ne te mêler des affaires des autres, je ne sais pas ce que les tiens te permettent mais tu n’es pas chez toi ici. Tu veux finir comme lui ? Grand bien te fasse, ça me gêne pas. »

Nalween papillonna des paupières un instant estomaquée par le discours du marchand. En moins de quelques minutes, ils avaient régressé de quelques siècles. Enfin dans le cas de l’Almer, il n’avait jamais du évoluer. Ce dernier attrapa le poignet de la jeune Cydienne avant de la propulser vers le Nua qui la réceptionna tant bien que mal il se tourna ensuite vers certains de ses apprentis, sans doute plus racistes les uns que les autres envers les Nuas en leur faisant signe vers les deux personnes qui l’avait contrarié. Elle ne savait pas exactement ce que le marchand avait en tête ni ce que « finir comme lui » impliquait, dans tous les cas la Dame elfe se posta entre le marchand et les deux jeunes gens alors que James aidait le Nua à se relever avant de prendre la parole de sa voix apaisante.

- Cela suffit à présent.

Elle eut du mal à interpréter l’écarlate dont se teintèrent les joues du marchand en tout cas Nath ne m’y pas plus d’une demi seconde à rejoindre sa sœur, s’interposant et dominant le marchand de sa grande taille. Ce qui ne démonta pas un instant ce dernier.

- Je sais pas qui t’es gamine, mais si t’es pas au courant les elfes sont assez mal vu à Ptot Tàh. Tu te prends pour qui ?

Ce qui fit tomber en une seconde Nalween de son piédestal qui resta un instant sans voix. Elle aurait bien rétorqué « la future épouse de votre Roi » mais elle essaya de s’abstenir de se faire remarquer.

- Non mais pour qui vous prenez-vous ?! Prenez un autre ton en vous adressant à la Grande Prêtresse !

Nalween, James et Nathanaël se tournèrent d’un même geste vers Calàithe mais le jeune druide se contenta de hausser les épaules. Rejetant une de ses boucles brunes en se mordant la lèvre, la prêtresse rajouta à l’attention du marchand, qui pour le coup s’était apaisé sans pour autant se démonter fasse à la Reine Elfe.

- Bien, si vous le permettez nous allons nous retirer. Faites parvenir la note concernant les tissus au Palais, nous vous dédommagerons si cela vous convient.

Ne laissant pas la réplique au marchand et aux Almers alentours, les elfes s’éclipsèrent entre les étalages aussi furtivement que leurs particularités leur permettaient en emmenant le Nua avec eux afin d’éviter qu’il finisse lyncher par les marchands. Mais la prêtresse se stoppa ce qui fit s’arrêter les trois autres elfes qui lancèrent des regards intrigués à la prêtresse qui elle fixait la jeune Cydienne qui s’était dressée contre le marchand malgré l’attroupement. James lui fit un signe de tête pour les inviter à les rejoindre avant de repérer le tigre à ses côtés, ce qui lui rappela Angèle et Celeb et le refroidit un tantinet. D’ailleurs, son caractère avait l’air aussi doux que celle de l’Astorg…

[J’ai rapidement désamorcé la bombe pour éviter une émeute XD. J’ai manipulé ta perso, si cela te pose un probléme dis le moi il n’y a pas de soucis. La réponse est pas très bien construite, mais l’inspiration n’était pas avec moi pardon >.<’]

[Ca sert à rien d’avoir Charisme si c’est pour qu’on me la foute par terre en deux secondes XD. Ca me va, t’en fais pas =D.]

Soufflée la Jillian ! Le marchand l’envoya voler sans autre forme de procès, aux côtés de l’homme à la peau sombre qu’elle avait tenté de défendre. Plus surprise qu’en colère, elle ne comprit d’abord pas comment elle avait pu en arriver là… D’accord ici, sa réputation ne la précédait pas. Personne ne la connaissait en tant que Meneuse de la plus grande Troupe de Saltimbanques d’Azthia, mais surtout en tant que Jillian, la femme au caractère bien trempé, à la langue bien pendue et aux répliques cinglantes. Elle n’avait pas l’habitude qu’un échange s’interrompe aussi rapidement, généralement, elle avait toujours l’avantage car au bout de quelques mots, l’interlocuteur comprenait à qui il avait affaire la joute restait alors verbale et il s’écrasait devant la charismatique Saltimbanque. Et les crocs gigantesques de Sam.

Mais même la tigresse n’eut pas le temps de réagir. Déjà la belle Elfe qui était à l’origine, finalement, de ce remue-ménage s’interposait entre le marchand fou de rage et le couple à terre. Il ne rabaissa sa masse qu’après le titre annoncé. Grande Prêtresse. Même ce type-là ne saurait ignorer ce que cela signifiait. La prestance, la beauté de cette femme ajoutées à sa noblesse… le marchand n’était pas de taille. Les Elfes prirent congé sans attendre qu’il réplique attrapant l’homme que l’autre avait appelé Nua sous leur aile. Jillian sortit alors de sa torpeur. Sam aussi. En un bond majestueux, subtil mélange de sauvagerie, de force et d’élégance, le félin prit place aux côtés de sa maîtresse.

Les oreilles rabattues, tout croc dehors, elle tassa sa masse formidable. Prête à sauter. Jillian se releva, époussetant son incroyable chapeau et les tissus colorés qu’elle portait.

« Si t’as besoin d’un titre pour être poli avec une femme tu risques de rester puceau toute ta vie, minable. Aller viens Sam, on s’en va. Il en vaut pas la peine. »

Les joues du vendeur rougirent. De rage, de honte, Jillian n’en savait rien, ce qui était sûr, c’était que sa réplique acerbe avait fait mouche. Il ne répondit pas, sous la pression de l’immense tigresse aux dents de sabre ou de la présence des Elfes, encore proches. La Saltimbanque aurait mieux fait de se taire, mais ce mot ne faisait pas partie de son vocabulaire. Et Sam à ses côtés, elle savait qu’elle ne se ferait pas reprendre.

Elle se détourna du marchand, cherchant des yeux l’homme qui avait fait tombé l’étalage, le « Nua ». Jillian n’avait pas compris s’il s’agissait d’une insulte, d’un nom ou d’une race. Tout comme elle ne digérait pas le fait que personne n’ait réagi devant l’acte de violence démesuré. Elle-même n’était pourtant pas du genre à secourir la veuve et l’orphelin, on ne peut pas dire que la Meneuse connaisse ce qu’est la générosité. Mais l’injustice dont avait été victime cet homme faisait écho à l’injustice qu’elle connut, elle, dans son enfance.

La jeune femme ne trouva pas le Nua mais rencontra le regard de la Grande Prêtresse. Elle le trouva lourd, gênant, comme si l’Elfe la jugeait du haut de son piédestal, bien à l’abri derrière sa garde et son titre. Elle aurait voulu soutenir ce regard, par défi, mais un mouvement derrière la femme lui dévoila le Nua qu’elle cherchait et avec qui elle voulait absolument échanger quelques mots. Pour comprendre.

Passage obligé par la Grande Prêtresse, sans toucher vingt mille Talents. Elle n’avait pas lâché Jillian du regard. Beaucoup se seraient fait rembarrés pour bien moins. Il arrivait à la Meneuse de pousser des gueulantes pour un soupir surpris ou un reniflement mal interprété. Il lui fallut faire appel à tout son sang froid pour rester de marbre. Ne pas exploser. Un effort surhumain que la Cydienne n’avait pas l’habitude de faire. Non, décidément, non, se taire ne faisait plus partie de son vocabulaire. C’est pourquoi sans plus réfléchir, arrivée au niveau du cortège elfique, elle ne tint plus.

« Je sais qui tu es. Mais c’est pas une raison pour m’juger comme ça. »

Si elle avait réussi à contenir sa voix pour ne pas crier, ses yeux verts, eux, lançaient des éclairs.

« J’veux parler à ce gars-là. »

Ses mots étaient simples, tout comme son éducation, pourtant elle dégageait une telle prestance que personne n'oserait la reprendre sur son vocabulaire. Les poings sur les hanches, Sam à ses côtés, elle était tout bonnement impressionnante. Du moins, pour le commun des mortels... Jillian désigna le Nua du menton. Encore sous le choc, il tremblait comme une feuille et ne semblait vraiment pas disposer à tenir une conversation. Ses yeux fuyaient tous les regards, et ses jambes auraient certainement voulu en faire autant si les Elfes ne l’avait pas encadré. Cette attitude la dépassait totalement. Pourquoi ce type était mort de trouille ? Elle n’allait pas le bouffer… Sam peut-être, mais cette dernière gardait ses prunelles dorées fixées sur la Prêtresse. Elle comprit vite qu’elle ne pourrait pas échanger quoi que ce soit avec le Nua, pour une raison qu’elle ignorait. Et certainement que l’explication venait de ce mot… Nua… Avec un soupir de résignation elle revint sur l’Elfe brune…

« C’est quoi cette histoire de Nua ? Qu’est-ce que c’est ? »

[Pas extra, mais je voulais poster avant de partir…]

La jeune femme, Cydienne sans nul doute se décida à quitter le marchand après des paroles que la prêtresse ne saisit pas malgré son ouïe affutée à cause du vacarme du marché. Ce qu’elle perçut en revanche, ce fut les éclairs qui scintillaient dans les yeux de la Cydienne, et si son regard été d’abord tourné vers le marchand, la prêtresse ne tarda pas à en être la cible. Fronçant les sourcils, la Reine Elfe ne se démolit pas. En fait, elle pencha la tête lorsqu’elle vit le tigre suivre pas à pas la Cydienne et un coup d’œil échangé entre le félin et la maîtresse indiqua clairement que malgré son physique impressionnant, de la pair ce n’était pas le dent de sabre qui était le plus à redouter. L’elfe hésita à se retourner pour savoir si elle était réellement la cible du regard assassin mais le doute s’estompa de lui-même lorsque la Saltimbanque se stoppa devant elle ou du moins devant eux… enfin sans compter le Nua qui avait du mal à se remettre de ses émotions.

Puis les paroles vinrent, et ce ne fut pas tant les paroles prononcées qui firent se plisser les yeux de la prêtresse alors que ses oreilles pointues se baissaient en arrière comme l’aurait fait un félin par pur reflexe, mais le ton que la Cydienne employa. D’ailleurs, Jillian échappa aux griffes de la Reine Elfe qu’elle avait spirituellement armé de peu puisque Nath stoppa la prêtresse ou plutôt sa colère en la retenant par le bras. La Cydienne rajouta qu’elle voulait parler au jeune Nua, et Nalween considéra encore une fois la Saltimbanque pour savoir si elle devait lui sauter à la gorge maintenant ou plus tard.
Et pour cause, la prêtresse avait beau être habitée par toute la bonté du monde, elle n’était pas toujours mature. Se faire critiquer sans raison par une femme plus âgée qu’elle l’avait piqué au vif et l’espace d’un instant elle avait oublier son titre, sa couronne et avait cédé à l’impulsion. Ce n’était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière.

Se plantant une canine dans la joue pour retrouver sa neutralité et sa prestance, la Reine Elfe s’écarta pour laisser libre la Cydienne de parler avec le jeune Nua, pour ne pas dire esclave. Elle le savait pertinemment, contrairement aux réfugiés que l’on pouvait trouver à Silmarie il n’existait pas ne serait-ce que l’ombre d’un doute que le Nua soit libre. Voyant le mutisme dans lequel s’était enfermé le Nua, Nalween fit signe aux siens de l’emmener loin du marché, plus au calme pour lui permettre de reprendre ses esprit. Elle fut légèrement désarçonnée par la question de la Cydienne et se tournant vers Jillian, elle ajouta avec un ton détaché :

« Si marcher en ma présence ne te dérange pas, je pourrais t’expliquer en chemin ».

Elle se détourna alors de la Saltimbanque avant de prendre la carte de Ptot Tàh des mains de Calàithe qui ne cesser de marmonner que l’architecture Almer était totalement incohérente –ce qui n’était pas le cas mais bon on critique ce qu’on peut-, Nalween discuta un instant en elfique avec lui pour décider de la destination à suivre avant de revenir à l’arrière et donc à la Saltimbanque tout en surveillant les gardes Almers.

« Les Nuas sont un peuple résident dans un archipel à l’extrémité Sud d’Azthia. Les peuples du continent ne détiennent que très peu d’informations les concernant, que ce soit sur les îles qu’ils habitent ou leur mode de vie. Elle rajouta en se mordant la lèvre et en se passant une main sur le front, le P’yra actuel les a récemment découvert après avoir envahie Tamawa, et en a fait des esclaves. A Ptot-Tàh, ils n’ont aucune liberté. »

L’homme à la peau sombre trébucha sur une pierre et James le rattrapa avec un sourire chaleureux avant de lancer un regard inquiet vers Nalween. Elle secoua alors la tête, pour lui faire signe de ne pas s’inquiéter car elle ne méritait pas tant d’égard. Elle était à cran ces derniers temps et elle n’avait pas en plus besoin de se retourner toute seule dans la plaie mais la prêtresse ne avait pas ce qu’il allait advenir du Nua. Soupirant, elle rajouta à l’adresse de Jillian.

« Si le marchand s’est ainsi énervé envers toi, c’est sans doute parce qu’il était frustré que tu le contredises face à un esclave. L’atmosphère est assez tendue en ce moment à Ptot Tàh, et de plus en plus d’Almers se lient aux Nuas qui commencent à s’unirent contre ceux qui les exploitent. Et çà le P’yra refuse de le voir.»

Elle s’aperçut du ton amer qu’elle avait pris et la jeune elfe baissa la tête un instant afin de calmer se esprits. Les Nuas n’étaient pas les seuls à faire mauvaise impression à Ptot Tàh, la présence de la prêtresse était de trop ici et les hauts fonctionnaires le lui faisaient bien ressentir par les regards pesants qu’ils lui lançaient. Sauf que c’était là le cadet des soucis de la prêtresse qui prenait au contraire un malin plaisir à se rapprocher du P’yra en leur présence. Mais c’était à double tranchant, car elle n’exerçait pas le poids qu’elle désirait sur Tutnési et elle se sentait terriblement coupable auprès des Nuas et des Elfes. Mais cela n’était pas le problème de la Saltimbanque peu docile et l’elfe replongea son regard de glace dans celui vert de la Cydienne avec un demi-sourire carnassier juste pour la remonter un peu.

« Ai-je satisfait ta soif de savoir ? »

Wolfar arriva enfin à Ptot Tàh après une traversée du désert, son objectif inchangé il réfléchi longuement à la méthode qu'il allait utiliser il ne connaissait plus rien de cette ville où il avait vu le jour et passée son enfance. Les rues lui paraissaient méconnaissable sans doute à cause des mur décrépi et du sable fin et brulant qui drapait la ville et recouvrait les allées mais également des nombreux travaux entrepris par le P'yra lors des dernières années.
La population vaquant à ses occupation et le palais figé dans l'oisiveté Wolfar choisit de faire un passage au marché ce qui lui sembla une bonne idée après mûre réflexion, en effet il s'agissait d'un endroit au combien opportun pour lui, lieu de la vente des esclave, zone la plus active de la ville: un parfait endroit pour commencer ses recherches en toutes discrétion il espérait même y rencontrer un sympathisant à la condition esclave pour se rallier à la cause!

Arrivé sur le marché il guetta donc longuement et observa les regards se tournant vers les esclaves il passa ainsi une longue partie de la journée à attendre installé sous une toile. Attendre, toujours attendre sans rien voir poindre à l'horizon Wolfar en eu assez à la longue et décida de se lever à cet instant. C'est alors qu'il vit passer un chapeau de plus d'un mètre de large Wolfar n'en pu voir le visage ni le corps de ce qu'il pris pour un loufoque personnage à cause de sa taille excessivement grande mais plus étrange encore ce chapeau était accompagné d'une tigresse!
Interloqué, subjugué et époustouflé tant par le dressage d'un tel animal que par l'étrange phénomène propriétaire du chapeau devant ses yeux qu'il se résolu à suivi ce duo improbable lorsque soudain un drame apparût devant lui sans qu'il en sache la cause arrivé a une intersection l'animal et son maître s'arrêtèrent sans comprendre pourquoi Wolfar fit de même il vit alors l'impensable se produire un Nua renversa l'étale de tissu d'un marchand!
Sans demander son reste il voulu aider ce misérable qui allait subir le courroux du marchant qui prenait devant ses yeux un gourdin et peut être même bien pire, mais il ne pouvait pas au risque de se faire repérer par le "chapeau de paille" il serra donc les dents et ferma les yeux pour ne pas voir la scène.

"Eh toi ! Baisse ton arme ! Tu vois bien qu’il a pas fait exprès ! Il est en train de ramasser et je suis sûre qu’il lavera ce qui doit être lavé ! Pas vrai mon gars ?"

Wolfar ouvrit les yeux et de plus en plus étonné par "la" propriétaire du chapeau [il identifia à sa voix] il se demanda même si par la plus grande aubaine elle ne pourrait pas l'aider. Il du cependant s'éloigner rapidement de la femme mais surtout de l'animal qui il pensait commençait à le soupçonner il garda donc un œil à discret et distancier jusqu'à voir une Elfe apparaitre, cette journée était de plus en plus spectaculaire une elfe dans cette cité pourtant réputé anti-elfique voir même raciste.
Wolfar en était maintenant certain quelque chose se tramait et peut être qu'avec de la chance il s'agissait même de sympathisant esclaves ou opposant à la cité il essaya donc malgré la distance qui les séparait d'écouter le dialogue mais ne compris qu'un unique mot et un maigre morceau de phrase en Cydien: "Nua" et "qu'est-ce"
La rage monta alors en lui mais il pris quelques seconde pour se rasséréner et la stopper.

Continuant d'observer il vit soudain l'Elfe faire un signe à la Cydienne, les yeux ébahi et ébaubi par les évènement récent qui lui était peu familiers il suivi donc le groupe à travers les senteurs des épices environnante et le sable des rues du marché...

[voila voila tout cela me semble correct je n'ai pas eu le temps de me relire complétement j'essaierai quand j'aurai le temps ^^sinon je signale juste c'est l'un de mes premiers poste donc j'espère je m'en sort]
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Mon dossier

Les sourcils froncés, Jillian digérait la révélation de la Grande Prêtresse. Ce fut sa seule réaction. Elle n'était pas assez stupide pour exploser, comme elle l'aurait fait en temps normal, et crier à quel point elle n'était pas d'accord, que c'était inadmissible et que cela ne pouvait continuer. Les regards qu'on leur lançait étaient assez éloquents pour qu'en plus elle fasse un scandale sur la place publique. C'était rare, mais il arrivait à Jillian de se montrer raisonnable.

Ouais, j'comprends mieux, se contenta-t-elle donc de répondre.

Le cortège continua son avancée dans le silence. Décidément, la tolérance ne faisait pas partie du vocabulaire des Almers. Et pas seulement concernant les Nuas. Après avoir croisé quelques regards en colère, et même dégoûtés, Jillian comprit que ces gens avaient vraiment beaucoup de mal avec les étrangers. La peau clair et lisse de la Grande Prêtresse, sa prestance et son escorte s'attiraient des coups d'oeil réprobateurs. Finalement, la Saltimbanque passait presque pour inaperçue, malgré son chapeau surdimensionné et la tigresse sur son flanc. Si les regards n'avaient pas été autant chargés de mépris, elle en aurait presque été jalouse.

Moi c'est Jillian. Je dirige une Troupe de Saltimbanques.

Ce n'était pas pour à nouveau attirer l'attention sur elle que la Meneuse s'était subitement présentée. Seulement, elle s'apprêtait à s'aventurer sur un terrain dangereux, et elle se doutait que la Prêtresse ne répondrait pas à ses questions sans l'avoir mise en confiance avant. Du moins jouer franc jeu, la confiance étant un cadeau rare que l'on offrait plus ou qu'après des années de bons et loyaux services.

On prépare un spectacle, là, près d'la ville. Ca vaut l'détour, faut que vous veniez ! Et toi aussi mon vieux ! Pour venir à un spectacle, on a pas besoin d'être noble ou quoi, c'est ouvert à tout le monde ! Et t'as intérêt faire passer le mot !

Elle leva un doigt menaçant et malgré son ton léger, on pouvait se demander si elle plaisantait ou non. Surtout avec le sourire carnassier qui suivit sa remarque. Le Nua, qui ne savait pas sur quel pied danser acquiesça mais n'ajouta rien.
On est des itinérants, poursuivit Jillian. On passe de ville en ville et on donne des spectacles. Entre autre...

Son allusion sous-entendait tout le trafic d'informations qui circulait entre les villes et la Troupe, mais ça, tout le monde ne le savait pas. C'est pourquoi elle surveilla Nalween du coin de l'oeil. Etait-elle au courant des agissements officieux des Saltimbanques ? Une manière plus ou moins subtile de tâter le terrain, comme dirait Ralph, le cuisinier.

Et toi, qu'est-ce qui peut t'amèner à Ptot Tàh ? T'as pas l'air la bienvenue ici.

Ils avaient traversé une rue assez large où les tentures colorées se faisaient de plus en plus rares. Le marché laissait place, et la ville reprenait ses droits, balayant les odeurs de paille, de fumier et d'épices, ses couleurs vives et les cris de ses marchands. Et tout au long de leur trajet, ni l'ouïe fine des elfes, ni l'instinct de Sam de décela la présence d'un espion qui les suivait depuis un moment déjà. Rien ne trahissait sa présence.

Heureusement pour lui.
[J'intègre pas encore Wolfar, voyant sa dernière connexion, je suis pas sûre qu'il réponde, donc si je vois qu'il prend son tour après, on l'intégrera éventuellement à ce moment-là.]

La Grande prêtresse laissa son interlocutrice digérer la nouvelle, et le silence qui suivit ne lui dit rien qui vaille. Si la Cydienne se décidait à exploser, elle n’était pas sur que son titre l’épargne de la colère des habitants et déjà que les conseillers du P’yra en avaient après elle, la prêtresse ne tenait pas réellement à se mettre la ville à dos. D’un regard expérimenté, elle évalua le nombre de personnes présentes dans la ruelle, moindre par rapport à celle du marché bien sur, mais néanmoins peu négligeable,- le commerce se prolongeant dans les rues sinueuses de la capitale – sans compter bien entendu les gardes Almers qui n’étaient désormais plus destinés à la lâcher. Mais ses craintes se révélèrent infondées à son plus grand soulagement, car la demoiselle au chapeau et à la manche surdimensionnés se contenta de marmonner une réponse au plus grand soulagement de la Dame Elfe. Son regard se tourna vers la demoiselle qui ne rajouta pas un mot, se contentant de scruter les Almers avec une animosité non feinte et Nalween n’aurait pas été surprise que la jeune femme décide de partir sans un mot de plus.

Elle n’en fit rien néanmoins, et la Cydienne se décida enfin se présenter. Jillian. Une troupe de Saltimbanque. Les mots se frayèrent un chemin dans la mémoire de la Reine elfe qui fronça les sourcils de plus belle. La prêtresse était persuadée d’avoir déjà entendu ce nom quelque part, elle avait une assez bonne mémoire pour pouvoir s’y fier mais impossible de savoir de la bouche de qui le renseignement avait été lâché. Abandonnant ses tentatives, elle accueillit la nouvelle remarque de la Saltimbanque en se passant une main dans les cheveux comme à chaque fois que la lassitude l’a gagnée.

Bien entendu, assisté à un spectacle surtout en compagnie des êtres charmants qu’étaient les Almers était exclu, sans parler du fait que son époux ne prendrait jamais le risque de s’aventurer hors de la ville, la possibilité d’attentat serait bien trop grande. La prêtresse eut un sourire pour le Nua qui lança un regard totalement désemparé à Jillian en se demandant sûrement – comme elle – ce qui pouvait bien se passait dans la tête de la jeune femme. La Reine Elfe allait poliment décliner l’offre quand Jillian poursuivit ce qui laissa un instant la belle elfe muette alors que son bras qui agitait son large éventail se stoppa net. Une troupe de Saltimbanque ? La troupe ? Ses yeux se braquèrent vers la jeune Cydienne et elle vit au regard de la Meneuse qu’il ne pouvait pas y avoir erreur sur la personne.

« Je vois », se contenta alors d’ajouter la prêtresse.

Oh bien sûr, elle aurait pu informer Jillian de ses soupçons ou plutôt ceux de sa Ministre des Renseignements qui avait –il y a de cela plusieurs saisons-, fait parvenir des rapports sur le réseau de Saltimbanque qui n’avait d’après elle cessait de s’accroître. Un des agents avait ajouté « Pire qu’une mafia, la toile ne s’éteindrait pas à une Cité mais aurait des connexions à travers tout le Continent ».

Certains de ses conseillers avaient alors suggérer d’infiltrer la Troupe pour voir ce qu’il en était mais le dossier avait été pris en charge par certains de ses Ministres et elle n’avait dés lors plus eut le temps de s’y pencher, surtout depuis les derniers événements qui secouer Azthia.
La prêtresse se tut donc, non pas pour profiter d’un avantage qui elle le savait n’en était pas un, puisque la question de la Saltimbanque n’avait pas été posé par hasard mais de plus sa réaction, elle le savait, l’avait dors et déjà trahie.

La question de la Saltimbanque ne l’a surpris donc pas, et elle était pour ainsi dire légitime. Si Nalween avait croisé Anatoli dans les rues de Storghein, elle aurait eut comme qui dirait des soupçons. Elle se passa la langue sur les lèvres réfléchissant un instant à la question de la demoiselle avant de faire signe à James de raccompagner le Nua au Palais et de faire signe à Calaìthe de l’accompagner. Sentant l’atmosphère de la situation, ses trois derniers ne pipèrent mots –ils étaient assez subtiles pour la décoder-, et même si le Nua leur lança un regard inquisiteur il accepta de bonne grâce d’accompagner les deux Elfes. Nalween eut un soupir avant de prendre la parole :

« Le retour de l’Ombre, un mariage, entre autres. J’ai passé des …accords avec le P’yra mais la politique Almer est tellement ancré dans leur mœurs qu’il évite par tous les moyens de modifier ne serait-ce que la moindre ligne de leur loi. Elle rabattit son éventail avant de faire courir ses ongles dessus témoin de son agacement, alors dés que l’on évoque la remise en cause de l’esclavage les Conseillers ont plus tendance à balayer le sujet qu’autres choses. »

Ce qui n’était pas pour faire les affaires de la Grande Prêtresse qui avait été plus d’une fois sur le point d’exploser alors qu’elle se heurtait systématiquement à un mur. Surtout qu’elle savait aussi que les Almers, s’ils servaient volontiers de bouc émissaires étaient loin d’être les seuls à se servir des Nuas. Sans parler des Amazones qui attribuaient à tour de bras le charmant titre de « Soumis » à chacun des mâles capturés, ce que ne manquaient de lui rappeler les chers négociateurs à qui elle avait affaire. Elle ajouta, les lèvres pincées :

« Cela ne durera pas éternellement, ils doivent pertinemment le savoir mais tant que personne ne protestent, ils en profitent, tant qu’ils le peuvent. Je ne peux pour l’instant qu’œuvrer par voie diplomatique. »

Elle n’avait pas non plus lâché le retour de l’Ombre à la légère, tout évasif que cela soit : Si Jillian savait quoique ce soit, elle ne tarderait pas à faire le rapprochement.

Sauf que Jillian ne savait rien. Et les sous-entendus vagues de la Dame aux longues oreilles n’éclaircirent en rien ce qui l’intriguait. Aucune réaction ne trahit ses pensées. Si Nalween avait congédié sa suite après avoir appris que Jillian faisait partie de la Troupe, c’est que l’information, bien qu’évasive, qu’elle venait à peine d’esquisser était explosive. A la Meneuse de jongler maintenant avec cette bombe avec maestria…

Un mariage ? Elle n’en savait rien, mais cela semblait évident, à présent que l’Elfe en parlait. Les P’yra avaient une fâcheuse tendance à fondre devant la beauté légendaire des Prêtresses de Silmarie…

Sa lutte contre l’esclavage ? La Saltimbanque était intimement persuadée que la voie diplomatique ne mènerait à rien. Certainement parce qu’elle n’était pas dotée du don de manier les mots… Pour elle les longs discours pompeux n’étaient destinés qu’à ralentir les choses. Jusqu’à les bloquer définitivement. Pourquoi parler pendant des mois lorsqu’un seul geste suffit ? Non, pour l’esclavage il fallait trouver une autre solution. Mais ce n’était pas ce qui l’avait laissée perplexe…

De quoi parlait-elle quand elle évoquait le retour de l’Ombre ? Jillian réfléchissait à toute vitesse, essayant de relier l’allusion ardente avec ce qu’elle savait. Sans se brûler. Nalween attendait une réaction de sa part. Elle ne lui offrirait pas une telle brèche. Son rôle était de savoir. Absolument tout savoir. Elle ne se laisserait pas déstabiliser par cette Elfe…

« C’est ce qu’il me semblait. »

Son air grave rendait ses paroles lourdes de sens. Mais de quel sens ? Elle n’avait pas la moindre idée de ce à quoi la Prêtresse faisait allusion ! Cependant si cette dernière pensait qu’elle était au courant, elle en dirait peut-être plus long sur la situation. Elle savait que la Troupe récoltait des informations de ville en ville – sa réaction l’avait trahie – il était donc naturel que Jillian sache de quoi elle parlait.

L’Ombre… Etait-ce une guerre ? Non, pas besoin d’être Saltimbanque pour apprendre qu’une guerre approche. Un conflit avec une des autres cités ? Ca aussi, cela aurait été rendu public. Il devait s’agir de quelque chose de vraiment inhabituel. Et de certainement très grave.

« C’est donc vrai ? Ce serait si grave que ça ? »

Jillian marchait sur des charbons ardents… Alors bien sûr, cela aurait été plus simple de demander directement ce qu’elle voulait dire par « retour de l’Ombre ». Mais l’amour propre de la Meneuse en avait déjà pris un coup lorsque Nalween s’était chargée de lui apprendre l’existence des Nuas et de l’esclavagisme à l’œuvre ici. Comme une mère aurait pu faire avec un enfant encore jeune, insouciant. Et naïf. Mais Jillian n’était pas une enfant. Et sa fierté était aussi démesurée que son couvre chef !

Elle s’arrêta pour donner plus d’aplomb à ses mots. Elle plongea ses yeux verts dans ceux de l’Elfe. Les siens étaient particulièrement inexpressifs – hors de question de se trahir. Elle cherchait dans ceux de Nalween une émotion qui aurait pu en dire plus long qu’une explication.

La conversation entre les deux femmes semblait entendue. A un détail près. Jillian ne comprenait rien.

[C’est très court, mais j’ai beaucoup de mal >.<. Je préfère avancer et poster ça même si c’est franchement pas terrible…]

[Désolée du retard, la famille est passée par là !]

La Grande Prêtresse guetta la réaction de Jillian, comme cette dernière scrutait son visage, mais ce dernier resta parfaitement impassible alors que Nalween lâchait à la Meneuse les informations aux comptes gouttes. Sa réaction fut très loin de celle du P’yra, ce qui la rendit légèrement soupçonneuse mais il était aussi clair que tout le monde n’était pas aussi démonstratif que ce dernier. La Meneuse se contenta d’un « C’est ce qu’il me semblait. ». Oui autant dire que cela ne l’avançait pas des masses. La Reine des Brumes croisa les bras avant de relever une jambe, dévoilant sous sa jupe fendue une de ses fines jambes à la peau d’albâtre alors que ses sourcils se fronçaient légèrement.

Autant dire que cela voulait tout est rien dire. La Prêtresse attendit donc la suite, songeant à toutes les significations que cette simple phrase pouvait contenir avant de les balayer toutes d’un geste. C’était sans doute ce que voulait Jill, mais peut-être pas et tout ces « Peut-être » et ces « Sans doute » commençaient à jouer sur ses nerfs assez éprouvés ces derniers jours.

Grave ? La Prêtresse regarda du coin de l’œil la Meneuse en arquant un sourcil. Est-ce que c’était si grave ? Une armée de revenant souhaitant soumettre à nouveau tout Azthia lui semblait en effet peu négligeable. Elle soupira en se redressant, réajustant au passage l’un des bracelets d’argents qui couraient le long de son bras. La Meneuse de la Troupe ne lui serait pas d’une grande aide, si les Saltimbanques prenaient à la légère une telle menace c’est tout simplement qu’ils ne devaient pas être au courant de cette dernière ou alors qu’ils n’en connaissaient pas l’ampleur, comme la plupart des Cités.

Pourtant, il était impossible de louper les ragots qui étaient arrivés depuis l’attaque de Tamawa, qui malgré la présence de ses Templiers n’avaient pu qu’avec une peine et une hécatombe sans pareil repousser les hordes d’Azaël, sans parler que les troupes c’étaient, d’après les rapports, retirés lorsqu’ils l’avaient voulu : Si le Cavalier l’avait désiré, il aurait rasé la Cité neutre. La prêtresse secoua à nouveau la tête avant de tourner son regard vers Jillian, prête à un nouvel exposé.

« Tu n’es sans doute pas sans savoir qu’il y a à peine un demi-siècle, la plupart des Cités était sous la domination d’Erathia, la Cité Blanche et que cette hégémonie dura jusqu’au jour où sa population partit en fumée du jour au lendemain et sans raison apparente. »

La Meneuse sembla attendre la suite, même si son impassibilité n’aidait pas la Grande Prêtresse qui savait pourtant exactement sur quel pied danser. Elle agita son large éventail en continuant.

« Les Cités s’organisèrent à leur guise et jusqu’ici exceptés les conflits entre Cités Azthia a connu une certaine paix. Elle écarta les bras, redoutant que la Meneuse pense qu’elle prenait à la légère les guerres intestines surtout en vue du fait que cette dernière était Cydienne et elle décida donc d’enchaîner, Pour en revenir à Erathia, certains pensaient que si elle avait disparue en une nuit, la Lumineuse pourrait réapparaître tout aussi vite. Ce n’est pas le cas pour l’instant, Erathia est toujours à l’état de ruine mais l’attaque du 1er Soufflefeu à Tamawa nous a prouvé que les Erathiens étaient encore présent entre nos murs et leur Dieu Azaël semble vouloir reprendre ce qui lui revient. »

Avait-elle bien fait de révéler cela à la Meneuse ? Oui, elle n’en doutait pas une seconde et la prêtresse savait aussi pertinemment que Jillian serait joué de cette information. A ce stade, il n’était plus en droit de cacher à qui que ce soit la menace qui planait sur leur tête. La Grande Prêtresse épousseta sa robe, la conversation touchait certainement à sa fin : Elle se devait de retourner auprès de son époux et la Meneuse aurait sans doute du mal à digérer l’information.

Et si la Meneuse était déjà au courant ? Elle en doutait sérieusement en vue de ses réponses évasives mais le fait qu’elle est voulue la tester n’était pas à exclure. En tout cas, les Cités étaient désormais en effervescence que ce soit la sienne, Ptot Tàh, Muria avec qui elle s’était alliée et après la bataille, l’information allait vite parcourir tout le continent et la Prêtresse ne doutait pas que Jillian et les Saltimbanques joueraient un rôle important dans les mois à venir.

Si les rumeurs allaient bon train au sujet de l'attaque de Tamawa, aucune n'avait la précision et certainement l'exactitude de l'histoire de la Prêtresse. Le nombre faramineux de morts, l'armée pour le moins étrange responsable de l'assaut, tout cela était parvenu aux oreilles des Saltimbanques, certes. Là où les informations devenaient plus floues, c'était à propos du responsable d'un tel massacre. Beaucoup de théories avaient circulé, pourtant, c'est celle la plus noire et la plus néfaste qui semblait aussi la plus vraie. Donc oui, la situation était « si grave que ça ». Si Azael commençait à jouer des siennes et à lancer ses pantins sans vie sur Azthia, les peuples ne pourraient jamais faire face. Sans vergogne, le marionnettiste diabolique tirerait ses fils maléfiques et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il asservirait les Cités et ses habitants. Bien funèbre spectacle... Et quel piètre artiste. [Remarque, j'en connais un autre de marionnettiste aux goûts douteux è_é]

Jillian accusait le coup, dissimulée par son masque d'impassibilité. Elles marchèrent en silence, chacune perdue dans ses noires pensées, tournées vers l'avenir, incertain et fragile, d'Azthia. En peignant un si triste tableau, Nalween avait éveillé chez la Meneuse un sentiment qu'elle n'avait pas encore réussi à identifier. Révéler de tels détails n'était pas anodin, si la Grande Prêtresse en avait dit si long sur le sujet, c'est probablement qu'elle donnait aux Saltimbanques une importance certaine. Peut-être même qu'elle plaçait un peu d'espoir en la Troupe. C'était plutôt flatteur pour Jillian, mais elle ne s'en enorgueillira pas. Si elle avait beaucoup de défauts, elle était cependant modeste et attendait de voir plutôt que de mettre la charrue avant les boeufs.

« Il se fout le doigt dans l'oeil et bien profond, se contenta-t-elle donc de répondre. Azthia a changé, ses habitants avec. Qu'il envoie ses morts vivants, on les attend de pied ferme ! »

Naïf. Voilà ce que les gens auraient pensé tout d'abord de ce court discours. Optimiste, auraient-ils nuancé après avoir pris en compte l'aplomb que Jillian mettait dans ses mots et la fermeté de sa voix. Convaincant, auraient-ils fini par dire, en voyant la flamme passionnée qui brillait dans les yeux émeraude de la Saltimbanque. Allons-y ! auraient-ils crié finalement, suivant la Meneuse, son regard déterminé, sa fougue entraînante et son charisme écrasant. La liberté valait qu'on se batte pour elle, et ce n'est pas à une itinérante qu'on allait apprendre ça ! Et c'est avec passion qu'elle sera prête à lutter pour la garder. Coûte que coûte.

Comme pour donner plus d'assurance encore à ses propos, Sam laissa échapper un grognement sourd faisant sursauter plusieurs passants, qui s'empressèrent de mettre le plus de distance possible entre eux et la tigresse aux dents de sabre. Voilà longtemps qu'elles avaient quitté le quartier populaire et son marché, le Palais était déjà en vue, resplendissant de richesse, écrasant de pouvoir. Leurs chemins allaient se séparer.

« Tu sais, ça sera pas facile de gagner cette fois. Je suppose que tu fais tout ce que tu peux pour arranger les choses. J'aimerais te dire de compter sur les Saltimbanques, mais nous sommes trop indépendants pour ça. Disons que tu peux te dire qu'on restera pas là sans rien faire. »

Manière plus ou moins maladroite de confirmer à Nalween qu'elle avait été bien inspirée de lui faire confiance. Peut-être que cela ne marcherait pas si bien sur tous les tableaux. Déjà Jillian avait des idées, toujours dans sa quête de liberté et d'égalité. Une idée qui ne plaira absolument pas au futur époux de son interlocutrice. C'est pourquoi elle se contenta d'un sourire énigmatique et d'une allusion bien vague...

« D'ailleurs on va commencer dès maintenant. A la revoyure poupée ! »

Et après avoir soulevé son immense chapeau, un sourire rayonnant aux lèvres, elle partit dans la direction opposée, Sam sur les talon, tandis que Nalween regagnait le Palais. Sur le chemin vers les roulottes, Jillian croisa une femme à la peau sombre aux les cheveux emmêlés, parsemés de brindilles et autres saletés. Son regard fuyant et ses mains malhabile tirèrent une grimace à la Meneuse.

« Z'inquiètez pas. Ca va pas durer. »

[Désengagées]