Il faisait chaud.
Normal dans un désert non ?
Mais il faisait chaud.
Trop chaud.
Pourquoi j'étais venue encore une fois fourrer mon nez dans les affaires des autres ? Comme si cet idiot de Feanaro ne pouvait pas régler ses problèmes lui-même ... non bien sur, monsieur avait dû partir pour Silmarie, pour faire son rapport à la Grande Prêtresse sur la bataille ... et bien sur moi j'avais accepté sa belle et niaise requête ! Qui était le plus idiots des deux en fait ? J'enrageais de me retrouver là, au beau milieu de ce désert et de ces ruines qui se suivaient et se ressemblaient toutes. Et pourquoi ? Tout ça pour retrouver un macchabée et son pouvoir mystérieux qui permettrait soit disant de venir à bout du dieu erathien. Mais pourquoi avais-je eut la bonne idée de venir chercher ce bonhomme ? Non mais je vous jure ! Enfin au moins, ce petit "voyage" avait un point positif : nous étions loin de la cité neutre. Jelenna ne souffrait plus des sentiments tumultueux de la cité et ne pleurait plus les morts. Loin de la terreur, elle paraissait apaisée, presque comme une petite fille de sept ans normale. Feanaro avait d'abord refusé que j'emmène la petite, prétextant que sa place n'était pas ici ... non mais de quoi je me mêle ? Comme si j'allais lui confier la vie de ma cadette pour qu'il la ramène à ma mère. Déjà qu'il n'était pas capable de veiller sur sa propre existence, alors sur celle d'une enfant curieuse et quelque peu traumatisée par ce qu'elle avait vu ou entendu. Pas question. Personne n'emmènerait Jel' loin de moi et de toute façon, elle ne comptait pas partir sans moi. En d'autres termes, le Capitaine avait perdu avant même d'ouvrir la bouche.

La chaleur ... bien qu'écrasante, nous avancions, suivant les indications douteuses de Sora. La demoiselle savait sans doutes ce qu'elle faisait mais pour moi, ses informations étaient trop lentes à venir et la chaleur ne me permettait pas de conserver un semblant de bonne humeur. Ajouté à cela que nous ne trouvions toujours pas ce Aubimachinchose et qu'en prime, nous devions voyager avec Asora et une parfaite inconnue, mon humeur n'en était que plus exécrable.

" Jel', rappelle-moi de ne plus écouter Feanaro. " précisais-je à l'enfant en râlant.

La petite émit un rire qui me surpris. Depuis combien de temps ne l'avais-je pas entendu rire de bon cœur ? Tout simplement, comme une enfant de son âge ? Sans doutes trop longtemps ... mais sa réaction si inattendue me fit sourire et permit de détendre l'atmosphère tendue au sein du groupe. Avisant Sora, la "chef" de cette expédition, je lui disais donc :

" Eh toi là, ton bouquin, il dit quoi ? Parce que je commence à en avoir ras-le-bol de ce soleil. "

[ Sora, Arzhel, postez dans l'ordre qui vous arrange. Pour le moment, Jelenna n'intervient qu'en tant que PNJ et Asora postera la dernière n__n ]

[Je serais donc la première ! ;P]

Sora plissa les yeux pour tenter de discerner les lettres d’encre noire sur le papier jauni. Non pas que le texte était illisible, mais il faisait tellement chaud que la tête lui tournait ce qui l’empêchait en grande partie de se concentrer. Elle enleva ses lunettes brûlantes un instant et se frotta les yeux pour les soulager un instant. Cela devait faire une semaine qu’elle n’avait quitté ce bouquin que pour dormir un minimum. Avec la pratique, la lecture de l’ancienne langue almer était devenue plus aisée, au point qu’elle n’avait plus besoin de fouiller systématiquement un des nombreux dictionnaires qu’elle avait emporté.

Bien qu’il soit déjà 17heure, la chaleur était encore présente et ne se laissait pas oubliée. Sora n’osait imaginer ce qu’il leur serait arrivé s’il avaient voyagé entre 10heure et 14heure. A son avis, ils auraient alors plus ressemblé à une série de saucisses sur un barbecue qu’à une fière expédition cherchant à sauver le monde. Quoi que, à l’heure actuelle, c’était plutôt à la première catégorie qu’ils devaient ressembler. De plus, sans guide, jamais ils se seraient tout simplement perdu dans le désert et le stade "saucisse grillée" aurait été rapidement dépassé pour celui de "petit tas de cendre".
Sora jeta un œil au guide en question. Un almer d’une quarantaine d’années qu’elle avait déjà embauché plusieurs fois par le passé. Un homme pratique, qui savait tenir sa langue si tant est que l’on avait assez pour l’y aider. Mais bon, le problème du salaire avait vite été réglé vu que Nalween avait donné à Sora la main libre sur le trésor de la prêtresse. Mouahahah ! Avec tout ça elle pouvait vraiment dire être la personne la plus riche du monde (devant Tutnési nananèreuuuh) mais bon, c’était aussi un peu de la triche.

Féanaro était repartit à Silmarie après le massacre de Tamawa pour faire son rapport à la gamine (Nalween). En échange, le groupe s’était encore plus efféminé avec l’arrivée d’Arzhel une astorg qui avait à peu près le même âge qu’elle mais qui en paraissait dix de moins. De quoi être sérieusement jalouse. Surtout que depuis le début de leur épopée, Sora ne voyageait qu’avec des jeunes (prononcer "djeunse"). Au contraire, Aden devait être plus que ravie de se trouver en si galante compagnie. Sora profita de pensée à son garde du corps pour vérifier s’il suivait toujours. Il faut dire qu’avec le sens de l’orientation qu’il avait, ça aurait été presque un meurtre de le laisser dans une telle étendue désertique sans surveillance. Aussi Sora avait-elle pris les devant et avait solidement attaché sa monture à celle du jeune cydien.

La question d’Eléa l’obligea à replonger dans son bouquin. Féanaro aurait mieux fait de laisser le commandement de l’expédition à la princesse, celle-ci aurait été bien plus douée qu’elle. Évidement elle était la seule à connaître le chemin exacte mais diriger quoi que ce soit la fatiguait. A vrai dire, elle n’aimait pas les responsabilités (à votre avis, pourquoi est-ce qu’elle vit dans le dépotoire qui lui sert de magasin d’antiquités au lieu de diriger son marché de l’ombre en bonne et due forme ? Hein ?). Eléa était certes encore trop impulsive, mais elle au moins avait l’étoffe d’un chef et deviendrait sûrement une grande reine. Alors pourquoi, pourquoi l’avait-il nommé ELLE à la tête de ce fichu groupe ? A coup sûr c’était pour se venger du fait qu’elle ait râlé intérieurement qu’il était toujours pressé et ce surtout au lit. Oui, ce devait être ça... (Bien sûr Féanaro ne lit absolument pas dans les pensées mais laissons donc Sora se faire son petit film).

Sora se replongea donc dans la lecture de son cher bouquin. C’était incroyable le nombre d’information qu’il pouvait contenir. Selon Alim Akh’Mazet, l’oasis du Scorpion autour de laquelle devait se trouver l’antique citée de Marjarth serait en fait une seconde source du Riel, cet immense fleuve qui brodait la côte Sud d’Azthia. Seulement, au lieu de couler ensuite comme une rivière jusqu’au fleuve principal, l’eau surgissant de l’oasis du Scorpion replongerait ensuite dans les entrailles de la terre. Au départ Sora n’avait pas très bien fait le lien avec toutes les expressions et images employées par l’ancien architecte. En fait, c’était Jelenna qui avait parlé la première d’une fleuve qui coulerait "sous terre" deux jours auparavant. Maintenant, tout était clair et net ! Il était évident que le fleuve issu de l’oasis du Scorpion était en fait un fleuve souterrain qui rejoignait ensuite le premier affluant du Riel pour lui donner sa véritable force. Le lien entre les deux fleuves primaires devait se faire en profondeur ce qui expliquerait que personne ne l’ai jamais remarqué. Plus tard, elle devrait faire des recherches pour savoir si une zone particulièrement sujette aux courants existait sur le Riel, ou si des légende existaient sur une fontaine d’eau jaillissant de la terre les années de grandes sécheresses. Des trucs bizarres quoi.

Suite à cet épisode, Sora s’était intéressée d’encore plus près à la petite princesse amazone qui les accompagnait. Celle-ci était à la fois curieuse et intelligente et bien qu’elle ne quittait que rarement sa sœur, elle se révélait être particulièrement mûre pour son jeune âge. Bon, bien sûr elle n’avait que sept ans et il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle lui débite démonstrations scientifiques et débats politiques mais elle restait néanmoins particulièrement éveillée. Sora s’était donc prise au jeu pendant les deux jours de voyage qui séparaient Tamawa de Ptot Tàh de donner quelques leçons d’histoire et de sciences naturelle à la petite. En fait, elle s’était tellement amusée qu’elle avait souvent dérivé dans ses délires, mimant l’armée almer aux portes de Silmarie et la prêtresse effarouchée qui mettait le vent de sa vie au Pyra actuel. Elle lui avait aussi parlé du désert et de son enfance comme jamais elle ne l’avait fait à quiconque auparavant. Elle lui avait décrit certaines plantes que les almers utilisaient pour faire de l’alcool ou pour guérir, la vie qu’ils menaient dans les villages vivant de l’agriculture, les traditions... Elle lui avait même parlé des Vaärg, ces horribles petits gnomes du désert qui enlevaient les enfants et dont elle avait toujours eu une peur bleue. Le lendemain elle avait d’ailleurs du subir les moqueries sous cape de ses camarades pendant trois bonnes heures...

Sûrement ennuyait-elle la gamine mais étrangement, cela lui faisait un bien fou de parler (et d’étaler son savoir, mouahahahah) surtout après ce qu’elle avait vu lors de la bataille de Tamawa. Tout ce sang, tous ces corps appelant à l’aide et à jamais crispés dans un ultime cris... Sora ne voulait plus jamais revoir cela et fuir au fin fond du désert à la recherche d’une chimère lui avait soudain parut salutaire. Et la première étape était de trouver ces fichues ruines de Marjath qui, si elle avait eu raison dans ses calculs et dans ce que lui disait son guide (à savoir "jamais personne ne s’enfonce aussi loin dans le désert, nous courons à une mort certaine : j’espère que vous avez prévu une prime de risque si on s’en sort." Ah ah ah, vachement utile le guide...), auraient dues arriver dans leur champ de vision depuis au moins une heure. Certes ils avaient fait un léger détour pour passer les heures chaudes dans une petite oasis à quelques lieues d’ici, mais quand même ! Tout ce vide, c’était déroutant.

"C’est étrange, nous aurions dû tomber sur les ruines depuis une heure, une demie-heure tout au plus. C’est étrange oui..."murmura-t-elle plus pour elle qu’en réponse à la question d’Eléa.

Ils pouvaient continuer à avancer pendant encore une heure encore avant de devoir rebrousser chemin vers l’oasis. Après cela, s’il continuaient, le risque de ne plus trouver d’eau pour se ravitailler allait devenir bien trop grand. Surtout qu’il avait un enfant avec eux...

*Espérons que cette fichue oasis apparaisse bientôt...*

La chaleur était étouffante et le soleil un véritable calvaire pour l'astorg, bien plus habituée aux neiges éternelles de sa contrée. Cependant, elle faisait face, essayant de conserver une humeur égale mais les plis soucieux de son front prouvaient le contraire. Arzhel ne s'était pas montrée très bavarde pendant le voyage, elle participait aux conversations sans pour autant parler beaucoup d'elle, prenant le temps de se familiariser avec ses compagnons de voyage et apprenant à connaître Eléa la fiancé du capitaine. Enveloppée dans un habit adapté au monde désertique, elle observait les alentours à la recherche des ruines qu'ils étaient supposés découvrir. Sauf que pour l'instant, rien ne se présentait à l'horizon et Arzhel se demandait si Sora, leur chef en l'absence de Feanaro, savait où chercher. Fouler de nouveau les sables du désert almer ravivait certains souvenirs de la jeune femme, comme sa rencontre avec Gorwin et un contrat qui s'était révélé plus ardu que prévu car court-circuité par le capitaine elfique. D'ailleurs ce dernier s'en était retourné chez lui, ce qui n'était pas prévu initialement...

Les remarques de la princesse amazone tirèrent Arzhel de ses pensées. Portant son attention sur ses compagnes, elle lança un regard interrogatif à Sora, attendant également la réponse. Et ce qu'elle entendit ne lui fit pas vraiment plaisir. Tourner en rond commençait à lui peser et elle comprenait parfaitement l'énervement qui gagnait Eléa. D'autant plus qu'ils voyageaient avec Jelenna. L'astorg considérait que ce n'était pas la place d'une enfant que de voyager ainsi et elle conservait un œil attentif sur la petite, qui avait bien sympathisé avec l'almer. La jeune femme observa quelques instants les dernières personnes formant le groupe, Asora, une jeune templière et Aeden l'acolyte de Sora. Arzhel était parmi les plus vieilles de l'expédition et elle espérait qu'ils n'auraient aucun problème en cas de confrontation. En tout cas, ils semblaient capable de se défendre puisqu'ils avaient survécu à la bataille de Tamawa.

- Vous êtes sûre de la direction empruntée? demanda-t-elle d'une voix calme où perçant quelques doutes.

Apparemment le livre de Sora donnait de nombreux renseignements, mais est-ce que l'antiquaire avait la bonne traduction? Une simple erreur et ils pouvaient se retrouver à des milles de leur destination. Cependant, Feanaro avait fait appel aux services de Sora. Connaissant l'elfe il a du s'entourer des personnes les plus compétentes pour atteindre son but. Alors, elle espérait que leur but apparaitrait rapidement.

Posté sur une dune, la main au-dessus du visage pour protéger ses yeux du soleil, Thingol surveillait l’avancée de la petite troupe. Il les suivait depuis leur départ de Tamawa en prenant bien garde de rester assez éloigné pour ne pas se faire repérer par l’esprit aiguisé d’un éventuel templier qui les accompagneraient ou par un coup d’œil chanceux, lui-même étant probablement la seule personne à pouvoir espionner à cette distance il ne risquait pas grand-chose. Sa vue exceptionnelle lui avait d’ailleurs permis d’en reconnaître certains membres du groupe, tout d’abord la petite Jelenna qu’il avait rencontré peu avant l’attaque de Tamawa accompagnée de sa « charmante » grande sœur. Plus tard le rôdeur avait finalement reconnue une dernière personne, l’astorg qu’il avait rencontré en compagnie du jeune compagnon royal dans une taverne de Storghein, sa présence alors l’avait déjà intrigué, il devait y avoir une bonne raison à sa présence ici …

Quant à la raison de sa propre présence, celle-ci était plus simple à expliquer, depuis qu’il avait entendu la voix mentionner son maître, Thingol était fermement décidé à le retrouver et comme par hasard voilà que peu de temps après l’attaque un groupe hétéroclite et suspect formé par le capitaine de la garde elfique lui-même quittait la cité. Voilà qui avait fait courir quelques rumeurs … et attisé la curiosité d’un certain baroudeur en cape grise. Il les suivait donc de loin depuis leur départ de la cité neutre, persuadé que de cette manière ils finiraient par le conduire à son maître et il comptait les suivre jusque là.

Fort heureusement Thingol pouvait voyager plus vite et plus longtemps qu’eux, sans avoir besoin d’autant de repos ni de nourriture, il ne risquait donc pas de se faire distancer. Malgré tout le rôdeur savait qu’ils ne pourraient continuer bien longtemps dans ce désert. S’il n’avait s’agit que de le traverser ils en seraient déjà sortis, mais la troupe semblait chercher quelque chose, quelque chose caché au plus profond du désert, restait à espérer qu’ils le trouvent avant que ses réserves d’eau ne s’épuisent ...

Le rôdeur prit sa gourde pour boire une petite gorgée et se remit en route avec Sam, ce dernier s’était vu libéré de sa cargaison d’équipement erathien dès leur première escale dans un lieu civilisé, cargaison bien vite remplacée par des vivres, qui furent elles-mêmes replacées par une amphore de dattes et une importante quantité d’eau lorsqu’ils pénétrèrent dans le désert.

Enfin après quelques heures de marche Thingol comprit enfin l’objectif de cette expédition. Au début il avait cru à un mirage, mais au fur et à mesure qu’il se rapprochait sa vision se fut plus nette, la vision au loin de ruines entourant une oasis dans cette partie du désert censée être vide. Dissimulé par les dunes, il était difficile de la repérer, même pour lui, rien d’étonnant à ce que les autres ne l’aient pas remarquée, à ce rythme ils risquaient même de s’éloigner sans l’avoir vu. Que faire, s’il ne les aidait pas ils risquaient de la rater, voir de se perdre en s’enfonçant encore plus loin dans le désert.

A contrecœur le rôdeur coupa à travers les dunes pour rejoindre l’expédition. Il lui fallu prêt d’une heure de marche forcée pour les rattraper lors d’une halte. Il s’arrêta au sommet d’une dune à quelque distance du groupe pour les appeler d’une voix forte :

« Hola !! Par ici, suivez moi !! »

Il disparu ensuite derrière la dune tout en s’assurant bien qu’ils l’avaient bien vu et reparti en direction des ruines laissant la curiosité faire le reste. Il avait décidé qu’il serait plus simple de les conduire à l’oasis avant d’avoir à justifier sa présence ici à cette maniaque de la rapière. Après une petite heure chacun avaient dû remarquer les ruines de pierre au milieu du sable, encore une heure après Thingol s’arrêta, l’oasis était juste là et l’expédition l’avait presque rattrapé. Si on l’avait reconnu, ce serait certainement grâce à son mulet et à son fameux manteau gris, son visage protégé du sable sous un épais foulard n’était pas visible. Pour éviter tout geste malheureux il dérocha son épée sur le sable et ouvrit grand les bras pour montrer qu’il n’était pas armé, pas question de recevoir une flèche ou autre chose pour un malentendu.

« Bonjour, bonjour, gardez vos rapières au fourreau, je ne suis pas un bandit. »

Si les deux jeunes filles ne l’avaient pas reconnus, à présent c’était fait, avec un petit sourire il s’adressa en premier à la grande sœur.
« Mademoiselle je pensais vous avoir fait la meilleure offre possible, vous auriez du m’embaucher dès le départ, cela m’aurait évité de vous suivre jusqu’ici. »
Inutile d’essayer de le cacher, ils le découvriraient rapidement, puis avec un petit clin d’œil à Jelenna, « Je suis toujours au service de ma meilleure cliente. »

« Bon je suppose que c’est ce que vous cherchez depuis plusieurs jours n’est ce pas ? »
Il avait reprit son sérieux et attendait tendu la réaction de groupe … peut être qu’il pourrait envisager une petite rétribution après tout.

[Et ouiiii je me paye le luxe de faire du démarchage a domiciles ... hors domicile !!
plus sérieusement, je m'incruste avec la bénédiction des admins (et un don de chips désintéressé au Mj)]

J'avais chaud.
J'avais également l'impression d'être dans un sablier géant dont le sable aurait cessé de s'écouler pour mieux nous ensevelir. Dont le temps aurait cessé de passer, comme si au fond, nous étions condamnés à rester ici jusqu'à la fin des temps et tout ça pour quoi ? Parce qu'un imbécile nous avait dit qu'un vieux crouton y vivait et pourrait éventuellement nous donner des informations sur comment tuer l'autre idiot qui se prenait pour le roi du monde. Raaah toutes ces discussions sans fin ... c'était fatiguant tout ça pour rien en plus au final. Nous tournions en rond ! Plus le temps passait et plus la situation m'énervait, au fond, je n'avais qu'une envie, partir d'ici en les laissant chercher seuls ce qu'ils avaient entrepris de trouver. Mais bien sur, j'avais accepté d'aider mon imbécile de fiancé qui ne pouvait pas venir lui-même. J'étais certes caractérielle et j'agissais plutôt de mauvaise grâce, peu convaincue de l'objectif poursuivi, mais si j'avais une qualité, c'était belle et bien celle d'être fidèle. Certes je ne croyais pas du tout en notre mission mais les autres y croyaient pour moi et puis, cela m'arrangeait bien de m'éloigner aussi. En plein désert, je mettais Jelenna à l'abri, que ce soit de Tamawa, des Templiers comme de Muria et de ma mère. Je pouvais prendre le temps de réfléchir même si la fatigue et ma mauvaise humeur ne m'aidaient pas vraiment. Les choses étaient plus simples même si du point du vue extérieur, on pouvait parler de fuite. En réalité, je fuyais oui mais je préférais me dire fidèle à mes engagements envers le capitaine de la garde elfique.

Le temps avait filé et voilà que les choses n 'avançaient pas vraiment. Sora ne savait pas où était cette fichue oasis ou ces ruines je ne sais plus vraiment ce que nous cherchions. Sans doutes le plus sage était-il de faire demi-tour, de rentrer dans la cité neutre bredouille et de préparer une nouvelle expédition cette fois plus complète et plus sure du chemin à suivre. Mais parfois, la chance sourit aux imbéciles comme disait Philéa et dans sa grande sagesse, la chance nous envoya un guide ...
Jelenna fut la première à le voir apparemment, suivit sans doutes de la fille étrange qui se nommait euh Arzhel je crois. Quoi qu'il en soit, la petite fille courut après le guide étrange et plutôt suspect qu'était Thingol sans que je n'ai le temps de réagir. Évidemment, je ne pouvais pas la laisser seule et je la suivais, pestant pour qu'elle s'arrête mais la princesse bis ne semblait pas vouloir m'écouter. Elle ne s'arrêta que pour sauter au cou du mulet de Thingol tandis que ce dernier semblait chercher toutes les excuses du monde pour rester en vie. Désarmé, il nous expliquait qu'il nous avait suivi pour ... ouais pour nous amener sur ces lieux que Sora cherchait depuis des jours sans succès. Enfin bref, on était à l'oasis tant espérée certes mais pourquoi il était là lui et comment savait-il ? J'en avais ras-le bol et je n'appréciais pas du tout son humeur pleins de sous-entendus.

" Et bien, et bien ... n'as-tu jamais appris qu'un homme désarmé est un homme mort ? "

Je n'avais pas envie de plaisanter mais je ne pouvais rien faire devant Jelenna. La petite jouait avec le mulet de Thingol et arborait un sourire calme.

" Pourquoi nous avoir suivi ? Comment savais-tu que nous partions oh et éventuellement, que nous cherchions cette oasis ? "

Plus je posais ces questions et plus je me disais que les réponses étaient inutiles. Etait-ce la sagesse qui pointait le bout de son nez ?

" Peu importe, tu auras le temps de t'expliquer en temps voulu et pour le moment, on a pas le temps d'écouter tes excuses. Reprends ton épée, on pourrait en avoir besoin. "

" Bon, maintenant, on fait quoi ? " demandais-je presque calmement à Sora.

Le temps était sans doutes venu de cesser d'être arrogante pour être un peu plus adulte. En réalité, je ne tenais pas à apprendre ce qu'il avait à dire devant tout le monde et je tenais à régler certains détails seul à seule avec lui doooonc pour me permettre d'être seule avec lui et également pour sortir le plus vite possible de ce désert, je devais patienter et laisser les choses se faire. Pour l'heure, les réponses étaient entre les mains de Sora.

La petite troupe entra dans ce qui fut autrefois l'oasis rayonnante de Maul. De ce grand carrefour des anciens Almers, il ne restait plus que des blocs de pierre jaunis et décrépis dressés comme un sourire édenté entre des points d'eaux et des palmiers. La superficie de cet oasis était vraiment étonnante, il était difficile d'imaginer qu'une telle étape ait pu tomber dans l'oubli. En même temps, au fin fond d'un désert à plus de 40°c le jour et en négatif la nuit, rien ne donnait envie d'explorer cette partie oubliée.
Pourquoi diable, au delà de la beauté du site poussant au milieu de nul-part, les Almers s'étaient-ils autrefois établis ici? Quels richesses méritaient un tel intérêt?
Pour Aub'Hiwaan, ce trésor était la solitude. Bien que bientôt brisée.

La troupe avançait presque en file indienne: Sora et Thingol ouvraient la marche, chacun émerveillés à leur façon. Arzhel marchait tranquillement, à l'affut, alors qu'Asora préférait fermer la marche derrière Jelenna accrochée à sa grande soeur. Il était amusant de relever qu'il n'y avait qu'un seul homme PJ parmi cinq femmes, cela n'avait rien à voir avec l'aventure mais le MJ tenait à le faire remarquer.
C'est alors que ça commença. Le test, l'épreuve initiatique, appelez-ça comme vous voulez.

Sora, en plein dans son élément parmi des ruines couturées de hiéroglyphes, fut attirée par une grande stèle noir, droite comme un "i", bien camouflée derrière une épaisse végétation, Une découverte incroyable, étant une des seules au monde à pouvoir la déchiffrer. Le rôdeur louche, seul homme de la troupe (je le répète, ça sera peut-être important par la suite) continua sa route sans rien remarquer. Cela ne fut pas le cas d'Arzhel qui s'engouffra derrière elle mais perdit rapidement sa trace. Jelenna, sentant quelque chose d'inhabituel, tira sur la cape blanche de sa grande sœur qui accéléra le pas. A l'arrière, Asora perçut une présence par l'Esprit sur sa gauche: elle invoqua sa lame et jeta un coup d'œil vers la petite étendue d'eau. De l'autre côté de la rive s'ouvrait une caverne à flanc de butte. Elle se retourna pour appeler ses compagnons, mais aucun ne répondit.
Tous avaient disparu, alors qu'une petite bruine commençait à tomber. Une légère brume s'éleva du lac.



Sora n'en croyait pas ses yeux, oubliant même de regarder si Aeden était encore derrière elle: cette stèle de plus de deux mètres de haut semblait retracer l'histoire de l'Oasis Maul: un morceau de la légende du peuple Almer et d'Azthia allait reprendre vie! Définitivement, Sora allait se faire connaitre comme LA spécialiste du monde pré-Almer à travers le monde. Plus besoin d'activités illicites après cela, une renommée on ne peut plus officielle l'attendait (outre le privilège de sauver le monde en introduction). En pleine lecture, l'archéologue fut interrompu par des bruits de pas sortant des ruines. Un être humanoïde absolument ignoble, ridé et desséché, l'accueilli sans préambule avec une voix caverneuse.

"Qu'est-ce-que tu cherches vraiment?"




Mais où cette garce était-elle donc passée??!! L'astorg blonde, formée à la traque, perdait patience à courir derrière elle afin de lui demander (gentiment) de rejoindre le groupe des gentils explorateurs. Dans l'oasis, la chaleur sec laissait place à la chaleur humide. Mieux pour la fille du nord? Pas sûr.... Cherchant à se désaltérer rapidement avant de reprendre sa recherche, Arzhel s'approcha de la source sur sa droite. Lorsqu'elle porta l'eau à sa bouche, ses instincts aiguisés la firent dégainer ses armes en une fraction de seconde: le même "semblant d'être humain" décrépi lui apparu et lui posa une même question:

"Qu'est-ce-que tu protèges vraiment?"


Tout heureux d'être LE SEUL HOMME PJ DE LA COMPAGNIE, Thingol avançait comme un vrai rôdeur de derrière les fagots, humant le sol, goutant la terre et tripotant les feuilles pour savoir quel vers de terre avait traversé ce chemin il y a six jours. L'enthousiasme le saisit lorsqu'il découvrit que c'était en réalité un animal quadrupède massif, avec une viande assez fondante en barbecue comme le témoignait ces traces de pas (les rôdeurs du Guide Michel Un savent faire la cuisine en plein voyage, rappelez-vous).
Voulant annoncer à ses compagnes... COMPAGNONES (!) la bonne nouvelle du festin de ce soir, il s'aperçut alors qu'il n'y avait plus personne derrière lui. Quand est-ce-que ces damoiselles s'étaient-elles perdues? Ce n'était pourtant pas difficile de suivre le guide dans une ligne droite, bien qu'il était discret comme un jambon glisse sans bruit sur une plaque de verglas.
La personne qu'il retrouva alors n'avait rien de bien féminine: elle ressemblait vaguement à quelqu'un qu'il avait connu, avec moins de cheveux, plus de rides et des yeux plus globuleux. Et de sa voix caverneuse sortit la question fatidique:

"Qui es-tu vraiment?"




Comme toujours, Boucle-d'Or était accrochée aux manteau de sa grande soeur. Avaient-elles senties le monde disparaitre autour d'elle? Du moins était-il trop tard lorsqu'elle accélérèrent vers le début de la troupe, avant de remarquer que la pét....petite blonde Templière n'était plus derrière. Quoi, cette troupe de baltringue s'était perdue?! Car c'était forcément de leur faute de toute manière, deux princesses donnent deux fois plus de don naturel à l'orientation.
Voilà ce qu'on gagnait à suivre un rôdeur habillé comme un elfe MAIS avec de la barbe.

C'est alors que le croisement entre une Douve du Foix, un être humain et un glouton des forêts d'Azune avança de derrière les fougères. Évidemment, le meurtre était la première idée qui croisa le cerveau d'Eléa, mais cet être parla plus vite qu'on ne dégaine une arme.

"D'où viens-tu vraiment?" demanda-t-il à la plus grande.

"De quoi as-tu vraiment peur?" questionna-t-il enfin en regardant Jelenna.





"Hilina, Hilina, HILINA! Sors-moi de ce merdier! Ohééééé! Vous êtes où *$/%£' (insultes Astorg incompréhensible)??"

Être perdue était une preuve ultime de faiblesses, et ça exaspérait l'adolescente à vitesse grand V. Certes, Asora approchait de la majorité, mais comme on le dit si bien: "l'âge c'est dans la tête".
De toute manière, si elle en était là aujourd'hui, c'était la faute à....
Ola, c'était quoi ce vers de terre géant qui s'approchait sur deux pattes?
Par pur réflexe depuis le grand carnage de Tamawa, Asora empoigna son arme runique et invoca sa lame qui illumina les feuillages environnant de sa lumière grise. Prête à envoyer Ad Patres Tempora Mundis Recorda (missa brevis et spiritus maxima) ce pauvre fou, elle lança de sa plus belle voix "Qui va là?" en espérant que l'homme comprenne le Cydien.

Ce à quoi il répondit:

"Contre qui es-tu réellement en colère?"

Bien content d’être le SEUL MÂLE UTILE DU GROUPE du groupe (le Mj à fortement insisté sur ce point donc ça doit être important), Thingol donnait le meilleur de lui même pour impressionner les donzelles alentour. Il ne tarda pas à découvrir les traces du repas de ce soir, un barbecue bien goûteux d’après la forme des empreintes. Particulièrement satisfait de pouvoir démontrer une fois encore son indispensabilité à la gente féminine il voulu mettre ses derniers au courant du menu du soir, mais … plus personne ! Étrange, même s’il s’était déplacé aussi silencieusement qu’une otarie par 50m de fond, il n’était quand même pas devenu invisible … et normalement les autres non plus ! Peut être que ces félonnes ne s’étaient pas encore rendu compte à quel point le rôdeur était irremplaçable et qu’elles avaient décidé de l’abandonner ici, sûrement une idée de cette capricieuse princesse à la rapière …

Trop occupé à médire sur l’ingratitude des princesses amazones, Thingol ne senti pas s’approcher la seconde présence masculine à avoir une réelle importance dans le coin. Le guide se figea net en entendant une voix familière, presque oubliée lui poser sa question. Le rôdeur se retourna lentement tout en portant la main à son épée, il n’était pas homme à se faire impressionner facilement, mais ce qu’il vit le pétrifia une seconde fois. Malgré les ravages que le temps lui avait fait subir, il était sur de pouvoir reconnaître ce visage, après tout il l’avait accompagné pendant des années, presque la moitié de sa vie …

« Vous avez vieilli maître … »

Mais son maître lui avait posé une question et Thingol sentait qu’il devait y répondre, notamment parce qu’il était le seul véritable homme viril du coin. Le plaisir des retrouvailles fut donc remis à plus tard tandis qu’il réfléchissait à la question qui lui était imposée.

« Qui es-tu vraiment ? » Ironie du sort cette question il se l’était posée bien souvent et aujourd’hui encore il n’était pas sur d’en connaître la réponse.

« Qui suis-je vraiment ? Vous devriez pourtant connaître la réponse, après tout, personne ne m’a jamais connu mieux que vous … Bien sûr il n’y a pas qu’une seule réponse. »

Thingol marqua une pause pour prendre son inspiration.

« Qui suis-je vraiment ? Pour certain je suis Thingol : un vagabond qui apparaît et repart au gré des saisons, pour d’autre je suis le guide qui les conduira en lieu sûr, pour les bêtes le suis le prédateur qui les traque. Et pour vous je suis l’enfant que vous avez recueilli et élevé des années durant.

Qui j’étais avant de vous trouver, je l’ignore. Qui je serais dans quelques années je l’ignore aussi. Ce que je sais, c’est que maintenant je suis Thingol, le manteau gris, sans foyer ni attache, sans maître ni esclave, je ne dépends que de moi-même. Un homme, c’est tout ce que je suis, ni plus ni moins qu’un homme. »

Avait-il répondu correctement ? Y avait il une réponse correcte ? Il n’avait jamais cherché à connaître son passé, seul le présent lui importait. Et à présent il attendait la réaction de son maître, sa réponse l’avait elle satisfait ?
[u]

La bonne blague... Comme si on pouvait sortir comme cela, de derrière les fougères, en posant une question à la mord-moi-le-noeud!
Asora projeta son Esprit vers ce morceau d'humain décrépit, sentant que quelque chose clochait. Une telle laideur dans un coin si reculé cachait un secret, et le jeune Astorg n'était pas aussi blonde qu'on pouvait le penser: ils cherchaient un Templier sensé être mort depuis plus de cent ans. Donc quand un grêlé décrépit sortait de nul-part en posant une question étrange correspondait exactement à ce qu'elle cherchait.

"Contre qui je suis en colère? Cela fait des jours que je vous cherche! Et vous osez demander...."

"Seulement quelques jours oui. Contre qui es-tu réellement en colère?"

Il l'a provoqué ouvertement, comme si elle n'était pas déjà assez remontée contre lui. Aub jouait les vieux ermites en posant des questions à deux Talents, et la voilà bien obligée de jouer le jeu pour ne pas le faire fuir.
Elle poussa son esprit un peu plus loin afin de prévenir ses camarades de l'apparition du vieux taré.... Mais personnes. A des lieues d'ici. Pas une présence. Aub'Hiwaan était-il si puissant qu'il l'empêchait de communiquer?

"Je suis en colère contre cette équipe que je me paie, incapable de rester ensemble sans se...."
"Ces gens sont tes seuls amis. Contre qui es-tu réellement en colère?"

Il savait frapper là où ça faisait mal le torchon délavé. La main d'Asora serra plus fort encore son arme éteinte, cherchant un peu de réconfort dans son contact familier.
Qui l'avait amené jusqu'ici? Pourquoi se retrouvait-elle, à moitié morte de fatigue, à transpirer du sable par tous les pores de sa peau? A cause de qui se retrouvait-elle à sentir le bouc décharné dans les nuits froides et les journées caniculaires du désert?

"Cette foutu princesse", lâcha-t-elle entre ses dents."Avant qu'elle ne se pointe, la vie était beaucoup plus simple. Loin de la politique, loin du sang. Loin des larmes de mélancolies et de nostalgie. Faire souffrir mon maître était la dernière chose que je voulais."

"Elle n'a pas choisi de naître, ni le déroulement de sa vie. Peux-tu la blâmer de vouloir retrouver ses racines et reconstruire sa vie? Contre qui es-tu réellement en colère?"

Il avait raison, bien plus qu'elle n'aurait voulu l'accepter. Elle avait beau repousser ces arguments, il lui sonnait continuellement dans la tête. Elle avait toujours su. Eléa n'y était pour rien, elle n'avait fait que subir cette vie injuste qu'on lui imposait. Elle était destinée à être Templière, digne héritière de son père, ou simple fleuriste de l'échoppe familiale. Pas princesse d'une des premières puissances militaire du continent, lancée à la recherche d'un vieil homme pour sauver sa cité d'un ennemi disparu. Esclave du choix de.... Sa mère.

"Ma mère, mes parents.... Ont-ils vraiment compter sur moi un jour? Ils m'ont envoyé au Temple alors que je n'étais même pas capable de tenir une arme. ILS M'ONT ABANDONNE!"

La fureur s'emparait d'elle et son arme flamboya de sa belle couleur mauve. La lumière illumina l'oasis, faisant régner comme un air d'apocalypse.

"Ils n'ont pas choisi ta vie!" beugla Aub'Hiwaan par dessus le vacarme des animaux qui fuyaient. "Contre qui es-tu en colère?!"

La lame crépita... Qui l'avait extirpé de sa vie tranquille, empêché de retrouver sa famille et ce pays froid qu'elle aimait tant? Sous le voile rouge de sa colère, la vérité semblait lui apparaitre comme à nul autre moment.

"Jacen Ryran. Tout est de sa faute. La vie d'Eléa, le vol de mon enfance, la boucherie de Tamawa. Tout vient de lui! Il n'a agi que pour sa propre personne depuis le début, mais refuse de nous épauler dans les moments difficiles. Il ne m'a choisi que pour palier l'absence de sa fille. Il m'a utilisé!"

La colère retomba, alors que sa lame s'éteignit. Sa pierre runique était si brûlante qu'elle lâcha son arme. Lorsqu'elle retomba par terre, elle se souvint du moment où son premier sabre, qu'elle voulait gris, la pierre la plus instable, implosa en brûlant gravement son maître qui lui construisait. La coutume voulait que le maître confectionne l'arme de son apprenti, et Jacen n'avait pas dérogé à la règle. Sa main gardait encore aujourd'hui les cicatrices de cet incendie.
Alors elle se rappela tout: sa fugue, Jacen qui était venu la chercher en pleine nuit. Ses crises de nerfs, ses bouderies. Ses soirs de solitude où il tendait son Esprit vers elle, juste pour la rassurer de sa présence. Le besoin qu'elle avait de se montrer meilleure que les autres devant lui, pas pour les écraser, mais pour qu'il ne la rejette pas. Sa patience pour lui apprendre le Cydien, alors que leurs deux cités cherchaient la moindre petites failles pour se taper dessus. Asora lui en voulait comme une fillette en veut à son père, une jeune femme à son amant, une élève à son maître. Il était la cible facile, au fond, de ce qui la fermait vraiment.

"Moi. Je suis en colère contre moi-même. Je n'arrive pas à devenir parfaite pour mon maître. Je n'arrive pas à ré-investir tout ce qu'il m'apprend. Je n'arrive pas à protéger tout le monde. Je me hais pour cela. Je n'ai sauvé personne ce jour-là..."

Sur Tamawa, Asora n'avait versé aucune larme. Elle n'en verserait pas, pour ne pas lancer transparaître un signe de faiblesse, mais beaucoup de ses frères étaient retournés à Hilina ce matin-là. Accepter de ne pouvoir sauver tout le monde était une déchirure, comme comprendre un bon matin qu'elle attendait trop de sa personne.

Alors le vieil homme décrépit s'effaça dans les fougères et révéla un passage dans l'oasis.

Une ombre parcourait le monde sur les ordres de son maitre.
Azael avait ordonné qu'on lui ramène la petite princesse amazone, Ankha, la clé ou plus simplement nommée Jelenna et bien sur, cette mission n'avait pu que lui être confiée, à elle, la Mort en personne. L'ancienne Nessa avait bien sur accepté automatiquement la requête de son maitre bien que l'idée de ramener vivante la gamine ne soit pas vraiment dans ses coutumes ou dans ses cordes mais elle prendrait garde à ne pas la blesser de trop. Ainsi, Mort se faufila telle une ombre hors du palais de son maitre, bientôt rejointe par Kiki, bien que sa présence ne soit nullement requise ...

[ ... ]

Cela devait faire à peine une journée qu'elles étaient parties et la chaleur du désert combinée à l'affreuse peste qu'était Kiki n'arrangeaient en rien l'humeur déjà massacrante de Nessa. Cette dernière avait bien tenté de s'isoler comme elle avait l'habitude de le faire, de ne plus entendre les jérémiades incessantes de l'espèce de chatte-humaine qui servait de compagne à la plupart des Cavaliers masculins ou même au maitre lui-même mais Kiki était une adversaire redoutable. Elle parlait et parlait et parlait ... à n'en jamais se taire et à se taper la tête contre un mur, même pour la Mort. Nessa se mit alors à imaginer comment la tuer ... en lui tapant la tête contre un arbre ... en la tuant d'une flèche en plein cœur ... elle pouvait aussi décider de l'attacher vivante à quelque chose et la laisser là ou pire encore, elle pouvait lui offrir un petit collier de cuir enduit d'eau puis l'abandonner au soleil pour que ce dernier l'étouffe lentement mais surement. A moins qu'un petit tour dans son labyrinthe cauchemardesque ne soit une bien meilleure idée ... Ou alors, elle pouvait la vendre à des marchands peu scrupuleux et ces derniers n'auraient qu'à l'utiliser comme bon leur semblaient ... Oui mais qu'en serait-il du maitre ? Azael serait furieux de voir une partie de lui disparaitre sans pouvoir y faire quelque chose. Ce n'était pas une bonne idée de mettre le maitre dans une colère noire et même elle, la Mort, ne pourrait se prémunir de sa colère. Mieux valait supporter l'horrible peste plutôt que d'essayer d'attenter à sa vie même si la laisser vivante était contre-nature pour Nessa ... Heureusement pour elle, le temple en ruines pointa bientôt son nez à l'horizon signifiant par là même qu'elle n'aurait pas à supporter plus longtemps Kiki et ses niaiseries.
Les deux femmes entrèrent dans les ruines sans un bruit jusqu'à ce que Nessa se souvienne qu'il valait mieux éviter que Kiki ne vienne avec elle ... cette idiote serait assez douée pour faire échouer sa mission, même si elles n'avaient rien à craindre de ces pitoyables humains rassemblés ici. Elle confia donc la mission tout aussi idiote à Kiki de leur chercher une monture, bien que cela soit tout à fait idiot. Mais la demoiselle refusa d'un ton catégorique et se mit en tête de la suivre coute que coute. Nessa se résigna et poursuivit son chemin en direction du petit groupe. Que ne fut alors sa surprise de voir le traitre parmi eux ! C'était une occasion inespérée que de le tuer maintenant, ici et tout de suite ! Oui, Mort n'était pas ce qu'on peut appeler quelqu'un de patient mais elle préféra tout de même réprimer son envie de massacrer l'ancien Cavalier qui les avait trahi pour écouter ce qu'il avait à dire à ces pitoyables créatures amassées devant lui et pendues à ses lèvres.

Elle avait bien fait de laisser parler le traitre car ainsi, elle avait pu apprendre sans se casser les pieds à la chercher parmi le groupe que la gamine qu'elle cherchait était la petite blonde à côté de la grande brune. Elle aurait pu le deviner à l'arc que la gamine portait sur le dos en permanence, signe qu'elle était surement amazone même si cela pouvait étonner vu la distance entre Muria et ici. Mais peu importait, le vieux était utile parfois, même si il venait de trahir encore une fois Azael ... Mort n'hésita pas un seul instant, dès que le crouton eut fini de parler, une flèche décolla pour se ficher dans son cœur.

" Quel spectacle affligeant. " déclara Mort, adossée tranquillement contre le montant de ce qui devait être dans le temps une porte.

" Ouah en plein dans l'mile ma grande !!! " s'exclama joyeusement Kiki derrière elle de sa voix aigüe.

Mort l'ignora pour se rapprocher du petit groupe et poursuivit comme si Kiki n'était jamais intervenu. Sa voix aussi froide et glacée que la cité des neiges transperça le cœur de chacun, ce qui, bien évidemment, lui tira un magnifique sourire des plus sadiques :

" Sale traitre, tu as osé leur apprendre comment tuer Bête toi qui la fut jadis. Pauvre fou ! Comme si une poignée de pitoyables humains pouvaient changer le cours des choses. Il est trop tard pauvres fous ! Mais au moins, je sais où est la Rose et je te promets d'en prendre soin tout comme la morveuse que tu m'a si gentiment indiqué comme étant Ankha. Maintenant, crève en silence, j'ai à faire. "

Et la Mort passa outre le corps agonisant du vieillard qui fut jadis un Cavalier. Ce dernier mourut sans même qu'elle n'y prenne garde, elle avait mieux à faire, elle avait de nouvelles cibles. De nouvelles victimes qu'elle pourrait torturer à souhait maintenant qu'elle savait ce qui les hantaient tous ...

" Pitoyables humains, vous allez donc mourir ici et ce pauvre fou aura sacrifié sa vie pour rien, comme c'est pitoyable ... "

[ ... ]

Mort prenait son pied à les torturer. Non pas physiquement, ce serait pour plus tard, mais mentalement, dans le labyrinthe qu'elle leur avait créé tout spécialement. Ainsi, chacun s'était éveillé dans un cauchemar conçu par ses soins. Elle prenait son pied à les voir souffrir.

Sora avait acquis la connaissance parfaite pour tout perdre l'instant suivant, devenue amnésique dans son cauchemar. Mais le plus jouissif pour Mort n'était pas de la priver du savoir qu'elle cherchait tant à avoir mais bel et bien de la rendre amnésique et surtout, consciente qu'elle était amnésique. Ainsi, la demoiselle savait qu'elle oubliait les choses, que son savoir lui échappait mais elle n'avait aucun moyen de lutter et c'était sans doutes cela le plus beau.
Arzhel quant à elle revoyait simplement les morts du passé qui la hantaient, la poursuivaient, elle, l'assassin devenue sans défense. Mort s'amusait à lui faire revivre toutes les morts qu'elle avait engendré mais cette fois-ci, le plus drôle était sans doutes que la pauvre jeune fille était toujours la victime. Mourir comme elle avait fait mourir ses propres victimes, n'était-ce pas un jeu magnifique ? Surtout quand aucune arme, aucune personne ne pouvaient la sauver ?
Thingol ne lui donnait que plus envie d'être torturé. Nessa avait été la première reine amazone par le passé et les bonnes vieilles habitudes ne s'oubliaient pas, même après la mort. Les hommes devaient périr et le guide était un homme. Logique implacable. Ainsi, la Mort s'amusa à le faire poursuivre par des amazones, le torturer mentalement, lui faisant tantôt perdre la mémoire ou encore subir le martyr.
Asora était sans doutes l'une des plus jouissive. Elle qui avait clamé haut et fort qu'elle était en colère contre elle-même subissait toute la colère de Mort et toute l'étendue de son sadisme. Ainsi, Mort s'amusait à lui faire revivre l'ensemble des erreurs que la jeune femme avait pu faire dans toute sa vie, de la plus infime à la plus grave, ainsi que les conséquences de ces erreurs.
Pour Eléa, rien n'était plus facile et s'en était même trop facile. Lui faire croire que sa chère famille et sa chère cité étaient mortes la rendait presque folle. Elle assistait, impuissante, à la destruction de Tamawa comme de Muria et à la mort des membres de sa famille.
Mort s'éclatait.
Jelenna n'était pas non plus difficile à torturer. Piégée dans un labyrinthe dans lequel elle entendait s'éteindre les âmes de ceux qu'elle aimait, la petite fille en devenait folle. Elle serait d'ailleurs sans doutes la première à succomber à la pression qu'imposait sur le corps la folie d'un esprit torturé. Mais c'est à l'instant le plus critique que Mort se souvint de quelque chose d'important. Emportée par son enthousiasme, elle en avait presque oublié sa mission, et, aussi étonnant soit-il, ce fut Kiki qui la lui rappela, comme quoi, cette chose était peut-être intelligente.

" Je croyais qu'il fallait pas la tuer elle. " dit-elle innocemment.

* Merde ... J'avais oublié. *

Mort relâcha la pression sur l'esprit de la petite et le labyrinthe disparu de l'esprit de cette dernière mais elle ne fit pas cesser ceux des autres. Elle ordonna à Kiki de sortir des ruines, prit Jelenna par le bras en la trainant à moitié et ensuite, elle sortit. Dommage, elle ne pourrait assister à leur mort et ils survivraient tous à son labyrinthe ... elle ne pouvait pas s'attarder ici, elle devait rentrer avec le corps pour le confier à Azael mais leur état lui offrirait de précieuses minutes.

" Toi, occupe-toi d'eux. Et fais bien le boulot pour une fois, larbin. "

Mort allait partir lorsqu'elle se souvint de quelque chose. Un mulet qu'elle avait vu non loin et qui lui permettrait de ne pas avoir à se souiller en portant la mioche. Parfait, elle prit donc le mulet, le délestant de ce qu'il portait et y déposa le corps de la gamine. C'est ainsi que Mort, Kiki, Sam et Jelenna disparurent dans le désert tandis qu'un autre fléau s'abattait sur les ruines où les corps encore endormis des victimes de Nessa se trouvaient.

[ ... ]

Bête n'était pas le plus puissant des Cavaliers mais le plus impressionnant si.
Transformé en dragon pour l'occasion, il n'eut qu'à vaguement éternuer pour entourer les ruines de flammes. Sachant que les esprits de ses victimes étaient encore enfermés dans le labyrinthe de Mort, ce serait un jeu d'enfant de les tuer sans se fouler. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Mort éloignée, son emprise n'était qu'un rêve, un souvenir, les esprits en avaient été libérés et si les corps n'étaient pas encore réveillés suite au choc, la chaleur des flammes s'en chargea.
Les victimes se réveillèrent.

[ Le but du jeu ? Tuer Bête et éventuellement sortir des ruines en flammes, pour cela, vous êtes libres. Sachant que vous pouvez commencer votre RP avant ou après l'apparition de Bête. Bon courage ! ]

Finalement l'arrivée de Thingol, le guide qu'elle avait déjà rencontré lors de l'enquête sur la disparition de Kriisten, vint mettre fin à leur recherche. Il leur indiqua l'oasis qui se trouvait à quelques kilomètres de leur position. Une fois arrivé, le groupe pénétra dans les ruines, Arzhel observait les alentours, surveillant d'éventuels ennemis et ses compagnons. Quand elle s'aperçut que Sora s'engouffrait sans plus attendre dans le dédale de pierre, quittant la protection du groupe, l'astorg se lança à sa suite dans l'intention de la ramener. Mais elle n'avait pas prévu de se perdre dans le labyrinthe de ruines et commença à pester dans sa barbe. Au détour d'un virage, elle tomba sur une source et décida de s'arrêter pour se désaltérer. Les sens toujours aux aguets, elle posa une genou à terre et se servit de sa main en coupelle pour puiser de l'eau. Sauf qu'au moment de la porter à sa bouche, son instinct la mit en alerte. Se redressant d'un coup en dégainant son poignard, elle fit face à... une chose décrépie ressemblant vaguement à un être humain. Il la prit au dépourvu avec sa question.

Ce qu'elle protégeait? Elle-même bien entendu et ses intérêts. Mais le ton choisit pour poser cette question semblait indiquer que la réponse ne devait pas être aussi évidente que ça. Fronçant les sourcils sans pour autant baisser son arme, la jeune femme prit le temps pour creuser un peu plus. Elle, l'assassin à la solde des dirigeants de Storghein, exécutait son travail quand il pouvait lui rapporter, mais également quand il pouvait apporter un changement significatif pour le monde dans lequel elle vivait. Elle n'était pas une adepte de la barbarie et on pouvait se demander pourquoi elle avait choisi ce métier... Peut-être pour provoquer des changement plus rapides, pour écarter plus efficacement certaines menaces... Pour se sentir libre et maîtresse de son destin. Mais peut-être se fourvoyait-elle?... Qui protégeait-elle? Gorwin... Feanaro également quand elle le pouvait... Les astorgs en général... Elle n'aimait guère ce genre de question qui la forçait à révéler en partie ses sentiments, et bien plus qu'elle ne voulait. Alors elle fournit une unique réponse.

- Je protège ceux que j'aime...

Si cela ne convenait pas à l'être en face d'elle, qu'il aille au diable. Toujours sur la défensive, Arzhel perçut un subtile changement d'atmosphère, une entrée apparut à quelques pas de la demoiselle qui s'y engouffra avec prudence après avoir jeté un dernier regard sur l'emplacement qu'occupait celui qui pouvait bien être Aub'Hiwaan. Une caverne s'offrit à ses yeux et elle retrouva les autres membres de la Kabbale. Elle porta un regard intrigué sur les animaux et le propriétaire des lieux. Les explications fournies par le « cadavre » ambulant apportèrent de nouveaux éclaircissements pour leur quête ainsi que de nouvelles inquiétudes. Mais il n'eurent point le temps d'approfondir, interrompus par l'arrivée inopinée de fauteurs de troubles et pas des moindres.

********************************

Revivre les morts perpétrées en endossant le rôle de la victime n'était pas du goût de l'assassin. En huit ans de carrière, la liste des contrats était assez longue et les tourments générés par le sort de Mort menaçaient de détruire les défenses mentales de l'astorg et de provoquer de sacrés bouleversements. Pourtant la torture prit fin et Arzhel se réveilla, l'esprit emplit de visions, de cris et de sensations désagréables. Elle était furieuse de s'être retrouvée démunie face à cette attaque. La mâchoire crispée, les yeux aussi froid que la glace, elle se redressa, constata que Sora était également debout et remarqua l'absence de la petite Jelenna. Une pointe d'angoisse étreignit le cœur de la blonde, cet enlèvement ne présageait rien de bon.

L'attention d'Arzhel fut détournée par une odeur qu'elle reconnaissait entre mille. Le feu avait une odeur bien particulière qu'elle avait appris à identifier durant son enfance, et quand elle comprit que les ruines s'étaient transformées en rôtissoire, elle se demanda comment ils allaient s'en sortir. Mais ils devaient parer au plus urgent : trouver la sortie de cet enfer. Voyant que les derniers compagnons se remettaient, Arzhel dégaina son épée et se porta au niveau de l'entrée de la caverne, inspectant le tunnel, pour l'instant désert.

- La voie est libre, on devrait se dépêcher avant de mourir asphyxiés ou brûlés, surtout si l'on souhaite retrouver Jelenna.

Elle espérait simplement que Thingol serait capable de manier Glace et de vaincre leurs éventuels ennemis et qu'Eléa ne perdrait pas son sang froid face à disparition de sa sœur. Dans le cas contraire, elle se verrait obliger de remettre les pendules à l'heure, quitte à se montrer brutale. Sora, quant à elle, fulminait dans son coin.

- Thingol avec moi... décréta l'astorg d'une voix qui n'admettait aucun refus.

Ceux qui se dresseraient sur son chemin risquaient de passer un sale quart d'heure. Le guide devrait pouvoir retrouver le chemin de la sortie, Arzhel avait perdu ses repères suite à l'escapade de Sora et sa rencontre avec Aub'Hiwaan. Certes, elle avait pris la première initiative, pourtant elle n'était pas une meneuse d'homme, ayant l'habitude de travailler seule et dans l'ombre. Mais ils devaient réagir rapidement. La jeune femme relâcha en partie son contrôle sur son don de catalyseur, apportant une nouvelle force à ses compagnons, tout en sachant que leur adversaire en profiterait également s'il entrait dans son périmètre d'influence. Cependant, ils avaient besoin de toute l'aide possible pour sortir de ce piège.

L'espèce d'ancêtre avait parlé mais sans doutes aurait-il mieux de faire attention à ses arrières ...
Il nous avait fallu un nombre incalculable de jours pour parvenir ici, du moins, c'était l'impression que j'en avais et tout ça pour quoi ? Pour qu'un papi décrépit nous pose des questions sans intérêt et pour qu'il nous donne la mission simple et bienvenue de tuer Azael. Mais bien sur ... non mais il avait fumé quoi le papi au juste ? Sympa la visite mais je m'en serais bien passée pour ma part ! Une chance qu'il ait des choses plus intéressantes à nous dire parce que sinon, il y a bien longtemps que je m'en serais allée. Après une légère surprise, parce qu'à apprendre que le guide louche était son élève je ne voyais pas ce qu'on pouvait m'apprendre de plus surprenant, le vieillard se mit à nous parler d'une épée, visiblement la sienne d'après ce que je comprenais, puis de Jelenna. Le reste, je n'en avais cure, je comptais sur l'Astorg pour faire un rapport détaillé à Feanaro en temps voulu mais lorsqu'il commença à parler de ma soeur cadette, voilà qui devenait plus intéressant. Jelenna était donc importante aux yeux du dieu fou mais contrairement à ce que je pensais, seul son sacrifice permettrait apparemment à Azael de parvenir à ses fins. Et bien, voilà qui ne me donnait guère envie de le rencontrer ! Et s'il croyait qu'il allait avoir ma petite soeur aussi facilement, il pouvait se mettre le doigt dans l'oeil et bien profond ! En ce qui concernait la petite, elle se rapprocha de moi lorsqu'il s'adressa directement à elle et sa prise se fut plus ferme sur ma main. Inconsciemment, je passais ma main libre sur ses cheveux pour la rassurer tandis que j'écoutais la fin du monologue du vieux. Une rose de saphir, une femme avec des rats, c'était à peu près tout ce que j'avais retenu de son charabia mais cela suffirait. De toute façon, tout ce qui m'intéressait maintenant était de savoir comment protéger Jel' des mains du taré en puissance et quelque chose me disait que cela n'allait pas être facile. Pour l'heure au moins, elle était en sécurité. Du moins ... c'est ce que je croyais.
A peine avait-il eut fini de parler qu'une flèche siffla non loin de mes oreilles et vint se ficher en plein coeur du pauvre bougre. Ce dernier tomba à terre, mort.
Dans ma tête, une réflexion des plus idiotes se formula : seule une amazone pouvait abattre quelqu'un avec autant de précision avec un arc. Je pensais aussitôt à Kiera, notre Chef des Sentinelles qui n'était autre, en dehors de ce que Jelenna deviendrait plus tard, que la meilleure archère de la cité amazone. Aussi, je ne fus pas si surprise en la voyant. Qui aurait pu se douter que je n'étais pas si loin de la vérité ?
De longs cheveux bruns descendaient le long de son dos tandis que ses yeux, certainement de la même couleur pour ce que je pouvais en voir, nous toisaient avec froideur. Une armure légère recouvrait ses avant-bras et ses poignets tandis qu'elle était encore moins habillée que moi, ce qui en soit, était difficile. Pour finir, un sourire sadique se dessinait sur ses traits tandis qu'elle s'avançait vers nous, arc toujours à la main. Son aura était terrifiante, du moins c'est ce que Jelenna eut le temps de murmurer, à demi apeurée, à demi tremblante, derrière moi. Pour n'avoir suivi que les cours les plus intéressants de l'école amazone et pour avoir enregistré ce que Diane avait eut le courage de dire à Jelenna par le biais des rêves, je savais que cette folle en face de nous était Mort mais même sans cela, j'aurais pu le deviner rien qu'à son expression. Plus que tout, je savais qui elle avait été dans une autre vie. Nessa, la première reine amazone que toutes avaient retenues comme étant la grande reine qui avait permi l'essort et la création surtout de Muria. Mais de ce que j'en voyais, Nessa n'avait rien d'une grande reine et rien d'une bâtisseuse. Elle était la Mort en personne et semblait se jouer du pauvre homme qui avait, si j'avais bien suivi là encore, était son compère par le passé comme de nous, pauvres âmes mortelles. Dans mon dos, Jelenna s'était raidie, comme si la présence seule de la Cavalier signifiait quelque chose qu'elle seule pouvait savoir. Diane lui aurait-elle confié autre chose ?
Alors que Nessa s'approchait de nous, je me disais qu'il fallait agir. J'allais empoigner ma rapière lorsque le monde autour de moi disparut brutalement. La sensation de chaleur émanant de la main de Jelenna avait disparu, les ruines autour de nous n'étaient plus qu'un vague souvenir et le reste du groupe n'était plus dans mon champs de vision. Tout avait disparu et tout était noir autour de moi telle une nuit sans lune ...

Le monde s'éveilla autour de moi tandis que dans la réalité, mon corps s'écroulait, pris au piège du cauchemar de Mort.
Muria se dressait alors devant mes yeux, entourée d'une légère brume sans doutes due à une pluie récente. Ses murailles, hautes et rassurantes, m'empêchaient d'avancer. Je ne sais pour qu'elle raison je me sentais bien et heureuse d'être de retour, quand bien même il me faudrait affronter ma mère mais la présence de ma cité me rendait des plus calmes et des plus contentes. Presque en aurais-je crier de bonheur mais ce n'était pas fini car bientôt, la vision se modifia. Bientôt, les hautes murailles se brisèrent, se disloquèrent sous mes yeux tandis que je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher. La cité, dénuée de sa première et plus sure protection, ouvrait ses rues et ses humbles maisons à n'importe lequel des envahisseurs et les dieux seuls savaient qu'ils étaient nombreux ! Sur le parvis du palais, Philéa semblait d'ailleurs combattre des ennemis invisibles. Je me précipitais alors prête à la secourrir lorsque le feu prit. En un instant, il fut transmis de maison en maison, de rue en rue et réduisit la cité de mon enfance en cendres. J'avais beau crier, j'avais beau pleurer, rien n'y faisait, les flammes léchaient les derniers morceaux de la cité amazone. Je me sentais impuissante, pire, je me sentais coupable. Philéa et ma cité étaient mortes sous mes yeux sans que je ne puisse lever un doigt ! La rage et la tristesse m'assaillirent mais tout ceci n'était pas fini car Mort aimait faire souffrir visiblement ses victimes ... La vision de Muria en cendres disparu comme elle était venue et Tamawa prit sa place. Cette fois-ci, je pouvais reconnaitre l'armée qui marchait contre la cité neutre pour l'avoir combattu dans le passé, il n'y avait d'ailleurs pas si longtemps que ça. Je me précipitais dans le Temple pour y trouver les deux blondinettes ... trop tard. Je ne pouvais qu'assister de loin à la mort d'Asora tandis que Jelenna, dans une vaine tentative de la défendre, venait d'être transpercée de part en part par une épée presque plus grosse qu'elle. Les mots me manquaient, les larmes ne cessaient de couler tandis que là encore je n'avais rien pu faire. Je regardais le corps sans vie de ma jeune soeur dont les yeux encore ouverts ne cessaient de me demander "pourquoi ne m'as-tu pas sauver, tu avais pourtant promis".
Le feu ne mit que peu de temps à se propager là encore mais peu m'importait, je voyais le corps sans vie de Jelenna et non loin, celui de la plupart des Templiers. J'étais pourtant convaincue que nous avions gagné cette bataille mais la réalité était là, juste devant mes yeux. Le sang encore chaud de la petite s'écoulait sur le sol tandis que je ne pouvais rien faire d'autre que de caresser ses cheveux salies par la poussière et la lutte.

...

Etait-ce le feu de mon rêve qui m'avait réveillée en sursaut ou celui qui nous entourait ?
Peu importait, je m'éveillais avec peine au beau milieu des ruines dans une chaleur suffoquante. A cet instant, je doutais d'être réveillée, certes Asora, l'Astorg dont Jelenna m'avait dit qu'elle se nommait Arzhel, Thingol ou encore notre guide, Sora, se trouvaient là, mais pour autant, il semblait qu'il y avait le feu. Ce ne fut qu'en observant les alentours que je me rendis compte que nous étions de nouveau dans les ruines. A en croire par le corps encore endormi d'Asora, nous avions été victimes de Mort ... Je rageais de m'être fait avoir aussi facilement lorsqu'une autre pensée vint effleurer mon esprit ... où était Jelenna ? En effet, le corps de la petite n'était pas là et Arzhel comme Sora ou Thingol ne semblaient pas l'avoir pris avec eux. Ne restaient qu'Asora et moi dans la pièce et pour une raison inconnue, Jel' n'était nul part. Je commençais à paniquer, me remémorant mon rêve encore bien frais dans ma tête. La seule chose qui me poussa à agir fut que Haiiro n'était pas dans la pièce. Je l'avais dressée à protéger Jelenna, la louve cendrée avait donc du sortir la petite et n'était pas encore revenue pour venir me chercher. Je m'accrochais à cette idée en me levant. D'un geste brusque, je réveillais Asora et lui disait :

" Allez ma grande, si tu ne tiens pas à finir en brochette, je te conseille de suivre l'Astorg. "

Vérifiant que la pétasse blonde nous suivait, je prenais la suite du groupe à mon tour, me raccrochant désepéremment à l'idée que la louve avait protégée Jelenna en la sortant de cet enfer et que je retrouverais la petite à la sortie sans quoi, j'étais sure de perdre l'esprit. Mon inquiétude presque tue, je trouvais la porte de sortie pour me rendre compte que les ruines étaient enfermées dans un cercle parfait de flammes. Mais à la limite, ce ne fut pas cette découverte qui fut le pire mais celle de Haiiro, affolée par le rideau de flammes et surtout ... seule. Bousculant les autres, je me jettais dans sa direction pour constater que la louve était effrayée non pas par les flammes ni par le gros truc qu'il y avait derrière mais par autre chose. Elle tenait dans sa gueule un morceau du manteau de la princesse bis, me signifiant ainsi ce que je craignais ... Mort n'était pas venue par hasard dans ces ruines. Si le vieux avait raison, Jelenna était la clé qui permettrait à Azael de revenir dans le monde des vivants ... et moi j'avais conduit Jel' ici, dans les griffes du lion sans même réfléchir ! La colère et la douleur se disputèrent ma raison. Ma raison vacilla pendant un instant jusqu'à ce que la voix de l'Astorg me réveille. Je n'avais pas encore le droit de mourir et de me laisser aller par la tristesse. Déjà, je devais détruire ce feu sous peine de finir rôtie, ensuite, anéantir cette sale bête volante et enfin, la charcuter jusqu'à ce qu'elle me dise où se trouvait ma précieuse princesse. Ensuite alors je pourrais partir à la recherche de Jelenna car moi vivante, personne ne me prendrait Jel' !!

Je ne sais pas si ce fut grâce à la colère ou autre mais cela me donna des forces. J'entendais comme s'ils étaient au loin Thingol et Arzhel parler de stratégie avec Asora tandis que je me concentrais. Je le détestais, le haïssais lui comme ces Cavaliers. Il allait crever pour avoir osé me prendre ma soeur. Il allait souffrir et crever comme un chien mais d'abord, je tuerais tous ses petits jouets. La haine me permettait de ne pas sombrer dans la folie et c'était sans doutes ce qui comptait pour l'instant. Je savais que cela n'allait pas durer, du moins une partie de moi-même en était consciente.
Ma colère explosa une première fois puis une deuxième avant que mon attaque fasse effet. Je n'avais jamais testé la manipulation du sable et sans doutes n'y serais-je pas arrivée si je n'avais à ce point détesté mon adversaire mais quoi qu'il en soit, j'avais réussit à manipuler le sable de telle sorte qu'il avait ensseveli les flammes du gros truc qui se trouvait être un dragon bien moche soit dit en passant ! Enervée comme jamais, désespérée, je devais faire peur à voir.

" Je pense pouvoir encevelir en partie ses pattes de façon à ce qu'il ne puisse pas s'envoler, je pense, mais je n'en suis guère sure. Je crois que le coup des flammes, c'était un coup de chance. Quoi qu'il en soit, tu n'as qu'une seule flèche alors ne la gâche pas, car je te jure qu'avant de mourir, je te le ferais payer très cher ! "

Je m'approchais d'eux.

" Toi là, tu sais invoquer ce truc non ? Alors fais-le, on a pas de temps à perdre, je dois retrouver Jelenna. "

Pauvre Asora, j'étais bien injuste envers elle mais le temps m'était compté aussi, je le savais. C'était un miracle que j'arrive à me concentrer alors que Jel' avait disparu, un miracle que j'arrive à tenir debout alors qu'elle n'était plus là, un miracle que je ne me sente pas encore assez coupable. Heureusement que Philéa nous avait élévées dans cet art qu'était celui de ne jamais montrer ses faiblesses et de prendre sur soi. Si je m'en étais toujours moquée à l'époque, cela me sauvait la mise pour le moment. Je me tournais vers Haiiro.

" Haiiro, tu feras diversion. "

Mes ordres n'admettaient pas la réplique. En réalité, je me forçais à me concentrer sur le combat, sentant à quel point il serait difficile de lutter contre l'envie de partir tout de suite à la recherche de Jelenna, luttant contre l'envie de pleurer, de hurler ... contre toutes ces envies qui en auraient vite fini de ma raison et de moi-même. J'avais besoin de leur aide à tous pour la retrouver et ceux qui n'accepteraient pas seraient éliminés, je l'avais décidé. Mort, Bête, Azael lui même j'en avais rien à foutre, je voulais Jelenna.

" Bougez-vous, le temps nous est compté !!! "

J'attendais à présent de savoir si j'avais leur aval concernant mon idée mais en réalité, je m'en foutais, j'avais déjà commencé à me concentrer et peu importait ce qu'ils diraient.
Jelenna hantait mes pensées et la douleur n'était pas loin ... Bientôt, Haiiro allait se lancer pour faire diversion même s'il était presque sur qu'en réalité, elle ne serve que de cure-dent à ce dragon.

* Jel' * malgré moi, une part de mon esprit ne cessait d'appeler Jelenna espérant une réponse de la part de la catalyseur qu'elle était. Il fallait quand même avouer que mon esprit n'était pas en bon état et que j'en connaissais une de Templière qui en aurait certainement mal au crâne rien qu'à entendre les échos du chaos qui régnait dans ma tête et mes sentiments même si pour l'heure, seule la haine surplombait le tout.

[ Bon, le pc de mes parents ayant bugué avec amour, j'ai du retappé trois fois la moitié de mon texte et j'en ai marre XD Désolée pour les fautes mais je ne peux pas faire mieux, je corrigerais demain en rentrant ^^ ]

[C'est assez court, je sais. Bonne chance à tous ! Et Sora est dispo si vous avez besoin d'elle dans vos post.]

Sora regarda rapidement autour d’elle. Chacun essayait de faire de son mieux pour survivre. Thingol se rendait compte du rôle qu’il devait jouer, Asora l’aidait de son mieux tandis qu’Azhael essayer de gérer le reste du groupe (à savoir Eléa et elle). Sora pensa vaguement à écouter ce que l’astorg disait, histoire d’être un minimum utile. Eléa, même si jusqu’à présent montrait une remarquable capacité d’adaptation à la situation, pouvait craquer à tout moment. Après tout, sa très chère sœur avait disparue… En tout cas, selon elle, elle pourrait peut-être immobiliser l’énooooOOOOooorme bestiole qui leur faisait face. Ahah…Bonne chance. Non pas que Sora n’avait aucun espoir sur leur situation, mais disons plutôt qu’elle vivait toute cette agitation avec sa distance habituelle. Comment faire autrement quand on se sent supérieur à la terre entière et donc, intouchable ?
Par contre, ce qui lui posait plus de problème c’était cet asticot articulé, ce lézard anorexique, ce maudit piaf déplumé. Il avait osé l’inenvisageable : saccager les ruines de ce qui devait être un des villages alantours de l’Antique Marjath. Dire que cette ville était encore plus vieille et encore plus légendaire qu’Erathia ! Et ce dragonnet osait tout détruire avec son lance-flamme intégré ? Sans parler de ses pattes de la taille d’une petite maison qui écrasait le moindre bâtiment passant à sa porté. Ce truc n’avait aucun respect. La bête portait bien son nom. Quand elle rechercherait ses origines, sûr qu’elle approfondirait le côté « brute épaisse sans cervelle ».
La bête en question rugit dans leur direction en montrant une rangée de dents d’un bon mètre de longueur et parfaitement aiguisées. Tout à fait du type « je suis le plus gros dans le plus fort ». Aucun intérêt. Ou du moins jusqu’à ce que la brute écailleuse ne balaye d’un magnifique coup de queue, tout un quartier, rendant une partie des ruines au désert. Sora ne put s’empêcher de pousser un cri de rage en voyant tous ces trésors perdus. Elle, d’habitude résolument pacifique, se baissa pour ramasser une poignée de caillou qu’elle entreprit de balancer sur la bête à grands coups de jurons.

« CASTOR EDENTE ! POISSON BIGLEUX ! HAMSTERE ATTARDE ! LEZARD INSOMNIAQUE ! BOITE A MOULE AMBIDEXTRE ! CARAPASSE A DEUX TROUS ! VENTRICULE CABOSSE ! CHACAL DEPIOTE ! »

Je vous passe la suite de ce discours des plus élogieux pour revenir à ma chère Sora et à sa tentative aussi suicidaire qu’inutile. Evidemment, ce genre d’adjectifs ne l’atteignant pas le moins du monde, cela ne l’empêcha pas de continuer à s’époumoner pour la sauvegarde de ce patrimoine qu’était ce village. En des temps plus ordinaires, Aden l’aurait empêchée de réagir ainsi et l’aurait emmenée à l’abri sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, mais là, Sora était seule et Aden était trop loin pour pouvoir contenir la colère de sa patronne (colère inutile face à un dragon, il faut le rappeler). De plus, les flammes qui tourbillonnaient tout autour d’eux, la chaleur qu’elles propageaient ainsi que le sentiment d’un danger imminent lui rappelait au plus au point le massacre de Tawama advenu quelques semaines plus tôt. Tous ces morts qu’elle avait durement réussi à changer en « victimes de l’Histoire » ressortaient à présent de leur classement pour se rappeler à elle. Elle revoyait la douleur des blesser, l’immobilité des morts… Et cette maudite bête qui n’en finissait pas de détruire.
Ralala… Une ville aussi antique et majestueuse que Marjath aurait quand même put se doter d’un gardien éternel ou d’un truc du même genre afin de protéger l’héritage de ses anciens habitants et ce jusqu'à ses villages périphériques ! Un truc très puissant, très coriace, qui ne ferait qu’une bouchée de ce fouteur de m*rde ! Dans les livres, ils sont toujours cités à foisons mais dans la réalité, nada ! Que ces braves chevaliers restent dans leur m*rde tous seuls ! Youpi ! Et quels chevaliers ! Dire qu’elle ne pouvait balancer que des graviers à ce monstre. Enfin, plus maintenant. Le pic de colère ayant été dépassé, Sora avait arrêté sa transformation en mitrailleuse pour reprendre une attitude pacifique. Après tout, tant qu’à être inutile, autant l’être jusqu’au bout !
Mais le massacre des ruines du village continuait inlassablement. Si l’un ou l’autre de ses compagnons de la Kabbale avait besoin d’elle pour quoi que ce soit, sûr qu’elle viendrait aussitôt l’aider. Ils avaient un héritage à protéger !

Et bien... Si elle avait su, elle aurait... Elle n'aurait rien fait du tout. Elle serait sortie des ruines enflammées pour affronter l'extérieur. Mais tomber sur un dragon... Arzhel ne s'y attendait pas du tout. Ce genre d'animal n'entrait pas dans ses cordes, l'assassin avait bien plus l'habitude de frayer avec l'humain. Alors comment le vaincre?...

En tout cas, Eléa s'occupa des flammes ce qui leur supprimait un problème tandis que Sora agonisait d'injures le lézard ailé qui s'en contrefichait royalement. Apparemment Thingol possédait la seule arme pouvant venir à bout du monstre. La nordique écouta les paroles du rôdeur, les ordres péremptoire de la princesse tout en observant leur adversaire. Elle sortit de ses pensées quand Asora s'étala de tout son être après une attaque frontale. Bien...

- Tu devrais te mettre à l'abri Sora, déclara Arzhel une fois que l'antiquaire se fut calmée, cette dernière était la seule non combattante du groupe.

Tandis qu'Eléa suivait son plan avec la prison de sable, Arzhel venait de se souvenir de la récompense obtenue après la mission de Meliant, la fiole de Pudding à l'arsenic. Fort utile et très efficace, mais est-ce que cela agirait sur un dragon? Elle n'en avait aucune idée, seul un essai pourrait le dire. Alors sortant la fiole qui se trouvait dans une petite sacoche à sa ceinture, elle l'observa quelques instants. La dose serait-elle suffisante? Puis elle s'avança vers le monstre. Suicidaire? Habituellement non, mais Arzhel décida de tenter le tout pour le tout. Son épée rejoignit son fourreau et la jeune femme entra dans le périmètre de son adversaire. Elle semblait calme et sûre d'elle cependant la peur se faisait sentir à l'intérieur même si Asora assurait leur protection. Devenant une cible facile pour le mastodonte, elle espérait simplement qu'il ne la grillerait pas sur place et chercherait plutôt à la manger. L'astorg, tout en faisait de grand gestes, siffla le dragon qui tourna la tête en direction de ce petit insecte qui osait le défier, déjà que le sable semblait s'être ligué contre lui... Croisant le regard de la créature, Arzhel se demanda vraiment si c'était une bonne idée, mais elle n'eut guère le temps de s'appesantir sur la question car le dragon tenta de la croquer. La bête avait une sacré allonge néanmoins la nordique attendit le dernier moment pour se jeter sur la côté, profitant de la gueule ouverte pour lancer la fiole, priant pour qu'elle atterrisse au fond de la gorge de l'animal. Arzhel roule-boula hors d'atteinte. Une douleur cuisante dans le dos lui fit comprendre que le monstre avait tout de même eut sa part de chair fraîche en dépit du bouclier. Bien que sans celui-ci elle ne serait certainement plus de ce monde pour combattre le dragon.

D'ailleurs ce dernier éternua un grand jet de flamme tout en dodelinant de la tête comme si quelques chose le gênait. Un effet du poison ou simple coïncidence?

[En espérant que cela convienne...]

[ Sora : on ne sait pas censé savoir où est Marjath et on se trouve dans un oasis XD ]

Si je n'avais pas été aussi perturbée par l'enlèvement de ma cadette, sans doutes aurais-je pouffé de rire en voyant Asora se faire envoyer valser par le dragon ou en entendant Sora proférer un peu plus tard ses insultes aussi inutiles que drôle. Mais mon esprit était trop embrouillé pour avoir envie de rire et ce, même si la situation le permettait. Il fallait dire qu'Asora s'était pris un méchant coup de queue qui d'ailleurs aurais du la tuer sur le coup non ? Et pourtant, voilà qu'elle se relevait presque comme si de rien n'était. Étonnée, j'en avais perdu ma concentration et j'avais perdu le lien qui me permettait de manipuler le sable. Déjà qu'à la base, j'avais du mal à maitriser cet élément, voilà qu'en plus, la pétasse blonde s'y mettait pour me déconcentrer. Elle voulait que je la ... Je l'aimais. Enfin non quand même pas hein mais la simple réflexion qu'elle venait de faire venait de réveiller en moi l'espoir fou que je pouvais encore réparer mon erreur et sauver ma petite sœur. Jelenna n'était pas loin, elle était même assez prêt pour nous permettre d'utiliser nos pouvoirs à pleine puissance donc, elle était dans un rayon assez faible. Il ne manquait plus qu'à tuer cette allumette sur pattes et aller la chercher et voilà qui me motivait largement suffisamment. La colère se disputait la place à l'espoir et tout cela me donnait un regain d'énergie. Dans les deux cas, ces deux sentiments contradictoires me permettaient de trouver de l'énergie là où je ne pensais plus en avoir. Pas de doutes, Jelenna n'était pas loin et j'allais la retrouver. Tuer ceux qui avaient oser s'en prendre à elle et au passage, éclater sa tête à ce soit disant Dieu qui pensait pouvoir faire ce qu'il voulait de ma précieuse Jel.

Asora pris les rênes en ordonnant au tireur d'élite de ne pas se louper et quelque part en moi, je priais pour qu'il ne se loupe pas. En même temps, il n'avait pas intérêt car, et je pouvais le lui promettre, je ne mourrais pas avant de l'avoir taillé en pièce. Tout dragon qu'il y ai en face de nous ! Alors petit Thingol, t'as intérêt à savoir viser ! Bon, ce n'était pas tout ça mais ... mais qu'est-ce-qu'elle avait l'autre à gueuler comme ça ?
Si dans une autre situation, les insultes proférées par Sora m'auraient fait rire, là, ce n'était pas du tout le cas. Comment voulait-elle que je me concentre si elle se mettait à hurler dans tous les sens ? Cette fois, ce fut l'agacement qui prima sur le reste ... j'allais finir par exploser ! Heureusement que l'autre Astorg se décida à la faire se taire et à la mettre à l'abri. De toute façon, il était vrai que Sora n'était pas du genre à se battre, cela se voyait sur elle, aussi, il valait mieux qu'elle reste cachée le temps qu'on agisse et au pire, elle pourrait profiter de notre combat pour filer et prévenir quelqu'un, amener Feanaro ou n'importe qui d'autre qui pourrait les aider. C'était une bonne chose en tout cas qu'elle se taise car sans ça, je ne risquais pas de pouvoir me concentrer.

Oui une bonne chose mais il fallait croire que les choses ne tournaient pas bien pour moi. Après les insultes de Sora voilà que Arzhel s'y mettait à son tour. Je ne sais pas ce qu'elle venait d'envoyer à l'animal mais voilà que ce dernier ... se mettait à vomir. En première ligne, Haiiro fut aspergée par l'immonde dégueuli suivi de près par Thingol qui fut la seule victime, Asora s'étant protégée par réflexe, Sora, Arzhel et moi étant trop loin pour être touchées. Je ne savais pas ce qu'avait fait l'Astorg mais cela avait marché et en plus, cela permettait d'affaiblir la bestiole suffisamment pour laisser une chance à l'archer de service.

" Dépêche-toi de tirer abruti ! Tu crois qu'il va rester comme ça longtemps ? " précisais-je si gentiment à l'égard de ce pauvre homme.

Pour ma part, maintenant que le dragon crachait ses entrailles en inondant le sable, je me mettais au travail. Si en plus je l'immobilisais, c'était le pied. De son côté, la louve cendrée ne semblait pas avoir apprécié la douche qu'elle venait de se prendre et, après s'être ébrouée encore une fois, elle fini par reprendre son rôle. Elle s'attaqua à la queue de la bestiole qui menaçait encore Arzhel même si cette dernière était plus ou moins à l'abri et la mordit de toute ses forces. Ce qu'il advint ensuite, je ne m'en souvins pas.
Fermant les yeux, je me concentrais. Chercher comment manipuler le sable était plus simple que je ne l'aurais pensé, était-ce l'influence du catalyseur ? Cela prélevait aussi moins d'énergie que je ne le croyais ... là encore, c'était surement du à Jelenna. Dès que nous en aurions fini avec le lézard, il faudrait que je la remercie et aussi peut-être que je soigne Asora et Arzhel qui semblaient avoir quelques égratignures. Me semblait-il que j'étais la seule à manipuler le soin dans l'équipe de bras cassés que nous étions. Bon bref, revenons à nos moutons.

Le sable se mouvait quelque peu sous ma volonté mais pas suffisamment vite à mon gout. Il fallait que me dépêche, il fallait que je les aide, qu'ils tuent au plus vite ce monstre pour que je retrouve ma petite tête blonde. Il fallait que j'offre une chance supplémentaire à Thingol, comme s'étaient employées à le faire les filles. Je tentais de me concentrer un peu plus, je cherchais en moi le truc qui ferait la différence. Et sans savoir pourquoi, je le trouvais. Je trouvais ce lien infime que je n'avais d'habitude pas besoin de chercher quand je manipulais les plantes. Ce petit lien qui me permettrait désormais de manipuler ce foutu sable de façon sure. Ouvrant les yeux, le sourire aux lèvres ou presque, je me mettais enfin à l'action. Le sable prit forme, il prit vie entre mes mains sous ma volonté. Il s'enroula tel un serpent autour des pattes du dragon et, sous l'effet de ma volonté, se solidifia suffisamment pour empêcher ce truc de bouger et de s'envoler.

" THINGOL ! Je ne tiendrais pas longtemps, maintenant !! "

Bon, c'était tout ce que je pouvais faire, maintenant, notre destin était entre les mains de Thingol, en espérant qu'il soit meilleur archer que moi !

Le monde s'était figé dans ma tête.
Je regardais la Bête, tentant vainement de la maintenir au sol à l'aide de mes pouvoirs bien que je sache pertinemment qu'ils ne seraient pas suffisant pour la maintenir très longtemps. Le sable était un élément que j'avais peu souvent manipulé et d'autant plus dans ces conditions. Je le sentais crépiter dans mon esprit, violent et indomptable. Je savais que bientôt, je relâcherais la pression que j'exerçais sur lui, je n'aurais pas le choix, il faudrait que je m'avoue vaincue par ce fichu élément. Thingol avait intérêt à tirer sa fichue flèche et vite fait s'il ne tenait pas à ce qu'on finisse tous en brochettes ! Concentrée comme je l'étais, je ne pouvais pas voir ce qu'il se passait autour de moi, bien loin de là. Je ne voyais que l'immense chose devant moi qui se débattait au fur et à mesure que le sable se refermait sur ses membres. Plus elle se débattait, plus la pression devenait forte à l'intérieur de ma petite tête. Chacune de ses tentatives entrainait un élan de pure douleur dans mon esprit. Je crois qu'à cet instant, seule la haine me permettait encore de tenir. Mais qu'attendait ce crétin d'archer bon sang de bon soir ? Haiiro bougeait ici et là, tentant tout aussi vainement d'attirer l'attention du monstre sur elle. Ce dernier essayait vaguement de l'attraper mais il semblait plus préoccupé par mon emprise sur ses membres que par la petite bestiole qui aurait pu lui servir de cure-dent. Il donnait de temps à autre un coup de dent dans sa direction, sans doutes conscient que de toute façon, les crocs de l'animal n'étaient pas suffisant pour percer son épaisse carapace. Il n'y avait plus qu'à espérer que l'épée serait suffisante pour transpercer son immonde cœur ! Sinon ... ce serait la fin pour nous.
Le temps me sembla une éternité.
Je devais refouler l'envie de tuer tout ce qui bougeait sur cette terre pour avoir osé être une entrave entre Jelenna et moi. Je devais refouler ce sentiment de honte, de terreur concernant ma petite sœur adorée tout en laissant la haine se déverser suffisamment en moi pour me donner la force quelques secondes de plus de ne pas me livrer au désespoir. C'était à la fois un combat entre la chose et moi au travers du sable que je maintenais autour de ses membres et un combat avec moi-même. Si un jour on m'avait dit que le seul cadeau que mon père avait pu me faire était l'Esprit, j'aurais répliqué qu'il pouvait se le garder. Sauf qu'évidemment, on ne m'avait pas donné le choix. J'avais ce don maudit, ce cadeau empoisonné en moi et je devais bien m'en servir. J'essayais du moins. Sans doutes aurais-je du écouter mon père qui m'avait proposé de suivre un entrainement au Temple. Dire que j'avais refusé ... mais attendez une seconde ! J'avais le temps de penser à ce genre de débilités ? Mais il faisait quoi l'archer au juste ? Il prenait des vacances au soleil ou quoi ? Parce que le dragon n'allait pas tarder à le faire bronzer à coup de lance-flammes s'il continuait son délire ! Combien de temps lui fallait-il pour viser à cet idiot ?
A peine cette pensée avait-elle effleuré mon esprit qu'une lumière aveuglante bondit en direction de l'animal. Je n'eus que le temps de voir la louve au pelage cendré s'écarter d'un bond pour revenir dans notre direction et la lumière me cacha ensuite le reste de la scène. Lorsqu'elle se fut éteinte, on ne pouvait que constater que le dragon avait pris le projectile en plein cœur. Au moins, le guide louche savait viser ... ce qui n'était pas le cas de tout le monde mais passons car là n'était pas la question. Dans un premier temps pourtant, bien que je fus certaine que la flèche était en plein cœur, je pouvais encore sentir que l'animal se débattait, cherchant vainement à se détacher des liens invisibles que j'avais tissé autour de ses membres. Il se débattit violemment encore quelques secondes, nous ôtant tout espoir de victoire. A cet instant, il fallait l'avouer, je croyais que nous étions perdus. Des larmes de rage auraient presque couler le long de mes joues si je n'avais pas été aussi concentrée sur mon affaire.
Puis,
tout d'un coup,
le corps du dragon se mit à se raidir, comme si l'arme avait fait l'effet d'un poison, comme s'il avait pris conscience que c'était la fin, qu'il avait été la victime de ses propres proies. Il eut un spasme, du moins, c'est ce qu'il me sembla voir de loin. Alors que je le sentais partir, dans le sens où je le voyais diminuer de taille à vue d'œil, je relâchais la pression sur mon esprit et le sable qui jusque là m'obéissait reprit ses droits et sa liberté. Il retomba le long des flancs de l'animal blessé pour onduler lentement à sa place, tel un serpent charmé qui revient à l'état sauvage. Le dragon quant à lui baissait de volume et petit à petit, il laissa place à un homme. Le Destin était en train de reprendre ses droits, bientôt, il passerait de vie à trépas.

Peut-être qu'à cet instant, j'aurais du voir la mine soulagée de mes camarades, les blessures d'Asora et d'Arzhel même si elles ne semblaient fort heureusement que superficielle, ou encore aurais-je du faire attention au regard déçu du rôdeur louche qui semblait, tel un enfant à noël, privé de cadeau avec la disparition du dragon. Mais non, je ne vis rien de tout cela. Je n'avais plus d'objectif désormais maintenant que Bête se trainait à nos pieds, se noyant dans son sang. Je n'avais plus rien sur quoi déverser ma colère et ma haine. Rien qui maintenait encore mon esprit en état. Les émotions me submergèrent une à une sans que rien ne puisse les arrêter. La colère, la haine, le désespoir, la peur. Toutes.
Elles affluèrent dans mon esprit, amplifiées par le don d'Arzhel comme par ma propre souffrance. Je n'avais même plus la force de maudire ce don que mon père m'avait fait au travers de l'Esprit. Le mien était brouillé, éteint, noyé sous une tonne de sentiments. Jelenna était la seule chose que j'avais en tête désormais. Cette bataille s'était passée comme dans un rêve et tant que j'avais pu me concentrer dessus, la petite moue de la demoiselle n'était pas réapparue dans ma tête. Mon sentiment de culpabilité, puisque c'était ma faute si elle nous avait suivi, rejailli aussitôt. Ce fut à cause de tout cela que je ne compris pas ce qu'il se passait autour de moi et ce fut à cause de cela que j'agis de la façon suivante.

Pour tous, la bataille venait de prendre fin et tous regardaient le vieil elfe qui avait servi Azael jusqu'à la mort en train de rendre son dernier souffle. Tel un public silencieux, ils accompagnaient le mourant vers son prochain voyage. Ils étaient heureux d'avoir pu battre cette chose qui s'étendait désormais à leur pied, soulagés également de constater que de simples mortels pouvaient s'élever face aux Dieux et à leur émissaires. Conscients qu'ils venaient d'accomplir ce que bien des gens appelleraient un miracle. Pas moi. J'aurais du, mais mes pas et ma folie me conduisirent à sa rencontre. La vieille chose qui s'étendait à mes pieds avait les réponses. Elle savait où était Jelenna. Saisissant sans douceur le corps endolori de ce qui fut la Bête, je plongeais mon regard dans celui, froid comme la mort, de cette chose répugnante. Elle souriait.
Folle de rage, j'enfonçais ma rapière dans ses entrailles. Inutile. Cruelle. Ca soulageait un peu de voir son rictus se transformer en souffrance. Il allait peut-être partager la mienne !

" Où est-elle ? Où est ma soeur ? " hurlais-je à son encontre.

Il murmura quelque chose, une insulte, un indice, quelque chose que je ne compris pas mais son sourire m'indiqua qu'il partait le coeur léger, pire que tout, qu'il parait vainqueur. La chose mourut devant mes yeux, emportant avec elle les réponses dont j'avais besoin. Cette fois-ce, les larmes roulèrent le long de mes joues. J'étais impuissante, et cela faisait mal de s'en rendre compte.
Ce qu'il se passa ensuite ? Je ne m'en souviens pas bien. Je me rappelle du sang recouvrant Thingol, de ce dernier qui râlait qu'il allait devoir se laver entre le vomi et le sang. De Sora qui pestait contre lui, n'hésitant pas à le rabrouer. Arzhel me semblait silencieuse mais je sentais sa présence. Asora quant à elle était à côté de moi, sur son cheval. Le voyage se déroula ainsi jusqu'à Tamawa, comme si un voile s'était levé devant mes yeux et que rien ni personne ne pourrait le lever. Il semblait s'être installé dans mon esprit. Je crois même avoir entendu Asora chanter ou un truc du genre, quoi qu'il en soit, je pouvais sentir leur soulagement. Ce soulagement échoeurant à mes yeux. Ils étaient les héros, ceux qui avaient tué la Bête mais ... que faisaient-ils de Jelenna ? Le voyage fut long, assez long pour que je sombre totalement dans la folie et que je me laisse faire. Le désespoir était comme une maman qui vous berce, comme un remède à la souffrance. Je préférais encore le désespoir à la douleur. C'était un mal pour un bien.

Il me semble que nous sommes tous rentrés à Tamawa, mais je ne me souviens plus de ce qu'il se passa ensuite. Peut-être Thingol était-il reparti prendre son fameux bain ou boire à sa santé après ce tir hérotiq...euh héroïque qui nous avait sauvés, peut-être Sora était-elle retourner dans la bibliothèque pour en vider les connaissances. Arzhel était peut-être repartie vers Storghein. En tout cas, Asora et Haiiro étaient là, je les sentais, vaguement. Où allaient les autres ensuite ? Je n'en avais aucune idée. J'étais seule avec moi-même. Asora, Jacen et même Jiiven grouillèrent autour de moi sans que je n'y fasse attention. Même ma haine légendaire pour mon père et son élève ne suffirent pas à lever le voile de chaos qui régnait dans ma tête. Jelenna. Ce mot se répercutait à l'infini dans mon esprit.
Jelenna.
Jelenna.
Encore et encore à m'en rendre folle.
Jelenna.
Je m'en voulais, énormément. C'était ma faute. J'avais abandonné la seule personne au monde que j'aimais plus que ma vie, je méritais de mourir à l'image de ce vieillard dans le désert. Je méritais de souffrir autant qu'il semblait avoir souffert. J'allais devenir folle !

" Papa, il faut qu'on la retrouve. " prononçais-je avant de perdre connaissance, épuisée.

C'était sur cette fois, j'étais totalement folle.

[ Désengagée ]
[ Sora, Arzhel, Thingol, Asora désengagés ]
[ Vous pouvez faire un post si vous le souhaitez à la suite XD ]