[F-E] L'appel du destin [Intrigue avec Jelenna et Siobhan]

L'odeur des fleurs de printemps vous réveillèrent.
Elle s'empara du nez, du cerveau et progressivement réveilla le corps entier. Une force nouvelle s'empara des jeunes filles blondes dont les muscles se déliaient dans la fraîcheur d'un matin de campagne.
Où étaient-elles donc? Couchées sur l'herbe verte et légèrement humide, Jelenna et Siobhan étaient revêtues de simple toges blanches et fraîches, pieds-nus et coifées superbement. Rien à voir avec les lits où elles s'étaient endormies quelques minutes avant. Ce rêve semblait beaucoup trop réel, et les sensations beaucoup trop vraies sous leurs pieds.
Les sens en éveil, les demoiselles entendirent soudain le bruit tant reconnaissable de l'eau sous la droite. Avant qu'elles n'aient pu sortir un seul mot, une biche sortit des bois parfumés et se posa devant les filles. Jelenna ne put résister à caresser la robe blanche de l'animal qui lui donna un coup de langue sur la joue. Puis subitement, une voix cristaline et féminine s'éleva de sa gueule:

"Ne perdons pas de temps, nous sommes attendues".

La biche se mit alors en route dans la verte prairie, et bientôt le petit groupe déboucha sur un large lac, légèrement embrûmé, dont l'eau aux couleurs topazes et émeuraudes coulait dans un chant envoutant. Le temps filait, mais la lumière ne croissait pas et le soleil ne perçait pas derrière la brume. Et pourtant, la lumière était claire. Qu'attendait-donc les jeune filles?
L'animal emena Siobhan et Jelenna jusqu'à une petite barque en osier très solide et très stylisée. A peine assis à l'intérieur qu'elle se mit à voguer toute seule sur le lac, jusqu'au centre de l'étendue d'eau où une petite bande de terre ronde sur-élevée trônait magistralement. L'animal les guida à l'intérieur, en grimpant la petite colline jusqu'à un cercle de pierre où attendait, drappée de blanc et assise sur sur des rochers, une magnifique jeune femme brune à la peau blanche et aux yeux de biche.

"Mesdemoiselles, j'espère que le réveil n'a pas été trop brutal. Venez vous assoir, l'enchantement ne durera pas très longtemps malheureusement et nous avons beaucoup de choses à nous dire. Et ce n 'est pas facile même pour une déesse de réunir les personnes qu'elle souhaite, surtout toi Jelenna! Tu n'imagines pas les autorisations que j'ai dû demandé pour t'attirer dans mes filets. Enfin, commençons par de début: Je suis celle que vous nommez Esra dans le pays Elfique. Pour d'autres, je m'appelle aussi Hilina. Les humains sont parfois étranges de vénérer deux fois la même déesse sous deux noms différents, mais cela ne me déplait pas d'avoir tant d'adeptes vous savez!".

Rire cristallin avant de reprendre.

"Si je vous ai amené ici, c'est parce que nous avons beaucoup de choses à nous dire. A vrai dire, les Dieux ne sont pas autorisés en temps normal de convoquer des humains, même ses favoris. Mais les choses sont compliquées à présent, alors il faut nous battre avec toutes nos armes. Vous savez que des forces obscures sont descendues sur Azthia et ont envahi la cité de Tamawa. A moi de vous expliquer tout ce qui se passe derrière tout cela: pour faire simple, nous avions réussi à enfermer les Erathiens et leur Dieu Azael dans l'Outre Monde pour protéger nos peuples de leur barbarie. Mais malheureusement, Azael a réussi à se libérer. Et son armée avec lui. Voilà maintenant sa Cité prête à reprendre sa place."

La journée avait été difficile.
Non pas éprouvante physiquement mais moralement. La petite sentait sans cesse dans sa tête la plainte des familles meurtries par la perte d'une personne chère, elle sentait également la vague de sentiments confus qui régnait dans le Temple. Entre désespoir, peine et espoir de voir un jour leur idéal de paix gagner le monde. La petite princesse sentait également les sentiments confus de son ainée, bien que celle-ci, qui commençait à s'intéresser à l'art de l'Esprit, tente de les lui cacher. Enfin, ce contre quoi Jelenna s'était battue toute la journée n'étaient autres que ses propres sentiments, ses propres peurs et surtout, ces visions d'horreur qui la hantaient. Si elle n'avait qu'entrevue la bataille, elle avait ressenti chaque minute de cette dernière par le biais des émotions des autres et surtout, elle avait senti chaque vie s'éteindre dans sa tête. Chaque nuit depuis, elle s'était réveillée en pleurs. Elle n'était qu'une enfant. Ce soir-là, elle s'endormit comme tous les soirs depuis qu'elle savait marcher, dans le lit de sa sœur, bien calée au creux des bras chaleureux de cette dernière. Ce ne furent pas ses cauchemars qui la réveillèrent mais bien une odeur de fleur ... Lorsqu'elle ouvrit péniblement les yeux, Jelenna se trouvait sur un parterre d'herbe verte et légèrement humide, vêtue d'une simple toge blanche. Passé le premier moment de panique, à ne pas savoir où elle était et surtout, à ne pas voir la présence de son ainée, elle tenta de se calmer pour analyser la situation. A ses côtés, une deuxième jeune fille, blonde comme elle et vêtue de la même façon, s'éveillait, elle aussi investie d'une force nouvelle comme l'avait ressenti la petite en s'éveillant. Où était-elle ? Elle se posait la question mais refusait de parler, sorte de mutisme dans lequel elle s'était volontairement enfermée depuis la bataille de Tamawa, ne parlant qu'à Eléa, et encore.
Était-elle dans un rêve ? Elle pouvait le penser et pourtant, la petite sentait que ce n'était pas le cas. Tout était bien trop ... réel. Elle sentait clairement l'herbe humide sous ses pieds ainsi que l'odeur des fleurs. Non, impossible. Où pouvait-elle bien être ? Des yeux, l'enfant chercha Eléa mais son regard ne tomba que sur une magnifique biche à la robe immaculée. Instinctivement, la petite demoiselle posa ses mains sur le pelage de l'animal, ne résistant pas à l'envie de la toucher comme à l'envie de se rattacher à quelque chose de vivant dans ce paysage étrange. Le corps chaud de la bête sous ses doigts la rassura ainsi que le coup de langue de cette dernière. La petite se serait accrochée à la biche si elle n'avait pas parlé vivement.

Passée la première surprise, la petite demoiselle, qui n'avait toujours pas ouvert la bouche, décida de suivre l'animal. Où qu'elle soit, cette biche semblait être la seule à pouvoir l'en sortir et la voix féminine qui sortait de sa gueule ne semblait pas lui vouloir de mal. Mieux valait suivre l'animal plutôt que de rester seule avec l'inconnue dans un lieu qu'elle ne connaissait pas non plus. Pour la première fois, la petite Jelenna se fia à son instinct.
Leur marche les conduisit vers un lac dont les couleurs ne paraissaient pas naturelles à l'enfant. Émerveillée par les lieux, Jelenna prit quelques minutes avant de suivre à nouveau l'animal. Devait-elle réellement lui faire confiance ? Elle décida que oui, au moins, l'animal n'était-il pas un de ces monstres assoiffé de sang qui lui sautait à la gorge chaque nuit dans ses cauchemars. Jelenna préférait tenter sa chance avec elle plutôt que rester seule. Ne plus jamais rester seule ! Non, jamais ! Et puis, l'inconnue les suivait aussi ... c'était bon signe non ? L'enfant s'installa dans la barque comme le lui suggérait la biche blanche et cette dernière se mit à voguer seule sur les eaux paisibles du lac. Jelenna s'attendait à tout moment de voir basculer ce rêve dans un cauchemars mais rien ne se fit. Une sorte d'île apparu à l'horizon et bientôt, elle put poser pied à terre. L'animal les guida ensuite jusqu'à une petite colline, qui rappela vaguement une certaine mission à Jelenna, et ensuite, près d'un cercle de pierres où se tenait une jeune femme brune à la peau de pêche.

" Eléa ! " cria l'enfant rassurée ... avant de voir qu'elle s'était trompée.

Ce n'était pas sa sœur et encore moins quelqu'un qu'elle connaissait. Pourtant, une force invisible la poussa à avancer, à aller à la rencontre de cette jolie femme bien que pour rien au monde, elle ne veuille se lier avec quelqu'un d'autre encore. Cela faisait trop mal ... La jeune femme parla et l'enfant n'osa pas ouvrir la bouche.
Il y avait beaucoup à apprendre dans les paroles d'Esra. Elles se trouvaient, elle et l'inconnue, dans une sorte d'enchantement créée par la déesse qui se trouvait devant elle. Il faudrait qu'elle raconte cela à Eléa et Asora à son réveil alors ! L'attirer dans ses filets ? Elle avait eut du mal à la faire venir ? Mais pourquoi ? Revenons-en à la discussion. Les Dieux n'avaient pas le droit d'intervenir dans leur vie ... alors pourquoi le faisait-elle ? Pour le reste, Jelenna savait.

L'inconnue ne s'était pas présentée, elle n'avait pas non plus parlé. Qu'attendait-elle ? L'enfant avait-elle le droit de parler maintenant que la déesse s'était tu ? La petite, qui pourtant avait décidé de ne plus parler depuis la fameuse bataille, se décida à prendre la parole, ses yeux fixant le sol, sa voix timide mais pourtant bien réelle s'élevant dans l'atmosphère :

" Je sais tout ça Dame déesse. Je sais que le méchant Azael veut reprendre sa place et je sais aussi qu'il veut faire renaitre sa cité. Dame Nalween et Maitre Feanaro nous l'on dit, maman a monté des alliances contre la menace qui arrive ... Je sais également pour la bataille de Tamawa ... j'y étais. J'ai vu ces gens mourir dans ma tête, j'ai vu leur souffrance et leur peur. J'ai senti aussi la haine de ceux qui marchaient contre nous. " commença à dire l'enfant.

Plus elle parlait, plus sa gorge se nouait. Mais pourtant, elle continua, comme si l'atmosphère de calme et de paix qui régnait ici l'aidait, comme s'il fallait que tout sorte pour la libérer ne serait-ce qu'un peu de ce poids.

" Nous avons beau eut décimer cette armée, il y a beau y avoir eut tout ces morts, je sens encore sa présence dans ma tête, je sens encore sa haine ancrée dans ma chair - elle parle de Bors - Que pouvons-nous faire contre eux ? Et puis pourquoi nous avoir choisi ? Pour quoi faire ? Et puis ... pourquoi ne pas être intervenue quand nous allions mourir ? Et puis ... et puis ... et puis pourquoi moi je suis là et vous dites que vous avez eut du mal à me faire venir ? Qu'est-ce-que j'ai de si différent qui vous as empêché de me faire venir ? Et puis pourquoi Azael veut nous tuer ... et puis ... et puis ... "

La petite perdait pied. Elle était un peu jeune tout de même pour comprendre tout cela. De grosses larmes coulèrent le long de ses joues tandis qu'elle était en proie à de récentes angoisses. Plus elle tentait de se calmer, plus les larmes roulaient sur ses joues rosies par le chagrin. Elle mit quelques minutes avant de se calmer et penaude, elle reprit tout bas :

" Je veux voir ma maman ... je suis désolée ... "

Tentant de retenir ses larmes, Jelenna évitait à tout prix le regard de la déesse. Elle savait qu'elle venait de mal se comporter, que la décence et tout le protocole qui en découlait n'étaient pas ce qu'on pouvait appeler son point fort à cet instant, mais qu'y pouvait-elle ? Elle avait à peine sept ans, venait de vivre une bataille en directe, savait que son monde s'effritait et on lui demandait encore d'être raisonnable ? On lui demandait encore de se comporter en adulte ?

Une journée comme les autres. Ni pire. Ni meilleure. Juste une de plus dans la petite existence de l'adolescente. C'était aussi la dernière d'une vie simple et oisive où la jeune fille n'avait à penser qu'à elle et rien d'autre.
Ignorante. Ingénue. Jamais elle n'aurait pu imaginer ce qui allait se produire une fois qu'elle aurait fermé les yeux et rejoint les bras de Morphée. De toute façon, qui aurait pu le prédire ? Peut être les prophètes, les voyants ou tout simplement une Prêtresse, mais Siobhan n'était rien de tout ça. Juste une grande enfant qui voulait devenir quelqu'un de bien. Il n'y avait ni haine dans son cœur, ni tourment, mais une simple joie de vivre, qui rendait l'apprentie presque lumineuse. Sio n'avait pas particulièrement l'impression d'être importante, ni être destinée à faire de grandes chose ou jouer ne serait-ce qu'un rôle dans ce monde. Elle voulait devenir Templier, pouvoir rendre son Maître fier et aider à son petit niveau. Ni plus, ni moins. Mais parfois, la vie nous réserve de grandes surprises.

Une douce odeur de fleurs vint effleurer le bout du nez de l'adolescente. Un réveil tout en douceur. Un œil, puis l'autre. Un cadre sublime, presque féérique s'offrait à sa vue. Était-ce un rêve ? Si c'était le cas, Siobhan aurait aimé rêver pour toujours. Ne jamais quitter cet endroit de paix et de tranquillité. A ses côtés, venait de se réveiller une enfant. Blonde, adorable, mais ses yeux semblaient légèrement voilés. Elle devait être effrayée. Pourquoi ? La jeune femme aurait voulu lui poser la question, mais ses mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Commençait-elle à se rendre compte que ce n'était peut être pas un songe ? Oui. Elle en était même certaine, du fait de la petite douleur que Sio avait senti en se pinçant instinctivement.
Une biche venait de sortir du bois. Elle s'approcha des deux jeunes femmes sans crainte se laissant toucher par la belle enfant. L'apprentie, quand à elle, n'esquissa aucun mouvement, comme attendant la suite, car si tout ceci était vrai, ce n'était pas par plaisir de les faire profiter du paysage qu'on les avait convié ici. La suite ne tarda pas. Surprenante. Étrange. Que devait faire Siobhan. Se fier à la douceur de la voix de la biche ? En avait-elle seulement le choix ? Elle suivit donc, légèrement en retrait, foulant l'herbe humide avec délicatesse, de peur de la froisser. C'était idiot, mais la jeune fille s'accrochait à ce qu'elle pouvait. A des choses bêtes, mais rationnelles, puisque tout le reste, elle ne le comprenait pas. Sa présence en ce lieu. Celle de l'enfant. Le fait que l'animal, qui les guidait, était doué de parole.

Un lac magnifique leur fit face. Tout comme l'enfant, Siobhan resta quelques instant à s'émerveiller, puis finit par monter dans la petite barque qui se mit en mouvement toute seule. Décidément, rien de tout cela ne pouvait être vrai et pourtant... La douleur était bien présente lorsque l'adolescente se pinçait le bras.
Tous les trois ne tardèrent pas à poser pied à terre, puis il fallut encore suivre leur guide jusqu'en haut d'une petite colline, pour se retrouver, le souffle coupé par la stupeur, devant une femme magnifique. La voix de l'inconnue était cristalline et à mesure qu'elle parlait, Siobhan avait l'impression de perdre pied. Le sol se dérobait sous elle et son cerveau refusait de marcher. Les informations mettaient un temps fou à monter et à être analysées.

Hilina.

L'adolescente n'arrivait pas à y croire. Comment était-ce possible ? Pourquoi elle ? Sa gorge était serrée. Il fallait que la jeune fille se reprenne. Ce n'était pas le moment de s'émerveiller, de bondir de joie, de crier son bonheur, au vu de ce que venait de déclarer la déesse. Sio n'était pas vraiment au courant de se qu'il s'était passé à Tamawa. Juste des bribes. Des rumeurs, mais rien de plus. Il faut dire qu'à Cydonia, la jeune fille devait se montrer discrète. Elle parlait donc peu aux gens.
La demoiselle baissa les yeux en entendant la réponse de l'enfant. Elle avait honte de son ignorance. De l'insouciance de sa vie. Honte de ne pas avoir réalisé que les choses allaient si mal et ce alors qu'elle avait l'esprit. Elle ne méritait pas d'être là. D'être une élue et avoir l'immense honneur de parler à celle qu'elle vénérait tant.
La petite voix de la blondinette déchirait le cœur de l'ado. Si petite, si fragile et déjà tout un passé derrière elle. Siobhan tendit doucement la main et la posa sur l'épaule de la petite. Ce n'était pas bien, elle le savait, mais la jeune fille avait besoin de voir, de se rendre vraiment compte de se qu'il s'était passé dans la ville neutre. Elle n'avait pas l'intention de s'immiscer dans les souvenirs les plus intimes de l'enfant, mais juste avoir un aperçu de la bataille. Il n'était pas difficile de se concentrer sur Tamawa, puisque la petite ne pensais qu'à ça. Les images l'assaillirent d'un coup, par vagues. Ce n'était qu'un aperçu, mais c'était déjà insupportable. L'apprentie, qui était presqu'une adulte, avait eu du mal à retenir un tremblement en voyant ça, alors cette enfant, qui devait avoir à peine sept ans, comment-avait elle fait pour supporter un tel spectacle sans en devenir folle ?

Les mains de la jeune fille s'enroulèrent au tour des épaules de la petite et Siobhan la serra tout contre-elle, murmurant à son oreille pour qu'elle seule puisse l'entendre.

« Tu sais, tu ne peux pas toujours être forte. Tu as le droit de pleurer, de te raccrocher aux autres. Tu n'as ni besoin de t'excuser, ni être parfaite. Tu es avant tout humaine, avant d'être princesse. »

L'apprentie Templier relâcha la fillette et se redressa pour faire face à la déesse. Certes, elle venait de faire perdre à tout le monde un temps précieux, mais Jelenna n'était qu'une enfant... Elle voulait la rassurer. Ses paroles étaient maladroites, mes les sentiments étaient là.
Siobhan n'arrivait pas à regarder Hilina bien en face, gardant la tête basse.

« Je suis désolée, ma Déesse. Je ne savais presque rien de tout cela. Mon ignorance me désole et me laisse perplexe quant à la raison de ma présence ici. Que puis-je faire pour vous ? Comment puis-je me rendre utile ? »

Toutes les autres questions, Jel', les avait déjà posées. Que pouvait elle dire de plus ? Surement rien, à part faire un peu plus l'étalage de sa bêtise.

La déesse ne comprenait pas vraiment les réactions humaines. La panique, l'incompréhension, le manque... Esra ne le vivait pas, et ne l'avait jamais vécu. La seule inquiétude qui lui était donné d'avoir, c'était que son culte se perde: un dieu sans adeptes est une feuille morte balayée par un vent trop fort.
Elle laissa donc Siob dans son rôle de réconfort: l'Immortelle n'était pas là pour la rassurer mais pour délivrer un message. Si elle avait voulu apaiser la petite fille, outre ce décors des plus tranquilles, elle aurait pris sa forme de fillette. Mais elle ferait amie-amie avec elle plus tard... D'autant plus que Jelenna était déjà prise, et qu'il était très mal-vu de convoiter la possession d'un autre dieu. Même si cette dernière ne comptait, comme les autres, à proprement dire rien faire pour aider le continent.

"Tu ne sais rien car tout cela vient de se passer derrière notre dos à tous, impliquant des personnes comme cette petite Princesse qui aurait dû se trouver très loin. Qu'elle soit encore libre est une chance inouïe, mais cela risque de ne pas durer."

Esra se leva, caressant la tête de Jelenna dans un geste qui évoquait un réconfort. Elle s'accroupit à sa hauteur sans un bruit avant de continuer:

"Tu es si mignonne, dommage que Diane t'es déjà réservée!"

Puis elle se releva et recula de quelques pas.

"Siobhan, ce qui t'es demandé c'est d'agir, et non d'être informée de tout. Le Savoir est l'apanage des dieux, mais vous avez une force bien plus importante encore: vous pouvez faire changer les choses par vos actes. Nombre de mes frères et soeurs ont refusé que je vous apparaisse en ce jour, car aucun dieu de ne doit intervenir auprès des humains. Seulement, Azael a depuis longtemps bafouer cette règle: il est temps qu'on l'affronte avec ses propres armes."

Elle invita les jeunes filles à s'asseoir sur des pierres lisses qui n'étaient pas là auparavant. Puis elle prit place en face d'elles.

"Ce qui s'est passé dans le Royaume des Dieux va au-delà de votre entendement, cependant il est nécessaire que je vous en parle. Autrefois, bien plus de peuples vivaient sur Azthia: des barbares, des Mariacs, des Hauts-Elfes, des Jinmens.... Tous prospéraient sur une terre bien plus grande que celle que vous connaissez aujourd'hui. Puis Azael tomba amoureux de ma soeur, Silmaria, et voulu lui offrir le Monde sur un plateau d'argent. Il offrit une connaissance bien plus grande à son peuple, les Erathiens, qui avec les avancées technologiques et politiques obtenues commencèrent à annexer leurs voisins. Plusieurs peuples disparurent dans la masse en quelques centaines années. Afin de protéger le territoire de l'Est de ces conquérants, les Dieux Elfiques et Jinmens érigèrent une chaine montagnarde doublée d'une illusion qui perdure encore aujourd'hui.... Elle est la frontière infranchissable de montagnes que vous connaissez. Même moi, je ne sais ce qui se passe de l'autre côté d'Azthia.

Erathia domina le continent, supprimant corps et âmes leurs plus puissants ennemis: les véritables Almers. Bénu en fut horrifié, et alla demander à Silmaria de faire arrêter cette folie. Elle seule pouvait convaincre Azael, qui l'aimait éperdument. Ma soeur vint le trouver mais il refusa d'arrêter tant qu'il ne pouvait lui offrir le titre d'Impératrice du Monde. Alors, elle se sacrifia: elle divisa son pouvoir sur le Monde, jusqu'à ce qui ne lui reste plus que l'essence même de son âme qu'elle enferma dans la Première Prêtresse."

Esra marqua une pause, laissant diriger le paquet d'informations amenées.

"Oui, ma soeur créa l'Esprit par son pouvoir. Et chaque Prêtresse est en réalité la déesse Silmaria, bien que tout essence divine l'ait presque quitté: elle est redevenue humaine et se perpétue ainsi. Azael fut fou de rage en apprenant la disparition de son aimée: il ordonna alors à son pantin sur le trône d'Erathia de supprimer tous les détenteurs de l'Esprit afin de rendre sa divinité à Silmaria. A ce moment là, le reste des Dieux surent que le moment étaient venu de libérer leurs peuples de l'asservissement d'Azael: tous nos pouvoirs conjugués l'enfermèrent dans l'Outre Monde, lui et son peuple. Un lieu sans lumières, sans vies, où le temps et l'espace se confondent. Ils devaient y rester pour l'éternité, mais cela ne dura que 150 de vos années....

Aujourd'hui, Azael veut continuer son œuvre: et pour cela, il a fait appel à son peuple... Mais aussi à ses champions. Quatre pour être précise: les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. Vous en avez déjà rencontré un, la Guerre. Vous avez déjà subit un deuxième il y a 8 ans, lorsque Maladie répandit son mal sur la Terre. Deux autres vont bientôt être réveillés... C'est pour cela que nous avons besoin de vous: car chaque Cavalier ne peut être détruit que sous certaines conditions très précises qu'il vous faudra réaliser. Jelenna, je ne sais pas pourquoi ni comment mais tu es une première clé: Azael t'a vu à Tamawa, et il voudra certainement te récupérer pour que tu ne lui nuises pas à l'avenir. D'autres objets vous permettront de les mettre à terre, mais nous avons perdu la trace de la plupart d'entre eux."

La petite Jelenna avait honte.
Au fond d'elle, plus que la peur qu'elle avait éprouvé lors de la bataille, plus que le dégout de tuer et voir tuer des hommes, alliés ou ennemis, plus que tout, c'était la honte qui l'emportait parce qu'au fond, elle se savait faible. Elle se savait pire que ça. Elle n'était pas à la hauteur. Eléa avait beau la protéger, l'enfant savait pertinemment que sans elle, elle ne serait rien. Sans elle, Philéa aurait sans doutes eut honte de son comportement lors de la bataille. Oh oui, Jelenna avait eut conscience du début à la fin d'avoir tué des hommes non pas pour jouer, mais pour lutter pour sa vie. Elle avait également su que cela se reproduirait sous peu, et peut-être même que cette fois-là, elle n'aurait pas sa sœur ainée pour la protéger, mais surtout, la petite avait pris conscience que cette réalité lui faisait peur. Elle aurait aimé être aussi forte que sa mère ou son ainée ou même encore que la Chef des Sentinelles. Puisque tout le monde disait qu'elle ressemblait à Kiera, pourquoi n'en avait-elle pas les mêmes qualités ?
Alors la petite se mit à pleurer. Pleurer de honte, de peur, de tristesse. Pleurer parce que cela l'aider à évacuer, à se sentir humaine un petit peu plus. Peut-être aussi que c'était une façon pour elle de se sentir enfant, de se dire qu'elle n'était pas encore tout à fait prête à être considérée comme une adulte. En réalité, elle n'avait jamais été prête mais tous semblait le croire ... Déesse ou non, l'enfant amazone n'était qu'une gamine de sept ans. Il ne fallait pas lui en demander trop non plus. Tous ces mensonges, ces intrigues, ces batailles, à quoi cela servait-il ? Dans son monde, rien de tout cela n'existait et pourtant, force était de constater que c'était cela, le monde réel. Cruauté et souffrance régnaient en maitre sans que personne ne puisse rien y faire et cette réalité, Jelenna la rejetait, de tout son être.

Les mains de Siobhan ainsi que son réconfort lui rappelèrent celles d'Eléa. Les larmes de l'enfant cessèrent presque instantanément, comme si au fond, elle n'avait besoin que de ça : l'affection d'une personne qui l'aimait. Elle n'en manquait pas certes, mais aujourd'hui plus que jamais, elle avait besoin de sentir ces bras autour de ses frêles épaules, elle avait besoin d'entendre ces mots "elle n'était qu'une enfant" et plus que tout, elle avait besoin de se sentir protégée. Loin de tout danger, dans les bras de celle qui n'était pas sa soeur mais agissait comme si c'était le cas. Les bras de Siobhan comme seul rempart contre le reste du monde, voilà ce en quoi elle croyait maintenant. L'étreinte de l'inconnue eut au moins l'effet escompté, enfin surement, car Jelenna se sentait plus calme, plus sereine. Sans être totalement "zen", elle avait au moins seché ses larmes et attendait maintenant la réaction de celle que la jeune inconnue considérait comme sa déesse.

Esra était une déesse étrange, voilà les premières pensées qui assaillirent Jelenna lorsqu'elle reprit la parole. Outre sa voix apaisante, elle agissait de façon tellement étrange. Dans sa jeunesse, la petite fille n'avait entendu parlé que de Diane, la déesse que les amazones priaient, et certes lui vouait-elle un certain culte, mais elle ne comprenait pas encore très bien la portée des prières ou encore, ce que les dieux leur apportaient. Elle priait, et c'était tout. Mais si elle avait toujours imaginé les dieux comme des êtres puissants, surnaturels et surtout, comme des géants, voilà qu'elle se retrouvait face à une jeune femme, sans doutes à peine plus vieille en apparence que son ainée ... c'était ... étrange oui !
La Dame parlait comme par énigme et en savait visiblement beaucoup sur la situation. C'était cela le pouvoir des dieux ? Tout savoir et être condamné à ne jamais pouvoir agir ? Jelenna avait presque envie de plaindre la déesse mais pourtant, elle ne dit rien. Elle s'était assez donnée en spectacle.

Jelenna rougit lorsque la déesse la complimenta, pourtant, elle n'osa pas relever les yeux, de peur de croiser son regard. Et puis ... elle ne comprenait pas bien cette histoire de Diane qui l'aurait réservé ... mais bon. La déesse parla encore et encore, sans que la petite n'arrive à tout saisir. Elle savait que les dieux ne pouvaient pas changer le cours des choses ou même plus simplement l'influencer. La princesse bis savait également que que les hommes changeaient les choses par leur acte car chacune de leur décision portait à conséquence mais comment pouvaient-ils combattre un dieu ? Surtout quand ils n'étaient même pas capable de s'unir entre eux !
Jelenna écouta l'histoire d'Esra, ne comprenant pas réellement tout l'enjeu de cette dernière. Pourtant, chacun des mots de la déesse lui offrait un morceau du passé tant convoité d'Azthia. C'était une chance et la petite prit soin d'analyser tout ce qui était à sa portée dans les dires de la Dame. Le passé, les Eratiens, la déesse Silmaria, les Cavaliers et ... elle ? Que venait-elle faire dans cette histoire ? Loin de tout comprendre, il était temps de poser des questions à la déesse. Loin d'être rassurée par cette annonce, il était temps d'en savoir plus.

" Dame Esra, pourquoi vous dites qu'Azael viendra me chercher ? Est-ce pour cela que vous m'avez convoqué ? Pour éviter qu'il me prenne ? Je ne lui serais guère utile ... Muria n'est pas la plus grande des cités d'Azthia, quant à kidnapper une princesse, autant prendre ma sœur, elle est plus puissante que moi. Et puis, ce n'est pas logique, ils n'aiment pas les Sensibles alors pourquoi moi ? "

Au fond, la panique perlait clairement dans ses questions mais Jelenna se refusait de retomber dans la détresse. Elle devait en apprendre plus, savoir pourquoi les dieux se décidaient à intervenir et surtout, savoir ce qu'on attendait d'elle. La petite princesse bis avait beau être une enfant, elle avait un raisonnement tellement logique et était tellement curieuse que cela l'aidait à oublier sa peur quant à l'annonce de la déesse sur son avenir. Et puis au fond, elle savait aussi qu'Eléa serait là pour la protéger.

" Les cavaliers ... l'homme que j'ai vu sur ce champs de bataille avait une aura si noire que j'ai cru qu'elle pourrait engloutir le monde entier. Nous n'avons pas pu le tuer avec une armée alors comment le pourrons-nous ? Nous ne sommes même pas capable de nous unir pour éviter le pire ... "

Au fond, Jelenna ne savait plus trop quoi penser. Quoi dire. Elle cherchait à comprendre mais se retrouvait toujours dans le tourment de ses souvenirs de la bataille. Si elle allait devoir revivre ça, elle n'était pas encore prête !

" Et puis ... Eléa viendra me sauver hein ? " murmura-t-elle comme pour elle-même.

De toute façon, que pouvait-elle faire ? Malgré sa logique implacable, malgré son raisonnement, elle restait une enfant et les enfants c'est bien connu, ont peur pour un rien.

[Post vraiment minable, mais bon... Je ne savais vraiment pas quoi répondre. Et désolée pour l'attente. =s]

Siobhan rougit et baissa les yeux. Agir ? C'était plus facile à dire qu'à faire. De quelle manière ? Que pouvait elle faire du haut de ses quinze printemps, hein ? La jeune apprentie n'était qu'une gamine encore et puis, elle n'avait aucune influence. Qui irait l'écouter et surtout qui pourrait la croire, hein ? Personne. On ne prête pas attention aux dires des ados et on la prendrait encore moins au sérieux dans sa cité de résidence. Quand à se battre... Elle n'avait pas encore fini son apprentissage, alors ce n'était même pas la peine. A cet instant, Sio se sentait tellement inutile. Elle n'avait pas sa place ici, dans ce lieu. Elle était heureuse de rencontrer sa Déesse et en même temps si honteuse de paraître devant elle si faible et si stupide. Ses questions étaient idiotes, inutiles. En fait, elle n'était encore qu'une gamine.

La jeune fille s'assit sur l'invitation de la déesse, le visage fermé et les yeux toujours baissés. Elle écoutait attentivement ce que racontait Esra, car c'était une chance unique de connaître l'histoire de Azthia. La vraie, pas celle qu'on se transmet de bouche à oreille et qui varie selon les gens. La divinité parlait d'un passé qui semblait à Siobhan si lointain, mais comme on dit souvent « La passé finit toujours par nous rattraper. » et c'était vrai aujourd'hui. Pourtant, à mesure que la femme parlait, le malaise de l'apprentie templier ne cessait de croitre. Ce n'était pas à elle qu'il fallait dire tout cela, mais à quelqu'un de plus important, comme l'oblat ou le consul. Ils étaient à même de faire quelque chose.

Sio comprenait la présence de la petite Jelenna. C'était une princesse. Quelqu'un d'important. Elle était une clé, alors que la demoiselle, elle, n'était personne. Elle vivait cachée dans une cité ou les gens détestaient sa race, où on pourrait l'exécuter pour le simple fait d'être née Astorg et non Cydienne. Pourtant, elle ne détestait pas cette ville d'accueil. Elle ne détestait personne. Tout ce que Siobhan voulait, c'est d'être heureuse, de rendre son maître fier, d'apaiser ne serait-ce qu'un peu le cœur des gens. Était-ce trop demander ? Peut être.
Dans tous les cas, l'astorg aurait voulu être utile à sa déesse. Elle était pleine de bonne volonté, mais la peur était la aussi. La jeune fille avait entrevu, par le biais de la petite princesse, la puissance des Erathiens et sa propre impuissance lui sautait aux yeux. Sans compter que même les dieux semblaient avoir eu du mal à venir à bout d'Azael, il y a 150 ans, alors elle, pauvre petite humaine, que pouvait-elle faire ?

« Où... Où peut-on trouver les objets dont vous n'avez pas perdu la trace ? »

Siobhan s'était exprimée d'une toute petite voix. Elle avait peur de poser une nouvelle fois une question idiote. Et puis ça, elle pouvait peut être le faire. C'était dans ses cordes de faire des recherches, non ?

« Et puis, vous avez dit qu'il m'était demandé d'agir, mais comment ? Je... Je ne suis pas quelqu'un. Je ne suis pas une princesse comme Jelenna, je n'ai pas une position importante, je ne suis pas forte, je... je... Je ne sais pas. »

La jeune apprentie était désemparée. Tout ce flot d'informations. Ses doutes. Cela ne l'aidait pas à s'exprimer. Et puis, elle n'avait pas la candeur de Jel' pour se protéger et d'une certaine manière justifier ses maladresses. Tant pis. La déesse n'aurait qu'à la renvoyer chez elle, si elle jugeait que Siobhan était inutile en ces lieux. Cela ferait mal à l'ado, d'être ainsi rejetée par celle qu'elle vénère, mais qu'y pouvait-elle.

"Ta tâche sera de protéger cette fillette, Siobhan, par tous les moyens possibles. Jelenna, tu as des pouvoirs rares qu'on ne voit pas tous les siècles: plusieurs déesses se sont penchées sur toi, tu es à la croisée de toutes les destinées. Azael te veut pour cela, il sait que tu es la seule humaine capable de le rendre encore plus puissant. Pour retrouver son corps et ses pouvoirs, il a besoin d'Ankha, la Clé: c'est toi. Regarde Jelenna, qu'elle autre petite fille de ton âge aurait été capable de survivre à l'attaque de Tamawa en étant au front? C'est un miracle rare. J'ai toute confiance en ta soeur, petite princesse, mais j'en ai d'autant plus pour Siobhan: tu ne dois jamais tomber dans les mains de l'ennemi, car tu es le catalyseur permettant de réunir les différents morceaux de son âme."

Elle posa à nouveau sa main sur la fillette pour lui transmettre une vague de compassion, puis s'empressa de rassurer sa Championne qui semblait la proie au doute. Un luxe d'humain.

"Même la plus insignifiante des vies peut donner du sens à celle des autres, Siobhan. Même le plus petit des arbres peut donner naissance à une forêt. Azael fonde son royaume sur l'hésitation et la résignation: voilà ce que tu dois combattre. Quand viendra le moment, il ne faudra pas un héros: il faudra un exemple à suivre.
Retrouve Jelenna, protège-la. Je sais qu'il y a autour d'elle des gens de confiance, transmets-leurs les indications. Les Artefacts réapparaitront quand le moment viendra, je te le jure. A ce moment précis, il faudra être les premiers à s'en emparer.

Nous avons en notre possession Ankha, la Clé. Nous ne savons pas qui elle est vouée à battre, un cavalier ou peut-être Azael lui-même.
Récemment, la Rose de Saphir, catalyseur apaisant les conflits taillé en forme de fleur, a recommencé à irradier mais non ne savons pas qui la possède: elle est l'objet qui permettra à toutes les races de s'unir en oubliant leurs rancœurs pour terrasser le Cavalier de La Guerre. Nous savons qu'elle va être confiée à une dirigeante digne de confiance par la Sorcière qui la protégeait.
La Prêtresse Nalween, réincarnation de ma soeur, a toujours auprès d'elle la Bague de Silmaria: son possesseur est seul capable de soigner les ravages du Cavalier Maladie et de le battre.

Le seul problème, c'est que les deux plus effroyables soldats n'ont pas encore réveillé. La Bête et La Mort ne seront pas une partie de plaisir à occire, et nous manquons cruellement de renseignement sur eux.
Voici votre mission: trouvez un combattant de chaque race, récupérez la Rose de Saphir et terrassez Guerre. Et avant qu'il ne répande son Mal, servez-vous de la Bague pour renvoyer Maladie d'où il vient. Il ne sera pas très difficile à trouver, les famines et les maux le précèdent."

Le Destin s'acharnait sur cette enfant.
Jamais ne pourrait-elle connaitre la paix des premiers jours sur Azthia ? Cette paix intérieure quand le monde ne vous parait ni bon ni mauvais, ces jours étaient-ils si lointains pour qu'elle ne les oublies ?

Jelenna écouta attentivement les premières paroles de la déesse. La dame lui paraissait si gentille, si sincère, qu'elle n'arrivait pas à croire qu'on lui mentait. Tout ce que disais la Dame était forcément vrai n'est-ce-pas ? Elle était un truc permettant au pire démon de cette contrée de revenir en force et du haut de ses sept ans, il fallait qu'elle encaisse encore ça ? L'enfant posa des yeux bien étranges sur la jeune femme comme si la compassion qu'elle tentait de lui transmettre en posant délicatement sa main sur elle se muait en une haine incommensurable. Depuis quand la petite fille était-elle capable de ressentir ce genre de sentiments ? L'enfant refoula ces sentiments si étranges qui l'effrayait d'avantage avant d'écouter la suite. Esra était là pour les prévenir, pour la protéger n'est-ce-pas ? Elle ne craignait rien ...
Eléa avait promis de la protéger elle aussi durant la bataille et finalement, même si aucune flèche, aucune épée n'était parvenue jusqu'à elle, Jelenna ne s'était pas du tout sentie protégée durant cette pitoyable bataille. Les Templiers avaient perdus leur vies et unes à unes, les vies s'étaient éteintes dans son esprit, qu'elles soient enfants, femmes ou hommes se battant pour leur liberté et leur salut. A quoi tout cela servait-il ? Eléa avait menti, elle n'était en sureté nul part n'est-ce-pas ? Et ce n'était pas cette Siohban qui allait changer quelque chose ! Qu'y connaissait-elle ? Elle n'avait pas vu ce sang qui coulait sur la terre souillée de la vieille cité neutre, elle n'avait pas entendu les cris déchirés des mères découvrant le corps sans vie de leur enfant, elle n'avait pas entendu le chant des vivants se mêler à celui des morts ... Que connaissait cette demoiselle de la violence d'une bataille ? Pourquoi était-ce elle que l'on choisissait pour la protéger ?

Jelenna se sentait perdue, plus la déesse parlait et plus ses sentiments s'entrechoquaient. Elle ne comprenait pas son rôle, ou plutôt, elle n'avait que trop bien compris qu'elle était un objet précieux aux yeux de tous. Pour sa mère, elle avait beau être sa petite cadette adorée, elle était également la plus prometteuse des Sentinelles de son âge, pour les Templiers, elle était le catalyseur qui avait permis la victoire, pour Feanaro, elle était une source de puissance ... Qui était-elle d'autre ? C'était tout ? Une clé ? Un catalyseur ? Les larmes montèrent aux yeux de l'enfant sans qu'elle ne puisse les réprimer.
La suite des informations données par Esra, la petite princesse bis les mis bien précieusement au chaud dans sa tête car en se réveillant, il faudrait qu'elle dise à Eléa et Feanaro tout ce qu'elle savait sur les Cavaliers. Elle était consciente que la déesse ne leur confiait pas ces informations pour être gardées pour elles-mêmes ... Lorsque la déesse eut fini de parler, Jelenna rassembla son courage pour lui demander :

" Vous nous demander d'aller à la rencontre de la mort ? "

Les mots jaillirent alors qu'elle ne voulait pas vraiment les dire. Sa pensée était allée au de-là de ses mots. L'enfant était terrorisée, comme si à nouveau, le monde qu'elle connaissait s'obstinait à vouloir s'effondrer sous ses pieds, à vouloir disparaitre malgré ses efforts pour le maintenir en place. Esra jouait-elle avec les sentiments de la petite ? Non, elle était sérieuse et c'était sans doutes ce qui faisait le plus peur à Jelenna ... La petite fille posa son regard trempé de larmes sur le visage de la déesse, peut-être dans l'espoir de se réveiller en se disant "ce n'est qu'un rêve" mais les yeux de la déesse ne lui donnèrent pas raison. Ce n'était pas un rêve, c'était autre chose que la réalité certes mais c'était bien là. Elles parlaient de l'avenir, non pas seulement du leur, mais de celui d'Azthia tout entier et cela, la petite princesse bis ne pouvait l'accepter. Ses frêles épaules n'étaient pas encore prêtes. Pourtant, elle se força à réprimer ses sentiments, pensant qu'ils avaient une chance.
Si elle venait à mourir, ce qui était sur et la terrorisait davantage, Jelenna se disait qu'au moins, elle se serait rendue utile en donnant les informations pour tuer les deux Cavaliers par exemple ou encore en se disant la Clé. La question était de savoir ce qu'elle dirait exactement à Eléa, non, elle verrait ça plus tard. Pour le moment, il fallait rassembler son courage, se rappeler qui elle était, fille de Philéa, reine amazone ... Allez ... Allez ...

La petite mit un temps fou à se calmer, du moins c'est ce qu'elle croyait. Elle observa Esra et la jeune fille blonde qui devait la protéger et ces dernières n'avaient pas bougés. Incapable de dire combien de temps elle avait tergiverser avec elle-même, l'enfant finit par briser le silence. Sa voix, bien que tremblante, ses yeux, bien que trempés de larmes, son esprit, bien que paralysé par la peur, elle dit simplement :

" Nous trouverons Maladie et Guerre Dame Esra ! Nous les vaincrons, je vous le promets. "

Étrangement, prononcer ces mots rassura la demoiselle, bon pas autant qu'elle ne l'aurait souhaité mais un peu quand même. Elle se tourna ensuite vers son protecteur et lui dit :

" Eléa me protège depuis ma naissance, ne t'en fais pas, elle continuera, mais s'il m'arrive quelque chose, sache qu'elle se trouve à Tamawa avec maitre Feanaro. "

[Je ne savais pas quoi ajouter. =x]

Cette tache n'allait surement pas être aisée. Protéger quelqu'un d'aussi important, quelqu'un d'aussi convoité que Jelenna, était une grande responsabilité, dont le poids commençait à se faire sentir sur les frêles épaules de l'adolescente. Après tout, Siobhan était humaine et l'incertitude faisait partie de sa vie, tout comme la peur et le doute. Il lui fallait avoir confiance en soi, tout comme Hilina avait confiance en elle -c'était un grand honneur, par ailleurs. Le méritait-elle ? Le jeune fille n'aurait su le dire et puis qu'importait, les fait étaient là et les paroles de la Déesse raisonnaient encore à ses oreilles telle une douce mélodie qui enivre et grandie. Oui, Sio était assez grande, maintenant, pour comprendre que la vie n'était pas aussi simple, qu'il fallait parfois agir, plutôt que d'attendre que tout lui soit servi sur un plateau d'argent. Elle savait maintenant qu'elle était, certes, un petit grain de sable, mais qui avait son importance, car s'il venait à glisser, c'est toute la dune qui le suivrait, s'écroulant dans un grand fracas. Cela avait quelque chose d'inquiétant et en même temps, il était temps que la demoiselle quitte l'enfance et regarde la réalité du monde. Elle en avait déjà un aperçu avec son Maître, dont le cœur ne cessait de saigner, mais ce qu'il fallait comprendre, c'était qu'il n'était pas le seul.

Siobhan hocha donc, la tête, acceptant humblement sa mission ; celle de garde du corps, celle de l'exemple. Elle ne savais pas encore comment procéder, mais grâce à la confiance que lui accordait celle qu'elle vénérait, l'apprentie savait qu'elle allait trouver. Et puis, elle n'était pas seule : son Maître serait là pour l'aider, sans parler de la sœur de la petite princesse.
Pour la suite des explications, Sio eu quelque mal à suivre.
La Mort.
La Maladie.
La Guerre.
La Bête.
Des noms si inquiétants et impersonnels, totalement étrangers pour elle. Il fallait dire que la jeune fille n'avais eu l'occasion de rencontrer aucun d'eux, contrairement à Jel' -qui savait à quel points ils étaient horribles. C'était à se demander comment cette petite pouvait rester aussi calme -façon de parler. A sa place, à cet âge, Siobhan aurait surement perdu la raison et se serait complétement fermée, se réfugiant quelque part, tremblante de peur. C'est ce qu'aurait tout enfant, mais pas elle et c'est pour cela qu'une grande admiration pour la princesse grandissait en elle.
Pour ce qui est des cavaliers, l'apprentie essayait d'enregistrer chaque détail, chaque renseignement pour ne pas être totalement perdue à son retour et pas passer pour une incapable auprès de celle qu'elle devra protéger. La Templière se devait être à la hauteur de la tâche qu'on lui confiait.

« Oui, ayez confiance. Nous réunirons les plus fort combattants d'Azthia et je ferais tout pour aider et protéger la princesse Jelenna. »

Les yeux de la favorite brillaient d'une lueur nouvelle, chaleureux et pleins de vie, ainsi que détermination. Certes, il ne serait pas facile d'avoir accès aux deux objets dont parlait Hilina -étant en possession de deux dirigeantes qu'il n'est pas aisé de rencontrer quand on était quelqu'un d'aussi insignifiant et inconnu qu'elle- mais Sio avait foi, d'autant plus qu'une princesse serait là pour donner poids à tout cela.
Elle se tourna vers Jel' et sourit, tout en effleurant sa jolie tête d'enfant.

« Je te rejoins à Tamawa petite Princesse. Je t'en prie, attends moi et ne commets pas d'imprudence, nous avons une importante mission à accomplir et je m'en voudrait s'il t'arrivait malheur alors que je me dois de veiller sur toi. »

Se tournant vers Hilina, la jeune fille s'inclina, respectueuse.

« Je vous suis si reconnaissante d'avoir confiance en moi. Il faut-il que nous récupérions la Rose de Saphir avant de réunir les combattant ? Et pour la bague, seule la Prêtresse peut s'en servir ? »

Petit rougissement honteux du fait de son ignorance, mais la jeune fille ne baissa pas les yeux.

La brume envahissait petit à petit les lieux lorsque soudain, quelque chose sembla appelait Esra. Elle leva la tête vers la biche dans une conversation muette, puis saisit les mains de ses deux petites protégées à qui elle demandait tant.

" Je n'ai malheureusement plus le temps de m'entretenir avec vous, mais sachez que je suis fière de vous avoir choisi. Dès que la Rose de Saphir sera localisée, je vous recontacterai aussitôt. Et pour répondre à ta question Siobhan, il n'est pas dit que seule la Prêtresse puisse utiliser la bague. Il lui sera difficile de s'en séparer, ainsi j'irai m'entretenir avec elle. Trouvez des personnes dignes de confiance, formez un réseau d'information capable de mettre la main sur les artefacts avant Azael. L'espoir est une fleur que l'Ombre ne doit pas cacher."
Puis la lumière s'accrut, éblouissante. Le bruit de l'eau, le toucher de l'herbe s'évanouir comme un rêve. Les jeunes filles eurent comme l'impression qu'elles devaient tour à tour sourde, muette ou aveugle alors que le monde idyllique s'échappait et que la réalité les reprenait.

Elles s'éveillèrent donc là où elles s'étaient endormies. Un battement de cil s'était passé sur Azthia, mais il allait engendrer le déplacement d'une montagne.

La petite fille vit défiler la scène comme si elle était une spectatrice.
Elle se demandait bien de quoi parlait Siobhan lorsqu'elle s'entretenait avec la déesse et ne pouvait pas imaginer du haut de ses sept ans que la jeune fille à peine plus âgée que son ainée et encore, ce n'était pas sure, était en réalité la championne choisie par Esra pour la protéger certes mais plus simplement, pour porter les espoirs de sa déesse et défendre les idées et les convictions qu'elle partageait avec cette dernière. L'enfant écouta vaguement Siobhan lui demander de l'attendre à Tamawa sans pour autant ajouter quoi que ce soit. Persuadée qu'Eléa serait là pour la protéger quoi qu'il arrive, Jelenna ne voyait pas l'intérêt d'embêter la jeunette blonde et de toute façon, tout ceci la dépassait un peu trop pour qu'elle ait vraiment envie de répondre. Elle ne savait pas vraiment quoi dire en fait, car il semblait que le destin n'en avait pas encore fini avec elle. La bataille n'était donc que le prélude de quelque chose de pire ? Sympa ... Elle n'était pas encore prête ! Tout ceci allait trop vite ! Il y avait trop de choses à comprendre, à assimiler en si peu de temps. Trop de choses et pas assez de temps.
Esra s'agita, visiblement consciente que le temps lui était compté. Elle leur dit qu'elle était fière de les avoir choisi et Jelenna avait presque envie d'ajouter dans le feu de l'action qu'elle se serait bien passée d'être choisie. Qu'elle aurait préféré qu'on la laisse dans sa cité, avec sa mère, sa sœur et ses amazones. Elle aurait préféré rester la petite princesse bis et non pas Ankha ou je-ne-sais-quoi ! Mais Jelenna était malgré tout une bonne petite et jamais elle ne se serait permis de dire tout ça même si elle le pensait, même si son cœur le hurlait à qui voulait l'entendre.

Lorsque la lumière se fit plus forte, Jelenna sembla reprendre ses esprits et ajouta à l'intention de Siobhan, pas vraiment sure que cette dernière l'entendrait :

" Ne t'en fais pas Dame Siobhan, Eléa me protègera quoi qu'il arrive ! Nous t'attendrons à Tamawa si tu le souhaites ! "

L'image des deux femmes s'effaça et Jelenna eut l'impression de devenir sourde, aveugle ou muette. En fait, elle ne le savait même pas mais quand elle s'éveilla en sursaut dans la chambre, elle sut que ce qu'elle venait de vivre était plus qu'un rêve. Eléa était à ses côtés, inquiète. Visiblement, cela faisait quelques minutes qu'elle tentait de la ramener de son rêve sans succès. Rassurée par son réveil, elle arborait comme toujours un sourire rassurant et Jelenna se blottit dans ses bras. Elle avait eut raison de dire à cette inconnue censée la protéger qu'Eléa était la seule à pouvoir veiller sur elle car c'était la vérité. Elle n'avait pas besoin qu'on la protège et elle n'avait pas besoin de dire à Eléa la vérité pour que cette dernière veille sur elle. Du coup, la petite princesse bis se contenta de lui dire ce que Esra lui avait confié sur les Cavaliers et tut le reste. Eléa la protégerait, elle le savait. Et puis bientôt, elles partiraient pour Muria, Eléa le lui avait promis, alors elle n'aurait plus besoin de protection, la cité s'en chargerait.

Pour l'heure, la petite ne pensait qu'à une chose : retrouver le havre de paix qu'elle avait pu avoir dans le cadre de ses rêves car ici, tout sentait la mort ...

[ Désengagée ]
[ Pas terrible en fait mais je voulais répondre à la question de Sio XD ]

Siobhan hocha la tête, espérant de tout coeur que ce que la petite disait était vrai. Que sa soeur allait la préserver de tout danger. Il ne restait plus à la jeune apprentie qu'à espérer. Pour le reste, elle venait de le jurer. Siobhan ferait tout pour qu'Azthia continue à exister de son propre chef, sans la domination d'Azael. La jeune fille prit aussi une autre résolution : ne jamais tomber amoureuse. Car tous les problèmes venaient de là, d'un amour destructeur. Tant de souffrance pour quelque chose de si abstrait... La demoiselle avait vraiment du mal à le comprendre.
D'un coup, une lumière aveuglant est apparue...

...et le rêve prit fin.
Siobhan n'ouvrit pas tout de suite les yeux, voulant y retourner, revoir une nouvelle fois Hilina, mais c'était peine perdue... Le sommeil venait de la quitter jusqu'au soir, où elle pourrait de nouveau replonger dans les bras de Morphée. En attendant, la jeune fille avait encore du mal à réaliser que ce qu'il venait de se passer était la réalité et pourtant... Son imagination n'était pas aussi grande, pour lui permettre d'inventer de telles choses. Sa rencontre avec Jelenna la petite princesse amazone, la menace d'Erathia, sa vision de la bataille de Tamawa à travers les yeux de la blondinette et tout le reste était bien trop vrai pour que Sio le prenne pour un simple songe.
Se donnant quelques tapes sur les joues, l'apprentie se redressa dans sa couche. Il faisait encore nuit. Cydonia était calme, il n'y a que les ronflements de son Maître qui perturbaient un peu le silence. En parlant de Kyle... Siobhan n'avait absolument aucune idée sur la façon de lui annoncer tout ce qu'elle venait de vivre et qu'il leur fallait partir au plus tôt à Tamawa pour protéger une Princesse Amazone.
De toute façon, si le Templier refusait de la croire, elle était résolue à partir toute seule, car elle savait qu'elle n'était pas folle. Il fallait informer tout Azthia sur la façon de détruire les Cavaliers; Azael pouvait frapper n'importe où.

Sautant sur ses pieds, ne prenant même pas la peine de se vêtir, elle se précipita vers son Maître qui se réveilla de lui même, tellement l'esprit de Sio était agité.
Il fallut un certain temps pour que Kyle réussisse à comprendre ce que lui racontait son apprentie, tant elle s'embrouillait dans ses explications. Et il lui fallut aussi un certain temps pour accepter les faits... Il accepta, cependant, d'accompagner Sio à Tamawa.

Les temps de l'enfance prenaient fin...

[Désengagée, ENFIN !]

Contenu sponsorisé

» (flashback 153 DA) Promenade dans la cité[PV Jelenna, Siobhan, Lyvie] (fini)
» [D-E] La revanche (sur) des blondes (Intrigue - Siobhan, Asora) [Terminé]
» [DH] Infiltration réussie (intrigue) (Siobhan, Thémis, Kiera) (terminé)
» [FE] De l'amour à la haine [ INTRIGUE GENERALE - Thétis vs Siobhan ] (terminé)
» [FA] Le destin ne frappe qu'une seule fois [ intrigue / Jaered, Cimber ] (annulé)

[F-E] L'appel du destin [Intrigue avec Jelenna et Siobhan]

[F-E] L'appel du destin [Intrigue avec Jelenna et Siobhan]

Sujets similaires

Sujets similaires