[ Je pense jouer Jelenna en PNJ ^^ ]

Il ne nous avait pas fallu longtemps pour regagner la douce cité de mon enfance.
Il était pourtant étrange de voir que pour une fois, je ne prenais pas vraiment de plaisir à retourner en ces lieux pourtant si familiers. A quoi était-ce du ? Peu importait, au fond de moi, j'avais déjà la réponse et elle ne me satisfaisait pas assez pour me l'avouer. La vérité ? Vraiment ? La vérité, c'est que je savais que Philéa accepterait ce mariage et à la limite, cela était nécessaire à mon plan, à ma vengeance pourtant si enfantine. Non, ce qui me gênais le plus, c'était que ma mère n'accepterait pas ce mariage pour ce qu'il aurait du être, mon bonheur et tout le tralala, elle l'approuverait uniquement pour en retirer quelque, comme par exemple, pour être sure de l'alliance avec Silmarie. Et voilà ce qui m'attristait. Au final, Feanaro deviendrait mon jouet personnel, et s'il se débattait, c'était encore mieux, mais qu'en adviendrait-il de moi ? N'allais-je tout simplement devenir à mon tour une marionnette entre les mains de ma chère mère ? La question ne se posait pas tant la réponse en était évidente. Dire qu'en prime, je devais afficher ce sourire satisfait devant mon futur époux. Finalement, mon idée était-elle la bonne ?
Je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas revenir en arrière, quoi que je fasse, quoi qu'il advienne, j'étais maintenant liée au Capitaine de Silmarie. Aujourd'hui plus que jamais, je ne pouvais pas faire marche arrière et je commençais presque à le regretter.

Et ... et oh ! Réveille-toi Eléa !!
Qu'est-ce-que tu fais là ! Tu as ta vengeance alors réveille-toi et entre dans cette fichue cité pour l'annoncer à ta mère. Réfléchis un peu à comment manipuler Philéa plutôt que de te morfondre à l'idée qu'elle va encore te manipuler !
Oui, ma petite conscience était parfois utile des fois et elle ne pouvait qu'avoir raison. J'aurais tout le temps de songer à ce que Philéa pourrait retenir de cette nouvelle, et tout le temps par la suite de me débrouiller pour échapper à son contrôle et ses ambitions un peu trop personnelles. Rien n'était joué d'avance et, l'idée que ma mère puisse me manipuler n'était pas si mal. Tant qu'elle le croyait, je serais libre d'accomplir mon but, jusqu'au jour où il me faudrait demander, selon notre loi, de dissoudre ce mariage arrangé. Ce jour-là, il me suffirait de jouer sur les évènements, de m'identifier à la souveraine blessée qu'elle était encore pour obtenir ce que je voudrais. Je n'aurais qu'à jouer un jeu au final avec tout le monde ... l'idée ne m'enchantait guère de devoir ressembler sur ce point à ma génitrice, toutefois, j'espérais que l'innocence de ma cadette me sauverait. J'estimais aussi que ce n'était qu'un juste retour des choses, autant pour le Capitaine elfique que pour la dirigeante de Muria, qui n'avait fait que profiter de ma naissance pour me donner un avenir à son image. Philéa n'était pas mauvaise mère, loin de là, mais la voir jouer avec les vies des personnes, même ses enfants, et ce, uniquement dans le but d'assouvir ses propres projets, me rendait quelque fois malade. Ce serait une " punition " en quelque sort pour la souveraine amazone et la mère qu'elle avait du mal à rester. Rien de bien méchant en somme, pas de quoi fouetter un chat à côté de la trahison que je préparais dans l'ombre pour protéger Jelenna de l'avenir que lui offrait Philéa. Mais c'était une autre histoire là encore.

" Nous devrions entrer non ? " demandais-je à Feanaro tandis que je brisais le silence qui s'était installé entre nous depuis notre départ de la forêt. Peu importait que mon idée soit bonne ou non maintenant, tant que je pourrais y retirer quelque chose, il n'y avait pas de quoi avoir peur. Le jour où je n'aurais plus rien à prendre de cet arrangement, il serait caduque, point final.

Mais bon, revenons-en à nos moutons.

" Philéa ne s'opposera pas à ce mariage, crois-moi. Tu n'as pas à t'inquiéter. "

Mais pourquoi je cherchais à le rassurer moi ?
Mouais, en réalité, je cherchais surtout à me réconforter moi-même non ? Même si rien ne laissait paraitre cette idée, c'était peut-être bel et bien ce qui me motivait en cette heure ... enfin bref, on s'en moque. D'un geste assuré, je poussais la porte principale de ma demeure. En ces lieux, je me sentais d'autant plus forte. Croisant Jelenna sur mon chemin, je lui faisais signe de ne pas venir, j'aurais tout le temps de lui expliquer par la suite ... quoi que ... non. S'il y avait une personne à qui je n'aimais pas mentir, c'était bel et bien ma petite sœur. Je l'attirais donc à moi, et, une fois dans mes bras, la gratifiait d'un bisou sur la joue. Un sourire étincelant sur les lèvres, l'air inquiète tout de même je lui disais :

" Jel', je te présente Feanaro. Feanaro, voici ma petite sœur, dont tu te souviens surement, Jelenna. "

Sur ce, la petite fit une révérence simple et on put entendre un timide " enchantée et bonjour ". Ceci fait, je ne pouvais plus attendre une minute sans quoi les regrets m'auraient poussé à tout arrêter ici et maintenant. Plongeant mon regard dans celui de ma cadette, j'y cherchais un réconfort. Une fois fait, je me rendais vers la salle du trône où Philéa siégeait surement à cette heure-ci. La main de ma cadette dans la mienne achevait de me donner du courage, tout en me persuadant de mon éventuelle erreur. Mais tant pis, allez on y va.
Ma main se posa sur la porte tandis que je la poussais. Un sourire sur les lèvres, le regard haut, Philéa était là, en face de moi, visiblement surprise de ma présence en compagnie de Jelenna comme de Feanaro.

Philéa était là, ses mèches blondes jouant le long de ses épaules. Une robe claire ceinturée d'or, et de petites bottines fines en cuir noires qui dépassaient de cette dernière. Une couronne fine en or ceinturait son front et sa beauté naturelle faisait le reste. Mine de rien, Philéa avait naturellement tout d'une reine. Son regard interrogateur me fit comprendre que je ne pouvais décemment pas perturber sa journée ainsi sans me justifier. Ce que j'allais faire, ne vous en faites pas. Avançant de façon à pouvoir fermer la porte, ce que Feanaro fit ou une autre amazone située dans le couloir, je n'avais pas bien fait attention, et tenant toujours fermement la main de ma cadette, je prenais la parole :

" Mère, j'ai à te parler. "

Je me tournais vers Feanaro.

" Nous avons à te parler. "

Philéa, reine amazone.
Rien que ça ne donnait pas forcément envie de la rencontrer au vue de ce qu'on racontait sur ce peuple. Mais c'était bien le cadet des soucis de la Dame. Ce matin-là, elle était préoccupée par certains phénomènes inquiétant aux abords de la cité. Des villages attaqués par des loups ... rien de bien inquiétant en somme quand on y réfléchissait bien mais tout de même ... des loups. Il allait falloir agir vite, non pas pour sauver les villages, elle n'en avait rien à faire de ces hommes, mais pour assurer la protection de ses Sentinelles en patrouille. Ca c'était primordial pour la souveraine. Kiera et Neliel avaient donc étaient réunies. De toutes les amazones, hormi ses filles, elles étaient celles en qui la jeune femme avait le plus confiance. Ainsi, les trois soeurs réunies débattaient sur le meilleur moyen d'intervenir, les troupes à former, où attaquer. Plus simplement, sur la nécessité et l'opportunité d'attaquer. Neliel était partante, comme toujours, et Kiera pour sa part prétendait que du point de vue des alliances, il était plus raisonnable d'aider les villageois en surface pour s'aider soi-même en réalité. Position que la reine de Muria partageait visiblement. Tout ceci étant, la jeune reine aux longs cheveux blonds bouclés ne s'attendait pas vraiment à voir débarquer autant de monde dans sa salle du trône.
Sans frapper en prime.
Eléa entra la première.
Jelenna.
Haiiro.
Feanaro ?

Qu'est-ce-qu'il faisait là lui encore ?
L'alliance avec les elfes ne lui suffisait pas ? Il avait besoin de troupes ? Des mouvements avaient été repéré ? Et pourquoi Jelenna semblait si ... contente. En cas de problèmes, elle aurait du être la première à venir râler, lui dire qu'elle avait eu tord d'agir de la sorte. Alors qu'est-ce-qu'elle avait à sourire ainsi. Le ton qu'employa Eléa était clair, il fallait qu'ils parlent tout les ... quatre avec Jelenna comprise. De ce fait, la souveraine congédia d'un geste Kiera et Neliel tout en leur donnant rendez-vous plus tard. Elles n'avaient pas fini leur entretien mais celui qui s'annonçait promettait d'être tout aussi passionant. Rajustant sa fine couronne d'or sur sa tête ainsi que sa robe beige voire couleur chaire, la reine s'exprima ensuite :

" Je vous écoute. "

Elle n'avait pas de temps à perdre, aussi le leur fit-elle comprendre.
Contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, ce fut Feanaro qui entama la discussion. Si elle n'avait pas été reine, Philéa aurait ri de la situation. Entre une Eléa totalement aux anges et un Capitaine elfe totalement dépité, il y avait de quoi ! Mais peut-être l'annonce qu'il allait lui faire n'allait pas avoir le même effet. Dès les premiers mots de ce crétin, la souveraine sentit que ça coinçait quelque part. Renforce l'alliance ... et puis quoi encore ? Elle ne leur donnait pas assez comme ça ?
" Nous " ??
" Mariage " ??
Ils avaient décidé de la tuer ou quoi ?
Le regard incadescent de la reine passa de sa fille au Capitaine sans rien dire. Qui des deux passerait le premier à la casserole ?

" Je vous demande pardon ? " se contenta-t-elle de répondre.

Devant notre entrée magistrale, je pensais que ma mère aurait compris l'entourloupe.
Il était rare que je sois ravie de la présence d'un elfe, et d'autant plus lorsque celui-ci avait conduit ma Nation à la perte avec une alliance aussi futile que fragile. Philéa savait donc que je ne le portais pas dans mon cœur. De plus, autant dire que sa présence, en dehors de notre annonce de mariage, n'aurait pu être qu'un signe de malheur, du genre une nouvelle histoire de Cavaliers je-ne-sais quoi qui menacerait la terre. Alors pourquoi aurais-je arboré un si beau sourire ? Il semblait que ma mère n'avait pas réfléchi à tout ça vue sa réaction. Le "je vous demande pardon" n'était pas vraiment la réaction escomptée.
Dire que j'avais affirmé à Feanaro que la situation allait être du tout cuit. C'était loin d'être le cas. Du moins, c'était bien ce que laissait apparaitre Philéa, à moins que ce ne soit qu'un jeu, une façon d'en apprendre plus sur nos motivations. Biiiien. De toute façon, Feanaro devait se douter du pourquoi de ma demande en mariage alors ce n'était pas vraiment un problème que de tout avouer. Et au final, ce n'en serait que plus clair entre nous, ou presque.

" Mère, Feanaro et moi sommes venus te demander ta bénédiction pour nous marier. "

Belle formule.
Des fois, je me surprenais moi-même !
A cet instant, la main de Jelenna sursauta quelque peu dans la mienne. Mais pour l'heure, je ne pouvais pas m'occuper de la petite, il me fallait avancer et continuer de convaincre la souveraine, si réellement elle souhaitait être convaincue.

" J'ai pensé qu'il était nécessaire de renforcer l'alliance prise avec Silmarie et pour se faire, me marier avec le Capitaine de la cité. Je te demande donc ton accord. "

Bon, si elle ne comprenait pas c'est qu'il fallait mettre un panneau du style : " hello réveille-toi, je ne cherche qu'à me venger de lui et éventuellement de toi ". Oui mais là ça aurait été stupide aussi ... Bref, je me demandais bien ce qui pouvait trotter dans la tête de ma mère. Qu'espérait-elle à la fin ?
N'était-ce pas une aubaine pour elle de voir les relations entre Silmarie et Muria se renforcer ? D'autant plus qu'elle comptait bien, si j'avais bien compris, se servir du prétexte de l'alliance formée pour mener une petite guerre contre Cydonia non ? Alors pourquoi refuserait-elle ce qu'on lui proposait sur un plateau d'argent ? Non, quelque chose clochait ... Une minute, et si elle me reprochait d'agir ainsi ? A sa façon ? Ou encore ... plus simplement, si elle craignait réellement que ce mariage joue en ma défaveur ? Qu'il me rende malheureuse ?
Non.
Faire passer mon avis avant ses exigences personnelles ... quand bien même je pouvais être sa fille, je savais pertinemment qu'au mieux, Philéa aurait fait en sorte d'avoir le moins de casse possible pour moi, mais pas plus. Si ses intérêts personnels étaient en jeu, on passait après ... On ? Jelenna !

La petite ouvrait de grands yeux, peu sure surement d'avoir entendu ce que je disais. A moins qu'elle ne veuille pas l'entendre. Mais ils avaient quoi dans cette famille ?

" Mère ? Que décides-tu ? " articulais-je avec patience.

Bon et l'autre là, le fiancé ... il attendait quoi pour défendre son bifteck ?
Je l'observais en biais, peu convaincue qu'il puisse m'être d'un grand soutient, alors, histoire que je ne sois pas la seule à me dépatouiller, je m'exclamais :

" Peut-être demandes-tu plus de preuves sur cette union ? Il est vrai qu'elle peut paraitre hâtive. "

Et là, j'espérais que la Capitaine réagisse ... Oui mais ce n'était pas le cas. En même temps, il n'y avait pas grand intérêt. Que faire ? J'avais pensé à tout sauf à l'éventuel refus de ma mère ... Ah mais une seconde ... mwouah ah ah ah !
D'un geste vif, j'abandonnais la main de ma petite sœur un instant pour me retourner vers ma victime sur les lèvres de laquelle je déposais un baiser.
Beurk ! Dégueulasse !
Mais à la guerre comme à la guerre !
Il lui fallait une preuve ? Qu'à cela ne tienne, je la lui offrais, même si pour a part, je ne comptais pas renouveler l'expérience par la suite.
Me retournant vers Philéa, je reprenais la main de ma cadette, qui semblait perdue plus que jamais et précisais :

" J'ai songé en réalité à tout ce qu'il avait fait pour nous et, en le rencontrant dans la forêt lors de ma patrouille, je me suis dit que le destin nous avait réunis ... Lorsqu'il m'a fait sa déclaration, j'ai également songé que c'était un coup du destin, ainsi, je me suis décidée à lui dire oui. Mais je ne peux le faire sans ton accord Mère. Toutefois, je peux comprendre que cette annonce te surprenne, aussi, je laisse le soin à Feanaro te t'exposer plus en détail son souhait de m'épouser et ce, dans le but de te convaincre du bien fondé de cette union. "

Ouah ...
J'étais parfois assez douée pour jouer politique avec ma mère. Cette redoutable adversaire. Il était vrai que je n'avais pas prévu ce retournement de situation mais bon, on faisait avec tant pis. Et puis, j'avais hâte de voir comment s'en sortirait le Capitaine pour expliquer la situation .... ah une seconde, encore un détail.

" Je crois d'ailleurs que Feanaro voulait te parler au sujet du statut qu'il occuperait chez nous, à Muria. Comme quoi il a murement réfléchi à sa demande en mariage. Il est vrai que si ce mariage a pour but, pour toi Mère car tu remarqueras que pour moi, le but est tout autre, de renforcer les liens entre nos cités, il ne peut décemment pas être considéré comme Soumis. N'est-ce-pas Fea ? "

Allez, débrouille-toi mon cher fiancé.
Les dés sont jetés.
Mais quelque chose me disait que la grande reine de Muria se laisserait vite tenter par la promesse alléchante de ce mariage ... à moins que je ne me trompes.

[ Désolée, j'ai eut du mal à faire tout ça. Je voulais te répondre au plus vite >.<" ]

Ok.
Soit sa fille avait pété un câble, soit elle avait une idée derrière la tête, soit elle était totalement folle. Dans tous les cas, la reine amazone n'était pas sure d'aimer une seule des solutions qui se présentaient. Se marier ? A son âge ? Bon à la limite, l'âge n'y était pas pour grand chose dans son étonnement, c'était plutôt le fait que sa fille, qu'elle essayait de caser avec un Soumis depuis près d'un an, lui annonce maintenant qu'elle avait choisi un époux. Et pas n'importe lequel ... elle ne pouvait pas trouver mieux que le Capitaine de la Garde de Silmarie ? Les amazones avaient déjà une alliance avec eux alors à quoi bon un mariage protocolaire ... Renforcer l'alliance pourrait toujours être utile certes, mais Philéa aurait préféré que ce soit avec Storghein, voire même qui sait, avec Cydonia. On pouvait rêver non ?
Oui mais voilà, on ne lui présentait rien d'alléchant, du moins, de prime abord. Et puis à quoi jouait Eléa à se trémousser ainsi ? A embrasser ce parfait inconnu qu'elle n'avait pas l'air d'aimer plus qu'un objet ou une chaussette. Une seconde ? Mais oui, c'était tellement évident et à la fois tellement soulageant de s'en rendre compte ! La gamine n'était pas encore tout à fait stupide ou rendue folle par les récentes nouvelles. Il apparaissait évident désormais qu'elle n'agissait pas pour le bien de la cité, bien que celui-ci fusse rendu possible par l'union proposée, mais pour elle-même, pour des intérêts personnels dont les motifs échappaient encore à sa mère. Digne fille qu'elle était ... oui mais voilà, en tant que reine, Philéa ne pouvait décemment pas permettre à sa fille, princesse de haut rang, de se laisser ainsi mener par le bout du nez par ses ambitions ou ses désirs. Le mariage n'était pas une institution à prendre à la légère, surtout à l'âge de l'adolescente. Et puis ... Philéa avait beau dire, elle était contre l'idée du mariage, contre l'idée que sa fille puisse s'éloigner d'elle ne serait-ce qu'un peu, qu'elle perde le peu d'influence qu'elle avait encore sur elle n'était pas envisageable. D'autant plus avec l'expérience familiale de l'union matrimoniale ! Philéa allait dont prendre la parole lorsque Feanaro la devança.

Qu'est-ce-qu'il racontait le Capitaine de la Garde là au juste ?
Que sa fille n'était pas assez bien pour lui ?
Muria ne lui donnait pas envie de vivre ici ?
Les amazones, grand peuple qu'elles étaient, ne lui suffisait donc pas à ce malpoli ? Ce gamin à peine sorti des jupes de sa mère ?
Une seconde ? Il parlait sérieusement de pouvoir contrôler les amazones ? Ses soeurs ? Oulah oulah ... mais du calme mon enfant.
Sans se départir de son air calme, Philéa écoutait le jeune homme, tandis que mille et une idées fourmillaient dans sa tête. Peu importait les raisons pour lesquelles Eléa voulait l'épouser, peu importait tout ce qu'elle avait pu penser avant, ce mariage se révélait une fort bonne idée pour la femme aux cheveux d'or. Apprendre la vie à un garnement, et au passage à sa fille si indomptable, n'était pas plus mal. Sa fille chérie ? Oh oui, Eléa l'avait été dès qu'elle avait ouvert les yeux et le serait encore le jour où elle les fermerait, toutefois, elle méritait une bonne leçon pour croire qu'elle pouvait ainsi jouer aux grandes filles en terme de politique et de stratège. Quant à Feanaro, il avait besoin lui aussi d'une petite correction version reine amazone. Visiblement, il avait proposé ce mariage à la légère et se retrouvait maintenant bien embêté par la tournure des évènements. Eléa en tirait un certain avantage, Philéa en ferait donc de même. L'alliance avec Silmarie renforcée par cette union dans un coin de la tête, la grande reine déclara :

" Vous me semblez bien jeunes tout deux pour vous promettre l'un à l'autre. "

La voix de Philéa raisonna dans le cœur de tous sans qu'elle n'y prenne gare, elle était simplement en train d'aménager ses effets. Lorsque le calme fut revenu dans les yeux de sa fille ainée, elle reprit donc :

" Toutefois, vous me semblez sincères ", la reine ne put s'empêcher de sourire devant l'ironie qu'elle soulevait, " ainsi donc, j'ai décidé de vous accorder ma bénédiction. " conclut-elle non sans une pointe d'amusement dans la voix.

Pour autant, son visage restait impassible, calme, seulement animé d'un petit sourire délicat. La souveraine amazone observa le jeune "couple" avant de reprendre, toujours aussi imperturbable :

" Il reste cependant certains problèmes soulevés par votre union. Le premier est celui du statut de Feanaro ici ... je ne peux décemment pas changer la loi pour toi Capitaine, en tant que reine, je reste seule maitresse de mon armée. Tu ne peux en aucun cas être légitimement commandeur de mes Sentinelles, tout mari de ma fille que tu sois. Mais peut-être pourrais-je étudier la question, pourquoi ne pas choisir le titre de Favori de la princesse ? "

Un nouveau sourire anima les traits de la dame tandis qu'elle reprenait :

" Tu parlais de ne pas pouvoir vivre à Muria, pourtant, rien ne t'en empêches jeune homme. Mais si le cœur de ma fille t'appartient, soit elle acceptera la situation, soit je l'autoriserais à vivre en partie à Silmarie. Je pense que cette solution sera la plus adaptée. De toute façon, en tant que représentant de la Grande Prêtresse en ces lieux, tu seras amené à revenir assez souvent. "

Deuxième point réglé.

" Il me semble évident ensuite que je ne peux m'opposer à cette union sous prétexte que tu ne te sens pas à la hauteur. Je vais être honnête, de mon point de vue, ce mariage me permettra une alliance solide avec le peuple elfique, du votre, à vous de voir. Je ne te dirais pas que tu es le gendre idéal, toutefois, il me semble juste, au nom de nos lois, que tu ai droit à ta chance auprès de mon enfant. Si toutefois tu venais à la trahir, sache que nos lois sont claires : tu seras puni en conséquence. "

Troisième point ok.

" Me semble-t-il enfin que tu me parlais de guerre il y a peu, sache dans ce cas qu'en épousant ma fille, non seulement tu engages ta cité, mais tu t'engages également toi à la protéger. Peu m'importe les moyens, je t'en tiendrais personnellement responsable s'il arrivait malheur à ma fille. "

Philéa se répétait. Tant pis.
Ce petit Capitaine devait comprendre la situation. Il avait joué et il avait perdu. Non pas que la Dame soit du côté de sa fille, elle en ignorait les raison d'agir de celle-ci et préférait pour l'heure les ignorer encore un peu. Elle se doutait qu'à son âge et au vue de son mépris des hommes en général, Eléa devait être animée au mieux de vengeance, au pire d'elle-ne-savait quoi. Dans tous les cas, il s'agissaient surement de raisons puériles. Au moins, cette décision lui donnerait une bonne leçon. Il était évident qu'un mariage n'était pas à prendre à la légère, que celui-ci en particulier les ferait souffrir.
Entrer dans le monde adulte n'est pas sans dommages.
Donner une bonne leçon.
En tirer profit du point de vue personnel et politique.
Voilà qui ressemblait bien à Philéa.

" Pour finir, un autre problème reste à venir ... la cérémonie. "

Je jubilais.
Au final, Philéa avait mis un certain temps à répondre mais maintenant, elle se contrefichait de ce qui pourrait advenir. Je connaissais assez bien ma mère pour savoir qu'elle n'avait pas accepté pour mes beaux et pas exactement pour les raisons que j'avais espéré. Quelque chose, en plus de l'avantage politique certain qu'offrait ce mariage l'avait poussé à dire oui. Et maintenant, Feanaro était pris au piège, petite souris prête à se faire dévorer par son prédateur. Mais pour autant, je n'avais presque pas envie de le dévorer justement ... la mine qu'il arborait me dégoutait presque de tenter de lui jouer ce mauvais tour !
Comment pouvait oser, quitte à perdre sa tête ici, se présenter ainsi à la Grande reine Amazone ? Décidément, il n'était vraiment, mais vraiment pas friand de cette union. Tant pis, ce serait à moi d'en jouer, mais j'espérais qu'il mettrait un peu du sien pour rendre le jeu plus attractif. Bon en même temps, pour l'heure, Philéa ne lui avait pas vraiment offert de compensation ... c'était un peu normal qu'il soit dépité. Qu'est-ce-que je pourrais bien lui offrir en échange de mon petit jeu ? Ben oui, je n'étais pas sans cœur non plus ...

" Mère, je pense qu'il faudrait un titre plus solide pour notre Capitaine ... vous-même disposez de vos Favoris comme bon vous semble, je ne tiens à ce qu'on puisse en dire de même de lui ou de moi. Que pensez-vous de Consort ? Ou de Prince tout simplement ... ce n'est pas grand chose, juste un titre honorifique qui lui évitera des déboires et des remarques. Il en reste qu'il n'aura rien de votre autorité Mère. "

La proposition était osée mais après tout, si j'étais trop égoïste et si je jouais trop avec le feu, jamais je ne pourrais profiter du piège mis en place. Autant lui donner un peu, lui faire croire et éviter que la partie prenne fin avant même d'avoir commence. Et puis, ce n'était qu'un titre, rien de bien méchant en somme ...
Dans ma main, celle de Jelenna semblait bien froide tout à coup. Il était vrai que depuis le début, je n'avais pas vraiment pris gare à la petite. La nouvelle avait du l'ébranler plus que ma propre mère, elle à qui je ne cachais rien, à qui je disais tout, avec qui je partageais tout ... Il me faudrait lui expliquer les choses, je ne tenais pas à la perdre, tout jeu que ce soit. Pour l'heure, je ne pouvais parler devant Philéa. Il me faudrait attendre, bien que la petiote ne puisse pas.
D'ailleurs, voilà qu'elle se tournait vers le Capitaine elfique et plongeait ses yeux d'innocence dans les siens. Que cherchait-elle en agissant ainsi ? Lui démontrer que je lui appartenais et à personne d'autre ? Je crois que Feanaro le savait : jamais mon coeur n'appartiendrait à qui que ce soit si ce n'était à Jelenna peut-être ... mais en tout cas, jamais il ne lui appartiendrait à lui. Alors pourquoi ?

" J'espère que tu prendras soin de ma sœur, je te souhaite la bienvenue dans ma famille. "

Alors là, je tombais des nues, ma sœur, ma princesse bis qui souhaitait la bienvenue à celui qui venait lui voler son bien le plus précieux ? Dément ... Mais au moins était-elle sincère, du haut de ses sept ans, elle était incapable, et surement le serait toujours, de faire du mal ou de mentir pour se protéger elle-même. Il n'y avait là que des paroles sincères dans le flot de mensonge qui avait précédé.

" Te voilà bien diplomate Jel' ! " dis-je avec une certaine surprise et une émotion contenue dans la voix. Un baiser accompagna ma phrase, en douceur, simple tendresse sur la joue de ma soeur, puis je reportais mon attention sur Philéa.

" Mère, je pense qu'il nous faut prévenir la Grande Prêtresse, qu'en pensez-vous le faire ? "

Il fallait précipiter les choses à la fin.
On ne pouvait pas rester indéfiniment ici ...

[ Je suis désolée, j'ai fait cha vite, promis, je réponds au plus vite la prochaine fois !! ]