Philéa me le payerait en temps voulu, pour l'heure, je préférais obéir à ses ordres.
Moi, l'ancienne assassin royale trahie, ou plutôt, l'ancienne Sentinelle oubliée pour une sale petite jeunette d'à peine dix-huit ans à qui on donne le pouvoir de devenir le Chef de toute une armée. La chef des Sentinelles rien que ça ! Alors que moi ... j'étais tout simplement là, depuis tellement d'années, tout aussi talentueuse si ce n'est plus, peut-être pas un arc dans les mains mais mes autres qualités auraient suffis ! Peu importait, dans sa stupidité, notre souveraine m'avait au moins permis officiellement de quitter la cité amazone et ce, pour une mission dite secrète. Sans doutes une façon pour elle de se racheter quoi que ce n'était pas son genre, pour elle, c'était normal d'avoir agi ainsi. Kiera devait être à l'origine de cette idée sans doutes pour se racheter, elle, la petite peste qui pleurait à chaque mort qu'elle infligeait. J'espérais simplement que cette morveuse prendrait soin de mes filles tout comme l'ensemble de la population amazone. C'était l'une des raisons uniques pour lesquelles la cité tiendrait debout encore quelque temps, juste assez pour voir si la Troupe était digne de confiance et assez forte pour les protéger. Juste assez pour que Alaween et Lucia soient assez grandes pour sortir du cocon protecteur que Muria offraient à mes filles.
Philéa n'avait que peu d'informations sur cette Troupe naissante, elle savait juste ce que la petite assassin lui avait dit. Quelqu'un montait une Troupe de saltimbanques et cette Troupe permettrait de recueillir toutes sorte d'informations pour les amazones même si au fond, leur réseau était largement suffisant pour ne pas avoir besoin de ça mais bon, ce que j'en disais ne valait pas grand chose et la Troupe aurait au moins l'avantage de permettre à une amazone de pénétrer dans la cité de Ptot Tàh ou encore pire, dans celle de Cydonia, sans se faire prendre. Quelque part, c'était une fine stratégie lorsqu'on se donnait la peine d'aller un peu plus loin que le bout de son nez. Le seul souci majeur restait sans doutes de trouver cette fameuse Troupe.

La nuit était tombée depuis surement des heures, je ne me souvenais plus du tout depuis combien de temps j'avais quitté la taverne mais assez du moins pour dessaouler. C'était déjà ça. Je marchais donc dans les ruelles sombres à l'odeur pestilentielle de Ptot Tàh, cherchant une troupe de saltimbanques fantôme qui se jouait de moi. Ô Destin, quand en aurais-tu assez de jouer ainsi avec ma vie et ma patience ? Il fallait croire que tu n'étais pas lassé de tout ça et pour l'heure, l'ironie de la situation me plaisais suffisamment pour ne pas m'en plaindre. Le visage fermé, je ne jetais aucun coup d'œil aux pauvres esclaves de la cité gisant ici et là sans avoir de quoi serait fait le lendemain. Les esclaves étaient monnaie courante dans cette cité et si je ne pouvais pas en aider un seul, pourquoi chercher à en aider dix ou plus ? Autant leur épargner mon regard compatissant ou encore pire, ma pitié. Ils souffraient déjà suffisamment et de toute façon, comme je l'ai déjà dit, je ne pouvais rien pour eux.
Une heure passa encore.
Je me demandais à présent où j'étais, perdue dans ces ruelles de plus en plus sombres que contenait la cité du désert. L'éclat discret de la lune n'aidait en rien mais ce qui m'inquiétait le plus sans doutes était d'être une femme seule en pleine rue la nuit. A Muria, peu importait, mais ici, n'importe quel mâle mal avisé tenterait une approche soit en pensant que j'étais une proie facile à piller soit que j'étais une donzelle facile à violer. Dans les deux cas, très peu pour moi et dans les deux cas, je serais obligée de mettre fin à la vie d'une pauvre âme. Heureusement pour moi, personne ne chercha à me voler ou le 'i' en plus non, au contraire, les hommes semblaient me fuir comme la peste et les femmes me regardaient de travers ... ce n'était pourtant pas marquer sur mon front que j'avais tué des dizaines d'hommes dans ma vie et encore moins que je l'avais fait avec plaisir parce que ce n'était pas le cas de toute façon ! Non sans doutes était-ce surement juste parce que j'inspirais la peur avec ma tête de déterrée, mon arc, mes flèches et mon air psycho-rigide. Oui, c'est ce qu'il fallait se dire et puis je m'en foutais royalement en fait. Peu m'importait pourquoi ces gens ne m'approchaient pas, sans doutes était-ce tout simplement à cause de mes vêtements qui paraissaient riches, du moment que personne ne me parlait, j'étais heureuse. Seules mes filles touchaient mon cœur et il se trouvait qu'aujourd'hui, elle n'était pas là pour ça.

Ce fut perdue dans mes pensées que je ressentis le choc. Au détour d'une ruelle, quelqu'un me percuta violemment, me projetant au sol de tout mon long sans que je ne puisse rien faire. Il me fallut, à ma grande honte, plus de temps qu'à l'homme, parce qu'en plus c'était un homme, qui m'avait percuté pour me relever. J'évitais sa main en faisant semblant de ne pas la voir puis j'époussetais mes vêtements et pour finir, ma chevelure devenue ocre du fait de la poussière. Ensuite, je me retournais vers cet étranger, l'écoutant vaguement me dire qui il était.

" Informations ? Réellement ? " interrogeais-je faussement surprise.

Un sourire tout aussi faux mais tellement bien imité se dessina sur mes lèvres tandis que je lui tendais la main en ajoutant :

" Lika. Pas de problèmes, je n'ai rien, et les voleurs sont malheureusement coutume en cette cité. Êtes-vous ici depuis longtemps Ithilion le conteur ? "

Le masque était mis, Lika entrait en scène, l'amazone était bien loin de moi, la mère de trois enfants encore plus.

-Qu'importe. répliqua Ithilion en empoignant joyeusement la main qu'elle lui tendait. Calculer sa vie à la minute me rendrait plutôt dépressif. Du faite de quelques problèmes rencontrés, j'ai un peu perdu notion du temps. Je suis ici, aujourd'hui, cela me suffit amplement.

Nouveau sourire. Cette femme paraissait vraiment charmante, mais il fallait se méfier tout de même, garder la tête froide et l'esprit clair. Nombreux étaient les traquenards tendus pour les ignorants dans les basses rues de Ptot Tah. D'ailleurs, que faisait-elle ici ?Deplus, accoutrée d'une telle façon? Son majestueux arc de bois porté en bandoulière dans son dos, ses jambes fines, puissantes et ses bras musclés, ses magnifiques yeux violets calculateurs, tout clamait en elle une redoutable guerrière chevronnée. Pas étonnant qu'elle se promène ainsi vêtu sans rencontrer de problème véritable. Du moins pas encore. Une chose inquiéta plus cependant le jeune barde. Le faite d'avoir longtemps joué dans une troupe d'acteurs et de musiciens, d'avoir ensuite prit le tic de toujours étudié son publique lorsqu'il jouait sur scène , Ithilion commençait à apprendre et à comprendre certains gestes du corps, qui étaient parfois bien plus révélateur que la voix. Son ton amusé, le sourire enjôleur qu'elle lui adressa le trompèrent immédiatement, jusqu'au moment ou il tomba le détail qui clochait dans cette mise en scène : ses yeux ! Restés froids, épiant le moindre de ses gestes, bref, son regard était tout sauf celui de la personne enjouée que cette Lika voulait paraître.
Ou alors sans doute le ménestrel se faisait encore de fausses idées. Créée par les récents évènements que lui et Elionne avaient difficilement subit, la méfiance était devenue spontané chez lui. Non par peur. Par son manque d'expérience. IL avait reçu l'aide inattendue de la chance une fois, jouer avec cette entité capricieuse une deuxième fois s'avérait extrêmement dangereux pour la santé.
Ne quittant les yeux de la jeune femme, Ithilion voulut en savoir d'avantage. Peut être arriveraient-ils à un arrangement et collaborer ensemble. Elle ne semblait pas se promener dans les bas quartiers de Ptot Tàh pour ses emplettes, recevoir son aide pourrait être une très bonne chose, pourquoi ne pas tenter ?

-Mais dites moi Lika, vous ne vivez pas ici ? Parlons franc jeu, hormis votre nom, je n'ai aucunes informations sur vous. Ce n'est pas très équitable.

Guettant toutes réactions, Ithilion se tenait prêt à bondir au premier mouvement menaçant. Il ne connaissait absolument pas cette femme, et elle ne lui inspirait pas du tout confiance. En tout cas pour le moment.

Posant un doigt sur son menton, Ithilino fit mine de réfléchir. Son état d'alerte était revenu à la normal. Cette jeune femme, bien qu'il pressentait toujours une dangereuse guerrière en elle, lui semblait fortement amicale et avait paru sincère quand à sa biographie. Du moins, il n'avait pas remarqué de gestes parasites qui pourraient signifier le contraire. Cela eût pour effet de le réconforter. Son visage retrouva sa gaité habituelle, pétillant dans ses yeux sous un large sourire. En tout cas, donnant donnant. Elle lui avait offerte son identité, il se devait de ne pas déroger à la règle.

- MA vie n'a rien de bien passionnante non plus, "jeune voyageuse".

Ces derniers mots étaient prononcés avec une certaine ironie. Dans le discours de cette Lika, il se trouvait que cela avait été la seul chose qui sonnait faux. Pas faux dans le sens qu'elle lui mentait. Faux dans l'état ou une simple voyageuse ne pouvait dégager une aura si impressionnante de puissance. Bien qu'elle n'avait beaucoup bougé durant leur entretien, les quelques mouvements qu'elle effectua se constituait d'un mélange de grâce et de souplesse faisant irrésistiblement penser à un félin. Un jeu se déroulait maintenant. Les deux camps le savaient pertinemment, le but était simple: soutirer le plus possible d'informations de l'autre sans en accorder trop de son côté. Pour Ithilion ce n'était d'avantage qu'une question de principe, plutôt qu'un manque de confiance. Etaler sa vie ne lui plaisait guère des masses, par contre apprendre restait un véritable plaisir. Surtout dans ce genre de défi. Cette fille l'intriguait et il voulait la connaître mieux, du moins découvrir ses intentions véritables. Pur logique. Pourquoi lui aurait-elle tout dévoilé ? A lui, simple inconnu qu'elle venait juste de rencontrer d'une façon un peu brutal, c'était le cas de le dire. La gentillesse et la naïveté avaient des limites, surtout lorsqu'on portait un si bel arc dans le dos et que l'on parle de confier des armes à ses enfants sur le ton de la plaisanterie.
Tout en réfléchissant à la manière dont il allait procéder, il reprit afin de combler le vide qui s'installait malicieusement :

-Disons que je connais très bien Ptot Tah, surtout ces quartiers que vous qualifiez indirectement, à juste titre cependant, d'insalubre. Seul exception à mon orientation déplorable à l'extérieur.


Il se permit un petit rire franc face à son auto dérision. Histoire de gagner la sympathie de son interlocutrice. Bien que cela semblait être déjà fait.

-Étant barde, l'on m'avait demandé de venir conter ici pour une personnalité importante de cette cité. Avant de repartir, je souhaitais juste repasser dans ces rues ou seule misère règne. C'est une chose que j'accepte difficilement.

Voila. L'amener petit à petit dans ses filets. Sans pour autant tourner autour du pot. Maintenant, lui concéder un petit bout d'info pour l'appâter.

-Ensuite, je contais effectivement voir la Troupe dans l'immense spectacle qu'ils nous ont concocté. Je suis désolé mais je ne me souviens plus du nom de l'endroit ou il se trouve. Du moins je ne le visualise difficilement comme ça.

Son doigt gratta doucement son cuir chevelu, à l'intérieur de ses cheveux bleus en batailles, son visage à l'air désolé, Ithilion tenta de paraitre le plus crédible possible. Ce qui n'était pas trop dur, vu les heures d'entrainements lorsqu'il vivait dans la troupe d'Elionne.


-Cependant, je pourrais aisément vous y mener lorsque j'aurais terminé ma promenade ici. Le concret m'a toujours parut plus facile que la théorie. J'en suis navré. Si vous voulez, vous pouvez m'attendre ici. L'endroit ou je me rends n'est pas trop un coin pour les frêles voyageuses dans vôtre genre qui cherche un havre de paix pour élever sa progéniture paisiblement.

Le dernier point d'attaque. La cible visée étant l'égo de la combattante qui sommeillait ou somnolait en elle. En attente de surgir afin d'assouvir sa soif insatiable de sang. Du moins c'est ce qu'il espèrait, ce n'était que le résultat de conclusions hatives et de beaucoup d'instincts. Il avait tout misé la-dessus mais tant pis, il fallait malheureusement savoir jouer risqué de temps à autres. Et puis...au départ, il n'avait pas prévu d'être accompagné.Alors qu'est ce que cela changerait ? hormis le pourcentage de survie.


[hrp] : voila. désolé si ya des fautes de synthaxes ou d'orthographes. Mais je suis crevé, j ai la flemme de me relire ce soir.

Je regardais ce drôle de personnage d'un air dubitatif. Quelque part, quelque chose comme une conscience me disait de ne pas me fier à cet air gentil et taquin qu'il arborait, comme si au fond, il cherchait à cacher un terrible jeu. Mais après tout, qu'avais-je à craindre moi qui en faisais de même ? Le jeu du chat et de la souris m'avait toujours plu dans la cour de l'école de Muria. En réalité, je n'y participais jamais, n'aimant que peu me mêler aux enfants de mon âge comme à la race humaine en général mais j'aimais les regarder jouer. Voir à quel point le chat avait de pouvoir sur les souris et vice versa. Le plus amusant dans ce souvenir étant de voir à quel point un jeu d'enfant pouvait ressembler à la vie réelle. La vie adulte. Car qu'est-ce-qui différait ici ? Dans cette conversation, il y avait un chat et une souris qui tour à tour s'échangeait leur place jusqu'à ce que l'un prenne le dessus sur l'autre et reste tout simplement le chat. Je n'avais plus qu'à espérer que je serais la dernière à être le chat et que je pourrais ainsi obtenir des informations ... pas vraiment de danger, la souris ne risquait pas d'être mangée !
Les quelques répliques de mon interlocuteur m'en apprirent plus sur lui qu'il ne voulait bien m'en dire. Déjà, il cachait bien son jeu, comme je l'avais déjà plus ou moins deviné auparavant. Il était ironique, voire sarcastique, et il n'avait pas l'air d'avoir "gobé" mon histoire de voyageuse. Bon jusque là, c'était logique, une jeune femme portant un arc d'aussi belle facture ne peut être une voyageuse ordinaire. Je pourrais toujours éclairer le jeune homme sur une vérité approchante en temps voulu, ce n'était pas un problème. Ensuite, j'avais bien compris qu'il cherchait des informations, sur moi peut-être mais plus généralement sur tout ce que je pourrais savoir, intéressant ou non. Les bardes étaient tous les mêmes apparemment !

Bon point, il connaissait la cité du désert, ce qui n'était pas mon cas malgré le temps, deux jours ou plus je ne me souvenais plus très bien en fait, que j'y avais passé moi-même. Bon, peut-être pourrait-il me mener dans ce cas à la Troupe puisqu'obligatoirement, il devait savoir où elle se situait ! Il n'y avait que moi qui pouvait avoir un sens de l'orientation des plus déplorables ... non ? Et bien il fallait parier que non car visiblement, le jeune homme partageait mon incompétence en ce domaine. Mais, et heureusement pour moi, il savait où elle se trouvait sans se souvenir du lieux précis, il était donc juste incapable de me dire où elle était précisément mais pouvait m'y emmener. Contre mauvaise fortune bon coeur, j'allais m'en contenter !

Sa dernière remarque me fit sourire intérieurement.
Les hommes étaient parfois bien prévisible et le pauvre bougre n'était pas tombé sur la bonne personne pour jouer à ce jeu-là. Le chat et la souris passe encore mais de là à tenter de me prendre par les sentiments ... beaucoup avait essayé avant moi et peu y étaient arrivés. Cela faisait bien longtemps que j'avais quitté le monde sentimental des petites demoiselles en fleur pour appartenir à celui, bien plus brutal, des hommes et des femmes fortes. Autant dire que sa petite réflexion ne risquait pas de m'atteindre de si tôt, pourtant, j'étais curieuse de voir où il se rendait. Et puis, je ne comptais pas m'attarder ici. En revanche, la question était de savoir s'il avait prévu ma façon de réagir ou non. Il pensait certainement, et à juste titre, que je n'étais pas la frêle petite voyageuse pour laquelle j'essayais plus ou moins de me faire passer, du coup, avait-il prévu ma réaction auquel cas sa proposition était-elle un piège ou ne s'attendait-il tout simplement pas à ce que j'accepte de le suivre ?

" Je vous remercie de votre sollicitude, cela fait un petit bout de temps que je cherche la Troupe, en réalité, je souhaiterais intégrer ses rangs. Je pense que mon don pour le tir à l'arc pourrait être utile et puis, comme je vous l'ai dit, je suis une voyageuse curieuse et je pense à juste titre que la Troupe doit rassembler bon nombre de curieux lors de ses spectacles. Est-ce votre cas également ? "

Bon, voilà qui était dit, et pour la suite ...

" Frêle voyageuse ... vous exagérez quand même non ? " demandais-je, un grand sourire aux lèvres, un petit rire amusé entre les lèvres.

" Mais vous avez raison sur un point, je n'aime pas beaucoup ce quartier ... aussi, si cela ne vous dérange pas, je vais vous accompagner. Peut-être qu'à nous deux, nous éviterons de nous perdre qui sait ? "

Une nouvelle petite note d'humour ne faisait jamais de mal et c'était une bonne occasion de satisfaire ma curiosité et peut-être d'en apprendre plus sur un sujet quelconque. Il était donc fort aventageux de le suivre et puis ... si les choses tournaient mal, je ne me faisais pas de soucis pour moi. J'étais douée à l'arc mais pas seulement dans ce domaine. Bon, au moins, je pouvais être fière de moi, je venais de répondre en plaisantant, sans montrer qu'il m'avait piquée au vif, ce qui n'était d'ailleurs pas le cas en réalité de toute manière, et je m'imposais par la même occasion pour le suivre. Mais ... il manquait la cerise sur le gateau non ? D'humeur taquine, j'ajoutais :

" Et puis, si vous connaissiez mes filles, vous non plus, vous n'auriez pas envie qu'elles trainent par ici ! "

Allez maintenant, il était temps de voir si ma méthode, aussi peu réfléchie soit-elle, portait ses fruits. Je tiens à faire la route avec toi petit barde, tu pourrais m'être bien utile ... tout comme je pourrais l'être en retour pour tes petites histoires ...

[ Beuh ... pourquoi je joue une Lika aussi sadique XD ]

Le jeune homme m'amusait. Finalement, il ne serait peut-être pas désagréable de faire un bout de chemin en sa compagnie et puis de toute façon, je n'avais pas le choix puisque j'étais aussi incompétente à trouver mon chemin qu'à tenir une épée. Il était mon seul espoir d'être guidée rapidement vers la Troupe et il titillait suffisamment ma curiosité pour que je refuse de le laisser filer aussi vite. Dans tous les cas, j'avais bien envie de faire ce morceau de route à ses côtés que cela lui plaise ou non. Alors si en plus il y mettait du sien, c'était encore mieux !

" Oui, il est vrai que le vouvoiement devient vite une plaie ! Allons-y pour le tu "lançais-je gaiement en réponse à sa question rhétorique.

Au fond, le tutoiement permettait d'approfondir des liens instables, de creuser un peu plus et de créer une certaine intimité ou tout du moins, une proximité nouvelle. En d'autres termes, ça ne me dérangeait pas, bien au contraire. Cela voulait dire qu'il m'appréciait ou au moins, tirait assez d'avantage à me parler pour vouloir aller un peu plus loin encore. Qui sait, peut-être se révèlerait-il utile pour la suite ?

Un petit accès de curiosité ... pourquoi pas. J'écoutais, amusée par le ton et la tournure qu'il employait dans sa phrase, ce qu'il avait à dire et où il venait en venir. Visiblement, il était bien plus curieux que je ne l'aurais cru.

" Je croyais qu'on se tutoyait ? " précisais-je avec humour.

Mhm ... la question était ensuite de savoir ce que je pouvais lui dire de mes filles et ce que je pourrais en tirer en retour. Si je lui donnais des informations sur moi, je pourrais le conforter dans l'idée que je n'étais qu'une voyageuse sans histoires et peut-être me ferait-il assez confiance pour me donner des informations à son tour. C'était tentant. J'étais tentée.

" Mes filles ... " commençais-je, un petit rire amusé aux lèvres.

" Elles ne sont pas assez grandes pour être un danger potentiel même s'il semble que mon aînée aient les mêmes prédispositions que moi pour le tir à l'arc. Elles ont tout le temps de devenir adulte ! "

Un petit rire à nouveau, imaginant mes filles adultes.

" Maria a huit ans et les jumelles quatre. A cet âge, on n'est dangereux que pour soi-même ! Non, je ne les voyais tout simplement pas vivre ici. Ptot Tàh est une belle citée, mais elle reflète parfaitement l'âme humaine à mes yeux. Toute aussi belle qu'elle soit, elle n'en reste pas moins souillée de l'intérieur. Les vols, les attaques, les viols, l'esclavage, je ne tiens pas à ce que mes filles connaissent cela à leur âge ou même plus tard d'ailleurs ! Ne t'en fais pas, tu n'as rien à craindre d'elles ! "

Bon, avec ça, il devrait être satisfait sinon c'est que je ne comprenais vraiment pas les hommes ! Enfin ça c'était plus que probable. Je m'attendais d'ailleurs à une autre tirade que celle qui allait suivre ... à vrai dire, je connaissais assez la cité pour savoir qu'elle rimait dans ces bas quartiers avec infamies de tout genre mais qu'il m'en parle comme ça, après ses petites plaisanteries ... c'était un peu hors du commun. Cela signifiait-il qu'il me faisait confiance ?
L'idée de combattre pour quelqu'un d'autre que moi ne m'enchantait guère, surtout lorsque je n'étais pas concernée mais quelque part, l'aider m'offrirait une chance de plus de rejoindre rapidement la Troupe alors pourquoi pas ? Je n'avais pas d'autre guide, c'était peu probable que j'en trouve un autre et le laisser filer pour le retrouver très certainement mort le lendemain ne m'avancerait à rien.

" Je vais être honnête à mon tour. Je n'aime pas spécialement cette ville et même si la situation des esclaves me chagrine, je ne peux rien y faire mais je consent à t'aider. Une petite pierre à l'édifice en somme. "

Je n'avais pas vraiment le choix en même temps vu ma situation.

" Mon arc est à ta disposition. Quel est ton plan ? "

Voilà que le côté guerrière ou pire, militaire, reprenait le dessus.

Ravie d'avoir convaincu Lika de l'aider dans la tâche ardue entreprit, Ithilion hocha inconsciemment la tête de satisfaction. Le but n'était pas de balayer tout les gangs existant dans Ptôt Tâh, ni de créer une énorme révolution afin de renverser le pouvoir et en finir avec cette esclavagisme. Si cela pouvait se réaliser, il y aurait eut bien longtemps que l'évènement se serait produit. Non. Seul l'honneur d'une promesse faite sur les corps froids de ses parents le poussait à venir les venger, tel la malédiction des morts, revenant à la vie afin de châtier le ou les auteurs du crime commis. Voilà, l'idée se dirigeait plus dans ce sens; D'abord leur infliger une torture psychologique, comme leur inséminé une peur étouffante ou des épouvantables doutes dans leur esprits détruisant ainsi petit à petit leurs quotidiens. Puis ensuite les anéantir. Jusqu'au dernier. Un travail à la fois long, périlleux et minutieux qui demandera toutes les facultés disponibles des deux compagnons. Mais bon, ne disons nous pas que Cydonia ne s'était pas construite en un jour ?
Ithilion s'apprêtait à lui donner de plus amples informations quand au plan conçu. Seulement, un vacarme effroyable le coupa à cet instant. L'effondrement de taules et d'autres objets en tout genre laissa place à une jeune femme, sans doute caché derrière au préalable, dont le visage horrifié regardait dans leur direction. La réaction du bard fût un long sifflement d'étonnement. Étonné en même temps par l'inattendue apparition de cette nouvelle inconnue qui semblait tout bonnement les espionner, étonné aussi par la vivacité dont avait fait preuve Lika en mettant cette curieuse dans l'alignement de d'une de ses flèches mortelles.

-Bonjour. commença joyeusement Ithilion à l'adresse de l'inconnue. Inutile de te préciser que si tu tentes quoi que ce soit...Enfin bref.

Il jeta un bref coup d'oeil à son amie qui, elle, par contre ne quittait pas sa cible de son regard acéré. Maintenant, elle ne ressemblait plus tout à fait à un félin mais plutôt à un impitoyable rapace ayant repéré sa proie. De ce qu'il avait pu en déduire, Ithilion savait que Lika n'était pas du genre à agir avant de réfléchir. La personne, qui n'osait esquisser (à juste titre) le moindre geste, n'encourait pas de réels risques. Pour le moment du moins.

-Que faisons nous Lika? reprit le conteur d'une voix tranquille dans le but de mettre la victime mal à l'aise et d'étudier tout ses réactions, infimes soient-elles.. Devons nous prendre la peine de l'interroger à ton avis?

Je m'étais souvent demandé pourquoi j'avais une propension à attirer les ennuis. Il fallait croire que je n'aurais jamais la réponse mais que cette malédiction me poursuivait encore, même au delà des murs de ma cité natale. Enfin, ce qui avait été la cité de mon enfance pour être plus exacte. Pourquoi les choses tournaient-elles toujours plus ou moins mal en ma présence ? Comme si à moi seule, je pouvais changer négativement le destin des gens, leur porter malheur ou quelque chose du genre ...
Cette réflexion faites, je ne quitter pas des yeux la jeune inconnue qui s'était glissée dans notre conversation, tel un cheveu sur une soupe encore tiède. Je me demandais intérieurement comment elle avait fait pour garder son calme pendant que je la mettais en joug. Il était déjà rare que des gens cherchent la bataille en pleine cité, surtout ici à Ptot Tàh où les gardes allaient et venaient pour vérifier que tout se passait bien et éviter éventuellement que des esclaves se fassent la belle. Et puis en général, je savais que mon air concentré et la volonté apparente de tuer sur mes traits faisaient fuir même les hommes les plus courageux de ce monde. Pour peu qu'il y ait eut des hommes courageux.

Cette jeune femme m'intriguait peut-être encore plus qu'Ithilion n'avait titillé ma curiosité. Comment faisait-elle pour rester si calme alors que je la pointais de mon arc ? Pensait-elle que ma menace n'était pas sérieuse, ce qui était le cas certes mais elle ne pouvait pas le deviner. Non franchement quelque part, il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas "amusée" de la sorte et que je n'avais pas rencontré des gens qui en valait la peine dès le premier contact. La petite dame ouvrit la bouche et je ne pus m'empêcher de constater qu'elle avait plus de courage qu'elle n'en avait l'air. Sans pour autant la croire concernant ce qu'elle avait entendu de notre conversation, je notais son courage et sa volonté de vivre. Ses traits neutres pouvaient m'indiquer qu'elle était d'un naturel calme certes mais surtout stratégique. Les gens de la même trempe se reconnaissent entre eux et il était fort à parier que pour être aussi froide et insolente, cette jeune femme avait forcément du sang sur les mains ou tout au moins si je me trompais sur ce point, bien que j'en doutes, qu'elle avait quelque chose à cacher. La première solution me convenait mieux. En général, j'étais assez attirée par les gens sombres, distants et froids parce que telle était ma propre nature mais je savais également reconnaitre les gens comme moi, qui prenaient la vie au nom de quelques souverains ou riches barons. Il me semblait reconnaitre quelque chose de ce genre là chez la demoiselle en face de moi.
J'avais reconnu la même chose chez Kiera à l'époque et même si elle n'avait jamais voulu avouer qu'elle était l'assassin de Philéa déjà à l'époque où j'occupais ce poste, j'avais toujours deviné qu'elle œuvrait dans l'ombre pour la reine amazone. Mon flair ne m'avait pas trompé et la petite peste avait pris ma place sans scrupules ... Bon et puis après tout, je m'en foutais non de savoir qui elle était. toutes ces élucubrations m'amèneraient à quoi en plus ? A imaginer des choses et cela ne faisait rien avancer.

Bon, de quoi parlait-elle déjà ? Ah oui, cela devait faire quand même deux bonnes minutes qu'elle s'était tue et je n'avais retenu que deux choses importantes dans son maigre discours. Elle faisait partie de la Troupe, bon point éventuel pour moi et elle s'appelait Elly Sora. C'était déjà pas mal et puis j'étais lasse de tout ça. D'un geste tout aussi rapide du poignet, je rangeais la flèche dans son carquois tandis que l'arc rejoignait lentement mais surement mon épaule. Ceci fait, j'observais la demoiselle et lui tendait la main sans pour autant me départir de mon air sérieux.

" Je te remercie du compliment. "

Tiens, c'était rare ça chez moi de remercier qui que ce soit. D'ailleurs, c'était rare que je range flèche et arc juste par lassitude. Bon, quoi qu'il en soit, elle pouvait m'être utile et au vue de son sang froid, elle pouvait se révéler utile également pour le barde. En d'autres termes, je ne voyais pas pourquoi la menacer davantage.

" Comme tu le sais, je cherche la Troupe mais pour l'heure, mon devoir est avant tout d'aider ce jeune homme. Puis-je te demander ce que tu faisais dans les rues à cette heure tardive ? "

Beurk, voilà que j'engageais la conversation ... Et bien, cette soirée était riches en surprises c'était le moins que l'on puisse dire !
En réalité, je me demandais comment ramener la conversation sur le plan d'attaque. Plus que tout, je me demandais comment convaincre mon interlocutrice de se joindre à nous car s'il était évident que nous aurions un intérêt à la compter dans nos rangs au vue de son sang froid, quand était-il de son avantage à nous rejoindre ? Je laissais donc le soin à Ithilion de faire avancer les choses, les discours et moi ... ce n'était pas le grand amour.

[ Désolée mais je ne savais pas comment nous dépêtrer de cette situation. En plus, je pense que c'est plus à Ithilion d'engager la conversation non ? Parce que bon ... Lika n'est pas très loquace en général XD
Ah et ... je n'ai pas eut le temps de me relire aussi ! ]

[ Edit : merci Elly ! ]

La belle Nùa saisit la main de la jeune femme.
Elle avait la peau douce, une poigne ferme, des ongles propres, et aucun cals, et ce malgré la tension de l'arc. De très belles mains en somme, ce qui était une très bonne chose. Pourquoi ? Eh bien, Elly Sora avait toujours eu le sentiment, assez curieux il est vrai, de penser qu'une personne bien manucurée ne pouvait être une mauvaise personne. Elle avait donc une opinion positive de cette femme, dont le nom lui était toujours inconnu par ailleurs.
Mais, à vrai dire, là n'était pas vraiment la question. Pour l'heure, trêve d'observations et de réflexions de tout genre. L'heure était à la discussion. Il fallait peser ses mots, ne pas se laisser entraîner dans une situation dont elle ne pourrait pas s'extirper.

Car Elly Sora était partagée. Elle préférait partir sur de bonnes bases avec l'archère, qui, vraisemblablement, allait devenir sa collègue. Parallèlement, la Nùa n'avait aucune envie d'être entraînée dans une affaire dont elle ne pourrait pas s'extirper. Et, d'après ce qu'elle avait entendu, partir démanteler un groupe de petite frappes de bas quartiers ne correspondait pas à l'idée qu'elle avait eu de sa ronde informative. Que faire ?

Après tout, rien ne l'obligeait à les suivre. C'était son droit de se balader dans les Bas-fonds, aussi malfamés soient-ils, et elle n'avait réellement aucune raison de suivre ces deux conspirateurs de passage. La dame cherchait la Troupe, très bien, elle l'avait trouvée. Il suffirait à Elly Sora de lui indiquer l'endroit où elle pourrait la retrouver, et rejoindre les rangs des saltimbanques. Quant au jeune homme, eh bien, "peu m'en chaut!", se disait-elle. Aussi sympathique qu'il puisse paraître, jamais elle n'oserait le fréquenter. Toujours, elle avait été autonome, et toujours elle voudrait le rester. Elle ne suivrait pas ces deux spécimens, et d'ailleurs, elle avait mieux à faire !
Elle jaugea rapidement ses deux allocutaires, qui lui accordait toute leur attention, dans une espèce de latence déguisée.

L'heure avait tourné depuis que Elly Sora était partie de là d'où elle était venue. En automne, le soir tombait vite, et le vent semblait plus glacial encore depuis que les trois personnes s'étaient rencontrées. La tension, l'attente et l'appréhension tournoyait entre eux, comme les feuilles qui crissaient sur le sol terreux. On se rendait bien compte que leur réunion était atypique, sur chacun des trois intervenants se trouvait dans une position délicate, et qu'il serait ardu de trouver un terrain d'entente.

Je me promenais. Tout bonnement.

Rien ne reste infiniment en suspension... Il fallait bien que la Nùa eût répondu à un moment ou à un autre.

Dans l'état actuel des choses, elle ne savait pas ce que présageait leur discussion. Rien de bon sans doute, mais il faudrait s'adapter, au fur et à mesure, et ne montrer ni trop, ni trop peu. Garder une longueur d'avance. Il fallait toujours garder une longueur d'avance.

C'est sur cette pensée que s'arrêta Elly Sora. Elle n'alla pas plus avant dans le cheminement de sa pensée, et ce pour une raison simple : ils furent interrompus par une bande de canailles qui arrivait bruyamment en direction de l'Est.

D'un même mouvement, l'attention de l'archère et celle de Elly Sora translata vers le groupe dégénéré. Ni une, ni deux, et les voilà prêtes à en démordre, l'expression grave et concentrée. On aurait presque dit un mouvement de danse, une chorégraphie d'un genre nouveau, orchestré avec une symbiose quasi parfaite. Ces deux-là connaissait leur art, ou plutôt... leurs arts, celui du spectacle, et celui du combat. Derrière la Nùa se situait le conteur, dont elle ne connaissait pas la réaction. A cet instant précis, seule comptait l'offensive. Et, [g]a priori[/g]elle serait efficace.

[Pardonnez-moi si ce post laisse à désirer... Je ne savais pas trop comment désengorger la situation en restant fidèle à mon personnage. Je t'ai un peu manipulée Lika, j'espère que tu ne m'en voudras pas.]

Bilan de cette nouvelle rencontre. Elly, trentaine d'année, redoutable combattante au tempérament froid et réfléchie. Au final, elle ressemblait beaucoup à Lika. Alors qu'Ithilion allait répliquer quand à la réponse simpliste de la nouvelle saltimbanque, un petit groupe de cinq hommes qui pénétrèrent dans la rue, non sans se faire remarquer par leurs beuglements, et avancèrent dans leur direction. Quand ils se rendirent compte que devant eux se trouvait trois personnes dont deux jeunes femmes et un homme à l'apparence filiforme, des proies faciles en sommes. D'un accord tacite il s'approchèrent prudemment, de longs coutelas à la lame abimés en mains. Dans un même élan, les deux saltimbanques s'étaient retournées pour se mettre dans une position de défense contre ces escogriffes qui ne se démontèrent pas devant les armes pointés sur eux. Le cydien soupira. Pourquoi fallait-il toujours que cela en arrive la? Les armes, la violence, c'était triste. Après pouvait-il leur reprocher de détrousser les gens pour survivre ? Ne serait-ce pas la la réaction de tout individu dans la misère? Oui, mais la il y avait des chances que ces hommes fassent partie de ces engeances qui martyrisaient les pauvres de ces quartiers en instaurant des taxes et en les persécutant. Ithilion ferma les yeux un instant pour reprendre son calme et se concentré. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était battu, mais si sa mémoire avait oublié, son corps lui se souviendrait de tout ce qu'il avait apprit. Quoique...Restant tout de même dans une position de combat assez bonne pour parer toute imprévu, le zelote préféra ne pas bouger et contempler comment allait réagir les deux femmes. Analyser leurs mouvements, leur efficacité. Voir à quel point elles étaient dangereuses.


(HRP: je suis vraiment désolé de ce court texte minable apres autant de temps, je promets de faire mieux la prochaine fois, mais j'étais pas trop motive et j voulais pas bloquer le rp.)

Edit Eléa : Les actions en italique jeune homme

"Tout le monde ment".
Cette phrase devenue célèbre ne pouvait que se révéler vraie dans notre situation car il était évident que Elly comme Ithilion ou moi-même mentions sur nos origines, sur nous comme sur nos intentions et ce dans l'unique but de préserver nos vies. Car c'est bien connu, quiconque sait un détail sur vous devient un ennemi potentiel fort d'une précieuse information. Mieux valait donc que les informations distillées soient fausses et si elles étaient vraies, qu'elles soient bien dosées. La jeune femme en face de moi semblait en tout cas de ce genre de personnes qui ont l'art de manipuler les mots. Pour moi, cela constituait tout autant une qualité qu'un défaut. En effet, j'avais toujours envié la capacité hors norme de Philéa de faire dire aux mots ce qu'elle voulait ou encore, de distiller avec parcimonie les informations, tourner ses phrases de telles sortes qu'on n'en cherche pas d'avantage. Oui, mais toute qualité à son revers et la dame devait souffrir toute sa vie des mensonges qu'elle avait tissée autour d'elle. De sa prison, elle ne pourrait que constater le désastre car à trop mentir, on fini toujours par le regretter.
Certes la réponse de la jeune femme ne me satisfaisait pas vraiment. Certes avait-elle l'air gentille mais également redoutable. Certes ... mais de toute façon, même si j'avais voulu lui demander de plus amples informations, cela ne m'aurait pas été possible car déjà, le destin se remettait en marche, horloge insensible.

Une poignée d'hommes, cinq au total, venaient de faire leur entrée sur la scène des bas fonds de Ptot Tàh. En les observant, je ne pouvais que constater à quel point Ithilion avait raison, ces quartiers étaient vraiment mal famés et ce, par des crapules de bas étages. Ces choses là terrorisaient les autres ? C'était pitoyable.
Ne cherchant même pas à savoir ce que faisaient le conteur et la jeune saltimbanque, je me saisissais de mon arc d'un geste vif. Si ces idiots avaient cru voir en la personne de deux femmes et d'un homme à l'allure chétive des proies faciles, ils ne seraient pas déçus du voyage. Armés de longs couteaux, ils avancèrent dans notre direction, peu inquiet de voir une femme tenir un arc. N'avaient-ils donc jamais entendu parler des amazones ? Bon d'accord c'était notre but de faire peur dans l'ombre et de se faire oublier, ainsi que d'éviter de se faire découvrir mais quand même, le bon sens imposait de faire demi tour quand quelqu'un vous pointait avec un arc non ?

"La meilleure défense reste l'attaque".
Cette phrase tant répétée par notre professeur me fit sourire intérieurement. Chaque fois que je saisissais mon arme, plus par réflexe qu'autre chose d'ailleurs, cette comptine me revenait en tête. Bien sur que l'attaque est la meilleure des défenses mais en l'occurrence, j'avais promis d'aider le conteur à mettre fin à ses gangs de pacotille. En d'autres termes, il ne fallait pas toucher les points vitaux ...
Oups.
Disons que la première flèche qui partit ne manqua pas sa cible, atteignant la jugulaire de plein fouet. L'homme mourut sur le coup, le choc portant son corps quelques centimètres plus loin. Une marre de sang s'étendait maintenant aux pieds des quatre hommes restant. Observant cette fois mes compagnons, non pas pour savoir ce qu'ils faisaient ou ce qu'ils pensaient de moi mais pour leur faire part de mes intentions, je leur disais :

" Visez les jambes, on a besoin d'eux. "

Sur ce, j'envoyais une deuxième flèche en direction des jambes d'un des hommes. Son genou allait sans doutes émettre un affreux craquement lorsqu'elle l'aurait atteint. Au moins, il ne risquait pas de bouger de si tôt.
J'étais calculatrice, froide, concentrée, rien n'aurait pu faire dévier ma flèche ou me faire franchir. Rien ni personne.
Une seule question demeurait : mes compagnons passeraient-ils à l'acte ? Parce que visiblement, la mort de leur copain n'avait pas perturbé d'un poil les quatre autres ...

[ Ah la la la ... je ne suis pas douée pour ce genre de post XD ]

Plus le temps d'être surpris par les formidables capacités des deux femmes. Cette montagne de muscle qui avait prit part au combat devait être neutralisé le plus vite possible. Pour cela, une dernière solution subsistait pour obtenir une force égal à ce monstre. Le tuer aurait été un jeu d'enfant étant donné la puissance des deux individus se battant à ses côtés mais il ne fait aucun doute qu'il accompagnait la bandes de roublards qui gisaient maintenant au sol. Dans ce genre de bande, la hiérarchie se déterminait souvent par la puissance de ses biceps, si on avait l'intelligence en plus ce ne pouvait qu'être qu'un avantage bénéfique pour la durée du règne.
Bref, l'énergumène était sans doute un pion important dans ces histoires de gangs. Et si le diamètre de ses bras faisait à peu prêt la taille de sa boite crânienne, la probabilité pour que cette dernière soit remplie et utilisé paraissait très faible. Il n' y avait cas voir sa stratégie; avancer pour cogner. Son arme venait de geler puis de se briser dans un craquement sinistre. Cependant cela n'avait pas l'air de l'avoir gêné, pour le peu qu'il est compris ce qu'il lui était réellement arrivé, et il continuait sa marche lente, irrésistible, vers ses proies. Une seule image occupait son esprit noircie par la haine et la violence, celle des trois corps méconnaissable baignant dans une marre visqueuse et rougeâtre.
Il etait temps ! Il n'avait pas utilisé cette technique depuis longtemps mais situation l' y obligeait. De toute façon, d'après ses estimations, il n'avait pas grand chose à craindre de la part de Lika, le pacte était lié, si quelque chose devait lui arrivé par la suite elle l'aiderait. A 86.7% sur. Son genoux droit se posa sur le sable, ses deux paumes se joignirent tandis qu'il fixait toujours la brute pour guetter la moindre réaction.
La terre qui s'était incrusté dans la peau de ses mains se détacha petit à petit pour commencer à graviter autour. Un sourire de satisfaction fleurit sur le visage d'Ithilion lorsqu'il sentit la légère pression de l'air caractéristique émanant de ses mains sur ses joues. Apparemment malgré ces cinq longues années, son corps n'avait pas perdu en capacité. Du coin de l'oeil, il regarda Elly qui se trouvait à quelque pas de lui.

-Elly prépare toi,l'interpella le zelote d'une voix assez basse pour que le géant ne l'entende pas. Je vais avoir besoin de ton aide pour l'immobiliser. Je vais m'élancer en premier. Il y a de grand chance pour qu'il traverse la rue sur le dos, à ce moment la, il va falloir se jeter sur lui et l'épingler au sol. Quitte à clouer ses membres.

L'individu arrivait maintenant sur eux. Son énorme main se reserra en un poing compact et destructeur. Ithilion n'attendit pas la réponse de la guerrière, son adversaire venait de prendre appuie pour projeter tout sa puissance en avant dans le but de l'écraser comme un vulgaire insecte. Les jambes du conteur se détendirent d'un seul coup, un petit nuage ocre s'éleva sous l'impact, sa main droite se plaqua violemment contre le torse de son adversaire. Geste complètement dérisoire,et pour preuve, le tas de muscles n'avait pas bronché d'un millimètre. Un rictus d'amusement apparut au coin de ses lèvres, un rictus qui se transforma soudainement en grimace. Une force immense s'exerça à l'endroit ou l'homme aux cheveux bleus venait de le frapper.Il tenta tout d'abord d'y résister en appuyant tout son poids au niveau ses pieds, ce qui n'eut pour effet que de creuser deux sillons dans le sol. La bourrasque s'amplifia si brusquement que son torse bascula en arrière. N'opposant plus aucun résistance, il fut balayer par le vent à travers la rue comme une vulgaire brindille.
C'était le moment, il fit signe à Elly et s'élança. Au niveau de ses pieds, de brefs impulsions d'air accéléraient sa course, de tel sorte qu'il fût très rapidement de nouveau sur sa cible. Ses jambes se fléchirent et se détendirent aussitôt pour bondir sur le colosse afin lui asséner un deuxième coup. Celui la n'aura aucun effet, son aura de combat venait tout juste de se dissiper emportant avec toute son énergie. Ses doigts se posèrent mollement sur la cote de maille, son bras et le reste de son corps suivirent immédiatement. Toujours conscient, ses muscles tétanisés refusaient cependant catégoriquement d'obeir. Il ne pouvait donc fuir de se guêpier et en plus gênait Elly pour accomplir la fin du plan.

[Dans ce cas, enlevez le "PV Lika" qui ne veut plus rien dire^^]