Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)

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Fille Clari, Prof
Thémis
Thémis
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Race et âge : Cydienne (Astorg), 35 ans
Cité : Cydonia
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[ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyVen 15 Avr - 14:40

Je m'étais effondrée sur la chaise du bureau de mon père, épuisée. Cette bataille avait été éprouvante autant physiquement que psychologiquement. En réalité, j'avais eu la peur de ma vie, je pensais sincèrement ne pas avoir rempli mon rôle envers ma cité en refusant de combattre pour la défendre et en même temps, j'estimais avoir rempli mon rôle en soignant les blessés et plus particulièrement, le Princeps. Cet idiot m'avait donné du fil à retordre, à croire qu'il se faisait un plaisir de bouger alors qu'il était blessé et que je tentais désespérément de l'aider … j'aurais du le laisser perdre sa jambe ! Au moins, je n'aurais pas été fatiguée comme ça. Mais mon devoir m'avait poussé à le sauver, lui que je détestais tant.
Maintenant que la bataille était terminée, que les cris de terreur, de rage et les élans de courage avaient disparu et restaient dans ma tête tels un songe, je tentais de retrouver mon calme. J'avais vite compris en arrivant que Guerre n'était pas venu pour rien. Il cherchait quelque chose et qui d'autre que mon père pouvait l'intéresser. Je n'avais pas réellement compris pourquoi le Cavalier s'était retiré, en passant dans les rangs à cheval, j'avais vaguement compris que la bataille était gagnée mais j'ignorais pourquoi. L'art de la guerre m'échappait totalement et ce n'était pas plus mal, j'aidais à donner la vie à Cydonia, pas à la prendre. Je n'étais pas une déesse !

Une fois rassurée de voir mon père en vie et assis comme à son habitude derrière son bureau, j'avais senti tout le poids de la fatigue retomber sur moi. J'étais épuisée, et en grande partie à cause de ce sale Capitaine idiot qui ne savait se battre sans se blesser ! J'enrageais d'avoir du le soigner. S'il y avait bien quelqu'un que je détestais dans cette ville c'était bien Soren. Lorsque j'étais enfant, il n'avait eu de cesse de tenter de me faire expulser du Monastère. Je détestais déjà combattre à l'époque et j'avais pris un malin plaisir de me venger de la réaction stupide des enfants de mon âge concernant ma filiation et de tenter d'attirer l'attention de mon père en échouant à tout ce qu'on me demandait. Sans doutes aurais-je pu devenir Zélote si je m'en étais donnée la peine mais maintenant que la bataille était passée, je ne regrettais d'avoir fait ces choix, même si à l'époque, je ne l'avais pas fait pour ces raisons-là. Soren avait passé son temps à tenter de faire plier Lymion pour que je quitte le Monastère et malheureusement, il avait réussi. Enfin finalement, j'avais trouvé cela très drôle que mon père soit déçu. Non, plus précisément, j'avais apprécié le fait que mon père s'intéresse à moi mais concernant le Capitaine, je l'avais détesté au plus haut point. Je me souvenais même d'un soir où j'avais emprunté la forme d'une souris pour avoir l'occasion d'épier Soren et Lymion et j'avais ensuite envoyé une lettre anonyme avec tout ce que j'avais appris à mon père, juste pour me venger de l'homme.

Aujourd'hui, je l'avais sauvé. J'étais une bonne Cydienne. C'est exactement ce que je me disais en quittant le bureau de mon père, le pas tremblant et fiévreuse de fatigue. Les pensées se troublaient dans ma tête à chaque pas tant je manquais de m'effondrer chaque fois que mon pied touchait terre. J'étais épuisée.
Combien de temps avais-je dormi ? Je l'ignorais, seulement le soleil était largement en train de décliner lorsque je m'éveillais dans ma chambre. Visiblement, j'avais eut un sommeil agité au vue des draps. En réalité, je ne me souvenais pas du tout de mes rêves mais mon intuition me soufflait que j'avais rêvé de la bataille. Même si de là où j'étais, je n'avais pu voir personne en particulier, j'avais eu l'occasion de voir les blessés affluer, j'avais crains pour la vie de ma cité et des Cydiens. J'avais eu peur … il fallait l'avouer, la peur me ronger toujours, comme quelque chose d'incontrôlable que je sentais remonter dans mon estomac. Malgré le sommeil réparateur dont j'avais pu bénéficier, j'étais toujours épuisée psychologiquement.

Les cris de la bataille tournaient encore dans ma tête sans que j'arrive à faire quoi que ce soit pour les chasser. En réalité, si je n'avais pas été au cœur de la bataille, j'avais sans doutes vu le pire côté de cette dernière. Les blessés. Leurs visages déformés par la douleur me hantaient et je ne savais pas comment m'en défaire. Comment faisaient tous ces soldats pour oublier la douleur ? Personnellement, j'en étais incapable. Que se serait-il passé si j'avais du combattre ? J'avais été morte de peur durant la bataille et je n'avais trouvé que du courage en soignant les autres.
Pour oublier toutes ces sombres pensées, je décidais de prendre un bain. J'étais vraiment fatiguée de penser à tout cela et j'espérais qu'un bain me ferait du bien. Cela aurait au moins le mérite d'enlever tout ce sang de ma peau ainsi que la sueur. Créant l'eau sans même y penser, l'esprit ailleurs, je versais cette dernière dans la cuve qui me servait pour le bain. Toujours sans y réfléchir, je réchauffais l'eau jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment chaude pour m'y baigner.

Enlevant mes vêtements, je passais au moins une heure à me baigner, frottant avec vigueur ma peau pour faire disparaître tout ce sang et cette sueur qui me rappelaient tant de mauvais souvenirs. Lorsque je fus sure que plus rien ne gâchait ma peau couleur de porcelaine, je sortais du bain et me séchais, laissant l'eau refroidir sans m'en soucier. Au moins, la chaleur dégagée par le bain me permettrait-elle de chauffer un peu la pièce et de réchauffer mon cœur meurtri.

La nuit était tombée lorsqu'on frappa à ma porte. La bataille encore en tête, je pris peur sans savoir pourquoi. Saisissant la dague qui était mienne dans la main droite. Qui pouvait bien venir me voir à une heure aussi tardive ? Un bref regard en direction de la fenêtre et je pus constater que l'astre solaire avait cédé sa place depuis un moment à son amie la lune. A cette heure, seul mon père pouvait venir me trouver dans ma chambre et lui ne s'embêtait pas à frapper à la porte. Une peur insondable me saisit sans que j'en trouve l'origine.
Vêtue d'une simple chemise de nuit blanche en dentelle, je sentais mes cheveux blonds encore mouillés dégouliner dans mon dos. Une mèche de cheveux avait trouvé refuge sur ma poitrine et je détestais la sensation du tissu mouillé sur ma peau mais pour autant, je me souciais plus de la visite incongrue à cette heure que de mes vêtements ou de mon allure. Ouvrant la porte, je fus surprise de tomber nez à nez avec le Capitaine. Mon premier réflexe fut de refermer la porte mais la paume de Soren m'en empêcha. L'homme ouvrit la porte avec violence et je reculais d'un pas, prise d'une peur étrange. La dague toujours à la main, il me fallut une minute pour reprendre contenance. Que voulait ce sale Capitaine à une heure pareille ?


« Mon cher Princeps, ne savez-vous plus lire l'heure ? Puis-je savoir ce que vous me voulez à cette heure-ci ? »

En Astorg, je rajoutais :

« Vous avez encore perdu votre armée ? »

Souriant à ma blague qu'il ne pourrait pas comprendre, je poursuivais :

« Je vous prierais de quitter ma chambre sur le champs »

Peu convaincue qu'il la quitte aussi facilement, je le menaçait avec ma dague.

« Venir dans la chambre d'une demoiselle à cette heure-ci … »
murmurais-je en Astorg à nouveau.



Dernière édition par Thémis le Ven 29 Avr - 17:02, édité 2 fois
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Soren
Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptySam 16 Avr - 10:02

Il avait subit un affront énorme et public, après avoir mené une bataille qui avait vu, de manière aussi inattendue que spectaculaire, la victoire de son armée. Il était venu rejoindre Anatoli Clari, son Consul qui était resté bien au chaud pendant la bataille tandis que lui menait les hommes entre sang et acier dans la campagne gelée. Et voilà comment on l'avait congédié: comme un malpropre indigne de rester dans une pièce avec deux chefs-d'état. Sa présence était-elle si dérangeante? Était-ce si difficile de reconnaitre sa valeur? Était-ce si difficile, pour une fois, de ne pas tirer la couverture à soi de la part des hautes sphères? Croyez-t-ils tous que la bataille aurait été la même si Soren n'avait pas été là?
Ces politiciens lui donnaient l'envie de vomir. Et l'envie de faire bouger les choses. Si lui était à ce poste, il ne se gargariserait pas derrière un bureau d'une bataille qui avait vu tant de cydiens mourir dans une pseudo-victoire qu'ils devaient à des alliés peu recommandables. Il reconnaitrait les qualités et les mérites de ses hommes, et ne chercherait pas à attirer à lui toute la gloire.
Voilà la différence entre lui et Clari. Qu'il aille faire mu-muse et baiser les pieds de cette salope amazone., tandis qu'il troquait l'invasion d'un peuple par la dépendance à un autre.
Quelle honte pour Soren d'avoir été humilié de la sorte en public. Rien ne pouvait plus le mettre hors de lui que cela. Le gout amer de l'échec dans la bouche. Il savait à qui il le devait: en bon militaire, Soren n'avait jamais remis en question la hiérarchie. Mais il n'arrivait pas à considérer Anatoli comme son supérieur, et très franchement il ne l'était pas. Lui était le Princeps: il n'y avait bien que la tradition qui lui donnait un rang soit disant inférieur.

La pression montait à l'intérieur de lui. Malgré la bataille de la matinée, Soren sentait la colère lui donnant une nouvelle force. Il pouvait encore encore tuer cinquante hommes, il le sentait.
Mais dans un meilleur état de santé probablement: sa chemise était tâchée de sang sur son flanc gauche, il blessure du matin qui s'était ré-ouverte. Soren se rendit compte alors qu'il n'avait pas pris le temps de voir un médecin pour guérir ces blessures après la bataille. Il fallait avouer que pendant, il avait été étrangement bien pris en charge par Thémis Clari.
Il connaissait bien la gamine pour l'avoir renvoyé des enseignements du monastère Zélote. Une gamine incapable d'écouter les directives de la hiérarchie, incapable de se plier à des ordres, incapable de tenir une arme. L'exact opposé d'un bon zélote, Soren n'en revenait pas qu'elle y soit resté si longtemps. Surement grâce à son nom plus qu'à son talent. Elle devrait prendre exemple sur son auguste cousin, promis à un grand avenir dans son ordre.

Seulement là, Soren n'en pouvait plus de saigner. Aussi incompétente que la fille d'Anatoli soit dans les arts guerriers, il savait reconnaitre un atout quand il en voyait un. La jeune fille avait su le soigner à distance et avec une rapidité déconcertante pendant la bataille, et Soren aimait les choses faites vite et bien.

Gravissant lourdement les marches vers les quartiers du monastère, le soldat n'hésita pas une seule seconde avant de frapper à la porte. Qu'importe l'heure.
La gamine lui ouvrit après un petit temps d'attente. Force était de constater qu'elle était devenue une femme depuis, comme en témoignait son accoutrement décontracté. Elle semblait sortir de sa toilette, parfait, elle n'en serait que plus décontracté.
S'attendant à sa réaction, Soren coinça la porte avec sa paume pour l'empêcher de se refermer. De quoi avait-elle peur? Ce n'était pas parce qu'il ne pouvait pas supporter son père qu'il allait toucher à sa fille pour se venger. Bien que la fureur pouvait, chez lui, lui dicter des choses inexplicables.


*Venge-toi, venge-toi! Punis-la, elle, de l'affront qu'il t'a fait! PUNIS-LA!*

Soren secoua la tête pour chasser les mots de Lizzie de son esprit. Elle n'était pas dans son champ de vision et c'était tant mieux: il ne souhaitait pas à nouveau passer pour un dément. Et cela serait plus facile pour lui d'ignorer ces appels à la violence envers Thémis s'il ne la voyait pas.
Cependant, la réalité lui revint brusquement au visage. La gamine tenait une arme ridicule dans sa direction, l'insultant ouvertement en Astorg. Tel père, telle fille. Seulement, comme lui, elle le sous-estimait.
Il comprenait très bien cette langue. Et pour cause, il était originaire d'une dame du nord, tout comme elle. Ainsi, il lui réserva la surprise de répondre dans cette langue:


"Baissez votre arme, l'heure importe peu quand il s'agit de faire son travail. Et merci de vous inquiéter pour mon armée mais, contrairement à votre père, vous étiez sur le champs de bataille pour vous rendre compte par vous-même. Et je doute que ce dernier n'apprécie nos discussions dans nos langues maternelles."

Profitant de cet effet de surprise, Soren entra dans la chambre et referma la porte. Elle sentait bon et l'humidité y était encore presque palpable.
Soren détacha son arme et la posa contre un meuble, puis quitta son gilet en cuir lourd. Il détacha alors sa chemise ensanglantée, exposant le problème sur le côté gauche de son ventre, au-dessus de sa hanche:


"Vous n'avez certes aucun talent guerrier, mais votre capacité à soigner les blessures telles que celle-ci est, de part mon expérience, incomparable. Pensez-vous pouvoir y faire quelque chose?" invita-t-il en cydien, plus qu'il ne demanda.
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptySam 16 Avr - 12:31

Je lâchais mon arme de surprise. A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que ce rustre soit capable de parler ma langue maternelle et j'en avais lâché mon arme de surprise. Cette dernière tomba lourdement sur le sol de ma chambre, la lame se planta dans un bruit sourd dans le parquet lustré. Mince, si je tentais de la récupérer, j'aurais l'air particulièrement bête ! Et pourtant, ce n'était pas l'envie qui me manquait de vouloir lui trancher la gorge pour ce qu'il venait de dire sur mon père … mes relations avaient beau être ce qu'elles étaient avec lui, je ne supportais pas qu'un idiot de son genre attaque celui qui m'avait donné la vie. Je n'eus pas le temps de répondre, Soren avait enchainé directement après avoir insulté mon père. Sans doutes les deux hommes s'étaient-ils disputés pour que le Capitaine soit autant en colère contre Anatoli, pourtant, je ne pouvais pas permettre qu'un subordonné ou même un roi ai pu se permettre autant de méchanceté gratuite envers mon père. Il allait comprendre ce qu'une Clari pouvait faire, toute aussi frêle que j'en ai l'air ou encore, toute mi-Astorg que je sois !

L'homme me montra sa blessure, vraiment peu belle à voir. En voyant la plaie pleine de sang et la peau boursoufflée par la boue qui y restait collée, des images se succédèrent dans ma tête. J'y voyais les blessés affluer dans l'espèce de tornade que la reine amazone tentait de maintenir en place durant cette froide bataille sans victoire. Leur yeux brulant de douleur même si dans le cas du Capitaine, ce n'était pas ce que je pouvais y voir. Pour lui, cette blessure le gênait, sans plus, pour les autres, c'était une partie de leur âme qu'ils semblaient avoir perdu. Leur visage parfois apeuré me revint en tête. Certains étaient plus jeunes que moi et osaient se battre contre de telles forces … à nouveau la honte m'envahit. Moi, la Cydienne qui avait laissé son peuple se faire tailler devant ses yeux par manque de courage. Par manque de foi peut-être.
Je ne devais pas montrer cette faiblesse, le Capitaine n'en aurait été que trop heureux. Non, mieux valait que je le soigne tout en lui disant le fond de ma pensée. Comme ça, il comprendrait qu'on ne crache pas impunément sur le sang des Clari ou encore, qu'on ne réveillait pas une demoiselle à cette heure de la nuit pour une simple blessure de guerre. N'y avait-il donc pas de soigneurs qu'il puisse embêter plutôt que moi ?


« Je n'ai surement pas vos talents guerriers en effet et je vous remercie de votre compliment. » répondis-je avec un ton abrupt en Cydien.

Je le détestais, je ne pouvais que le détester et en plus, il osait venir jusqu'ici pour me cracher à la figure le fait qu'il m'avait fait renvoyer du Monastère. Si je n'étais qu'une piètre élève à l'époque, c'était simplement pour me venger de ces adultes et de ces enfants plus fous les uns que les autres. Certains voyaient en moi la fille d'Anatoli Clari et sans cesse, j'étais comparée à ces princesses des anciens temps. Personne n'avait compris mieux que le vieux Lymion ma détresse mais Soren était venu avec ses gros sabots. A présent que je le savais Astorg, je ne pouvais que lui en vouloir d'autant plus pour m'avoir fait quitter le seul lieu où je pouvais trouver le calme et le repos. Mais quelque part, son acte égoïste avait fait de moi une élémentaire de choix. J'étais une bonne soigneuse, sans prétention aucune, et si même lui le reconnaissait, je devais sans doutes prendre cela pour un compliment. C'était « grâce » à cet idiot de Capitaine que je n'avais pas continué à gâcher ma vie et mes talents latents mais cela, jamais je ne le lui avouerai.

Quant à sa blessure, bien sur que je pouvais faire quelque chose pour lui, mais pas aussi facilement, il allait devoir m'écouter et je comptais prendre tout mon temps pour le soigner, quitte à ce qu'il souffre. Au moins comme cela, il pourrait m'écouter et pour finir, il aurait toute l'occasion de regretter ce qu'il avait dit sur mon pauvre père. Certes il n'avait pas participé à la bataille, mais moi qui y avait participé, y avais-je seulement ma place ?


« En tout cas, j'ignorais que vous étiez enceinte car mon travail figurez-vous, consiste à donner la vie. »

Et non de soigner de futiles blessures de guerre ... Ayant la flemme de créer à nouveau de l'eau, je décidais d'utiliser celle que j'avais déjà utilisé pour mon bain. Je ne comptais pas en plus me fatiguer pour ses « beaux » yeux ! Il était inutile que je me fatigue, de toute façon, pour le remerciement que j'en aurais. Il était venu en conquérant, je ne comptais pas lui laisser cette victoire. Entamant le mouvement avec mes bras, je faisais voltiger l'eau du bain encore tiède jusqu'à moi. Entre mes mains, l'eau dansait tranquillement. Je fermais les yeux, cherchant à percevoir ce qui n'allait pas, ce qui avait été endommagé. Au bout d'une ou deux minutes ainsi, je compris ce qu'il s'était passé. Une flèche ou une lame avait perforé certains vaisseaux sanguins, d'où le sang, et certains viscères. Charmant.
A nouveau une image de la bataille s'imposa dans mon esprit et me fit perdre un instant ma concentration, manquant de peu de me faire perdre la manipulation de l'eau. Je me repris immédiatement, ne comptant pas donner ce plaisir à Soren.


« Je peux faire quelque chose en effet. Sachez que ce sera douloureux mais je suppose qu'un Capitaine de votre trempe ne crains pas la douleur. »

Cette petite pique lancée, je lui demandais de s'asseoir sur le seul meuble qui se prêtait à cela, à savoir mon lit. Le fourbe, il allait dégueulasser mes précieux draps de soie. Pas question. Lâchant l'eau en rompant le lien avec elle, j'enlevais la précieuse couverture Astorg qui chevauchait mon lit et pour finir, je mettais les draps au fond du lit pour éviter qu'ils ne soient tachés de son sang impur. Lorsqu'il fut assis, je jetais un dernier coup d'œil à la porte avec appréhension. Je n'étais pas du genre à avoir peur de quoi que ce soit mais disons que la présence du Capitaine me mettait particulièrement mal à l'aise.

« Mon père est un homme valeureux » précisais-je alors que je recommençais à prélever de l'eau de mon bain tout en veillant à la rendre la plus pure possible.

Celle-ci vint danser entre mes mains jusqu'à ce que je plaque ces dernières sur le flanc gauche du Capitaine non sans un certain dégout. J'avais vu tellement de sang dans la journée que l'idée d'user encore une fois de mon don ne me plaisait guère. En réalité, je préférais largement donner la vie plutôt que de voir les hommes s'entredéchirer et prélever la vie de leur semblables sans scrupules.


« Mon père est un homme bien, qui ne se soucie que du bien de cette cité alors que vous, sombre Capitaine, ne pensez qu'à votre petite personne en venant me faire quérir à une heure aussi tardive. Pensez-vous que mon père soit resté assis derrière son bureau en attendant le son héroïque de votre victoire ? Je suis certaine qu'il craignait plus que tout de voir des vies s'éteindre pour le sauver. Mon père n'est certes pas un combattant, mais c'est un homme droit et juste, digne de confiance. Pourrait-on en dire autant de vous ? Veuillez ne plus insulter mon père en ma présence je vous prie. »

Mon ton était tout à fait calme et détaché, j'étais pleinement concentrée sur ma tâche.

« Je ne suis qu'une moitié imparfaite, parler cette langue m'est donc naturelle, en revanche dans votre bouche, sans doutes sonnerait-elle le glas de votre trahison en effet. »

Un sourire furtif anima mes traits tandis que je me taisais. Concentrée, j'avais hâte d'en finir. L'avantage des viscères et des vaisseaux sanguins étaient que s'ils pouvaient facilement se défaire, ils pouvaient tout aussi facilement se recoudre. Rien à voir avec un foie ou un poumon ! En l'espace du peu de temps qu'il m'avait fallu pour le rabrouer, j'avais déjà fait la moitié du chemin. Il me fallut cinq minutes en tout pour le soigner, l'eau maintenue sur mes paumes faisaient un travail extraordinaire et il fallait dire qu'il me facilitait la tâche cette fois en ne bougeant pas. Lorsqu'enfin j'eus fini, lorsque la peau se fut refermée dans une cicatrice belle et fine qui ne tarderait pas à disparaître, je lui disais :

« Maintenant, quittez ma chambre. »

J'avais même pensé le soigner en surface seulement pour s'être si ouvertement moqué de mon père mais j'en étais incapable. Ma conscience me l'interdisait … Il avait de la chance. Maintenant, qu'il quitte les lieux, sinon, je lui ferais gouter de ma lame. En parlant de ça, j'ignorais totalement sa présence, pour moi, il n'était déjà plus là, et je partais chercher ma lame encore plantée devant la porte. Ce ne fut que lorsqu'elle fut entre mes mains que je me retournais dans sa direction, cette fois, la colère transparaissait sur mes traits autant que dans ma voix.

« Veuillez quitter les lieux, vous êtes soigné maintenant ! »

Le toisant de toute ma hauteur en me rapprochant de lui, j'ajoutais, en elfe cette fois-ci :

« Femmelette. »

S'il comprenait l'Astorg de part ses origines, il ne serait pas capable de comprendre cela et pis de toute façon, je m'en moquais.
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Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyDim 17 Avr - 3:53

Fière et obstinée comme son père.
La gamine, de par sa position plutôt privilégiée sur lui de médecin à son patient, croyait bon d'agrémenter ses actions de paroles provocatrices.
Qu'elle se concentre quoi, qu'elle se concentre sur son travail et qu'elle fasse ce pourquoi elle était utile. Il n'avait pas besoin d'un Anatoli bis pour le mettre encore plus hors de lui.
Du moment qu'il était soigné par la meilleure, il se foutait royalement de son ascendance ou de son nom, voir même de ses aspirations professionnelles
.

« Votre travail, figurez-vous, est de servir votre nation là où vos talents lui sont le plus utile. Et c'est à moi d'en juger, car voyez-vous, c'est cela mon travail. »

Une jouvencelle voulait apprendre la vie au vieux briscard, surtout après une telle boucherie le matin-même? Définitivement, le sang des Clari était empoisonné par l'égocentrisme et la fierté mal placée. Et elle se permettait de lui parler d'égoïsme et de la bonté de son père? S'il n'avait pas autant besoin d'elle, il l'aurait déjà puni pour lui manquer de respect à ce point. Par les temps sombres qu'ils vivaient, voir une telle remise en question de l'autorité hiérarchique et militaire lui donnait envie de l'enfermer trois mois avec les rats et un morceau de pain rassis. Comment cette cité pouvait-elle encore être forte si ses bases ne voulaient soutenir le toit de la maison?

Soren plissa les yeux, mais ce n'était pas sous le coup de la douleur qu'il ressentait, assez étrangement, assez peu. Non, il commençait juste à la voir, elle. Lizzie jouait avec l'épée du capitaine, un affront. C'était le message qu'elle essayait de lui faire passer: Thémis était un affront, elle s'était toujours élevée contre lui et elle continuait aujourd'hui
.

« Je n'ai jamais remis en question l'intérêt de votre père pour Cydonia. Et cette blessure montre que ma petite personne, comme vous dites, était en première ligne aujourd'hui, et qu'elle a frôlé la mort en une matinée autant de fois que dans une vie entière. Ne parlez pas de mon ego, soldat, car ce n'est pas lui qui peut sauver mes hommes ou ma propre vie. Je ne cherche pas à être digne de confiance par des paroles ou des promesses, mais par mes actes et mon dévouement. Comme tout honnête cydien devrait le faire. La justice n'est qu'une notion personnelle. Appliquer la loi de la Cité est le seul repère collectif que nous ayons. »

Un bruit le fit tourner la tête: Lizzie venait de s'empaler sur son épée et mimait la mort sur le sol, les yeux clos mais le sourire aux lèvres. La bouche de Soren s'ouvrit un instant, le regard perdu. Il ne sentait même plus l'eau agir sur lui. Sa voix tremblait alors qu'oubliant la présence de son hôte il souffla:

« Nul son héroïque de victoire pour Soren Henrick, nul chemin de triomphe sous les trompettes d'argent. Nous avons perdu trop de nos frères et de nos fils aujourd'hui pour parler de victoire. Cicatrices et regrets, voilà le triomphe que nous méritons. »

Le Zélote en avait même oublié Thémis. Pendant un moment, il resta là, immobile, perdu dans les visions de sa folie et du fantôme. Il en oublia sa colère, sa condition, ses muscles endoloris. Il se laissait totalement aspirer, jusqu'au moment ou Lizzie s'approcha de lui. Puis, approchant sa tête, elle lui hurla de partir.
Soren sursauta, et compris que ces mots venaient en réalité de son médecin. Touchant son flanc, il constata qu'elle ne lui avait même pas laissé un millimètre de cicatrice. Époustouflant pouvoir. Cette fille, il allait s'en occuper rapidement, devait être présente sur tous les champs de bataille derrière son armée.

Thémis renouvela son ordre, et le capitaine constata qu'elle était même allée jusqu'à récupérer son arme. La réalité lui revenait peu à peu et, bien malgré lui, la colère ne s'était pas évaporée. Elle le jetait, l'expulsait, tout comme son couard de père l'avait fait avant elle. La même. L'histoire se répétait encore, et Soren devait laisser cela se faire? Combien de fois allaient-ils le congédier tous avant qu'il ne réagisse? Combien de fois allait-il se laisser marcher dessus avant de demander le respect qui lui était dû?

*Punis-la. Tu le dois. Punis-la.*

Lizzie ne chantait plus, c'était comme si elle lui ordonnait. Elle aussi. Sauf qu'il n'avait jamais la force d'ignorer ses ordres à elle.
Non. Pas cette fois. Il partirait, et de par sa position aurait bien des façons de lui nuire. L'accompagner sur le champs de bataille la formerait au respect
.

*Punis-la. *

Non.

*Punis-la.*

Non.

« Femme».

Le coeur de Soren s'arrêta net, tout comme sa respiration. Il parlait beaucoup de langue et même s'il ne connaissait pas tous les termes, il devina la teneur de l'insulte. Une femme, lui? Sa main se crispa. Elle, son père, ces putains de politiciens, ces traitres, ces despotes, ils se jouaient de lui.

*Punis-la.*
*Punis-la.*
*Punis-la.*
*Punis-la.*
*Punis-la.*
*Punis-la.*
*MAINTENANT!*


Avec un râle roque, il se leva d'un bon et saisit le poignet et la hanche de la gamine. Il sera fort, si fort sa main qu'elle en lâcha son arme. Alors, il la saisit fermement et, tout en la cognant contre le mur, articula:

« Femme? Peut-être êtes-vous déçue que je parte ainsi alors? »

Libérant son poignet, il agrippa alors à deux mains l'ouverture de sa chemise de nuit et déchira le vêtement. Sur le sol, les boutons claquèrent dans un bruit de tonnerre assourdissant, comme si l'orage allait frapper dans la pièce. Plaquée contre la cloison, il voyait son ventre et sa poitrine s'élever et s'affaisser sous sa respiration rapide. Il ne commandait plus ce qu'il faisait, n'agissait plus avec honneur. Car si elle le traitait sans fierté, alors il n'en aurait plus.
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyDim 17 Avr - 11:57

Je voulais qu'il parte, qu'il quitte ma chambre au plus vite. Je l'avais soigné, j'avais obéi aux ordres et sans doutes un soldat de sa trempe s'attendait-il seulement à ce que j'obéisse et point final. Maintenant qu'il était sain et sauf, par pitié, qu'il me laisse tranquille. Je n'aspirais qu'au sommeil réparateur et salvateur. Je voulais voir disparaître de mon esprit ces images de tortures incessantes où se mêlaient les cris de douleurs des blessés à l'odeur immonde du sang séché ou encore frais. Je souhaitais plus que tout qu'il quitte cette pièce lui et tout ce qu'il représentait. Il était la violence des hommes, leur folie meurtrière. Il était tout ce que je détestais, au delà même de sa petite personne. Soldat. Rien que ce mot me donnait envie de vomir alors d'en avoir un dans ma chambre à une heure aussi tardive ne me donnait qu'une envie, lui mettre un coup de pied pour le pousser à quitter les lieux au plus vite ! Manque de chance, le Capitaine était beaucoup trop costaud pour mes frêles épaules et je n'avais pour ma défense que mes paroles qui, je l'espérais, le mettrais suffisamment en colère pour qu'il sorte de lui-même. La dernière solution à ma portée serait sans doutes de demander de l'aider en hurlant mais je n'aimais pas déranger les gens et puis, dans ce Monastère comme ailleurs, je n'avais pas vraiment d'ami. J'avais beau avoir ce qu'appelaient les autres « un statut privilégié », il n'avait rien d'un doux bonbon sucré. Bien au contraire, je semblais vivre en permanence dans une tour d'ivoire qu'avaient érigé ma position sociale, mon caractère et mes origines.
Je ne m'attendais pas du tout à la réaction de l'homme. En réalité, j'avais pensé dans un premier temps qu'il se serait mis en colère, à la limite qu'il m'aurait frappé pour mon affront et encore, il n'était pas en position de le faire. Mon père n'aurait pas toléré cet acte et sans doutes encore moins s'il avait appris pourquoi j'avais répondu aussi abruptement au Capitaine. J'avais songé qu'il crierait un instant, m'insulterait sans doutes au passage et filerait sans demander son reste. Dans mes souvenirs, il ne fallait pas trop en demander aux soldats. Ils n'étaient certes pas limités intellectuellement mais ce n'étaient pas non plus de grands génies. Je pensais sincèrement qu'il partirait en maugréant et en me maudissant d'être une gamine aussi impertinente. S'il y avait bien une chose à laquelle je n'avais pas pensé dans ma courte vie c'était bel et bien qu'il puisse agir de la sorte …

Je sursautais de le voir réagir si vite et intérieurement, quelque chose se brisa en moi. Ma fierté s'envola immédiatement pour laisser place à un seul et unique sentiment : une peur panique. Il me saisit le poignet si violemment que je gémis de douleur, les larmes affluant malgré moi. J'en lâchais la précieuse dague si utile dans un tel moment. Je sentais la brulure de sa main immense sur mon poignet d'enfant. Sans doutes avais-je déjà un bleu mais à la limite, ce n'était pas ce qui me perturbait le plus. Soren me faisait peur, plus que tout, j'étais terrorisée et incapable de savoir quoi faire en une telle situation. Je connaissais tellement les hommes. Ils me trouvaient jolie, je passais parfois une nuit avec eux quand j'en avais envie, ou alors, ils me craignaient de par mon père mais jamais aucun ne m'avait violenté. Pour ainsi dire, la seule claque dans ma vie fut celle donnée par mon père et je n'en avais jamais reçu depuis !
Le cerveau vide, je craignais ce qu'il allait me faire. Je gémissais à nouveau sous l'impact. Ma tête avait heurté le mur avec violence ce qui me sonna une demi seconde, ne manquant pas d'ajouter un certain trouble à mon état déjà calamiteux. J'entendis sa voix, rauque et perlée de violence et de colère, me demander ce que j'attendais de lui. Je ne comprenais pas, j'avais simplement demandé qu'il parte, qu'il quitte ma chambre lui et tout ce qu'il représentait alors pourquoi ne me laissait-il pas en paix et que comptait-il me faire ? Mon cerveau embrumé par la douleur et par la peur, je n'arrivais pas à aligner deux pensées cohérentes et c'est sans doutes pour cela qu'il put continuer en toute impunité son œuvre.
Lorsqu'il libéra mon poignet, je sentis la douleur s'atténuer un instant sans pour autant le quitter. J'avais bel et bien un bleu mais le Capitaine ne me laissa pas le temps de faire quoi que ce soit. Ses yeux sombres me faisaient tellement peur que je n'osais pas les regarder en face et sans doutes aurais-je du. J'aurais sans doutes pressenti ce qu'il allait faire si j'avais eu une once de courage pour me plonger dans son regard et le défier. Peut-être aurais-je pu éviter une telle humiliation …

Je sentis ses mains énormes sur moi et, craignant le pire, je fermais les yeux de terreur. J'entendis un craquement sinistre et dans ma torpeur, il me fallut une seconde pour comprendre que ce n'était pas un de mes membres qui venait de craquer aussi sinistrement mais bel et bien ma chemise immaculée en dentelle. Je sentis ma respiration se faire plus rapide, mes mains agir seules et par instinct de survie. La totalité de ce qu'il restait de l'eau du bain s'abattit sur l'homme de côté, le repoussant de deux ou trois mètres sans que je ne sois capable de vraiment mesurer la chose.

Je venais de comprendre en l'espace d'une seconde que mes réflexes venaient sans doutes de sauver mon corps dans son intégrité. L'attaque avait été violente et non préméditée, à la hauteur des sentiments qui bouillonnaient à présent dans mon esprit de jeune femme apeurée. Je regardais l'homme avec effroi, faisant rapidement un aller-retour entre lui et mes vêtements étendus sur le sol tel un tas d'immondices. J'avais sans doutes mérité une punition mais pas …


« Vous...avez... voulu me …. »

Je n'en revenais pas, je n'arrivais même pas à mettre des mots sur ce qu'il avait osé faire. D'instinct toujours, les membres tremblants, je me dirigeais vers l'homme qui avait osé essayer de poser sains mains sales sur mon corps de jouvencelle. La claque sonna dans le silence glacial de la scène.

Ce fut en l'entendant que je me rendais compte que j'avais agi sans réfléchir. S'il avait été capable d'essayer de me violenter voire me violer pour lui avoir émis quelques hypothèses verbales quant à son comportement, qu'allait-il bien pouvoir me faire maintenant que je l'avais frappé et clairement offensé ? Quelque chose me souffla dans un coin de ma tête que j'avais eu raison de me méfier, que cet homme était bel et bien froid, violent et rustre, mais j'écartais cette idée de mon esprit en songeant au présent. Que pouvais-je faire ? Appeler du secours ? Dans cette tenue ? Dans cette tenue … ce fut à cet instant précis que j'eus l'idée la plus tordue de ma vie. Je détestais Soren et il venait de me prouver qu'il ne portait pas dans son cœur au point de me faire du mal. Il avait tout fait pendant ce bref échange comme pendant mon enfance pour m'écarter autant du Monastère et de sa sphère que de mon père par ricochet aussi, l'heure de la vengeance avait enfin sonné et je la tenais entre mes frêles mains. J'étais en sous vêtements, il était énervé et sans doutes ne rêvait que d'une chose, me faire du mal et me violer semblait dans son ordre d'idée. Je n'avais plus donc qu'à retourner cette pensée en ma faveur.
Si je me montrais coopérative, il ne me ferait pas mal, du moins l'espérais-je car, vu la brute qu'il était, je ne pouvais qu'espérais que ce choix suffirait à calmer ses ardeurs et à le rendre plus « doux », si tant est que ce mot fasse partie de son vocabulaire. Et s'il vraiment il couchait avec moi, je n'aurais plus qu'à aller le dire le lendemain à mon père qui ne manquerait pas de prendre les mesures nécessaires quant au viol de sa fille ainée. J'étais vindicative, je l'avais toujours été et je tenais les clés de ce qui serait la pire des vengeances. Alors que si j'appelais à l'aide maintenant, je lui montrais qu'il avait gagné, qu'il me faisait peur même si c'était réellement le cas et pire que tout, qu'il pourrait réessayer ou autre. Je serais humiliée autant par mes sauveurs qui me verraient dans cette tenue que par lui.

Il ne m'avait fallu tout au plus qu'une seconde pour penser à tout cela et je remarquais que j'avais reculé par instinct après l'avoir frappé. L'idée que je venais d'avoir et qui naissait petit à petit dans ma tête avec toutes ses conséquences paraissait séduisante sur le papier mais le serait-elle autant dans la pratique ? J'espérais ne pas faire fausse route. Les membres tout aussi tremblant, le regard affolé, j'avançais dans sa direction, forte uniquement de mon plan. J'hésitais encore une demi-seconde en plongeant mes yeux dans les siens. Ce geste aussi simple ne manqua pas de me donner un frisson. Il était en colère, peut-être plus que précédemment et il allait me le faire payer. Je n'avais plus qu'à prier car de toute façon, je ne pouvais pas revenir en arrière maintenant ! Me hissant sur la pointe des pieds, je fermais les yeux non pas par plaisir mais par peur de découvrir encore une fois la violence dans son regard, et, avec toute la douceur dont j'étais capable malgré mes tremblements incontrôlés, je déposais sur ses lèvres un baiser tandis que mes mains se posaient avec délicatesse sur son cou. Désormais, les dés étaient jetés, pourvu qu'ils n'aient pas été pipés par avance.

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Soren
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   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyDim 17 Avr - 15:17


Qu'avait-il véritablement espéré de ce geste irréfléchi? Il n'avait jamais rien attendu de l'irréfléchi, car il ne laissait jamais ses sentiments ou ses pulsions commander sa vie et ses actes. Froid, méthodique, militaire, chaque geste avait un sens précis et un objectif clair.
Là, quel était son objectif? Rien. Il fonçait à l'aveuglette dans un chemin déshonorant. Pourquoi avec elle? Juste parce qu'elle était la fille de son rival? Parce qu'elle l'avait provoqué? Parce qu'elle était là à ce moment?
Parce qu'il en avait envie? Alors pourquoi elle spécialement?
C'était à n'y rien comprendre et pourtant, assommé comme il l'était, il avait le temps d'essayer.
Et maintenant. Il avait repris ses esprits, Lizzie ne chantait plus. Pouvait-il juste partir, là? Non, il avait toujours assumé les conséquences de ses actes. Il avait violenté une dame, aussi insultante et irrespectueuse soit-elle, et demain -voir même ce soir- il en aurait des comptes à rendre. Pas à la justice de la cité, mais à la justice du père. Encore et toujours le même. Le laissait souffrir seul avec ses remords ne suffisait pas aux vautours de la politique.

La gifle qu'il venait de recevoir fit valser des gouttes d'eau depuis sa chevelure, reste de l'attaque d'auto-défense qu'il avait subit. Nous y étions. La jouvencelle reprenait du poil de la bête et avait décidé de prendre les choses en main.
D'une manière assez inattendue, loin de lui déplaire, finalement.
Ceci avait un goût sucré. Cela la profondeur de l'Océan du nord. Ceux-ci la douceur de la neige.
Ceux-ci étaient ses mains, cela ses yeux, et ceci son baiser.
Thémis tremblait, une feuille d'un arbre d'automne prête à tomber. Soren plaça ses mains de chaque côté de ses hanches. Une fois sa prise assez forte pour la rassurer, il lui rendit son baiser de la manière la plus calme et poli possible.
Pourquoi elle spécialement? Il en avait envie.

Alors que sa main gauche remontait le long du dos, sa main droite vint se cacher dans sa chevelure dorée. S'éloignant un instant de sa bouche, il plongea ses yeux dans l'Océan, calmant la tempête par ses yeux de nuit profonde et tranquille. Puis il la saisit et la déposa sur le rivage de son matelas.
Sans rien dire, il l'embrassa à nouveau sur la joue, puis dans le cou et sur l'épaule. Il chercha gauchement à lui ôter son sous-vêtement, malhabile et tremblant comme un jeunot. Après plusieurs essais ridicules, il parvint à retirer l'étoffe de soie, la glissant le long des bras de la jeune femme, dévoilant sa poitrine blanche et rosée. Baisant, caressant jusqu'à ce que ses seins s'érigèrent et qu'il put les sentir sur son corps. Alors repris la course aux baisers, glissant des cheveux à la poitrine puis aux fesses. La soulevant délicatement, sans qu'elle n'ait à faire un effort, il lui retira son bas, sa main remontant le long de ses cuisses jusqu'à son entrejambe qu'il caressa à son tour.
Puis il la regarda à nouveau, posant en silence la question qui dirigerait les actes de toute la nuit, et peut-être plus loin.
Oui?
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   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyLun 18 Avr - 4:47

[ Dans un coin de mon esprit, très rapidement, quelque chose me hurla que j'avais tord. Je détestais être dans l'erreur, et j'avais la ferme impression que j'étais pourtant bel et bien dans l'erreur. Néanmoins, lorsque cette idée, aussi dingue soit-elle, m'était parvenue à l'esprit, je n'avais pensé qu'à une chose, me venger de tout ce que cet homme m'avait fait par le passé ou encore, de tout ce qu'il avait eut l'intention de me faire sur le présent. Me venger en utilisant ce nom et ce soit-disant statut que tous craignait. Me venger en utilisant mon père qui finalement ne reconnaitrait jamais ma valeur, mes efforts ou mon être en tant que personne. Me venger de tous ceux qui m'avaient fait du mal et continuaient à m'en faire s'en même sans rendre compte, par fierté, par envie ou simplement par oubli. Mais maintenant que les choses s'étaient mises en place, que le jeu démarrait sans qu'il n'existe de raison de le stopper, je me demandais sincèrement si j'avais bien fait d'agir de la sorte. C'était mal, c'était pire que le viol qu'il s'était apprêté à commettre, c'était offrir sans vergogne mon corps à un monstre pour le simple plaisir de le dénoncer ensuite … je ne valais décidément pas mieux que lui. De nous deux, j'étais peut-être la pire des garces. Après tout, les hommes agissaient souvent sous le joug de leur pulsions et cela était pardonnable dans certaines mesures mais moi, j'avais prémédité mes actes. Pire que tout, je les avais déclenché !

J'avais imaginé tellement de choses. Je m'étais dit que si je le laissais faire, si je ne résistais pas, sans doutes serait-il rustre mais un peu moins que s'il avait poursuivi dans son noir dessein quelques minutes plus tôt. Qui était le pire entre lui et moi ? Lui qui tentait d'être aussi doux que possible et de me rassurer ou moi, qui tremblait non pas de trac ou parce que je n'avais pas l'habitude mais de peur et de doutes. J'étais la pire des personnes, je le savais et pourtant, il était plein de bonnes intentions … Quelque chose venait de se briser à nouveau en moi, tel un écho de ma trahison. ]

Ses mains sur mes hanches me firent un effet étrange. J'avais pensé devoir me forcer, devoir simuler comme il m'était arrivé de le faire par le passé dans les débuts peu délicats de Flynn mais je n'en avais pas besoin. Contrairement à mes aventures sans lendemain, à ces soirées alcoolisées ou ces soirée pour tromper l'ennui, mon corps réagissait tout seul, sans qu'il ne me soit donner le besoin de l'aider. Je sentis les battements de mon cœur se faire plus rapide et ma poitrine se soulever à un rythme qu'on ne pouvait plus qualifier de régulier. Ce n'était plus la peur mais belle et bien l'envie qui guider désormais mes pas.

[ Je ne comprenais pas. J'étais apeurée quelques minutes avant, je le détestais plus que tout il y avaient quelques secondes à peine encore ! Mais maintenant qu'il me rendait mon baiser, avec un calme que je ne soupçonnais même pas chez cette brute, je sentais quelque chose changer dans ma façon de penser, dans ma façon d'agir. ]

Mes mains se placèrent d'elles même, l'une derrière sa tête à jouer dans ses mèches de cheveux encore humides et l'autre, la gauche, derrière son cou pour y trouver une prise plus sure. Je me surpris à fermer les yeux, moi qui par le passé avait toujours pensé ce simple acte particulièrement honteux. Comment un homme pouvait-il changer autant ? Ma tête me hurlait de fuir avant de commettre le plus immonde des péchés mais mon corps refusa de lui obéir. Au contraire, il se laissa porter sur le lit. L'espace d'un instant, j'eus l'impression d'être une souris face à un lion.

S'il pouvait me porter avec autant d'aisance je n'osais imaginer ce qu'il pourrait me faire si je ne me laissais pas faire. Sans le vouloir, mes muscles se contractèrent de façon insensible ou presque et j'hésitais.

[ Le manège pouvait-il s'arrêter en plein tour ? En avais-je seulement envie ? ]

Ce fut sans doutes pour me calmer qu'il plongea son regard dans le mien. Là où j'avais pensé que tout ne serait que noirceur et violence, je me surpris une nouvelle fois à découvrir la douceur et peut-être autre chose dont je ne connaissais pas l'origine.

[ Au fond de moi, je sentis une immense chaleur remonter de mon estomac vers la gorge. Pour la première fois de ma vie, j'étais incapable de dire ce qui me saisissais ainsi les entrailles de telle sorte que je ne sois plus capable d'esquisser le moindre mouvement. J'avais cruellement envie de lui, non pas pour une vengeance stérile et sans avenir, mais pour lui. Moi qui croyait jusque là le détester, ce simple plongeon dans son regard commençait à m'en faire douter. ]

Je frissonnais de plaisir sous le poids de ses baisers.

[ Combien de fois par le passé mon corps avait-il si bien réagi ? Combien de fois avais-je senti le besoin de caresser le dos de mon amant avec douceur ? Le besoin de me repaitre de cette alchimie qui m'était jusqu'alors inconnue ? ]

Une teinte rose parcouru mes traits pour finalement prendre congé et laisser place à une teinte plus affirmée.

[ J'avais honte non pas de m'offrir ainsi à ce cruel personnage mais de m'être trompé sur lui. Dans ses gestes, dans ses caresses, dans ses baisers, je pouvais sentir la douceur. Ma colère s'était estompée et avait fondu comme neige au soleil, ma soif de vengeance avait été étanchée sans que je n'y prenne gare, à présent qu'il buttait contre mes sous-vêtements et que ces gestes se faisaient plus maladroits, je le trouvais touchant, j'avais envie de le prendre dans mes bras mais je n'osais. ]

La suite des évènements me gêna particulièrement. J'avais l'impression d'être gauche, d'avoir oublié tout ce que j'avais pu apprendre en trois ou quatre ans comme si, cette nuit seulement, je découvrais pour la première fois les plaisirs de la chair. A nouveau, un rouge persistant se dessina sur mes joues tandis que je profitais de ses caresses et ses baisers. Je tentais de lui rendre chacun d'eux avec une passion jusque là insoupçonnée en moi.

[ J'avais envie de lui faire plaisir. ]

Cette pensée me surpris moi-même mais je la laissais s'évaporer tel un songe pour profiter du moment. Ma main gauche parcouru son torse en douceur, s'arrêtant ici et là sur de minces cicatrices laissées par la bataille de l'aube tandis que ma main droite parcourait son dos. J'ignorais si mes mains étaient moites ou si c'était son corps mais peu importait, j'aimais cette sensation sucrée sur ma peau. Entre ses bras, je me sentais aussi faible et insignifiante qu'une enfant et pourtant, j'avais l'impression tout aussi paradoxalement que j'étais protégée, à l'abri du moindre danger. Ces sentiments mélangés et étranges parcouraient ma tête sans que je n'y prenne gare. Le sentiment de honte jusque là présent me quitta pour laisser place à quelque chose de plus chaud, de plus doux et de tellement plus savoureux.
Ma main remonta tranquillement jusqu'à son cou, profitant de chaque détail comme si elle tentait de me les transmettre pour que jamais je ne les oublie. Je me sentais comme déconnectée et pourtant si proche de mon propre corps. Il était amusant de constater que j'étais déjà essoufflée alors que pour l'heure, c'était lui qui menait la danse.

Ma main s'arrêta un instant sur ses épaules, remarquant au passage comme il était robuste et à nouveau, l'image de la souris face au lion s'imposa à mon esprit. Un sourire naquit sur mes lèvres en me disant que j'étais bien décidée à laisser le lion me croquer si tel était son désir. Saisissant avec douceur le cou de Soren, je me décidais à l'attirer à moi.

[ J'en voulais plus. Je voulais encore plus de douceur, de caresses. Je le voulais lui dans son entier, moi qui jusque là le haïssais. Mon corps était en train de me souffler qu'il était en train de franchir le pas de la haine à l'amour. ]

Mes lèvres se déposèrent sur les siennes avec tendresse. D'instinct, ma langue s'amusa sur les lèvres de ce dernier jusqu'à ce que finalement, elle trouve une compagne.

[ Ce fut sans doutes à ce moment là que ma raison se tut définitivement et que mes sentiments firent le reste. Il était étrange de constater à quel point mes sentiments avaient pu être remodelés en un simple acte qui n'avait d'ailleurs pas encore eu lieu et que j'appréhendais malgré tout. Ce n'était pas la première fois pourtant et je n'avais pas la peur de toutes ces pucelles d'avoir mal, pire que tout, j'avais une peur panique de mal faire, moi qui d'ordinaire prenait les choses en main. Depuis quand avais-je cette peur ? Depuis quand cette chose chaude pour ne pas dire brulante envahissait tout mon corps au point que mon cœur en implose ? ]

Ma main droite descendit sensiblement à la recherche de la clé tandis que mes lèvres se déposèrent sur le cou de mon amant. Je me sentais fiévreuse, emmêlée dans mes sentiments comme soudain peu sure de moi. Je sentais sous ma poitrine son torse brulant qui me faisait perdre la tête. Son mon corps, je sentais ses lèvres comme sa barbe qui me chatouillait tel la brise d'un matin d'hiver.

Ma main se crispa un instant, me faisant oublier tout ce que j'étais en train de faire tandis que sur son corps demeurait la marque d'une griffure. Je rougis instantanément en la voyant et l'embrassais comme pour me faire pardonner. Plus bas, ma main tremblait de ne pas arriver à lui enlever sa maudite ceinture.

[ Depuis quand étais-je devenue si stressée ? Chassez le naturel, elle ne fera que revenir au galop. ]

Le regard de nuit se posa sur moi tandis que ma main gauche tentait désespérément de venir en aide à son amie. Si je l'avais trouvé touchant quelques minutes plus tôt, je me sentais ridicule. Son regard en disait long, et je m'en étonnais. Encore une fois, bêtement, j'avais pensé qu'il forcerait l'entrée sans me demander mon avis et c'était mal le connaître. La pensée insensée de vouloir mieux le connaître, de vouloir apprendre de lui traversa mon esprit. J'aurais voulu lui dire « oui » mais le mot resta prisonnier de ma gorge.

Mon corps hurlait qu'il en avait envie, mes lèvres brulaient de désir pourtant, j'étais incapable de le formuler. Mes mains pataudes s'attardèrent encore une fois sur la ceinture sans parvenir à quoi que ce soit, j'étais beaucoup trop stressée par la peur de mal faire.

« Je … je suis tellement maladroite ! » sentis-je le besoin de murmurer comme pour me rassurer.

Je n'arrivais à rien, j'avais la tête tellement vide mais pleine d'angoisse que je n'arrivais à rien. C'était idiot, j'avais appris à beaucoup de Zélotes comment faire alors pourquoi ce soir était-ce à moi qu'il fallait apprendre ?

J'avais envie d'apprendre, pas seulement ça, mais tout. Je m'étais trompée sur tout la ligne, j'étais désormais prisonnière de mon propre filet.

J'avais envie qu'il aille plus loin, parce que je savais que ce n'était plus la vengeance mais un autre sentiment qui le réclamait. Mais ma nature peu sure d'elle me jouait des tours … Sans même m'en rendre compte, ma main se posa sur la sienne, tremblante.


J'avais peur. C'était la première fois pour moi que j'allais faire l'amour avec quelqu'un que … quelqu'un pour qui, malgré moi, j'avais des sentiments, aussi fou que cela puisse paraître. Les mots traversèrent la barrière impénétrable de mes lèvres dans un murmure tandis qu'instantanément, mes joues prirent une violente teinte rouge. Mes yeux quant à eux, n'avait eu de cesse de se plonger dans l'océan de ténèbres qui, pour ma part, ressemblait plus à un océan de nuit qu'il me suffirait d'illuminer.

« Apprends-moi. »
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   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyLun 18 Avr - 15:58

Sa main, celle qui lui était si familière, celle qui avait étreint épées, boucliers, flèches et barrières de flammes, cette main lui semblait à présent si monstrueuse alors que caressant sa joue, il se rendait compte qu'elle faisait bien la taille de la jeune femme. Il se tenait au-dessus d'elle, un corps musclé et parsemé de cicatrices comme d'hématomes, un barbare dominant une poupée de porcelaine qui devait trembler comme jamais dans son fort intérieur. Allait-il continuer de lui faire peur ainsi? Il ne pouvait cacher ce qu'il était, il ne pouvait cacher l'aspect colossale et puissant de son torse, il ne pouvait qu'y dégager le plus de douceur dont il était capable.
Qu'avait-il pour la rassurer?

Il avait ses mains. Glissant le long du corps nu de sa compagne, il les réchauffa faiblement à la chaleur de son pouvoir. Aussi concentré qu'il pouvait être dans un moment pareil, ses pulsions cherchant à le faire exploser pour prendre leur envol et leur liberté, il réconforta les parties qui lui semblait les plus érogènes et sensible de Thémis: ses cuisses, ses flans, ses seins, son cou. Sa peau blanche se mit à rosir de plus en plus en réaction à ses baisers habillés de barbe, marquant comme un territoire pour les lèvres.
Doucement, il lui caressa le menton et, attirant sa tête vers lui, plongea son regard dans le sien.
Était-ce là sa première expérience? Il espérait que non, car il ne se voyait pas autant d'honneurs pour un homme comme lui, torturé par le fantôme d'une amie depuis longtemps disparue, responsable de la mort de ses soldats, coupable d'être le fruit d'une faute de famille entre deux nations qui, pour des raisons qui dans l'heure le dépassaient, se haïssaient de générations en générations. Il avait, devant lui, un autre fruit de cet arbre. Un fruit si beau qu'il lui était impossible à présent d'imaginer cet arbre de mélange aussi pourri qu'on le disait.
Instinctivement, comme si les frontières et les races n'étaient plus que des mots, il la réconforta dans la langue la plus chaude et profonde qu'il connaissait. Celle qu'il ne fallait jamais prononcer ici.


« Ne pense pas, ne sois que toi. Il n'y a nul artifice qui ne pourrait tenir dans cet chambre, nul comportement que tu ne dois suivre s'il ne fait pas partie de toi. Tu es libre ici. » lui confia-t-il en astorg.

Lentement, il prit sa main et l'accompagna à sa ceinture. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait été débouclée par une présence féminine, il en avait oublié la douceur et la chaleur. Puis il accompagna le mouvement et ôta tout ce qu'il portait encore.
Calmant sa respiration, il admira quelques instants le corps de sa partenaire, ne caressant que par les yeux, ne la touchant que du regard. Puis il lui tint la joue par la main droite, tout en couvrant son sein de la gauche avant de poser ses lèvres sur les siennes.
Sa main gauche descendit plus bas et alors qu'il sonda une dernière fois l'horizon étoilée de ses yeux bleus, il ne firent plus qu'un sous la lumière de ses étoiles. Précautionneusement, sans heurts, sans violence, juste un mouvement commun, un frisson partagé, un râle incontrôlable.
Il se sentait battre en elle tandis qu'elle exaltait sous la passion, qu'elle frissonnait aux mouvements lents et expirait aux rapides. Supportant son propre poids sur ses coudes pour ne pas la briser sous lui, elle lui semblait si fragile, si cristalline dans ses souffles bruyants.

Sentant peut-être la faiblesse le prendre à rester dans telle position, Thémis eut un mouvement à peine perceptible qui, dans leur union corporel, était aussi clair que s'il avait été un cri. Ils se retournèrent, les mains de Soren voilant sa poitrine érigée, soupirant au moindre mouvement, récoltant sur sa peau la rosée des gouttes de sueurs de Thémis. Chaque râle qu'elle murmurait sonnait comme mille cris de victoire sur le champs de bataille, chaque main qu'elle posait sur lui plus brûlante que le sable d'été. Il lui caressa les fesses, remonta le dos, saisit les bras, recouvra les mains comme si chaque partie de son corps était à chaque fois un mystère et une surprise. Sans regarder, sans quitter son visage des yeux si ce n'était pour les clore dans les mouvements les plus rapides, il sentait en lui ce qu'il devait toucher et parcourir. Quels secrets cachait-elle encore pour lui, alors qu'il faisait partie d'elle dans chaque mouvement de houle pareil à l'océan?
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Fille Clari, Prof
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMar 19 Avr - 3:04

[ Je me permets d'écrire à la 3ème personne pour mieux décrire les actions et les sentiments de Thémis. ]

La jeune fille sentit les mains de son amant se réchauffer doucement, et la sensation de ces dernières sur son corps déjà brulant la fit frissonner de plaisir. Si son corps prenait petit à petit une teinte rosée sous l'effet de la chaleur et des baisers du Capitaine, la demoiselle sentait également une chaleur insensée s'évader par les pores de son visage. Elle devait être rouge comme un coquelicot à l'heure qu'il était mais pourtant, elle n'y prit pas gare. Elle aimait que l'homme lui caresse avec autant de chaleur et de douceur les cuisses ou encore le cou. En son for intérieur, elle sentait quelque chose changer, quelque chose se muer en une douce lumière là où tout n'était que ténèbres et noirceur jusque là. Le Cydien qui partageait son sang venait de briser la dernière muraille que la fille Clari avait dressé tant bien que mal au cours de ces dernières années. Et ce fut à ce moment précis qu'elle sentit bien plus de choses que son cerveau ou son corps n'étaient capables d'emmagasiner.
Elle comprit l'espace d'un instant qu'elle n'était pas la seule à craindre pour la suite de la scène. Soren semblait perturbé, par quoi, elle l'ignorait, mais cette lueur dans ses yeux lui donnait envie de le prendre dans ses bras de poupée d'opaline. Plus que jamais, Thémis se sentit telle la gazelle sur le point d'être dévorée par le lion des îles Nùa-Ty. Pourtant, si elle craignait de mal faire elle-même, l'élémentaire ne craignait pas son amant. Elle craignait sa colère, elle le craignait en tant qu'homme sans doutes parce qu'elle en avait une fausse image qui tendait à se briser de plus en plus, mais elle ne craignait pas le Soren qu'elle avait en face d'elle. Pire que tout, elle aurait voulu se perdre dans l'océan de nuit qu'étaient ses yeux.

La jeune femme mit une seconde à comprendre la langue employée et s'en étonna la seconde suivante. Lui qui, quelques minutes plus tôt, l'avait rabrouée d'user la langue interdite pour lui parler, voilà que désormais, il l'employait pour la rassurer. L'attention fit rougir un peu plus Thémis si tant est que ce fut possible. Cette langue sonna à ses oreilles comme une chanson d'amour ou un poème et elle put sentir son cœur se calmer un bref instant. S'attardant sur les mots du Capitaine qui résonnaient encore dans sa tête, elle comprit tellement de choses qu'à nouveau, les dernières bribes de barrière dans sa tête volèrent en éclats. L'homme que la petite Clari avait en face d'elle n'était pas le Capitaine sanguinaire qu'elle avait pu observer durant la bataille, l'homme violent et sans attaches qu'elle avait eu l'occasion d'observer quelques minutes plus tôt, qui lui paraissaient des heures, des années. Elle avait en face d'elle l'homme le plus doux malgré sa carrure imposante et le plus amant possible.
Ce fut sans doutes à cet instant que la jeune fille perdit totalement pied. Dans sa tête, seul l'écho de ses mots tourna encore une fois avant de disparaître pour ne rester gravés que dans son cœur. Imperceptiblement, elle sourit d'une tendresse qu'elle ne se savait pas posséder et cette fois, elle put en être certaine. Elle aurait pu franchir n'importe quel pas malgré la peur qui tambourinait à ses oreilles, elle aurait pu le suivre n'importe où pourvu qu'il ne lâche pas sa main. Il aurait pu vouloir la dévorer que la gazelle se serait laissée faire.

Lentement, elle le sentit accompagner sa main vers sa ceinture et instinctivement, Thémis eut un bref mouvement de recul que Soren ne dut pas ressentir. Elle craignait de se montrer une nouvelle fois ridicule, elle qui n'avait même pas réussi à défaire ne serait-ce qu'un seul cran de la précieuse clé ! Mais l'homme maintint sa main avec douceur et accompagna tous ses mouvements. Dans un premier temps, Thémis rougit, sentant son cœur qui allait imploser, puis petit à petit, elle accompagna le mouvement sans réticence, oubliant prudence, vengeance et craintes et ne laissant place qu'à la confiance qu'elle avait envers le Capitaine.
Elle avait demandé à ce qu'il lui apprenne et maintenant que c'était le cas, elle ne le regrettait pour rien au monde. Elle aurait donné n'importe quoi pour en apprendre un peu plus encore sur lui mais ce fut son corps qui prit le dessus sur sa tête et la demoiselle sentit le désir impatient et brûlant de ce qui allait suivre. Dans ses gestes, Soren était loin du cruel homme qu'elle s'était imaginée, tel un livre qu'on ne peut juger sur sa couverture, elle s'était fourvoyée totalement sur le personnage et finalement, elle ne le regrettait pas. Elle avait gagné au change si l'on pouvait parler ainsi, même si sur le moment, elle n'y pensa qu'un bref instant.

La jeune élémentaire regarda le corps imposant de son amant sans oser bouger. En réalité, elle eut plus que jamais l'impression d'être la gazelle sur le point d'être dévorée, la souris avec le chat allait jouer jusqu'à épuisement. Soudain, elle eut peur. Peur que ce corps qu'elle réclamait de tout son être ne la brise tel un miroir au contact glacé du sol. Plus que de mal faire, la jeune femme à la peau d'opaline eut peur de laisser l'homme en face d'elle agir. Sans savoir pourquoi, le bruit de sa chemise de nuit déchirée quelques instants plus tôt retentit à ses oreilles et ce ne fut que lorsque sa main chaude se posa sur sa joue et ses lèvres sur les siennes que sa peur si soudaine s'envola aussi vite qu'elle lui était apparue.

Elle sentit la douceur mêlée de chaleur. A présent, ils n'étaient plus des ennemis mais deux amants réunis sous un même ciel étoilé. Une fois encore, Thémis admira la douceur dont pouvait faire preuve le soldat. Elle n'avait pu s'empêcher de penser, malgré les tentatives du Princeps pour la rassurer, que ce dernier ne pourrait rester doux dans un tel moment mais une fois encore, elle avait eut tords.
La peau de la jeune femme réagit tandis qu'elle entamait avec son amant une danse douce, posée et contrôlée dont elle appréciait le rythme et la cadence. Son pouls s'accéléra allant jusqu'au point qu'elle sentait son cœur marteler sa poitrine mais dans un tel instant, elle était incapable de dire s'il s'agissait réellement du sien ou de celui de Soren. Sa respiration se fit plus hâtive tandis qu'elle sentit ses doigts se rétracter sur la peau de son amant plusieurs fois, y laissant des marques rougeâtres dont elle ne prit pas gare. La jeune femme sentait le corps et le cœur de Soren tout entier battre à l'unisson avec le sien, elle sentait une chaleur bruler son âme tandis que ses mains caressaient les épaules solides de son amant. Dans un coin de sa tête encore éveillé, elle se surprit à espérer que cet instant dure indéfiniment. La demoiselle expira en gémissant, ses joues reprenant une teinte rosie en entendant un son, tout aussi faible soit-il, sortir de ses lèvres. Elle espéra que Soren ne l'avait pas entendu.

Thémis exaltait, cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas senti aussi bien. Le Princeps avait raison, dans cette pièce, dans cette chambre qu'ils partageaient en cette douce nuit, elle n'avait pas à se cacher, elle n'avait pas à jouer un jeu quelconque et pouvait être elle-même tout comme lui-même ne jouait plus son rôle de soldat et de supérieur. Ils étaient simplement un homme et une femme, leur différences mises de côtés pour ne laisser paraître que leur points communs. Toute honte envolée, la jeune femme prit soudain conscience de la position qu'avait adopté son amant pour ne pas la blesser ou peut-être pour ne pas l'effrayer. Elle hésita un instant avant de se décider. Elle ne sut pas exactement ce qu'elle avait fait pour qu'il comprenne mais la seconde suivante, leur place furent inversées.
Si Thémis avait pu sentir la passion jusque là dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses caresses ou chaque baiser qu'il avait déposé sur ses lèvres, elle cru sentir à présent l'amour qu'elle se prenait à avoir pour lui déborder de chaque pore de sa peau. Elle n'aurait osé l'avouer si le lui avait demandé mais elle préférait cette position. A vrai dire, elle se sentait moins fragile, moins faible face à lui et avait l'impression d'être plus douée, même si le terme ne se prêtait pas à ce qu'elle ressentait réellement. Chaque mouvement la faisait soupirer et teintait ses joues de rose. Chaque expiration, chaque muscle de son corps, lui faisaient ressentir à quel point elle aurait voulu que tout ceci dure éternellement. Ses mains parcouraient sans complexe aucun le torse couvert d'une fine couche de sueur de son amant, ses lèvres se posaient sur ses épaules, sur son cou pour parfois rejoindre leur partenaires légitimes. Tout l'être de Thémis semblait inondé de chaleur et de tellement d'autres choses que la demoiselle ne pouvait les exprimer.

Ce fut dans ce sentiment de bien être que la jeune femme s'endormit, sans savoir combien de temps s'était écoulé, sans savoir qui d'eux deux avaient fermés les yeux le premier. Elle se sentait bien, protégée dans les bras massifs de son amant et aimée.

Thémis ouvrit les yeux alors que l'aurore en faisait de même. Si elle était incapable de se souvenir quand elle s'était endormie et s'il était encore éveillé alors, elle était la première à se réveiller ce matin-là. Les souvenirs de la veille remontèrent à la surface de sa conscience et la firent rougir violemment. Soren quant à lui dormait paisiblement si bien que Thémis n'osa pas bouger. Sa tête reposait sur l'épaule droite du Princeps tandis que son corps était enroulé autour de celui de son amant. Sur elle, la couverture en fourrure qu'elle avait déposé à côté du lit la veille avait repris sa juste place et la jeune fille ne se souvenait pas que c'était de son propre fait. Elle sourit tendrement en se disant qu'elle s'était vraiment fourvoyée. De toute la nuit et ce matin encore, Soren avait été le plus doux et le lus attentionné des amants.
La jeune Clari se perdit à contempler le corps endormi de son amant, ses mains parcourant avec douceur le corps soulevé par une respiration calme si différente de la veille. La pensée la fit rougir à nouveau. Elle avait apprécié et même plus la nuit qu'ils venaient de passer mais en découlaient toutes sortes de questions. La jeune femme ne put en effet se demander si elle n'avait pas eut tords.

Elle n'avait agi que dans le but de se venger et voilà que ce matin, elle craignait qu'il s'en aille comme si de rien n'était, comme si cette nuit n'avait été qu'un songe. Seulement la chaleur qu'elle sentait encore à l'intérieur d'elle témoignait que tout cela n'avait pas été un rêve mais la réalité et il lui fallait y faire face. Thémis ne voulait pas que les choses s'arrêtent, elle avait vu cette nuit un homme doux, attentionné, qui ne se fiait pas aux apparences ou aux origines, elle avait un homme dont elle était tombée amoureuse, même si cette idée aurait paru folle à quiconque l'aurait entendu. Et si le Princeps avait accepté de partager son corps avec elle, peut-être était-ce lui aussi parce qu'il l'avait aimée et trouvé à son goût. Thémis ne voulait pas que cette nuit soit une erreur, elle voulait qu'elle soit le prélude à leur histoire, même si cette idée lui était sans doutes interdite.
Alors que la jeune femme était aux prises avec ses pensées, sa main droite allait et venait en douceur sur le torse de l'homme endormit. Elle se sentait si sale de l'avoir trahi même s'il ne pouvait le savoir. Elle espérait une relation sérieuse … quand bien même accepterait-il pareille folie, se risquerait-elle à l'accepter sur de faux semblants ? Sur un mensonge ? Thémis ne voulait pas de ce mensonge. Elle ne … son poignet endolori la ramena à la réalité. Un bleu parcourait ce dernier, douloureux certes mais pas autant que le poids de sa trahison. La jeune femme tenta de se calmer et pour cela, elle ne força à se concentrer sur l'instant présent. Ainsi, elle reposa sa tête sur le torse de Soren observant sa main droite endolorie comme une spectatrice.

Sa main buta sur une cicatrice qu'elle commença inconsciemment à soigner. Elle eut du mal à créer de l'eau tiède tant son esprit était embrumé par ses questions et elle eut également du mal à soigner la fine cicatrice pour qu'elle ne soit plus qu'un souvenir quoi qu'il en soit, elle n'avait pas encore terminé lorsqu'il s'éveilla. Il bougea imperceptiblement mais cela suffit à Thémis pour sentir à nouveau le poids de la culpabilité faire prisonnier son cœur. Les larmes affluèrent et roulèrent en silence sur ses joues, s'échouant sur le torse de son compagnon. De honte, elle releva la tête et s'appuya sur son poignet pour se relever, grimaçant instantanément de douleur, n'ayant pas choisi le bon pour une telle opération. Lorsqu'elle fut plus ou moins assise sur le lit, à hauteur de la tête du Princeps, ses genoux en contact avec l'épaule de ce dernier, elle tenta de cacher ses larmes. Elle ne pleurait pas parce qu'il lui avait fait mal mais elle savait pertinemment que si elle ne parlait pas rapidement, il le croirait et cela signifiait sans doutes qu'elle ne pourrait pas formuler son souhait de rester avec lui. Elle chercha les mots mais elle se sentait si horrible qu'aucun ne parvint à son esprit. Son visage caché, elle murmura dans un hoquet :


« Je suis désolée … tellement désolée »

Elle avait parlé en Astorg sans même y réfléchir. Pourquoi avoir choisi cette langue qui signifiait tant pour elle ? Peut-être parce que justement, c'était une langue particulièrement importante aux yeux de la demoiselle. C'était sa fierté comme son trésor le plus précieux et c'était sans doutes pour cela qu'elle l'avait choisi, parce que l'homme qui était devant elle était lui aussi quelque chose de précieux à ses yeux. Thémis se calma, mais les larmes ne cessèrent pas pour autant de rouler le long de ses joues. Son ventre se soulevait au rythme des pleurs et de sa respiration saccadée.

« Je voulais vous demander ... »
commença-t-elle, ses mots mourant dans sa gorge.

Que pouvait-elle demander ? Qu'il reste avec elle ?
Elle n'était qu'une enfant aux yeux de cet homme. La fille de son supérieur qui plus est. Ce qu'elle demandait en silence paraitrait caprice. Et pourtant, n'avait-elle pas eut tord de le juger hâtivement la veille ? N'avait-elle pas tord à nouveau de faire de même en lui prêtant des pensées qu'il n'avait pas exprimé ?


« Je vous ai trahi. »
prononça-t-elle avec difficulté.

« Je voulais vous dénoncer à mon père après cela je voulais vous trahir mais je suis tombée amoureuse de toi. »


Les mots étaient venus sans qu'elle y réfléchisse. Son corps réagit à sa place instinctivement, elle eut un mouvement de recul. Elle savait que cela le mettrait en colère, qu'il la rejetterait, elle le savait et en avait peur. Malgré les larmes qu'elle oublia, elle plongea son regard dans celui du Capitaine, elle se doutait qu'il était inutile de lui dire qu'elle était désolée, même si c'était le cas, elle se doutait également que le supplier ne ferait qu'attiser sa colère. Alors elle se décida à fuir, à tenter de se reforger en vitesse cette carapace qu'il n'avait eu aucun mal à faire voler en éclats. Elle ne voulait pas qu'il la rejette, elle ne voulait pas le perdre mais elle avait menti et avait tenté de le trahir pour se venger enfantillages.

« Je vais soigner cela si tu...vous le voulez ! »

Elle tenta de poser ses mains sur l'épaule de l'homme qu'elle avait griffé la veille. Elle l'avait vouvoyé parce qu'elle avait peur de sa réaction. Elle était déboussolée, se sentait la pire des femmes et n'attendait qu'une réponse qu'elle savait ne jamais venir.

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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMar 19 Avr - 16:03

La nuit fut courte, mais Soren y était habitué. Des nuits à travailler, à plancher sur ses effectifs et sur des rapports d'enquêtes. Mais rien d'aussi épuisant que ce qu'il venait de vivre et de loin. Il ne s'était pas endormi aussi vite depuis des années, si vite qu'il ne s'en rappelait pas. S'était-il endormi comme un mal-propre, sans aucun respect pour son amante? L'avait-il au moins satisfaite, ou la fatigue l'avait-elle pris avant?
Il ouvrit les yeux. Le jour s'était déjà levé. Par les dieux, quelle heure était-il donc! Son regard s'habitua progressivement à la luminosité, jusqu'à ce qu'il remette en place toutes les pièces.
Elle était bien là, il n'avait rien imaginé, rien fantasmé, rien halluciné. Elle était ici, nue et blanche, quelques traces rosées sur son corps témoignant des ébats amants de la soirée. Et un bleu immense sur le bras.
Honteux, en colère contre lui-même, il lui saisit délicatement le bras. Sans même lui dire bonjour, ou un mot d'introduction. Non, il n'y avait que cette marque immonde qui gâchait sa peau de porcelaine, cette preuve honteuse de sa violence envers une jeune fille avec qui il venait de partager plus que son corps cette nuit-là
.

« N'y a-t-il rien que l'on puisse faire contre cela? » articula-t-il en regardant son poignet.

Il n'y eut que larmes pour répondre à sa question. Quel genre de brute épaisse était-il donc, indigne de partager la couche de Thémis, indigne de son attention.

« Ai-je donc été si violent ? »

Mais, pour le soulager, il se trompait. Peut-être pas totalement, il en douterait toujours. Il avait des choses à lui cacher, elle également. Mais elle était décidé à lui ouvrir son cœur totalement, après avoir partagé son corps comme ses sentiments et ses désirs. Ne faire plus qu'un, dans la pensée et le mouvement.
Il s'attendait à cela. Il se doutait bien qu'elle ne s'était pas livrée, donnée à lui car il avait été gentil et attentionné. Non, il avait été violent, brutal, rustre, insultant. Il avait mérité ce traitement. Il l'aurait mérité.
Il ne méritait pas ce qu'elle lui confiait. Il n'avait rien fait pour.
Soren ne savait pas vraiment comment réagir à cela. C'était nouveau. C'était inattendu. Envers lui, c'était mal le connaître.


« C'est un homme brisé et solitaire que vous aimez. Je ne sais si je peux vous donner ce que vous méritez. »

Il passa sa main sur sa joue, séchant sa larme.

« Ce que tu mérites. »

Mais était-ce ce qu'il voulait réellement? Toute sa vie, il n'avait jamais chercher à trouver une personne capable de l'accompagner, le comprendre, le rassurer. Il avait Lizzie. Mais elle était morte, elle n'existait pas, et Thémis était là, elle, vivante, chaude, aimante.
Sur l'instant, il s'imagina devoir faire un choix. Entre elles.
Sans avoir besoin de réfléchir, il l'avait choisi Elle. Il voulait la choisir. Il avait le choix.


« Écoute... Je sais que je n'ai pas à te dire ce que tu dois faire. J'ai peur de te faire du mal. »

Alors qu'elle passa son doigt sur ses griffures, il la lui saisit doucement.

« Laisse-les. Ces cicatrices seront mon trésor et ma fierté. »

Sa main remonta le long de son bras, puis son cou et sa poitrine. Là, un signal silencieux, un de plus dans un couple qui n'avait pas besoin de parler, leur intima de s'aimer à nouveau.
Ils y étaient, ils y furent presque, ils s'aimaient en un être lorsqu'on frappa à la porte. Une voix s'éleva. Pendant un instant, Soren voulu prendre son épée et décapiter l'importun. Alors il reconnu la voix, et certainement Thémis également.
Elle s'était figée, un statue de cristal, une poupée de porcelaine, un ange tombée du ciel. Elle avait la chair de poule, le regard lointain.
L'homme derrière la porte, Liam, son propre confrère zélote, le cousin de son aimée, son compagnon d'arme, la terrorisé. Il l'affolait.
Cette simple pensée lui donnait envie de le passer par la fenêtre AVANT de le décapiter.

Criant de l'attendre le temps qu'elle s'habille, Thémis chercha hâtivement ses vêtements, alors que Soren, dans un grognement, se vêtit aussi à la va-vite. Si la liaison de ce soir venait à se savoir, cela sonnerait certainement la fin pour eux. Pas seulement dû à la différence d'âge évidente, mais aussi à leurs positions, leurs familles, les rivalités politiques, la langue qu'ils parlaient entre eux.
C'était la panique totale, mais étrangement il n'avait pas peur. Il était excité. Elle l'excitait.
Oubliant son épée alors que Liam menaçait de démonter la porte, il vola une dernière caresse à son amante et s'enfuit par la fenêtre, le chemin qu'elle lui désignait.
Il maudissait le temps de lui avoir pris cette nuit aussi vite.

Lourdement, il passait par le toit du monastère pour regagner sa chambre. Ses bottes de cuir résonnaient sur les tuiles, menaçant de le faire découvrir dans cette position ridicule. Atteignant enfin le toit de sa chambre, il se laissa tomber en se tenant à la gouttière.....
…..... Pour tomber nez à nez avec Anatoli Clari devant sa porte.
Soren resta interdit, là. La bouche ouverte, les yeux fixés vers le regard ahurit de son supérieur.
Il était dépeigné, habillé comme la veille, débraillé, rouge sur le cou. Grillé en somme.


« Par tous les dieux Princeps, quelle diablesse vous a mis dans cet état! » ria Anatoli, ravi de trouver son second dans un tel état.

Votre fille, Consul? Se retint-il de répondre. Quelle victoire, quelle vengeance cela aurait été pour lui!
Sauf qu'une telle vengeance, il le savait, n'était pas ce qui lui fallait pour être heureux.


« Il y a des forces en ce monde contre lesquelles on ne peut lutter, Consul Clari. »

Et, avant de se rendre dans la cour procéder au recensement des morts, disparus et blessés dont le chargeait le Cydien, il entra chez lui se donner bonne figure, cherchant à oublier la frustration de ce dernier moment volé avec son amie secrète.
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMer 20 Avr - 4:02

Thémis laissa l'homme saisir son bras avec une délicatesse qui une fois encore l'étonna. Son poignet était douloureux certes, mais il n'était rien face à la douleur de son esprit, face à ce sentiment de trahison qui la rongeait de l'intérieur. Il était vrai que la marque violacée était tout de même de belle taille et la remarque de Soren ne put l'empêcher de sourire. Finalement, la fille des Clari lui répondit à une toute autre question, celle qu'elle se posait elle-même depuis plus d'une heure qu'elle était réveillée, l'observant dormir telle une poupée de cire. Elle avait laissé de côté sa fierté oubliée depuis la veille et lui avait tout avoué. Elle s'attendait désormais au pire, elle craignait qu'il n'entre dans une colère folle. Thémis n'était pas le genre de femmes à craindre les hommes, du moins pas ceux qui étaient inoffensifs ou qui tenterait quelque chose contre elle. La demoiselle était de celles qui craignaient de mal faire et en conséquence, elle était également de celles qui avaient une peur panique des hommes en colère. Seule la colère d'Anatoli, son père, ne lui faisait pas peur mais la faisait sourire, elle avait compris avec le temps que cette colère était le moyen de lui dire qu'il l'aimait comme sa fille et s'inquiétait pour elle et elle en jouait tellement que celle-là était comme un trésor pour elle. Un appel lui affirmant qu'elle était belle et bien en vie et belle et bien là aux yeux de son père.
Thémis s'attendait à ce qu'il hurle, peut-être à ce qu'il la frappe et son corps se raidit d'instinct. Elle s'attendait à tout sauf au ton qu'il employa. Elle lui avait malgré elle une déclaration et son cœur ne pouvait s'empêcher de battre la chamade. Là encore, c'était la première fois qu'elle sentait cette émotion violente déferler en elle mais elle savait que ce n'était pas possible. Elle ne connaissait que peu le Princeps, bien qu'elle ai l'impression de mieux le connaître désormais et pourtant, elle était sure d'une chose intangible. Le Princeps était quelqu'un de rationnel. Il ne s'embêterait pas à poursuivre une relation avec une petite gamine de dix ans ou peut-être plus sa cadette, fille de son supérieur de surcroit ! Soren était quelqu'un de raisonnable, ce qu'elle n'avait jamais su être et pour une fois, elle aurait aimé l'être, pour ne pas avoir eu à prononcer ces mots. Pour avoir laissé intact cette nuit et qu'elle ne soit devenue qu'un souvenir. Pourquoi avait-elle prononcé ces mots ? Et pourquoi ne réagissait-il pas ? Thémis aurait préférait cent fois qu'il hurle plutôt qu'il ne dise rien, laissant ainsi en suspens sa trahison honteuse.

Une fois encore, Thémis se rendit compte qu'elle ne connaissait rien de Soren mais que ses gestes, doux et délicat envers elle, si loin de la veille lorsqu'il avait réduit sa chemise de nuit en lambeaux qui trônaient encore devant le mur, faisaient vibrer son cœur comme s'il allait se briser à tout moment. La gorge nouée, elle écouta le Capitaine lui dire qu'il n'était peut-être pas l'homme qu'il lui fallait. Sa raison aurait pu lui en dire de même mais il y avait bien longtemps que la demoiselle ne l'écoutait plus. Elle voulu lui répondre que c'était à elle de choisir, que c'était son choix et celui de personne d'autre mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Elle voulu crier qu'elle était prête à le connaître, à apprendre tout ce qu'il fallait savoir sur lui, à l'aimer même si le mot lui faisait encore peur, à partager sa vie même si l'idée la terrorisait encore un peu du fait de son jeune âge. Mais finalement, elle ne s'en sentait pas le droit vu la façon dont tout cela avait commencé. Elle avait trahi dès le début, comment pourrait-il lui faire confiance ?

Même s'il semblait lui avoir pardonné en caressant sa joue.

Une fois encore, Thémis rougit. Il était attentionné et cela, elle ne l'aurait jamais cru avant de partager la nuit avec lui. Il ne pouvait lui dire ce qu'elle devait faire certes, mais qui le ferait dans ce cas ? La jeune fille n'était pas ces faux semblants. Derrière cette façade d'indifférence, d'affronts perpétuels ou encore, d'ironie et d'humour se cachait un cœur pur et fragile. Une jeune fille torturée par ses origines ou encore, torturée de ne pas trouver sa place. Si personne ne la lui donnait, que deviendrait-elle ? La seule chose qui pouvait lui faire mal en ce moment était cette réponse. Ce n'était ni une approbation ni un ordre ni une interdiction. Dans les trois cas, elle aurait pu passer outre mais maintenant qu'on lui offrait le choix, elle était perdue. Elle avait peur de mal faire, de mal choisir, d'être maladroite dans l'une ou l'autre des voies qui s'ouvraient à elle. Thémis aurait préféré la colère, elle aurait su y faire face, mais sa nature incomplète et son côté peu sure d'elle ne l'aidèrent en rien à savoir quoi dire sur le moment ou quoi faire. Elle posa donc sa main sur l'épaule massive du soldat. Elle voulait le soigner, effacer cette nuit s'il y tenait tant, mais elle n'en avait pas envie aussi, lorsqu'il saisit sa main pour l'éloigner en douceur, Thémis cru que c'était le moment où il allait exploser, le prélude à la tempête mais la douceur qu'il lui octroyait ne se pliait pas à cette idée. La remarque qu'il lui fit non plus et à nouveau, ses joues se pigmentèrent de rouge.

Elle sentit sa main remonter le long de son bras mais avec une douceur qui ne pouvait signifier qu'une chose. Du moins le croyait-elle et s'y accrochait-elle. Il l'aimait assez pour lui pardonner sinon pourquoi agir comme tel ? Thémis se laissa une nouvelle fois transportée sur leur horizon mais lorsqu'ils ne firent plus qu'un, un coup se fit entendre sur sa porte qui en trembla et une voix s'éleva.
Le corps de Thémis réagit à nouveau instinctivement tandis que ses yeux se posèrent sur Soren. Son visage s'était fermé et toute douceur avait disparu. Il semblait détester l'homme qui venait de frapper au plus haut point et sans doutes eut-il reconnu Liam lorsqu'il décida de se retirer pour récupérer ses affaires. Thémis quant à elle s'était figée. Sans savoir pourquoi, en entendant la voix de son cousin derrière la porte, elle avait revécu une scène de son enfance. Maitre Lymion aimait bien la petite, il aimait sa joie de vivre et son humour et il avait été l'un des seuls à ne jamais la juger. Devant l'incompétence dont elle pouvait faire preuve pour manier une épée, il l'avait confiée à son cousin Liam, âgé alors d'une vingtaine d'années tandis que la petite n'en avait que dix. La journée s'était bien passée, le garçon étant attentionné et patient malgré ses erreurs, mais le soir venu, alors qu'il lui demandait de mettre en pratique tout ce qu'il lui avait appris dans la journée, les choses avaient mal tournées. Thémis avait saisi l'épée faite sur mesure pour elle et avait frappé comme il le lui avait appris, du moins en avait-elle eut cette impression. Au lieu de cela, elle avait blessé son cousin, légèrement certes, mais ce dernier était rentré dans une colère insondable. Elle s'était souvenue de son geste, de cette main tendue vers elle qui n'avait osé la frapper de par son rang mais elle se souvenait aussi de sa voix pleine de rage. Ce n'était qu'un souvenir d'enfant mais il la terrorisait. Liam lui faisait peur même si elle ne le lui montrait jamais, même si elle faisait la fanfaronne et le rabrouait comme elle le pouvait les rares fois où elle le voyait depuis lors. Ces derniers temps, elle avait essuyé sa colère plusieurs fois vu qu'elle suivait la grossesse de sa femme et Thémis avait renoué avec sa peur enfantine.
A l'instant, ce n'était pas la perspective d'une claque qui lui faisait peur mais la réaction de son cousin s'il apprenait qu'elle avait couché avec quelqu'un et qui plus est, le Princeps. Elle savait n'être qu'un jouet entre les mains de son cousin, un tremplin vers sa soif d'ascension sociale mais si elle ignorait comment réagirait Soren, elle savait parfaitement comment Liam réagirait. Il entrerait dans une colère noire, n'hésiterait pas à attaquer Soren ou encore, à le dénoncer à Anatoli. Ce dernier demanderait la tête du Princeps pour avoir couché avec sa fille ! Elle ne savait pas ce que ferait Soren, mais de cet enchainement, elle était totalement sure.


« Thémis ! » hurla à moitié Liam derrière la porte, s'impatientant de ne pas recevoir de réponse.

La jeune femme mit encore quelques secondes à réfléchir, à se calmer, reprenant une voix presque normale. Elle avait failli lui parler en Astorg mais le Cydien fut sa réponse.


« Une minute mon cousin, laissez-moi le temps de m'habiller ! »

Et avec quoi ? Sa chemise de nuit n'était qu'un souvenir lointain, et elle ne pouvait pas accueillir son cousin dans une telle tenue qu'en sous-vêtements. Elle aida Soren à trouver ses vêtements tandis que Liam frapper à la porte pour la presser. Elle s'entendit crier « une minute » dans la panique mais elle était plus préoccupée par comment ouvrir la porte autrement que nue et autrement qu'en créant un esclandre. Elle entendait Soren se rhabiller dans un grognement. Se dirigeant vers la porte, elle tenta de lui donner son épée mais son cousin manquait de démolir la porte. A présent, il était en colère qu'elle n'aille pas assez vite et lui hurlait qu'elle se dépêche. Qu'il était tard et d'autres encore. Liam ne partirait pas, Thémis proposa donc la fenêtre à Soren, seul moyen pour lui de s'échapper. Pour sa part, elle était quelque peu apeurée, non pas par son idiot de cousin mais par Soren.

« Sois prudent » ne put-elle s'empêcher de murmurer en le voyant disparaître dans l'encadrement de la fenêtre.

Et comme une bécasse, elle tenait encore son épée entre les mains ! Sans parler que l'épée du Princeps ne passait pas inaperçue … surtout auprès de ses soldats. Thémis la cacha à la hâte sous le lit. Maintenant que Soren était parti, il lui fallait calmer la colère de son cousin tout en cachant sa liaison. Pour la liaison, c'était inutile. Liam avait réussi à ouvrir la porte de la chambre à force de taper dessus. Thémis saisit la première chose sous la main qui pouvait cacher ses formes. Son drap. Grillée.
A peine fut-il rentré et l'eusse-t-il vu dans cette tenue qu'il referma la porte dans un calme étrange, ne laissant voir que la colère dans ses yeux qui le brulait de l'intérieur. Thémis se figea, cherchant quelque chose à lui dire. Lorsqu'il fut à sa hauteur, il la toisa de haut. Si elle avait eut l'impression d'être une souris en face d'un tigre avec Soren, elle avait à présent l'impression d'être une enfant face à son père fou de rage.


« Dans quelle tenue je vous retrouve ma chère cousine. Vous devriez avoir honte de vous. »

Elle s'était attendue à sa remontrance et n'y faisait pas attention. Elle savait qu'il était en colère, mais qu'il respecterait son rang et sa position, bien utile face à lui il fallait l'avouer. Elle savait également qu'il valait mieux qu'elle s'habille pour qu'il étanche sa soif de colère et qu'il la laisse en paix. Aussi, elle enfila ses sous-vêtements devant lui sans faire attention à sa présence même si elle était gênée. Elle ne voulait qu'un autre la voit et bien qu'elle tente de cacher le plus possible son corps, elle savait que le regard de son cousin la dévorait. Il était parfois ignoble envers elle …

« Le sang des Clari ne saurait être souillé par une catin de votre espèce »

La phrase vola dans la chambre et brisa le silence.

La claque de Thémis raisonna en réponse à cette insulte.
A nouveau, le silence fut brisé. Liam avait perdu l'esprit, sa main venait de violemment heurter la joue de sa cousine tandis que cette dernière, sous le choc, avait du s'appuyer sur le lit. L'épée de Soren, à quelques pas d'elle, à l'abri des regards, lui donna envie de le tuer sur le champs mais elle ne le pouvait pas. Les larmes perlèrent malgré elle le long de ses joues pourtant, Thémis se releva avec toute la dignité dont elle était capable. Elle était énervée, elle se sentit sali et insultée et c'était justement ce qui lui permettait en général de faire face aux gens de son espèce dans ces moments là. Sa voix se fit glaciale.


« Mon cher cousin, sachez que ce geste ne restera pas impuni. Si vous ne quittez pas ma chambre sur le champs, je ferais croire à bon entendeur que j'ai passé la nuit avec vous. Contre mon gré. Nous aurons alors toute l'opportunité de constater qui de nous deux salira le plus le sang des Clari. »

Thémis savait son cousin fou de rage mais il quitta la chambre, sans oublier de claquer la porte au passage. Elle avait eu raison de jouer la carte des Clari mais la claque lui faisait mal, comme si elle l'avait ramené malgré elle dans la réalité. Thémis s'habilla à la hâte, ne voulant pas que son cousin raconte n'importe quoi en son absence. Un pantalon de couleur beige fut vite enfilé ainsi qu'un top noir qui recouvrait tout juste sa poitrine et laissait voir les bretelles en dentelles de son soutien-gorge blanc. Lorsqu'elle fut prête, elle enfila la dague à son côté et sortit.
Liam l'attendait et sa colère avait décru. Il s'excusa gauchement auprès de sa cousine tandis que cette dernière l'ignorait. La baffe qu'elle avait reçu lui brulait encore la joue et elle finissait par croire qu'elle attirait les hommes violents. A bien y réfléchir, elle ne qualifiait pas Soren de violent, seulement son cousin. Elle enfila à la va-vite l'une des mitaines blanches, la droite, que son père lui avait ramené d'un de ses voyages un jour, il y avait fort longtemps. Ensemble, ils descendirent dans la cour, Liam lui apprit qu'il lui fallait soigner les blessés et Thémis fut surprise de constater leur nombre. Son cœur manqua également un battement lorsqu'elle croisa le regard du Princeps qui était déjà sur place.

Thémis voulut partir. Vite. Loin. Mais Liam était là et il ne devait rien savoir, personne ne devait savoir. Seulement, elle ignorait comment faire disparaître de son esprit cette nuit où elle n'avait fait qu'un avec le Capitaine pour bien faire son travail et faire que leur relation passe inaperçue. La situation lui offrit malgré elle ce prétexte.


« J'ignorais que vous saviez compter mon cher Princeps mais j'osais espérer que vous soyez plus attentif envers vos hommes. Les laisser dehors par ce froid est pure folie ! »


Elle défia du regard le Capitaine. Ce n'était pas si difficile de jouer la comédie car en réalité, la jeune femme était en colère contre son cousin et ce dernier d'ailleurs en profita pour s'éclipser et compter les morts à son tour. Elle était également frustrée de ne pas avoir pu consommer le pardon de son amant. Pour finir, elle était médecin et la situation lui paraissait stupide.

« D'ailleurs, n'auriez-vous pas oublié quelque chose chez vous ce matin ? Il me semble qu'il est de circonstances que vous portiez votre épée, à moins que je me trompe, auquel cas, je vous prie de m'excuser. »

Sur ce, la jeune femme ignora comme elle le put le Capitaine et commença son labeur. Il lui faudrait trouver un soigneur pour son poignet et pour faire disparaître la marque rougeâtre qui ne manquerait pas à son tour de devenir violacée …. L'élémentaire se moquait de la réaction des autres, elle savait que ce qu'elle venait de dire était un affront et elle espérait que cela suffise pour cacher la nuit qu'ils avaient passé ensemble mais son cœur était déchiré. Elle ignorait si le Capitaine comprendrait qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle avait dit, sauf pour les blessés.
Les blessés justement lui rappelèrent la bataille et son corps en frissonna sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Le premier corps sur lequel elle se pencha était déjà mort de l'avoir attendu.


« Celui-là est mort. » souffla-t-elle la gorge nouée.

Elle resta interdit un instant encore, son corps refusant de bouger, les images des blessés durant la bataille affluant dans son esprit. L'odeur du sang qu'elle avait tenté d'effacer la veille emplissait la cour du Monastère. Elle cru qu'elle allait vomir. Elle se retint, elle ne voulait pas que son cousin ou même Soren ou qui que ce soit d'autre la voit ainsi. Elle continua son affaire, allant sur le deuxième corps. Là, elle posa ses mains sur la cicatrice qui lui entaillait l'abdomen. Elle ferma les yeux, chassant l'odeur de ses narines et la vision de son esprit. Elle tenta de chasser les images de la bataille pour se concentrer sur sa tâche. Au bout d'une minute, elle comprit de quoi il en retournait. Le foie avait été touché mais elle pouvait l'aider. L'eau jaillit telle la vie qu'elle insufflait dans ce corps mourant. Petit à petit, telle une couturière, elle remodela l'organe abimé, petit à petit, elle raviva la flamme de la vie de cet homme qu'elle ne connaissait guère et qu'elle soignait malgré son appréhension.
Thémis donnait la vie, voir ces corps allonger, sans vie ou sur le point de la perdre, lui donnait envie de pleurer. Ainsi, les enfants à qui elle donnait la vie finiraient dans cette cour un jour ? Elle frissonna à nouveau.

Son travail fini sur le premier homme qui dormait à présent d'un sommeil calme, elle se rendit sur le corps du deuxième. Un jeune homme plus jeune qu'elle, qu'elle avait déjà croisé dans les couloirs, était allongé devant elle. A peine était-il plus jeune qu'elle. Il devait avoir seize ans dans ses souvenirs ou dix-sept tout au plus. Il avait le tibia démit totalement et souffrait le martyr. L'odeur du sang et la vision de cette blessure ne manquèrent pas de faire vomir la pauvre soigneuse. Elle se reprit comme elle put, se concentrant sur sa tâche en oubliant la vision.
Elle appuya de tout son poids sur l'os du gamin, l'entendant crier. N'y arrivant pas, elle appela son cousin à l'aide et ce dernier du forcer pour aider l'os à reprendre sa juste place. Pendant ce temps, Thémis avait entouré la zone de son eau et apaisait la souffrance autant qu'elle le pouvait du pauvre blessé. Ce dernier hurlait malgré tout et ces cris lui transperçaient le cœur. Avant que l'hémorragie ne se propage, elle poussa son cousin et, les mains pleine de sang, elle commença son travail de magicienne.

Il lui fallut une demi-heure pour arrêter le sang de couler et pour recoudre tout ce qui avait été endommagé. Petits vaisseaux sanguins, muscles, peau. Au bout de trois quart d'heures, elle eut enfin fini. Les larmes étaient désormais mêlées du sang du jeune homme et elle se sentait quelque peu épuisée. Elle resta là, à contempler la jambe soignée et totalement indemne de toute cicatrice, maudissant pour la première fois son précieux don.


« Ca va aller ne vous en faites pas » murmura la voix affaiblie du jeune homme.

Elle lui sourit, posant sa main sur son front. Elle le regarda d'un air tendre, comme une mère aurait regardé son enfant à peine né.


« Tu es guéri, une bonne journée de repos et tu seras sur pied. Ta fièvre serait un mauvais souvenir dans quelques heures. Tâche simplement de te reposer et de ne pas forcer sur ta jambe dans les prochains jours. »


Il aurait pu courir le cent mètres si son corps n'avait pas été aussi épuisé mais elle préférait ne pas le lui dire. Thémis se leva avec difficulté, laissant les Zélotes emporter le gamin remit sur pied. Il serait en forme pour l'entrainement demain ne put-elle s'empêcher de constater. Les mains pleines de sang, elle avait également tâchée son pantalon et son ventre nu. Elle ne savait pas combien de temps elle tiendrait encore aussi préféra-t-elle prendre une pause et demander au Princeps, qu'elle avait rejoint.

« Combien de morts ? Je pense sincèrement que vous devriez rentrer les blessés Princeps, ils risquent de ne pas supporter le froid. »

Seule la tristesse perlait sa voix.

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Soren
Soren
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   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMer 20 Avr - 14:49

La place, pour son plus grand malheur, était bondée.
Soren avait espéré, près de vingt-quatre heures après la bataille, que tout ceci soit terminé. Pas psychologiquement, car la guerre et l'odeur du sang ne s'effaçait par l'écoulement d'un simple sablier, mais au moins physiquement dans le nombre, dans cette place centrale au monastère qui était devenue un dispensaire.
Dehors, car écrasés qu'ils étaient par le nombre.
Soren ne s'était vêtu pas très chaudement ce jour-ci. Déjà, parce qu'il bouillonnait de l'intérieur, mais également car l'Hiver cydien était très doux ces temps-ci. Il n'avait plus vu de neige depuis deux ans et le thermomètre affichait 12°c. Soren ne craignait pas le froid, contrairement à la majorité des Cydiens. Héritage génétique.
C'était à ce moment-là, lorsqu'il s'apprêta à sortir de sa chambre, qu'il remarqua l'absence de son épée de cérémonie Princeps. La peste soit le charme de Thémis Clari, il s'était enfui de chez elle sans son arme, le voilà à présent dans une belle pagaille. Pourvu que personne ne remarque cela.

Descendant les marches menant à la cour, le Capitaine chercha des yeux le plus haut gradé capable de le renseigner sur la situation. Celui-ci, pour sa plus grande colère, se trouvait dans l'incapacité de lui résumer quoique ce soit. Voilà quel était le problème dans l'armée de Cydonia: Soren assumant tout le travail tard le soir jusqu'à parfois tôt le matin, tous les autres prenaient désormais leurs aises avec leurs obligations. Excédé par cette journée juste débutée, le Zélote renvoya son second aux fraises et à ses études, relevant son incompétence. Expirant bruyamment, évacuant la frustration, il se flanqua de quelques responsables capables d'identifier les blessés et commença son travail, notant lui-même les informations dont il avait besoin. Il ne pouvait avoir confiance en personne.

Il se rendit vite compte qu'il ne pouvait d'ailleurs ne plus avoir confiance en sa propre personne, alors qu'il suivit lentement du regard la descente de Thémis dans la place. Ses yeux le trahissaient, son attention totalement capturée, prisonnière de la chevelure blonde et de l'Océan. Il n'était plus du coup à ce qu'il faisait, jusqu'à ce qu'elle s'adresse à lui. La première seconde, il se demandait si elle n'était pas devenue folle de risquer un échange en public. Puis, il se rendit compte qu'elle avait repris ses bonnes habitudes, à son grand désespoir: provocante, comme toujours, et dans tous les sens du terme: elle n'avait ni froid aux yeux, ni froid au corps. En cet instant, c'était comme si rien ne s'était passé la veille, le matin même. C'était une relation étrange, que Soren acceptait pour leur propre survie.
La peste soit de cette fille, de ses charmes et de sa provocation! Voilà qu'à présent, elle le mettait dans l'embarras sur l'oubli de son épée, sur sa propre erreur! Mais le Zélote ne se laisserait pas démonter si facilement:


« Il est de circonstance de se mettre au travail, dame Clari. Vous devriez pourtant être la première à savoir qu'il ne faut jamais se fier à l'apparence ou à l'habit. »

Elle se fichait éperdument de ce qu'il disait, il le savait. Il en avait l'habitude, c'était bien pour cela qu'il l'avait renvoyé du monastère Zélote. Seulement, il ne pouvait se permettre de se laisser reprendre devant ses hommes.
Il la laissa faire son travail, car il devait se concentrer sur le sien. Elle l'avait déjà assez déconcentré pour toute une vie, et aujourd'hui était une journée nécessaire, pour ses hommes et pour sa cité.
Il passait dans les rangs, il comptait, il détaillait, il critiquait. Et surtout, il s'épouvantait en silence de ce compte morbide. Des centaines de morts civils et militaires, certains templiers parmi eux. Ceux qui ne le sont pas encore cependant étant assurés, par le talent des soigneurs, de survivre.
Soren finissait de répartir ses blessés dans leurs bonnes légions lorsque son Océan s'approcha de lui. Froid et insensible à l'extérieur, il avait pourtant la gorge sèche et les mains tremblantes.
S'il n'avait pas passé cette nuit avec elle, il n'aurait pas compris ce qu'elle ne disait pas dans ses mots, le véritable message de sa question et de sa requête. Elle avait peur, elle devait être rassurée. Comme cette nuit.


« Chaque nom sur cette feuille est une ligne de trop. Cependant, nous n'aurions pu faire mieux que ce que le temps nous a permis. »

Faible pour remonter le moral, mais Soren n'était pas capable de mieux. Il n'avait jamais fait cela avant.

« Je comprends votre demande, mais nous n'avons pas assez de place à l'intérieur. Cependant, je vous mets responsable du choix des cas les plus urgents nécessitant d'être déplacés à l'intérieur, à votre guise. »

Sur ce, il la laissa. Son travail ici était terminé, il devait maintenant se poser à son bureau, rédiger des rapports officiels à faire signer à Anatoli et répartir correctement ses recrues dans des légions reformées. Mais avant cela, il avait à faire en ville, s'éclipsant silencieusement.
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Thémis
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMer 20 Avr - 16:09

La jeune femme espérait qu'il lui dirait que les corps étendus dans la cour du Monastère morts ou encore en vie mais attendant les soins des soigneurs, ne reflétaient pas réellement les pertes de la cité durant cette bataille. Comme si quelqu'un s'était en réalité amusé à rajouter ici et là des corps dans un esprit morbide. Mais le Princeps balaya ses peurs d'un coup de revers ou plutôt les renforça-t-il bien malgré lui. Posant un regard sur la liste, Thémis pu voir à quel point les forces de ce monde étaient capables de se haïr, de se détruire dans un souffle. Elle vit défiler des lignes et des lignes de morts, certains noms lui rappelant vaguement des personnes qu'elle avait connu ou croisé un jour au Monastère comme ailleurs. Sa gorge se noua malgré elle et à nouveau, elle se souvint de la bataille. Les corps qui affluaient, la plupart Templiers ou amazones de part leur position vis à vis du champs de bataille. Elle avait soigné des blessures bénignes comme plus graves mais surtout, elle s'était sentie pitoyable. Honteuse même de ne pas pouvoir être sur ce champs de bataille en compagnie des siens, pour défendre l'honneur et la vie de sa précieuse cité. Sa peur l'avait paralysée, l'odeur du sang l'avait tétanisée. La jeune femme donnait la vie mais était incapable de la reprendre. Cette longue lui lui rappelait à quel point elle était pitoyable.
Certains de ces soldats auraient pu être sauvés si elle ne s'était pas sentie si fatiguée la veille. Certains de ces civils auraient pu retourner chez eux si elle avait trouvé le courage de se lancer dans la bataille. Si elle avait eut le courage de ces hommes et de ces femmes venus d'horizons variés qui avaient sauvé sa propre cité alors qu'elle, fille de Cydonia, était restée figée comme une poupée de porcelaine face à tant de violence.

Soren la fit sortir de ses pensées tandis qu'il enfonçait sans le savoir une porte déjà entre-ouverte. Il y avait trop de blessés et de morts pour les cloisonner à l'intérieur du Monastère. Son éventuelle promotion du moment ne l'intéressait guère. Thémis n'avait jamais été intéressée par son ascension sociale contrairement à son cousin par exemple. Elle ne souhaitait qu'une chose en cet instant à vrai dire, disparaître, disparaître à jamais aux yeux de ce monde violent et cruel. Si elle avait découvert que les hommes cachaient parfois sous leurs habits un cœur pur et une douceur sans pareille, elle était incapable de voir dans ces quelques mots une lueur d'espoir. Perdue, elle regarda le Princeps quitter la cour, le dévorant du regard. En réalité, elle aurait aimé qu'il reste, que cette nuit dure toujours, qu'il la rassure une nouvelle fois. Dans ses bras, elle avait eut l'impression d'être protégée, intacte face à la folie de ce monde. A présent qu'il quittait la scène, elle se sentait d'autant plus triste, d'autant plus perdue.


« Thémis ? » l'appela doucement son cousin, tant et si bien que son ton la surprit.

Elle se tourna dans sa direction avant que ce dernier ne reprenne, d'un ton étrangement cérémonieux. Thémis comprit qu'il n'agissait ainsi que parce qu'ils étaient en public. Pour preuve, sa joue encore enflée. Elle décida d'entrer dans son jeu. Elle se moquait de son cousin, elle se moquait de ce ton doucereux qu'il employait en présence d'un public, elle savait n'être qu'un objet de triomphe pour Liam qui exhibait leur liens familiaux pour obtenir grâce auprès des autres. Peu lui importait. Elle s'excusa de son attitude prétextant la fatigue tandis qu'il lui demanda quels étaient les cas les plus importants à ses yeux ?

La question lui paru cruelle. Finalement, elle se mit à en vouloir au Capitaine d'être parti ainsi, lui laissant la lourde responsabilité de choisir qui devait survivre avant l'autre. Elle passa en revu les blessés qui étaient moins nombreux malheureusement que les morts. Si vraiment elle avait répondu avec son cœur, sans doutes aurait-elle dit que tous avaient besoin d'être mis à l'abri du froid même si certes, il ne neigeait plus depuis longtemps à Cydonia en hiver. Après dix minutes où elle avait passé en revue les corps encore animés de vie, manquant de tourner de l'œil à plusieurs reprises, elle dressa une liste qui lui paru injuste au fur et à mesure qu'elle la prononçait. Seule une dizaine de personnes lui semblaient nécessiter des soins urgents. Lorsqu'elle eut fini de donner des ordres, chose qu'elle détestait faire au plus haut point, elle ajouta avec douceur :


« Apportez des couvertures pour ceux qui resteront dehors. Je m'occuperais d'eux en priorité. »

Elle savait ce choix peu judicieux mais ne voulait pas que certains souffrent plus que d'autres. Elle était celle que l'on surnommait la magicienne mais refusait que son don serve à faire une sélection entre les blessés. Elle se décida donc à rester dehors pour aider à sauver les blessés qui restaient.

« Ma chère cousine, je comprends votre trouble mais votre place n'est pas dans cette cour, elle se trouve auprès de la dizaine de blessés que vous avez envoyé à l'intérieur. »

Thémis tenta de protester mais il poursuivit :

« Vous seule êtes capable de tisser des organes avec autant de talent. Rentrez les soigner, ceci est un ordre. »


Thémis n'avait pas envie de protester. Elle aurait pu répliquer qu'elle était fatiguée, c'était le cas. Elle aurait pu répliquer qu'elle n'en avait pas envie, qu'elle avait choisi de rester là pour éviter de voir la souffrance marquée leur visages ou encore, pour sentir l'odeur du sang et voir boyaux et tripes à l'air. La jeune femme aurait voulu rétorquer qu'elle n'était pas à ses ordres ni aux ordres de personne mais elle comprit que ce n'était pas le moment. Thémis comprit qu'il valait mieux soigner ces huit personnes qu'elle avait fait rentrer, dans un état critique. Elle ne pouvait être égoïste. Sans elles, les soigneurs même expérimentés du Monastère ne pourraient les soigner avec autant de talent qu'elle. Elle était apparemment la seule à pouvoir recréer des organes …

Thémis entra dans la pièce où les huit corps avaient été confinés. Le gamin qu'elle avait soigné était étendu sur sa couche et dormait paisiblement. Au moins aurait-elle accompli quelque chose de bien aujourd'hui. Elle se pencha sur le premier cas qui n'était pas bien sérieux vis à vis des autres. Tant pis, elle y passerait le reste de la journée mais elle les soignerait tous les huit. Le silence de la pièce se déchirait parfois sous les râles de l'un de ses malades. Thémis refoulait les hauts le cœur au confins de son esprit et se concentrait sur sa tâche. Toute la journée, elle passa son temps à recoller les morceaux, à tisser autour des organes déchirés par la bataille de nouveaux tissus, de nouvelles liaisons nerveuses, de nouveaux vaisseaux sanguins. Le soir ne tarderait pas à tomber et la jeune Clari n'avait pris en tout et pour tout qu'une heure pour se reposer et reprendre ensuite son dur labeur. Ne restait désormais plus qu'un cas. Elle avait demandé à un soigneur de calmer la douleur de la jeune femme en attendant qu'elle finisse avec les autres. Elle avait examiné cette dernière et avait compris qu'elle serait le cas le plus difficile de sa journée et pour éviter de se vider de son énergie tout de suite en la soignant, elle avait fait le choix de soigner les autres. C'était un choix horrible qui l'avait bouleversée toute la journée.

Thémis approcha son visage du corps de la jeune femme aux cheveux noir de jais. Elle avait les paupières closes et seul le mouvement régulier de sa poitrine lui prouva qu'elle était toujours en vie. Le soigneur qui avait passé l'après midi à la maintenir en vie quitta les lieux, exténué. Thémis ferma les yeux. Elle était fatiguée. Elle ne sentait plus ses membres, à peine arrivait-elle encore à tenir debout malgré la sieste qu'elle s'était accordée, c'était comme si elle avait insufflé sa propre vie dans le corps de ces blessés. Elle posa alors sa main sur l'abdomen de la soldate. Une élémentaire à n'en pas douter vu les blessures qu'elle avait sur les mains et elle manipulait le feu vu ses brûlures.
Thémis soigna les brûlures sans s'en rendre compte, agissant plus par automatisme et par réflexe qu'autre chose. Lorsque ceci fut fait, elle se concentra, cherchant le peu d'énergie qu'il lui restait. Etre debout toute la journée l'avait épuisée, soigner encore et encore, même si ce n'étaient que huit malheureuses personnes en plus du gamin et de l'autre dans la matinée, c'était épuisant d'user ainsi de son don. Elle vacilla alors qu'elle était en train de recoudre le poumon droit de la dame. Elle sentit à cet instant deux bras la saisirent par la taille sans oser faire plus. Le gamin du matin, qu'elle croyait encore endormi, venait de lui éviter la chute et éventuellement, venait de sauver la vie de sa patiente. Thémis reprit son œuvre sans réfléchir, se laissant guider par l'habitude. Un coin de sa tête lui souffla que peut-être, Soren était revenu et qu'il la portait à nouveau, lui cachant la face cruelle du monde. Ce ne fut que lorsqu'elle eut fini les soins et que les cris de la jeune femme cessèrent qu'elle comprit qu'elle avait réussi. Sa respiration calme lui prouva qu'elle avait réussi à faire une fois encore place à un petit miracle. Ne sentant plus ses membres, elle entendit murmurer derrière son oreille :


« Mademoiselle Thémis, il est tard et dans votre état, je crains que vous ne soyez plus capable de rien. Vous devriez peut-être vous reposer. »

Il hésitait. Elle comprit que ce n'était pas Soren et en fut déçue. Elle se dégagea dans une semi-douceur de son étreinte. Avec une voix fatiguée, elle s'entendit lui dire qu'il devrait se reposer et qu'elle allait en faire de même. Avant de quitter la pièce, après s'être assurée que tous les neuf allaient bien, elle le remercia et alla se réfugier dans sa chambre.

La jeune Clari ferma la porte avec précaution, Liam ayant manqué de la faire voler en éclats le matin même. Elle fut à nouveau déçue de voir que le Princeps n'était pas tel qu'elle l'avait laissé le matin. Les larmes roulèrent sur ses joues. La fatigue, la peur, la déception. Elle ne voulait plus soigner, elle ne voulait plus voir ces corps.
Lorsqu'elle s'éveilla, l'astre de la nuit était déjà haut dans le ciel. Elle était dans son bain, devenu froid depuis le temps qu'elle s'y était plongée. Ses cheveux étaient totalement trempés et l'eau avait prit une teinte rougeâtre. Au moins tout le sang qu'elle avait supporté sur elle toute la journée avait disparu. Malgré l'heure, elle se leva, s'habilla avec le même style de vêtement que le matin mais cette fois, son pantalon fut de couleur sombre ainsi que ses sous-vêtements. Lorsqu'elle fut prête, elle se rendit dans la chambre en face de la sienne. Le gamin qui y dormait était un espoir chez les soigneurs et même s'il était étonné de la voir à une heure pareille dans sa chambre, même s'il était à moitié endormi, il accepta de soigner son poignet. Ce dernier l'avait fait grimacer toute la journée et Thémis ne voulait pas aller voir Soren avec cette immonde blessure. Elle avait des choses à lui dire, tant en tant que soigneuse qu'en tant que femme. Le Zélote mit à peine une minute à faire disparaître la blessure et la jeune femme le remercia d'un baiser sur la joue. En sortant de la pièce, refermant la porte derrière elle, elle sentit le désir de voir le Princeps, non pas pour lui rendre son épée ou pour lui faire part de ses questions mais pour sentir une nouvelle ses lèvres sur les siennes.

L'élémentaire entra dans sa chambre, saisit l'épée et, après avoir vérifié que personne ne trainait dans les couloirs, elle s'y engagea. Jusqu'à renoncer lorsqu'elle entendit la voix de quelques jeunes Zélotes sortis faire la fête surement pour fêter la victoire. Et quelle victoire quand on voyait le nombre de blessés. La demoiselle décida donc d'emprunter le chemin qu'avait pris son amant le matin même.
Les toits n'étaient pas son fort mais elle se risqua quand même dans l'aventure. Prenant la précaution d'attacher l'épée autour de sa taille, serrant au maximum la ceinture attachée au fourreau, elle sortit par la fenêtre. Après plusieurs minutes où elle manqua d'une de perdre l'épée et de deux, de tomber au moins trois ou quatre fois, elle atterrit dans la cour silencieuse à cette heure tardive. La descente l'avait épuisée. Elle sentit plus que jamais le poids de la fatigue de la journée tomber sur ses épaules. Thémis se surprit à être venue au bureau du Princeps plutôt que dans sa chambre, peut-être le connaissait-elle un tant soit peu puisqu'en effet, malgré la nuit avancée, il était toujours là. La lumière sous la porte en témoignait.

Elle hésita un instant. Une demie seconde, le temps de se rendre compte que si quelqu'un la prenait dans la cour, l'épée du Princeps à la taille, on risquait de se faire de fausses idées, pas si fausses que cela en réalité et surtout, elle risquait des ennuis. Elle se souvenait en effet que personne en dehors du Princeps ne pouvait porter l'épée. Ce fut pourtant l'arme autour de la taille qu'elle entra dans le bureau, tremblante de fatigue, brûlante de fièvre surement aussi. Elle avait besoin de sommeil, elle tenait à peine debout et pourtant, elle avait envie de lui sauter dans les bras, de retrouver pour un instant seulement le calme et la douceur. La protection rassurante qu'il lui avait offert la veille. Elle se rendit alors compte de son entrée quelque peu rocambolesque. Elle ferma la porte derrière elle et son cerveau se mit à réfléchir à toute vitesse.


« Veuillez m'excuser, j'ai porté votre épée mais en réalité, j'avais peur de l'abîmer en la faisant tomber du toit. Je suis venue vous la rendre sans mauvaises intentions ! »


Ce n'était pas un acte de désobéissance, ce n'était pas un affront, juste la vérité mais elle craignait qu'il le prenne mal. Elle retira l'épée de sa taille et la déposa sur son bureau avec précaution, comme s'il s'était s'agit d'un nouveau né.
Ne sachant quoi faire, quoi dire, sachant pertinemment qu'elle n'avait pas le droit de lui avouer qu'il lui avait manqué toute la journée, qu'elle ne voulait qu'une chose, se blottir dans ses bras s'il le voulait bien, elle se mit à réfléchir à ce qu'elle allait dire. Cet instant sembla lui durer des heures mais ne dura en réalité que quelques secondes à peine.


« J'ai fait selon vos ordres concernant les blessés. J'ai demandé à ce que soient mis à l'abri les cas les plus graves, vous serez contents d'apprendre qu'il n'y en avait pas tant que cela. J'ai passé le reste de la journée à les soigner et ils sont désormais hors de danger. Pour les autres, la plupart ont pu être soignés me semble-t-il mais six n'ont pas survécu à leurs blessures. J'ai du mettre la liste quelque part. »

Elle chercha la liste dans sa poche et la trouva.
Elle parlait pour combler le vide, parce qu'elle avait peur du silence maintenant qu'elle avait passé la journée entourée d'un silence morbide tranché uniquement par des cris de douleurs. Et puis, elle craignait sa colère. Elle craignait son rejet. Elle craignait plus que jamais la colère du Princeps qui l'avait vu porter son épée et surtout, d'avoir laissé des gens mourir à cause d'elle. Sans comprendre pourquoi, elle se mit à pleurer. La fatigue, ce qu'elle avait vu toute la journée venaient de briser les dernières défenses de la demoiselle. Pourtant, elle était venue dans son bureau parce qu'elle l'aimait, parce qu'elle voulait retrouver le calme et la douceur de la veille, parce que toute la journée, ses pensées n'avaient été tournées que vers lui.


« Pardonnez-moi, je dois être fatiguée. » dit-elle en lui déposant la liste sur l'épée.

Elle essuya du revers de sa mitaine qu'elle avait remis par inadvertance les dernières larmes avant de se rendre compte qu'elle risquait peut-être de l'inquiéter à la garder. Elle retira le tissu, sa peau blanche comme la neige intacte. Toute blessure envolée.


« J'ai pu faire quelque chose », parla-t-elle comme pour elle-même, « le gamin qui m'a soigné a été bien plus courageux que moi. J'ai vu qu'il avait soigné plusieurs blessés malgré son jeune âge, sans doutes mérite-t-il votre attention, en tout cas, plus que moi. »

A nouveau, les larmes affluèrent et la jeune femme se perdit dans ses propos. Ses mots dépassèrent sa pensée et elle les regretta aussitôt. Elle savait par avance qu'ils seraient impardonnables aux oreilles de Soren. Elle baissa la tête et regarda le sol, honteuse.


« Je t'en supplie, ne me demande plus jamais de faire ça ! »

La peur avait parlé. L'odeur du sang, de la mort, lui étaient insupportables.

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Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyVen 22 Avr - 11:02

Epuisante journée, qu'il avait vécu comme en-dehors de son corps. Après son enquête approfondie des blessés et des morts, il avait dû rédiger une dizaine de rapport, dont un à présenter le lendemain au Sénat de vive voix. Faire passer ce carnage pour une victoire, pour la gloire de Cydonia, n'était pas chose aisée, et ne sera pas possible.
Le soir était tombé depuis plusieurs heures. Après avoir signé les feuilles de condoléances aux familles de Zélotes tombés au combat, il avait réorganisé ses forces dans des légions complètes. La XIIIe avait été presque complétement exterminée. Il savait que ses hommes tenaient à leur appartenance à leur légions respectives, cependant la XIIIe était bien trop importante pour restée déserte. De plus, c'était la légion de Soren.
Le voilà qui commandait avec son cœur et ses sentiments. Les blessés hors de la cour, la XIIIe... Était-il en train de se ramollir?
La justice avec sa main, les décisions avec son cœur.

Il travaillait encore là-dessus, peaufinant son discours pour les vieux sénateurs séniles lorsque la porte claqua. Instinctivement, il releva la tête dans cette direction, mais sa fatigue et sa concentration de plusieurs heures sur de petits caractères avaient abaissé grandement son acuité visuelle. A dire vrai, ce fut par la voix et les mots qu'il reconnut la seule personne pouvant entrer dans cette pièce à une heure aussi tardive.
Elle s'était avancé jusqu'à son bureau, lui rendant l'épée qui lui faisait défaut depuis la matinée, le symbole du pouvoir qu'il exerçait.
Justice par la main.
Porter cette épée était un sacrilège pour celui qui n'était le Princeps. Une fois encore, sa seule action envers Thémis aurait dû être la punition.
Décisions avec le coeur.
Elle avait toujours refusé son autorité, bafouait la hiérarchie. Et voilà qu'elle venait de lui apporter tout cela, tous ces mots concentrés dans une arme. Elle avait changé, elle n'était plus celle qu'il avait connu, qui ne prenait aucune décision dans le bon sens.
Il laissa l'épée sur la table, tout comme sa note. Il la remercia, sans dire qu'il avait déjà sur ses notes le nom des morts. A voir son état de fatigue avancé, elle avait fait un très bon travail. Le lui dire l'aiderait-elle à se sentir mieux? Il en doutait, car si ce travail était fait pour elle, elle n'était pas fait pour lui. Soren le savait, mais il avait besoin de ses meilleurs éléments aux meilleurs endroits.
Justice par la main.

Celle de Thémis n'était plus décorée d'un bleu, cela le soulager. Contempler ainsi sa propre faiblesse le minait, il n'en avait pas besoin. Ils n'en avaient pas besoin tous les deux. Sa compagne d'une nuit était déjà beaucoup trop atteinte, meurtrie par la situation. Il avait besoin d'elle pour les blessés. Mais elle ne pouvait lever les yeux sur le sang. Ses larmes étaient des poignards qu'elle lui plantait.
Décisions par le coeur.
Posant l'index sur sa bouche, il lui répondit:

« Laissons ceci dernière nous, il est tard. J'ai... Quelque chose pour toi ».

La laissant-là, il sortit de sous son bureau une étoffe blanche qu'il avait acheté quelques heures auparavant. Il la déplia devant elle, dévoilant une chemise de nuit blanche en dentelle de bonne manufacture: deux bretelles sans manches soutenaient un buste centré. Trois motifs différents habillaient l'ensemble, une première partie alternait ligne transparentes et blanches, une deuxième des semblants de nuages sous un fond transparent, et enfin des rayures plus fines au-dessus du nombril. Soren ayant toujours vu Thémis très petite, presque minuscule par rapport à lui, il avait mimé sa grandeur au vendeur et espérait ne pas s'être trompé sur la taille.
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Thémis
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyVen 22 Avr - 16:14

Thémis avait laissé sa peur parler pour elle. Au delà des mots, elle savait que cette dernière phrase allait surement agacer le Princeps et c'était sans doutes pour cela qu'elle avait baissé la tête. Elle s'attendait à ce qu'il s'énerve. Il en aurait eut le droit car après tout, qu'avait-elle toute la journée sinon se moquer ouvertement de lui ? Qu'avait-elle fait depuis qu'elle était entrée dans son bureau, sans y être invitée, sinon se jouer encore une fois de lui ? Elle l'aimait, de cela, elle ne pouvait qu'en être sure. Un amour factice ou futile, sans doutes passager mais pour l'heure, ce sentiment emplissait sa tête et son corps à lui en faire mal. Et plus que tout, la jeune femme craignait de mal agir. Par le passé, elle avait bien évidemment connu des hommes mais jamais n'avait-elle eut l'occasion de s'attacher aussi vite et aussi violemment à quelqu'un. Dire qu'hier encore, elle le détestait. Aujourd'hui aussi elle l'avait haï de l'avoir fait soigné ces gens. Ces pauvres âmes qui ne demandaient qu'à quitter leur corps meurtris. Et maintenant qu'elle était devant lui, elle avait pu se libérer de ce poids. Elle n'aimait pas la mort, elle la craignait telle une enfant qui crains la colère de son père pour la bêtise qu'elle vient de commettre.

En cet instant, Thémis craignait la colère du Princeps. Il se leva mais elle préféra garder la tête basse. Peut-être s'attendait-elle à ce qu'il la frappe comme son cousin l'avait fait le matin même ? La marque se voyait-elle encore ? Elle espérait que non. Sa peau marquait tellement facilement et la violence de la claque l'avait tellement surprise qu'elle espéra que rien ne se voit. Puis elle repensa au petit Zélote qui l'avait soigné, sans doutes aurait-il pris le temps de guérir cette blessure là aussi si la marque était demeurée en place ...
Le geste de son amant d'une nuit la surpris. Elle eut un léger mouvement de recul lorsqu'il posa son index sur ses lèvres mais ce geste, tout aussi simple soit-il, suffit à calmer le cœur et les larmes de la jeune élémentaire. La suite l'intrigua suffisamment pour que les larmes se tarissent d'elles-mêmes. Soren n'avait pas répondu à sa demande mais son intervention, aussi simple fut-elle, avait suffit à rassurer la jeune Clari. En revanche, la suite de sa phrase avait eut tendance à l'intriguer.

Le ton employé comme le tutoiement indiquaient à la jeune femme qu'elle était plus en présence d'un homme que d'un Princeps et cela la rassura quelque peu. Elle posa son regard sur ce que faisait Soren avant de comprendre. De sous son bureau, l'homme avait sorti une chemise de nuit. L'image aurait fait rire n'importe qui surement de voir ainsi le soldat qu'il était dévoiler une chemise de nuit devant une jeune femme. Cela aurait fait rire n'importe qui oubliant leur origines, leur statut social et pour finir, ce qui s'était passé la veille. Son poignet meurtri, leurs ébats, sa chemise de nuit parsemant le sol, déchirée sous le poids de la colère de l'homme. Le visage de Thémis prit immédiatement une teinte rougissante en comprenant qu'il venait de lui offrir une nouvelle chemise de nuit. Pourquoi était-il soudain si gentil avec elle ? Avait-elle seulement mérité ce cadeau ? Le peu de temps qu'elle l'avait vu dans la cour avait suffit à faire remonter en elle de vieilles habitudes du temps où ce qu'ils vivaient n'auraient été qu'un noir fantasme.
Ce fut en voyant le visage du Princeps qu'elle comprit. Ce cadeau était une façon pour lui de lui demander pardon pour la veille. Du moins, ce fut ainsi qu'elle l'interpréta. Timidement, elle avança vers lui, rougissant à vue d'œil à chaque pas qui les séparaient l'un de l'autre. Toujours aussi timidement, elle posa sa main sur l'étoffe. Un simple contact suffisait à comprendre qu'il avait du dépenser une coquette somme pour ce tissu de bonne manufacture. Elle sourit encore plus.

La chemise de nuit était belle, il n'y avait pas d'autres mots et sans savoir pourquoi, Thémis fut aussitôt partagée entre le désir de l'essayer et celui de se dire qu'il s'agissait là d'un trop beau cadeau pour elle. Les bretelles en dentelles étaient finement cousues, les motifs étaient finement choisis ... L'ensemble était tellement mignon et tellement beau qu'elle douta presque que ce fut le choix du soldat. Lorsqu'elle remarqua la transparence de la première rangée de motifs, elle se ravisa en songeant qu'il devait forcément s'agir de son choix. D'un geste gauche, elle retira sa main du tissu presque à regrets. Elle avait envie de l'embrasser pour le remercier, de lui sauter au cou comme si c'était la plus belle chose qu'on ne lui ai jamais offerte mais elle se contenta de lui demander timidement :


" Puis-je l'essayer ? "

Sans doutes la question le surprit autant qu'elle s'était surprise elle-même à la poser. Maintenant que c'était fait, elle devait assumer surtout que le Princeps avait opiné de la tête. Elle rougit en saisissant le tissu délicatement et commença à se retourner pour enlever son haut jusqu'à se souvenir que ce n'était pas convenable en présence d'un homme. Elle lui demanda donc, sans oser se retourner dans sa direction.

" Pouvez-vous vous retourner s'il-vous-plait ? "

Elle avait posé la question en Astorg, n'osant le tutoyer pour lui demander une telle faveur. Lui faisant totalement confiance, elle continua à se déshabiller. Elle posa son haut, aussi court fut-il, par terre ainsi que son soutient-gorge. Il était évident que ce dernier, noir, ne passerait pas inaperçu sous la chemise de nuit blanche quasi transparente par endroits. Elle enleva ensuite son pantalon et ses bottes pour finalement enfiler le vêtement. Le contact avec le vêtement frais la fit frémir. Elle profita une seconde de ce contact avant de remettre ses cheveux en place, toujours mouillés à cause de sa sieste dans le bain quelques minutes plus tôt. Elle les laissa dans le dos sans se soucier du reste. Timidement, elle se contempla comme elle le put. La chemise lui allait parfaitement bien, épousant totalement ses formes. Une seule chose la gênait, la longueur de cette dernière. Courte, très courte, lui arrivant à peine au dessus des genoux, elle aurait fait rougir n'importe quelle femme dans sa situation, pourtant, Thémis aimait bien. C'était un cadeau de Soren et quoi qu'il lui eut offert, elle aurait aimé.
Se tournant dans sa direction, elle hésita une seconde avant de poser sa main en douceur sur l'épaule de celui-ci. Thémis n'osa pas le regarder en face, préférant de loin baisser la tête, ses joues rosies par la timidité, la situation et le stress, ses yeux se posant sur le sol sans pouvoir en être délogés. Sa voix brisa le silence, toujours en Astorg :


" Comment ... me trouvez-vous ? "


A nouveau, elle n'avait pas osé le tutoyer. La honte peut-être de se présenter dans cette tenue mais pourtant, elle voulait lui faire plaisir. Elle avait été tellement horrible toute la journée avec lui que c'était désormais un honneur pour elle que d'essayer son cadeau sous ses yeux. Elle espérait lui plaire et sans savoir pourquoi, son envie de lui sauter au cou lui passa à l'esprit. Elle se retint, ce n'était pas digne de son rang et surtout, ce n'était pas ainsi qu'elle pourrait conquérir le soldat. Elle se savait excessive dans ce genre de situations et se rabroua mentalement. Sans s'en rendre compte, elle avait fermé les yeux. Son coeur battait la chamade d'appréhension.
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Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyLun 25 Avr - 14:30

Avait-elle compris son intention dans son... cadeau?
Soren ne s'excusait jamais, il ne partageait pas ses sentiments. Il se sentait néanmoins très mal à l'aise en présence de Thémis, et cela parce qu'ils avaient partagé quelque chose alors qu'il l'avait brutalisé. Elle méritait parfois un traitement sévère. Souvent. Mais il ne s'y attachait plus.
Il ne connaissait rien à la séduction, il n'avait jamais cherché à en connaître les rouages. C'était un soldat, c'était un homme totalement dévoué à sa cité. On ne pouvait lui demander de changer à ce point, si rapidement, comme cela. Ce n'était pas lui. Alors Soren avançait à l'aveugle, à tâtons, un homme aux traits creusés dans une pièce sombre, le pied pris dans le piège de la séduction, l'Océan se déversant et menaçant de l'engloutir à jamais. Son cadeau, c'était sa manière de lui dire tout cela: il était désolé pour sa violence de la veille, il voulait réparer son erreur mais ne savait dire pardon avec des mots. Il le faisait pour lui, pour ses excuses. Mais, lorsqu'il l'a vit rougir devant l'étoffe, il ne se rendit compte qu'il avait aussi fait cela pour lui faire plaisir, et lui arracher ces rougeurs qui maintenant la caractérisait mieux à ses yeux que ses provocations dont il était coutumier. Un sourire pour embraser à nouveau cette pièce où le feu de la cheminée s'était éteint.
A sa demande de se retourner, il grogna gravement et s'exécuta. Non pas qu'il soit un vulgaire voyeur, non, mais cela était pour lui une forme de faiblesse. Qu'avait-elle à lui cacher à présent? Ou était-ce une sorte de surprise qu'elle souhaitait lui réserver?
Cherchant à occuper son esprit alors qu'il entendait le froissement des tissus, il s'approcha de la cheminée et raviva le feu avec magie. La couleur des flammes l'éblouit un instant, la chaleur lui raviva sa douleur oculaire. Thémis le raviva lui lorsqu'il se retourna.

Assez honteusement, Soren remarqua en premier le fait que la belle avait enfilé la tunique à même la peau, démontrant toutes les qualités des zones transparentes. Assez hébété, il admira l'ensemble de manière fort impolie, puis repris ses esprits lorsque la voix de Thémis s'éleva. C'était complétement étrange, inconnu pour lui, cette chose qui, sans parler comme le faisait Lizzie, lui donnait des ordres. Et le pire, c'est qu'il avait envie de leur répondre, de leur donner raison.


« Totalement ravissante. Tu.. tu fais totalement de l'ombre à ces flammes. »

Un peu honteux de ce compliment maladroit, il s'approcha d'elle et, retenant sa respiration, il lui caressa les cheveux, les épaules, les bras. Il se rapprochait d'elle encore et encore, plongeant dans l'Océan tête la première, embrassant l'écume et la houle. Il habilla sa bouche de la sienne pendant de longues secondes, puis répondit tout simplement à ses désirs, sans violence.
Il la saisit fermement et la souleva avec force. Il l'assit sur son bureau, dégagea la paperasse et les objets qui l'encombrait tout en continuant de lui baiser la peau. Il la caressa autant qu'il le pouvait, mais la trouvait si belle dans ce chemisier qu'il ne pouvait résoudre à lui enlever. La sentant réactive à ses avances, il lui ôta son bas, caressant les jambes et les fesses, embrassant le cou. Après de longues minutes à l'envelopper de ses mains, il la souleva à nouveau, la déposant sur la peau d'ours au sol devant la cheminée et, à leurs seuls yeux, ils reprirent la danse de chaleur, de partage, de sentiments et de corps dont ils devenaient à chaque minutes plus familiers et plus intimes.



Ils avaient terminé depuis maintenant plusieurs minutes, allongés l'un contre l'autre sans être totalement déshabillés, Thémis somnolant, lorsqu'elle apparut.
Il ne l'avait pas vu depuis la veille, il avait passé une journée tranquille et une nuit à présent délicieuse. Cela en était trop pour Lizzie.
Le temps de paraître et les tournesols étaient morts, sa robe tachée de noir ocre. Elle ne parlait pas, elle le fixait en silence.


Soren se leva, totalement hésitant, allant à sa rencontre. Il ne savait pas ce qu'elle voulait, mais il sentait son regard assassin vers lui, brûlant, chargé de reproches. Le feu semblait s'être éteint, l'ombre lui donnant froid comme il ne l'avait jamais ressenti.

« Il faut qu'elle meurt ».

C'était un coup de tonnerre qui ébranla les murs, ouvrit la terre.

« Non. »

« Il faut qu'elle meurt. Ne vois-tu pas? Elle se joue de toi, elle veut te posséder, elle veut t'éloigner. Elle te possède déjà, elle te hante, elle te dévie de ta route.... »

« Tais-toi. »

« C'est une catin, ELLE DOIT MOURIR MAINTENANT »

« LA FERME!!!! »


Nul tonnerre ne fut jamais plus puissant et profond que son ordre, près d'enflammer la pièce.

« C'est toi qui es morte, c'est toi qui m'a abandonné. Tu n'es plus et tu veux gouverner la vie des vivants? De quel droit oses-tu ordonner la mort des vivants, toi qui ne peut accepter la tienne? »

Il leva la main vers elle, prêt à frapper. Lizzie ne bougea pas d'un pouce, défiant l'homme aux traits creusés du regard.
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyMar 26 Avr - 16:16

La jeune femme attendait un compliment sans doutes, en réalité, elle n'en était pas sure. Elle voulait seulement lui faire plaisir, lui plaire, peut-être aussi lui faire la cour. En réalité, Thémis n'était plus sure de rien en présence du Princeps et elle savait seulement qu'elle avait envie de se tenir là, en sa présence, dans le calme de la nuit. Il lui apportait le calme, la tranquillité et la paix. Il lui apportait la sécurité qu'elle n'avait ressenti depuis tant d'années. Pour tout cela, elle voulait le remercier et c'était pour cette raison qu'elle avait choisi de porter la chemise de nuit. Elle voulait transformer ce simple cadeau, qu'elle se doutait être un présent d'excuse, en quelque chose de plus majestueux, tel un lien qui les unirait tout deux en secret, en silence. Thémis se prêtait à rêver que ce simple tissu sur sa peau serait peut-être le prélude d'une belle histoire, du moins l'espérait-elle.

Elle entendit la voix de Soren briser le silence alors qu'elle-même n'osait croiser son regard pour plonger dedans, de peur de perdre pied, de peur qu'il la rejette ou qu'elle ne se perde totalement dans la nuit. Alors le compliment qu'elle entendit, le feu crépitant dans la cheminée en fond sonore, ne manqua pas de la faire rougir. Elle sentit également son cœur battre à tout rompre jusqu'à un point de non retour, jusqu'au moment où ces quelques mots achevèrent sa conscience et son corps. Son coeur manqua un battement. Jamais la jeune Clari n'aurait osé imaginer que le Princeps soit capable de lui faire une telle offrande. Ces quelques mots tournèrent dans sa tête pour se figer dans son coeur. Ce fut à cet instant qu'elle posa les yeux sur lui, pour plonger désespérément dans son regard. Il avait l'air paniqué, comme si ce compliment lui avait couté beaucoup.

Elle le sentit hésiter lorsqu'il s'approcha d'elle. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Aurait-elle du réagir autrement ? Thémis finissait par se demander si son cousin n'avait pas eut raison de l'insulter le matin-même. Sans doutes sa réaction de ce soir pouvait-elle s'interpréter comme celle d'une vulgaire catin vendant son corps au plus offrant et pourtant, elle ne put se résoudre à y croire. Pas après ce compliment, pas après ce présent. Elle plongea sans hésiter dans les bras de l'homme, embrassant avec douceur les lèvres de ce dernier, sa main gauche et sa main droite sur son cou. Elle sentit les mains de son amant la soulever en douceur mais avec une certaine fermeté tout de même. Thémis en fut rassurée. Ce simple geste avait beaucoup de significations aux yeux de la jeune femme.

Le premier était de se savoir désirée, de se savoir aimée et voulu par l'être cher, c'était sans doutes le sens le plus important qu'elle comptait lui donner. Le deuxième était celui de se sentir femme et non catin, c'était à bien y réfléchir important pour son âme et son esprit. Le dernier était de se sentir en sécurité et pour elle qui n'avait jamais connu ce sentiment, même si sa position sociale aurait pu le lui offrir, c'était quelque chose de précieux. Plus que tout, elle avait espéré que son père lui offre ce sentiment de sécurité, de bien être. Celui de se savoir aimée et jamais il n'était parvenu à le lui offrir. Elle l'avait déçu tant de fois, elle continuerait à le décevoir mais son choix s'était porté vers Soren. Elle voulait l'aimer et se savait désirée peut-être aussi aimée en retour. Elle se savait protégée et trouvait sa place. Le coeur de Thémis s'emballa.

L'épée du Princeps tomba lourdement au sol. Le son du métal sur le sol raisonna sans que ni Thémis ni Soren n'y prennent gare. Plus tard, la jeune femme verrait surement dans ce geste le fait qu'il l'avait une fois de plus choisie elle, au mépris de tout le reste. Pour l'heure, elle était incapable d'aligner une pensée plus cohérente que l'autre.

La jeune héritière de la famille Clari s'adonna au plaisir charnel non pas par crainte, par jeu ou autre comme par le passé mais par envie. Elle laissa le soldat embrasser sa peau en rougissant en silence. Elle posa ses lèvres sur le cou de son amant, jouant de ses mains dans le dos du lion. La gazelle qu'elle était n'attendait qu'une chose, être croquée. Elle n'avait pas peur, elle n'était que désir. L'ours qui trônait sur le sol du bureau fut leur cocon, leur paradis terrestre le temps que durerait leurs ébats.


La jeune femme ne se souvenait plus depuis combien de temps elle s'était endormie. Elle se rappelait simplement que le contact de la peau de Soren lui manquait lorsqu'elle entendit sa voix. Il ne parlait pas Astorg, il fallut un moment à Thémis pour le comprendre. Elle s'inquiéta sur l'instant de l'entrée inopportune de quelqu'un dans le bureau mais fut rassurée de ne pas entendre une autre voix que celle du Princeps. Ce dernier s'était tut, sans doutes avait-elle imaginé la scène et la jeune femme ferma à nouveau les yeux, épuisée par la journée, la nuit précédente et celle qu'ils venaient à nouveau de passer ensemble.

Le « Tais-toi » claqua dans l'air et ne manqua pas de réveiller la jeune femme. La peur saisit ses entrailles tandis qu'elle se demandait ce qu'elle avait pu dire ou faire. Inquiète, elle se tourna dans la direction de Soren qui n'était plus couché à ses côtés. Il se tenait, debout, non loin du bureau ou ne trônaient plus aucun document. Sa main levée et son ton indiquaient qu'il était en colère mais Thémis ne comprenait ni pourquoi ni contre qui.

Hésitante, elle décida de se lever à son tour. D'un pas tout aussi hésitant, elle le rejoint. Il parlait d'une morte, d'un abandon, Thémis ne comprenait absolument rien. Elle se rendit compte qu'elle tremblait de peur, tant à cause du geste qui ne lui était pas destiné qu'à cause du ton qui visiblement, ne lui était pas non plus destiné. Le coeur battant, la sueur perlant sur son front, elle passa outre le Princeps et lui fit face.

Thémis constata alors le regard affolé et tout à la fois perdu de son amant. Son coeur se serra, ne chassant pas pour autant la peur qui retenait son souffle au creux de sa gorge. Sa voix raisonna en Astorg, brisant le silence du moment. Sa main hésita un instant avant de se poser sur sa joue pour le forcer comme elle le pouvait à la regarder quant à son autre main, elle tenta tant bien que mal de la faire redescendre à des hauteurs moins inquiétantes. Thémis était terrorisée à l'idée qu'il lui en veuille et perdue de ne pas comprendre ce qu'il se passait. Elle était tout à la fois perdue de le voir si éteint tant et si bien qu'elle ne lui parla que dans un souffle :


« Mon pauvre amour, que t'arrive-t-il ? »

Sa voix se fit douce, son regard apeuré se fit tout aussi doux qu'elle le pouvait.

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Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyJeu 28 Avr - 14:43

Tout était histoire de volonté, cette même volonté qui faisait qu'il ne pouvait se libérer d'elle. En silence, toujours, il souffrait.
Quelque chose avait changé en lui. Quelque chose qui s'était produit d'abord dans la forêt, avec cette elfe. Son nom, il ne lui revenait pas. C'était toujours ainsi quand elle était là, il redevenait cet enfant au bord de la rivière, le bâton baissé, les vêtements crottés, le vent hurlant dans ses oreilles:

« Tu l'as tué, tu l'as tué, tu l'as tué, tu l'as tué, tu l'as tué, tu l'as tué, tu l'as tué.... »

La guerre, même dans le jeu, prenait toujours ceux qu'on aime. La guerre lui avait pris sa Lizzie, non, le jeu lui avait pris sa Lizzie.

[ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) Child_11



Il n'y eut plus de jeux après cela. Dès que son petit corps blanc et froid fut repêché le soir-même du drame, Soren savait que la guerre avait à jamais pris le pas sur le jeu. Plus de rires et de vagabondages, plus de roulades et de barbotage. Sa mort l'avait amené chez lui, dans le néant et la solitude. Une pièce vide, une fenêtre ouverte sur rien. Un jardin hors-saison.
Jouer ne devrait jamais prendre des enfants.
Il l'était devenu, ce guerrier qu'il mimait ce jour-là. Peut-être pas de la façon dont il s'était imaginé, mais qu'importe les rêves de gosses, le temps passent sur eux comme la mer sur les châteaux de sable, comme la pluie sur le flan de la montagne.

[ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) I_m_st10



Pourquoi devait-il encore voir et sentir sa propre faute? Quelle faute n'avait-il pas expié cent fois?

« Tu dois m'obéir, tu me le dois. Tu m'as tué. Tu me le dois. Tu as promis.»

Elle sanglotait. Elle était restée une enfant, vingt ans après, elle était resté la même que ce jour-là. Oh, certaines choses changeaient parfois: la coiffure, les vêtements. Mais c'était bien la même, c'était elle. C'était Lizzie.

« Tu as promis »
« Je sais... Je ne peux pas. »
« Tu as promis »
« Mais tu... Tu es morte. »


Le dire était autre chose que le savoir. Le dire avait le goût de la cendre, mais il levait le rideau de pluie qui lui enveloppait les yeux. Le dire le faisait pleurer, mais lui faisait voir la réalité.
Thémis n'était pas morte, elle. Thémis était vivante. Allait-il continuer de choisir le monde des Morts, maintenant qu'il l'avait elle?
Réalisant peu à peu son état, reprenant pied dans la réalité, Soren Henrick posa les yeux sur son aimée. Puis, regardant fébrilement dans tous les sens, comme pour s'assurer que Lizzie n'était plus là, il se laissa progressivement tomber sur le séant avec lenteur. Les mains de la jeune fille avait le réconfort d'une épée sur le champ de bataille. Il se sentait protégé, armé contre son secret.


« C'est un homme brisé et solitaire que tu aimes. Tenu par la folie. Hanté que je suis par le fantôme d'une erreur passée, jamais je ne pourrai aller de l'avant. »

Il lui conta presque tout -tout ce dont il se souvenait. Le jeu, la mort, le fantôme, la personnalité de Lizzie, ce qu'elle lui demandait de faire, ses apparitions. C'était dangereux, mais il ne pouvait s'arrêter de parler. Les mots sortaient seuls.
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyJeu 28 Avr - 15:52

Thémis ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle ne voyait dans les yeux de la nuit que tristesse mêlée d'une insondable détresse. Si elle avait cru dans un premier temps que la réaction du Capitaine était à son encontre, il lui suffisait désormais de voir ses yeux, comme absents et noyés dans une détresse dont elle ne pouvait l'extraire, pour comprendre que ce n'était pas le cas. Il était perdu certes, mais dans un monde qu'elle ne pouvait pas atteindre. Qu'il ne la laissait pas atteindre. Les secondes se firent heures, les minutes se firent siècles, c'est comme si une éternité s'était distillée entre eux lorsqu'il reprit la parole.

« Mais tu es morte ». Ces quelques mots raisonnèrent telle une claque dans l'esprit de la jeune femme. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, ne comprenait pas l'élan de peur qui animait celui qui, jusqu'à cet instant, lui offrait calme et apaisement, sécurité et douceur. Tout ce dont elle avait besoin et que le monde ne lui offrait plus depuis bien longtemps, depuis qu'un jour, sa mère était partie, trahissant son père. Les mots de douceur avaient cédé leur place à la douleur, celle de croire qu'elle n'était rien à ses yeux. Qu'il la voyait morte, comme si elle n'était que le fantôme qu'elle n'avait cessé d'être depuis ces vingt dernières années. Tout ceci n'avait été que songe ? La jeune Clari faillit pleurer en entendant ces quelques mots, comme si le rêve venait de se briser, les morceaux de ce dernier la blessant encore et encore, saignant son cœur et son âme sans vergogne. Comme si ce qu'ils avaient partagé n'était qu'un souvenir, comme si elle n'avait jamais existé.
Ce furent ses yeux qui la mirent sur la voie.

Elle se trompait. Cruellement, elle se trompait encore une fois sur lui. Elle l'avait encore jugé trop vite, malgré ce qu'ils avaient partagé justement, Thémis avait encore une fois jugée le Princeps sur son habit et non sur ce qu'il était vraiment. Ce n'était pas d'elle dont il parlait, elle ignorait toujours ce qu'il se passait dans l'esprit tourmenté de son amant, mais elle pouvait être certaine d'une chose : il ne la voyait pas en ce moment certes, mais il ne parlait pas d'elle. L'héritière des Clari put voir quelques larmes perler dans la noirceur de la Nuit et se fut comme si quelque chose se brisait en elle, lourdement, cruellement.
Elle ne le connaissait pas.

Elle ne connaissait rien de plus de lui que ce qu'il avait bien voulu partager avec elle, plutôt, que ce qu'elle avait bien voulu apprendre de lui. Etait-elle si égoïste pour se croire la seule blessée ? Etait-elle ce genre de femmes futiles et sans sentiments qui couchaient avec le premier venu pour l'oublier la seconde d'après au point de ne même pas chercher à connaître son nom ? Thémis avait bien des déboires, bien des choses à se reprocher mais elle n'était pas ce genre de femmes, du moins le pensait-elle jusque là. Car désormais, force était de constater qu'elle ignorait tout de lui. De cette faiblesse qui semblait le ronger au point de lui montrer un visage insoupçonnable. Elle l'avait cru impénétrable, immuable, tel la falaise résistant corps et âme aux vent qui cherchent à la déchirer. Il était un être humain, avec des sentiments qu'elle ne comprenait pas. Qu'elle ne parvenait pas à saisir tant il lui semblait étranger, lointain et cruellement distant.

Le silence, devenu pesant, la Nuit, devenue froide et distante, la perturbaient. Elle n'osait plus bouger, son souffle suspendu à celui de Soren. Elle n'osait plus parler, ses mots restés prisonniers de sa gorge, sa peur de l'inconnu refaisant soudainement surface alors qu'elle ne lui avait rien demandé. Pourquoi n'était-elle pas en mesure de comprendre qu'il souffrait ? Parce qu'il souffrait seul. Le corps arqué dans une position inconfortable, Thémis tentait de percer l'insondable douleur qui animait les yeux de son amant. Elle se sentit exclue, elle se sentit cruelle de lui en vouloir. Elle se sentait perdue de ne pas comprendre. Elle se sentait déshonorée de ne pas pouvoir l'aider.
Thémis sentait chaque souffle lui bruler la poitrine, chaque battement de cœur lui déchirait les entrailles et pourtant, elle se taisait. Incapable de faire mieux, incapable de comprendre ce qui se jouait devant elle. Jusqu'à ce qu'il parle.

La lumière sembla à nouveau faire partie de la Nuit, comme si la vie reprenait ses droits dans le corps du soldat qu'il était. Thémis fut rassurée de le voir reprendre ses esprits mais n'osait pas pour autant bouger. Son souffle était à présent suspendu aux lèvres de son bien-aimé, attendant une réponse qui ne venait pas. Attendant une vérité qui se faisait distante. Elle le vit chercher du regard quelque chose qu'elle ne pouvait voir, ou quelqu'un. Elle avait envie de hurler qu'il n'y avait personne dans cette pièce, qu'il n'y avait qu'elle alors pourquoi était-il si distant ? Pourquoi était-il comme ça à faire comme si elle n'existait pas ? La demoiselle se força à rester calme. Elle se sentait totalement hideuse d'avoir ce genre de pensées alors que le regard de son compagnon ne lui affirmait qu'une chose : il ne l'excluait pas par choix, il était apeuré.

Ce fut lui qui brisa le silence le premier. D'abord par ses gestes, lents, comme décousus et détachés de ce monde. Elle accompagna le mouvement sans le suivre jusqu'au bout, préférant rester debout, ne sachant quoi faire dans ce genre de situations. Elle avait imaginé le Capitaine aussi solide que la pierre, aussi impénétrable que l'acier et il lui apparaissait désormais aussi vulnérable qu'un enfant. Le constant fut douloureux. Une nouvelle fois, elle constata qu'elle n'avait pas cherché à le connaître, que pas une seule fois, elle ne s'était intéressé à autre chose que ce qu'elle percevait de lui. Ses yeux interrogateurs se posèrent sur lui tandis qu'il prit enfin la parole.

La première réplique eut l'effet de faire renaitre son cœur. L'organe vital avait décidé de prendre congés l'espace d'un instant et sa remarque, pareille à celle de la veille, lui tira un sourire timide. Elle allait répliquer qu'elle avait fait le choix, seule. Comme une adulte. Mais il ne lui en laissa pas l'occasion. La suite allait surement lui déplaire …

La voix de l'homme se fit hésitante, lointaine par moment alors qu'il lui contait une étrange histoire. L'histoire commençait pourtant bien, une jeune fille du doux prénom de Lizzie, un jeune garçon qu'elle ne reconnaissait pas tant il avait l'air souriant. L'imagination de Thémis se mit en marche au fur et à mesure qu'il lui parlait, ses yeux ne cessant de se raccrocher aux siens. Elle avait l'impression d'être présente, de se retrouver au milieu de la foule de gamins cherchant à se combattre pour s'amuser. Elle entendait les rires et les chamailleries. Elle entendit voler quelques insultes ici et là jusqu'à ce que la scène finale se dessine sous ses pieds.

Une rivière en arrière plan, le soleil entamant sa course matinale dans le ciel lui offrant quelques timides rayons. La bataille faisait rage entre les deux camps et le valeureux Général Henrick était sur le point de faire remporter la victoire à son équipe. Les enfants riaient aux éclats tandis que leur adverses attendaient avec impatience de voir le résultat de l'affrontement entre la petite fille et le jeune homme au large sourire. Ce ne fut que lorsque les combats tout autour d'elle cessèrent que Thémis se rendit compte de la disparition de la jeune fille, plutôt jeune, dont elle ne se souvenait plus du visage, et qu'elle se rendit compte que le soleil avait décru. La course de l'astre de jour prenait fin tandis que la rivière rendait à ses parents le corps d'une enfant. Les traits pâles, un sourire éternel sur les lèvres, Thémis ne parvenait pas à se souvenir du visage de la petite fille mais elle voyait encore clairement le visage de Soren enfant, terrorisé par ce qu'il venait de faire.
Inconsciemment, la jeune femme fit un pas en arrière, ses mains quittant le corps de Soren. Sans le vouloir, elle s'était protégée des mots que Soren continuait à lui avouer dans un flot de paroles qui lui semblaient incompréhensibles.

Il avait tué la jeune fille. Il l'a voyait vivante, devant lui, chaque fois que son attention n'était pas concentrée sur son travail. Là était la raison de son travail nocturne, de ses cernes. Il était hanté par un fantôme qu'elle ne pouvait voir. Par une jeune femme qu'il avait assassiné … Qui lui ordonnait des choses monstrueuses … il était monstrueux.

Elle fit un nouveau pas en arrière, sentant la nausée la prendre par surprise.
Il avait tué la petite Lizzie. Il l'avait poussé à l'eau et maintenant, le poids de sa culpabilité près de vingt ans après, le rongeait jusqu'à le rendre fou. Thémis comprenait beaucoup mieux le sens des mots du Princeps à présent.

A nouveau, elle repoussa une nausée, tentant de faire le point sur ce qu'il venait de lui dire. De lui avouer. Elle ne voulait pas de sa vérité ! D'un geste, elle lui intima l'ordre malgré elle de ne pas bouger, de ne pas l'approcher, de ne surtout pas la toucher. Il la dégoutait. Tout son être hurlait à Thémis de fuir, de laisser là ce pauvre fou et de l'oublier, comme toutes ces femmes avant elle. Comme sa propre mère qui avait fui en laissant derrière elle son enfant et son mari.

Non !
Les larmes roulèrent le long de ses joues tandis que la jeune femme se rendait compte à quel point elle était monstrueuse d'avoir agi ainsi. Monstrueuse de le repousser lui qui avait partagé ce qu'elle savait être son plus lourd secret. Elle se sentait horrible d'avoir reculé, de l'avoir fait souffrir un peu plus encore. Pire que tout, elle se sentait trahie par son propre comportement. Elle disait l'aimer ?

Son cœur se serra au point qu'elle manqua de vomir. A présent, ce n'était plus la peur mais la honte, la culpabilité qui l'étreignaient. Son coeur bondit dans sa poitrine à lui en faire mal, à l'en faire pleurer. Elle comprenait à petite dose ce qu'il ressentait depuis des années.


« Pardonne-moi » murmura-t-elle en Astorg, esquissant un pas.

Etait-il un monstre ?
Ce n'était qu'un enfant ! Il n'avait pas fait exprès ! Ce n'était qu'un jeu ! Elle y était, elle l'avait vu. Et même si tout cela n'avait été qu'un songe, elle savait qu'il n'avait pas voulu la tuer.

Etait-il coupable ?
Non ! Bien sur que non. Il ne l'était pas. Comment aurait-il pu l'aimer, la rassurer à ce point s'il avait été coupable ?

Elle esquissa un nouveau pas, se retrouvant dans la même position qu'au début.

Son corps hésita encore un instant avec la fuite mais son âme avait choisi. Elle l'aimait. Peu lui importait tout cela, elle était apte à comprendre désormais qu'elle avait simplement eut peur d'une chose : ne pas le connaître. Il lui avait livré son âme et elle, qu'avait-elle fait si ce n'était la refuser ? Il avait peur. Qu'avait-il fait pour elle lorsque ce sentiment avait tenté de la noyer ? Il l'avait sauvé des eaux. Elle le sauverait de ces eaux tumultueuses parce qu'il y avait bien longtemps qu'elle avait fait ce choix.
Jusque là, elle avait eut peur de ne pas le connaître. A présent qu'elle le connaissait un peu plus, elle avait peur d'être incapable de le comprendre mais plus que tout, elle en avait envie.

Le calme presque revenu dans ses sentiments, elle s'agenouilla jusqu'à toucher terre et plongea son regard azuré dans le sien :


« Tu n'es plus un homme solitaire. Je suis là désormais, à tes côtés, parce que tel est mon choix. »

Elle avait murmuré cela en Astorg, parce que c'était leur langue, c'était un gage de fidélité et d'amour qu'elle lui donnait.

« Tu n'était qu'un enfant Soren, et les enfants font toujours des bêtises. Certaines avec plus ou moins de conséquences mais tu ignorais que ... », elle hésita sur le prénom, « Lizzie ne savait pas nager. Tous les enfants font des erreurs. Tu n'es pas un assassin ! »

Elle marqua une pause, consciente qu'il avait du entendre ces mots des milliers de fois et qu'elle s'emballait sans doutes un peu trop. Consciente qu'il avait été surement du être consolé de nombreuses fois et que tout cela ne consistait qu'à enfoncer une porte déjà ouverte. Pourtant, elle ne pouvait s'en empêcher. Elle se sauvait autant qu'elle le sauvait en parlant.

« Si tu es rongé par ta culpabilité, je la partagerais avec toi non pas par pitié, mais parce que tel est mon choix, parce que je ne peux m'empêcher de penser que tout ceci n'était qu'un songe. »

Elle saisit sa main et la posa sur sa poitrine.

« Je suis vivante. Je suis là, devant toi, maintenant et pour l'éternité si tel est ton désir. Je suis terrorisée, mais pas par ce que tu as fait. Je ne t'en veux pas. Je suis ... je suis juste terrorisée de ne rien pouvoir faire de plus qu'être là. »

Les larmes roulèrent le long de ses joues sans qu'elle ne s'y attarde. Elle posa son regard perturbé et emprunt de toute la douceur dont elle était capable avant d'ajouter :

« Nous avons tous nos démons, certains plus vivants que d'autres », précisa-t-elle, en caressant sa joue soudainement douloureuse, « mais il suffit de se sentir accompagné sur le chemin pour trouver sa rédemption. Me laisseras-tu être cette main tendue ? »

Thémis rougit, consciente petit à petit de tout ce qu'elle venait d'avouer, de tout ce qu'elle venait de demander. Des conséquences comme du reste. Son cœur pesait lourd dans sa poitrine, battant à tout rompre. Son souffle se faisait hasardeux. Elle savait qu'elle courrait à sa perte, que sans doutes elle ne pourrait pas être utile au Princeps. Elle savait également que ce qu'elle lui demandait, à savoir une relation sérieuse, n'était pas le meilleur pour lui, comme pour elle. Thémis savait tout cela et pourtant, elle ne put s'empêcher de se blottir contre lui, telle une enfant en quête de chaleur et d'un peu d'amour.
Elle craignait qu'il ne la rejette même si son esprit lui murmurait qu'il ne lui avait pas dit cela par hasard. Elle craignait que la vérité ne la fouette une nouvelle fois. Cruelle. Froide. Assassine. Sa voix se fit murmure, tandis qu'elle fermait les yeux pour se laisser bercer par les battements de ce cœur que le sien avait choisi.


« Je ne suis pas tombée amoureuse d'un passé, je suis tombée amoureuse de toi, de ce cœur battant et non de l'ombre que tu penses être. »
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Soren
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyVen 29 Avr - 16:05

« Il n'est malheureusement pas si simple de se débarasser de ses fantômes. Crois-moi, j'ai essayé. J'ai rencontré des gens comme moi, qui n'avaient pas plus de réponses. Que pouvons nous espérer donc? Reprendre une vie normale. Commencer une vie normale. »

Il trouvait ses réponses dans les yeux de sa promise, comme si le cheminement de sa pensée lui était dictée par son regard. Sot et couard qu'il était, il s'en rendait compte alors qu'il exprimait sa peur à une jeune fille. Il avait connu bataille et sang, blessures et morts, mais voilà qu'il se plaignait de la torture psychologique d'une gamine morte depuis vingt ans. Pitoyable Princeps. Et il voulait représenter son peuple, séduire Thémis, vaincre les ennemis en pleurant devant une gamine. Cela suffisait. Il ne pouvait continuer ainsi, en ayant peur de Lizzie. Qu'elle apparaisse: il ne fuirait plus, ne baisserait plus jamais les yeux, agirait dans son propre intérêt.
Dans l'intérêt de Thémis.


« Je te promets de ne plus avoir peur de mon passé. »

Une telle promesse dite à voix haute servait aussi bien à rassurer son amante qu'à se persuader lui-même de sa nouvelle résolution. Il le fallait, il était temps à présent. Il avait peut-être trouvé la personne avec qui se battre.

Bien plus tard, il ramena Thémis dans sa chambre. Exténuée, elle s'était néanmoins cachée en forme de chat afin de ne pas se faire voir avec lui par des yeux indiscrets. Certes, ils ne croisèrent personne, seulement la ronde de nuit de loin, mais Soren cacha l'animal aimant du mieux qu'il pouvait, emitouflée dans sa cape. Discrètement, il pénétra dans la chambre de la jeune fille, déposa le chat sur le lit. Sentant peut-être enfin la tiédeur des draps, elle s'endormit, reprenant forme humaine dans l'inconscience.
Ce fut seulement après l'avoir couverte de soie, prêt à s'échapper dans les ombres, qu'elle lui saisit la main. Il ne rentrera pas ce soir dans sa chambre. Il écarta la couverture en fourure, se déshabilla, passa de l'eau froide sur son corps puis s'allongea à côté d'elle. Demain, avait son grand examen devant le sénat, il aurait une grosse bataille à livrer: sortir en toute discrétion -une fois de plus.

[Je désengage les deux au cas où, j'ai le droit de manipuler Thémis, concédé par elle en toute connaissance de cause!!!]
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Re: [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini)
   [ F-H ] Ma première bêtise (pv Soren) (flashback)(fini) EmptyVen 29 Avr - 17:00

Thémis se serait sans doutes endormie paisiblement contre la poitrine de Soren si le cœur de ce dernier ne manquait pas autant de battements. Si ce dernier n'entamait pas une danse aussi effrénée que chaotique. La jeune femme sourit, posant ses mains sous son visage comme pour calmer l'âme de son amant. Elle était là, avec lui, vivante tout comme lui, et ne comptait pas fuir. Elle était consciente que la voie qu'elle empruntait en agissant de la sorte risquait de la détruire autant qu'elle risquait la perte du Princeps et pourtant, c'était son choix, l'un des premiers de sa courte vie. C'était son choix et son désir. Pour la première fois, la jeune Clari avait laissé ses sentiments parler. Elle avait laissé son cœur agir à la place du prétendu code qui régissait la vie de ceux de haute naissance. Son père serait furieux. Son cœur s'emballa à cette idée mais elle se força au calme, sachant pertinemment que dans une telle position, ses actes pouvaient être mal interprétés par Soren. Elle espérait le rassurer, le calmer à l'image de ce qu'il lui offrait depuis la veille, l'affoler ne faisait pas partie de ses priorités.

Il faudrait réfléchir plus tard au Consul, aux conséquences de ses actes et au reste. Le temps leur pardonnerait leur folie, les saisons leur amour. Anatoli Clari, tout Consul qu'il était, était avant tout son père et si son choix n'était pas le meilleur du point de vue de la tradition et de leur origines, il s'y plierait ou elle n'aurait d'autre choix que d'abandonner à son sort son pauvre père. Abandonner son père et choisir Soren ?

Thémis se savait incapable de choisir entre les deux et pourtant ce soir, en agissant de la sorte, c'était plus ou moins ce qu'elle venait de faire. Elle venait de laisser de côté le nom prestigieux des Clari pour satisfaire ses désirs, ses envies et ses ardeurs. Peu lui importait pour le moment, elle aurait tout le temps d'y réfléchir une fois éveillée. Pour l'heure, seul le rythme plus ou moins régulier du cœur de son promis comptait. Plus les secondes passaient, plus elle avait l'impression qu'il allait mieux, qu'il se calmait. Pourtant, elle n'osait pas relever la tête. Thémis n'osait pas plonger une nouvelle fois dans la Nuit, de peur d'y retrouver cette impression de néant, cette impression de vide qu'elle y avait vu quelques instants auparavant. La peur prenait la jeune femme d'assaut au fur et à mesure que le silence se prolongeait. Elle avait agit sans réfléchir, laissant ses sentiments guider sa pensée et ses gestes mais le Princeps n'était-il pas en train de la rejeter ? L'héritière des Clari ferma les yeux, des larmes montant petit à petit sans qu'elle ne puisse les refouler. Ce fut à cet instant où elle avait l'impression que tout basculait, que le monde sous ses pieds tombait en poussière sans qu'elle ne puisse se raccrocher à quoi que ce soit que l'homme brisa le silence tel un verre de cristal se répandant avec bruit sur le sol, brisé par des mains maladroites.

Se débarrasser de ses fantômes n'étaient pas choses faciles, elle le savait, elle en était plus que personne au monde consciente. Liam faisait partie de ses fantômes, ses origines la hantait tout comme le fantôme de cette mère inconnue qui se dessinait parfois dans ses songes. Thémis était une jeune femme torturée sous ses apparences de frêle donzelle joyeuse et timorée. Mais elle ne s'arrêta pas sur les doutes du soldat, elle s'arrêta sur sa dernière phrase, sur l'ultime phrase qu'il venait de prononcer.
Il voulait commencer une vie normale. A ses côtés ? La jeune femme commençait à en douter. Elle ne savait de Capitaine que ce qu'il avait bien voulu lui confier, lui avouer et c'était suffisant pour la terroriser tout en lui faisant découvrir des sentiments plus paradoxal encore tels que l'envie de le protéger contre ce fantôme du doux nom de Lizzie. Elle savait également du Zélote qu'il n'était pas quelqu'un qui témoignait ses sentiments avec facilité, était-il en train de lui avouer avec tact et par quelques chemins détournés que sa nouvelle vie ne l'incluait pas ?

Sa dernière réplique eut l'effet d'une tornade dans l'esprit de la jeune femme. Elle avait ouvert les yeux sous l'effet de la surprise et avait fini par relever un tant soit peu la tête, abandonnant la position foetale qu'elle avait adopté jusque là. Son regard chercha la Nuit et lorsqu'elle la croisa, elle y lut la détresse toujours, mais aussi quelque chose qui s'apparentait, l'espérait-elle, à de la tendresse. Il tentait de se convaincre lui-même et la jeune Clari savait que ce ne serait pas aussi facile qu'il tentait de s'en persuader mais elle sourit, d'un sourire tendre et plein d'amour puis déposa sur ses lèvres un baiser.


« Je serais là pour te rappeler cette promesse. »

Elle avait parlé avec toute la conviction dont elle était capable, sa voix reflétant une force qu'elle ne se soupçonnait pas, ferme et convaincue. Ou presque convaincue du moins. Un sourire étira ses lèvres devant le regard surpris de son amant.

« Je serais là pour toi, chaque fois que tu le désireras. Je serais à tes côtés. »

A nouveau, elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de retourner à la ballade que lui chantait le cœur de l'homme qu'elle aimait. Un sourire étira ses traits lorsqu'elle l'entendit s'affoler. Elle qui était si peu sure d'elle pouvait être certaine d'une chose : le corps ne savait pas mentir. Elle ferma les yeux.

Elle les rouvrit dans les couloirs du Monastère sans savoir ce qu'elle y faisait. Elle ne comprenait pas où elle était et sa première réaction fut la surprise suivie d'une peur panique. Pourquoi ne voyait-elle rien alors qu'elle se sentait bouger ? Elle sentait la chaleur d'un corps mais était incapable de dire lequel. Ce ne fut que lorsqu'elle entendu la voix de Soren murmurer quelque chose, pour elle ou pour quelqu'un d'autre, qu'elle se souvint de s'être endormie et de lui avoir demandée, épuisée qu'elle était, de la ramener dans sa chambre. Elle s'était changée en chaton, calquant autant que son esprit embrumé avait pu le lui permettre ses traits sur ceux de Léto.

Ce ne fut que lorsqu'elle sentit la douceur de la soie sur sa fourrure que son corps reprit forme humaine. Épuisée, elle n'avait pas eut la force de penser à se revêtir avant de reprendre forme humaine, ce fut nue qu'elle toucha le matelas et se laissa aller dans le monde des rêves jusqu'à ce qu'elle entende le Princeps tenter de sortir. Elle sentit la couverture de fourrure remonter sur sa peau, lui tirant malgré elle un frisson qui la parcourut de l'échine à la tête. Lorsqu'elle comprit qu'il allait partir et la laisser là, elle eut un mouvement de panique insensé qu'elle même ne comprenait pas et saisit la main de ce dernier, se relevant presque à moitié de sur le lit.


« Reste ! » avait-elle presque crié de panique.

Les yeux brulants de fatigue, elle chercha la silhouette de Soren qui s'était dégagée de sa main. Comptait-il partir malgré tout ? Il aurait bien raison, là n'était que caprice que de vouloir lui faire prendre davantage de risques. Ce ne fut qu'en sentant la peau du soldat sur la sienne que Thémis se rassura. Elle ne dormirait pas seule, plus jamais. Apaisée, calmée, certaine d'être en sécurité, elle s'endormit aussitôt.

Thémis fut la première à s'éveiller ce matin là. L'aube pointait timidement derrière les volets à demi-clos de sa chambre et une faible lueur illuminait la scène. Soren dormait à ses côtés. La jeune Clari profita de ces quelques minutes qui lui était offertes pour contempler le visage de son compagnon. Nulle trace de cette détresse qui l'avait étreint la veille au soir, elle en fut rassurée. La jeune femme se leva en silence pour ne pas réveiller l'endormi et rougit, consciente que si quelqu'un arrivait en cet instant, sans doutes cela leur attirerait-il de gros ennuis. Sans plus y penser, chassant cette idée de sa tête en tournant la clé dans la serrure, elle ôta sa chemise de nuit, soulagée de constater que Soren avait ramené ses sous-vêtements de la veille. Sans plus attendre, elle se glissa dans la baignoire suffisamment large pour accueillir trois personnes, disons plutôt deux s'il s'agissaient de Soren et elle. Elle sourit à cette remarque et utilisa son don pour faire couler l'eau ce qui ne manqua pas de réveiller le soldat. Un sourire navré naquit sur ses lèvres tandis qu'elle s'excusait du regard. Soren semblait inquiet de se lever si tard pourtant l'aurore venait à peine de perler de rosée les quelques plantes encore vivaces en la saison. Ce fut à cet instant qu'elle se souvint du Sénat et du discours qu'il devait tenir devant lui dans la matinée. Elle rougit. Qu'avait-elle eut en tête de lui demander pareil caprice ?

Soren ne mit que peu de temps à se vêtir et il allait sortir par la fenêtre certainement lorsqu'il vint à sa rencontre, sans doutes pour lui dire qu'il allait la quitter encore durant la journée. Ce jeu finirait-il par la lasser ? Continuer de le peiner en public la rendrait-elle malade comme la veille ? Thémis sourit, cela l'amuserait aujourd'hui, elle l'avait décidé. Mais pour l'heure, il n'était pas question que le Zélote parte dans cette tenue ! Elle l'attrapa par la manche de sa chemise et ajouta d'une voix calme, en Cydien cette fois :

« Me semble-t-il que vous avez une rencontre importante au Sénat aujourd'hui. Cette victoire n'en sera une que si vous parvenez à convaincre mon père et ses semblables que tel est le cas. Pour cela, il n'est pas question de vous laisser vous présenter dans pareille tenue. Venez prendre un bain. »

Ce n'était pas un ordre, loin de là l'idée de Thémis de lui imposer quoi que ce soit mais elle ne pouvait décemment pas le laisser quitter sa chambre dans cette tenue. Il n'aurait pas le temps de prendre un bain avant de s'y rendre si elle le laissait partir. Certes la demoiselle connaissait peu de choses de lui, et cela était sans doutes réciproque, mais elle pouvait être sure d'une chose : il était un acharné de travail. Il ne songerait même pas à l'hygiène basique que requérait une telle rencontre. Sa réaction la conforta dans cette idée. Il déposa un rapide baiser sur la joue de la jeune femme et s'éloigna du baquet ... jusqu'à ce qu'une gerbe d'eau ne l'atteigne de plein fouet. Cette fois, la jeune femme prit le parti de s'exprimer en Astorg.


« Maintenant que tu es trempé, tu ne peux te présenter dans cette tenue. Ne préférerais-tu pas un bain en ma compagnie à celle des sénateurs ? »


Il soupira, grommelant tout ce qu'il savait, ne manquant pas d'amuser la jeune femme au son de quelques bribes de ce qu'elle comprenait dans son charabia telles que « Henrick », « eunuque » ou encore « peste ». Ces mots sans queue ni tête amusaient beaucoup la jeune Clari et ils durèrent jusqu'à ce que le Princeps ai retiré ses vêtements trempés pour la rejoindre. Elle lui sourit, allant à sa rencontre.

« Merci d'être resté. »ne put-elle s'empêcher de lui murmurer.

Nouveau grommèlement.
Nouveau sourire de la jeune femme. C'était absurde, mais elle l'aimait.


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