Le Hall de fer ... Keziah se souvint encore de la première fois qu'elle l'avait vu. Elle avait à peine quinze ans, lorsqu'elle le vit la première fois. La forge était à l'abandon et ses vieilles pierres ternies par le temps semblaient avoir été les témoins d'autres âges. Ce n'était pas un grand bâtiment, mais il s'en dégageait un sentiment de fierté, comme si le brave prétendait encore résister à toutes les épreuves qu'on lui imposerait. C'est cela qui avait tout de suite plût à la jeune Kez et son père.

Les années avaient passées depuis ce jour. Et Kez avait vécu tant de choses dans ce lieu, qu'elle le considérait comme une partie d'elle même. C'était son fort, son refuge. Et en ces moments de tourmente, où la Cité semblait croulée sous les complots et les trahisons, c'était le seul endroit où Kez se sentait réelement chez elle. Bien sûr il y avait quelques tracas: des contraintes complexes sur telle ou telle armes, où les demandes absurdes de certains nobles qui persistaient à croire que plus une arme brillait, plus elle était efficace. Mais c'était coutume, et avait l'avantage de vider son esprit de ses autres préoccupations concernant l'Ordre.

Ce jour-là pourtant, ces préoccupations ne l'avaient pas quittée. La Reine n'était toujours pas de retour dans la Cité, et il faudrait bientôt partir . Elle travaillait donc sur de nouveaux fers à cheval dans un métal plus léger mais bien plus résitant. Thor en aurait besoin. Du bout d'une pince, elle plongea le fer brûlant dans l'eau claire pour le refroidir. Une bouffée de fumée s'éleva devant elle, cachant à sa vue l'arrivée de quelques nouveaux clients. Elle avait bien sur capté la présence des nouveaux venus au moment où ils avaient franchis la porte, mais elle avait pour habitude de les faire patienter un peu avant. Histoire de leur comprendre dès le départ, que dans son atelier c'était avant tout l'artisan qui était roi.

"Keziah, on a besoin de toi là!"

Ces paroles la tirèrent de la contemplation du fer plus rapidement que prévu. Elle connaissait cette voix. Un coup d'oeil lui confirma ce qu'elle pensait: c'était celle d'Alicia, un autre membre de l'Ordre. Elle essuya son visage brillant de sueur, et constatant également la présence de son supèrieur, s'avança devant eux. Il était plutôt rare de les voir ici.

"Il s'est passé quelque chose?" demanda-t-elle, les sourcils froncés.

[Joris>Je m'occupe de la description précise de la forge ,je la posterai dans un autre sujet et j'espère ce soir]

« Non, non, on a juste besoin de tes services, forgeron ! »

Le sourire amical de Joris se transforma en une moue douloureuse. Leur petite descente dans ce trou mal famé de Haldern n'avait pas été une promenade agréable, son pas boiteux en témoignait.

« A moins que tu ne veuilles m'échanger ta jambe contre la mienne, plaisanta-t-il. »

Il dégrafa son éternelle cape écarlate, dévoilant sa carrure athlétique mise en valeur par sa tunique de cuir. C'est qu'il faisait plus chaud qu'en plein désert sur le coup des midis ici ! A passer continuellement de la fournaise de la forge au froid glacial de la capitale, Keziah devait attraper une pneumonie aussi souvent qu'un Astorg maudissait un Cydien ! Il garda cependant son vêtement à la main, n'osant le poser à un endroit inapproprié. C'était pourtant un Capitaine ! Il aurait dû laisser sa cape où bon lui semblait, s'assoir sur une chaise qui passait par là, sans attendre d'y être inviter. Pas Joris. Il se trouvait dans l'antre de Keziah. Son repaire. Il avait beau être son supérieur, rien ne justifiait qu'il se comporte comme un gros porc mal élevé alors qu'il n'était qu'un client. Et puis il tapait assez ainsi sur les doigts de la jeune femme durant les entraînements.
Qu'il lui laisse son heure de gloire...

« Il me faut une épée courte. Assortie à la mienne si possible. »

Il délivra l'arme de son fourreau dans un geste fluide et la tendit au forgeron. Il s'agissait d'une épée longue au manche d'argent, ciselé d'arabesques, qui parcouraient la fusée pour terminer sur des éclats de rubis. Il se l'était payée après plusieurs mois de salaire, abandonnant définitivement la lame de son père avec un grand soulagement. Il ne lui devait plus rien...

« Essaie de faire aussi bien que l'expert qui s'est chargé de celle-là ! »

L'expert en question n'était autre que le père adoptif de Keziah. Certains y voyaient un certain communautarisme, ces Compagnons qui ne veulent dépendre que d'autres Compagnons. Joris pensait que rien ne valait mieux qu'une valeur sûre, voilà tout. Même s'il est vrai qu'il éprouvait un profond respect pour le Maître forgeron et de la sympathie pour son apprentie, qui pourtant, après de longues heures d'entraînement, devait être poussée à le détester d'avantage.

« Tu penses avoir besoin de combien de temps ? »

[Bon c'est pas terrible mais j'ai pas le temps de faire mieux !]

Dans ses plans, minutieusement chronométrés, Alicia devait éviter de trop s'attarder dans chaque lieu. De toute manière, la patience n'était pas son fort: déjà parce que le temps était de l'argent et que la patience ne rapportait rien, mais en plus que chaque seconde risquait de faire sauter sa couverture. Être si proche de son capitaine, dans un endroit plein d'armes, n'était pas pour la mettre en sécurité.
N'empêche que Keziah devait se faire un paquet de pognon avec ça. Et si Alicia lui proposait un partenariat, moyennant une comission légère et équitable? Peut-être pas le moment. En fait, la vraie urgence était ces fichus armes et Keziah était la seule qui pouvait les aider. Alicia avait quelques remords quand même d'agir comme ça: elle savait très bien qu'elle allait quitter les compagnons, cependant elle profitait encore des avantages du métier et de ses relations. Si elle tombait sur eux par la suite, aussi désinvolte qu'elle puisse être, il serait difficile de les regarder en face.
Alicia reporta son regard sur les murs de la forge alors que Joris parlait: son rôle faisait qu'il était proche de tout le monde, à tel point qu'il semblait connaitre des détails de la vie privée des autres. C'était vraiment pas le caractère d'Alicia d'être proche des autres comme ça: à part être trahi un jour, ces liens n'amenaient à rien pour elle. La forge n'avait rien de féminine et Alicia s'étonna de cette observation: Keziah et elle n'avait rien de féminin tout court: les compagnons gommaient-ils les différences de genre, ou est-ce-qu'ils transforment tous les membres en hommes? Muria allait tout changer, un village plein de femmes. Elle n'allait surment pas s'y sentir bien non plus mais elle serait libre d'aller où elle veut.
Joris ayant exposé ses problèmes, c'était maintenant à Alicia de prendre la parole. Elle sortit son fouet à la lame émoussée, pointant du doigt l'état pitoyable du métal incapable de trancher un morceau de fromage.

"Regarde-moi ça, cette lame est sensée faire de mon fouet une véritable machine à couper. Mais rien à faire, je n'arrive pas à prendre soin de la lame. Si tu avais quelques tuyaux à me donner pour l'entretien, je te revaudrait ça! Si tu as besoin de la changer, tu peux y aller".
Ce n'est qu'une lame faillit-elle dire, mais elle s'abstient car elle ne connaissait pas le rapport qu'un forgeron entretenait avec la fer. Et bien qu'Alicia était provocatrice, elle ne souhaitait pas vexer une femme qui lui portait assistance.
"On ne va pas t'importuner plus longtemps, tu dois avoir un paquet de commande avant la bataille, on va te laisser travailler en paix!"
Alicia mit ses mains dans ses poches avec un dernier regard vers Keziah avant de pousser la porte, engouffrant un vent glacé dans la forge.


(je désengage les autres sauf si vous voulez reposter)

[Ben en fait c'est vraiment pas cohérent, il faut que ce soit Keziah qui, dans son dernier post nous désengage. On vient pour avoir une arme et des conseils on repart sans, ça n'a aucun intérêt ^^. Donc si Keziah tu pouvais faire un post de clôture, ça serait cool !]

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[ Désengagés : Joris, Keziah ]
[ Obtention des armes demandées ]