Le printemps renaissait des ses cendres sous les pas lourds des armées, déterminées, qui avançaient en masse vers la cité des ruines. Les dirigeants s'étaient mis d'accord puis il avait fallu convaincre les différents conseils et les soldats de l'intérêt de se regrouper sous une même bannière jusqu'au jour où tous avaient compris que c'était là leur ultime espoir de survie. Le 12 Tombeneige sonnait tel le glas et tous espéraient surement que ce ne soit pas leur requiem de fin. La marche entamée vers la cité du Dieu Fou fut longue pour certains, près de deux jours mais tous arrivèrent finalement à bon port dans la soirée du 13. Les camps furent établis suffisamment loin pour en devenir invisibles des yeux d'Azael et de son impressionnante armée mais sans nul doutes savait-il déjà ce qui se tramait. Ses éclaireurs avaient du le prévenir mais peu importait, il était bien trop fier pour attaquer le premier ou alors, il était bien trop occupé à organiser sa défense. A moins que tout simplement, il ai ignoré la présence des armées grâce à quelques flèches aiguisées. Tel que cela avait été prévu, l'attaque fut lancée le 14 à l'aube, tandis que les premiers rayons du soleil pointaient à l'horizon. Une lumière rougeâtre illumina la scène tandis que tous retenaient leur souffle. Prise en étau mais pourtant stoïque, l'armée Erathienne attendait, son nombre étouffant les rires des plus malins qui pensaient remporter facilement la victoire.

On entendit de l'est à l'ouest de magnifiques discours de motivation, certains préférant remotiver une dernière fois leur troupes. La veille déjà, on avait entendu un Capitaine donner du courage aux troupes de Cydonia, une Femme à ses Sentinelles, une Autre à son armée reconstituée avec peine, un Compagnon et sa Reine aux troupes Astorgs et un Templier à ses compagnons d'armes. Tandis que le soleil baignait d'une lumière qui n'augurait rien de bon le champs de bataille, les deux armées se faisaient face. Les Erathiens étaient stoïques, attendant l'ordre d'attaquer et de tuer. Leurs lourdes armures ne semblaient pas les gêner outre mesure et pourtant, elles paraissaient peu enclines aux mouvements, peu être était-ce là leur seule faille ? Leurs armes d'ancienne époque auraient pu faire sourire si elles n'avaient pas été capables de fendre un crâne d'un coup d'un seul. L'impression de malaise, de haine et de néant qui émanait d'eux était palpable même pour un non Sensible. Leur peau blanche comme la neige de l'hiver passé, relevée par leurs barbes brune presque noir de jais donnaient une impression d'avoir à faire à des cadavres. Cette dernière bataille serait décisive et nul doutes que le sang coulerait. Ces terres arides seraient bientôt abreuvées du sang des braves et de leurs ennemis … L'herbe qui avait poussé partout dans la plaine serait bientôt noyée sous un torrent de sang. Les cours d'eau qui jonchaient la plaine de part et d'autre seraient bientôt à leur tour rassasiés par le liquide poisseux mais pour l'heure, le silence régnait. Les ennemis se faisaient face sans un mot, leurs armées bien organisées, leurs rangs bien propres. Seuls les battements de cœur incessants des soldats résonnaient à présent dans ce lugubre décor. Lorsqu'il apparut, plein de force et jaugeant d'un regard satisfait les armées adverses, tous savaient que la bataille ne tarderait pas à débuter.

Guerre, tel était son nom, tel était celui qui sonna la bataille des rois.

La charge fut sonnée après que chaque capitaine, chaque général ou chaque roi ai donné ses ordres. Dans cette lutte pour la survie même du peuple des vivants, seul l'espoir et la détermination sauveraient les âmes de tous ces soldats. Divers chants se firent entendre, divers ordres fusèrent et les belles armées bien rangées se dispersèrent parmi leurs assaillants. Désormais, seule une chose comptait, survivre, protéger ce qu'il restait du peuple des vivants de la folie d'un Dieu sans cœur.

Le front.
Philéa avait été claire, l'armée Amazone devait enfoncer les lignes Erathienne en face à face, les deux autres armées, Cydiennes et Astorgs, les prendraient à revers. Kiera avait donc placé le plus judicieusement possible ses cartes maitresses et avait fait en sorte que les élémentaires ou encore, les elfes, soient répartis entre le front principal et les fronts est et ouest. Cassandra, la fière Capitaine, avait décidé de prêter main forte à la Chef des Sentinelles et l'avait rejoint sur le chemin de la bataille, la veille quant à Ashrand, c'était Kiera elle-même qui l'avait voulu à ses côtés. De tous les Soumis, c'était avec lui qu'elle semblait s'entendre le mieux, sans doutes était-ce la raison de son choix (je ne suis que le Mj moi, je ne sais pas tout !).

[ Les règles : ICI ]
[ Bon jeu ! ]

Philéa avait été claire, elle voulait que tout le monde participe, de toutes façon, il y avait fort à parier que si nous perdions, Muria tomberait et la cité serait dans tous les cas vidée puisque la plupart des Amazones étaient des combattantes. Que les Soumis nous accompagne permettrait surement des bras en plus et éviterait que de toute façon, ils se fassent la mal alors que nous n'étions pas là. Il me fallut une bonne journée pour dresser la liste de ceux que j'estimais digne de confiance, de ceux qui ne l'étaient pas mais feraient des premières lignes parfaites et enfin, des derniers qui, trop vieux, trop jeunes ou blessés, resteraient dans la cité avec les dernières femmes et leur filles trop jeunes. J'avais décidé de prendre Ashrand sous mon aile, sans savoir pourquoi. J'aimais bien sa compagnie et s'il fallait en avoir un près de moi, autant que ce soit lui.

De la veille, je n'avais que peu de souvenirs, à vrai dire, je me demandais encore comment j'avais atterri là. La bataille était à nos portes et je m'y préparais. J'avais choisi une armure souple mais suffisamment solide pour qu'elle reste utile. Elle couvrait le haut de mon torse descendant un peu au dessous de la poitrine tandis que mon ventre et mon dos étaient protégés d'une plaque plus légère d'acier ou de toute autre matière, je n'avais pas cherché à savoir. Mes jambes n'étaient protégées qu'au niveau de mes genoux pour me permettre plus de mouvements. J'avais enfin enfilé des protections de cuir épais sur mes avants bras pour éviter que la corde de mon arc ne me blesse en cas de problèmes. Voilà que j'étais prête pour cette bataille qui promettait d'être la dernière pour bon nombre d'entre nous. Je ne ferais peut-être pas exception cette fois-ci mais peu m'importait si cela était utile à protéger ma cité et mes sœurs. Je sortis de la tente peu avant que l'aube se pointe à l'horizon. Les Amazones étaient là, mêlées à quelques elfes et aux Soumis qui nous avaient accompagnés. Dans leurs yeux brillait essentiellement la colère, leur envie également de se taper de l'Erathien. Je ne pouvais qu'être fière d'être leur Chef des Sentinelles !

« Mes sœurs » commençais-je avec une certaine hésitation, je n'étais pas habituée à m'exprimer en public mais je savais que le perpétuel discours pour motiver les troupes avant la fin était nécessaire, j'ignorais juste quoi dire, « Je suis fière de combattre à vos côtés aujourd'hui. Quoi qu'il advienne de nos vies, n'oubliez pas que nous sommes là pour Muria, pour que les jeunes générations connaissent la paix dans laquelle nous avons grandi à Muria ! Que Diane vous protège mes amies ! »

Que mon discours soit idiot aux oreilles des autres m'importait peu, seule comptait l'envie de se battre qui trônait dans leurs yeux. Sans même écouter leur acclamations, s'il y en avaient, je me dirigeais vers mon poste, rejoignant Ashrand par la même occasion. Le son de la bataille se fit entendre et la réplique du Soumis me fit plaisir autant qu'elle me surprit. Je n'avais malheureusement pas le temps de me pencher sur ce qu'il venait de me dire.

« Je te retourne le conseil Soumis, nos discussions sont plutôt agréables ! »

J'avais parlé avec maladresse, je n'étais pas habituée à bien m'entendre avec un Soumis ou un homme en général et le dernier en date m'avait trop fait souffrir pour que j'accorde ma confiance une nouvelle fois. Ashrand faisait exception, sa présence à mes côtés le prouvait, mais je ne savais pas encore pourquoi je lui offrais ce traitement de faveur et ce n'était pas le moment de se poser la question. Les premières troupes ennemies commencèrent à bouger, mieux valait se mettre au boulot ! D'un geste ample, je saisissais une flèche dans mon carquois et armait mon arc.

« Fidèle ami, protège moi une dernière fois. » murmurais-je à son intention comme s'il avait été vivant, « Ô Diane, offre-moi une dernière fois ton courage ! »

Je me jetais dans la bataille. Le premier trait parti et ricocha sur l'armure de l'Erathien. Qu'elle stupide Sentinelle je faisais ! Sans réfléchir, j'observais avec attention l'armure en question, ne cherchant plus à tirer une flèche pour le plaisir de le faire. Le cou était une faiblesse, l'épaule également ainsi que la visière et certains recoins sur les jambes. Bien. Le deuxième trait parti et atterri avec précision dans la visière. Un mort. Si je sentais monter les larmes, je les refoulais autant que possible, le moment étant mal venu pour me mettre à pleurer et risquer de manquer ma cible. Troisième trait dans le cou de mon adversaire qui tomba au sol. Combien avais-je tiré de flèches lorsque les troupes furent trop prêt ? Je l'ignorais, je ne m'étais pas amusée à compter. Reposant en vitesse mon arc sur mon épaule, je m'attelais au combat, empruntant comme lors de la bataille de Cydonia ses caractéristiques au serpent. Je prélevais sur un corps une épée et l'enduisait de venin de serpent avant de tenter de parer mon premier adversaire au corps à corps. Évidemment, j'étais moins douée avec une épée qu'avec un arc entre les mains mais je savais me défendre et le venin m'aiderait. Je réussis à blesser mon adversaire suffisamment pour que la lame touche sa peau seulement le venin était lent à agir et bien entendu, l'Erathien eut l'occasion de m'asséner une coup d'épée au niveau du visage qui laissa une estafilade plus ou moins profonde sur ma peau. Je compris avec sa mort que ma technique n'était pas adaptée à un combat de cette ampleur et décidais d'en changer. Ainsi, j'abandonnais l'esprit du serpent pour choisir celui de l'ours et lui emprunter sa force légendaire. Un courant d'énergie parcourut mon corps tandis que je m'attaquais à l'Erathien qui s'approchait de moi. Heureusement que j'avais touché Arya ce jour là car si j'avais travaillé ses techniques avec attention, je me doutais surtout que c'était grâce aux images encore dans ma mémoire que je pouvais me battre aussi bien à mains nues et ceci combiné à la force de l'ours, cela me permettait de m'en sortir indemne jusque là. Un coup de pied bien placé dans le cou de mes victimes accompagné de la force de l'animal aidait largement à s'en sortir ! Ce fut après une nouvelle victime, surement la quatrième que j'achevais depuis que j'avais abandonné mon arc et mes flèches que je retrouvais Ashrand du regard. Il venait de blesser un ennemi mais je craignais que cela ne suffise pas. Pourquoi me soucier du Soumis ? Je l'ignorais, il était de Muria après tout.

La flèche avait sifflé juste le temps qu'il m'avait fallu pour reprendre mon arc entre les mains et encocher un trait mortel. Remettant l'arc sur mon dos, je m'approchais à la hâte du Soumis. Il ne fallait pas se faire encercler sauf que les jolies troupes bien formées jusque là n'étaient plus que des groupes éclatés ici ou là ! Je me mis en position d'attaque, prête à tout, mais à deux, on ne risquait pas de faire long feu … Ce fut à ce moment précis que je vis la Capitaine de l'Orage Sanglant se débattre non loin. Elle nous avait rejoins la veille, assurant de sa présence et si j'en avais douté, j'avais eu tord. Elle était seule au milieu des troupes, faisant signe à Ashrand, je lui disais simplement, me dirigeant vers la pirate :

« Il faut rester groupés, ils sont trop nombreux ! »

La jeune Capitaine était quelqu'un de fière, il m'était évident qu'elle ne me remercierait pas d'avoir tué l'ennemi et je m'en moquais. Sur un champs de bataille, peu importait qui avait tué qui, seule comptait la survie des siens, de ceux qui se battaient du bon côté. Mais étions-nous du bon côté ? Il était évident que oui quand on connaissait les agissements d'Azael. Cassandra hocha la tête en signe d'approbation tandis qu'une larme roulait sur ma joue. Telle une malédiction, les larmes roulaient chaque fois que l'une de mes flèches arrachait la vie à quelqu'un, tel une piètre compensation pour les crimes que je commettais.

Ashrand m'avait suivi sans réfléchir, se disant sans doutes comme tout le monde que mieux valait rester à plusieurs que seul face aux ennemis. Je regardais autour de nous, profitant des dernières minutes où je pourrais utiliser mon arc et mes flèches pour nous défendre. J'avais été formée au combat à distance mais depuis que j'avais touché la Capitaine Arya, je sentais couler en moi ses souvenirs et ses techniques de combat à mains nues. Sans s'en douter, la jeune femme allait me sauver la vie ! Pour l'heure, mes flèches faisaient toujours mouche et atteignaient sans problème les points faibles dans l'armure de mes ennemis mais ce temps ne durerait pas éternellement et bientôt, il nous faudrait une autre technique pour espérer survivre. Je réfléchissais le plus rapidement, tentant de me rappeler des capacités du Soumis, des miennes et éventuellement, de deviner celle de la pirate. Peine perdue, le temps me manquait et il était évident qu'on devrait se battre avec nos ressources posées en vrac sur le tas. Aucune stratégie ne pouvait fonctionner avec trois personnes comme nous qui n'avions jamais combattu ensemble en revanche, je pensais bien que l'on pouvait s'entre protéger. C'était justement ce qu'il nous manquait, la protection, car nous étions des cibles faciles, à trois au beau milieu d'une armée ! La voix d'Ashrand me parvint mais j'étais incapable de réagir, préférant achever un ennemi qui s'approchait dangereusement de nous. Avancer … c'était évident qu'il fallait bouger, ne pas rester immobile pour devenir la proie d'une flèche perdue mais avancer n'était pas non plus la solution. En avançant, nous deviendrions des cibles faciles, séparés les uns des autres, chacun pour soit. Seuls, nous n'avions aucune chance et en mouvement, il était évident que nous ne pourrions pas élaborer une technique pour échapper à nos ennemis.

« Il faut rester ici, si nous avançons, nous serons seuls et condamnés à aller de l'avant. Ici, nous pouvons prévoir leurs attaques et nous protéger mutuellement ! » avais-je hurlé au Soumis mais ce dernier était déjà en proie à un ennemi trop puissant pour lui.

D'ordinaire, je ne m'en serais pas préoccupée. Que valait la vie d'un Soumis vis à vis de la mienne ? Mais les choses étaient différentes, peut-être parce que je l'appréciais plus que les autres, peut-être parce que la petite princesse Jelenna m'avait ouvert les yeux en m'affirmant que nous n'étions pas aussi différent que je le croyais. Peut-être parce que Maximus, avant de me trahir comme un lâche, m'avait fait miroiter des choses que jamais je n'aurai osé toucher du doigt auparavant. Nous étions dans la même galère, nous avions couru au massacre en nous jetant dans la gueule du loup et même si cela était sans doutes notre seul espoir de survie à l'époque où les grands de ce monde l'avait décidé, il était évident maintenant qu'ils avaient surestimés nos forces.

Il me sembla que le jeune Soumis était tombé à terre. Cassandra était déjà aux prises avec un Erathien et ne semblait pas capable de s'occuper d'Ashrand. Pour ma part, je tentais d'esquiver les coups d'épées d'un de mes assaillants. L'épée que j'avais volé sur un des cadavres peu de temps auparavant ne m'étais pas d'une grande utilité. Certes j'avais reçu une formation il y avait de cela quelques années mais elle était bien lointaine et mon arme de prédilection avait toujours été l'arc. Je parvenais à esquiver les coups mais pas à le tuer et le temps était compté. Dans ma tête résonnait une prière incessante destinée à Diane qui, je l'espérais, pourrait m'aider. Nul ne saurait jamais si ma prière avait été entendue ou si le hasard y avait répondu mais quoi qu'il en soit, ma lame se planta précisément dans le cou de l'homme. Sans même me préoccuper du corps qui tombait sur le sol, je me dirigeais à la hâte vers le dernier endroit où j'avais vu le Soumis. Il était toujours vivant, au sol, roulant pour éviter les coups de hache de son ennemi. Ni une ni deux, je m'élançais dans sa direction, évitant les cadavres au sol du mieux que je pouvais, ainsi que les éventuels ennemis aux prises avec nos troupes, anciennes ennemis ou alliées, peu importait tant qu'elles me dégageaient le passage. J'ignorais ce qui animait mes pas mais ce n'était de toute façon pas le plus important. Je devais le sauver, il faisait partie de nos rangs et je sentais que sa perte me ferait plus de peine que celle de Maximus sans savoir pourquoi. Me souvenant des techniques que j'avais volé sans le vouloir à Arya et qu'elle m'avait ensuite appris à perfectionner une fois les effets du vol estompé, je m'élançais au dernier moment pour lancer mon pied dans le genou de l'ennemi. Leur armure était rudement bien faite mais elle avait de nombreuses faiblesses et notamment au niveau des jambes ou seul l'avant était protégé, une chance que je sois derrière lui. Un craquement terrible se fit entendre lorsque mon pied entra en contact avec son corps. Le genou s'était surement déboité et l'homme, surpris et déséquilibré, tomba à la renverse, lâchant son arme au sol. Je n'avais pas réfléchi à la suite mais elle me parvint en un éclair. Invoquant l'esprit de l'ours, je m'octroyais l'espace d'un instant sa force.
Mes bras passèrent autour du cou de ma victime et, aidée de la force de l'ours, je la plaquais au sol sur le dos. Dans un même mouvement, je posais mes mains sur sa poitrine, juste en dessous du cou et appuyais de tout mon poids augmenté. De longues secondes d'agonie suivirent ma méthode, son corps s'enfonçant dans le sol avec violence tandis que je sentais sous mes mains son armure se plier, s'enfoncer dans sa chair, ses os se briser. L'agonie se termina dans un râle de souffrance et l'Erathien était mort. Tout cela m'avait épuisé mais fort heureusement, Ashrand était toujours en vie. Le visage en sueur, je lui demandais dans un souffle :

« Tout va bien ? »

Je l'avais sauvé, maintenant, c'était à lui ou à Cassandra de m'offrir le temps nécessaire pour reprendre mon souffle car les soigneurs ne pourraient rien pour moi qui ne souffrait d'aucune blessure physique mais simplement de fatigue.

« Tu peux te relever ? » demandais-je enfin au jeune homme.

Alors que nos ennemis étaient pour quelques temps retenus par nos alliés, même si je ne parvenais pas à savoir par qui, je continuais sur la même lancée, mon ton devenant plus abrupte et plus dur :

« Je t'avais dit de rester à mes côtés, de rester groupés, qu'est-ce-qui t'as pris ? Tu as failli te faire tuer ! »

Reprenant mon souffle, j'ajoutais, méthodique, ne remarquant même pas que la mort de l'Erathien ne m'avait tiré aucune larme pour une fois :

« Il nous faut un plan avant de continuer, on ne peut pas se contenter d'avancer ou de rester sur place sans savoir quoi faire et attendre qu'ils nous tombent dessus. »

[ On demande une intervention Mj après le tour de Cassandra ou on continue ? ]

[Non, mais amis, vous ne rêvez pas. J'ai posté alors que mon habituel délais d'un mois ne s'est pas encore écoulé. Il ne s'est même pas encore écoulé 24h. Oui, vous avez le droit de m'applaudir ! /Brique/
Oui, je vote pour une intervention sadiquement MJesque =) ]

La bataille avait commencé.
Le bruit délicat des boucliers brisés, des lances enfoncées dans la chair et des lames s'entrechoquant l'avaient réveillée.
L'odeur du sang l'avait attirée.
Ai, tel était le nom que lui avait donné sa mère avait de mourir en lui donnant la vie.
Tsume et Kiba, tels étaient les noms de ses compagnons, choisis alors qu'ils dévoraient son père pour lui laisser la vie sauve à elle. Ai.
Enfant de l'Oeil d'or, elle n'avait pas hésité à piller, torturer et tuer pour le compte d'Azael. Elle ne croyait pas au dieu, jamais, elle ne croyait qu'à la violence, à l'odeur du sang et de la peur. Elle ne croyait qu'en elle et ses compagnons. Elle était la violence à l'état pur, la douleur et la haine. Ai était le destin en personne, du moins était-ce ce qu'elle pensait.

La jeune fille était vêtue étrangement pour se trouver au beau milieu d'un champs de bataille mais malgré tout, autour d'elle régnait une aura de mort et de sang qui ne donnait pas lieu à se moquer d'elle. De longs cheveux noirs de jais, une peau laiteuse, des yeux aussi rouges que la mare de sang qu'elle foulait de ses pieds nus et un kimono aussi noir que la nuit, parsemé de quelques touches de couleurs ici et là. Etrange décor macabre qui avançait d'un pas décidé vers ses prochaines victimes.

Les pieds nus de la jeune fille foulèrent le sol en silence tandis que ses compagnons dansaient autour d'elle. Funeste danse. Erathia était sa maison, son abri, pas vraiment en fait, Ai s'en foutait. Elle ne voyait qu'une chose : cette guerre avait l'avantage de lui offrir de la chair, de l'excitation et du combat. Pourvu qu'elle dure longtemps ! Trois âmes étaient aux prises avec les Erathiens et ce fut sans doutes cela qui attira le regard de la demoiselle. Elle n'hésita pas une seule seconde à s'approcher de ces futures cadavres.
Le destin allait frapper.
Théâtral.
Majestueux.
Un Erathien lui barra la route, bien décidé qu'il était à venir à bout de vous. Ai en fut contrariée, très contrariée. Elle décida donc de se débarrasser du problème à la source. Alors que la Capitaine était en plein combat avec ce dernier, la lame aiguisée de sa dague longue se planta dans le cou de ce dernier et le traversa. Le temps de faire un bond en arrière et l'homme était tombé à terre.
Un sourire sadique se peignit sur ses lèvres.
Ces proies avaient une odeur particulièrement alléchante non ?

La demoiselle en kimono écarta les bras avec une grâce toute aussi déconcertante que sa tenue en plein milieu d'un champs de bataille. Un brin de folie illumina son regard tandis que sa voix aigue prononça avec amusement :

« Voulez-vous gouter à la mort, une nouvelle fois ? »

De derrière chaque manche de la jeune femme surgit un loup à la taille imposante. Noir. Les yeux noirs. Les crocs immaculés plein de sang. Ils se jetèrent chacun sur leur proie. Un pour chaque femme. La jeune femme avait choisi Ashrand pour victime. Elle se mit en garde face à lui, ce même sourire morbide sur les lèvres.
Tsume pour Cassandra, Kiba pour Kiera. La chose ne serait pas simple car la gamine se servait de l'Esprit pour lire chacune de vos pensées et ainsi anticiper vos actions. Et les loups voyaient tout, ils lisaient en elle comme dans un livre ouvert.

[ Compétences :
Esprit, Empathie animale, Dressage, Acrobatie, Manipulation de la lame, Illusion ]
[ Pour le personnage, si vous voulez une image, c'est celle de Ai Enma, dans la fille des enfers saison 3 ^^ ]

[ C'est assez sadique ? XD ]
[ Votre adversaire, loup ou humain, parvient à anticiper tous vos mouvements. Soit vous faites un tour complet avant que je n'intervienne à nouveau soit je fais un post après chacun d'entre vous pour que ce soit plus vivant. Comme vous voulez ^^ En tout cas, je vous demanderai de ne pas tuer Ai ou les deux loups durant ce tour ! ]

Kiera l'avait sauvé à son grand étonnement. Le Soumis devait bien avouer qu'il ne s'attendait pas à ce que l'Amazone se donne tout ce mal pour le sortir de là. Quelques coups auraient suffi à mettre l'Erathien au sol et permettre à Ashrand de se relever. Il n'était pas nécessaire qu'elle s'acharne autant sur sa pauvre victime, expulsant lentement la vie hors de son corps. Peu importait, il était toujours en vie et c'était là le principal. Bien sûr, il n'oublierait pas ce geste qui avait préservé sa vie.
Sitôt qu'il en avait eu l'occasion, il s'était remis debout, prêt à se jeter à nouveau dans la bataille.

« Oui, ça pourrait aller pire. »

Kiera ferait mieux de s'inquiéter davantage pour elle : la fatigue se lisait presque sur son visage. Sans doute fallait-il en déduire que les talents de mysticisme de la jeune femme l'épuisaient rapidement. Le Cydien, lui, se sentait encore d'attaque. Certes, ses muscles étaient un peu douloureux et il transpirait plus qu'à l'accoutumée mais globalement il était préparé à accueillir les assaillants suivants quoiqu'il eusse préféré éviter d'avoir à se battre encore. Cette bataille semblait interminable, y avait-il seulement une victoire possible là-dedans ?
La Sentinelle, malgré son épuisement apparent, ne manqua pas l'occasion de l'enguirlander, lui reprochant son inconscience. Le Soumis allait répondre quelque chose mais fut brutalement coupé par la pirate.

« Désolé ... et merci. » bredouilla-t-il simplement.

Honteux de s'être fait ainsi réprimandé, il fut incapable d'en dire plus. Pour la peine il tenterait de trouver quelques secondes de répit pour l'Amazone. Rejoints par Cassandra, Ils envoyèrent prestement deux ennemis dans l'au-delà, ne leur laissant même pas l'occasion de répliquer. Il ne s'habituerait jamais à tuer des être humains, si mauvais soient-ils. A chaque fois ce sentiment de dégoût dirigé vers lui-même qui revenait, lui rappelant l'acte ignoble qu'il venait de commettre.
La pirate avait proposé plusieurs options quant à ce qu'ils avaient la possibilité de faire, pas grand chose en somme et encore, chacune de ces options ne se différenciant d'une autre d'à peine un cheveux.

« Chercher leur Capitaine est inutile. Regardez les, ils n'ont aucune stratégie, ils improvisent ! Tuer celui qui les dirige ne servira sans doute à rien. »

Vu qu'elle était une femme, elle n'avait pas échappé à ce vouvoiement habituel chez lui.
Profitant de l'instant de répit qui se présentait, il tenta d'essuyer le sang frais qui avait recouvert la totalité de la surface de son épée. Rapidement frottée contre le cuir couvrant ses avant bras, le Soumis put constater l'état déplorable de son arme : ci et là, la lame était amochée. Il fallait s'y attendre, à force de frapper, de parer et de contrer, que pouvait-il arriver d'autre ? Parviendrait-il au moins à entamer des chairs à la fin de la guerre ? Peut-être, peut-être pas. De toute façon, se battre avec une arme abîmée ne pourrait durer qu'un temps alors autant user celle d'un autre. D'autant plus que la lame qu'il utilisait ici avait une certaine valeur pour lui ...
Les armes n'étaient pas ce qui manquaient sur un champ de bataille, ainsi Ashrand eut à peine à se baisser et se servir sur la dépouille d'un elfe. Une belle arme comparée à celles qu'avaient les troupes d'Azaël. Un peu longue peut-être mais l'heure n'était pas à faire des manières, il se débrouillerait avec ça.

Les combats déjà repartis, le Cydien ré-ajusta le bandeau placé dans ses cheveux avant de partir guerroyer à nouveau, veillant cette fois à ne pas trop s'éloigner des deux femmes. Il avait eu droit à une seconde chance, autant ne pas la gaspiller.
Bien entendu, il ne se servait que d'une seule de ses deux épées. N'étant pas ambidextre, il lui aurait été difficile de se battre à l'aide de sa main droite. C'est donc l'épée volée en main et la lame courte au fourreau qu'il arriva pour prendre une vie de plus. Combien de personnes avait-il tué aujourd'hui ? Trop, infiniment trop. Sans doute aurait-il du mal à se pardonner ses actes ... mais il lui fallait se battre ! Cette seule pensée lui permettait de continuer. Il chercherait la rédemption plus tard.

Cherchant des yeux ses deux compagnonnes d'armes, il les vit toutes les deux de retour aux prises avec les opposants. Kiera avait-elle assez récupéré ? Le Soumis en doutait. Elle avait au maximum eut le temps de reprendre son souffle mais ni lui ni Cassandra n'avaient pu le offrir plus de répit. Au moins étaient-ils là afin de l'épauler voire lui porter secours au cas où. La capitaine pirate, elle aussi en train de se battre, mis à mort un énième Erathien en lui plantant une fois de plus sa dague dans la gorge. Après tout, trancher la gorge était encore ce qui fonctionnait de mieux avec eux.

C'est à ce moment-là qu'il la vit. Elle avançait. Belle. Froide. Effrayante. Elle semblait n'avoir rien à faire à en juger ses habits mais ce regard... un regard de prédateur. Ses yeux de fauve cherchaient une victime, une pauvre personne à qui arracher la vie.
Terrifiante.
Un adjectif parfait pour la décrire. Sa proie, elle semblait incontestablement l'avoir trouvée quand ses yeux s'arrêtèrent sur lui. C'était sa vie qu'elle avait décidé de prendre, lui qui la craignait cent fois plus que les autres Erathiens en armure.
Il avait deviné qu'elle n'était pas une alliée dès le premier regard. Cette aura qu'elle dégageait ne pouvait être celle de quelqu'un œuvrant dans le même but qu'eux. C'était impossible, et la façon menaçante avec laquelle elle s'avançait vers lui prouvait qu'elle appartenait bien à l'autre camp.
Déjà avait-elle lancé deux véritables prédateurs, des loups, à l'assaut. Lui étaient-ils destinés ? Non, ils passèrent tout de chaque côté du Cydien sans le remarquer. Leur cibles étaient les deux femmes se trouvant derrière lui. Un coup d’œil en arrière lui confirma cela. Il ne s’inquiéta pas un instant car toutes deux avaient prouvés leur capacité à vaincre un simple loup.

Fixant à nouveau celle qui serait son adversaire, Ashrand serra nerveusement le manche de son arme. Il lui ferait face car personne d'autre ne le pourrait. C'était à lui d'arrêter cette folle quoiqu'il ne cracherait pas sur l'aide de la Sentinelle ou de l'autre femme si jamais il ne parvenait pas à en découdre. Non, il commençait déjà mal en pensant à l'éventualité qu'il n'y arrive pas. Il vaincrait, ni plus ni moins.

« Je suis loin d'être mort, j'aurais donc du mal à y goûter une nouvelle fois » marmonna-t-il entre ses dents, déjà concentré pour l'échange qui suivrait.

Le Soumis ne pensait pas spécialement à la tuer, juste à gagner. Se battre suffisamment pour pouvoir continuer à vivre, juste ça lui suffirait.
Le pas rapide et décidé, ayant refoulé toute peut et toute hésitation au plus profond de lui-même, il vint à sa rencontre et frappa une première fois, voulant lui entailler la poitrine. Ai n'eut même pas besoin d'avoir recours à son arme pour parer, un petit bond lui permit d'esquiver. Ashrand fit pleuvoir les coups tout en lui laissant peu d'ouverture mais rien n'y faisait, pas moyen de la toucher. Elle commençait à parer ou à esquiver avant même que lui ne bouge. Incroyable. La femme au kimono avait toujours une longueur d'avance sur lui. Douée, nul doute là-dessus mais comment faisait-elle ?
Kiera et Cassandra semblaient aussi batailler dur face à leur animaux d'opposants. Était-ce là l'influence du pouvoir d'Azael sur ses favoris ? Pas le temps de penser à ça, il lui fallait se dépêcher à la vaincre avant qu'un Erathien n'ait la bonne idée de lui déchirer un flan tandis qu'il luttait avec elle.
Une nouvelle fois il la noya sous les frappes, frappant judicieusement là où il aurait le plus de chances de l'atteindre et parant lorsque besoin était. Il ne la touchait toujours pas. Au contraire, plus il se concentrait pour frapper là où ça ferait mal et plus elle contrait avec facilité alors que lui, petit Soumis gladiateur, avait toute la misère du monde à ne pas prendre un coup.

[Si ça ne va pas, faites le moi savoir.
Sinon je suis pour un post MJ après chacun d'entre nous. ^^]

Avec une fluidité féline, la jeune femme approchait inexorablement de sa nouvelle cible. La mort semblait naitre dans chacun de ses pas, engendrant souffrance et tristesse. Chacun de ses pas résonnait comme un meurtre, chacun de ses mouvements comme un appel du destin. En quelques mots, Ai était terrifiante. Le premier coup fusa avant même que le Soumis n'ai compris ce qu'il se passait mais ses réflexes forgés à Muria et dans l'arène des gladiateurs lui avaient valu d'avoir la vie sauve.

« Tu ne veux pas gouter à la mort ? » interrogea de sa voix aigüe la jeune femme brune.

Et le ballet repris de plus belle. Ashrand avait beau frapper, chercher la faille, il ne rencontrait que la lame ou les esquives de la jeune femme et son sourire malicieux, au bord du sadisme. Lorsque cette dernière eut échanger encore une ou deux séries de coups avec lui, dont il parvenait à esquiver le plus gros, ne se prenant bien souvent que le plat de la lame et évidant ainsi les blessures graves, ce qui avait le don d'agacer la jeune femme malgré son sourire permanent. Elle avait beau lire ses pensées, savoir où le Soumis allais attaquer et ce qu'il allait faire, Ai ne parvenait pas à faire d'Ashrand ce qu'elle voulait. Son requiem semblait retardé par les réflexes hors norme du Cydien. D'un bond, la belle demoiselle en kimono s'éloigna à quelques pas de son adversaire, l'air beaucoup moins amusé ou satisfait qu'auparavant. Elle était douée, elle parvenait à lire les pensées de plusieurs personnes à la fois, à les retransmettre sans même y songer à ses petits alors pourquoi les choses n'allaient pas dans son sens comme d'habitude ?

Fâchée, la belle demoiselle ouvrit la bouche avant de la refermer. Elle était la mort en personne et la mort n'accordait pas clémence. Elle s'abattait sans prévenir et frappait, ni plus ni moins. Alors elle frappa mais une fois encore, ses poings ne se refermèrent que sur la brise …

« Pourquoi ne veux-tu pas gouter à la mort ? »

Sans hésiter, elle ressortit la lame et ce fut également sans hésiter, avec un visage impassible et des mouvements bien coordonnés, qu'elle frappa, un coup puissant dirigé vers l'estomac, si elle parvenait à frapper, le tour serait joué, la mort s'abattrait sur le jeune Ashrand aussi surement que la tonnerre grondait après l'orage. Ai était habituée à mener la danse, à lire dans les pensées de ses victimes pour y trouver la peur, les failles mais aujourd'hui, elle ne parvenait pas à en trouver une suffisante pour l'atteindre. Il allait parer, elle le sentait, un sourire satisfait naquit sur ses lèvres lorsqu'au dernier moment, la lame remonta en direction non plus de l'estomac mais de sa gorge.

J'avais besoin de reprendre mon souffle ne serait-ce qu'un instant et fort heureusement pour moi, Ashrand et la Capitaine de l'Orage Sanglant semblaient à même de me les offrir. En parlant de Cassandra, cette dernière nous héla pour savoir ce qu'il convenait de faire. Si son ton me surprenait toujours, j'appréciais sa manière brute de décoffrage de dire les choses sans détour car au moins, on ne perdait pas de temps avec les politesses. Chercher un plan, avec le temps qu'il m'offrait et malgré la fatigue qui martelait mes tempes, je me concentrais pour réfléchir aux suggestions de la Cydienne. Foncer dans le tas était ce que nous faisions depuis tout à l'heure et malheureusement le nombre de nos alliés tout autour de nous diminuait trop considérablement, que ce soit parce qu'ils étaient éloignés par la force des choses ou morts, pour continuer de la sorte. Trouver le capitaine de tous ces soldats risquait d'être compliqué d'autant que nous ne pouvions pas être certain que cela suffirait à faire cesser le flot de troupes qui nous marcherait bientôt dessus ! L'idée de les isoler groupe par groupe semblait plus logique à mes yeux.

« On va les isoler ! » avais-je proposé tandis que la Cydienne semblait bien mal en point.

Nous étions fatigués et sans doutes allions-nous bientôt tomber sous le poids de nos ennemis pourtant, la solution qu'avait proposé Cassandra semblait la plus logique. Même à trois, nous avions les moyens de réduire en charpie encore quelques Erathiens avant que ces derniers aient le dessus définitivement sur nous. Quand cette bataille prendrait-elle fin ? Ashrand rejoignit mon idée quant à la stratégie à suivre, ce qui me rassura. Encore fatiguée mais bien consciente que je devenais un poids pour mes compagnons, je me levais pour retourner au combat. Aux côtés de Cassandra, nous parvenions à isoler deux adversaires. Fort heureusement pour moi, je me souvenais très bien des leçons que j'avais reçus de la Capitaine quant à la maitrise du combat à mains nues. Tandis que l'Erathien tentait de me pourfendre à coup d'épée, je l'esquivais de côté bien qu'il parvienne à me blesser légèrement, sa lame effleurant la peau de mon dos. Lorsqu'il fut de côté, je passais derrière lui et me projetais à terre, évitant ainsi de reprendre un mauvais coup d'épée. Là, j'attrapais une épée sur le corps d'un défunt, esquivais à nouveau et plantais l'arme dans le ventre de mon ennemi alors qu'il allait frapper de nouveau. Je me relevais avec peine. Alors que nous étions parvenus à venir à bout de nos ennemis, du moins me semblait-il, mon regard fut attiré par une étrange fille en kimono.

Comment pouvait-on porter ce genre d'accoutrement en plein champs de bataille sans se faire décapiter au premier mouvement ? Son aura me donna la réponse. Froide, dure, inaccessible. C'était comme si cette jeune femme incarnait la mort elle-même ne pus-je m'empêcher de penser. Visiblement, elle nous avait pris pour cible car à peine avions nous esquissé un mouvement qu'elle avait ouvert la bouche. Gouter à la mort une nouvelle fois ?

« Très peu pour moi » avais-je répondu malgré moi à voix haute.

Me mettant en garde, je m'attendais à ce que cet étrange personnage nous fonce dessus mais au lieu de cela, la demoiselle préféra attendre. A bien la détailler, il était évident qu'elle n'était pas Erathienne, déjà parce que je n'avais jamais vu de soldat femelle dans leur rangs et ensuite, parce qu'elle n'avait pas l'air d'en avoir la carrure. A bien la détailler, elle me faisait penser à une Cydienne, peut-être une elfe, j'hésitais entre les deux. De toute façon, peu importait étant donné qu'elle voulait visiblement nous tuer. Nous devions donc être les premiers à attaquer. Sans réfléchir, je saisissais mon arc et encochais une flèche pour la viser seulement je n'avais pas vraiment prévu dans ce programme que notre ennemie soit également dresseuse de loups ! Les deux bêtes surgirent du néant et l'une d'entre elle se dirigea vers moi. Je la visais, courant en ligne droite, j'espérais l'atteindre facilement et passer ensuite à la seconde. Les blesser suffirait, il était inutile de les tuer ! Je lâchais l'arme. Au dernier moment, le loup esquiva d'un bond de côté le trait mortel. Sans attendre, je lui en envoyais un deuxième, destiné à la base à la seconde bête. Cette fois, j'avais visé non plus les pattes mais la tête. Une fois encore, il évita au dernier moment.

La bête fut sur moi bien plus rapidement que je ne m'y attendais, ayant évité quatre de mes flèches, toujours au dernier moment, comme si elle était capable de deviner leur trajectoire. Agacée, je rejetais sur mon épaule l'arc qui ne me servirait plus à rien et tentais d'éviter le combat avec le loup. J'avais une chance infime de l'atteindre sans arme à la main aussi je décidais de prendre une de mes flèches, de la sacrifier en la brisant pour ne garder que le bout pointu entre les doigts. Lorsque ce fut fait, je me préparais au « corps à corps ». Je n'avais pas le choix des armes, n'en ayant aucune à disposition, je n'avais pas non plus le choix de l'attaque. Sans un mot, j'attendais qu'il passe à l'action, qu'il saute ou autre, je ne comptais pas bouger avant qu'il ne soit décidé à faire quoi que ce soit.

Interminable, la danse macabre qu'ils menaient étaient très serrées. Le premier à faire une erreur le paierait tout simplement de sa vie. Aucun des deux ne parvenant à toucher l'autre, le duel s'éternisait. Ça se jouerait à l'usure, le premier qui se fatiguerait serait vaincu. Ashrand, qui donnait tout ce qu'il avait depuis le début des échanges, était plutôt mal parti de ce côté-là. Espérons qu'elle aussi finisse par s'épuiser, histoire de rétablir la balance qui ne penchait pas vraiment en la faveur du jeune Soumis actuellement.
Sans le savoir, il poussait la femme au kimono à reculer de plus en plus. Il s'éloignait ainsi de Kiera et Cassandra, ne pouvant ainsi ni les aider ni être aider par l'une d'elles dans l'immédiat. De toute façon, elles avaient également un combat à mener mais vu qu'aucun des loups n'avait encore perdu, cela signifiait qu'eux aussi disposaient d'un certain avantage face aux femmes.
Ce qu'il ignorait aussi était qu'il n'avait qu'à vaincre Ai pour couper ce lien dont il ignorait l'existence et qui l'unissait à ses compagnons à quatre pattes.
Goûter à la mort. Elle n'avait que ces mots-là à la bouche ou quoi ?

« Puisque la mort à l'air si bonne que ça, que pensez-vous d'y goûter en première ? » lui répondit-il, les traits tirés par l'effort, alors qu'il se trouvait presque contre elle après avoir paré une fois encore.

Autant il était de nature calme et insouciante habituellement qu'à présent, il se battait avec hargne et sérieux. C'est bien décidé à ne pas lâcher un centimètre de terrain qu'il était. Le coup d'après n'allait pas être très difficile à contrer. La lame plongea vers son ventre. Lui, les deux mains sur la poignée de se arme, fendit l'air à nouveau pour écarter l'arme dirigée vers lui mais Ai fut plus rapide : un mouvement ascendant pour frapper le Cydien au cou. Celle-là il ne l'avait pas vu venir. Dans un ultime réflexe, il se pencha brusquement en arrière pour éviter le coup. Ce ne fut pas assez cependant, le métal pénétra doucement la peau de son visage, juste en dessous de l'oreille, la blessure s'étirait de sa mâchoire jusque sous l’œil. Dans un même mouvement Ashrand envoya son pied rencontrer l'abdomen de cette incarnation de la mort et la projeta violemment. Un coup à laisser un joli hématome coloré.

Pour la première fois depuis le début de leur duel Ashrand recula de quelques pas, profitant du petit instant de répit qu'il venait de s'offrir pour porter sa main sur l'entaille qu'avait eu la générosité de lui faire Ai. Douloureuse et pourtant peu profonde, la blessure ne laisserait probablement pas de cicatrice si le Soumis se la faisait guérir par un des soigneurs situés à l'arrière du champ de bataille. Le sang coulait abondamment de cette coupure, comme chaque atteinte au visage en fait. Le goût ferreux de son propre sang lui coulerait bientôt sur les lèvres, déjà sentait-il le liquide chaud descendre sur sa joue.

Ça avait été juste. Un tout petit plus avant et c'était une belle balafre qu'il aurait sur la figure et s'il n'avait pas eu ce réflexe de dernière chance, il serait sans aucun doute raide à l'heure qu'il est. Le seul point positif dans tout cela était qu'il avait enfin pu la toucher. Pas comme il le souhaitait mais il l'avait touchée quand même. Parce qu'il n'avait pas réfléchit à ce mouvement peut-être ? Le jeune homme n'avait pas encore découvert le don d'Ai et ne le devinerait probablement jamais.

« Vous n'avez pas l'air très attirée non plus par la mort. Petit laquais d'Azael, à quoi ça vous avance de vous battre pour quelqu'un qui vous rendra comme eux ?»

Ce furent ses dernières paroles avant de revenir au contact. Ses muscles le tiraillaient de partout et il aurait donné beaucoup pour pouvoir profiter de cinq petites minutes de repos. Par « te rendra comme eux » il entendait comme les autres soldats Erathiens qui n'étaient plus que des marionnettes au service de ce Dieu qui méritait mille fois la mort.
Bien décidé à en finir le plus vite possible, il revint vers la dresseuse de loups pour mettre fin à ce combat qui avait déjà trop duré. Cette fois il l'aurait.
Il le fallait.
Il le ferait.
Ashrand brandit une nouvelle fois l'épée qu'il venait de voler avant de la rabattre sur cette personne moins frêle qu'on ne l'aurait cru, direction la tête. Ai para une nouvelle fois avec une facilité déconcertante. Était-il donc si peu doué avec une lame pour ne pas pouvoir se débarrasser d'elle ?
Au contraire, il se battait plus sérieusement que d'habitude car il savait que c'était sa vie qu'il jouait ici. Le problème c'était elle, beaucoup trop forte pour lui. Aussi fort soit-on, on finit toujours par tomber sur plus fort que soi lui avait-on déjà dit mais pourquoi cela devait-il arriver maintenant ? Et puis comment faisait-elle pour se battre avec tant d'aisance dans cet accoutrement ?

« Puissent les dieux me venir en aide » murmura-t-il les dents serrées.

Le petit Soumis qu'il était n'avait jamais vraiment prêté attention à la religion, laissant cela aux prêtres et à ceux qui avaient le temps de s'y consacrer. Pourtant à cet instant, un petit coup de pouce aurait été le bienvenu, peu importe de qui. La distraire une seconde suffirait à la vaincre ou au moins à la désarmer. Seul, il n'y arriverait pas ou alors très difficilement.
Jamais il ne s'était senti aussi impuissant mais il ne désespérait pas pour autant. Il ne lui restait qu'un infime espoir de sortir vainqueur alors s'il le perdait, autant dire que mort s'ensuivrait de peu.

De nombreux échanges de coups après, Ashrand frappait toujours autant malgré la fatigue qui commençait à l'envahir. Il ralentissait peu à peu, ses muscles bougeant plus lentement qu'il ne l'aurait voulu, et ses frappes se faisaient moins précises. Bien entendu il restait un adversaire redoutable, que personne n'aille croire qu'il était une cible facile. Cela semblait vraisemblablement être aussi le cas pour sa femme d'adversaire, elle parait moins facilement et ses attaques se faisaient plus molles. C'était réellement un combat d'usure.
Il avait heureusement réussi à la blesser quelques fois. Superficiellement certes, mais c'était déjà un exploit en soi de parvenir à toucher cette femme aussi insaisissable qu'une anguille. Lui souffrait aussi de plusieurs blessures à divers endroit : outre ce qu'il avait au visage, c'était principalement aux bras que de nombreuses entailles se présentaient, dues à une esquive ou une parade trop imparfaite. Les deux faiblissaient à mesure que le duel se prolongeait.

Le souffle plus court, il leva une dernière fois son arme qu'il tenait fermement à l'aide de ses deux mains. La porteuse de kimono fut plus rapide et frappa la première. Un coup simple destiné à son épaule qui fut paré avec tout autant de simplicité par le Cydien. Ce dernier en profita pour contre-attaquer, faisant habilement redescendre la lame pour lui ouvrir l'abdomen


[Voilà, comme vu avec Cassandra et Eléa, je poste un peu avant mon tour car ceci sera mon dernier post dans la bataille. J'ai laissé Ai en vie comme demandé. Bonne chance pour la suite !]

Ai avait un don, celui de semer la mort avec une facilité déconcertante.
La jeune femme avançait, reculait, telle la protagoniste d'une danse dont elle seule connaissait les pas. Implacable, elle paraît les coups de son adversaire avec un sourire énigmatique flottant sur les lèvres, prête à atteindre ses points vitaux à la moindre erreur. Certes la belle n'était pas parfaite car de temps à autre, elle prenait un mauvais coup mais la plupart du temps, c'était bel et bien Ai qui les assénait. Seulement le temps jouait en sa défaveur et la belle commençait à se fatiguer. Lire les pensées de trois personnes, les transmettre à ses loups, suivre leur mouvements, tout cela accompagné du rythme que lui offrait Ashrand ne l'aidait en rien à retrouver ses forces. L'ultime assaut ne tarderait pas à être donné et malheureusement pour elle, Ai n'en serait pas la vainqueur.

La mort frappait plus vite qu'on pouvait le penser. Lorsque la lame d'Ashrand croisa la chair d'Ai, cette dernière sentit pour la première fois de sa vie la douleur. Elle qui avait ôté la vie à tant de personnes depuis le triste jour de sa naissance n'avait pour autant jamais été blessée au point d'en sentir la douleur. Ses yeux se voilèrent tandis que la lame remontait légèrement sous l'impulsion du Cydien. Du sang perla sur les lèvres de la jeune femme qui embrassait pour la première et dernière la Faucheuse.
La mort en personne était venue reprendre ses droits entre les mains d'Ashrand et Ai elle-même ne pouvait pas y résister. La demoiselle sentit une nouvelle vague de douleur lorsque la lame quitta son corps et elle ne put retenir un soubresaut. Du sang liquide et chaud s'écoula le long de sa gorge tandis qu'elle reculait d'un pas, titubante. Derrière le jeune homme, les deux loups qui faisaient face à Cassandra commençaient à disparaître, tel des fétus de paille portés par le vent. Lorsque Ai ferma les yeux pour la dernière fois sur ce monde, les loups disparurent totalement. Kiera et Cassandra avaient combattus des fantômes, des illusions toutes droit sorties de la tête de la demoiselle. Autour des trois rescapés de l'étrange femme au kimono, le silence se brisa, l'écho de la bataille semblant reprendre ses droits.

[ Désengagés : Kiera, Cassandra, Ashrand.
Les filles, si vous voulez reposter, vous pouvez le faire sinon, ce post vous désengage ]