[DP] Premier entrainement (pv Mashiro) (terminé)

Naly avait été claire, elle n'expliciterait pas les raisons de son choix mais dans tous les cas, à partir du moment où Thémis acceptait de prendre en charge Mashiro et Gabrielle, elle devrait le faire jusqu'au bout ou du moins, jusqu'à ce que Naly n'en décide autrement. Sans doutes les Zélotes n'étaient-ils plus assez nombreux avec les récentes pertes pour s'occuper de leurs apprentis, toujours plus nombreux quant à eux. Ce n'était pas plus mal ne put s'empêcher de penser la jeune élémentaire. Après tout, si les apprentis se faisaient rares, cela démontrerait à quel point Cydonia la belle avait été touché par la récente bataille, et, maintenant qu'une autre bataille, de plus grande ampleur qui plus est, se préparait, mieux valait éviter sans doutes de montrer ses faiblesses et se contenter de ce qu'on avait pour en faire des forces.
La jeune Mashiro, d'après le rapport que lui avait confié la directrice du Monastère et de l'école des élémentaires, était à peine âgée de onze ans et venait d'entrer au Monastère depuis à peu près un an. Depuis lors, elle n'avait pas eut de maitre ni spécialement d'amis disait le rapport. A croire que la jeune fille avait du mal à s'intégrer ajoutait certains professeurs d'une écriture difficilement lisible. Thémis sourit malgré elle en lisant les quelques mots laissés par chaque professeurs sur la petite fille, elle lui rappelait sensiblement quelqu'un sans que bien sur, Thémis ne puisse lui avouer qui un jour. Sans doutes son propre rapport devait-il contenir ce genre de commentaires !

Il était surement quatre ou cinq heures de l'après-midi lorsque la jeune Clari se décida à partir à la rencontre de la jeune Mashiro. Elle savait que la demoiselle avait cours une bonne partie de la journée, les plus jeunes ayant plus cours en groupe que seuls, mais elle ignorait surtout ce qu'elle pourrait lui apprendre. D'après le rapport, la jeune fille manipulait le feu hors si Thémis s'entrainait souvent avec Soren, elle était incapable de le maniait elle-même. Mais l'expérience avec le Zélote lui avait montré plusieurs choses qui pourraient l'éclairer sur l'art de devenir un bon maitre pour la petite apprentie Zélote. La jeune Clari chercha du regard la petite Mashiro mais la jeune fille avait déjà quitté les bancs de sa classe avant son arrivée. Elle interpella Lyes qui sortait du même cours et lui demanda alors :

« Lyes, tu connais une certaine Mashiro ? »

« Oui demoiselle Thémis, vous la cherchez ? »

« Oui petit diable, tu sais où elle est ? »

« Je l'ai vu partir en direction de sa chambre demoiselle. »

Thémis remercia du regard le petit garçon et lui sourit avant de lui demander où se trouvait la chambre de la gamine. Il se moqua gentiment d'elle, comme à leur habitude, avant de lui répondre qu'il allait la lui montrer. Il dirigea Thémis dans les couloirs jusqu'à la porte d'une chambre, assez loin de la sienne. Là, il la laissa et la jeune Clari frappa sans attendre, voyant l'heure tarder. Elle voulait bien rendre service à Naly et s'occuper des jeunes recrues, mais il n'était pas question pour autant de laisser de côté ses visites nocturnes avec Soren. D'ailleurs avec deux apprenties à plein temps et deux pour le soin, elle allait avoir du mal à jongler mais c'était une toute autre histoire … La main d'opaline de la jeune femme frappa trois coups sur le panneau de bois avant de demander d'un ton clair mais doux :

« Mashiro, tu es là ? »

Mashiro arriva finalement dans le couloir menant à sa chambre en gambadant et tournoyant sur elle même, après son entrée plutôt longue à la grande porte. Elle ralentit lorsqu'elle aperçue la demoiselle devant sa porte. Suffisamment intriguer par cette venue, c'était la première fois que quelqu'un la visitait. Elle qui semblait être si différente des autres et qui était toujours seule. Un grand point d'interrogation semblait apparaître dans son visage.

« Mashiro, tu es là ? »

Elle sursauta de joie silencieusement aux paroles de la femme, en effet la jolie dame était belle et bien présente pour elle. Mais cela ne donnait toujours pas la raison pour cette visite, était-ce pour la gronder? Elle paniqua un peu, mais malgré sa gêne, elle s'approcha à cause de sa grande curiosité. Doucement, elle arriva derrière la dame et l'observa du dos de la tête au talon. Elle s'adressa finalement à la femme avec une voix calme et douce, pour éviter de la surprendre.

« Salut... Vous êtes qui?... Pourquoi êtes-vous devant ma porte quand je ne suis pas là? »

La jeune fille rapporta ses deux mains à la bouche se cachent jusque sous les yeux. Un peu inquiète, mais elle resta fascinée par la femme devant elle. Était-ce causé par son absence de se matin, elle n'avait pas fait exprès, personne ne lui avait dit que aujourd'hui les cours commenceraient si tôt. Quel heure était-il en faite? Peu importe, le plus important restait la venue de la femme. Elle lui présenta son plus grand sourire pour être polie et releva ses manches pour éviter de cacher ses mains. Tant de choses arrivaient ses temps ci, peut-être que le fait de cacher ses mains était devenu un manque de respect. Elle se concentra pour ne pas montrer son côté enfantin et s'éforca de ne pas se plaindre pour ce matin.

Thémis avait suivi le jeune Lyes jusqu'à la chambre de sa future élève, si elle en connaissait à peu près le prénom et le passé, elle ignorait en revanche à quoi ressemblait la petite. Sans doutes à un garçon manqué si elle s'en tenait aux quelques commentaires laissés par ses professeurs sur son dossier mais la jeune femme savait d'expérience qu'il ne fallait pas juger un livre sur sa couverture et tirer des conclusions trop hâtives. Patientant derrière la porte de la chambrée, Thémis finit par se demander si le petit diable qu'était Lyes ne lui avait pas joué un mauvais tour mais elle savait par avance que la réponse à sa question était négative. Si le petit garçon se permettait d'être taquin avec elle, et cela n'avait pas toujours était le cas, il ne se permettait guère plus que quelques joutes verbales qui n'allaient pas bien loin. Il n'aurait donc pas oser lui mentir, d'autant que ce n'était pas dans son caractère. La jeune femme réfléchit, se demandant ce que pouvait bien faire l'apprentie Zélote à cette heure si elle n'était pas dans sa chambre, elle allait donc rebrousser chemin lorsqu'une petite voix, douce et chaleureuse, s'éleva derrière elle. La jeune femme se retourna avec lenteur pour ne pas effrayer la jeune voix bien que cela puisse paraître inutile.
Il était à noter dans un premier temps que la jeune fille qui s'adressait à elle ignorait visiblement tout de son rang ou de son nom de famille sinon, elle ne se serait pas contentée d'un simple salut mais aurait fait preuve de plus de politesse. Si beaucoup s'en seraient vexés, ce n'était pas le cas de Thémis. A vrai dire, si elle savait qu'il faudrait apprendre la discipline et le respect à cette enfant, tant par les commentaires laissés par ses professeurs que par son intonation et le choix de ses mots, elle n'était pas de ceux qui prônaient l'humiliation ou la colère. Au contraire, elle préférait presque que la demoiselle ne connaisse pas ses origines et son nom pour entretenir avec elle dès le début la relation qu'elle commençait à peine à avoir avec le petit Lyes. Au moins, l'enfant la vouvoyait-elle, c'était bon signe se dit Thémis car si elle pouvait laisser passer certaines choses, le vouvoiement ne devait pas lui échapper sans quoi, le peu d'autorité qu'elle comptait instaurer avec sa nouvelle élève allait être soufflée. La dernière remarque de l'enfant en revanche la fit sourire. C'était une question bien étrange et bien amusante.

« Enchantée de te rencontrer Mashiro, je me nomme Thémis Clari, j'ai été désignée pour être ton nouveau maitre, l'ignorais-tu ? »

La réponse était évidente sinon pourquoi la petite se serait-elle risqué à lui demander ce qu'elle faisait devant sa porte. Thémis répondit au sourire de l'enfant par un autre qui étira ses traits fins. Sa peau aussi pâle que la neige d'hiver et ses yeux d'un bleu aussi profond que l'océan mettaient souvent mal à l'aise les Cydiens qui la croisait aussi, elle tenait à paraître la plus douce possible à sa nouvelle apprentie. A vrai dire, ce n'était pas un jeu, la jeune femme ne se forçait pas à agir de la sorte, simplement, elle savait par expérience ce que les préjugés pouvaient faire et surtout, ce qu'ils pouvaient engendrer.

Mashira Kuna. Le prénom et le nom de l'enfant n'étaient pas vraiment originaire des lieux mais Thémis s'en moquait car jamais la jeune femme n'avait cherché à juger sur les origines des gens. Elle était sans doutes mal placée de toute façon pour le faire, elle, la moitié de Cydienne. Elle balaya un instant du regard l'enfant, la détaillant sans paraître pour autant impolie. Plus petite qu'elle, ce qui ne serait pas le cas encore longtemps puisque si la jeune Clari avait cessé de grandir, ce n'était pas le cas de son apprentie qui était en pleine croissance. De part son mètre soixante et quelques, l'héritière du Consul était parmi les plus petites femmes élémentaires du Monastère. Mashiro était plutôt mignonne à regarder, loin de l'image garçonne que laissait à penser le rapport entre ses mains. Des cheveux blonds-roux, un foulard rouge autour du coup, de petits yeux rouges pour soulever la pâleur de sa peau. Thémis la trouvait mignonne, bien qu'elle soit certaine que la couleur de ses pupilles lui ai déjà attiré des ennuis. En parlant d'ennuis, elle cru se souvenir un instant que la jeune fille n'était pas allée en cours le matin-même et sans doutes était-ce pour cela qu'elle croyait que Thémis était là. A sa place, que pouvait-on penser d'autre ? Quelque part, maintenant qu'elle était confrontée à la réalité, Thémis se demandait pourquoi Naly l'avait choisi, elle, la mauvaise élève par le passé du Monastère même si elle s'était révélée excellente chez les élémentaires. A voir ses erreurs d'interprétation encore aujourd'hui, il était évident qu'elle n'était peut-être pas prête, même si tout son être clamait le contraire. La jeune Clari, consciente de sa maladresse, expliqua alors calmement à son interlocutrice :

« Comme je te l'ai dit, je ne suis pas là pour te gronder, peu m'importe que tu ai manqué le cours de ce matin même si je dois avouer qu'il vaudra mieux éviter ce genre de choses à l'avenir. Je suis là parce que Naly m'a confié ton entrainement. »

La jeune femme se tut un instant avant de reprendre dans un sourire doux, sa voix posée et apaisante emplissant l'air du couloir à l'image d'une berceuse chantée par une mère aimante :

« On peut entrer pour discuter ? »

Mashiro qui venait à peine de revenir à sa chambre, venait d'apprendre qu'elle allait finalement avoir maître. Elle resta éblouie par la beauté de sa, selon ses dires, maîtresse. Elle se soulagea finalement aux mots de Thémis, maintenant au moins, elle savait que ce n'était pas pour la gronder, mais peut-être que si cela devait se reproduire, ce serait le cas. Elle se promit de faire attention aux heures de cours et d'éviter de passer trop de temps à la porte. Les yeux grands ouverts, elle resta sur place pendant un bon moment, jusqu'à se qu'elle ne puisse plus s'en retenir, elle sauta sur place en laissant sortir un cris de joie. Elle n'avait jamais pensée que sa allait venir un jour, enfin quelqu'un sur qui compter, sur qui se fier, un vrai professeur quoi! Cependant, sa curiosité revint très rapidement, c'était la première fois qu'elle voyait cette femme. Elle se retint tout de même et ouvra sa porte pour y entraîner Thémis de ses deux mains. Une fois à l'intérieur, elle fit le tour de sa chambre rapidement, pour y enlever ce qui traînait et les quelques déchets. Une fois cela fait, elle s'assit sur son lit les jambes croisées et les poings sur les joues, fixant attentivement Thémis de ses yeux rouges.

« Vous avez quel âge?... Vous viviez où exactement?... Quel élément contrôlez-vous?... Pourquoi on ne m'a rien dit?! On ne me dit jamais rien à moi... J'ai un peu faim... J'ai vraiment manqué mon cours? »

Sa y était, la machine à question repartait, ainsi que les plaintes. Elle essayait de tout savoir sur Thémis, en oubliant de faire attention à ce qu'elle demandait et de la façon qu'elle parlait. Elle se dit qu'elle parlait trop et porta ses mains à sa bouche pour se taire, avec bien sûr l'intention de laisser Thémis parler. Le nom Clari lui disait quelque chose, mais elle n'y porta pas attention, elle ne devait pas essayer de se baser sur un nom pour avoir des liens avec la personne qu'elle passera une grande partie de sa vie, sans compter les professeurs, qui ne semblent jamais l'écouter. La seule chose qui pouvait la troubler en se moment même, c'est le fait que Thémis lui ai dit qu'elle avait manqué son cours, quel heure était-il?

Elle sortit de sa tête et regarda à nouveau Thémis, elle l'aimait déjà, peut-être était-ce le fait qu'elle était une femme et qu'elle pouvait peut-être mieux la comprendre. Elle offrait son plus magnifique des sourires qu'elle pouvait faire et semblait être sur le point de pleurer de joie. Elle sentit quelque chose monter en elle et décida d'en avertir Thémis avant que cela ne tourna mal. Elle leva son doigt devant son visage et ouvrit finalement la bouche pour parler.

« Un petit instant je vous prie... Je vais aller dans le couloir un instant... »

Elle sortit de sa chambre le plus rapidement possible et ferma la porte derrière elle. Dès que cela fut terminé, elle se mise à tournoyer en rigolant comme une enfant qui venait de recevoir le plus grand cadeau qu'il pouvait avoir. Tout cela accompagné d'une petite danse de victoire et de petit cris de joie. Elle en prit pour cinq minutes et revint tranquillement en marchant cette fois. Elle présenta son lit à Thémis et insista pour qu'elle s'y assoit. Elle fit tout de même les cent pas pour libérer le tout d'énergie que cette nouvelle lui donnait.

« Alors c'est vraie? Vraie de vraie?... »

La jeune femme ne manqua pas d'observer sa nouvelle élève avec attention, un sourire doux flottant délicatement sur ses lèvres rosées. Thémis avait l'habitude des enfants, en réalité, elle ne pouvait être elle-même qu'envers les enfants, son instinct maternel ressortant invariablement, bien incapable qu'elle était de le brimer comme elle pouvait brimer son vrai caractère en règle générale. La jeune femme s'était attendue à une réaction plus enthousiaste de la part de Mashiro, elle qui était décrite comme une petite demoiselle curieuse, prête à poser des questions même les plus incongrues mais sa jeune apprentie se contenta dans un premier temps d'évaluer la situation, du moins, c'était ce que pensait la jeune Clari. Thémis s'étonnait de voir la porte de la chambre rester close alors qu'elle s'était contentée d'énoncer les faits. Elle ne comptait pas discuter dans le couloir de choses aussi sérieuses mais peut-être Mashiro était-elle quelque peu intimidée de la rencontrer. Connaissait-elle son ascendance ou ses exploits passés ? La réaction de sa jeune élève surprenait la demoiselle, surtout lorsque celle-ci sautilla de joie au milieu des autres élèves qui la regardaient étrangement. Thémis ne put s'empêcher de penser que cette enfant allait lui plaire, parce qu 'elle était différente, comme tout le monde certes, mais aussi parce qu'elle n'hésitait pas à être naturelle en sa présence et elle fut d'ailleurs plutôt soulagée de la voir ouvrir sa porte pour l'inviter à entrer. Le panneau de bois se referma sur l'étrange couple qu'elles allaient former durant la formation de la fillette et Thémis ne put s'empêcher de sourire en la voyant débarrasser à la va-vite sa chambre pour qu'elle en soit plus présentable.

« Ce n'est pas la peine tu sais ! » précisa-t-elle avec délicatesse bien que la jeune fille continue.

Finalement, la jeune Clari la laissa faire. Avoir une chambre bien rangée pouvait paraître idiot aux yeux de la plupart mais c'était le début de l'éducation, ou plus exactement, le début de la formation de Zélote. Etre capable de rangement signifiait être capable d'être rangé ce qui était indubitablement une qualité de choix chez les militaires. Durant tout le temps que dura la danse infernale de Mashiro, l'héritière du Consul se contenta de l'observer avec calme et patience puis, lorsque cette dernière s'assit sur son lit, elle se prépara aux questions. Elle savait la jeune fille curieuse et se doutait bien qu'elle n'hésiterait pas à lui poser toutes sortes de questions, cela ne l'agaçait pas le moins du monde, bien au contraire !

Thémis ne put s'empêcher de sourire aux premières questions de la jeune fille, elle attendit qu'elle ai fini avant de prendre la parole à son tour, amusée plus qu'autre chose par sa curiosité. Finalement, le rapport avait juste sur un point, c'était déjà pas mal !

« Comme je te l'ai dit, je m'appelle Thémis et pour tout t'avouer, on ne demande pas son âge à une femme en général mais je vais faire une exception pour toi » ajouta-t-elle avec malice avant de reprendre, le ton aussi léger qu'une plume, « J'ai vingt ans, bientôt vingt et un d'ailleurs. »

La jeune Clari fit ensuite mine de réfléchir, visiblement, Mashiro ne savait pas qui elle était, elle aurait tout le temps de l'apprendre et Thémis ne comptait pas le lui avouer ce soir. Une bonne nouvelle ne devait pas s'accompagner de mauvaises d'autant que son soit-disant titre pourrait risquer de l'effrayer.

« Je vis ici, au Monastère et ce depuis si longtemps que j'en ai oublié le reste mais mes parents vivent à Cydonia. »

Elle sourit avant de reprendre, répondant avec simplicité aux questions que lui avait posé la jeune fille.

« Je suis élémentaire, je manipule l'eau, il fut même un temps où j'étais Zélote, à peu de choses près, et si Naly ne t'as pas prévenu, c'est simplement parce qu'elle a préféré passer par moi pour le faire. C'est une espèce de tradition au Monastère, ne t'en fais pas ! Quant à ton cours, je crains que tu l'ai manqué oui, mais je suppose que cela ne se reproduira pas n'est-ce-pas ? »

Il n'y avait rien de menaçant dans la voix de Thémis, pour elle, elle énonçait une vérité, ni plus ni moins. Leur relation serait basée sur la confiance et non sur tout autre sentiment de crainte, aussi, la demoiselle préférait en rester là dans les explications et voir ce que lui réservait Mashiro. Elle ne fut pas si étonnée de voir Mashiro sortir de la chambre et, alors que la porte s'était refermée, Thémis put clairement l'entendre rire. Lorsqu'elle revint dans la pièce, la jeune Clari n'avait pas bougé, elle attendait simplement son retour, comme de nombreuses fois à venir. Avec un sourire, elle accepta de s'assoir sur le lit de son élève, sentant ses jambes soudainement lourde de la fatigue accumulée dans la journée. Il était agréable de pouvoir se poser un peu songea-t-elle.
Mashiro s'était calmée bien qu'elle fasse encore les cent pas devant elle, ce qui ne manqua pas de tirer un nouveau sourire à la jeune femme qui posa une main sur le matelas et l'autre, sur son bas ventre, comme elle avait l'habitude de le faire ces derniers temps.

« Vrai de vrai oui, tu es contente ? »

Thémis sourit et préféra poser directement sa question avant que Mashiro ne l'assaille à nouveau des siennes, ce qui ne la dérangeait pas certes, mais elle devait savoir tout de même certaines choses sur la demoiselle pour se faire sa propre opinion.

« Mashiro, je sais que tu es là depuis quelques temps déjà, j'aimerai donc savoir ce que tu penses de cette école, ou encore, si tu sais manipuler ton élément. Tu veux bien me répondre ? »

Mashiro, qui terminait son centième pas écouta Thémis passionnément. Elle rougit un peu lorsque Thémis lui dit que ce ne se fessait pas de demander l'âge d'une femme. Elle écouta le reste des réponses que Thémis lui offrait avec grande écoute, elle se réjouit de savoir qu'elle habitait aussi au monastère et d'après ses dires, la femme était une ancienne zélote, maintenant élémentaire de l'eau. Elle baissa les yeux en apprenant que en effet elle avait manqué son cours, mais elle secoua la tête en signe de compréhension, elle fera attention à l'avenir. La voix de Thémis était si calme, même s'il s'agissait un peu d'un avertissement, et la petite Mashiro suivait chaque mot des yeux, elle rigola un peu à la première question de Thémis, contente n'était pas le mot pour décrire à quel point Mashiro était heureuse. Elle se retint de poser d'autres questions voyant très bien qu'elle n'avait pas terminée de parler. La seconde question l'ébranla un peu, devrait-elle lui dire qu'elle n'était pas capable du tout de contrôler son élément et que si par malheur elle réussissait à réussir une base, cela tournait toujours mal. Elle se concentra sur la question, une main sur sa joue et l'autre dans les cheveux, ne sachant pas quoi répondre. Elle répondit un peu embarrassée par sa réponse:

« Aeuhm... L'école... C'est pas amusant... Les autres me regardent toujours... Pourquoi il me regarde toujours? Ah! Ça doit être parce qu'ils sont jaloux!... Mais jaloux de quoi?... » Elle prit une pause avant de répondre au sujet de l'élément, elle prit une grande respiration et continua, son visage cachée par ses manches, sa voix semblait tremblotante et son petit visage devint tout rouge de honte : « Moi?... Uwhhmmm... Je.... Je ne... contrôle pas mon élément... »

Elle s'assit sur le sol toujours cachée dans ses manches, c'était une honte, malgré un ans de cours, elle n'était pas capable de faire ce que presque tous pouvaient faire. Elle bougonna un peu et oublia la présence de Thémis pendant un instant. Elle se mise à rouler sur le sol, laissant sortir une crise tapant des pieds et des mains sur le sol en soufflant des plaintes:

« Ce n'est pas juste!... Moi aussi je veux contrôler mon élément!... J'ai un peu faim là... Mhhh mhh!! »

Elle se figea quand elle se souvint que Thémis était devant-elle et redevint rouge d'embarras, avant de se cacher dans ses manches trop longues. Elle rapporta ses genoux à son torse et ne laissa que ses yeux visibles, pour qu'elle puisse voir Thémis.

[Désolé pour le temps que sa m'a prit pour répondre...]

La jeune fille était pleine de bonne volonté, bien qu'elle ne possède pas le don étrange des Templiers à lire les sentiments comme un livre ouvert, Thémis pouvait sentir que sa petite apprentie était quelqu'un de bien. Quelqu'un à qui il manquait surement l'expérience et les limites adéquates mais il était évident aux yeux de la métisse que la petite Mashiro était une gentille fille. Il suffisait d'observer ses réactions pour comprendre que l'apprentie Zélote était désolée d'avoir manqué son dernier cours et la jeune Clari ne lui en voulut pas. Elle-même lorsqu'elle était enfant passait son temps à sécher les cours pour aller se baigner, été comme hiver, ou pour faire une bêtise ici ou là. Elle était donc bien incapable de blâmer la petite demoiselle qui ne cessait de faire les cents pas en face d'elle.
La jeune femme observa avec une attention toute particulière les comportements successifs de son élève, des deux qu'on lui avait confié à temps plein, outre Lyes dont elle ne s'occupait que de la formation concernant le soin et la manipulation de l'eau, Thémis avait préféré rendre visite à la plus jeune en premier. Mashiro était apparemment la plus en détresse des deux, et, ayant déjà vu une fois Gabrielle, elle se doutait que la différence d'âge entre les deux filles serait pour beaucoup impliquée dans leur différence de maitrise d'elle-même comme de leurs éléments respectifs.

La jeune apprentie s'exprima avec une certaine réticence, au grand regret de Thémis. Enfant, la jeune héritière des Clari avait toujours souffert du manque de confiance de ses professeurs ou encore, de la peur que leur inspirait parfois son nom de famille aussi, elle s'était toujours promis de ne jamais reproduire ce schéma lorsqu'elle serait adulte mais visiblement, ses efforts étaient vains. Une sorte de hiérarchie naturelle contre laquelle on ne pouvait pas et on ne devait pas lutter s'établissait entre les êtres vivants. La jeune femme écouta avec attention ce que lui répondait Mashiro, attentive jusqu'au bout des ongles. La façon de s'exprimer de la jeune fille sonnait de façon amusante aux oreilles de l'élémentaire qui ne releva pas le ton, elle préférait largement que Mashiro soit naturelle envers elle plutôt que s'instaure une réelle histoire de maitre/élève. La petite lui rappelait vaguement quelqu'un et cette pensée ne put que lui tirer un large sourire compatissant. Etre différent faisait peur, parce qu'on ne contrôle pas la différence et, au lieu de la cultiver, on préfèrait bien souvent l'étouffer.
Le rouge atteint bien vite les joues de la petite apprentie et Thémis n'en fut que plus touchée. Il n'y avait pas de honte à ne pas savoir maitriser son élément et même les meilleurs, ceux dont on admirait la dextérité ou encore, l'adresse, avaient toujours à apprendre, encore et encore. La vie était elle-même un apprentissage et Mashiro s'en rendrait vite compte, surement à ses dépends dans les premiers temps.

« Tu n'as pas à avoir honte Mashiro, si tu maitrisais le feu, pourquoi serais-je là dans ce cas ? J'ai été choisi par Naly en personne pour t'aider à contrôler cet élément et il ne t'arrivera jamais rien avec moi, je peux te le promettre. Je t'apprendrais les rudiments mais sache que tout est affaire de travail et surtout, de volonté, tu verras. »

Elle cessa un instant de parler avant de reprendre, d'une voix toute aussi douce :

« En grandissant, tu comprendras que la jalousie est le pire des défauts de l'être humain mais ne t'en fais pas, bientôt; ils ne regarderont que toi non plus pour tes différences, mais pour tes talents ! »

Thémis se rendit compte à cet instant qu'elle tentait d'insuffler à son élève ce qui lui avait toujours manqué dans son enfance. Du courage, de la confiance en soi et en les autres, de l'amour, de l'amitié, de la compassion et toutes sortes d'autres sentiments. Elle ne la connaissait pas vraiment mais il paraissait évident qu'elle aimait déjà beaucoup la petite Mashiro et qu'elle ferait tout pour qu'elle soit capable d'user de ses dons sans se blesser ou blesser les autres.

« Depuis quand tu n'as pas mangé ? » s'inquiéta ensuite Thémis.

Il était vrai que la petite n'avait pas arrêté de lui préciser sa faim, peut-être n'avait-elle pas pris le temps de manger depuis un moment et la jeune femme à la peau d'opaline était bien placée pour savoir que ce n'était pas bien malin !

[ Désolée, j'ai eut une méchante panne d'inspiration et un satané mal de crâne ! ]

Mashiro, qui était assise les genous sur le torse au millieu de sa chambre devant Thémis, écoutait celle-ci parler avec passion. Elle avait raison après tout, la petite ne devrait pas abandonner et garder le courage de continuer à s'améliorer. La petite fille se leva tranquillement du millieu de sa chambre et se mise à tournoyer sur elle même les bras grands ouverts, elle ne devait pas avoir honte de ne pas réussir, pour le moment car elle compte bien le faire, à manipuler le feu. Le fait de tourner sur elle-même, était un moyen pour elle de réfléchir, à quand remontais son dernier repas? Cependant, une autre idée lui vien en tête, l'image d'elle-même regarder par tout le monde la hantait déjà. Elle s'arrêta soudainement, malgré son déshéquillibre causé par l'étourdissement, ses cheveux étaient en bataille et une de ses mains avait glissé hors de sa manche, causant à la moitié de son kimono à tombé, révelant une petite camisole jaune.
Son sourrire toujours présent disparue un moment à nouveau et la gêne revint à ses joues. Elle n'en serait pas capable, si tout le monde continuait à la regarder, elle craquerait. Sa voix fut à nouveau tremblotante et elle eu de la difficultée à prononcer ses mots:

« AAaaahh?! Tout le monde me regarderait?... Encore?!... Y a pas moyen d'éviter qu'ils me regardent? »

La petite Mashiro soupira longuement avant de baisser les yeux, trop de personnes l'épiaient déjà, si plus allait commencé, elle devrait trouvé un moyen de se cacher. Elle se remise à tournoyer au millieu de sa chambre, cherchant une idée, et la question de Thémis lui revint en tête, en effet à quel heure avait-elle mangée?

« À quel heure j'ai mangé? À quel heure j'ai mangé? À quel heure j'ai mangé? »

La petite se tut soudainement et se laissa tomber sur le dos, sa tête était en face de Thémis et la petite la regardait du plancher. Sa tête tournait horriblement, un peu normal pour sa réflexion spéciale, mais son sourrire revint. Elle releva son dos mais resta assise, un poign lever vers la porte en laissant un petit ''oui!!'' sortir. Elle rabaissa sa tête vers Thémis et lui fit un sourrire, elle voyait le monde à l'envers et se souvenait de quand son dernier repas remontait.

« Au déjeuner!... Aaaahhh! Mais il est quel heure maintenant?... J'espère que je n'ai pas manqué le diner! Ooohhh! J'ai une idée! »

Mashiro se releva et se tourna vers Thémis avec un petit sourrire chaleureux sur les lèvres, elle vint s'assir directement devant la jeune femme.

« Thémis? As-tu une collation pour moi? » ça en était presque évident que cette question allait être poser, elle le demanda avec un grand sourrire à pleine dents comme fin de phrase.

Thémis observait avec un amusement contenu les comportements et réactions successifs de sa jeune apprentie. Nul doutes que Mashiro ne serait pas aussi facile que Lyes concernant l'entrainement mais elle était tout de même capable de sentir la profonde gentillesse de la jeune fille ainsi que sa volonté de progresser. Les enfants ne se ressemblaient pas et pourtant, ils avaient tous plus ou moins les mêmes attentions, les mêmes rêves. La première réaction de la demoiselle ne manqua pas de faire sourire Thémis qui ne put s'empêcher d'avouer qu'elle était un sacré pitre. Une fois encore, la remarque de l'enfant démontrait plusieurs choses, la première et sans doutes la plus importante était son innocence, la deuxième était bien évidemment son manqua d'observation ce qui étonnait la jeune Clari de ce point de vue là. Elle chercha un instant les bons mots avant de répondre avec calme :

« Les gens te regardent car ils craignent les différences. Pour le moment, ils te regardent avec animosité peut-être mais bientôt, ce sera par curiosité, par envie, peut-être même décideront-ils de faire le premier pas pour devenir tes amis. Il est écrit que tu as du mal à te faire des amis, est-ce vrai ? »

Si tel était le cas, Mashiro était sans nul doutes le portrait craché de Thémis à son âgé, incapable de se faire des amis tant elle semblait attirer les ennuis à elle. Au moins l'enfant n'avait-elle pas en plus un nom lourd à porter ou encore, une origine métisse des plus déplaisantes aux yeux de ses compagnons. Selon la réponse qu'elle lui offrirait, Thémis se promit de faire en sorte que sa jeune apprentie ne vive pas la même chose qu'elle par le passé. Elle demanderait par exemple à Lyes s'il ne voulait pas être son ami et sans doutes le petit garçon accepterait-il. Pendant quelques minutes encore, la jeune héritière de la maison Clari s'amusa des réactions successives de son interlocutrice avant de reprendre son sérieux. Il n'était pas prudent pour Mashiro que de ne pas savoir maitriser ses émotions et son comportement en présence d'un public. Cela attisait sans doutes la colère de certains, la plupart parmi le corps professoral, et l'ennui d'autres, sans doutes les élèves. Elle se promit donc de faire en sorte de lui faire comprendre qu'il fallait apprendre à adapter son comportement vis à vis des gens. Visiblement, Mashiro n'était pas pleinement consciente des dangers de son caractère.

« Il est cinq heures, le diner n'a pas encore été servi ne t'en fais pas. »

Thémis marqua une pause, cherchant avec précaution les mots qui ne blesseraient pas sa jeune apprentie. Elle n'était pas certaine de devoir lui dire tout cela dès maintenant car après tout, elles auraient bien le temps de faire connaissance et d'apprendre à se connaitre mutuellement mais sans doutes valait-il mieux fixer des limites dès le début. Eludant donc la dernière question de la jeune femme, Thémis prit la parole avec calme bien que sa voix ne trahisse une certaine fermeté.

« Mashiro, notre entrainement débutera demain, seulement, je te demanderai de faire attention à une seule et unique chose d'ici là. » Thémis marqua une nouvelle pause pour ne pas brusquer l'enfant, « J'aimerai que tu prennes garde à ce que tu dis. Il faut que tu apprennes à t'adapter à ton interlocuteur, sinon, tu ne pourras que te faire des ennemis. C'est important d'accord ? »

La voix de Thémis s'était faite plus douce sur la fin et un délicat sourire avait égayé ses traits l'espace d'un instant.

«Par contre, je suis désolée, je n'ai guère de collation sur moi, comme tu peux le voir, je ne suis pas un exemple à suivre question nutrition ! » ajouta-t-elle avec humour.

la jeune Clari se mit ensuite à réfléchir à la situation, cherchant à savoir si le moment était propice à un entrainement, afin d'estimer le travail qu'elles auraient à fournir ensemble, ou si au contraire, mieux valait continuer de parler. Bien que cela ne soit pas tellement conseillé par les guides ou par les professeurs, la demoiselle se décida à opter pour la solution la plus douce envers sa jeune apprentie.

« Pourquoi ne pas sortir une petite heure le temps de me montrer où tu en es ? » proposa-t-elle.

Mashiro parlait depuis un bon moment avec Thémis, questions après questions. Les paroles de Thémis étaient toutes écoutées avec attention. La petite ne démontrait pas de très grande dignité dans ses paroles, et en effet cela pourrait lui mener à tord, seulement, elle ne savait tout simplement pas comment elle devait parler ou si elle le savait, elle devait avoir oublié. Elle fut soulagé de savoir que si elle réussissait à devenir meilleur, les autres enfants ne la regarderaient que par curiosité et elle ne pouvait pas dire que c'était mal puisqu'elle est très curieuse.
Mashiro, toujours assise devant Thémis, baissa la tête en apprenant l'heure. Il était déjà si tard, elle n'avait pris son déjeuner qu'à dix heures du matin, ce qui veux dire que la petite n'avait rien eu sous la dent pendant sept heures, son ventre vint approuvé se petit calcul d'un petit gargouillis. Le petite resta intriguer par la façon de parler de Thémis, elle prenait des pauses entre chaque phrases ou presque, mais elle ne put savoir pourquoi. Elle se leva d'un bon, l'enthousiasme à son plus haut en apprenant que l'entrainement débuterais demain, mais elle resta sur place par la suite un peu confuse par les paroles qui suivaient.

*Prendre garde à ce que je dis? M'adapter à mon interlocuteur? Oooh!... J'ai dû dire quelque chose que je ne devais pas!!* pensait la petite à ce moment.

La jeune Mashiro se pencha vers l'avant, les bras longés le long de ses jambes, les yeux fermés, les vêtements et les cheveux encore en bataille. La prochaine phrase qu'elle dit fut directe et doucement dite:

« Pardonnez moi de mon insolence... Je ne savais pas que je vous dérangeais dans mes paroles... Je ferai attention à l'avenir. »

La petite se sentait mal, peut-être était-elle trop ignorante et trop innocente pour remarquer ce qu'elle disait. Elle replaça ses vêtements correctement et se passa la main dans les cheveux pour les replacer un peu. Elle pencha la tête, elle n'en pouvait plus, tout ce qui lui arrivait était de sa faute, son comportement, sa façon de parler et son ignorance l'avait trahis dans sa vie. Elle ne put en retenir ses larmes, qui coulèrent le long de ses joues. Sa voix fut tremblotante et noyée par ses pleurs:

« Je suis désolé... Je.... c'est de ma faute.... Je suis désolé... »

Ses jambes ne la supportait plus, elle tomba à genou les mains aux yeux. Tout se temps au monastère lui revint à l'esprit. Le nombre de fois que l'on lui avait dit de faire attention, elle n'avait pas compris l'envergure de son comportement. Elle en était désolé, elle n'était peut-être pas digne de pouvoir parlé à qui que ce soit, la proposition d'aller faire un tour qui avait suivit plus tôt ne parvint pas à ses oreilles, son chagrin, pour si peu, avait grandit avec toute les autres raisons de sa peine.

« Vous devez penser que je suis une idiote... Je n'ai jamais fait attention.... je... je suis désolé. »

Thémis savait par expérience que les enfants étaient maladroits, qu'ils ne faisaient pas vraiment attention à leur langage ou encore qu'ils ne prêtaient pas toujours une grande attention aux règles. La jeune femme en avait été la preuve vivante, durant toute son enfance, elle avait pris un malin plaisir à transgresser les règles, à aller de plus en plus loin pour voir les limites de ceux qui l'entouraient mais finalement, force était de constater que tout cela n'avait pas toujours un bon résultat. De part ses innombrables bêtises et son manque de respect, elle avait trainé derrière elle une réputation des plus désagréables et s'étaient attirée bon nombre d'ennemis ou en tout cas, d'inimitiés. Si elle le regrettait aujourd'hui un peu moins que ces dernières années, la jeune Clari ne souhaitait pas que ses élèves ou les jeunes gens qu'elle cotôyait connaisse ce genre de sentiments. Thémis avait parlé avec douceur pour tenter d'expliquer à Mashiro que mieux valait savoir s'adapter plutôt que de chercher à ce que les autres s'adaptent mais visiblement, sa jeune élève avait pris pour elle son commentaire. La réaction de sa jeune élève la toucha au plus haut point et la demoiselle s'en voulut aussitôt. Elle n'était peut-être pas aussi prête qu'elle le pensait pour aider une jeune pousse à grandir sur le droit chemin.
Thémis se leva sans se brusquer, de peur d'affoler un peu plus la jeune Mashiro qui pleurait, à genous par terre. Elle s'assit à son tour à genoux et posa sa main gauche sur l'épaule de la jeune fille avant de poser son index de la main droite sous le menton de cette dernière. Avec délicatesse, elle redressa le menton de la petite fille pour l'obliger à lui faire face avant d'ajouter d'un ton calme, un pâle sourire rassurant flottant sur ses lèvres :

« Mashiro, tu n'es qu'une enfant, cela excuse beaucoup de choses. »

Son ton se fit plus doux, son sourire plus délicat et sa deuxième main se posa sur l'épaule libre de la jeune femme. Le regard azur de Thémis se posa sur celui rouge feu de la demoiselle.

« Je t'ai dit de faire attention uniquement pour t'éviter des désagréments, cependant, si tu ignores comment t'adapter à ton interlocuteur, c'est peut-être parce qu'on ne te l'as jamais appris et non parce que tu es idiote. Tu sais quoi ? Plutôt que de sortir, je vais t'apprendre deux trois ficelles au sujet du langage et du comportement à adopter à condition que tu ne pleure plus et que tu ne me dises plus que tu es bête. L'idiotie serait de te croire idiote. »

La jeune Clari sourit avant de reprendre un air sérieux. Elle réfléchit un instant, se leva pour se rassoir sur le lit avant d'inciter d'un geste de la main la jeune fille à venir s'assoir à côté d'elle. Ceci fait, elle commença la leçon, qui n'en était pas vraiment une. Thémis se demandait pourquoi aucun professeur n'avait pris la peine de donner les rudiments de la bienséance à cette enfant. Plutôt que de l'aider, ils s'étaient tous contenter de relever ses défauts ... la jeune femme trouvait cela détestable !

« Tu n'es pas sans savoir que cette cité est dirigée par un Sénat et qu'à sa tête se trouve un Consul n'est-ce-pas ? Si tu venais à rencontrer l'un des Sénateurs ou le Consul en personne, tu devrais les vouvoyer, et leur accorder tout ton respect. Il existe également des familles nobles dans cette cité auxquelles tu devrais réserver le même traitement d'accord ? »

Thémis parlait avec calme, les yeux posés sur sa jeune élève. Elle accompagnait ses dires de quelques gestes de temps à autre.

« Au Monastère, la directrice est Naly, tu dois également t'adresser à elle avec respect et en la vouvoyant. La règle générale voudrait que tu vouvoies toute personne plus âgée que toi ayant au moins dix-huit ou vingt ans. Si la personne te paraît bien habillée, ce peut être un signe également de son appartenance à une famille noble. En revanche, tu peux tutoyer tes camarades bien évidemment et moi-même ! Certes j'appartiens à la famille du Consul mais je te donne l'autorisation de me tutoyer »

L'héritère des Clari accompagna sa dernière phrase d'un rire délicat avant de reprendre, plus sérieuse :

« Ton langage est ta carte de visite Mashiro. Les gens auront toujours tendance à te prendre pour une idiote si tu leur parle mal ou si tu laisses paraître dans tes propos ce qu'ils pourraient interpréter comme de la bêtise. Tu es loin d'être bête mais tu ne sais pas encore comment parler à ce monde, dès demain, je ferais en sorte que tu suives des cours de langage, ça te dit ? »

La jeune femme sourit avant de conclure :

« Tout ceci est compliqué, avant de partir, je te noterai le nom des famille nobles de la cité, au cas où mais sache que la meilleure façon de te faire apprécier est de parler avec respect à tout le monde, palefrenier comme Sénateur. Tu sauras reconnaître tes amis à ceux qui t'accordent leur confiance et le reste. »

[ Veux-tu poursuivre ou préfères-tu que j'ouvre après ta réponse un autre sujet où l'on s'entrainerait ? ]

Mashiro venait de pleurer à chaudes larmes, assise au milieu de sa chambre. Tout ce chagrin était causé par le fait qu'elle venait de comprendre pourquoi ceux avec qui elle voulait parlée ne l'appréciait pas vraiment. La tête entre les deux bras, elle essayait de se calmer, mais sans résultat, lorsqu'elle sentit la main chaleureuse de Thémis se poser sur son épaule. Ses pleurs s'arrêtèrent aussitôt, tout semblait être si lent autour d'elle que la main droite qui venait chercher son menton semblait presque ne pas bouger. Une pensée rapide traversa l'esprit de la petite, un peu avant que sa tête soit relevée.

*Sa y est... Je suis vraiment ridicule...*

Les paroles qui suivaient furent surprenant à ses yeux, Thémis ne lui en voulait pas, elle semblait plutôt en vouloir à quelqu'un d'autre. Son sourire, son regard et ses paroles la réconforta aussitôt. Le fait que Thémis lui proposa de l'aider la réjouie. Elle écouta les conditions de la jeune femme, comme si il s'agissait des commandements d'une divinité, elle n'était pas une idiote et ne devait pas le penser, ce qu'elle fit immédiatement en se disant, par la pensée, qu'elle n'était pas idiote ou stupide, qu'elle n'était qu'une enfant. Elle savait que la ville était dirigée par un Sénat et elle vouvoyait toujours ceux qui en font partit, mais elle ne savait pas qu'il y avait autant de personnes qu'elle devait faire attention. Cependant elle ne comprit pas le terme ''bien habillée'', pour elle une personne bien vêtit, est une personne pas trop chic ni trop vagabond, Thémis voulait-elle parlait de ceux qui semble très riche? La petite ne les aimait pas vraiment, ils font peur et elle ne les trouve pas ''joli'' à regarder. Elle fut d'accord à l'idée d'apprendre à parler correctement en présence de personnes importantes. La petite n'avait pas porter attention au fait que Thémis était membre de la famille du Consul, mais sembla ne pas en être intéresser, pour elle Thémis était sa seule amie.
Au moment où Thémis conclut ses paroles, la petite Mashiro ''sauta'' dans les bras de Thémis, les bras autour de la taille et le front déposer sur l'épaule de sa maîtresse, les larmes se remirent à couler, mais cette fois ce ne fut pas par peine, ce fut des larmes de joies.

« Thémis.... merci... Je suis heureuse que tu sois ma maîtresse. »

La petite resta dans les bras de Thémis, la douceur de la femme la réconfortait et elle ne voulait pas s'en séparé. Ce moment joyeux, fut interrompue par un léger grognement d'estomac venant du ventre de la petite Mashiro. Les joues de la petite se rougirent, s'était embarrassant en quelque sorte de faire entendre son ventre à quelqu'un. Elle releva la tête vers Thémis et lui sourit avant de prononcer quelques mots, de sa voix calme, mais affamé, suivit d'un grand sourire.

« Le dîner est bientôt? »

[On va débuter le vraie entrainement Razz

On peut dire qu'on a terminée ici.]

Thémis s'était attachée à la petite fille, cela aurait parut évident aux yeux de n'importe qui ou du moins, aux yeux de quelqu'un qui la connaissait bien. Certes ces gens là étaient peu nombreux mais tout de même, elle était bien trop gentille et douce pour en vouloir à Mashiro de son ignorance. Seuls les adultes étaient à blâmer pour la façon d'être de cette jeune fille, si personne ne lui avait jamais appris à se tenir en société, comment pouvait-elle le deviner ? La jeune Clari se laissa faire lorsque la petite apprentie posa sa tête sur son épaule et qu'elle se remit à pleurer, en silence, la jeune femme se contenta de lui caresser les cheveux sans oser dire un mot. Les enfants étaient des êtres si précieux et si délicats qu'elle savait qu'un seul et unique mot, une seule attention pouvait bien les briser ou tout au contraire, les sauver. La réplique de la petite fit sourire son maitre avec douceur. Thémis n'était pas habituée à ce genre d’effusion mais en réalité, elle devait admettre que c'était agréable. Pour une des toutes premières fois de sa vie, la jeune femme se sentait utile et dans un coin de sa tête, elle ne put s'empêcher de penser qu'elle adorait les enfants et qu'il était fort dommage que son compagnon ne partage pas cette vision des choses.

« Je suis contente de t'avoir pour élève tu sais et si tu as un problème, n'hésite jamais à m'en parler, d'accord ? »

Thémis n'était pas quelqu'un de fiable aux yeux de la plupart du commun des mortels pourtant, elle était toujours là pour ses amis, bien qu'ils se comptent sur les doigts de la main. Elle avait appris par le passé que la relation de maitre à élève était quelque chose de très particulier, en effet, Lymion n'avait été son maitre que quelques mois durant et pourtant, sa mort l'avait touchée comme s'il avait s'agit de son propre père. Elle avait apprécié l'homme au delà du Zélote, ses enseignements, sa sagesse ainsi que son éternelle compassion envers la petite fille qu'elle était. Aujourd'hui, la jeune Clari espérait pouvoir reproduire le même schéma avec ses élèves, les tirer vers le haut comme on l'avait fait pour elle par le passé, leur offrir le semblant de famille qui leur manquait bien souvent. Au fond d'elle, la jeune femme pensait que la douceur, la compréhension et l'amitié entre un maitre et un élève étaient bien plus importants que le reste cependant, elle semblait être la seule à penser de cette façon. Le gargouillement Mashiro la fit sourire et elle répondit à son sourire en ajoutant :

« Il est un peu tôt pour espérer diner, mais je suis sure que nous obtiendrons quelque chose en cuisine pour une gourmande dans ton genre, allez, suis-moi ! »

Thémis se dirigea vers la porte. La soirée avait été riche en émotions, l'entrainement pouvait bien attendre le lendemain non ?

[ Je te laisse ouvrir le sujet suivant par contre, je ne pourrais pas répondre avant la fin de semaine je pense ! Embarassed

]

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» Premier entraînement...[F-H][pv Lisbeth] (fini)
» [DA] Une rencontre "fort fuite" (w/Mashiro) [Terminé]
» [DP]Un entraînement presque amical [Anarel][Terminé]
» [151-DP]Âmes soulevées, le temps d'une mélodie. [Mashiro] (fini)
» Entrainement [libre]

[DP] Premier entrainement (pv Mashiro) (terminé)

[DP] Premier entrainement (pv Mashiro) (terminé)

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