Agranos marchait en silence dans le monastère zélote, déserté a cette heure. C'était le moment ou tous les soldats étaient partis a l'entraînement ou en mission. Malheureusement pour AGranos ce n'était pas son cas. On lui avait confié un rapport sur l'état des troupes cydiennes, ou plus précisément Soren lui avait confié ce rapport fastidieux .

Lui qui détestait être distingué des autres l'était de plus en plus depuis qu'il avait découvert sa maîtrise du feu devant Soren. Apparemment le capitaine avait apprécié la prestation et depuis il ne cessait de confier à AGranos des missions de plus en plus nombreuses, comme s'il le considérait comme un bon élément digne d'être utilisé, a croire que le capitaine ne jugeait le talent d'un soldat qu'a celle qu'il avait à se battre.En tous cas s'il pensait qu'Agranos était un de ces moutons dociles qui obéissaient gentiment aux ordres il se trompait lourdement, le cydien en était venu à attendre avec impatience la bataille d'Erathia qui lui permettrait enfin de pouvoir s'échapper de cette ville qu'il détestait tant, savoir que son but était si proche rendait encore plus insupportable les travaux futiles qu'on lui confiait. En plus ce travail de plus en plus lourd qu'on lui imposait l'empêchait de plancher suffisamment sur son plan d'évasion avec Kallan. Sa faisait encore une raison de plus à AGranos pour détester Soren.

C'est donc énervé que le zélote arriva au bureau de son capitaine, il s’apprêtait à frapper quand il s’aperçut qu'il y avait un certaine agitation derrière la porte, quelqu'un arpentait la pièce d'un pas furieux. Agranos hésita à frapper. Il savait par expérience qu'il n'était jamais bon de déranger Soren quand ce dernier était énervé, et le zélote devait à tout prix rester en bon terme avec son capitaine jusqu'a ce qu'il soit partit de Cydonia, c'était beaucoup plus prudent. En temps normal Agranos aurait donc sûrement esquiver le problème en revenant un peu plus tard, mais a ce moment quelque chose le poussa à rentrer, et sans frapper qui plus est.

Ce ne fut cependant pas sur Soren qu'il tomba mais sur une jeune femme qui se retourna violemment à son intrusion, prête a se déchainer sur lui. Elle se figea cependant quand elle s’aperçut que ce n'était pas celui qu'elle attendait. La jeune femme était magnifique et AGranos la reconnut tout de suite: Thémis Clari, fille d'Anatoli Clari. Le jeune zélote l'avait croisé à de nombreuses reprise dans le monastère lorsqu'il suivait sa formation. Même s'il ne lui avait, pour ainsi dire, jamais adressé la parole il avait put déduire de nombreuses choses sur elle suite aux nombreuses farces qu'elles avait perpétré. C'était une gamine, gentille certes mais pourrie gâté, et qui n'avait jamais manqué de rien, elle n'avait absolument pas le profil d'une zélote. Son caractère espiègle avait toujours profondément agacé Agranos, non pas car elle bafouait l'autorité qu'Agranos avait toujours considéré comme une erreur mais parce qu'il était fondamentalement opposé au principe même d'humour.

Mais aujourd'hui la jeune fille ne semblait pas du tout espiègle ni de bonne humeur, elle avait remarquablement changé depuis son départ du monastère, et ce n'était pas seulement sa couleur de cheveux qui était passé d'un bruns profond à un blond éclatant mais aussi son visage quétait devenu dur en cet instant. Elle était réellement furieuse malgré les efforts qu'elle faisait pour le cacher à Agranos . Agranos la trouva plus mure, plus femme, ce qui ne faisait que renforcer son insolente beauté.

La main d'Agranos se crispa involontairement sur le rapport qu'il tenait à la main.
Qu'est ce qui pouvait bien donc énerver une fille de bonne famille qui n'avait jamais manqué de rien à ce point? Sans doute la décoration de sa chambre qui ne lui plaisait pas ou alors un quelconque garde qui l'avait offensé.
Même s'il se doutait qu'être la fille du premier homme de Cydonia ne devait pas être facile à vivre tous les jours Agranos trouvait la colère de la jeune fille futile. Quand il pensait à ce que lui avait dut endurer dans son enfance et qu'il voyait cette jeune fille bien habillé venir déranger Soren pour ce qui n'était sans doute qu'une broutille, une rancœur aigu remonta en lui.
Il aurait voulu détester cette jeune fille, pour sa filiation, pour son statut, mais alors qu'il la regardait dans les yeux et qu'il y vit une froide colère ainsi qu'une souffrance il eut l'impression fugitive de voir un négatif de lui même et toute haine s'envola.
Thémis semblait réellement furieuse, et a cette instant AGranos crut se reconnaitre das le regard de la jeune femme. Il avait toujours repoussé ceux qui auraient pût lui inspirer des sentiments. Et cette magnifique jeune femme, bien né et pourtant animé d'une froide colère, lui faisait ressentir des choses. C'était surtout pour cela qu'il éprouvait de la rancœur.
L'impression fugitive passa comme un courant d'air et AGranos se ressaisit, se rendant compte que la situation était gênante, chacun des deux se demandant ce que l'autre faisait ici.

Voyant que Thémis ne semblait pas décider à briser la glace il se décida à ouvrir le dialogue, voulant mettre le plus vite possible un terme à ce face a face qui le perturbait de plus en plus.

"Je....j'étais venu porter un rapport à Soren commença t'il maladroitement, mais vous étiez la avant moi, je repasserai plus tard."

La réplique, loin de détendre l'atmosphère sembla le rendre encore plus pesant.
Agarnos voulut se détourner mais il resta immobile, comme soudé au sol par des chaînes invisibles . Un silence pesant s'étira de nouveau entre les deux cydiens. Pourquoi ne quittait il pas la pièce ?

"Pourquoi êtes vous aussi furieuse?"demanda le zélote dans un élan de spontanéité qui ne lui ressemblait pas. Il regretta ces paroles sitôt les avoir prononcés, mais qu'est ce qu'il lui arrivait? Lui qui ne s'intéressait jamais aux autres et qui mettait un point d'honneur a ne pas se faire remarquer. Thémis le troublait décidément bien plus qu'il ne voulait l'admettre.
Il resta malgré lui sur place, curieux contre son gré.

Si la première réplique du zélote avait un peu calmer la jeune fille la deuxième question embrasa de nouveau sa colère. Elle se retourna violemment et avança d'un pas:

"Je suis venue voir ce foutu Princeps pour qu'il m'explique comment il pouvait encore dormir la conscience tranquille en envoyant des enfants se faire tuer !»

La réplique eu l'effet d'une gifle sur Agranos, lui qui s'était attendu à une raison futile...ainsi donc c'était a ce niveau de bassesse qu'en était rendu l'armée cydienne, il savait que l'état des troupes n'était pas bon mais de la à envoyer des enfants au combat, Soren serait il donc près a tout sacrifier pour sa satanée cité ? la folie guerrière et hiérarchique n'avait elle donc aucune limite ? Agranos éprouva une pointe de culpabilité peu habituelle chez lui en se rendant compte qu'il avait jugé les intentions de Thémis sur son statut et non sur ce qu'elle était, reproduisant ainsi ce qu'on lui avait fait subir pendant tant d'années.
La colère de Thémis s'intensifia jusqu'a la rendre hystérique.


«Vous autres les soldats n'êtes que des monstres, sous prétexte qu'un enfant est doué, il ne peut vous servir que de pion, de chair à canon ! Je suis venue voir cet abruti pour l'empêcher d'envoyer Lyes à l'abattoir !»

Avec toute autre personne Agranos aurait prit la réplique avec cynisme et aurait méprisé ce sentimentalisme qui consistait a croire que les horreurs de la guerres n'étaient perpétrés que par les autres cité, mais pas avec la jeune femme bouleversé et furieuse qui se trouvait à présent à quelques centimètres de lui. Parce qu'elle était réellement sincère,réellement furieuse d'imaginer que la cité qu'elle chérissait pouvait commettre de telles atrocités. Agranos ne connaissait pas ce Lyes mais il devinait qu'il devait être très cher à Thémis. Le zélote qui avait toujours vécu en parfait égoïste ne pouvait pas comprendre ce genre de sentiments, lui qui avait toujours soigneusement évité de tisser le moindre lien, de peur de se retrouver un jour dans l'état actuel de Thémis.
Pourtant en cet instant précis, alors qu'elle se rapprochait encore de lui et qu'il pouvait lire au plus profond de ses yeux glacé, il se prit a espérer qu'un jour quelqu'un s'inquiète pour lui comme le faisait Thémis pour lyes.
Il se fit violence pour reprendre le contrôle de sa raison qui semblait se dérober, s'il avait construit ce rempart d'indifférence et de cynisme au cours de toutes ces années ce n'était pas pour qu'une femme vienne le détruire alors qu'il était si proche de son but. Malgré cette résolution, l'agitation de son coeur, pourtant d'habitude si régulier, ne se calma pas.


«Je suis désolée, je me suis emportée.»

Elle ne semblait pas réellement désolé de s'être emporté mais plutôt de s'être énervé contre lui. Qu'elle ne le mette pas dans le même sac que des hommes telle que Soren le soulagea, et ce soulagement l'agaça au plus haut point contre lui même. Depuis quand prenait il en compte l'avis des autres sur sa personne ?


«C'est juste que ... il n'est qu'un enfant et je ne peux pas tolérer qu'il puisse être confronté aux horreurs de la guerre si tôt. J'ai toujours été incapable de me comporter en Zélote et aujourd'hui, j'ai envie de tuer leur Capitaine pour ses choix stupides et insensés ! Vous devez me trouver bien futile je me trompe ?»


Une nouvelle fois AGranos eut l'impression de voir un négatif de lui même, ce qu'il aurait put être si sa avait été lui le fils du princeps et elle la fille battue d'un zélote brutal et ivrogne. Les paroles de Thémis rejoignaient les pensées d'Agranos, si ce n'était que le ton de la jeune femme était empreint de compassion et d'humanité alors que les sentiments d'AGranos étaient froids et durs.
Un sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme, un petit sourire timide et rempli d’auto dérision. Agranos sentit sa volonté vaciller, il défronça ses sourcils malgré lui et son visage perdit cet air renfrogné qu'il arborait en permanence.

« Comment vous appelez-vous ?» demanda t'elle d'une voix douce.

Le cydien n'était pas encore assez déstabiliser pour n'avoir pas vu le coup d’œil que la jeune Clari avait lancé au rapport.

" Agranos Deskir "dit il pour répondre a la question posé par Thémis.

"Mais je suppose que ce qui vous intéresse vraiment c'est plutôt ceci, n'est ce pas ?" ajouta t'il en montrant le rapport.

"Vous pouvez le consulter, il ne contient rien d'important si ce n'est un simple rapport sur le mauvais état des troupes de Cydonia, Soren est débordé ces temps ci et il est obligé de déléguer plus qu'il ne le voudrait."

Il aurait sincèrement souhaité s’arrêter la, a ce stade de la conversation,poli, neutre, idéal pour terminer un entretien, mais quelque chose le poussa pourtant a continuer cette discussion qu'il savait dangereuse, quelque chose de profondément enfoui en lui qu'il croyait avoir fait disparaitre à tout jamais

"Je ne vous trouve pas futile commença t'il d'une voix douce qui ne lui ressemblait pas. Vous éprouvez simplement de la tristesse et de la compassion pour un autre que vous même et vous refusez une situation que vous jugez immorale. Cela fait juste de vous une femme naïve et... humaine. Et si vous pouviez savoir ce que je donnerais pour pouvoir troquer un peu de cette candeur et de cette humanité contre la rancœur et le cynisme qui me définisse depuis mon plus jeune age. J'aimerais encore pouvoir m'émouvoir pour une cause ou me sentir concerné par le sort des autres, mais je n'en suis devenu incapable. Ma vie et la bêtise militaire m'ont enlevé cette capacité."Cette dernière phrase avait été prononcé d'une voix amer
Il laissa la cydienne digérer quelques instants ces paroles avant de reprendre d'une voix plus douce

" Alors, non, vous n'avez pas le profil d'une zélote, mais si vous voulez vraiment mon avis , c'est plutôt une chance pour vous.Vous êtes encre une jeune femme avec son libre arbitre alors que je ne suis plus qu'une machine froide indifférente. Et si je le fait sans plaisir, je dois quand même obéir aux ordres stupides et insensés que l'on me donne. Si sa ne tenait qu'a moi je laisserai cet enfant tranquille, mais on ne m'en laisse pas le choix....et je hais sa."


Agranos ne savait pas bien d'ou il sortait ces trésors d'éloquence, lui qui était d'ordinaire si mauvais pour s'exprimer. Il ne savait pas non plus pourquoi il se confiait ainsi, à la fille du princeps qui plus est, alors qu'il avait toujours mis un point d'honneur à ne jamais se faire remarquer et a garder ses sentiments enfermés en lui. Il savait juste qu'il en avait assez de tout garder pour lui et que Thémis le mettait dans un état qui ne lui était pas habituel. Agranos aurait sûrement méprisé ses propres paroles quelques instants plus tôt mais il savait aussi qu'il n'avait dit que l'entière vérité. Peut être pour la première fois depuis de nombreuses idées il parlait franchement, à cœur ouvert, sans faux semblants, sans calculs. C'était dangereux il le savait mais Il ne pourrait s’arrêter maintenant qu'il avait commencé.

AGranos ne pouvait plus lâcher Thémis des yeux. Il profita du fait qu'elle ait les yeux fixés sur le rapport qu'il tenait entre les mains pour la dévorer du regard, il n'aurait pas du, il le savait, sa allait à l'encontre de ses principe, à l'encontre du bon sens et sûrement aussi à l'encontre de la morale. Mais le cydien avait déja été beaucoup trop loin dans cette conversation, alors quitte à briser ses règles autant le faire pleinement. Comme il s'en était douté c'était le rapport qui intéressait réellement la jeune femme, cela se voyait a son visage un peu honteux. Elle semblait culpabiliser de s'intéresser plus au bout de papier qu'a l'être humain. Ce comportement aurait put en vexé d'autre, mais Agranos s'en fichait pas mal, il avait beau être prétentieux il savait que sa vie n'avait pas grand intérêt, il avait d'ailleurs toujours tout fait pour que ce soit le cas. En fait il s'estimait déja heureux de ne pas avoir été congédié avant, et si la jeune fille ne s'intéressait pas a lui, c'était une bonne chose au fond, sa lui éviterait de devoir mettre un terme à cette conversation à laquelle il prenait, bien malgré lui, un grand plaisir.
La jeune femme repoussa l'invitation à lire le bout de papier d'un geste de la main.Elle semblait calmé a présent, toujours révolté mais calmé. Apparemment AGranos pouvait faire preuve de gentillesse et de douceur parfois, même si sa le surprenait lui même.

« Je te remercie dit elle, mais à bien y réfléchir, je ne tiens pas à m'emporter de nouveau. »

Elle l'avait tutoyé,ce n'était sûrement rien pour elle mais cela sonnait étrangement aux oreilles d'Agranos, d’habitude quand on le tutoyait c'était surtout pour lui rappeler qu'il n'était qu'un simple sans grade dont la vie et l'avis n'avaient aucunes importance. Mais il dut admettre que sa ne devait pas être le cas ici, la voix douce de Thémis et le ton qu'elle avait employé montrait plutôt qu'elle le respectait, c'était.... étrange, plus la conversation avançait plus la jeune fille déstabilisait le cydien, et il ne savait pas si sa lui plaisait ou pas. Elle marqua une pause, cherchant visiblement ses mots.


« Je n'ai jamais souhaité être une Zélote tout comme je n'ai jamais souhaité côtoyer les morts. Il y a bien longtemps que j'ai ouvert les yeux sur ce monde et laissé de côté ma naïveté mais j'aurais aimé que quelqu'un me protège à l'époque, c'est sans doutes pour cela que je veux le faire pour lui. »


Agranos se rendit compte qu'il s'était trompé sur Thémis, ce n'était pas à cause de sa naïveté qu'elle était révolté par le sort de Lyes, c'était juste qu'elle ne pouvait pas se résigner a voir cet enfant qu'elle aimait se faire envoyer au massacre. Elle avait juste un coeur, des sentiment. Après tout elle était la fille d'un politicien, elle avait dut voir et entendre des choses dans son enfance qui avait dut la guérir de son innocence. Tout comme les coups de son père avait guéri Agranos de la sienne. Elle continua d'une voix d'une douceur extrême, un pue trop grande pour être naturelle d'ailleurs.

« Tu me sembles bien affecté par mes propos pour quelqu'un d'insensible. Je crois surtout que c'est plus simple pour toi de paraître insensible non ? »

Elle était sincère, elle pensait réellement qu'AGranos était un être sensible qui se cachait derrière une armure. Si elle avait su que c'était sans doute la première fois qu'AGranos arrêtait le temps d'une conversation de se montrer complétement égoïste elle aurait peut être penser différemment. Elle avait cependant raison sur un point, AGranos était bien plus affecté par ces propos qu'il n'aurait dut l'être étant donné son caractère. Il se renfrogna légèrement en voyant que la jeune femme essayait de le réconforter, il avait toujours haï d'être pris en pitié.

« Tu as toujours le choix, peu importe les ordres, peu importe le fait que tu sois un Zélote, rien ne te différencie de moi n'est-ce-pas ? Tu as un cœur comme moi et une tête, c'est par tes actes que tu changeras les choses si tu en as envie. Pour ma part, je ne laisserai personne emmener Lyes sur le champs de bataille. Il n'est encore qu'un enfant et je ne veux pas qu'il perde ce que tu prétends toi-même avoir perdu. Je tiens à ce qu'il garde le plus longtemps possible son innocence et sa candeur. J'ignore encore comment, mais je le ferais comprendre à Soren. »

Les mots percutèrent le zélote en plein coeur, il reconnut sur le visage de Thémis la détermination qui l'avait animé quelques instant plus tôt, cette détermination qui la sublimait. Elle était réellement convaincu, mais ce qu'elle disait Agranos le savait déja, si elle croyait qu'il s'était résignait, elle se trompait. C'était vrai que pour l'instant chacune de ses tentatives de s'enfuir de Cydonia s'étaient toutes terminés par de lamentables échecs, mais il n'abandonnerait pas: quitter la ville et retrouver sa mère amazone était la seule chose qui le faisait lever le matin, le seul espoir qui le tenait debout. cThémis venait juste de le conforter dans son idée, et il lui en était reconnaissant.
La jeune femme sembla hésiter un instant avant de parler à nouveau.

"Dis-moi, tu sembles aigri de cette vie. Pourquoi l'avoir choisi dans ce cas ? Pourquoi être resté ? »

Un signal d'alarme retentit dans la tête du zélote, il en était arrivé au point qu'il voulait pourtant absolument évité. Il devait stopper la conversation, si ses plans venait a être découvert, et surtout par Thémis Clari, ils tomberaient forcément à l'eau. Mais en même temps la question de la jeune femme lui procurait une agréable sensation de chaleur. Depuis combien temps ne s'étaient on pas intéressé à lui ? Jamais à bien y réfléchir, et Thémis paraissait tellement merveilleuse qu'AGranos ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de lui répondre franchement.Voila exactement pourquoi Agranos évitait d'ordinaire de tisser des liens, si ténus soit ils, avec qui que soit. Parce que sa l'obligeait forcément à se battre avec lui même: son cœur contre sa tête.
Toutefois ne pas répondre serait peut être tout aussi suspect, et Agranos n'avait absolument pas envie de mettre fin à la conversation.

"Eh bien... commença t'il, disons que j'ai....certains objectifs, et que pour les atteindre je dois avant tout gagner en force. Devenir zélote m'a semblé être le moyen le plus court d' y arriver. De plus mon père en était aussi un, on ne peut pas vraiment dire qu'il m'a transmis l'amour du métier mais il m'a prouvé de nombreuses fois à qu'elle point un zélote pouvait frapper fort. "

Il ne voulait pas l’apitoyer mais il espérait qu'avec sa elle se montrerait un peu plus hésitante a lui poser des questions.

"Mais tu a raison je déteste cette vie, pourquoi être resté alors ? Crois tu réellement que Soren Henricks laisse ses hommes démissionner? On ne déserte pas la XIIIème."

Il savait qi'l ne disait quel 'entière vérité mais Agranos ne voulait pas que Thémis le voit comme un pauvre zélote blessé, il en allait de son honneur. Il décida de paraître un peu plus assuré, il avait décidé de tutoyer la jeune femme, d'une part parce qu'il en avait envie et d'autre part parce qu'il ne voulait pas se sentir inférieur à elle.

"Cependant ce que tu a dit n'est pas faux, je compte bien changer les choses, j'atteindrais mes objectifs, zélote ou pas ,et ce que j'accomplirai je ne le devrai qu'à moi même." Sa voix était ferme, décidé.

"Quand à tes objectif.... crois le ou non mais mon indifférence n'est pas un masque comme tu à l'air de le penser. Je ne sais pas si je suis aussi indifférent que je le souhaiterais mais ce qui est sur c'est que je suis un parfait égoïste, tu comprends. D'ailleurs les propos que tu m'a tenu m'aurait d'ordinaire laissé de marbre, mais..... qui sait ? tu a peut être un don pour remuer les égoïste."

Un silence pesant suivit cette dernière phrase et Agranos se rendit compte un peu tard que sa dernière phrase ressemblait dangereusement a une tentative de séduction. AGranos n'avait pas voulu sa, il n'avait jamais su séduire et n'avait d'ailleurs jamais essayer. Oh bien sur il avait cotoyé quelques femmes, mais c'était surtout son physique avantageux qui avait fait le travail. Il savait qu'il devait vite dévier le sujet.

"Bref, pour ton objectif d'empêcher Soren de commettre une autre folie guerrière, je te conseille d'y aller prudemment. Soren est sûrement l'homme le plus intransigeant que je connaisse et doute que tu puisse le convaincre, qu'elle que soit ton nom ou ton charisme. Enfin, tu a bien réussi à intéresser un égoïste indifférent et froid comme moi, alors tout est possible..."

Il n'aurait vraiment pas du faire sa, il allait beaucoup trop loin, mais tant pis. Au moins il avait réussi à dévier le sujet de la conversation sur autre chose que sur ses objectifs directs.

AGranos ne s'était jamais confier à personne, il en avait d'ailleurs rarement ressenti le besoin et s'était toujours contenu quand tel avait été le cas. Selon sa logique cela n'apportait jamais rien de bon de se reposer sur les autres. Alors pourquoi était toujours la ? dans cette pièce, en train de de se confier à une presque parfaite inconnue, la fille du princeps qui plus est. Peut être parce qu'à ce stade de la conversation, il ne la voyait plus comme la fille d'un politicien mais simplement comme une jeune femme et magnifique femme, sincère et particulièrement tolérante. Peut être aussi parcequ'il 'était qu'un homme, et qu'un homme avait besoin de se confier parfois. Il s'était toujours senti supérieur aux autres, parcequ'il arrivait a faire abstraction de ses sentiments, parcequ'il ne se laissait jamais aller. Pour une fois il se sentait tristement banal, et étrangement, il n'en éprouvait aucune tristesse.
Le jeune zélote fut tiré des ses réflexion par la douce voix de Thémis.

"En effet, un Zélote peut frapper fort ... »

Un simple constat, apparemment Thémis Semblait avoir saisi le véritable sens de la réplique d'Agranos. Elle grimaça, visiblement gêné. Peut être relativisait elle un peu sa propre enfance à présent. Agranos culpabilisa un peu d'avoir apitoyer Thémis sur son sort, ça ne lui ressemblait pas pourtant, et il ne se trouvait aucune excuse mis a part peut être qu'il avait voulu se confier pleinement et sincèrement.
La jeune femme sembla reprendre une certaine contenance.

« On ne déserte pas la XIIIe certes, dit elle, mais il existe d'autres moyens pour la fuir. Et puis, je suis l'exemple vivant d'une déserteuse de la XIIIe alors je ne te jugerai pas. »


Elle ne le jugerais pas...les battements de cœur d'AGranos s'accélérèrent, elle le comprenait, et sa le soulageait. Il se sentit soudain plus proche de la jeune femme, comme si les grades et statut sociaux n'avaient plus aucune importance, ils se ressemblaient. Elle était aussi une déserteuse à sa façon car Agranos se souvenait que la jeune femme s'était fait exclure de l'école des zélotes, était elle prédestine à la même légion que lui? C'était probable étant donné son statut social, qu'elle intègre la plus prestigieuse des légions. Agranos s'imagina soudain Thémis en compagnon d'arme, vivant et s'entraînant à ses côtés, et dans cette vision fugitive, il regretta soudain qu'elle est choisi un autre chemin, s'il l'avait rencontré plus tôt il n'aurait peut être pas eu tant envie de fuir Cydonia.
En tous cas AGranos ne connaissait que deux moyen de fuir cette légions, l'insubordination et la désertion. Thémis avait apparemment choisi la révolte, sauf qu'elle n'était alors qu'apprentie, et qu'on condamnait rarement une apprenti à plus que le renvoi. AGranos lui était un soldat, il s'était volontairement enchaîné et l'insubordination dans son cas était synonyme d'emprisonnement, voir pire.....

“Un parfait égoïste n'aurait pas pris la peine de perdre son temps avec moi tu sais » dit elle ironiquement.

Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il n'était pas un tendre et gentil garçon, mais elle avait au moins raison sur un point, Agranos n'était qu'un égoïste imparfait. Il croyait jusque la n'avoir qu'une seule faiblesse, sa mère. Il venait de se rendre compte qu'il était plus vulnérable qu'il ne le pensait.

“Mais tu as peut-être raison, peut-être que je sais faire bouger les égoïstes ! "

Elle accompagna la tirade d'un magnifique sourire qui provoqua un émoi particulier chez Agranos. En tous cas lui, elle avait su comment le toucher. Il éprouva soudain une sensation d'euphorie à l'idée qu'il discutait tranquillement de son évasion avec une jeune femme merveilleuse qui ne le jugeait pas. Cependant ce sentiment fut quelque peu tempéré lorsqu'il aborda le thème de Soren. thémis sembla un instant avant de lui répondre, comme si elle craignait de dire des choses qu'elle n'aurait pas du. Quand elle parla enfin son regard se fit plus dur.


« Je saurais le convaincre. Peu importe mon nom, une femme peut convaincre un homme par bien des manières et les menaces en font partie. De toute façon, quand bien même ne m'écouterait-il pas, je m'en moque, jamais je ne lui laisserai Lyes, quitte à le cacher. »

Sa détermination n'admettait aucune contradictions, elle ne laisserai pas cet enfant aller sur le champ de bataille,et elle n'hésiterait pas à briser toutes les règles pour atteindre son objectif. Comme AGranos n’hésiterais pas une seconde a devenir un traître a sa cité pour pouvoir retrouver sa mère, en cela aussi ils se ressemblaient. La suite du discours de la jeune femme conforta AGranos dans son idée que dans l'échelle des priorités de Thémis, les règles de la cité et la hiérarchie arrivaient bien en dessous de la vie du jeune Lyes.

« Soren m'écoutera et si ce n'est pas le cas, tant pis. Peu m'importe. »

Elle sembla soudain se rendre compte de l'ampleur de ce qu'elle disait, elle jeta un regard à la porte entrouverte, hésitante à continuer. Agranos mobilisa une faible brise de vent dans sa main et la projeta sur la porte qui se ferma avec un léger bruit. Thémis put enfin poser sa question.

« Tu ne veux plus être Zélote si j'ai bien compris, peu importe pourquoi, la seule est question est de savoir comment tu vas faire pour quitter la XIII. Alors, je te pose la question Agranos, comment comptes-tu briser les mailles du filet que la XIIIe a tissé autour de toi ? »

L'alarme dans la tête d'AGranos sonna une dernière fois, tant vainement d'accrocher la raison du jeune zélote. Pouvait il être vraiment sur que Thémis ne lui tendait pas u p, iège et qu'elle n'irait pas tout raconter à son père ou a Soren s'il lui révélait ses plans ? Il ne voulait pas l 'envisager mais il n'avait jamais fait confiance à personne, sa méfiance était maladive. Thémis était déja parvenu a brisder tant de ses barrières que s'en était inquiétant.

Thémis sembla comprendre la gène du zélote une fois de plus car elle tourna son regard vers la fenêtre et ajouta d'un ton détaché


« Je ne te juge pas, tu es un homme libre, nul ne devrait avoir le droit de t'enchainer sans ton accord, je suis simplement curieuse de voir comment tu vas procéder pour quitter les Zélotes car tu comptes bien les quitter pas vrai ? »

Cette dernière phrase éteignit définitivement la sirène d'alarme. Thémis lui avait dit trop de chose pour le trahir à présent. Elle était sincère et simplement curieuse de savoir comment le jeune zélote allait s'y prendre pour se défaire de ses chaînes AGranos avait sincèrement envie de se confier à elle, il voulait voir si son plan tenait la route et un regard extérieur pourrait sans doute l'aider. Mais quelque chose d'autre quel a méfiance l’arrêta, s'il révélait maintenant ses plans à Thémis il risquait de lui causer des problèmes en faisant d'elle la complice d'un déserteur. Agranos se surprit lui même, n'était il pas censé être un égoïste ? Pas avec Thémis, et s'en était inquiétant même vu le peu de temps qu'ils se connaissaient et vu le caractère d'Agranos Mais après tout en dire un peu plus ne changerais plus rien maintenant, et de toute façon si touts se passait comme il le prévoyait on le penserait mort et pas déserteur.

"Eh bien commença t'il, je vais faire comme ferais tout poisson intelligent pris dans les mailles d'un solide filet ferait. Je vais me faire passer pour mort et quand l'attention du pêcheur sera relâcher je glisserai hors du filet et repartirais vers la mer. Ne t'inquiète pas pour moi, mon plan est parfaitement rodé et se ne sera certainement pas Soren qui m'empêchera de fuir".


Il y avait eu de chance qu'elle comprenne tout les détails du plan d'AGranos dans cette métaphores mais elle en saisirait au moins les grandes lignes. Il se ferait passer mort lors de la bataille d'Erathia, reviendrait à la cité discrètement et fuirait par la mer avec un équipage qu'il avait réquisitionner, elle n'avait pas besoin d'en savoir plus. Il marqua une pause détaillant la fine silhouette de Thémis qui se détachait dans la lumière de la fenêtre. Il continua d'une voix extrêmement douce.

"Mais si j'étais réellement intelligent je ne t'aurais pas dit tout ça, n'est ce pas ? " Il parlait plus pour lui même et alors qu'il prenait pleinement conscience de ses paroles un déclic se fit en lui.
Il s'approcha de Thémis.

"Tu vois, je suis un égoïste, tu vas déja avoir des problèmes si tu décide de cacher Lyes et en plus je fais de toi la complice d'une désertion."

Il s'approcha encore jusqu'a se retrouver a quelques centimètres d'elle.

"Et c'est aussi parce que je suis un parfait égoïste que je vais faire sa."

Sa voix n'était plus qu'un murmure. Il saisit délicatement le menton de Thémis et l'embrassa tendrement.
La situation était irréelle. Agranos était en train d'embrasser la fille du princeps dans le bureau de son capitaine, et tout sa après lui avoir exposé ses plans d'évasion. Mais si c'était une illusion ou un rêve, Agranos espérait que cela dure le plus longtemps possible.
L'amour pouvait transformer un homme, Agranos venait seulement de se rendre compte à quel point cela pouvait être puissant.

Agranos n'avait pas vraiment réfléchi avant d'embrasser la jeune femme, et au fond de lui sans doute, il savait que c'était une erreur monumentale, mais quelle erreur merveilleuse.
Le contact des lèvres de la jeune femme était merveilleux, Agranos sentit une multitude de sensations qu'il croyait ne jamais connaître traverser son corps. Une intense vague de plaisir le traversa quand il sentit que Thémis , sans doute trop surprise pour pouvoir agir, ne le repoussait pas.
Ce qu'il vivait n'était pas réel, ne pouvait pas être réel, lui, le zélote solitaire et misanthrope ne pouvait pas s'être laissé aller à tomber amoureux, ce n'était qu'un rêve, et AGanos espérait de tout son cœur que ce rêve dure éternellement. Malheureusement pour lui on finissait toujours par se réveiller des plus beau songes.
Thémis se dégagea avec douceur.
Elle avait rougie sous le contact, et alors qu'elle s'écartait confuse, Agranos discerna une multitude d'émotions sur le visage de la jeune femme. De la surprise surtout mais aussi de la gène et, a moins qu'il ne le rêve, une légère pointe de plaisir. Malgré son air confus et son teint écarlate Agranos ne la trouva que plus belle.
[color=blue]
« Je ... je ... »[/color]bafouilla t'elle confuse.

Le baiser semblait l'avoir complétement déboussolé.
Le zélote ressentit alors une culpabilité qui ne lui était pas familière. Que venait il de faire ? Il n'avait pas le droit de mettre la jeune femme dans une telle situation. Elle avait sans doute déja un amant et il venait peut être de la rendre infidèle contre son gré. AGranos n'aurait même pas du éprouver le besoin d'embrasser Thémis. Il n'aurait jamais du rester dans la pièce et se confier ainsi jusqu'à dépasser toutes ses limites. Cela ne lui ressemblait pas, ce n'était pas lui, ou du moins ce n'était pas la partie de lui même dont il avait besoin en ce moment. Mais malgré la culpabilité qu'il ressentait, Agranos ne parvenait pas à regretter ce qu'il venait faire. Il avait si peu profiter de la vie jusque la qu'il aurait donner cher pour pouvoir embrasser Thémis à nouveau. Quelque chose d'autre le troublait encore un peu plus, Thémis aurait put le repousser violemment, le gifler même, elle en aurait eu le droit et il se serait laisser faire, mais elle n'avait rien fait de tout cela, elle avait laissé le baiser se dérouler et même maintenant alors qu'elle semblait totalement perdue elle ne semblait pas en vouloir à Agranos. Avait elle apprécié le baiser ?
Agranos se reprit,il ne devait plus laisser ses pensées s'aventurer sur ce chemin dangereux. Il ne savait plus bien ou il en était. Partagé entre la colère contre lui même, la culpabilité et le plaisir, il ne parvenait plus à réfléchir correctement.

"Dé..désolé, murmura il confus, je n'aurais jamais du..."

Thémis semblait tenter désespérément de reprendre ses esprits, elle finit par murmurer péniblement :

« So...ren ne va pas apprécier."

La remarque eu l'effet d'un seau d'eau glacé sur Agranos. Au ton qu'employait la jeune femme c'était plus un constat qu'une menace mais elle réveilla totalement Agranos de son rêve. Il se souvint d'un coup de l'endroit ou il était et de la raison initiale de sa présence. Il imagina alors la scène si le princeps venait à rentrer maintenant dans son bureau ou s'il était rentré pendant l'échange des deux jeunes gens. Soren n'était pas réputé pour sa tolérance et le fait qu'un de ses hommes embrasse la fille du consul lui déplairait sans doute suffisamment pour qu'Agranos et Thémis est de très sérieux ennuis, et ni l'un ni l'autre n'avait besoin de ça en ce moment. Mais pourquoi Thémis avait elle tout de suite penser au princeps ? le fait qu'ils soient dans son bureau lui avait sans doute rappeler mais le zélote devait bien avouer que, pour sa part, son capitaine lui était totalement sorti de la tête. Elle en avait parlé d'une telle façon qu'on aurait put croire que...non, Agranos chassa cette pensée désagréable de sa tête, jamais une fille aussi indépendante que Thémis ne serait tombé dans les bras d'une brute telle que Soren.
Le zélote s'obligea a respirer à se calmer, il y avait des choses plus urgentes pour le moment. Soren pouvait débarquer d'une seconde à l'autre. Le cydien tourna de Thémis délibérément pour éviter de l'avoir dans sa ligne de mire. Il respira profondément afin de se remettre les idées en place. Il se rendit alors compte qu'il avait toujours le rapport qui justifiait sa présence dans le bureau à la main. Il posa la liasse de papier sur le bureau d'un geste distrait, les paroles que Thémis lui avait dites juste avant qu'il ne l'embrasse lui revinrent alors en mémoire. La faille béante de son plan qu'elle avait mis en évidence et l'aide qu'elle lui avait proposé. Cette promesse d'aide si sincère qui avait fini d'embraser le coeur d'Agranos. Elle lui avait proposé son aide alors qu'elle le connaissait à peine, sans demander de contrepartie, simplement par bonté d'âme. Il se savait lui même incapable d'un tel comportement. Agranos dut faire un effort pour ne pas se retourner et aller embrasser Thémis de nouveau. Il devait se concentrer sur son plan, sa lui permettrait peut être d'oublier ce qui venait de se passer.
La proposition était tentante, d'une part elle permettrait à AGranos d'enlever l'aspect hasardeux de son plan, d'autre part elle permettrait au zélote de revoir Thémis pour peaufiner le plan, ce dont malgré sa propre morale, il avait très envie.
Mais en avait il le droit ? Avait il le droit de la rendre plus complice qu'elle ne l'était déja ? Ordinairement Agranos aurait sûrement profiter de l'occasion en se disant qu'après tout, Thémis était libre de ses choix. Son égoïsme habituel ne semblait cependant pas fonctionner dans le cas présent, car il aimait Thémis, même si sa le répugnait de l'admettre et même s'i laurait préféré qu'il en soit autrement il l'aimait, sinon il n'aurait jamais craqué au point de l'embrasser, Agranos n'était pas le genre d'homme à tomber amoureux pour un oui ou pour un non.
C'était pour cette raison qu'AGranos ne voulait pas refuser tout simplement son aide, il ne voulait pas lui dire en revoir.
Il décida d'opter pour un compromis, il lui donnerai le choix, mais il lui expliquerait bien les conséquences de l'aide qu'elle lui apporterait.
Lorsqu'il se retourna vers Thémis pour lui faire part de sa pensée il se rendit compte qu'elle était toujours troublé par le baiser, ce qui était normal après tout.
Il lui devait une explication.
"Je tiens à m'excuser, dit il, je n'aurais jamais dut t'embrasser, c'était puérile...mais très honnêtement je ne peux pas dire que je le regrette.Je ne peux pas te l'expliquer,mais tu es la première femme qui me met dans un tel état. Je suis désolé si tu a déja quelqu'un, mais je te jure que je l'avais pas prémédité .

Il voulait être totalement franc à présent

"Quand à l'aide que tu m'a proposé, continua il, j'avais plutôt prévu de donner un faux nom et de m 'enfuir avant que le poteau rose ne soit découvert, le temps qu'on s’aperçoive de quoique ce soit j'aurais déja été loin. Mais étant donné que c'est plutôt hasardeux je serais tenté d'accepter ton aide. Seulement je veux que tu réfléchisse sérieusement avant de te lancer. M'aider à me faire passer pour mort t'impliquera beaucoup plus que d'avoir simplement entendu mes confessions, alors je te le demande Thémis, es tu prête à devenir la complice d'une désertion pour un presque parfait inconnue ?"

Il ne put s'empêcher d'ajouter

"S'il t'arrivais des ennuis par ma faute je crois que je m'en voudrais éternellement. Si sa te gène après ce que j'ai fait, si tu refuse, je comprendrais et je ne te jugerais pas, ce sera déja bien assez dur pour toi de garder mon secret sans que tu est en plus besoin de prendre des risque pour moi. Tu dois être totalement sûre de toi."

Il espérait tout de même au fond de lui qu'elle veuille l'aider envers et contre tout. Il était encore enivrer par l'odeur de Thémis et par la sensation de ses lèvres sur les siennes. Il était comme un adan qui aurait dut renoncer au fruit défendu après y avoir gouté une fois. Il contint ses envies, Thémis n'avait pas besoin de sa, il ne la méritait pas et il n'était même pas sur de mériter son aide.

Thémis était quelque peu perdue à la lisière de sa propre pensée et de ses propres émotions. Quelque chose lui soufflait qu'elle n'aurait pas du réagir aussi bien au baiser impromptu de ce jeune homme tandis qu'une autre partie d'elle même se maudissait de l'avoir laissé faire ou encore, qu'une infime partie d'elle avait éprouvé du plaisir. Pour finir, la jeune femme craignait plus que tout la réaction de son cher amant lorsqu'il apprendrait que l'un de ses soldats avait osé l'embrasser sans qu'elle n'ai eut l'occasion ou la force de le repousser. De tous ses sentiments, le poids de la culpabilité était sans doutes le plus difficile à porter pour les frêles épaules de la jeune femme et bien qu'elle tenta de faire croire le contraire à son interlocuteur, elle était totalement déboussolée. C'était à ne rien comprendre ne pouvait s'empêcher de penser la jeune femme. Nombre de femmes auraient réagi des plus violemment, n'hésitant pas à se dégager avec froideur ou encore, à gifler l'imprudent qui avait osé les toucher contre leur gré et pourtant, elle s'était laissée faire. Pire que tout, le teint rougeâtre sur ses joues pouvaient indiquer tellement de choses à Agranos qu'elle aurait du en avoir honte ! N'était-elle pas en train de lui donner de faux espoirs ? Honteuse et dans un bien piteux état émotionnel, Thémis était bien incapable d'ajouter quoi que ce soit. Elle aurait certainement aimé se défendre, faire en sorte que l'histoire revienne en arrière, juste le temps de mettre une claque au Zélote pour le remettre à sa place mais au fond d'elle, la jeune Clari se sentait incapable de lui en vouloir.
Le jeune homme bafouilla quelque chose que Thémis ne comprit pas tout de suite. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu'il venait de s'excuser et cela ne l'étonna que plus encore. D'ordinaire, nombre d'hommes n'auraient pas hésité à se saisir d'elle alors qu'elle était ainsi troublée. De son expérience des hommes, Thémis n'avait pas pu retenir grand chose d'autres que la violence, la peur mêlée à l'impuissance de se savoir soumise à leur force et donc, à leur volonté. Liam, son cousin, avait toujours tout obtenu d'elle sous la menace et il n'avait pas hésité à la frapper pour lui montrer sa colère. Même si elle avait su se défendre verbalement contre lui, Thémis se savait fragile en présence de la gente masculine. Incapable de comprendre son père, elle s'était éloignée des hommes dès son enfance, préférant les faire tourner en bourrique bien souvent, ce que peu d'entre eux appréciaient. Ce n'était pas si étonnant de voir leur réactions à son égard. Seul son vieil ami s'était montré gentil envers elle, l'écoutant pleurer sur son sort lorsque l'un de ces Zélotes toujours plus nombreux l'avait insultée, ou encore, lorsque l'un d'entre eux avait cru bon de la courtiser. Thémis détestait cela, ne sachant comment réagir, elle, la jeune femme indépendante mais si peu sure d'elle.

« Ce n'est pas grave ! » parvint-elle à bafouiller à son tour.

Que cherchait-elle à faire ? Se convaincre que tout ceci n'était que le résultat de son manque d'expérience envers les hommes, de son manque de confiance envers ses derniers ou alors, tentait-elle de se convaincre qu'elle était une bonne personne à qui il arrivait de mauvaises choses ? Les jeunes filles ne devraient-elles pas bien s'habiller au lieu d'aguicher les jeunes hommes avec leur vêtements ? Combien de fois son père l'avait-il mis en garde, sans parler de son cousin … Thémis écarta cette pensée de sa tête, cherchant visiblement à faire le vide. Elle voulait oublier, en vouloir au Zélote ne changerait pas grand chose si ce n'était de lui rappeler encore et toujours ce souvenir qu'elle ne pouvait se résoudre à qualifier de mauvais.

Thémis ne parvint pas à retrouver l'usage de la parole. Malgré elle, la jeune femme s'imaginait Soren qu'elle venait, contre son gré certes, mais elle n'avait pas non plus fait quoi que ce soit contre, de tromper. Un baiser le rendrait-il furieux ? Suffisamment pour en vouloir à la vie d'Agranos songea Thémis aussi, mieux valait le garder sous silence mais en serait-elle seulement capable ? Trahir l'homme qu'elle aimait avait souvent fait partie de ses passes-temps mais sans doutes parce qu'avant de connaître Soren, la jeune femme n'avait jamais aimé qui que ce soit. De ses quelques amants, elle n'avait rien retenu si ce n'était le plaisir d'être traitée en princesse alors qu'elle était loin d'en être une ou encore, le plaisir de se voir offrir des présents, espérant en retour les faveurs d'un père qu'elle ne comptait pas leur obtenir. Lorsque le jeu l'agaçait, elle se jouait d'eux et l'histoire reprenait son cours, personne n'osant avouer sa liaison avec la jeune femme et personne n'osant se plaindre de peur de s'attirer des ennuis. Seulement le Princeps était différent, il l'avait terrorisée, la terrorisait encore parfois mais il était évident qu'elle l'aimait à en mourir. Thémis avait fait des sacrifices pour lui et si son instinct ne la trompait pas, elle était enceinte. La plus belle chose qu'il puisse lui arriver en somme ! Tandis que son interlocuteur tentait de reprendre son calme, la jeune Clari prit une longue expiration, tentant de chasser les sombres pensées et les doutes qui l'envahissaient. Elle aimait Soren, elle attendait surement son enfant et quand bien même ce ne serait pas le cas, elle ne souhaitait pas être séparée de lui, pour quelque chose que ce soit. Agranos ne faisait pas exception dans son bonheur aussi, elle devait clarifier la situation, autant pour elle que pour lui.

« Tu n'as rien à craindre, je ne préviendrai pas Soren ni mon père mais en revanche, mieux vaudrait ne pas renouveler l'expérience ... »

Là encore, il n'y avait aucune menace dans le ton employé par la jeune femme. Il ne fallait pas être bien intelligent pour savoir qu'on ne pouvait pas embrasser la fille de son Consul sans en assumer les conséquences. Jamais Anatoli ne laisserait la main de sa fille à une personne qu'il ne jugerait pas digne d'elle et nul doutes que seul un noble de bonne famille ferait l'affaire aux yeux de son père. Entre temps, Agranos avait décidé de lui tourner le dos, ce qui n'offusqua en rien la jeune femme, au contraire, cela lui avait permis de faire le point à son tour. Cet incident, qu'elle n'aimait pas qualifier ainsi mais faute de mieux, elle se devait de le nommer de cette façon, ne devait pas détruire la vie qu'ils s'étaient créés. Thémis appartenait à Soren et Agranos embrassait une liberté promise dans laquelle elle ne souhaitait pas avoir sa place.
La jeune femme attendit qu'il soit prêt à parler même si le silence qui s'était installé entre eux se faisait trop pesant à son goût. Elle fut une fois encore étonnée de le voir renouveler ses excuses lui qui se prétendait si égoïste. La jeune Clari s'abstint de commentaires, à vrai dire, elle ne pouvait pas non plus dire qu'elle regrettait ce baiser, bien plus doux que ceux de son amant. Elle osa simplement formuler d'un ton calme, un sourire léger flottant avec une certaine hésitation sur ses lèvres :

« Je ne t'en veux pas, cesse donc de t'excuser. C'est sans doutes de ma faute, désolée. »

Thémis préféra ne pas avouer qu'en effet, elle avait quelqu'un dans sa vie, d'une part pour ne pas accabler le jeune Zélote et d'autre part, pour qu'il évite de la questionner car, elle s'en doutait, si le jeune homme la questionnait à ce sujet, elle lui dirait qui était son amant or cela pouvait s'avérer très dangereux, autant pour elle que pour lui. Si quelqu'un apprenait que le Princeps avait une relation avec la fille du Consul, ils seraient dans une situation des plus délicates … Bien qu'elle paraisse calme, Thémis ne put s'empêcher de poser sa main sur son ventre, comme par réflexe ce qui était le cas ces derniers temps. Elle avait vu tant de femmes enceintes adopter ce même geste qu'elle le regretta à l'instant même et laissa choir sa main le long de son corps. Pour se changer les idées, elle se força à écouter Agranos qui lui offrait le choix. Il était vrai qu'elle avait proposé son aide sans vraiment réfléchir aux conséquences mais après tout, le Zélote était un danger pour les siens avec sa soif de liberté et Thémis ne pouvait concevoir de laisser quelqu'un enchainé sans y prêter attention.

« Tu n'es pas un inconnu pour moi, pas autant que tu ne le crois. C'est sans doutes stupide, mais j'ai passé ces dernières années à espérer que quelqu'un vienne me libérer de mon passé, de mes origines qui étaient de bien trop lourdes chaines autour de ma gorge et de mes poignets, maintenant que c'est fait, que je suis libre, je ne peux que comprendre ton envie farouche de recouvrer cette précieuse chose qu'on nomme la liberté. »

Thémis parlait avec conviction, avec tout l'amour qu'elle pouvait avoir envers Soren qui avait réussi un tant soit peu à faire en sorte qu'elle parvienne à s'accepter un peu plus.

« Je ne suis pas un exemple à suivre, question désertion je veux dire. J'ai quitté les Zélotes par entêtement, moi qui devait appartenir à la plus prestigieuses des légions. J'ai également quitté l'école élémentaire par fierté, et j'ai bafoué sans cesse les règles et les personnalités de ce monde pour mon propre plaisir. »

Thémis marqua une pause, à présent perdue dans ses propres pensées qu'elle lui révélait telles qu'elles, sans vraiment réfléchir aux conséquences. Le fil de sa propre pensée menait à une réponse simple, qu'elle avait déjà formulé.

« Un oiseau en cage ne cherche qu'à s'échapper, je ne t'aide pas seulement parce que je suis convaincue que nul ne devrait vivre enchainé, mais je t'aide aussi pour cette cité et cette armée. Si tu ne t'enfuis pas, tu seras malheureux n'est-ce-pas ? Un soldat malheureux peut-il seulement protéger les siens ? Sa cité ? Je ne pense pas. Si tu n'as pas d'attache à Cydonia, tu seras un danger plus qu'autre chose pour les autres comme pour toi. »

Thémis avait hésité à aller jusqu'au bout de sa pensée mais maintenant que c'était fait, elle ne le regrettait pas.

« Je t'apprécie, outre le fait que tu m'ait embrassé sans mon autorisation » le taquina-t-elle avec sincérité, « Je t'aiderai, à condition que tu me dises que tu as tout prévu et que tu ne partiras pas vers l'inconnu. »

Comme toujours, l'inquiétude de la jeune Clari était réelle et sincère. Comme toujours, elle ne put s'empêcher d'ajouter :

« Pour quelqu'un d'égoïste, je te trouve très prévenant, tu vois, je te l'avais bien dit ! » le taquina-t-elle à nouveau.

Son comportement était plutôt bon signe, si elle le taquinait, c'était qu'elle l'appréciait certes, comme la plupart des gens qu'elle croisait et qui ne lui voulaient pas de mal ostenciblement, mais également qu'elle était passée à autre chose, du moins pour l'instant. Le jeune homme avait sans doutes eu raison d'agir de la sorte en changeant de sujet. Devant Soren, les choses seraient peut-être différentes certes mais pour l'heure, tout semblait aller bien. Elle réfléchit alors à tout cela et ajouta avec calme, sans reproche :

« As-tu confiance en moi ? »

[ Décidément, j'ai du mal à trouver mes mots, j'espère que cela te plaira ! ]

Agranos tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits et de garder le contrôle de ses pensées. Il le devait, Thémis le lui avait fait très clairement comprendre. Il n'y aurait plus jamais aucun échange amoureux entre eux et ce baiser resterait unique, c'était sans mieux comme sa, sans doute...elle ne lui en voulait pas,c 'était déja ça, elle aurait put pourtant. Le zélote avait plus ou moins compris que Thémis avait déja un autre amant, et elle devait y être très attaché pour qu'elle paraisse aussi coupable. Elle n'avait pas employé la menace mais elle avait fait comprendre au zélote qu'on embrassait pas impudemment la fille du premier consul.
Agranos ne s'était fait aucun espoir concernant Thémis, il avait agi de manière spontanée, sans aucun calcul, et pourtant il était déçu,atrocement déçu même, beaucoup trop déçu.
Il se maudit pour sa propre faiblesse, il s'était pourtant promis de ne jamais s'attacher à quoi que ce soit à Cydonia, il avait visiblement échoué. Et.Thémis avait beau dire ce qu'elle voulait il savait qu'il était entièrement responsable de ce qui s'était produit. De quoi aurait elle été coupable ? d'être désirable ? de se montrer aimable? A qui essayait elle de faire croire ça. Au moins elle ne dirait rien à son père , encore heureux pour Agranos. Mais pourquoi avait elle de nouveau mentionner Soren ? c'était vrai qu'il n'apprécierait sûrement pas s'il venait à découvrir qu'un des ses hommes avait embrassé une fille noble dans son bureau. Mais il n'en voudrait probablement pas à Agranos au point de le tuer. Cependant Thémis parlait du princeps avec d'un ton qui laissait suggérer des hypothèses désagréables au zélote. Il préféra les repousser pour le moment, imaginer Soren et Thémis ensemble étaient aussi désagréable qu'absurde. Thémis porta une nouvelle fois la main à son ventre, le geste interpella le cydien sans qu'il en connaisse la raison, puis soudain un déclic se fit dans la tête du zélote. C'était lre geste des femmes enceinte, il regarda Thémis. Était il possible que ...
La jeune femme t interrompit les douloureuses pensées d'Agranos. Elle avait repris contenance et semblait vouloir oublier le baiser.

« Tu n'es pas un inconnu pour moi, pas autant que tu ne le crois. C'est sans doutes stupide, mais j'ai passé ces dernières années à espérer que quelqu'un vienne me libérer de mon passé, de mes origines qui étaient de bien trop lourdes chaines autour de ma gorge et de mes poignets, maintenant que c'est fait, que je suis libre, je ne peux que comprendre ton envie farouche de recouvrer cette précieuse chose qu'on nomme la liberté. »

Les mots frappèrent Agranos, lui aussi depuis qu'il avait rencontré Thémis il avait cette impression de la connaitre, ils se ressemblaient, bien plus que les apparences ne le laissaient supposer. La seule différence comme l'avait très justement fait remarquer la jeune femme, c'était qu'elle avait retrouvé sa liberté. Comment, cela le zélote l'ignorait, mais il comprenait à présent pourquoi elle souhaitait l'aider, elle le comprenait et elle compatissait, c'était aussi simple. Mais Agranos savait pertinemment que lui même n'aurait jamais fait une telle démarche, pour ça aussi il était différend de Thémis.

"Je ne suis pas un exemple à suivre, question désertion je veux dire. J'ai quitté les Zélotes par entêtement, moi qui devait appartenir à la plus prestigieuses des légions. J'ai également quitté l'école élémentaire par fierté, et j'ai bafoué sans cesse les règles et les personnalités de ce monde pour mon propre plaisir. "

L'image de Thémis telle qu'elle était à l'école des élémentaires revint alors à Agranos, il l'avait toujours vu comme une jeune fille capricieuse et puérile avant cette discussion. Mais elle avait changé depuis cette époque, AGranos l'avait sut dés le premier pas qu'il l'avait aperçu dans cette pièce. Et la nouvelle jeune femme qu'il avait devant lui avait réussi à le séduire, au point qu'il en perde son bon sens.

« Un oiseau en cage ne cherche qu'à s'échapper, je ne t'aide pas seulement parce que je suis convaincue que nul ne devrait vivre enchainé, mais je t'aide aussi pour cette cité et cette armée. Si tu ne t'enfuis pas, tu seras malheureux n'est-ce-pas ? Un soldat malheureux peut-il seulement protéger les siens ? Sa cité ? Je ne pense pas. Si tu n'as pas d'attache à Cydonia, tu seras un danger plus qu'autre chose pour les autres comme pour toi. »

C'était donc ça,les raisons qui la poussait à l'aider. Thémis était donc réellement attaché à Cydonia, elle était aussi patriote que Soren ou son père, mais à sa manière. C'était la première fois qu'AGanos rencontrait une femme aussi attaché à sa patrie et pourtant aussi raisonnable. Les hommes comme Soren ou le premier consul devenaient fanatiques dès qu'on touchait à leur cité, mais Thémis semblait garder un minimum de bon sens. Et puis elle avait raison. Agranos n'avait jamais défendu Cydonia avec conviction, et s'il restait enfermé quelque mois de plus il tenterait sûrement une folie pour s'échapper de sa prison.

« Je t'apprécie, outre le fait que tu m'ait embrassé sans mon autorisation »

« Je t'aiderai, à condition que tu me dises que tu as tout prévu et que tu ne partiras pas vers l'inconnu. »

Une inquiétude sincère, une inquiétude d'amie. Malheureusement pour elle ,Agranos était forcé d'admettre que ce qu'il ferait après son départ restait très floue, il voulait trouver Muria et sa mère, c'était tout ce qu'il savait. Mais il s'enfuirait de Cydonia, il rassurerait Thémis, quitte à lui servir un petit mensonge. Sinon le message était très claire, Agranos venait de se faire une amie, juste une amie. Il savait pourtant que ce qu'il ressentait pour Thémis était plus fort que de l'amitié. Mais il s'en contenterait,c'était sans doute mieux pour lui de toute façon. Il avait déja trop transgressé so nvieux dicton et une amie serait plus facile à quitter qu'une amant.

« Pour quelqu'un d'égoïste, je te trouve très prévenant, tu vois, je te l'avais bien dit ! »

Elle ne comprendrait sans doute jamais qu'AGranos n'était prévenant qu'avec elle, Thémis avait réussi à révéler le côté le plus faible d'Agranos, le meilleur aussi. Le zléote ne savait pas si c'était réellement une bonne chose.

“As-tu confiance en moi ? “

La question surprit le zélote, d'une part parce que la confiance était pour lui une notion très vague, et d'autre part parce que la réponse, aussi étrange que ce soit lui paraissait évidente.

“Je t'ai révélé mes projets , mes rêves et mes espoirs en prenant énormément de risque. Tu tiens mon destin entre tes mains, si tu décidede parler à ton père de ce que je compte faire ou de ce qu'on a fait dans ce bureau, je n'y pourrais rien et je serais sûrement exécuté[la peine de mort est elle toujours en vigueur à Cydonia ?]. Alors oui, on peut dire que te fais confiance, je n'ai pas le choix de toute façon.”

Il ne reprochait rien à Thémis, il lui disait juste son ressenti.
Il marqua une pause avant d'ajouter malgré lui.

“ J'avoue qu'auparavant je t'avait toujours prise pour une fille puérile et capricieuse, mais tu a remarquablement changé. Et la jeune femme que tu es devenu est tellement merveilleuse qu'elle a réussi à me faire perdre mon bon sens, et à conquérir ma confiance, ce qui n'est pas un mince exploit.”

Agranos se rendit compte qu'il s'aventurait de nouveau vers un terrain dangereux. Il préféra changer de sujet

“En tous cas je te remercie sincèrement de ton aide, je ne suis pas sur que Soren ou ton père partagerais ta vision du patriotisme mais je la trouve bonne. Je pense que je ne tiendrais pas dans cette ville quelques mois de plus.”

“Quand à ce que j'ai prévu après....”

Agranos hésita à lui révéler qu'il n'avait rien prévu à part trouver Muria et retrouver sa mère. Il renonça, rien ne servait de l'inquiéter d'avantage.

“Ne t'en fais pas pour moi, je m'en sortirait.” Ce n'était pas réellement un mensonge, Agranos savait se débrouiller
Soudain Agranos se rendit compte de l'heure tardive et du temps qu'il avait passer dans ce bureau. Soren pouvait débarquer d'un instant à l'autre.

"Ce n'est cependant ni le lieu ni le moment de parler de ça, si tu accepte toujours de m'aider nous ferions mieux d'en parler dans un lieu plus calme. Je te laisse décider.”

Il ajouta à regret

“Je vais devoir partir, mon absence va finir par être remarquer, mais avant de partir j'aimerais te poser une question qui me travaille depuis un moment, connais tu Soren autre que comme princeps ?”

Il se rendit compte de l'impertinence de sa question juste après l'avoir poser

“Sa ne me regarde pas, mais..tu l'a évoqué de manière tellement étrange que... je me suis demandé si...”

Il s'embrouillait, sa difficulté à s'exprimer semblait revenir au galop avec la gène occasionner par la question. Mais qu'est ce qu'il venait de faire ! Au fond de lui il souhaitait sûrement que Thémis ne devienne pas son ami, il ne pouvait pas y avoir d'autre raison à sa stupidité, ce n'était pas possible autrement. Mais au fond il savait très bien qu'il n'avait qu'une envie, c'était que Thémis et li reste amis, et même plus si c'était possible. C'était sans doute pour sa qu'il avait posé cette question. Il découvrait la jalousie.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[ Désengagé : Agranos ]