Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [154][DE] Le sang pour le sang (pv Jacen) (fini)

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Reine Amazone
Eléa
Eléa
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[154][DE] Le sang pour le sang (pv Jacen) (fini)
   [154][DE] Le sang pour le sang (pv Jacen) (fini) EmptyJeu 4 Aoû - 14:02

Le temps où la famille royale était intouchable avait visiblement changé. A peine avais-je eut vent de l'histoire que je m'étais ruée dans la pièce. Une Sentinelle était venue me chercher alors que je faisais voir à Aedan et Lùmen le jardin que je tentais d'entretenir depuis peu. La peur qui émanait d'elle m'avait poussé à demander à une nourrice de prendre les filles avant que cette dernière ne parle. Les deux fillettes écartées, je posais sur elle un regard que je voulais calme bien que j'angoisse totalement par empathie. Visiblement, elle ne savait pas comment aborder le sujet et ce ne fut que lorsqu'elle brisa enfin le silence que je compris pourquoi.

« Ton frère, Lùkhas, vient d'être … il a été … empoisonné. »

Le couperet était tombé et la sentence me fit l'effet d'une épée plantée en plein estomac. Je regardais la jeune femme, incrédule, ne pouvant que constater qu'elle disait la vérité. L'entrainement de Jiven explosa comme s'il n'avait jamais été qu'un songe et ma colère subjugua surement tous les Sensibles à portée d'Esprit. Je beuglais un ordre à l'une des Sentinelles pour qu'elle veille sur mes filles et je filais en direction de la chambre de mon petit frère.
Plus aucune pensée ne m'habitait en dehors de ce que je venais d'apprendre.
Quel bâtard avait osé toucher à un cheveu de sa tête ?
Quel fou avait pu causer ça ?
La plus infâme de toute était surement de savoir si mon petit frère était encore en vie.


La porte vola et claqua violemment sur le mur opposé. Autour du lit de mon petit frère s'étaient massés médecins et famille. Jacen et Philéa était chacun d'un côté du lit tandis que Jelenna s'était occupée des jumelles. Ce fut violemment que je leur ordonnais de quitter la pièce. Aucune d'entre elles refusa l'ordre et toutes s'empressèrent de filer sans demander leur reste, ne souhaitant visiblement pas en découdre avec ma colère. Je tentais de me contrôler, de ne pas exploser tout ce qui était à la portée de mes mains pour comprendre ce qui s'était passé. Lorsque la porte ce fut refermée, je reprenais en partie le contrôle de mon Esprit et le fermais de façon à ne plus tirailler les autres, lorsque ce fut fait, je demandais d'une voix saccadée :

« Que s'est-il passé ? »

Philéa ne semblait pas en mesure de me répondre, je ne l'avais jamais vu si inquiète et fragile et mieux valait pour Jacen qu'il se taise car je n'étais pas suffisamment calme pour me maitriser s'il me provoquait. Ce fut Jelenna qui prit la parole, calmement bien que je sente que chaque mot lui pesait et qu'elle était sur le point de pleurer.

« Il a été empoisonné, les médecins ont évacués le poison mais ils disent qu'il aura des séquelles. »


« Séquelles ? » demandais-je abruptement malgré mes efforts.

« On ignore encore lesquelles. » lâcha la gamine avant de fondre en larmes.

Je ne parvenais pas à partager sa peine, seule la colère dominait mon esprit et de ce fait, j'étais incapable de la consoler. La petite princesse bis prit les deux filles par les mains et sortit de la chambre, la tension qui y régnait n'était que difficilement supportables pour mes jeunes sœurs comme pour Jel'. Tandis qu'une nouvelle fois la porte se refermait, je m'avançais près du lit et posais ma main sur le front encore brulant de Lùkhas. Il grimaça dans son sommeil et je compris qu'il souffrait encore bien qu'il ai évacué le poison.


« Sa vie n'est pas en danger » souffla Jacen.

Ca je le voyais, je le sentais. Ce n'était pas ça le problème.
Ce n'était pas ça le pire.
Je m'en foutais.
Je m'en foutais …
JE M'EN FOUTAIS !
Je voulais le fils de pu** qui avait fait cela. Je voulais sa tête en haut d'une pique. Je voulais son corps bouffé par les vautours. Je voulais sa tronche me suppliant de l'épargner.


« Qui ? » arrivais-je à articuler en repoussant ma colère.

« Qui ? » répétais-je avec plus d'ardeur lorsque personne ne me répondit.

Ma mère murmura quelque d'inaudible avant de reprendre, comme encore abasourdie de ce qui venait de se passer. Un Soumis.
UN SOUMIS ?
Un espèce de sale chien avait osé toucher à mon petit frère ?
Non, ce n'était pas logique.
Je devais refouler ma colère.
Ce n'était pas logique Lùkhas ne pouvait pas être la cible, pour les Soumis, il était un espoir bien que ce soit complètement idiot. Pour eux, il était le symbole de leur éventuelle liberté. Pourquoi s'en prendre à lui ? Pourq... non. Ce n'était pas Lulu qu'on visait, c'était Philéa. C'était nous. La famille royale, le pouvoir en place.


« Fils de chien » murmurais-je entre mes dents serrées.

« Son nom » demandais-je à nouveau abruptement sans me préoccuper de l'irrespect évident dans mon ton comme dans mes paroles.

J'allais lui faire comprendre qu'on ne nous touchait pas.
Je maitrisais ma colère. Les enseignements de Jiven et ces dernières années au Temple, même par intermittence, me permettait de laisser un visage de façade dénué d'émotions et un Esprit fermé à quiconque tenterait d'y pénétrer. Seules mes paroles indiquaient ma colère contenue.


Dernière édition par Eléa le Jeu 8 Sep - 3:34, édité 1 fois
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Esprit monde astral
Jacen
Jacen
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Jacen déposa Elana sur le sol, maintenant son torse le temps que ses petites jambes s'attachent au sol. La petite était peignée avec soin malgré son jeune âge, mais Jacen lui retira son fin diadème de ses cheveux bruns. Il l'embrassa sur la joue avant de lui dire d'aller jouer avec sa soeur en la guidant par le bras. La bijou échoua sur la petite table en verre, répandant en écho le bruit si reconnaissable du léger choc. Même cela ne fit pas réagir sa femme.
Le Templier se leva de sa chaise, évacuant un peu la douleur d'avoir porté sa petite dernière sur les genoux de longues minutes. Il passa sa main dans les cheveux de Jelenna, cherchant à la réconforter d'un sourire alors qu'elle jouait des mains avec ses petites soeurs. Il sentait bien, cependant, que rien de physique ne pouvait lui suffire. Déplaçant sa main sur son épaule, il établit rapidement le contact d'Esprit avec la petite fille, un lien qui était à présent si facile et si tenace qu'il la ressentait même à Hoshizora. Peu de personnes avaient ce privilège, maintenant que des centaines de lieues pouvaient séparer les hommes: Jiven, toujours, Asora et Jelenna.
Il était en Orient, lorsque cela arriva. D'un appel en détresse de sa fille, il avait usé de ses talents d'impressionniste acquis chez les Jinmens pour se déplacer jusqu'à Muria en un temps record -quelques heures de peintures. Mais il n'était pas là, physiquement, au moment de l'attentat. Une absence qui, peut-être, lui serait reprochée. Mais plus tard.

Il raccrocha ses sentiments à Jelenna, se confiant à elle pour la rassurer: oui, il avait eu peur, mais cela ne mènerait à rien à présent. Ce qui était fait est fait et les larmes n'en changeraient rien. Lùkhas allait suivre son propre chemin, comme chacun dans cette pièce. Et la vie continuerait, parce qu'elle n'allait pas les attendre. Et que son fils n'était pas mort, grâce aux dieux.
Jacen lui-même avait voulu poser ses mains sur son enfant, mais reconstituer une moelle épinière était au-delà de ses limites et de ses compétences. Son fils dormait maintenant, après avoir avalé une épaisse mixture au lait de pavot avant même l'arrivée de Jacen. Elana et Danae comprenait-elle ce qui s'était passé? Pensait-elle simplement que leur frère était malade?
Philéa ne bougeait toujours pas. L'air anxieux lui creusait des rides autour des yeux, comme elle devait lui en creuser sur son propre front. N'avaient-ils pas trop vécu dans l'inquiétude et la peur toute leur vie pour qu'un cercle infernal reprenne maintenant?

A ce tableau difficile ne manquait qu'une personne, et bien sûr elle arriva de la manière dont on l'attendait. Jacen prenait toujours avec philosophie les problèmes relationnels qu'il avait avec son aînée: éloignement, mensonges, vision des hommes étaient les freins. Mais aujourd'hui, il n'avait pas envie de laisser la colère s'installer dans cette pièce, gangrener et pourrir le repose de son fils, alors qu'il s'acharnait par l'Esprit à apaiser et rassurer tout le monde.
Jelenna, décidément bien plus adulte et sage que la plupart des personnes de ce monde, emmena d'instinct ses petites soeurs à l'extérieur lorsqu'Eléa bouillonna. Et contrairement à sa petite blonde bouclée, Eléa ne se laisserait pas apaiser par quelques mots et une vague de sentiments: s'il y avait bien un domaine dont lequel elle était passée maitre, c'était de verrouiller son esprit.


"Je n'espère pas de toi du calme, Eléa, dans une chambre qui doit inspirer le repos. Je te demanderai donc de quitter la pièce et de laisser ta mère régler cette affaire avec la justice qu'il convient."
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Reine Amazone
Eléa
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Dans ma tête tournaient des émotions sans nom.
Mon corps tout entier réclamait vengeance. Tant pour mon petit frère allongé sur son lit que pour ma mère dont le regard inquiet et fuyant indiquait clairement qu'elle était brisée. La colère n'était pas un mot suffisant pour décrire ce qui animait chacun de mes mouvements. Ce sale chien allait payer pour avoir osé toucher à ma famille. J'en faisais le serment. Je n'attendais qu'une chose.
Un nom.
Le nom de ce bâtard qui bientôt retournerait à la terre.


« Maman, son nom. » répétais-je en espérant cette fois obtenir une réponse.

Philéa était totalement perdue dans ses pensées, incapable de me répondre comme d'esquisser un mouvement, toute son attention portée sur le petit corps dont la poitrine se soulevait par intermittence, signe d'une respiration normale même si elle était parfois entrecoupée de râles. Ma mère aimait le pouvoir, le trône, la vie qu'elle menait ici mais plus que tout, elle nous aimait. A sa façon. Elle nous protégeait. Et le fait qu'on ai pu porter atteinte à son fils unique montrait à quel point il existait une faille béante dans la protection qu'elle s'efforçait d'ériger autour de nous. Comment un Soumis avait-il pu briser autant de choses ? Comment avait-il pu ne serait-ce que penser à un tel plan ?

J'avais besoin de son nom.
Je savais que les Sentinelles ne parleraient pas. Je savais que Kiera le leur interdirait, connaissant mon caractère comme ma colère mais je savais aussi que je pouvais tout obtenir par l'Esprit. Que je pouvais tout avoir pour trouver le bâtard qui avait cru pouvoir toucher au mien sans représailles. Ma mère se mura dans le silence et ignora mes répliques comme mon regard insistant, je savais qu'elle n'était là que physiquement … je savais que si ma colère avait un pendant, c'était bien la détresse dans laquelle venait de sombrer Philéa. La grande reine amazone avait ses propres faiblesses, si les miennes étaient infantiles et totalement démesurées, celles de la puissante souveraine qu'elle était étaient toutes autres.
Ce fut mon père qui prit la parole.
Alors quoi ? Il venait tout juste de se rappeler qu'il avait une famille et il me faisait la leçon ?
Cela ne lui suffisait donc pas de nous abandonner encore une fois pour vivre son petit délire de pré-adolescent chez le nouveau peuple du coin découvert ?


« Laisser ma mère régler cette affaire ? » articulais-je avec peine.

La blague.
Elle était à peine capable de se rendre compte de notre présence dans la pièce alors comment allait-elle gérer cela ? Son fils, mon petit frère, était sans doutes celui qu'elle chérissait le plus inconsciemment pour l'unique raison qu'il était le seul garçon à qui elle avait donné la vie et pour l'unique raison que son existence même était un drôle de cadeau des dieux. Lùkhas était un signe aux yeux de la famille et pour Philéa, il était surtout le plus jeune des trois, le plus fragile.


« N'espère pas jouer le père que tu n'as jamais été pour moi aujourd'hui. Si tu n'étais pas parti, cela ne serait jamais arrivé. Tu m'as dit un jour que je devais apprendre à prendre mes responsabilités, il serait peut-être temps de prendre les tiennes. »


Les mots sortaient sous l'effet de la colère comme sous l'effet de la tristesse. De tous, j'étais celle qui avait le moins d'affinité avec Jacen, et pourtant, ce n'était pas faute d'essayer. Il y avait tant à réparer entre nous alors pourquoi était-il parti ? Pourquoi avait-il encore une fois choisi le reste du monde à moi ? Je ne voulais pas d'un père avant qu'il ne débarque dans ma vie, je le détestais pour les vérités qu'il avait fait exploser au grand jour et je le haïssais pour m'avoir fait miroiter une vie de famille. Pourquoi avait-il encore fui ?
Laissant ma tristesse de côté, laissant tout derrière moi, j'en revenais à Lùkhas qui venait de murmure faiblement mais distinctement « maman ». Il était en vie.
Pourquoi combien de temps ?
En quel état ?
Il devait être vengé, ils devaient comprendre qu'on ne pouvait pas toucher à notre famille sans qu'il n'y ai de représailles. Ils devaient savoir.
Nul tribunal. Nulle justice.
L'Esprit était un don précieux, Jiven comme Jacen le croyaient fermement et Jelenna également mais il y avait une chose dont ils ne se doutaient pas outre le fait que je ne partage pas leur croyance débile. L'Esprit était une arme et à la guerre, tous les coups étaient permis. Faisant tomber toutes mes barrières en prenant néanmoins garde de ne pas laisser ma colère envahir la pièce, je m'insinuais dans l'Esprit de mon père pour y trouver les réponses.

Un nom.
Un seul.
Lorsque je l'eus obtenu, je fermais hermétiquement mon Esprit avant de faire volte-face pour me diriger vers la sortie d'un pas décidé.


« Dans cette cité, la justice, c'est moi père. »

Il devait mourir.
Il devait payer.
Le sang pour le sang.

[ Suite au prochain épisode ]
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   [154][DE] Le sang pour le sang (pv Jacen) (fini) EmptyJeu 8 Sep - 10:50

Son nom tournait dans ma tête tel un refrain incessant. Rien que de penser à ce que ce Soumis avait fait à mon plus jeune frère, des envies de meurtres envahissaient ma tête et surement l'environnement autour de moi, bien incapable que j'étais que de me concentrer sur la manipulation de l'Esprit ! J'observais le monde autour de moi sans pour autant être capable de percevoir les visages connus ou inconnus, pour dire vrai, je n'avais même pas vu le visage inquiet pour ne pas dire terrorisé de Jelenna lorsque sa voix parvint enfin à percer le nuage de haine qui trônait dans ma tête.

“Eléa !” hurla-t-elle à moitié pour attirer mon attention.

Je me tournais dans sa direction, incapable de cesser pour autant de marcher vers mon destin, aveuglée que j'étais par la colère.


“Qu'est ce que tu vas faire ?” me demanda-t-elle d'un ton angoissé.

Je ne me souvenais pas exactement de ma réponse, sur le coup, les mots qu'elle prononçait comme ceux que je lui répondais ne parvenaient pas à se graver dans ma tête. J'avais beau essayer de me concentrer sur elle, mon esprit était ailleurs et bien loin d'être capable de suivre son discours. Je me souvenais simplement que la petite fille m'avait parlé de la volonté de notre père, du côté censé de ses paroles lorsqu'il m'avait demandé de ne rien faire, des conséquences de mes actes, quels qu'ils soient et tout le reste m'avait échappé. Si j'étais incapable de me rappeler ce que la princesse bis m'avait dit, j'étais en revanche capable de lui répondre.


“Lùkhas est notre frère, Mère est incapable de réagir. Si personne ne fait rien, ils se croiront tout permis. Je ne tiens pas à devoir enterrer l'un de vous prématurément. Maintenant, laisse-moi passer.”

A ses yeux, il était évident que Jelenna n'avait aucune envie de me laisser passer et pourtant, elle s'écarta, sans doutes consciente qu'elle ne parviendrait pas à m'arrêter quoi qu'il arrivait. Ce qu'il me restait d'elle était un vague sentiment de peine et de peur mêlées sans parler de son appréhension sur ce que j'allais faire. L'ombre d'un instant, j'hésitais à poursuivre ma vengeance meurtrière ...


“Désolée.” murmurais-je pour reprendre le chemin des quartiers de Soumis.

Le destin avait voulu que l'un d'eux touche à ma précieuse famille. Peu importait le destin. Dans cette cité, je me jouais de lui tout autant qu'il s'était foutu de moi pour le coup. Quel destin pouvait prendre la vie d'enfants innocents pour le plaisir des foules ?


Kiera m'attendait devant les quartiers.
Je savais que la Chef des Sentinelles avait fait passer le mot pour qu'on évite de me donner le nom du responsable de l'état de mon cadet et je savais également qu'elle comptait m'empêcher d'accomplir mon devoir. D'ailleurs, elle ne manqua pas de venir à ma rencontre.
Je ne la laisserais pas me barrer la route.


" Demande aux Sentinelles d'investir les gradins sud. Que les Soumis soient maintenus en joug dans les gradins nord. Et qu'on m'amène Abelin dans l'arène. "


Avant qu'elle n'ai le temps de contester, j'ajoutais d'un ton cassant :

" Tu as cinq minutes, c'est un ordre. "

Même durant mon enfance de rivalité avec la Chef des Sentinelles, je n'avais pas fait preuve de mon autorité. En tant que princesse, je me retrouvais hiérarchiquement au dessus d'elle même si, pour sa plus grande chance comme pour la mienne, certaines décisions n'étaient pas de mon ressort et faisaient qu'elle n'avait pas à les suivre. Les Soumis faisaient partie de mes attributions, le refus de Kiera n'était pas tolérable et ne sauverait donc pas le coupable. Sans doutes le comprit-elle car elle partit donner ses ordres en les désapprouvant certes totalement. Je m'en foutais.
Il devait payer.
Pour la foule. Pour la peur. Pour qu'ils comprennent que leur vies ne tenaient à rien entre mes mains.
Abelin fut vite prêt, à peine cinq minutes plus tard, on me fit comprendre que tout était en place même si en réalité, personne mise à part Kiera, avait eut le courage de m'adresser la parole que ce soit pour me dissuader ou m'encourager. Toutes étaient choquées.
Le pire était pourtant à venir ...

Mes pas foulèrent le sol tandis que ma main avait déjà dégainé ma rapière. Cadeau de Jelenna. Le sang pour le sang.
Le temps de perdre des êtres chers était révolu. J'étais lasse de voir disparaitre tout ceux à qui je tenais. Il y avait un autre moyen ? La justice par les hommes ? Par les armes. Ma colère était toujours présente mais je parvenais à la maintenir loin derrière moi grâce ou à cause de l'enseignement de Jiven. J'avais mis les cinq ou dix minutes à profit pour faire le point. Jelenna était la plus censée dans cette famille et elle n'approuvait visiblement pas mon attitude.
La justice des hommes valait-elle une vie ?
Lorsque le coupable entra dans l'arène, un silence de mort planait dans cette dernière. Ni les Soumis ni les Sentinelles qui les tenaient en joug ne bougeaient ou n'osaient même parler. Aucun d'entre eux n'osaient intervenir, seul le bruit des pas du Soumis foulant le sol de l'arène entamait le lourd silence des lieux. Tous semblaient retenir leur souffle, par crainte, par envie, par désapprobation, tant d'émotions se mêlaient en si peu d'espace que je décidais de fermer mon Esprit à ces dernières. Si je n'excellais pas vraiment dans la maitrise de l'Esprit, j'étais en revanche une experte en ce domaine.

Plus rien. Le calme.

Je fermais les yeux tandis que le Soumis approchait dans une posture presque ... soumise. La porte s'était refermée derrière lui et la seule chose qu'il pouvait faire était de d'avancer vers moi. Vers la fin.

Non !
La justice des hommes méritait sa chance.

Je n'étais pas une sanguinaire, je n'étais pas comme lui. Je n'étais pas celle que l'on jugeait mais le juge. Les contes racontaient que de par delà la mort, le Juge vous permettait de monter ou de descendre. Enfer, paradis, je n'y croyais pas. Mais je savais une chose, la justice par les armes entrainait plus de douleur et de risques que celle par la parole. L'épée du Soumis dans la main droite, ma rapière dans la main gauche, toutes lames vers le sol, je posais un regard dur mais plutôt calme sur lui. L'avantage du passé était qu'il offrait une expérience incontestable. Il fut un temps où je l'aurais tué sans hésiter, désormais, je savais que le faire nuirait à ma propre réputation. Je savais également que cela donnerait une occasion aux Soumis de se rebeller, faisant de lui un saint.


"Abelin, tu es jugé dans cette arène pour avoir attenté à la vie du prince de cette cité. Je te donne l'occasion d'expliquer ton geste et de te repentir. "


Voyant qu'il hésitait à parler, j'ajoutais :

" Le jugement des hommes te sera rendu. Si tu te repentis, ta vie sera sauve. "

Le Soumis m'observa un instant.
Étrangement, ce ne fut pas le regret qui se peignit sur ses traits mais un sourire, sadique, ironique et cruellement sincère.


" Tu veux sans doutes parler du jugement des femmes qui nous exploitent toute la journée n'est-ce-pas petite princesse ? Tu rêverais sans doutes que je ploies devant toi, que je me prosternes devant ta petite personne qui n'a eut qu'à se donner la peine de naitre. "

Il marqua une pause.
Je devais avouer que sa réaction, si surprenante soit-elle, ne me laissait pas de marbre. Je parvenais à grand peine à me maitriser mais je sentais que je ne devais pas lui ôter la vie avant de connaitre le fin mot de l'histoire. S'il m'offrait son repenti, j'avais promis de lui laisser la vie sauve. Il purgerait sa peine pour l'intérêt de la cité et ne servirait pas d'engrais à la terre. J'avais promis. Je me taisais et attendais.


" Tu aimerais que je me prosternes hein petite peste ? Je vais te dire un truc, je ne regrette rien si ce n'est de m'être trompé de cible et d'avoir visé ce sale petit bâtard au lieu de ta mère ! "


Il hurlait à moitié sa fierté d'avoir failli tuer mon frère et d'avoir manqué sa cible.
Il dégueulait sa fierté sur moi comme sur l'arène. Il me toisait, il souriait. Il était détestable.


" A mort " hurlèrent quelques Amazones dans les gradins.

La réalité.
La justice rendu par le peuple, pour le peuple.

" La justice des hommes a rendu son verdict. Prends ton arme. "

Je lui lançais l'épée devant les pieds. Il me regarda, convaincu que je bluffais, mais je ne réagissais pas lorsqu'il prit son épée.


" Quoi ? La petite princesse veut se battre contre un Soumis ? T'as pas peur de crever gamine ? "

Il prit son arme et attaque immédiatement. Sans doutes pensait-il que sa pitoyable tentative de me distraire avec ses piques verbales fonctionnerait. Tu parles. La politique forgeait le caractère, je n'allais pas me laisser faire par ce sale bâtard et surtout pas entrer dans son jeu. La colère pure avait laissé place à la vengeance et à une colère plus terrible encore, froide, tranchante, meurtrière. De celles qui ne se satisfaisaient que par le sang.

" Je te fais l'honneur d'un combat singulier, essaye au moins d'en être digne. "

Sans même chercher à ce qu'il prenne le temps de comprendre mes paroles, je le feintais de côté et lui coupais la main droite qui portait l'épée. L'arme et le membre tombèrent au sol dans un bruit sourd tandis qu'une gerbe de sang colora le sable de rouge. Le tenant en joug avec mon épée sur la gorge tandis qu'il hurlait de douleur, j'attrapais le moignon sanglant de ma main libre et le soignais rapidement, pour arrêter l'hémorragie plus qu'autre chose. Une minute suffit.


" Repentis-toi maintenant, et je te laisserais la vie sauve. "
répétais-je.

" Tu peux rêver pétasse ! " hurla-t-il en repoussant de sa main gauche ma lame tandis qu'il rattrapait son arme au sol.

Ambidextre.
Cool. Cela ne le sauverait pas.


* Alors que justice soit faite. *

Sur cette pensée, je me lançais à sa rencontre. Plusieurs coups furent échangés, certains plus diffciles que d'autres mais aucun ne parvint à me blesser sérieusement. Tandis que le Soumis exultait, fatigué tant par la blessure que par les enchainements improbables qu'il avait tenté contre moi, maniant visiblement moins bien l'épée de cette main que de l'autre, je reculais de plusieurs pas comme pour l'inciter à se repentir. Ma colère était présente, mais j'étais consciente de tout le reste. De l'arène en émoi comme des implications que sa mort aurait si je ne lui laissais aucune chance de s'en sortir et d'être "pardonné".

Le Soumis à peine remis de sa peine fonça de nouveau sur moi. Il était décidément prêt à mourir. Peu m'importait. Qu'il en soit ainsi. La seconde main roula au sol. Même bruit sourd, même réaction du "public". Il retenait son souffle tandis qu'un hurlement de douleur fit tomber Abelin à terre.
Je me positionnais au dessus de lui. Je posais ma rapière à ma gauche, au cas où, avant de lui dire :


" Justice a été rendue, c'est ta dernière chance de repenti. "

L'homme posa un regard dur sur moi tandis que je lui tendais la main pour soigner son deuxième moignon. Avec deux mains en moins il lui serait difficile de faire du mal à qui que ce soit et son travail n'en serait que plus pénible. A mes yeux, c'était une punition bien pire d'être la risée de tous et de ne plus pouvoir rien faire seul que de mourir. Mourir était trop simple.


" Sale petite garce ! Tu peux toujours crever pour que je me repentisse ! Je n'ai aucun regret, sauf celui peut-être de ne pas avoir pu tuer le petit bâtard ! Tue-moi, vas-y, t'en crève d'envie, mais d'autres prendront ma place ! "

" Si tu veux rester en vie, je te conseille de la fermer ! " lui répondis-je d'un ton cassant.

J'avais remarqué que Philéa était entrée dans l'arène depuis un moment et en tant que reine, je voulais que ce soit elle qui rende la sentence mais lorsqu'il ouvrit une nouvelle fois la bouche, je compris que le repenti n'était vraiment pas dans ses intentions. Je m'étais retournée en direction du gradin de ma mère, où Jelenna se trouvait aussi, pour avoir sa réponse lorsqu'il ouvrit la bouche et hurla :


" Cette cité sera bientôt en cendres, vous allez toutes crever et on bouffera sur vos cadavres ! Le petit bâtard n'était que le premier de la liste ! Tous les mecs de cette cité passeront bientôt sur ta salope de sœur ! "

Pas besoin de l'assentiment de Philéa. Je savais ce qu'elle pensait.
Un geste. Un seul.
Un corps qui fait face à son adversaire. Un regard froid. Une main qui saisit une arme.
Une tête qui roule sur le sol.
Un claquement de doigts. Le feu s'emparant du corps du défunt. Nul repos éternel pour lui. L'odeur pestilentielle ne mit pas longtemps à s'élever. Certains Soumis se levèrent, tout au plus une vingtaine, et commencèrent à m'insulter de plus belle.
Je les attendais.


" Il suffit ! " lança Philéa du haut du gradin.

Le calme se fit, aussi étrangement soit-il au vue de la situation. Même moi, je n'osais pas ouvrir la bouche. Nul besoin de l'Esprit pour voir la colère poindre dans chacun des mouvements de la souveraine amazone. Elle toisa durement l'assemblée des hommes sans rien ajouter. Je me permis donc de prendre la parole à sa place, éteignant par la même occasion l'incendie.


" Soumis de Muria, cet homme a été jugé coupable d'avoir attenté à la vie du prince de cette cité. Justice lui a été rendue. Je rendrais cette justice pour chaque homme qui osera encore approcher la famille royale. "

Un murmure parcourut l'assemblée alors que Philéa prenait à nouveau la parole, comme si mon aide lui avait permis de faire ses choix personnels. J'avais obtenu ma vengeance, qu'elle serait la sienne ?

" Que chaque homme ayant participé à cette tentative d'assassinat se lèvent. " ordonna-t-elle.

Le charisme dont elle faisait preuve poussa sans doutes les fautifs à se lever. Ils étaient une vingtaine tout au plus. L'air fier pour certains, l'air fautif pour d'autres, ils restèrent néanmoins debout face à la reine. Cette dernière les observa d'un œil mauvais avant de finalement prononcer sa sentence :


" Vous serez jugés pour ce crime. Le sang a assez coulé dans cette cité et je ne compte pas vous rendre grâce dans cette arène. Plutôt que la mort, je vous offre la liberté. "

Un murmure de surprise parcourut l'assemblée et je me demandais moi-même pourquoi Philéa agissait de la sorte ? Elle était tarée ou quoi ? Une telle mesure ne ferait qu'inciter les autres à suivre leur exemple !

" Sans eau. Sans nourriture. Sans arme. Le désert de glace sera votre tombeau. "

Sur ces mots, la souveraine quitta les lieux non sans avoir fait signe à la Chef des Sentinelles d'exécuter ses ordres.

[ ... ]

La vingtaine de Soumis avait déjà été évacuée. Bientôt, ils atteindraient les contrées glacées des frontières et si le froid ne les tuaient pas comme prévu, les Amazones s'en chargeraient pour sur. Aucun d'entre eux ne survivraient et l'exemple qui avait été donné tant dans l'arène que dans le jugement de Philéa suffirait à calmer les vivants.
Pour ma part, j'avais eut ma vengeance.
Froide et implacable.
Désormais, je ne pouvais espérer qu'une chose, que le petit s'en remette.
Le sang pour le sang.
La dette avait été payée.


[ Désengagés ]
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