[DA 151] Au nom d'une alliance (fini)

Philéa était souvent décrite comme la Reine qui avait fait éclore Muria aux yeux du monde en tant que cité à part entière, si la dame en était plutôt fière intérieurement, elle ne tenait pas à le montrer pour autant, estimant sans doutes qu'elle n'avait fait que remplir son rôle. Et son rôle ne s'arrêtait malheureusement pas à la dernière bataille qui venait de passer, quelques mois auparavant, et qui fort heureusement, s'était soldée par une victoire des cités alliées. Si les choses semblaient aller pour le mieux pour la douce cité des femmes libres, quelque chose soufflait à la sage Philéa que ces temps de paix relatives ne dureraient pas longtemps. La première escarmouche avait déjà eut lieu entre les deux puissantes pour la Lumineuse et la Reine Amazone n'était pas dupe, bientôt, les vieilles querelles Cydiennes renaitraient de leur cendres. Philéa avait fait tant d'efforts pour prendre dignement la succession de sa mère, Jenaa, qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur et ne pouvait décemment pas laisser le hasard décider à sa place. Ce fut donc sans hésiter que la jeune femme prit contact avec le Consul, réélu une nouvelle fois encore suite au succès de ses dernières décisions, et notamment celle de contracter une alliance avec Muria. Si la nouvelle avait du surprendre dans la cité Joyau, force était de constater que cette alliance incongrue avait été fort utile pour vaincre l'armée Erathienne et leur dieu.

Et aujourd'hui ? Que restait-il de cette alliance ? Philéa savait qu'elle ne ferait pas long feu si les choses en restaient là et c'était sans doutes pour cela qu'elle avait pris la peine de réfléchir précautionneusement à la situation qu'était celle de la cité qu'elle gouvernait. Durant la bataille, la Cydienne avait eut l'occasion de constater à quel point les autres avaient un point de vue étrange sur ses fières Sentinelles. Entre ceux qui croyaient que les Amazones utilisaient les Soumis comme chair à canon, ceux qui croyaient qu'elles les castraient ou encore, les maltraitaient, la souveraine avait du se rendre à l'évidence … les Amazones étaient perçues telles ces esclavagistes du désert à la botte du P'yra. Il était évident que Philéa ne pouvait pas tolérer une telle comparaison qui sonnait bien trop comme une trahison à ses oreilles.
L'idée lui était alors venue de modifier la vision des autres cités sur la sienne et notamment, en modifiant le système des Soumis. Muria avait été créée pour punir les hommes de leur cruauté envers la gente féminine. Bon nombre de ses sœurs avaient subis des sévices physiques ou sexuels et Philéa ne pouvait ignorer leur désir de vengeance comme leur peur et leur mépris des hommes. C'était en conservant ces deux points dans un coin de sa tête que la Reine Amazone en était venue à la solution qu'elle s'apprêtait à poser une dernière fois sur le papier. Anatoli Clari serait la personne la plus difficile à convaincre si elle ne choisissait pas précautionneusement ses mots, une nouvelle fois.

« Mon cher Anatoli,
Je loue une nouvelle fois dans ces quelques lignes la clairvoyance dont nous avons fait preuve ces derniers mois. L'alliance qui lie nos deux cités semble avoir été le pilier nécessaire à notre victoire pour rendre sa liberté à la Lumineuse et j'ose espérer que nous n'aurons plus à la faire valoir au nom d'une guerre avant de nombreuses années. Symbole de votre soutient au Sénat, cette alliance un peu extravagante vous a permis d'assoir votre position pour un nouveau mandat et c'est dans l'unique but de vous assurer le prochain que je couche ces quelques mots sur le papier pour vous faire la proposition suivante : »

La reine hésita l'ombre d'un instant avant d'apposer une nouvelle fois sa plume sur le papier qui lui servait de lettre :

« Votre cité regorge de bandits de grands chemins fort couteux et fort peu utiles entre vos murs. Nos relations n'en seraient que consolidées si vous acceptiez de nous confier leur vie le temps qu'ils exécutent leur peines entre nos murailles. Ainsi débarrassé d'un si lourd tribu, vous pourriez plus facilement vous occuper des véritables nécessités, laissant de côté ceux qui ne méritent pas votre précieuse attention.
Dans l'attente de votre réponse, soyez sur de mes plus sincères sentiments mon cher Anatoli. »

Sur ces quelques politesses d'usage, Philéa signa et apposa son sceau personnel. Elle scella la lettre avec de la cire chaude et la confia à une Sentinelle. Le destin choisirait ce que deviendrait Muria et Philéa espérait qu'elle n'avait pas fait là un choix qu'elle regretterait plus tard.

[ … ]

Anatoli Clari était un homme clairvoyant mais également un fin politicien, sans doutes avait-il compris que la proposition de la Reine Amazone n'était pas si innocente que cela mais visiblement, la solution qu'elle lui proposait pour maintenir le semblant de neutralité entre leur deux cités lui avait convenu de sorte qu'il lui avait répondu le plus favorablement du monde. En lisant les quelques lignes griffonnées sur le papier, Philéa émit un soupir de soulagement. Cydonia et Muria n'étaient pas faites pour s'entendre sur la durée mais se charger de leur prisonniers assuraient à la cité Amazone une renaissance aux yeux du monde comme un sauf conduit de paix. Qui iraient attaquer une cité regorgeant de bandits de grands chemins sans foi ni loi et surtout, sans cité. Si le Consul avait cédé, Storghein et Silmarie en ferait de même songeait la dame avec un sourire. Bien sur, elle n'accepterait pas tous les prisonniers, de peur qu'ils s'en prennent à leur jeune génération, seuls les voleurs, les violeurs ou encore les hommes violentant leurs femmes seraient acceptés dans la cité pour purger leur peine. Muria avait été battis par des femmes trompées par le monde masculin, cette décision apparaitrait comme la vengeance la plus légitime qu'il soit aux yeux du monde comme aux yeux de ses sœurs.

[ … ]

Tout avait été programmé pour que les enceintes de Muria soient protégées. Les cités regorgeaient certes de prisonniers mais tous n'avaient pas été acceptés, après tout, si Muria se dévouait pour se charger d'eux, ce n'était pas pour autant qu'elle comptait devenir une prison à ciel ouvert pour n'importe quel fou ou psychopathe près à tuer si l'occasion lui en était donnée. L'échange était prévu partout pareil, une Sentinelle venait, emportait avec elle deux hommes attachés solidement sur un cheval, les yeux bandés et ainsi de suite. Nul ne trouverait la cité des femmes libres et aucun prisonnier ne serait en mesure de donner une quelconque indication à qui que ce soit. Les temps changeaient, et Muria avait su s'adapter, du moins était-ce à espérer.

» [D-E] Tu ne l'aimais pas. [Fini]
» [151][DA] Sur un air d'adieu (fini)
» Félicie (fini)
» Draknar [fini]
» Ashaya (Non fini)

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