[151][Début Hiver] Une étrange saison pour voyager [Finis]

L'hiver s'était installé en Azthia et la neige en témoignait chaque jour un peu plus, prenant le pas sur la végétation et chassant les oiseaux migrateurs. La plaine où se trouvait Naraphel était blanche, comme recouverte d'un duvet de coton. Un duvet froid qui craquait sous vos bottes. Il avait levé le camp une heure plus tôt, le feu l'avait maintenue au chaud et, de toute manière, il ne craignait pas vraiment le froid, sa cape en peau de loup sur les épaules. Stolz, son fidèle destrier à l'encolure noire comme le charbon avançait au travers de la nature, chargé par les quelques affaires du Guide.

Ils étaient seuls dans l'étendue enneigée semblait il, et c'est en solitaires qu'ils passèrent la journée suivante. Partis de la cité elfique de Silmarie, Naraphel devait à présent rejoindre les abords de Cydonia pour y retrouver un client. Le message lui était parvenu quelques jours plus tôt, indiquant l'endroit et le jour du rendez vous. intrigué qu'on veuille expressément faire appel à lui, Naraphel avait accepté sans se détacher, toutefois, de sa prudence habituelle. Il n'entrerais pas dans la cité, cela lui était interdit et l'auteur devait le savoir car il lui donnait rendez vous aux abord de la ville.

Le trajet qui aurait du prendre un jour et demi durait depuis maintenant deux jours et Naraphel savait qu'il passerait sans doute un troisième jour à marcher dans la neige qui ralentissait considérablement son voyage. Les routes n'étaient plus visibles, trop peu empruntées elles avaient finis par être recouverte par la glace et la neige.

Le soleil commençait à baisser quand il aperçut le feu. Au loin se dressait un bosquet d'arbres ayant perdus toute leurs feuilles, près d'une ancienne tour en ruine. Et de ces ruines d'un temps passé s'échappait de la fumée ainsi que la lumière d'un feu.

*Un autre voyageur ? Sur ces routes désolées ? Je devrais aller voir, à en juger par la lueur il n'y a qu'un feu, il est donc peu probable que ça soit un groupe de bandits*

Remontant sur l'animal qu'il tenait jusqu'alors par la bride, il s'en fut au galop retrouver l'étranger en espérant partager son feu et avoir une discussion entre hommes civilisés. Prêt de la tour il descendit de selle et attache Stolz à un arbre au pied duquel il dégagea la neige afin d'y trouver de l'herbe. Le destrier se mit à brouter et Naraphel s'approcha de l'édifice en ruine. De la mousse poussait entre les pierres et un arbre menaçait la tour de ses hautes branches, image même de la nature reprenant ses droits. Un crépitement était audible depuis l'extérieur.

L'hiver, cette étrange saison où la nature semble être endormie pour laisser place à des étendues blanche de pureté. Il était étonnant que cet endroit étant le lieu le plus aride d'Azthia soit lui aussi atteint par le froid mordant de l'hiver et par le manteau blanc qui l'accompagnait. Mais ce n'était pas pour déplaire au druide, il avait vécu toute sa vie dans le royaume astorg et avait su s'adapter et apprécier à sa juste valeur tout ce que la nature avait à offrir durant la saison froide.

C'est par ce temps désolé que, fuyant le froid, Eybor est venu se réfugié dans une vieille tour en ruine. Ayant ramassé quelques brindilles et autres bouts de bois pour faire un feu, il se mit à l'allumer, Eybor avait apprit à survivre quel que soit le temps et le milieu et savait donc allumer un feu sans avoir besoin d'autre chose que de bois. Tout était calme, seul le crépitement du feu trahissait la présence de la vie dans ce milieu hostile, lorsque soudain, résonnèrent dans cette atmosphère de demi nuit les pas d'un cheval lancé au galop.

Eybor se leva d'un bond et attrapa son bâton pour se mettre en garde le plus promptement possible. Les bruits de sabot cessèrent et un homme entra dans la ruine, il était grand et puissamment bâti, fait remarquable il avait la peau et les cheveux aussi pâle que la neige qui l'entourait, ses yeux d'un rouge sang semblaient être mis en relief par le noir de ses lèvres. Une épée pendait à sa ceinture, il ne mit pas cependant la main à la garde de sa lame, signe de sa confiance envers le druide qui comprit qu'il n'avait pas en face de lui un ennemi.

Avant de remettre son bâton derrière son dos et de se rasseoir Eybor dit:

"Je vous en prie, installez vous."

Le jeune homme acquiesça d'un signe de tête et prit place en face d'Eybor autour du feu.

"Je n'ait rien d'autre à vous offrir que le sol dur de la ruine et la chaleur de mon feu, il faudra que cela vous convienne."

Devant lui, l'homme s'était rassit. Son expression était passé de la méfiance à la détente en quelques instant.

Je n'ait rien d'autre à vous offrir que le sol dur de la ruine et la chaleur de mon feu, il faudra que cela vous convienne.

A son accent, l'albinos comprit qu'il avait à faire à un Astorg, sa méfiance revint instantanément, il y avait peu de chances pour que l'homme ait entendu parler de lui et encore moins pour qu'il fasse le rapprochement, mais on n'était jamais trop prudent, les Astorgs avaient en horreur la désertion, c'était un peuple sauvage et belliqueux. Prompt à faire couler le sang. Cependant, celui-ci semblait bien différent. Brun et les yeux verts, il n'avait pour seuls habits qu'une robe de lin verte et des chausses de cuir. Sa seule arme était un bâton et l'énergie qu'il dégageait ne permettait pas de doute. Les sens de Naraphel s'éveillèrent face à un autre manipulateur de la nature. Il lui sourit et prit place près de lui.

M'offrir l'hospitalité en des terres si désolée est déjà un acte louable en soi. J'ai quelques baies séchées et des biscuits ramenés de Silmarie. Si cela vous convient, nous pourrions partager. Je devine à votre accent et à votre langage que vous êtes Astorg vous aussi. Et je sens que ce n'est pas la seule chose que nous ayons en commun.

Sur ces paroles il tendit les mains et une petite touffe d'herbe, étouffée par la glace jusqu'alors se mit à pousser, croître de telle manière que, craquelant la glace qui s'était formé au sol elle apparut, verte et touffue.

[ Edit Eléa : Attention, 10 lignes RP complètes minimum Wink

]

Lorsqu'Eybor parla, il vit son interlocuteur se raidir, il ne savait pourquoi mais quelque chose dans sa manière de parler avait mit le jeune homme sur la défensive, surement son fort accent astorg. Cependant lorsque ce dernier prit la parole c'est aussi avec l'accent astorg qu'il dit :

"M'offrir l'hospitalité en des terres si désolée est déjà un acte louable en soi. J'ai quelques baies séchées et des biscuits ramenés de Silmarie. Si cela vous convient, nous pourrions partager. Je devine à votre accent et à votre langage que vous êtes Astorg vous aussi. Et je sens que ce n'est pas la seule chose que nous ayons en commun."

Joignant le geste à la parole, le jeune astorg tendit les mains vers une petite touffe d'herbe qu'il fit croître sous le sol de glace, elle poussa tant et tant que celle-ci céda sous la pression et qu'une tache verte apparût dans l’océan de blanc qui recouvrait le sol sec de la plaine. Cette scène tira un sourire au druide, elle lui rappela sa jeunesse, son don lui était apparut à l'âge de huit ans. Il avait cherché à le maîtriser six ans durant, sans succès, puis, après son départ de chez ses parents, il s'était entraîné dur chaque jour et les gestes du jeune astorg encore grossiers lui rappelaient ceux qu'il faisait en essayant de se perfectionner. Eybor était ravi, il ne s'était pas attendu à la venue d'un étranger, encore moins d'un astorg, mais cette rencontre promettais de lui laisser de bons souvenirs. De bonne humeur, il prit la parole :

"En effet, je suis astorg, mon nom est Eybor Rondin'tor, mais n'ayez crainte, je ne sait ce qui vous lie avec notre peuple et je n'en aie cure, vous pouvez être tranquille avec moi. Quant à ce qui est de notre don commun, votre manière de l'exercer m'a rappelé mes débuts, je vous suit redevable pour cela, ce peu de nostalgie me revigore. J'ai bien peur que le peu de victuailles que vous possédez ne soit pas digne du festin qui s'offre à mon cœur, gardez voter nourriture je me nourrirait du moment."

La nuit était tombée sur le campement de fortune, une nuit d'un ciel dégagé qui laissait voir les étoiles briller au dessus des deux astorgs cette rencontre atypique dans un lieu tout aussi atypique avait été un plaisir pour le druide et il avait hâte d'en savoir plus sur le jeune homme qui se tenait en face de lui.

Naraphel s'assit face à son compagnon d'un soir, un sourire aux lèvres. Il ne s'était pas trompé, l'Astorg était différent. Pas d'épée aussi grande que lui, pas d'attaque précipitée, pas d'injures pour l'albinos. Lorsqu'il s'adossa à la tour, la pierre, glacée le fit frissonner. Il se couvrit de sa cape en peau de loup et il se réchauffa assez vite. D'une de ses bourses il sortit quelques morceaux de viande séchée issue d'une chasse au daim s'étant déroulée quelques jours plus tôt. Il en donna la moitié à son hôte malgré ses paroles il devait avoir faim et il commença à manger.

Je me nomme Naraphel. Je suis actuellement Guide. Voir que vous êtes manipulateur de la nature me rassure. Ceux qui sont en harmonie avec elle sont des gens de bonne conduite de manière générale. J'ai eu de la chance en trouvant cet endroit, je n'aurais pas aimé rester dehors par les nuits qui courent. Le froid est mordant ici, rien ne semble pouvoir stopper le vent glacé qui règne.

Il s'arrêta un moment pour jeter un œil dehors. Le cheval était paisible et broutait le peu d'herbe qui restait au pieds des arbres. Il irait le brosser plus tard, Stolz n'aimait pas passer ses nuits dans le froid et si il voulait qu'il soit disposé à avancer demain, il devrait lui faire ce petit plaisir.

Qu'est-ce qui amène un druide dans un tel endroit. Car je pense que vous êtes druide, vu vos habits et votre arme. Mais peut être que je fais fausse route ?

Attendant la réponse de son interlocuteur, Naraphel sortit les baies séchées et commença a s'en repaître. Il aurait besoin de renouveler ses rations d'ici peu mais il n'était pas effrayé par cela, même en hiver la nature avait bien des choses à offrir. Il s'approcha un peu plus du feu de manière à se réchauffer.

Devant l'insistance du jeune homme à lui fournir de la nourriture, Eybor céda. Surtout parce qu'il n'avait pas envie de lui expliquer comment il s'était nourri, il n'était pas sûr que son interlocuteur ait besoin de savoir qu'il pouvait se transformer en loup. Sur ce le jeune homme commença:

"Je me nomme Naraphel. Je suis actuellement Guide. Voir que vous êtes manipulateur de la nature me rassure. Ceux qui sont en harmonie avec elle sont des gens de bonne conduite de manière générale. J'ai eu de la chance en trouvant cet endroit, je n'aurais pas aimé rester dehors par les nuits qui courent. Le froid est mordant ici, rien ne semble pouvoir stopper le vent glacé qui règne."

Regardant au dehors, il fit une pause avant de reprendre :

"Qu'est-ce qui amène un druide dans un tel endroit. Car je pense que vous êtes druide, vu vos habits et votre arme. Mais peut être que je fais fausse route ?"

Après quoi il mangea et se rapprocha du feu. Eybor ne savait pas par où commencer pour expliquer à Naraphel tout ce qui l’amenait ici, il passait la plupart de son temps sur les routes errant au hasard, avant de revenir à son port d'accroche, Storghein. Mais cette fois-ci c'était différent, il avait une raison de se trouver dans les plaines arides.

"En effet, vous avez su reconnaître en moi le druide que je suis. Et pour votre question, en d'autres circonstances je n'aurai aucune raison à apporter à ma présence en quel que lieu que ce soit, j'ai l'habitude de parcourir le monde et d'accomplir divers travaux pour les gens. C'est ainsi que je vis, je me charge de soigner la nature blessée par la main de l'homme et l'on m'offre le gite et le couvert pour cela, c'est parfois compliqué quand on ne parle pas la langue mais j'ai toujours réussi à me faire comprendre avec des gestes."

Un craquement se fit entendre dans la plaine, rien d’inquiétant, surement un animal ayant marché sur une branche.

"Mais comme je vous l'ai dit, aujourd'hui c'est différent, récemment j'ai dût éradiquer des champignons toxiques qui empoisonnaient un bois. Il s'est avéré que ce soit un homme qui les avait fait pousser ce qui avait eu pour effet de causer la destruction de la flore et la folie de la faune. Comprenez, lorsque je vous disait que je soigne les dégâts causés de main d'homme, je parle de ce qui ait fait par négligence pour la nature. Une bataille en plein champ peut être pour moi l'occasion de réparer les dégâts qui ont été faits à la terre, une partie de chasse menée par des chasseur trop zélés et qui aurait abîmé la flore en est une autre. Jamais au grand jamais je n'aurais imaginé que l'on puisse s'attaquer à la nature comme cela avait été fait cette fois là. C'est pourquoi je suis ici, l'homme qui se donne le nom de "druide noir"."

A l'évocation de ce nom Eybor cracha sur le sol avant de continuer :

"Le "druide noir" disais-je doit être arrêté, le conseil des druides va se réunir et je participerai au conseil en tant que seul représentant de mon village druidique. Il est évident que le conseil ordonnera la mise à mort du druide noir pour le bien de la nature mais il est important que le conseil se réunisse, sinon sa mort ne saurait être considérée autrement que comme un meurtre."

Naraphel médita un instant les paroles du Druide. Il n'aurait jamais cru que les Druides avaient une organisation aussi complexe pouvant aller jusqu'à décider du sort de l'un d'entre eux. Que se passait il alors ? Y avait il des chefs dans l'ordre ? Ou était ce un conseil sans qu'aucun ne soit plus puissant que l'autre ? Il rapporta ses pensées au Druide qu'il avait en face, désireux d'en apprendre plus sur ces hommes et ces femmes plutôt méconnus de lui.

Attendant que l'homme lui réponde, il approcha ses mains du feu quelques instants de manière à en réchauffer les articulations, puis il sortit son épée du fourreau et, à l'aide d'un pierre à aiguiser se mit à en refaire le tranchant. Il n'aimait pas spécialement passer ses heures à affûter l'arme, mais une épée émoussée était synonyme de mort dans ces contrées sauvages. Ses pensées dérivèrent vers l'homme surnommé le Druide noir. Pourquoi causer des dégradations volontaire à la forêt alors que c'est elle qui vous fournit votre pouvoir ? Et surtout, si l'homme était vraiment druide, il devait se douter que le conseil ne permettrait pas ces agissements. Sans même faire partie de cet ordre singulier, Naraphel ne pouvait qu'émettre deux hypothèses. Ou bien l'homme était assez puissant pour défier tout les Druides, ou bien il était dénué de raison et de logique.

Dehors, Stolz se mit à piaffer un court instant, l'herbe semblait être à son goût. Le Guide se demanda un instant si il n'y avait pas un autre animal dehors, mais très vite ses pensées furent détournées par le feu qui le réchauffait et la tâche qui l'attendait, fourbir son arme.

Remarquant l'incompréhension et la curiosité qui traversa le regard du jeune homme qui se tenait devant lui, Eybor laissât Naraphel quelques instants, pour voir sa réaction. Le jeune homme, malgré son envie d'en savoir plus, ne dit rien et se contenta de se réchauffer les mains auprès du feu avant de commencer à aiguiser la longue lame qui lui pendait dans le dos. Eybor décidât donc de poursuivre son récit:

"Il est rare que les druides décident de se réunir, mais il en a toujours été ainsi pour décider du sort de ceux qui s'attaquent à la nature. Comprenez qu'il est impensable pour nous qu'une telle marque d'ingratitude pour celle qui nous offre tout soit tolérée. Un homme dont l'esprit est si corrompu qu'il décide de tuer faune et flore ne mérite pas de rester en vie. Le pire de tout, c'est le nom qu'il s'est donné le "druide noir", il se compare à un druide, c'est comme s'il crachait sur mon ordre tout entier, il cherche à lui apporter la honte. Il ne faut pas que les gens pense que cet homme ait de quelconque rapport avec nous, et c'est pour cela qu'il doit mourir de la main d'un druide et sous l'ordre du conseil."

Le jeune astorg continuait de fourbir sa lame, il mettait tant d'ardeur à la tâche qu'Eybor doutait de l'attention de son interlocuteur. Lorsqu'il fit une pause dans son récit, le regard de Naraphel se leva vers lui, signe qu'il suivait le récit malgré les apparences.

"Selon moi, cet homme ignore tout de ce qu'est un druide, il doit avoir entendu parler de nous comme des défenseurs de la nature et par ironie aurait choisit son surnom. Il ne comprend certainement pas le stupide de la situation car parmi nous se trouvent de très puissantes personnes à qui personne n'a envie de chercher noises. Par nature, nous ne sommes pas belliqueux, mais personne ne devrait nous sous estimer."

Le jeune homme semblait en avoir fini, après un dernier bref coup d'œil à sa lame il rangea sa pierre à aiguiser et remit son épée dans son dos. C'est ce moment qu'Eybor choisit pour mettre fin à son monologue.

"Mais assez parlé de tout cela, c'est une belle nuit que celle-ci et je n'ai pas envie de la ternir avec des histoires de sang, parlez moi de vous, ce que vous faites, ce qui vous pationne, j'aimerai en apprendre plus sur vous car à vrai dire vous m'intriguez."

Naraphel regardait l'Astorg alors qu'il lui demandait de parler un peu de lui. Il lui expliqua alors qu'étant Guide il voyageait beaucoup, mais qu'auparavant il avait été un combattant assez réputé. Aujourd'hui il arpentait les routes à la recherche d'érudits en tout genre afin de partager et d'emmagasiner un maximum de connaissances.

Pour moi, la culture est la seul moyen d'éviter les guerres. Si tout les gens étaient cultivés, ils ne chercheraient plus à se battre, le profit serait réglé d'une manière différente et les conflits n'auraient plus lieu d'être car chaque peuple comprendrait son voisin. Mais ce n'est qu'un rêve.

Il se redressa imperceptiblement en expliquant son but. Il cherchait à former un groupe de combattants aussi doués dans les armes que dans l'art de manier la langue. Un groupe d'érudits sachant se battre et se portant jusqu'aux batailles décisives pour en changer le cours. Le rêve n'était pas encore à portée de main, peut être ne le serait il jamais car il devait créer des liens avec de nombreux politiques et certaines institutions. De plus il avait besoin d'argent pour se fournir en matériel et pour recruter les premiers hommes. Mais il ne désespérait pas d'y arriver, peu importe le temps que cela prendrait.

La nuit était maintenant totalement tombée, au dehors le hurlement lointain d'un loup se fit entendre. La pleine lune éclairait la plaine enneigée, pâles rayons d'argent, sa lumière faisait scintiller la glace dans les arbres. Vers l'Est quelque chose d'étrange se produisit, un nuage de luciole s'activait, dispersant une faible lumière verte et jaune. Devant le spectacle, l'Astorg ne put que reconnaitre la beauté du monde qu'il foulait à chaque seconde. Il se retourna vers son interlocuteur, persuadé que c'était là un signe que la nature elle même lui envoyait.

Si votre ordre décide de mettre fin aux agissements de ce Druide Noir. Vous pouvez compter sur mon aide. La nature est autant mon alliée que la votre, je me dois de la protéger.

"Votre objectif est noble et je vous souhaite de réussir dans votre entreprise, je n'ai jamais rencontré d'astorg voulant mettre fin à la guerre, je me demande si ce but sera atteint un jour, vous connaissez le proverbe astorg : "Les âmes s'éteignent, la vie prend fin, mais la guerre, elle, ne meurt jamais". Je ne suis pas spécialiste de la chose, mais si tel est le cas je crois que vous poursuivez une chimère, je n'y vois aucun inconvénients, j'aime les hommes de conviction. Vous savez je sais reconnaître un homme de valeur quand j'en vois un, et vous m'avez l'air de faire partie de de ceux là. Sachez que je ne refuse pas votre aide, seulement, il vous est interdit de participer à un conseil des druides, même en tant que simple spectateur. Je vous propose donc de nous rejoindre lorsque nous aurons fini ce que nous avons à faire. Je ne suis pas homme des villes, je vous suggère donc de nous rejoindre ici même, dans un mois, je ne sais pas combien de temps durera le conseil, ni combien de temps vous mettrez à remplir votre tâche, cette durée me semble donc appropriée. Cela va de soie je ne vous force pas la main, ce n'est qu'une proposition."

Il faisait maintenant nuit noire sur la plaine et tout n'était plus éclairé que par les rayons de la lune et les étoiles qui parsemaient le ciel. Tout cela contrastait fortement avec l'image que l'on pouvait en avoir durant la journée, une étendue blanche d'où l'on pouvait voir les quelques tâches grise d'une rocaille plus haute et plus abrupte que la moyenne. Seule demeurait l'impression de calme et de tranquillité brisée par le rythme des conversation et les crépitements du feu de camp.

Une journée de plus venait de s'écouler dans un monde qui en comptait des milliers de milliers et devait en connaitre plus encore. Une rencontre de plus, entre deux être différents, que les rencontres différentes avaient façonnés et que les rencontres à venir façonneraient. Si les rencontres différentes façonnaient les hommes, on était en droit de se demander à quel point elles ne façonnaient pas le monde.

Naraphel observait la lueur faiblissante du feu. La nuit était maintenant bien avancée, ils avaient conversé durant un long moment et il n'avait pas vu la nuit tomber. Le lendemain il devrait se lever tôt. Il étendit sa couche contre le sol maintenant réchauffé. Le lin n'était pas le tissu le plus agréable mais il tenait chaud lors des hivers trop rudes. Avec ça et la cape en peaux de loups, il n'avait rien à craindre des froids de cette région. S'installant pour dormir, il reprit la conversation.

Très bien, retrouvons nous ici à la fin de l'hiver. Quand le conseil sera passé et que mon travail sera achevé. Alors nous nous mettrons en route pour punir celui qui pense que la nature ne mérite pas l'existence. Nous traquerons celui qui souille les bois et empoisonne les bêtes. Mais dormons à présent, la journée de demain sera longue pour vous et pour moi. Bien que nous puissions nous en passer, le sommeil me paraît une agréable conclusion à cette journée éprouvante. Qu'on le sache, aujourd'hui et pour les années à venir, nous sommes amis.

Sur ces paroles, il s'étendit. Posté face à la porte, il se doutait que rien ne viendrait les gêner ce soir mais dans le doute il préférait toujours la prudence à l'imprudence. Une habitude salvatrice bien souvent. Stolz, au dehors, hennit faiblement, comme pour souhaiter une bonne nuit à tout les résidents de la forêt aux alentours, ou peut être comme un ultime appel au sommeil car, lui aussi sembla s'endormir rapidement.

Le soleil s'était levé depuis une heure, Naraphel était levé depuis deux heures. Sa vie entière semblait être une succession de victoires sur le soleil et sa course. Il était rarement endormi après que l'astre lumineux ait montré ses premiers rayons. Il finissait de sangler Stolz pour s'embarquer vers la cité Cydienne. Il savait qu'il n'y entrerait pas, il attendrait son client aux alentours de la ville. Alors qu'il effectuait machinalement les fixations de la selle, il repensait aux paroles du druide. Peut être était il à la poursuite d'une chimère, sans doute était-ce le cas. Mais il pouvait au moins réduire les souffrances infligée au monde et à ceux qui l'habitait. Il se tourna vers la tour en ruine, fit un dernier signe de main à l'Astorg qui était aujourd'hui son ami et se mit en route. Stolz avançait d'un pas lent sur la piste de terre parsemée de neige, comme attristé par la séparation récente. Naraphel lui flatta l'encolure et lui murmura :

Ne t'en fais pas, ami. Nous aurons l'occasion de le revoir.

Étrangement, le cheval avança d'un pas plus léger durant tout le reste de la journée.

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