Flowène talonna encore Destinée qui fila encore plus vite. Le vent fouettait le visage de la cavalière, ses jambes lui faisaient mal à force de forcer dessus pour tenir en selle, elle devait fermer les yeux pour ne pas se recevoir des poussières dans les yeux, mais elle s'en fichait. Elle se sentait capable de tenir encore jusqu'à la fin du monde ! Derrière elle, Perce-Neige criait d'extase.
Mais au bout d'un moment, elle sentit bien que sa monture commençait à fatiguer, alors elle tira un peu sur les rênes, pour ne pas trop fatiguer sa pouliche. Destinée passa au trot, puis au pas. Flowène la fit marcher jusqu'à un point d'eau pour que la pouliche se désaltère.
Depuis la veille, elles voyageaient, toutes les trois. Flowène avait pour destination Cydonia. Depuis sa visite à Tamawa, elle avait décidé qu'elle devait absolument se décider à voyager. Au lieu de rester cloîtrée dans Muria, elle avait décidé d'aller à Cydonia. Elle ferait sans doute Silmarie plus tard. Mais c'était encore trop dur.
Flowène remonta sur sa pouliche un peu plus tard et la fit galoper jusqu'à la cité des arts. Plus précisément jusqu'au Port. Elle attacha Destinée à un poteau et alla s'assoir sur le bord.
La mer s'étendait devant elle, dans toute sa splendeur. L'Elfe ferma les yeux, se laissant bercer par le flux et reflux des vagues venant lécher le bord. Elle sentait presque physiquement les courants marins qui s'étendaient sous elle. En rouvrant les yeux, elle admira les voiles des bateaux amarrés près d'elle, le bois luisant, les ponts animés d'activité. Perce-Neige volait au-dessus de la mer, jouait avec les vagues. Elle formait de toutes petites tornades avec du vent. Elle rasait les eaux de ses grandes ailes. Flowène la regarda avec amusement, jusqu'au moment où la chouette vola jusqu'à elle et se posa sur son épaule en lui donna un coup de bec affectueux sur la joue. L'Elfe caressa la tête de sa chouette. Mais sa main devait être trop distraite. Car la chouette des neiges se laissa poser sur les genoux de sa maîtresse et posa ses yeux insistants dans les siens. Flowène la fixa et la caressa à nouveau. Et cette fois, sa chouette parut satisfaite. Flowène se sentait courbatue, calme, et fatiguée. Depuis la veille, elle avait galopé, ne s'étant reposé que la nuit, et par quelques courtes poses pour se désaltérer. Et là, elle n'avait pas encore trouvé d'auberge pour la nuit. Elle devait se lever, mais le calme que lui procurait la vue de la mer était si agréable qu'elle n'avait pas envie de partir. A Muria, elle avait du mal à avoir du temps libre pour elle. Entre le Bar Bu, son travail de Sentinelle, et le reste du temps passé soit dans la bibliothèque, soit à s'entraîner à l'arc et au sabre le mot calme était pratiquement banni de son vocabulaire.

* Je reste juste un peu encore...*

Elle ferma les yeux tout en continuant de caresser sa chouette. Elle avait l'impression d'être seule au monde...Si seule...

*Paix,
Calme,
Seule.*

Dites moi il est rare de voir des demoiselles sur le port comme ça sans aucunes raisons...D'habitude les femmes ici sont escortés...vous non...Vous êtes plutôt courageuse ? Ou folle peut être.

Flowène sursauta légèrement et tourna lentement la tête vers l'homme qui venait de lui parler, le jaugeant discrètement. Grand, musclé, bien bâti. Il cachait une main derrière son dos, et un bandeau dissimulait à moitié ses yeux bleus azurs. Un homme. Qui venait de l'aborder. Qui était près d'elle. Qui la regardait. Qui allait engager la conversation. Un instant, elle fut tenté de fuir loin, très loin de cet homme. Ou de dégainer son sabre et ajouter une ou deux cicatrices sur la peau de cet homme. Non, elle n'en avait pas le droit. NON ! Elle était venue à Cydonia pour vaincre sa peur des hommes, si infantiles, fuir de façon si puérile n'étant pas la bonne solution. Flowène devait vaincre sa peur une bonne fois pour toute. Et une discussion avec cet homme tournerait la plus grosse page de sa vie. Quand Eléa saurait ça ! Flowène régla son pouls pour le ralentir, car elle sentait son coeur battre plus vite. Mais c'est d'une voix calme qu'elle répondit :

Mais je suis escortée !

Et pour prouver ses dires, elle sortit son sabre de son fourreau dans un chuintement feutré et le porta devant elle. Avec sa main gauche, elle sortit également son arc.

Vous voyez, je suis accompagnée de deux armes pour me défendre, et d'une chouette. Et j'ai confiance dans chacun de mes « compagnons de voyages ». Cela me suffit amplement. Je parais peut-être faible et svelte, mais j'ai appris à me défendre.

Flowène rangea son arc à sa place et remit Saphir dans son fourreau. Lentement, l'Elfe se leva, et se tourna vers son interlocuteur, avant de reprendre :

Il est également rare qu'un homme qui s'inquiète qu'une femme soit seule cache une main derrière son dos et pose l'autre sur son épée, vous devez l'avouer.

Ben quoi ? L'attitude de cet homme était plutôt suspect. Perce-Neige, qui n'avait pas quitté son perchoir, fixa l'homme, attentive, tandis que sa maîtresse posait trèèèèès lentement une main sur son sabre, d'un geste si précis, si doucement qu'elle ne savait pas si il le remarquerait. Cet homme lui faisait peur, car c'est de cette façon que les Astorgs l'avaient abordés quand elle était petite. Semblant inquiet, ils avaient finit par montrer leurs véritables natures, comme leurs intentions : perverses, sournoises. Et encore, les Astorgs n'étaient eux, pas armés. Ils venaient de sortir d'un Bar en même temps, logique qu'ils n'aient pas d'armes. Si cet homme avait les mêmes intentions que ceux qui l'avaient attaquée il y a de cela si longtemps, il était plus dangereux qu'eux.
Elle avait peur, mais était déterminée. Flowène n'était plus la petite terrifiée qui ne connaissait rien du monde et de sa cruauté. Elle était une femme endurcie par les épreuves de la vie. Elle avait un sabre pour le combat rapproché, au cas où il utiliserait l'épée pour lui faire peur, pour qu'elle se laisse faire sans protester, un arc si elle fuyait, avec lequel elle pourrait le toucher de loin, et Perce-Neige, qui la couvrirait. Lui n'avait qu'une épée, et, peut-être une deuxième arme qu'il cachait dans son dos. Elle avait l'avantage.
Finalement, ils ne s'étaient peut-être échangé que des avertissements. Lui la prévenant des dangers quand on est seule, elle lui répliquant qu'elle serait parée si quelqu'un l'attaquait. Quelqu'un comme lui. Elle préférait cependant ne pas l'attaquer. Pas coupable tant qu'on ne l'a pas prouvé. Entre suspect et coupable, il y avait un pas, qu'elle ne tenait pas à franchir. Aussi, ne laissant rien paraître des sentiments contradictoires qui secouaient sa tête, Flowène adressa un sourire (peu sincère, d'accord, mais c'est déjà ça !) à celui qui l'avait abordée, installant une atmosphère froide entre eux.
On peut dire que son séjour à Cydonia commençait bien !

[Je sais que ton personnae n'a cité nulle part des intentions... voilà. Pour t'expliquer, pour personnage est TRES paranoïaque et a eu une très mauvaise mésaventure avec des Astogrs quand elle était petite, donc, voilà pourquoi elle soupçonne un peu ton personnage. Donc, je t'offusque pas à cause de ce que j'écris, mais si VRAIMENT ça ne te plait pas du tout, j'éditerais]

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagés : Flowène, Vaykalan ]