[ D-P ] Peut-être..? ( PV Andraan ) (terminé)

Les cheveux encore mouillés de sa douche, Fynia tenta désespérément de les attacher avec un ruban de couleur orange. Malgré tous ses efforts, elle ne parvint pas à être convaincue de sa coiffure, se désintéressant de sa chevelure ruisselantes imbiber le haut de sa robe jaune pastel d'eau. Robe qu'elle n'avait jamais portée, elle l'avait conservée dans un coffre chez elle sans jamais avoir eu l'envie de la mettre. Cependant, ce jour là, Fynia la portait avec fierté. Chez elle n'était pas le bonne expression, il fallait plutôt dire ; " Le lieu où elle se ressourçait entre deux explorations ". Elle venait de passer la rue marchande et dans ses mains se trouvait un petit sac en papier qui contenait plusieurs sortes de confiseries. Sucreries que l'Elémentaire n'avait pas mangées depuis longtemps. Elle saisit entre deux doigts une boule recouverte de sucre, un fruit confit, et le porta à sa bouche et mordit dedans, un minuscule morceau sur la palet. Le soleil se levait lentement au-dessus de la brume.
C'était une belle journée de printemps, les habitations de la cité se fondaient à la perfection dans le décor troublé par le brouillard. Il n'y avait pas de brise en ce début de matinée, il faisait doux et il lui était agréable de se promener dans la rue en grignotant ses douceurs. Elle ne savait pas encore où aller, errant gracieusement ici et là pour trouver le lieu parfait pour déguster ses fruits confits. Peut-être qu'elle passait pour la deuxième fois devant l'autel, peut-être qu'elle n'avait finalement pas envie de se trouver un coin calme, peut-être n'avait elle, au final, pas envie d'être seule pour se goinfrer ? Fynia se trouva stupide de ne pas avoir emmené Vague avec elle, mais la bestiole dormait paisiblement sur un coussin, la jeune femme n'avait pas eu le courage ni la cruauté de la réveiller. Elle n'était pas assez égoïste pour troubler le sommeil de sa fidèle amie à quatre pattes. Là, elle fit une halte et entreprit derechef d'attacher ses longs cheveux blonds, beaucoup moins trempés, avec son ruban et son sachet entre les dents. Pendant que ses mains s'occupaient de sa coiffure ses yeux se promenaient sur l'allée. Tient, elle n'était jamais venue dans ce coin de la ville. Il n'y avait pour ainsi dire, personne. Comme fuie par les habitants, la petite place était entièrement vide. Havre de paix au milieu d'une immense cité ? Ses cheveux désormais noués en une cascade de cheveux dorés à l'aide du bout de tissu coloré, elle se permit de flâner dans l'endroit dépourvu de foule. Des effluves entêtantes de fleurs qui venaient de naitre lui chatouilla le nez sans la quitter. Pour être franche, elle s'était perdue dans les dédales de rue flexueuses, seulement elle ne se l'avouerait jamais. Hors de question qu'une femme qui connaissait presque par cœur toutes les routes et les villes de se perdre dans sa propre agglomération..! Elle leva les yeux au ciel et demanda silencieusement aux Dieux de bien vouloir lui pardonner son caractère de mule aigrie. Un banc se trouvait non loin d'elle, partiellement dissimulé par un de ces arbres silmariens que l'on rencontre un peu partout dans la ville. La demi Elfe s'avança jusqu'à lui et à sa grande surprise, il était déjà occupé par un jeune homme. Des oreilles pointues, un délicat visage et des yeux verts. Une petite moue déçue se dessina sur les lèvres de Fynia qui finissait, après tout ce temps, son premier fruit. Il leva la tête vers elle et elle resta silencieuse encore un certain temps, avant de demander poliment de sa voix aux sonorités autant liquoreuses qu'enchanteresses.

" Cela vous dérange-il si j'occupe le bout libre du banc ? "

Une nouvelle saison printanière se profile à l'horizon. A vrai dire, cette dernière n'est guère l'une de mes préférées ; le temps et les températures improbables m'agacent plus qu'ils ne me donnent l'envie de voir s'établir la chaleur écrasante de l'été. Le froid mordant de l'hiver n'était cependant pas plus agréable, et c'est sans regret que j'assiste à son départ. Certes, je me rends compte de la suprême et détestable réticence dont je fais preuve vis-à-vis des saisons, mais je ne peux m'en empêcher.
Tentant tant bien que mal de combattre mon agacement alors que je vois déjà se profiler dans le lointain horizon quelques nuages, je décide tout de même de sortir, profiter des rayons du soleil tant qu'ils sont présents et que la pluie ne noircit de son humidité les pavés. Je serais tenté de quémander de la compagnie auprès de mes amis, mais ces derniers semblent occupés ces derniers temps ; cependant, je doute fortement qu'ils n'aient délibérément décidé de prendre du recul et de s'éloigner de moi. Parfois, alors que je les côtoie, mon Empathie présentant encore quelques failles de contrôle capte une certaine forme d'agacement, certes contrôlée, mais existant néanmoins. Un étonnement pour moi, qui pensait pourtant contrôler ma froideur nocturne et ainsi leur cacher ma double vie ; il faut croire qu'ils possèdent un sixième sens assez développé, ou bien me connaissent assez pour déceler les fissures de mon masque de passé.
C'est ainsi que je finis par nonchalamment me promener dans les rues, foulant les pavés d'un pas mou, dénué de motivation et d'entrain. Le temps a beau être plus que propice à n'importe quelle activité, je ne sais que faire dans ma Silmarie natale ; malgré les dix-neuf années que j'ai passées à l'intérieur de ces murailles, les rues me semblent totalement étrangères. Les jours me paraissent s'égrener à une vitesse impossible, aussi rapidement que les grains coulent dans un sablier, plus vite encore que l'eau ne s'échappe de la clepsydre. Une sensation bien étrange de détachement, que jusqu'à alors je ne ressentais que très rarement. A présent, plus les secondes filaient, plus je devenais un étranger, comme un arbre se meurt lorsque la sève ne peut franchir le tronc et atteindre les racines. Je perds mes feuilles petit à petit, sans les voir repousser ; j'entre dans un hiver éternel.

Je soupire. Que puis-je donc faire ? Regardant autour de moi, je m'aperçois que mes pas m'ont mené devant la Cascade des Anciens, havre de paix caché dans les dédales silmariens. Parmi les feuillages touffus des chênes qui s'épanouissent dans cette place, j'aperçois l'eau claire dévaler la roche, suivant son paisible cours dans d'agréables clapotis. Voilà bien longtemps que je ne suis revenu ici ; le temps m'ayant fait défaut au cours de ces dernières années dévouées à la maîtrise de mon Esprit, je n'ai pour ainsi dire jamais pris le temps de revenir sur mes traces et de retourner sur les lieux de mon enfance.
Un flot de souvenirs remonte alors que je me remémore nos frasques, du temps où nous étions encore soudés et sans secrets les uns envers les autres. A cette époque, nous nous entendions tous, nous passions notre temps à vagabonder ça et là dans les ruelles silmariennes, préférant de loin la cascade à n'importe quel abord de cette cité. Quelques anecdotes éparses refont surface, et je ne peux brider le sourire qui s'étire sur mon visage alors que je repense à mes amis. Anrys, toujours si maladroit, mais si drôle, commettant toujours des erreurs inédites ; il était prédestiné à la voie de comique, selon nous. Selen, la plus sage de notre quatuor, voulant toujours tresser la chevelure d'Elwën malgré sa réticence et sa haine profonde pour les détails insignifiants ; nous réconciliant toujours lors de nos disputes infantiles, elle était la voix de la sagesse. Et Elwën … La plus aventureuse avec moi, désirant toujours découvrir de nouveaux endroits, malgré nos constantes explorations de Silmarie lors de ces si nombreux après-midis passés ensemble.

*Ne pense pas à elle.*

Cette petite voix a raison. Ressasser le passé ne servira à rien, tant que je ne l'aurai pas retrouvée. Elle est d'ailleurs la raison pour laquelle je suis devenue ce que je suis, et probablement l'origine de mon détachement progressif de tout ce que je connais. Je ne dois perdre de vue l'objectif que je me suis fixé, et je n'arrêterai mon métier d'assassin que lorsque je l'aurai retrouvée. Je m'en étais fait la promesse cette fameuse nuit, et je ne compte en aucun cas changer mes intentions.

Le soleil a déjà parcouru un quart du ciel dans son interminable ronde. Le zénith prend place au-dessus de ma tête, et je vois les feuilles des arbres danser au rythme de la brise qui les agite. Je ne sais depuis combien de temps je suis assis sur ce banc de pierre, à réfléchir à ce qui s'enchaîne dans mon esprit, mais le temps passe vite, très vite, trop vite. Peut-être même ai-je somnolé quelques instants, endormi par l'exubérante chaleur qui s'installe progressivement à mesure que la journée avance. L'eau continue son interminable chemin, ruisselant sur la pierre polie au fil des ans ; le ciel azur, malgré mes craintes, semble toujours vide de tout nuage. Parfois, j'aimerais en être un ; regardant les choses de haut, sans avoir nul problème, sans être arrêté par les premières difficultés. Déverser mon fiel sur les habitants qui marchent en-dessous, sans me soucier d'eux. Une vie tellement enviable par rapport à celle que je mène pour le moment. Nulle piste ne pourrait me conduire à Elwën, et je ne sais guère où chercher ; jusqu'à présent, j'avais cherché dans les moindres réseaux d'information, cherché sans relâche. Et pourtant, je n'avais rien trouvé de concluant.
Derrière moi, j'entends un bruissement parmi les feuillages, et quelques pas qui s'approchent pour s'arrêter. Les yeux fermés, adossé contre le tronc d'un frêne, je ne prends la peine de regarder qui vient vers moi ; en cas d'attaque mes réflexes suffiront à me sauver. Pourtant, aucun coup ne vient, juste une respiration paisible. Puis, j'entends une voix cristalline me dire :

« Cela vous dérange-t-il si j'occupe le bout libre du banc ? »

Je décide enfin de me retourner, et vois se tenir devant moi une jeune femme aux traits elfiques ponctués de détails cydiens. Elle possède une chevelure dorée qui tombe inégalement sur ses épaules ; je peux lire dans ses prunelles mordorées un agacement ponctué de lassitude. N'y voyant aucun inconvénient, et pensant enfin pouvoir me distraire de mon quotidien, je lance par télépathie :

** Mais faites donc ! **

J'imagine qu'elle doit être surprise de m'entendre parler directement dans son esprit, mais je n'ai guère le choix à cause de mon mutisme. J'espère que cela ne dérangera pas la jeune femme, car je ne peux faire autrement pour communiquer.

[Héhé, sorry j'en profite pour m'approprier son caractère, du coup je développe sur plein de lignes ^^ Et j'en profite aussi pour m'entraîner à écrire au présent/1ère personne Wink

]

La réponse qu'elle attendait ne sortit pas à proprement parlé de la bouche du jeune homme, non, elle résonna en elle, dans sa tête. Fynia sursauta, prise au dépourvu. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et l'observèrent attentivement. Il était plus jeune qu'elle et semblait s'ennuyer tout autant. À première vue, elle eut quelques réticences à accepter se contact, il s'était tout de même introduit dans son esprit puis au bout d'un certain temps, elle finit par se faire une raison et s'assit. Elle maintint une distance mais elle ne se ferma pas totalement, n'érigeant pas un mur invisible entre eux. Elle tint les bords de sa jolie robe avant de prendre place, afin d'éviter les plis, tout en posant son petit paquet blanc sur ses genoux. Extirpa un fruit confit puis le porta à ses lèvres avant de s'arrêter net et de lui tendre le sachet. Fynia se demanda si il lui était impossible de communiquer autrement que par télépathie et décida de faire un effort pour le comprendre, bon, il n'était pas prévu qu'elle lui fasse un sourire en lui proposant une sucrerie, la spontanéité faisait parfois du bien. Cela lui changeait de ses habitudes trop distantes et fut heureuse de parvenir à sourire sans se forcer. Puis elle regarda la cascade qui se dessinait au loin. N'était pas revenue depuis l'hiver dernier, et, de ne l'avoir vue qu'une fois, de nuit et dans la neige, elle trouva le lieu encore plus beau au printemps qu'en hiver. L'eau l'apaisait et la bruyante chute d'eau calma un peu plus la jeune femme déjà bien posée depuis son arrivée ainsi que la température douce cumulée aux effluves des plantes environnantes, elle ne pût s’empêcher de remplir son cœur de joie. Enfin, elle se rendit compte qu'elle l'avait laissé dans un silence pesant, elle se tourna vers lui, Fynia s'exprimant beaucoup plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu.

" Je m'appelle Fynia et vous ? "

C'était mieux que rien. Elle leva les yeux vers le ciel, finalement elle ne s'était pas perdue. Elle essaya vainement de penser à autre chose qu'aux nuages qui viendraient sûrement lui gâcher sa belle journée ensoleillée puis elle mordit dans son fruit. Peut-être que le fait qu'il ne lui avait pas vraiment parlé, qu'il ne s'était pas exprimé comme "tout le monde" la rassurait... Peut-être que par le fait qu'elle fut la seule à entendre sa réponse la rendait un peu moins méfiante..?

[ C'est un peu court... Désolée ! >.<' ]

Alors qu'elle entend ma voix résonner dans son esprit, la jeune femme face à moi émet un léger sursaut, et plonge dans mon regard ses prunelles mordorées avec un air surpris. Sûrement ne devait-elle pas s'attendre à m'entendre parler directement dans sa tête ; peu de gens peuvent contrôler leur étonnement la première fois que je leur parle. Je la vois m'observer, me détailler rapidement du regard, l'air légèrement suspicieux. Peut-être n'a-t-elle pas apprécié mon intrusion ; je me passerais bien de m'inviter dans l'intimité des gens, mais malheureusement mon handicap ne me permet pas de faire autrement. Néanmoins, la jeune femme ne semble pas trop offusquée par ce contact plus que brut et intrusif, et je remercie le ciel qu'elle ne me gifle pas comme certaines demoiselles au caractère trop précieux l'ont déjà fait par le passé ; j'ai déjà connu des dizaines de marques rouges sur mes joues, et je ne tiens pas à en gagner une nouvelle.
Après m'avoir jaugé, elle semble s'accommoder à ma différence, et finit par s'asseoir à mon côté, en laissant toutefois une distance notable entre nous. Rien de bien étonnant, étant donné mon action quelques secondes auparavant. Elle arbore un air tout aussi las que le mien, et un ennui profond semble avoir composé sa journée. Une fois assise, elle ouvre délicatement le paquet immaculé qu'elle tenait à la main, et en retire quelques fruits confis ; la jeune femme en porte le premier à sa bouche, et alors qu'elle s'apprête à le grignoter, elle s'arrête et me tend le paquet à bout de bras, accompagné d'un sourire éclatant qui détend les traits de son visage. Une bien gentille attention, alors qu'elle ne me connait pas ; mes lèvres s'étirent également en un sourire, et c'est avec un plaisir non simulé que j'en attrape un. Et je me replonge dans ma contemplation.
Malgré le temps qui passe, cet endroit reste toujours aussi magnifique. Quoi qu'il arrive, malgré les pluies et les vents déchaînés qui battent les arbres, dès que toute bourrasque a disparu, l'atmosphère sereine qui règne en tout temps revient habiter les lieux. Je n'aime pas cet endroit pour une raison idiote ou simplement parce qu'il est magnifique ; le bruit du vent dans les feuillus est le seul son qui peut me reposer, les calmes clapotis de la cascade sur les pierres ponces sont les seuls qui peuvent me rasséréner. Les senteurs qui se dégagent de la végétation peuplant cette place sont uniques en leur genre, et on ne trouve nulle odeur similaire dans tout Silmarie.
A force de contemplation, je me rends compte qu'un silence lourd et pesant s'est installé entre la jeune femme et moi. D'ordinaire, étant seul en cet endroit oublié bien malgré lui, le vide sonore ne me dérange pas ; mais en présence de quelqu'un d'autre, ce calme silence se mue en poids effarant. Je ne sais que dire à cette belle inconnue, mais par chance, elle est la première à engager la conversation ; étrangement, sa voix ressemble à celle que j'adopte par mon caractère nocturne :

« Je m'appelle Fynia, et vous ? »

Curieusement, son ton ne m'offusque pas ; il me rappelle ma seconde vie, à laquelle je ne pense jamais en journée afin de ne pas me trahir. Avec un sourire pour la rassurer, je lui réponds :

**Je m'appelle Andraan.**

Cette fois cependant, elle ne semble s'indigner de mon intrusion ; elle semble prendre cela naturellement, comme à l'instar de mes amis désormais habitués à mon moyen de communiquer. Levant les yeux, je la vois regarder le ciel de son regard si particulier, dont la couleur était assez inhabituelle pour moi.
Repensant à son sursaut de ma première phrase, je me dis que peut-être il serait plus correct de lui expliquer pourquoi j'utilise constamment la télépathie. Je m'étais rarement expliqué quant à mes raisons, et cela m'avait souvent valu des regards froids. Je soupire, me redresse contre le tronc, et plongeant mon regard dans le sien, lui lance :

**Je suis désolé de vous avoir surprise. Pour communiquer, je n'ai guère le choix ; étant muet de naissance, je ne peux qu'user de ma télépathie pour faciliter ma vie.**

[Meuh non, t'inquiète ^^ Sorry du retard, j'ai conscience que je suis pas rapide en ce moment ... >_<]

Il prit une sucrerie avec le sourire, cela sembla lui faire réellement plaisir, tant mieux, elle aussi était contente de voir que cela lui plaisait. La gourmandise était sans doute l'un de ses défauts, mais si elle pouvait en faire profiter les autres, pouvait-on appeler ça un défaut ? Elle aurait voulu que Vague soit avec elle. Ainsi, la petite fouine aurait pu, elle aussi, faire la rencontre du jeune homme. Une autre fois sans doute, au fait, y aurait-il une autre fois ? Ou elle ne pouvait que le souhaiter en son sein ? Elle soupira longuement sans savoir pourquoi cela l'ennuyait... Heureusement pour elle, il ne le prit pas mal. Elle avait parfois un ton qui laissait à désirer et ce, sans qu'elle n'en soit réellement consciente, pourtant, elle voulu faire un effort de sympathie. Lassée par sa solitude peut-être. Sa réponse, bien évidemment se forma dans son Esprit. Elle s'y habituera, avec le temps, plutôt, elle osait espérer qu'elle s'y accommoderait.

**Je m'appelle Andraan.**

Prénom qu'elle n'avait jamais entendu, mais cela n'avais rien d'incroyable... Elle était seule depuis tellement longtemps qu'elle pourrait s'étonner de tous les noms qu'elle entendait. Cependant, le mutisme de ce jeune homme la rassurait d'une certaine manière. Sans trop savoir pourquoi, elle avait envie d'être son amie ou simple d'avoir un ami. Elle fixait le ciel clair quand une fois de plus la voix d'Andraan s'introduit en elle. Cette fois, elle ne sursauta pas bien qu'elle en fut tout aussi surprise.

**Je suis désolé de vous avoir surprise. Pour communiquer, je n'ai guère le choix ; étant muet de naissance, je ne peux qu'user de ma télépathie pour faciliter ma vie.**

Elle mordilla dans son fruit puis le regarda avec étonnement lorsqu'il lui affirma ce qu'elle avait supposé quelques minutes plus tôt. Alors ce jeune garçon était réellement muet..? Elle le regarda, avec un petit sourire accroché à ses lèvres, ne trouvant pas les mots pour s'exprimer de manière correcte. Puis elle regarda un peu plus, esquivant son regard. Ce n'était pas par méchanceté, seulement voilà, elle ne trouvait pas les mots. Puis c'est un regardant le ciel que Fynia finit par s'adresser à lui avec douceur ;

" Je ne sais quoi vous dire... Andraan... J'admire le fait que vous cherchiez un moyen de communiquer malgré votre handicap, je ne vous en tiens pas rigueur, cela m'a prise au dépourvu rien de plus. Oh, et puis, pour faire simple : enchantée. "

Depuis son arrivée à Silmarie, toute sorte de choses avaient changés pour elle. Le fait d'observer les passants avec leurs familles, amis, enfants avaient fait naître en elle une sorte de jalousie vis-à-vis des liens qu'ils avaient tisé entre eux. Fynia n'avait ni parents ni amis. Bien qu'elle ait un Grand-père, elle ne s'était jamais sentie proche de cet homme qui avait un don violent pour la mettre dans tous ses états. Elle s'enfonça un peu plus dans son banc, absolument pas gênée de lui avoir dit ce qu'elle pensait au plus profond d'elle. De toute façon, elle avait dit ce qu'elle pensait. Rien de plus. Maintenant, il lui fallait espérer qu'il ne le prendrait pas mal ou que ses mots ne le blesseraient pas. Andraan ne lui semblait pas du genre à se vexer pour cette sorte de réponse franche. Du moins, ce fut ce qu'elle remarqua.

[Désolée pour le temps de réponse ! ^^' Je vais finalement reporter les paroles des autres et je trouve que le orange lui va bien ! =D ]

La jeune femme me regarde avec curiosité, alors qu'elle savoure doucereusement son abricot confit. La nouvelle de mon mutisme semble l'intriguer, mais cela ne m'étonne guère : rares doivent être les personnes qui ont déjà rencontré un muet, qui plus est détenteur de l'Esprit dont il se sert pour communiquer. Son intérêt m'arrache un sourire en coin, alors que j'achève mon fruit d'un coup de dent.

« Je ne sais quoi vous dire … Andraan … J'admire le fait que vous cherchiez un moyen de communiquer malgré votre handicap. Je ne vous en tiens pas rigueur ; cela m'a prise au dépourvu, rien de plus. Oh, et puis, pour faire simple : enchantée. »

Sa réponse, simple, sincère, dénuée d'artifice, fait naître sur mes lèvres un sourire amusé ; éparses sont les occasions qui m'étonnent ainsi par leur franchise, leur absence totale de désir égoïste caché. Fynia est décidément une jeune femme peu commune, bien différente de celles aux côtés de qui je vis. Directe, franche, elle ne perd pas son temps à créer des mensonges, et je n'ai guère besoin de mon Esprit pour dire qu'elle n'hésite jamais à dire ce qu'elle pense, sans artifice. J'ai pour ainsi dire l'habitude de côtoyer l'hypocrisie, le narcissisme, le profit, le vice personnifiés ; mon entourage, qu'il soit proche ou distant, vit dans une optique de profit personnel, profondément ancrée dans leur esprit. Je n'ai guère ressenti le besoin d'y exercer ma lecture de pensées pour savoir ce qui s'y discutait.

« Mentons-lui pour nous faire bien voir. »

« Aidons-le pour lui créer une dette morale, cela nous sera certainement utile plus tard si ça ne l'est pas déjà maintenant. »

« Brûlons-lui les ailes pour l'empêcher de voler, ainsi nous pourrons briller à sa place. »

« Servons-nous de sa crédulité pour le manipuler à notre guise. »

La vertu est une notion que je jurerais inexistante dans mon vaste quartier en Silmarie ; parfois j'en arrive à m'interroger sur la provenance de mon goût prononcé pour le meurtre. Une infamie que mon ancien moi aurait condamnée sur-le-champ. Ma tendance criminelle ne viendrait-elle pas de cette absence de son parfait opposé ?
Une seconde hypothèse cependant trotte dans mon esprit, galope alors qu'il s'agite, hennit lorsque j'ose la repousser. Ne détesterais-je pas l'ancien Andy pour sa faiblesse, son incapacité à aider ses proches ? N'aurais-je pas alors voulu me créer un nouveau moi, plus puissant, taillé pour son objectif ? Naturellement, mn subconscient fait référence à travers cette question à Elwën, qui avait sombré dans le sang pour des raisons qui me sont aujourd'hui encore inconnues. Des nuits entières ont vu leurs quelques heures de sommeil cédées au profit d'une réflexion active, emplie de volonté. Mais pourtant inutile. J'avais eu beau employer la meilleure bonne volonté dont je pouvais faire preuve, aucune idée brillante n'était venue illuminer mon chemin, telle une luciole. J'étais resté dans l'obscurité la plus totale à ce propos, menaçant de chuter à chaque nouveau pas.
Je secoue la tête et me force à sourire.

*C'est ridicule. Quelle question inutile. Il est évident que je n'ai rien à me reprocher de la sorte !*

Du moins cherchait-il à s'en convaincre. Quel lâche pouvait-il être, à ce propos. Fuyant la réalité.

∞

Soudain, je reviens à la réalité ; descendant de mon nuage de pensées ascendant, je me rappelle que je ne suis pas seul. Fynia. Je me demande combien de temps s'est écoulé pendant cette évasion ; ces dernières duraient généralement plusieurs minutes pendant lesquelles j'étais figé à l'instar d'une statue, qui s'allongeaient plus elle m'emmenaient loin dans mes escapades. Cette "absence" comme je me complaisais à les appeler, avait instauré un silence gêné, que nul n'osait rompre. Toutefois, trop plein d'une fierté parfois étouffante qui m'interdit de me laisser vaincre par la gêne, je me décide à briser le vide sonore :

**Je suis sincèrement désolé. Lorsqu'une pensée m'entraîne, je ne peux la contrôler, et seul le temps peut m'ôter de ma rêverie. Ainsi, je m'excuse des milliers de fois du silence que j'ai ainsi entraîné ; j'imagine que j'ai dû vous mettre mal à l'aide, pendant ces longues minutes, silencieux …**

Préférant changer de sujet afin de couper court à cette gêne agaçante, qui semblait trop bien installée dans l'atmosphère, je change de sujet et enchaîne, plus poliment que pour une quelconque autre raison :

**Que venez-vous faire en ces lieux ? J'imagine que vous devez apprécier son calme et la sérénité parfaite qui s'en dégage, permettant ainsi de réfléchir à son aise, me trompe-je ?**

[Je suis tellement en retard T_____T *go se pendre*
En tout cas, je constate que j'écris vraiment pas bien quand je suis crevée, et je dérive beaucoup trop x)
Et sinon c'est normal qu'une ligne soit pas en italique et à la 3ème personne, fallait absolument que je descende Andy un peu :p]

[ Suite au départ de Faelin, le topic est terminé.

Désengagés : Andraan, Fynia ]

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