« Il fut un temps où le monde tournait à l'envers, où les hommes, fiers et braves, préféraient se faire la guerre entre eux plutôt que de s'allier contre l'ennemi commun. Une femme, courageuse et têtue, se dressa face aux dirigeants de chacune des cités. Grâce à sa force de persuasion, elle sut leur faire comprendre qu'ils devaient s'unir au lieu de se quereller sans cesse. Il fut difficile à la Dame de leur faire entendre raison et pourtant, au bout de quelques mois, tous se tinrent la main pour lutter contre l'ennemi commun. »

« Azael, tel était son prénom. Un dieu que tous croyaient maléfiques, sans doutes ignoraient-ils qu'en réalité, il n'était qu'un amant blessé et meurtri en quête de son âme sœur, réincarnée dans le corps d'une enfant à peine plus âgée que toi. Quoi qu'il en soit, ce fut sur ce champs de bataille que ton père perdit la vie, pour sauver celle de ta maman. Feanaro était un homme de courage, il combattit le mal au fil de l'épée et sans lui, tu n'aurais jamais vu le jour ! Il a combattu vaillamment mais fini par tomber au combat, en brave, pour me sauver ... »

« Papa était beau ? » demanda une petite voix timidement.

Les yeux de l'enfant s'étaient posées sur sa mère tandis que cette dernière lui souriait. Elle embrassa la petite fille sur le front ainsi que Lùmen et Lùkhas qui écoutaient tout aussi attentivement l'histoire avant de répondre d'un ton calme par l'affirmative. Le petit garçon demanda la suite de l'histoire avec impatience tandis que dans les yeux de la petite héritière brillait une admiration sans faille pour l'homme qu'était son père et qu'elle n'aurait jamais l'occasion de connaître. Eléa avait beaucoup de défauts mais pas celui de mentir. Si elle en était venue à détester Feanaro même après sa mort, elle donnait à sa fille une vision objective, quelque peu romancée parfois pour la beauté du geste, de son père et le lui présentait comme le Capitaine qu'il avait été et non comme l'homme qu'elle avait haï. Aedan aimait son père comme s'il avait été à ses côtés.

« Tu ne devrais peut-être pas lui raconter cela ! » objecta Jelenna en entrant dans la pièce.

« Jel' ! » s'exclamèrent les trois enfants tandis que Lùkhas tendaient déjà les bras dans sa direction. Elle embrassa son frère sur le front ainsi que ses nièces avant de prendre le petit garçon sur ses genoux. Chaque fois que son regard se posait sur ses jambes abîmées, elle ne pouvait s'empêcher de penser que le destin était cruel envers lui. Le petit sembla capter ses pensées en lui murmurant à l'oreille :

« Ne t'en fais pas Jel', je guérirai, El' me l'a promis ! »

La réplique fit faiblement sourire la petite demoiselle tandis que sa sœur aînée lui intimait le silence d'un regard. Il était évident que pour l'heure, Jacen et Eléa étaient incapables de le soigner mais pour autant, personne dans leur petite famille ne désespérait de trouver le remède miracle pour sauver le petit. En attendant, le petit semblait plutôt bien vivre son handicap, sans doutes parce qu'Eléa veillait à ce qu'il ne manque de rien et à ce qu'il en soit jamais seul. Aedan passait le plus clair de son temps aux côtés de son oncle avec plaisir et souvent, Lùmen les rejoignaient.

« Bon allez les enfants, c'est l'heure de vous préparer, Marisa va vous aider. » précisa Eléa tandis que la jeune femme chargée des petits entrait dans la pièce.

Aedan ronchonna qu'elle aurait aimé en savoir plus sur son père sans pour autant s'aventurer à désobéir et, avant que l'Amazone ne puisse saisir l'enfant, Lùkhas demanda à sa sœur :

« Tu reviens me voir après hein ? »

Jelenna le lui promit dans un sourire et le petit suivi ses deux nièces en silence. Lorsqu'ils furent seuls dans la pièce, Jelenna reprit la parole :

« Aedan a l'air de beaucoup aimer son père »

Eléa répondit par un soupir avant de changer de sujet. Visiblement, la princesse héritière avait d'autres soucis en tête pour se préoccuper des sentiments de sa fille envers son défunt père. Peu lui importait au fond que la petite aime son père, elle ne lui offrait que la vérité et rien de plus pour qu'elle puisse se faire son avis. Enfant, elle avait souffert des mensonges de Philéa et voilà pourquoi elle se refusait aujourd'hui à faire de même envers sa fille. Quant à Lùmen, mieux valait qu'elle connaisse le monde qui l'entourait le plus tôt possible car, en tant que fille adoptée, elle ne connaîtrait pas le même destin que sa jeune sœur au sein de la cité …

« Je vais au Bar bu aujourd'hui, tu veux m'accompagner ? »proposa la petite fille dans un nouveau sourire.

« Ce serait avec plaisir, mais j'ai besoin d'entraîner Kurosu et Oni ensemble … Prends Haiiro avec toi par contre. »

Oui, comme d'habitude, Eléa avait toujours cette peur stérile que la petite soit enlevée. Peu importait de toute façon, dans l'enceinte de Muria, Haiiro ne la quittait jamais pourtant, aujourd'hui, elle aurait aimé étrangement que Kurosu ou Oni l'accompagne. Comme si elle avait capté les pensées de sa cadette, Eléa reprit :

« Je préfère autant garder Kurosu et Oni avec moi, prends Haiiro. »

La petite soupira et sortit.

[ … ]

Sur le chemin en direction du Bar Bu, Jelenna se demandait si elle faisait bien d'y aller aujourd'hui. A vrai dire, elle hésitait fortement de peur de déranger la tenante du bar mais au final, lorsqu'elle fut devant les portes de l'échoppe, la princesse bis se dit qu'il était idiot de faire demi-tour. Il était tôt dans la journée, deux heures environ avant que le soleil ne soit au zénith mais peu importait. Haiiro frotta son museau sur la main de la petite ce qui ne manqua pas de la faire sortir de ses rêveries. Elle soupira à nouveau en passant sa main sur la tête de l'animal et décida d'entrer.

« Bonjour ! » lança-t-elle timidement à la cantonade, parlant à moitié dans sa barbe.

La porte se referma derrière elle dans un bruit sourd tandis que la louve au pelage cendré s'assit à ses pieds. Sans savoir pourquoi, la petite princesse se sentait perdue et attendit donc que quelqu'un vienne à sa rencontre.

Laïssia vit entrer son « patron » et une mine soulagée se peignit sur ses traits.

Ah ben, c'est pas trop tôt ! Je t'avais demandé de faire vite !

Flowène poussa un soupir agacé avant de poser sa cape sur le porte-manteau. Perce-Neige, délogée de son perchoir (l'épaule de l'Elfe), voleta sur son morceau de bois préféré pour avoir une large vue de la scène. Avalanche n'avait pas quitté son poste (un coussin bien rembourré dans un coin du Bar, près du comptoir, où elle était allongée).
La Cydienne était vraiment exaspérante. Là, Flowène avait à peine cinq minutes de retard. Et on ne pouvait pas dire que Laïssia soit un modèle de ponctualité. Son record était toute une journée de retard (elle avait cru que sa journée de congé était ce jour-là). Par contre, dès que sa patronne faisait preuve d'un infime retard, elle l'apostrophait avec un manque de tact agaçant. Et comme chaque fois, l'Elfe se demandait pourquoi elle avait engagé Laïssia, qui était tête en l'air, insouciante, et parfois un peu impolie avec sa patronne. Et comme chaque fois, une voix en elle lui répondit que c'était parce qu'elle n'était pas fainéante, et qu'elle avait une attitude presque irréprochable avec les clients.

J'ai un client important qui doit venir au magasin !

Une autre raison pour laquelle elle avait engagée la Cydienne : tout simplement parce que, comme elle, elle avait un autre métier à mi-temps. C'était plutôt pratique.
Voyant que Flowène ne l'écoutait pas vraiment, Laïssia haussa les épaules et fila sans demander son reste, souhaitant à peine une bonne journée à l'Elfe. Celle-ci s'en fichait un peu, sautes d'humeur de sa co-gérente n'était pas nouvelles.
L'Elfe prit sa place derrière le comptoir. Il n'y avait que quelques clients, qui la regardaient, amusés par la discussion.

* Ce ne sont que des habituées* constata-t-elle.

Celles-ci avaient souvent droit à une boisson spectacle entre Laïssia et Flowène. Mais la plupart ne faisaient pas de remarques.
L'Elfe patienta un peu, servant les nouveaux arrivés, saluant ceux qui partaient. La matinée passait lentement, tandis que les clients se faisaient plus nombreux.
La porte s'ouvrit à nouveau, laissant entrer une jolie jeune fille à la superbe chevelure dorée, aux yeux bleus pétillants et à la peau pâle.

Bonjour !fit une petite voix dans sa barbe.

Flowène sourit à ce moment-là, reconnaissant Jelenna. Elle l'avait revue il y avait peu, alors qu'elle avait percuté une Astorg, Ashelia, une ambassadrice venant de Storghein. Toutes trois avaient discuté (même si l'Astorg avait été un peu exclue de la conversation...), et Jelenna avait demandé à Flowène si elle pourrait un jour passer au Bar Bu. Bien sûr, l'Elfe n'avait pas refusé. Et voilà qu'elle se pointait !
La propriétaire se souvenait de sa première rencontre avec la petite princesse, à Tamawa. Il y avait aussi Lyvie, Capitaine des Lionnes. Flowène avait d'abord été gênée, surtout que ses deux interlocutrices se connaissaient, elle non, puis, elle s'était rendue compte que Jelenna était autre chose qu'une princesse chouchoutée, autre chose aussi qu'une petite fille torturée lors de son enlèvement, autre chose que sa réputation. Bref, elle avait fini par apprécier la petite.
Flowène se dirigea d'un pas énergique vers la petite. Avalanche, qui avait senti Haiiro, la louve d'Eléa avec qui elle avait connaissance lors de leur dernière rencontre, suivit sa maîtresse vers la nouvelle venue.

Bonjour, Jelenna ! Contente de voir que tu as fini par venir finalement. Tu prendras une table ? Ou tu préfères t'assoir au comptoir ?

Avalanche émit un bruit qui ressemblait à un petit aboiement et Flowène baissa la tête vers Haiiroo, avant de proposer avec un sourire :

Je dois aussi avoir de la viande pour ta louve.

La petite demoiselle avait sincèrement craint de tomber au mauvais moment ou, plus simplement, de ne pas être la bienvenue dans le bar et ce, même si la gérante lui avait affirmé le contraire à peine quelques jours auparavant. Jelenna n'aimait pas s'imposer, de quelques manières que ce soit, aussi préférait-elle s'assurer que sa présence ne gênait pas ou que ses propos n'étaient pas déplacés avant de se sentir finalement à l'aise. En l'occurrence, ce ne fut qu'en croisant le sourire éclatant de sincérité de la gérante de l'établissement que la petite fille se sentit rassurée. Même dans l'enceinte du Bar Bu, Flowène restait fidèle à elle-même, souriante, avenante mais quelque peu distante malgré tout. Cela ne gênait absolument pas la petite princesse qui bien au contraire, s'adaptait à toute situation à merveille. Son caractère malléable avait fait l'objet de tant de louanges depuis sa plus tendre enfance qu'elle ne les comptait plus. Si l'enfant n'était pas forcément d'accord avec les gens qu'elle côtoyait quant à leur description de son caractère, elle se contentait de sourire et ne parlait que rarement, lorsqu'il lui était permis de le faire ou lorsqu'elle estimait devoir le faire. Pour l'heure, elle laissa la jeune femme parler et la saluer, répondant à son sourire par un autre sourire, moins timide néanmoins que le précédent.

L'enfant jugea l'espace d'une seconde la proposition de son interlocutrice. Se mettre au bar ou s'asseoir à une table, voilà qu'elle hésitait à prendre une décision pour des choses bien futiles … Pas si futiles que ça en réalité à ses yeux car selon sa mère, il était nécessaire aux grandes dames de ce monde de faire attention en toute circonstance à ce qu'elle faisait ou disait. « La réputation fait les grands de ce monde » lui avait-elle un jour confié dans un soupir aussi Jelenna prenait-elle garde d'être toujours respectueuse, polie et aimable de peur de faire mauvaise figure devant sa mère ou de voir de mauvaises rumeurs se répandre sur cette dernière. Pour l'heure, il lui fallait décider et vite où elle voulait s'asseoir si elle ne tenait pas à passer pour une idiote. Le bar lui apparu dans un premier temps comme un choix judicieux mais à bien y réfléchir, elle se dit qu'il était sans doutes très cliché que de voir des soiffards accoudés au bar aussi opta-t-elle pour la table. Si Jelenna n'avait jamais mis les pieds dans un tel endroit, ne connaissant en tout et pour tout que l'auberge la plus propre et la mieux famée de Tamawa, la cité neutre, force était de constater que le Bar Bu était très agréable. Chaleureux bien que peu décoré, il régnait dans la pièce une douce ambiance qui mettait les clients tout de suite à l'aise. La petite princesse ne fit pas exception.

« Je vais prendre la table du fond si tu me le permets, ainsi, je ne gênerai personne avec Haiiro ! »

Eléa ne songeait jamais à l'impact que pouvaient avoir ses loups à ses côtés ou pis encore, à celui que Haiiro pouvait avoir aux côtés d'une enfant pas plus haute que trois pommes et demi ! A défaut de repousser d'éventuels malfrats, inexistants dans la cité des femmes libres ou plus exactement, sous bonne garde, la louve au pelage cendré lui attirait surtout tous les regards ! Fort heureusement, les gens du bar devaient être habitués à la présence d'un tel animal avec Avalanche dans les parages. D'ailleurs, la louve aussi blanche que la neige d'hiver s'approchait déjà, suivant sa maîtresse qui menait Jelenna à sa table. Une fois assise, la jeune femme commença à lui préciser qu'elle avait de la viande pour Haiiro, qui, comme si elle était en mesure de comprendre le mot, redressa la tête à l'instant précis où Flowène le proposa ce qui bien entendu, ne manqua pas de faire sourire la petite demoiselle.

« Je crois que Haiiro vient de répondre à ma place ! Si tu veux bien, je prendrais un chocolat chaud avec plaisir ! » ajouta-t-elle avec le sourire.

C'était la première fois pour Jelenna qu'elle se rendait dans un bar et l'idée ne lui traversa pas l'esprit qu'on y buvait certainement autre chose que du chocolat chaud fait maison. Les enfants ont cette candeur que les adultes perdent en grandissant n'est-ce-pas ?

« Avalanche a l'air en pleine forme, quel dommage que je n'ai pas pu amener Kurosu, ils doivent être sensiblement du même âge tous les deux ! »

Tandis qu'elles discutaient, la porte s'ouvrit sur un visage que la petite Jelenna ne mit pas longtemps à reconnaître. Il s'agissait en effet d'Ashelia, la jeune Astorg que sa mère avait choisi pour être ambassadrice auprès de l'Oblat Kriisten il y avait peu de temps de cela. Cette dernière ne mit d'ailleurs pas longtemps à se rendre compte de leur présence et ce fut donc tout naturellement qu'elle se dirigea vers les deux amies. Il était inutile de posséder l'Esprit pour sentir la joie de vivre sincère qui animait la jeune femme aussi, lorsqu'elle les héla, Jelenna se contenta de sourire, attendant qu'elle se soit approchée pour lui répondre. Bien plus timide et introvertie que les deux Amazones, la princesse se sentit quelque peu étrangère tout d'un coup entre ces deux fortes personnalités pour autant, elle répondit avec un enthousiasme non feint :

« Bonjour Ashelia, ravie de te revoir également, veux-tu te joindre à ma table ? »

Flowène hocha la tête, et conduisit sa jeune cliente à la table désignée avec entrain.

« Je crois que Haiiro vient de répondre à ma place ! Si tu veux bien, je prendrais un chocolat chaud avec plaisir ! »

L'Elfe sourit gentiment. La clientèle étant rarement composée d'enfants, peu de bars avaient en stock des chocolats faits maison ou autres. Mais depuis sa dernière rencontre avec la petite, dans les rues de Muria, l'Elfe avait décidé de combler cette lacune, surtout quand Jelenna avait déclaré venir prochainement. Ainsi, Flowène parerait à toutes éventualités. Et elle se réjouissait de cette initiative.

Très bien, un chocolat chaud et une pièce de viande pour ta louve !

Flowène retourna près de son comptoir pour préparer la boisson rapidement, ainsi que pour mettre une bonne pièce de viande dans une assiette avant d'apporter le tout vers la table. Avalanche ne tiqua même pas quand sa maîtresse déposa la viande devant Haiiro. Apparemment elle n'avait pas faim, Laïssia avait dû la nourrir. Il faudrait penser à l'engueuler quand elle la verrait. Depuis qu'elle avait Avalanche, sa co-gérente ne pouvait s'empêcher de donner des « gâteries » à l'attendrissante bestiole (enfin, attendrissante, quand on ne voyait pas ses crocs démesurés...), et à chaque fois, la louve n'avait plus faim pour la vraie nourriture. Quand elle serait énorme et grasse, se serait Flowène qui serait embêtée, non pas cette tête-en-l'air !

Voilà !

"Jelenna ! Flowène ! Mais quel plaisir de vous revoir ! Alors c'est donc ici le Bar Bu dont tu es propriétaire ? Et excusez mon impolitesse, comment allez vous ??!!"

Etonnée, la gérente se retourna vivement vers cette voix qui lui était familière. Une jeune femme apparut dans l'embrasure de la porte, une superbe femme à vrai dire, blonde et plutôt bien formée. Flowène ne mit qu'un instant à la reconnaître : Ashelia ! Quelle coïncidence !

« Bonjour Ashelia, ravie de te revoir également, veux-tu te joindre à ma table ? »

Heureuse également ma chère. Bienvenue au Bar Bu, bar que j'ai acheté à mon arrivée à Muria. Pour moi ça va très bien. Quelle coïncidence qu'on se revoie ici toutes les trois en même temps !

La dernière fois, Jelenna et Flowène avaient un peu exclues Ashelia de la conversation, car elles se connaissaient déjà. D'ailleurs, l'Elfe fut presque étonnée de percevoir autant de joie dans la voix de l'ambassadrice. Mais apparemment, elle n'avait pas gardé rancoeur de ce petit détail. Et cette-fois-ci, l'Elfe était décidée à ne pas l'exclure injustement.

La dernière fois, nous n'avons pu nous voir que trop brièvement, j'espère que vous avez du temps devant vous. Pour ma part, je travaille presque toute la journée ! Alors pas de problème !

[J'ai vraiment pas d'idée.... ]

Ashelia regardait les loups de ses deux amies, oui elle pouvait appeler ses deux interlocutrices amies... En tout cas c'est ce qu'elle pensait. Leurs loups étaient magnifiques avec des pelages plus beaux les uns que les autres, on n'aurait eu du mal à croire que ces animaux eut été sauvages et agressifs...

On lui avait demandé si elle voulait se joindre à leur table, elle les regarda avec l'un de ses sourires angéliques puis leur répondit :

"Ce serait un plaisir de me joindre à votre table ! Je vous en suis fort reconnaissante, mais dite moi, comment allez vous depuis notre dernière rencontre ?"

Ashelia tentait tant bien que mal de suivre la discussion mais il y avait du monde et de l'agitation dans la taverne... Elle n'avait pas l'air à l'aise et se tenait debout les bras croisés laissant apparaître de la nervosité... Elle n'écoutait plus vraiment quoique ce soit dans ce brouhaha et elle était perdue dans ses esprits...

L'un des loups vint se frotter contre sa cuisse, surement voulait il la rassurer et à défaut de lui faire perdre sa nervosité, il l'a sortit de ses pensées et elle s'adressa à Jelenna :

"Jelenna... Comment va la famille royale ? Cela fait un moment que je ne me suis pas rendue à votre demeure..."

La jeune femme restait perplexe, elle ne savait plus vraiment où se mettre... Elle qui était toute pimpante et joyeuse à son arrivée pourtant !

[Désolé du retard ]
[ Edit modération : Attentions aux 10 lignes. ]

Jelenna était toujours surprise de voir à quel point les gens pouvaient être attentionnés. Bien qu'elle connaisse Flowène depuis peu, cette dernière pensait déjà à se préoccuper du bien être de Haiiro sans que personne ne lui ai dit quoi que ce soit. Sans doutes était-ce du au fait qu'elle possédait elle-même un tel animal mais même sans cela, la petite fille trouvait cela étrange. Sans doutes en grandissant aurait-elle les mêmes réflexes et les mêmes attentions … elle l'espérait.

La petite fille fut étonnée de voir que le bar proposait des chocolats chauds. En général, si le lait ne manquait pas à l'appel, la plupart des établissements ne proposaient que quelques jus de fruits étranges et surtout, de l'alcool, chose que la petite princesse s'interdisait de boire. Sans compter que sa mère, sa sœur aînée ou pire, son père, lui feraient toute une scène si jamais ses lèvres esquissaient le mouvement même de boire de l'alcool … de toute façon, ce genre de boissons n'intéressaient pas la petite fille, encore moins que ce que les adultes appelaient 'l'amour' !

Haiiro se fit un plaisir de manger la viande, si elle ne manquait pas de nourriture entre celle servit au palais et ce qu'elle tuait en forêt, la louve était pour autant une irrésistible gourmande tant et si bien qu'elle était capable d'avaler son poids en viande tous les jours si on la laissait faire et ce, sans être malade. Sans doutes était-ce exagéré mais du point de vue de la petite Amazone, les choses étaient ainsi, la louve cendrée était une goinfre malgré sa silhouette élancée, ce qui ne manquait pas de la faire sourire, se moquant d'elle en lui demandant où elle pouvait bien mettre tout ça !

« Merci beaucoup ! » répondit la petite dans un sourire avant de plonger ses lèvres dans le breuvage encore chaud.

Le goût de chocolat était très prononcé, mais ce n'était pas pour lui déplaire. Un arrière goût de lait permettait de faire descendre tout ça et, si la politesse ne l'en avait pas empêché, elle aurait sûrement demandé une ou deux tasse de plus ! Préférant s'abstenir de peur de paraître grossière, elle se contenta de boire lentement le chocolat chaud pour le déguster au maximum.

Ce fut avec un sourire que la petite fille accueillit à sa table la jeune Astorg, finalement, elle regrettait de ne pas avoir pu beaucoup lui parler la dernière fois qu'elles s'étaient rencontrées. En réalité, Jelenna ne parlait que très peu aux gens, qu'ils soient de Muria ou d'ailleurs, cela ne changeait rien au fait qu'elle était timide et qu'elle se sentait toujours « de trop ». Fort heureusement, ce fut Flowène qui engagea la conversation, laissant le temps à la petite demoiselle de préparer sa réponse et éventuellement, de réfléchir à comment engager la conversation. Contrairement à ce que venait de dire la barmaid, la petite ne pouvait pas s'attarder au bar, sa mère ayant précisé qu'elle voulait la voir assister à une séance royale … si Jelenna n'appréciait que peu ce genre d'exercices, elle savait cependant qu'il était nécessaire qu'elle soit formée à cet art pour assister au mieux son aînée le jour venu.

Haiiro se leva, ayant fini son morceau de viande, et vint s’asseoir près de sa protégée pour finalement poser son énorme tête sur ses genoux. Ce fut à cet instant que la jeune Astorg reprit la parole et sa question étonna sincèrement Jelenna. Personne ne lui demandait jamais comment allaient les siens, simplement peut-être parce que la famille royale ne cherchait pas à se mettre en avant et qui plus est, ne cherchait pas non plus à ce qu'on parle d'elle. Elle marqua une pause avant de finalement se décider à répondre :

« Je … euh ... »

Ne sachant qu'ajouter, la petite princesse fit mine de réfléchir, hésitant sur ce qu'elle pouvait dire ou non et finalement, se décida à dire la vérité. Il n'y avait rien de honteux à avouer ce genre de choses et si cela pouvait mettre Ashelia à l'aise, pourquoi pas ?

« Mes petites sœurs et mes nièces grandissent tellement vite que ça en reste impressionnant et dur à suivre ! Quant à mon petit frère, nous espérons qu'il guérisse bientôt, Eléa veille jour et nuit sur lui et tente chaque jour de nouveaux traitements. Sans doutes l'un d'entre eux fonctionnera-t-il sous peu. »

Jelenna espérait sincèrement que Lùkhas soit un jour capable de marcher, de courir avec ses sœurs et de vivre normalement parmi les siens. Beaucoup de « vieilles » Amazones considéraient son état comme un châtiment des dieux mais la petite savait qu'il ne s'agissait là que du châtiment des hommes. Peu importait à qui la faute, les faits étaient bels et bien là de toute façon, le petit garçon était condamné à vivre dans l'ombre de ces femmes qui l'entouraient et l'aimaient.
Ignorant totalement quoi ajouter et ayant l'impression d'avoir totalement plombé l'ambiance, la petite se contenta d'ajouter timidement à l'attention d'Ashelia :

« Vous avez meilleure mine que la dernière fois »

[ Désolée de ce retard monstrueux ! ]

« Merci beaucoup ! »

Flowène lui répondit avec un clin d'oeil complice, quand Jelenna plongea ses lèvres dans le breuvage et le but lentement, le visage de l'Elfe s'éclaira. Ca lui faisait toujours infiniment plaisir que la petite ait l'air d'apprécier son chocolat. Comme le café, la recette était de sa chère mère. A chaque fois qu'elle en préparait un (c'est-à-dire, rarement), elle se rappelait avec nostalgie les après-midi d'hiver qu'elles passaient avec sa soeur. Ces longs après-midi, au dehors, dans le froid. Mais elles étaient bien couvertes et se refusaient à rentrer, préférant jouer. Jusqu'au moment où leur père, une mine fâchée arrivait et les tirait par la peau du cou avant qu'elles s'enrhument. A l'intérieur, chacune faisait la tête, malheureuse comme les pierres. Alors, leur mère leur faisait une tasse de chocolat chaud. Ce qui, évidemment, leur rendait immédiatement le sourire. Et apparemment, Annabeth et elle-même n'était pas les seules qui l'appréciaient.

« Ce serait un plaisir de me joindre à votre table ! Je vous en suis fort reconnaissante, mais dite moi, comment allez vous depuis notre dernière rencontre ? »

Flowène fut un peu désarçonnée par la réponse de son interlocutrice, aussi répondit-elle d'un simple sourire. N'avait-elle pas déjà demandé comment elles allaient ? Avait-elle aussi peu de conversation, où se sentait-elle mal à l'aise ? Mais pourquoi ? D'ailleurs, Jelenna ne semblait pas particulièrement à l'aise non plus...

« "Jelenna... Comment va la famille royale ? Cela fait un moment que je ne me suis pas rendue à votre demeure... »

« Je … euh ... Mes petites sœurs et mes nièces grandissent tellement vite que ça en reste impressionnant et dur à suivre ! Quant à mon petit frère, nous espérons qu'il guérisse bientôt, Eléa veille jour et nuit sur lui et tente chaque jour de nouveaux traitements. Sans doutes l'un d'entre eux fonctionnera-t-il sous peu. »

Cette fois, Flowène se dispensa de réponse, se contentant de regarda Haiiro, qui avait finalement lâché son morceau de viande. L'Elfe restait debout pour ne pas manquer à ses devoirs de barmaid, au cas où quelqu'un voudrait une commande, mais elle suivait la conversation. Elle ne connaissait pas grand chose de la famille royale, à part Eléa, qu'elle connaissait assez pour l'avoir déjà rencontrée. Et d'ailleurs, sa vie en avait été à jamais changé. C'était l'Héritière qui lui avait permis de chasser sa peur des hommes, pour la transformer en méfiance. Et sa soeur était tout simplement adorable. Mais elle ne connaissait qu'elles. Philéa étant la reine, elle l'avait déjà vue...entraperçue plutôt. L'Elfe avait bien entendu parler de la petite recueillie par Eléa (et l'avait déjà vue, lors de leur dernière rencontre...), mais que savait-elle vraiment ? De ce côté-là, elle était encore plus gênée qu'Ashelia. Ce n'était que des ragots, une Nùa malade, des soeurs, Jelenna qui était plusieurs fois tantes...

J'ai entendu parler de la maladie de cette enfant, mais ce ne sont que des rumeurs. Les médecins ne savent vraiment pas quelle maladie elle a ?

Flowène venait de poser sa question, quand une nouvelle personne rentra dans le Bar. Laïssia, sa co-gérente. Que faisait-elle ici ? N'était-elle pas censée être dans sa boutique ? La Cydienne regarda autour d'elle, et, avisant l'Elfe, elle se rua vers elle et déclara :

Désolée de te déranger, Flo, mais il y a un entraînement pour les Faucons, aujourd'hui.

L'archère soupira, agacée, non pas par Laïssia, mais bien par son deuxième boulot. Elle avait normalement prévu de passer la journée au Bar Bu, et de s'entraîner le lendemain, mais non, ils avaient prévu un entraînement surprise ! Alors qu'elle était avec Jelenna et Ashelia ! Le comble de la mal chance !

Je peux m'occuper du Bar si tu veux. J'ai fermé ma boutique en venant de toutes façons.

Sa chef lui adressa un regard reconnaissant, et s'excusa auprès de ses interlocutrices :

Je suis infiniment désolée, mais comme vous le voyez, mon deuxième travail exige ponctualité et un minimum d'absences... Donc, j'espère que vous m'excuserez, et que nous pourrons parler plus longuement un autre jour. Mais je vous laisse aux bons soins de Laïssia, elle est une excellente serveuse, ne vous en faîtes pas !

Flowène inclina la tête en grimaçant, gênée, enfila sa cape pendue au porte-manteau et se dirigea vers la sortie, suivie de Flink et d'Avalanche. L'Elfe ouvrit la porte, et sortit, en maugréant malgré elle. Elle adorait ses deux boulots, c'était le bonheur, mais parfois, elle aurait préféré n'en n'avoir d'un seul...

[Désengagée, merci pour ce RP les filles !
Désolée de finir si vite, mais comme Jelenna m'a dit que de toutes façons, elle comptait se désengager au prochain post...Puis, je n'ai pas envie de me bloquer pour le passage de saison, donc, excusez-moi. Si vraiment ça vous pose un problème, je rééditerais.]

Parler de son frère était une sorte d'épreuve pour la petite fille. Elle aimait beaucoup le petit, sans doutes parce qu'il était le seul garçon de la grande famille qu'étaient les Ryran mais au delà, elle l'aimait parce qu'il était humble et fort malgré son jeune âge. Là où Eléa perdait son calme comme sa patience, le gamin se savait atteint d'une maladie incurable pour l'instant et le prenait avec philosophie. Cette force de caractère malgré son très jeune âge intimait le respect à la petite princesse Amazone.
Jelenna fut surprise de la question de Flowène, en fait, il était évident que cette dernière ne savait pas grand chose de la famille royale, et comment lui en vouloir ? Sans cultiver le culte de l'ignorance, Philéa n'aimait que peu qu'on approche ses enfants, pour preuve, peu d'Amazones avaient eut l'occasion de voir Jelenna avant ses sept ans. Ainsi, il était normal que les jeunes femmes en perdent leur latin lorsqu'elle la questionnait. Des rumeurs, rien de plus, circulaient sur les petites de la famille royale et bon nombre d'Amazones préféraient oublier que leur reine avait accouché d'un unique garçon, estropié de surcroit. Si toutes se souvenaient sans doutes de sa sentence prononcée dans l'arène, du combat mené par Eléa ce jour-là, toutes préféraient l'oublier de peur de revoir pareilles atrocités prononcées.
L'évènement avait choqué, attristé et détruit. Ni plus ni moins.

« Tu dois confondre, seul mon petit frère est malade. » répondit-elle dans un sourire avec le plus grand calme.

Si Jelenna n'aimait pas spécialement parler des siens, elle savait que l'intérêt des deux jeunes femmes à l'égard de sa famille était seulement motivé par la bienveillance aussi ajouta-t-elle :

« Lùkhas guérira un jour, j'en suis persuadée seulement, nous ignorons quel poison a été utilisé pour le paralyser autant aussi, c'est difficile d'en déduire un traitement efficace. Peu importe, je reste convaincue qu'il guérira. »

La petite ne mentait pas, elle était persuadée du bout des ongles que son cadet serait bientôt sur pattes. Il pourrait bientôt gambader comme ses sœurs et se faire des amis, quoi que vu sa condition, cela lui serait sans doutes plus difficile. Chaque chose en son temps. Peu importait en tout cas, elle savait qu'il remarcherait et espérait seulement que cela serait dans peu de temps. Lùkhas voyait le monde du haut de sa fenêtre, elle rêvait qu'il le vive de ses propres membres. La co gérante du bar arriva peu de temps après, faisant par là même retomber l'atmosphère pesante qui s'était installée suite à ces explications.
Kiera avait visiblement décidé de faire un entraînement imprévu, ce qui n'étonnait que peu Jelenna quoi qu'elle n'en avait pas été prévenue. Sans doutes la Chef des Sentinelles ne se doutait-elle pas que la petite princesse prenait un chocolat chaud dans le bar de son amie …

« Je vais te suivre, je pense que Kiera n'a pas du me trouver. » annonça Jelenna de peur que la jeune femme ne quitte les lieux sans elle.

La petite fille allait ajouter quelque chose à l'attention d'Ashelia mais cette dernière l'a prit totalement de cours. Rougissant à vue d'œil, Jelenna se contenta de sourire à ses compliments, de s'excuser de son départ précipité et fila rejoindre l'archère qui l'attendait un peu plus loin, Haiiro sur les talons.

[ Désengagée ]
[ Merci pour ce RP ]