[DE] Origines communes (pv Scarlett) (terminé)

Toujours la même puanteur, toujours la même image de misère. Alduin soupira, malgré les années rien ou presque n'avait changé dans les quartiers pauvres de Cydonia. Ses vêtements de qsualité convenable contrastaient avec les frusques dépareillées des habitants, des frusques qu'il avait portées autrefois. Certains passants le reconnaissaient et lui adressaient un sourire mais la plupart le regardait avec méfiance. D'autant que la rumeur de son statut de zélote s'était répandu : il inspirait la peur et le mépris. Alors qu'il avait grandi parmi eux... Le zélote lâcha un bref grognement, prit un tournant et escalada un mur aux briques saillantes, nombreux parmi ces bâtiments mal entretenus, pour aller sur les toits. Il aurait été difficile de dire combien de souvenirs lui revenaient quand il se tenait là, dominant les rues et la vie dont elles grouillaient.

A plus d'une occasion il était venu aider un ancien ami, apprendre les bonnes manières à un groupe de voleurs ou d'individus dangereux et violents... Il n'avait jamais oublié les épreuves qu'ils vivaient tous ces hommes et ces femmes, ces épreuves qu'il avait partagées avec eux dans son enfance. Il savait que c'était un très bon terreau pour former de futures ordures : bandits, assassins... Quand l'espoir d'accéder à une vie normale et décente vous quitte, vous êtes prêt à virtuellement n'importe quoi pour améliorer ne serait-ce qu'un peu votre existence, voir à rejeter votre malheur sur les autres. Alduin prit son pendentif dans sa main et le serra, il n'avait pas suivi cette voie. Contrairement à combien d'autres ?

Perdu dans ses pensées, le zélote continua d'avancer sur le bord du toit, passant les obstacles diverses avec une facilité déconcertante. Les bienfaits de l'habitude. Il entendit soudain un cri. Il regarda en bas et vit que, comme pour lui donner raison quant à ses réflexions, un malotru venait d'arracher à une dame sa bourse avant de fuir vers la ruelle qu'il surplombait. Il lui était arrivé de rapiner, les dieux savaient qu'il n'en était pas fier, mais voler à une pauvre le peu qu'elle possède il ne s'y serait jamais résolu. Ça l'exécrait. Aussi ne réfléchit-il pas longtemps avant de se laisser tomber à terre devant le voleur et de lui asséner un violent crochet du droit qui l'envoya au tapis. Sans plus de cérémonie il récupéra la bourse volée et partit la rendre à sa propriétaire, lui indiquant qu'il lui laissait le soin de prévenir les gardes et répondant « De rien, c'est normal. » à ses remerciements.

Les regards étaient rivés sur lui du coup, avec toujours cette impression de peur et de mépris malgré l'aide qu'il avait apportée. Ça ne changerait jamais. Alduin rendit leur regard à chacun des badauds avec un air de défi. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent il avait réussi, lui. Son regard finit cependant par en croiser un qu'il n'aurait jamais pensé revoir, un regard connu. Deux yeux d'un bleu océan dans lequel on pourrait facilement se perdre. Il eut néanmoins du mal à vraiment admettre que la ravissante jeune femme qui lui rendait son regard était celle qu'il avait connue des années auparavant. Ses yeux magnifiques, son visage harmonieux, ses cheveux aux subtiles nuances de brun, ses formes à faire tourner la tête à n'importe quel homme... Bon sang la nature l'avait encore plus gâtée en grandissant qu'elle ne l'avait déjà fait quand elle était petite. Alduin s'approcha de la jeune femme avec un air incrédule.

« Par les dieux... Scarlett, c'est toi ? »

Il faisait beau à Cydonia ce jour là, Scarlett venait de trouver l'endroit idéal pour s'installer... Enfin un chez soi, SON chez soi. Cela faisait quelques temps qu'elle économisait pour pouvoir s'offrir son laboratoire, sa bibliothèque et son bureau d'étude... Enfin bref, une habitation assez coûteuse avec de très maigres moyens ! Mais de bouche à oreille, elle avait réussi à obtenir l'offre d'une vieille bâtisse placée en centre ville et qui était relié à une cave, annexe des égouts de la ville. L'endroit parfait pour se vouer à son culte, tout en travaillant sa magie et son savoir sans oublier de vivre son quotidien ! Cette offre, elle l'avait obtenu plus ou moins violemment, elle avait failli tuer le propriétaire s'il ne la lui céder pas à prix réduit. Trés réduit car il a en effet réduit son prix de vente d'un zéro ! Mais c'était là tout le talent de la jeune femme à se montrer persuasive par tous les moyens, quelqu'il soit !

Aprés avoir signer cet acte de vente, elle en profita pour aller prendre l'air prés du port. Ce cher port qui l'avait vu grandir durant toute son enfance... Ses amis mendiants y vivaient encore, Cydonia bien que riche et marchande, détenait quelques manants dans les quartiers du port qui étaient ceux des plus précaires parmi la cité. Mais la jeune élémentaire n'en avait rien à faire, elle aimait ce quartier et ses habitants. C'est d'ailleurs là bas qu'une de ses soit disante vieilles connaissances attira son attention.

"Par les dieux... Scarlett, c'est toi ?"

"Oui c'est moi, mais qui es tu ? On se connait ?"

Le jeune homme était certe beau, jeune, grand et fort, elle n'arrivait pas à se rappeler de lui... L'avait-elle déjà affronté ? Était ce un ami d'enfance ? Ou un ennemi d'ailleurs ? Elle n'en savait rien. Mais puisque lui semblait la connaître, elle resta en sa compagnie et lui proposa de continuer la balade ensemble... Peut être allait-elle enfin savoir qui était ce délicieux jeune homme.

Elle ne se souvenait plus de lui... Bon, certes son ego venait d'en prendre un coup mais vu les années qui avaient passé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, il ne pouvait pas vraiment lui en tenir rigueur. Néanmoins comme elle lui proposait de faire un bout de chemin avec elle, il pourrait lui rappeler qui il était.

« Je savais que tu n'avais pas bonne mémoire mais pas à ce point là ! Dit-il en riant. Alduin Korwell, tu sais le fils du forgeron un peu trop porté sur la bouteille qui passait son temps à courir sur les toits et échanger des baffes avec les autres gamins ? »

Elle semblait commencer à récupérer un semblant de souvenirs, tout espoir n'était donc pas perdu finalement. Histoire d'enfoncer le clou, le zélote lui rappela quelques souvenirs communs qui remontaient vraiment à leur « tendre enfance » si on peut appeler ça ainsi. Alduin ne devait pas avoir plus de 10 ans et Scarlett était sa cadette de quelques années. Néanmoins c'était une ancienne campagne de misère aussi le zélote ne rechignait-il pas à parler du « bon vieux temps » comme il disait ironiquement. Ça lui faisait du bien d'ailleurs. Certains de ses amis avaient mal tourné, d'autres étaient partis. Au final il ne lui en restait que très peu, déjà qu'il avait eu du mal à s'en faire avec son caractère, aussi en retrouver une, devenue si charmante qui plus est, lui mettait du baume au cœur. Comme quoi il avait raison : on pouvait quitter la rue sans devenir une ordure.

En parlant de cette optique, il se mit à lui raconter, dans les grandes lignes, ce qui s'était passé depuis la dernière fois qu'il s'étaient vus. Sa découverte de ses dons de pyromancien, son entrée à l'académie des élémentaires, puis au monastère zélote. Il ne manqua pas de lui narrer quelques anecdotes croustillantes de son apprentissage, surtout les plus belles âneries dont il pouvait se vanter en fait. Il omit cependant de parler de la dernière bataille, ces souvenirs là il n'avait vraiment pas envie de les faire remonter.

« D'ailleurs c'est pour ça que mon cher géniteur m'a gratifié de ce joli souvenir. Dit-il en tapotant sa cicatrice à l'arcade du bout du doigt. C'est sans doute pour ça que tu ne m'as pas reconnu ! Enfin assez parlé de moi, qu'est-ce que tu as bien pu faire pour devenir un aussi charmante jeune dame? »

Ils venaient d'arriver devant une taverne du port, tout à fait convenable contrairement à nombre de ses homologues. Alduin proposa un verre à la jeune femme et ils entrèrent dans l'établissement.

Ce zélote parlait, parlait et parlait sans cesse... Jamais il ne s'arrêtait ! Elle avait bien envie de couper court à la conversation mais si c'était un ami d'enfance, elle n'allait pas l'envoyer ballader à peine la discussion entamée... Il lui parlait de sa vie, son passé tout en lui parlant de quelques anecdotes, mais qu'est ce qu'elle pouvait s'en foutre ! Elle aurait pu faire n'importe quoi de méchant à son encontre, mais elle prit la décision de rester là, à l'écouter calmement.

" Je savais que tu n'avais pas bonne mémoire mais pas à ce point là ! Dit-il en riant. Alduin Korwell, tu sais le fils du forgeron un peu trop porté sur la bouteille qui passait son temps à courir sur les toits et échanger des baffes avec les autres gamins ? "

"Le quoi ? Le sale gosse qui venait me tirer les cheveux et qui m'a pris pour une catin dés nos 10 ans ? Mais comment vas tu mon cher et tendre ami ?"

Elle le regardait avec son regard plein de malice, elle allait préparer sa petite vengeance. Mais que faire ? Elle ne savait pas trop, voyons la suite des événements et peut être trouvera t-elle le chatiment réservé au jeune zélote. Alduin lui demanda alors ce qu'elle avait pu faire pour en arriver là, elle lui répondit d'un ton sec et froid.

"Moi ? Je me suis surtout écartée de certains blaireaux qui ne faisaient que gacher mes chances d'obtenir un avenir. Un dieu et des cours, voilà ce que j'ai eu. Maintenant je suis ce que je suis, une femme cultivée et avec des atouts lui permettant d'obtenir tout ce que l'on pourrait souhaiter. D'autres questions ?"

Le cydien l'invita par la suite à prendre un verre en sa compagnie, c'est ce qu'il fallait à la jeune femme pour mettre à bien sa vengeance. Cet homme allait souffrir, et la jeune femme n'aurait alors aucune pitié, elle avait déjà donné assez de sa personne en l'écoutant conter des débilités plus consternantes les unes que les autres.

"Mais bien sur que j'accepte votre invitation, à vous l'honneur." Dit elle avec une sympathie exagérée.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le doux soleil qui réchauffait ce monde laissera place aux brunes couleurs de l'automne. La vie flétrira et s'endormira petit à petit et doucement, la nature entamera son répit, bien lovée dans son cocon de sommeil. Dans ce décor que le temps semble vouloir figer, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagés : Alduin, Scarlett ]

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